Passion Parfums

 

 

« Acqua della Regina est le plus ancien parfum de l’Officina Profumo-Farmaceutica di Santa Maria Novella. Créé par Renato Bianco en 1533 comme cadeau de mariage de Catherine de Médicis au roi de France, il nous enchante aujourd'hui comme il l'a fait à l’époque ». C’est au XVIème siècle que le roi de France Henri II épousa la florentine Catherine de Médicis qui amena avec elle, à la cour, le raffinement de la Renaissance italienne. Elle fut une reine et une régente dont l’autorité pouvait faire frémir mais on lui doit deux traditions qui perdurent encore aujourd’hui, la monte des femmes en amazone, les deux jambes d’un seul côté du cheval enfermée dans les fourches de la selle (même si les adeptes finissent par se faire rares) et l’art de se parfumer. C’est ainsi qu’est née « Acqua della Regina », le plus ancien parfum au monde dont la formule est encore utilisée aujourd’hui par la maison italienne Santa Maria Novella. « Également connu sous le nom d’Acqua di S.M. Novella, Acqua della Regina célèbre l’essence commandée à Renato Bianco, élevé par les frères dominicains de Santa Maria Novella. Avec des agrumes italiens, du petigrain, du néroli et de la lavande, elle offre un bouquet frais et citronné. Séduisant, depuis 1533 ». Je suis allé redécouvrir cette eau de Cologne absolument classique mais tout à fait intemporelle pour écrire mon article et, si son histoire me passionne peut-être plus que la création en elle-même, j’ai pris beaucoup de plaisir à penser à tous les gants qu’elle avait pu parfumer et au raffinement qu’elle apportait autant qu’à son côté propre et vivifiant.

 

Catherine de Médicis

Bien évidemment, la formule a du être un peu modifiée au fil des siècles mais la marque communique sur le fait qu’elle est toujours assez proche de l’originale. Je n’ai d’autre choix que de le croire car, même si j’ai pris de l’âge, je n’ai tout de même pas connu l’époque de Catherine de Médicis ! La pyramide n’est pas inversée car la fragrance s’ouvre sur une envolée d’agrumes italiens, citron, bergamote, orange et mandarine ainsi que de petitgrain de bigarade puis la création évolue vers un coeur à la fois aromatique, floral et épicé puisqu’on y retrouve du néroli bien évidemment mais aussi du romarin, de la lavande et même du clou de girofle qu’on peut tout à fait identifier. La construction autant que la concentration est ultra légère mais il faut le dire, les muscs blancs qui sont venus remplacer les notes boisées originales, assurent quand même à « Acqua della Regina » une certaine tenue. Je l’ai mise sur ma peau et, si cette composition n’a pas pu me surprendre, j’ai été heureux de me plonger olfactivement dans une époque que je trouve à la fois dangereuse et fascinante comme dans la trilogie d’Alexandre Dumas dans laquelle apparait Catherine de Médicis ou encore dans les biographies écrites par l’excellente historienne Simone Bertière qui doit bien mentionner cette « Eau de la Reine » au fil des pages du chapitre de ses « Reines de France » consacré à la terrible Catherine.

Pour conclure, je dirai que, si j’ai été très heureux de remettre mon nez dans cette création, cette redécouverte a aussi coïncidé, hélas, avec une très mauvaise nouvelle pour les lyonnais. En effet, la boutique indépendante qui distribuait la totalité des collections de Santa Maria Novella rue Auguste Comte, dans le deuxième arrondissement de Lyon fermera ses portes dans le courant du mois de juin. En effet, le groupe italien qui détient désormais la marque, a décidé, à terme de modifier le réseau de distribution et de se passer de certains revendeurs. Je ne peux que le déplorer. La boutique lyonnaise existait depuis le début des années 2000 et je trouve cette nouvelle bien triste. Je voudrais, à mon petit niveau, apporter tout mon soutien à Catherine (encore une !) qui nous accueillait toujours avec un sourire immense, que nous venions dévaliser la boutique ou acheter un simple savon. C’est donc content d’avoir redécouvert « Acqua della Regina » et triste de perdre notre boutique que je termine cet article.