Réinvented, made in Italy
Une marque vegan, inventive et.. italienne, des parfums contenus dans de jolis flacons aux capots en couleur rappelant un peu ceux de la collection privée La Perla, telle est Reinvented fondée en 2023 et dont les neuf créations (à ce jour) ont étés composés par des parfumeurs divers tels Özge Erdoğmuş Altınel, Cristian Calabro, Charlotte Jullien et Hüseyin Erdoğmuş. J’ai eu l’occasion d’essayer la totalité de la totalité de la collection et je vous avais déjà parlé de « Lucid Dream » dans les nouveautés du mois de juin. J’en ai donc choisi quatre autres que je trouve assez emblématique du style de cette maison de parfum sophistiquée, et très contemporaine. Je dois dire que l’éthique de la marque a éveillé, chez moi, une petite bienveillance subjective que j’assume parfaitement. Je vais donc vous emmener dans cette parfumerie dite réinventée pour vous donner envie de découvrir ces parfums. En tout cas, je pense que certains vont vous plaire. Pour ma part, j’ai beaucoup aimé « Lucid Dream » dont je vous ai parlé déjà mais je me suis laisser convaincre par d’autres créations qui matchent bien sur ma peau. Comme toujours, mon avis n’a absolument pas valeur de critique, ce n’et que mon ressenti. Allez, je vous emmène en Italie… Il y a plus désagréable !
Le premier parfum dont je vais vous parler est « Eureka », créé en 2023 par Thomas Calabro. J’ai bien aimé le nom et c’est vrai que le parfum est intéressant. « Un tourbillon d'épices infusé d'un bouquet de Feuilles de Violette et de Jasmin, parmi des notes de Bergamote dans un accent inattendu de café, qui renforce sa douceur florale. Une explosion de créativité et d'intuition, dans le cœur mystérieux, embrasse un accord de styrax et ouvre l'esprit aux grands secrets, sur un fond chaleureux de Bois de Santal, Patchouli et Baume de Tolu. Une intuition naissante. Un moment de pur extase et de prise de conscience soudaine. Un éclair d'inspiration qui illumine soudainement ce qui était auparavant sombre », tels sont les mots de la marque pour décrire ce boisé épicé très intéressant qui s’ouvre sur des notes de café, de bergamote très douce et de feuille de violette très poudrée. Le coeur, très original, de jasmin épicé de cardamome et de noix de muscade ne pouvait que me plaire. Je lui trouve une jolie douceur un peu chaude et qui n’est pas trop modifiée par un fond de styrax, de patchouli, de santal et de baume de tolu que je trouve presque cuiré mais plutôt comme un suède très enveloppant. J’ai bien aimé « Eureka ». Il est particulièrement addictif et je pense que là sera son succès. La marque le présente comme un ambré mais, sur moi, les épices sont particulièrement présentes. Je ne suis pas très sûr que je pourrais le porter régulièrement mais il me plait quand même.
« Citron vert, Bergamote et Safran ravivent les sens endormis. C'est un réveil dans un monde de couleurs, dans l'équilibre parfait et lumineux des notes d'agrumes et épicées, qui perdure jusqu'au cœur. Un bouquet rare et exquis de Rose, Cananga, Iris, Cardamome et Poivre Noir. Un délice envahit le corps, le transportant ailleurs, parmi les volutes balsamiques, chaudes et mystiques de Patchouli, Encens et Cèdre, où la mémoire s'éveille dans toute sa puissance. De façon inattendue, la mémoire est ici, maintenant, dans l'accord le plus puissant de parfum et d'émotion : une révélation euphorique ». À la vaporisation, je n’ai pas du tout aimé « Epiphany » créé également par Christian Calabro en 2023 et pourtant je l’ai gardé car son évolution m’a plu. Je pense que ce qui m’a gêné au départ, c’est le safran associé au citron vert et à la bergamote mais il s’estompe assez vite au profit d’un coeur de rose, d’ylang-ylang et de racine d’iris très terreuse. Les notes florales sont épicées de poivre noir très frais et de cardamome un peu froide également puis le parfum se pose sur un fond baumé de benjoin associé au bois de bouleau très sombre, au cèdre et à un accord réglisse très boisé mais aussi à l’encens, aux muscs blancs et au patchouli. « Epiphany » est particulièrement sophistiqué et complexe. Il m’a surpris et je ne sais pas trop quoi en penser. Je n’aime vraiment pas l’envolée mais il y a des passages dans l’évolution que j’aime vraiment beaucoup. C’est un clair obscur qui m’évoque quelque chose comme « je l’aime, moi non plus ».
Le plus « classique » de la collection est, sans aucun doute « Sacred Bond » créé par Hüseyin Erdoğmuş en 2023. Je pense d’ailleurs qu’il plait beaucoup et c’est vrai qu’il est plutôt joli même si je pense qu’il séduit en majorité les femmes. « Explorez le lien sacré entre les notes florales et gourmandes avec Sacred Bond, une création envoûtante de Reinvented. Ce parfum vous transporte dans une expérience olfactive où les fruits juteux et les accords sensuels se mêlent pour créer une symphonie olfactive captivante et émotionnelle. Les notes de tête s'ouvrent avec l'éclat vif de la mandarine, de la framboise et de la bergamote. Cette ouverture fruitée et pétillante évoque une sensation d'anticipation et de vitalité. Au cœur de la composition, les notes de cœur révèlent une palette florale raffinée. Le gardénia, le jasmin et la rose créent un bouquet floral envoûtant qui évoque une sensation de douceur et d’élégance. Les notes de fond forment une base gourmande et sensuelle. Le caramel apporte une note sucrée et chaleureuse, tandis que le bois de santal ajoute une dimension boisée apaisante. Le benjoin et la vanille créent une douceur crémeuse et réconfortante, tandis que le musc blanc ajoute une délicatesse subtile. Le safran et l'ambre complètent l'ensemble en ajoutant une profondeur mystérieuse. Sacred Bond incarne la connexion émotionnelle et la richesse des sensations, où la fraîcheur fruitée se marie à la douceur florale et gourmande. Comme un lien sacré entre les émotions et les souvenirs, ce parfum vous enveloppe d'une aura captivante. Plongez-vous dans cette symphonie olfactive et laissez Sacred Bond être votre expression élégante du lien émotionnel et de la beauté envoûtante ». Maintenant, on parlerait d’un « floriental ». Après un départ de mandarine et de bergamote associées à la framboise qui ne me plait pas tellement mais le coeur de gardénia, de jasmin et de rose est du plus bel effet. Je le trouve assez joli même si j’aurais aimé que l’accord gardénia ressorte plus sur ma peau. Le fond, en revanche est moins original et très « dans l’air du temps » avec le côté très gourmand du caramel, lacté du bois de santal, doux de la vanille et du. benjoin, réconfortant des muscs blancs, le tout enveloppé d’un accord ambré très présent et de traces de safran. Pour être honnête, j’ai choisi « Sacred Bond » car il est le plus facile de la collection mais il ne me plait pas tellement. Je le trouve un peu trop gourmand et légèrement convenu. Il n’en demeure pas moins très bien fait.
Créé en 2024 par Özge Erdoğmuş Altınel, « Ethereal Soul » est mon préféré. C’est un parfum fruité mais je le trouve assez original dans son évolution. « Dans l'immensité cosmique, où les étoiles murmurent des récits ancestraux et où les galaxies tournoient en révélant des merveilles célestes, Ethereal Soul s'impose comme un élixir astral, transcendant le temps et l’espace. À l'image de la traînée lumineuse d'une comète, ses notes de tête éclatantes de bergamote, citron et cerise tracent un sillage à travers l'obscurité, guidant les âmes dans un voyage au-delà des limites mortelles, où rêves et réalité s'entrelacent. Au fil de son évolution, un ballet cosmique prend vie : le cassis et la framboise tourbillonnent comme des nébuleuses lointaines, tandis que le freesia, l'iris et le jasmin s'épanouissent tels des fleurs cosmiques dans le vide éthéré. Enraciné par des notes d'ambre, de musc et de mousse, Ethereal Soul crée un lien céleste, nous rappelant la connexion éternelle entre l'esprit, le corps et l’âme ». Je ne suis pas vraiment amateur de la note de cerise en parfumerie et pourtant, j’ai bien aimé « Ethereal Soul » car cet accord est associé, à l’envolée, à la bergamote et au citron puis, le coeur de cassis, de framboise, de freesia, d’iris poudré et un peu vert et de jasmin très floral vient s’installer. Il est du plus bel effet. Le fond d’ambre et de mousse d’arbres associé aux muscs blancs enrichit la fragrance sans jamais lui faire perdre sa singularité mais en lui donnant quelque chose d’un peu « pétrole ». J’ai vraiment beaucoup aimé même si je ne pourrais pas forcément le porter, lui préférant « Lucid Dream » qui est la nouveauté. Il n’en demeure pas moins qu’il est mon préféré de la sélection d’aujourd’hui. Je pense, comme toujours, qu’il faut l’essayer sur peau pour en saisir les facettes.
On pourrait penser que Reinvented n’est qu’une marque un peu « tendance » du moment et qu’elle aura du mal à résister dans le temps mais je ne suis pas de cet avis. Je trouve que les créations ont un petit quelque chose en plus. Un bémol cependant : leur prix. Je le trouve un peu élevé par rapport à la qualité des matières qui est un peu quelconque il faut bien le dire. Ceci dit les créations sont très contemporaines et, pour la plupart, faciles à porter. En tout cas, j’ai pris plaisir à les essayer même si je ne pense pas en choisir un pour l’instant.
Mes parfums Préférés : "Cacao Aztèque", ethnique et éthique
* Article entièrement réécrit
Il est des parfums qui vraiment vous déroutent où vous surprennent bien avant de vous séduire. C'est le cas pour moi de "Cacao Aztèque" de Perris Monte Carlo. C'est lors de la rencontre que nous avons eu avec lui à Lyon il y a déjà quelques années que Gian Luca Perris nous a raconté son désir lorsqu'il a créé cette fragrance autour de la fève de cacao et de la vanille. Attention, il n'est pas tombé dans l'écueil de créer un parfum gourmand avec ces deux matières premières et, de ce fait, de réaliser une redite de ce qui existait déjà. "Cacao Aztèque" est résolument différent. Il est enveloppant mais sec, aromatique et proche des vraies effluves de la fève utilisée. Il nous emporte à l'origine de son utilisation. La marque le décrit ainsi : "L’absolu de cacao est une essence précieuse et rare utilisée en parfumerie. Lorsqu’il est utilisé, il créé une liqueur dense et riche et un arôme pénétrant qui est indéniablement addictif. Le parfum exotique stimulera vos sens et apportera des souvenirs doux et épicés"
Après une envolée très épicée de poivres noirs et rose ainsi que de cardamome, vient un coeur un peu étonnant de tubéreuse et de rhum avec le côté floral de la vanille. Ce n'est qu'au bout d'une évolution assez longue (surtout dans sa version extrait de parfum), que vient le fond de cacao associé au santal, à des muscs et à une vanille plus aromatique, voire épicée qui nous éloigne tout à fait du côté gourmand auquel on aurait pu penser. Si je devais décrire ce parfum, j'aurai bien du mal tant il est singulier et complètement aux antipodes de ce que l'on attend de lui. J'avais, à l'époque, employé le mot "ethnique" et je crois qu'il décrit très bien ce que je ressens lorsque je le sens. J'ai eu l'occasion de le porter en extrait et je m'en suis régalé. C'est un parfum absolument extraordinaire. Il ne ressemble à rien d'autre. Il est vraiment original et unique. Je vous engage, si vous en avez l'occasion, à aller le découvrir. Vous l'aimerez ou il ne vous plaira pas mais vous aurez vécu une expérience olfactive inédite. Pour moi, "Cacao Aztèque", je l'ai souvent dit, est une parfaite réussite et vraiment, il vaut le détour. Oubliez tout ce que vous avez senti, il ne ressemble absolument à rien d’autre !
Brume Orpin, une marque à la fois classique et eco-responsable
Depuis que le parfum « Theor » a reçu le FIFI Award 2025 de l’Innovation Responsable, j’entendais beaucoup parler de Brume Orpin, une marque éco-responsable fondée en 2024 par Tiphaine Cogez Cousseau qui a fait ses armes dans les maisons Rochas et Balmain avant de prendre en charge, en 2008 le marketing de Maison Francis Kurkdjian. Elle s’est adjoint le talent de la parfumeuse Leslie Gautier et a lancé, à ce jour, six parfums contenus dans de très jolis flacons-goutte verts et enfermées dans des boites dont j’ai beaucoup aimé le visuel. Le hasard a voulu que le Printemps de Lyon distribue la marque et que j’ai accès à toutes les créations vraiment facilement. Je vais essayer de vous donner un avis tout à fait subjectif comme d’habitude. Je précise que nous étions quatre passionnés à découvrir la marque et nos avis sont très divergents ce qui m’a stimulé à me dépêcher à écrire cet article. Comme d’habitude, j’ai chois les quatre créations que je trouve les plus significatives de la marque. Je veux dire aussi que je n’ai pas retenu « Theor » qui n’est pas celui que j’ai trouvé le plus emblématique de l’esprit ni du style de la marque. J’ai été plus touché par d’autres créations mais tout cela n’est qu’avis personnel et une sensibilité qui m’est propre.
Je vais commencer par « Eau » qui est la nouveauté 2025, une fois n’est pas coutume mais j’ai beaucoup aimé cette composition et je me suis dit qu’il fallait que je démarre cette revue sous de bons auspices. « Leau, une nouvelle fraîcheur : pure, éclatante, vibrante. Un souffle lumineux, qui laisse derrière lui un sillage aérien, inoubliable. Plus qu'un parfum, une lueur invisible qui caresse la peau comme un murmure de lumière. Ici, l’eau ne se contente pas de couler : elle pulse. Dès la première note, Leau se déploie tel un rayon de soleil traversant l'eau cristalline. Le fenouil frais, sauvage et éclatant, apporte une clarté qui éveille les sens. La graine de carotte française lui confère un sillage aérien et poudré. Ses accents de poire juteuse lui offre un twist moderne. Tandis que le galbanum méditerranéen, vert et subtilement épicé, insuffle profondeur, mystère et mouvement. Avec Leau, la fraîcheur n'est plus une simple sensation mais une révélation ». Avec ce parfum, qui doit, il me semble, être une concentration eau de toilette, le parfum aromatique est revisité avec un départ presque terreux de graines de carotte rendu fusant grâce à une très belle variété de galbanum, très élégante et, en même temps, gardant un côté pep’s. Au coeur, la marque évoque le pearadise(r) qui, je pense, doit être une note naturelle ou synthétique se rapprochant de la poire que je ne sens pas vraiment mais aussi du fenouil qui donne un coeur un peu anisé mais tout en transparence et en « verdeur » plutôt que de se rapprocher d’un côté boisé style réglisse. Le fond de musc blanc (ecomusk) se pare d’un accord ambre glacé. L’ensemble est un aromatique, certes, mais aussi très original et il est assez difficile de se « raccrocher aux branches. J’ai beaucoup aimé ce parfum. Il est très joli et je pense fort agréable à porter. Il faut dire que je l’ai découvert un jour où il faisait chaud et il m’a bien plu aussi dans ces circonstances.
J’ai assez aimé « Oratoa » : « Oratoa renferme l’essence même du voyage, cette quête intérieure qui devient notre chemin. Cette création parle d’une route parcourue à deux, d’un chemin que l’on offre au monde, tel un fragment de notre âme. Chaleureux et vibrant, il infuse en nous la confiance nécessaire pour révéler notre beauté intérieure, celle qui brille au-delà des apparences. Ses notes enveloppantes, telles des murmures sous un ciel étoilé, caressent l’être aimé, tissant un lien invisible qui transcende le temps. Dans cette étreinte olfactive, chaque instant devient éternité, gravé pour toujours dans la mémoire du coeur ». Créé par Leslie Gautier, ce parfum est à mi-chemin entre aromatique et floral. L’envolée de romarin de Tunisie se charge d’autres notes aromatiques et il nous emmène sur un coeur de duo de roses, marocaines et bulgares poudré et cuiré par un iris travaillé sur ce versant-là. Le fond légèrement cuiré et boisée reste discret sur ma peau mais le côté floral se développe vraiment très bien. J’ai bien aimé « Oratora ». Il m’a semblé plutôt agréable et facile à porter même si je n’ai pas tellement développé les notes chaudes et cuirées que je pensais trouver. Ce sont les mystères de la peau. Il fait partie tout de même de mes deux préférés mais je pense qu’il faut le poser sur la peau plutôt que sur touche. En tout cas, je pense qu’il pourra facilement trouver son public.
Également créé par Leslie Gautier en 2024, « Odenui » est vraiment celui qui est le plus proche de mes goûts à défaut d’être mon préféré. « Dans le crépuscule où la nuit dévoile son opulence, une symphonie émerge, à l’ouverture d’un bal. C'est de cette élégance palpable que s'inspire Odenui, une invitation subtile à l’expression de sa nature profonde. Les silhouettes drapées de cachemire et de velours de soie s’entrelacent dans une danse. Cette fragrance résonne, laissant derrière elle un sillage envoutant. Ce parfum aux accords boisés et ambrés, laisse une empreinte qui percute l'âme, soulignant avec force son caractère ». Le départ est vraiment très beau avec des notes de bois d’amandier et de pêche puis vient un coeur assez incongru de cistre espagnol et de freesia travaillé de manière un peu floral quand même puis le parfum se pose sur un fond de bois ambré qui, je dois le dire, ne me plait plus. L’ambroxan prend beaucoup de place et les notes boisées dévorent la délicatesse du coeur. C’est une déception car j’ai aimé le côté très velouté et amandé de l’envolée mais, par la suite, plus le parfum évolue, et même si j’en comprends le côté artistique, je deviens de moins en moins sensible. Je le trouve trop tarabiscoté et trop « bois ambrés ». Il est intéressant si l’on ne craint pas ce genre de notes de fond. Il faut quand même l’avoir senti car je le trouve assez emblématique de la collection.
Avec son envolée de thym blanc espagnol et de graine de carotte, son coeur de jasmin, de fleurs blanches et d’aldéhydes puis son fond de cyprès et de bois de cade, il est mon préféré sans aucun doute. Il s’appelle tout simplement « Cade » et est dominé par la note fumée de ce bois qui, décidément, depuis « Cuir » de Mona di Orio, n’a de cesse que de me séduire, ce qui est très étonnant car, vous le savez, je ne suis pas un fou des parfums boisés. « « Dans le jardin de Cade, le temps se suspend » - Tiphaine Cogez Cousseau. Ce parfum parle de transmission. Celle dont les couleurs, les odeurs et les saveurs sont gravées à jamais. Hommage à l’esprit de famille, au partage des cérémonials anodins qui nous façonnent à vie. Ses essences précieuses esquissent l’édifice d’un moment suspendu dans le jardin de Cade où le cuir assoupli du fauteuil cognac se teinte d’aromates. Tel un cliché glissé précieusement dans le livre de chevet, il nous ramène soudain d’éternels étés ». Sophistiqué sans être vraiment compliqué, ce parfum est, pour mon goût, très élégant et je dois dire que j’ai pris beaucoup de plaisir à l’essayer. Je l’ai même porté un peu autour de moi ce qui m’a beaucoup plu un jour où les températures étaient un peu redescendues. Il est aussi un peu « ethnique » mais, surtout, il revêt, pour moi, vraiment quelque chose d’élégant. Il est peut-être celui que je pourrais porter. En tout cas, je l’ai bien aimé. Il est tout en facettes et en contrastes. Pour moi, il est un peu clair-obscur et, finalement, il se rapproche de mes goûts.
Pour conclure, je dirai que je serai peut-être un peu moins sévère que ce que j’ai entendu sur la marque. Pour moi, même si je suis un peu mitigé dans mon avis. J’aime la démarche, le visuel, la plupart des parfums qui sont parfaitement réalisés mais, c’est vrai, que je m’ennuie un peu parfois. Ce qui m’a le plus fait tiquer je dois le dire, c’est le prix. Entre 175 et 195 euros pour des 80 ml d’une concentration assez légère est, à mon sens, un peu surévalué. Je le dis comme je le pense. En revanche, l’univers est joli, assez original mais je suis parfois un peu resté sur ma faim même si j'ai beaucoup aimé "Cade". J'ai rencontré la fondatrice et j'ai envie de suivre sa masterclass. Je pense que je voudrais mieux comprendre cette maison.
Alberto Morillas, une carrière de succès
* Article modifié
Depuis quelques années, les créations, il faut le dire très nombreuse, du parfumeur d’origine sévillane Alberto Morillas rencontrent un très grand succès tant dans le circuit sélectif que dans la parfumerie plus confidentielle. Inventif, éclectique dans ses goûts et dans les matières premières qu’il utilise, il a imaginé nombre de jus qui, aujourd’hui, sont devenus des classiques. Son premier succès « Must » de Cartier étant sorti en 1981, il a vraiment, tout d’abord en collaborant avec d’autres parfumeurs tels Nicolas Mamounas avec lequel il a formulé « Byzance » de Rochas par exemple, puis en solo créé des parfums incontournables. En 1999, il crée sa marque Mizensir qui est d’abord une ligne de bougies parfumées puis deviendra une maison de parfum plus complète en 2015 avec le lancement d’une collection d’eaux de parfums qui compte, aujourd’hui pas moins d’une quinzaine de références. En 2003, il reçoit le prix François Coty du meilleur parfumeur puis, dix ans plus tard, un Fifi Award pour l’ensemble de sa carrière. Alberto Morillas a créé nombre de parfums et, si je ne reviendrai pas sur « Must » et « Byzance », l’un parce qu’il est très connu et que je n’ai rien à dire dessus et l’autre parce que j’en ai déjà pas mal parlé, j’ai apprécié de me promener au fil de ses créations et de retenir celles que je préfère.
J’avais une image un peu convenue du travail d’Alberto Morillas, je le trouvais même un peu « dadame » lorsque j’ai découvert, dès sa sortie, le magnifique « Iris Prima » qu’il a créé pour Penhaligon’s et que j’ai porté avec délice. Il était donc naturel que je recherche s’il avait travaillé sur d’autres jus de la marque et j’ai découvert qu’il était l’auteur de l’un des bests de la collection des portraits, « The Tragedy of Lord George » lancé en 2016 et j’ai couru l’essayer. On m’a d’ailleurs offert un échantillon que je teste alors que j’écris cet article. La marque le décrit ainsi : « Quels sont les secrets de l’Aristocratie Britannique ? Sont-ils aussi éduqués, courtois et polis qu’on le prétend ? « Portraits » est un hommage à l’esprit anglais; entre « établissement, humour et provocation ». La famille de « Portraits » commence avec son personnage principal: Lord George (chapitre I). Traditionnel en apparence, Lord George cache bien son jeu. Son credo ? Ne jamais laisser deviner le fond de ses pensées, cette faculté est la clé de son mariage heureux. Respectable en tous points, sa fidélité au Roi et à l’Empire est inébranlable. Son Parfum? masculin et élégant avec une pointe de rhum; puissant, riche et bienveillant « Entrez, je vous en prie. Nous nous connaissons ? ». Voici une fragrance pour tout homme à cheval sur sa réputation, malgré ses petits secretsC’est un parfum assez linéaire entre oriental et eau de toilette de barber shop. L’envolée un peu anisée est vraiment très élégante puis on entre dans un coeur de fève tonka et d’ambre relevé d’une note de brandy pour évoluer vers un fond de bois blond et, me semble-t’il de tabac mais je n’en suis pas certain. La haute concentration des parfums de cette collection lui confère quelque chose d’à la fois intense et vraiment très chic. Lorsque j’ai découvert les portraits, je ne me suis pas arrêté sur « The Tragedy of Lord George » et franchement je suis heureux à la fois de le découvrir et de le porter aujourd’hui. C’est une merveille.
Je ne connais pas bien les créations d’Alberto Morillas pour sa marque suisse Mizensir mais, il y a quelques années j’ai eu un gros coup de coeur pour « « Édition de Véronique » qu’Alberto Morillas a créé en 2015. La marque explique : « Véronique, le prénom de la fille si chérie du maître parfumeur Alberto Morillas. Ce parfum lui rend hommage, à travers un bouquet de fleurs et de muscs les plus raffinés, que le père offre en hommage à sa fille. Les essences des fleurs qui composent ce parfum sont extraites par infusion - le procédé traditionnel que seules les maisons de haute parfumerie utilisent encore. La rose centifolia est ici accompagnée par le jasmin sambac, plus orangé et moins animal que le jasmin grandiflorum. Un duo sublimé par l'iris, note étonnante à laquelle l'essence de bois de cade apporte un accent boisé et fumé. La magie de cette profusion florale est prolongée par les notes de bois ambré ainsi que par les muscs blancs, tendres et enrobants, qui sont à la fois discrets et bien présents ». Il est de beaux parfums et de grands parfums. « Édition de Véronique », même s’il est peu connu, appartient à la seconde catégorie. Vraiment, lorsque je remets mon nez dessus, je suis complètement séduit par ce floral d’une qualité exceptionnelle. L’envolée nous projette directement dans le parfum avec des notes de rose centifolia et de jasmin sambac très opulent. Le coeur, poudré, d’iris est un peu fumé par l’essence de bois de cade ce qui lui donne son côté sec et vraiment singulier qui se renforce avec un accord boisé et musqué en fond. Plutôt féminin à l’origine, « Édition de Véronique » est, pour moi, parfaitement androgyne. Je l’aime, je l’ai un peu porté et je il est possible voire probable que je le ressorte même s’il ne m’en reste qu’un petit fond.
« Un parfum peut réactiver une sensation, permettant ainsi de vivre à nouveau un instant du passé. Conçu par Alessandro Michele, Gucci Mémoire d’une Odeur est le premier parfum universel de Gucci. Découvrez une fragrance qui explore le pouvoir des souvenirs, les faisant ressurgir du passé pour leur donner vie à nouveau. Un parfum qui n’est associé ni à un genre, ni à une époque ». Je ne m’étais jamais arrêté, lorsque j’ai découvert « Mémoire d’une Odeur », sur les parfums Gucci et vraiment, le peu que j’en connaissais ne m’attirait pas du tout jusqu’à la sortie, en 2019 de « Mémoire d’une Odeur » dont j’ai déjà beaucoup parlé et, du coup, je me suis penché sur la collection Bloom que j’ai trouvée à la fois belle et facile à s’approprier. Présentés comme des féminins, ces fleuris sont, pour moi, parfaitement mixtes. Je trouve que toutes les déclinaisons de l’original réalisées par Alberto Morillas sont réussies (et je pense cela vraiment rarement) mais j’ai décidé de me concentrer sur ce premier jus sorti en 2017 car je suis allé le sentir à nouveau spécialement pour écrire cet article. Le départ est très frais, je sens une note d’agrume, peut-être de l’orange, mais aussi des notes vertes un peu « herbes coupées ». Le coeur est résolument fleuri avec des notes de tubéreuse, de jasmin et de chèvrefeuille qui lui donnent vraiment sa personnalité. Le fond de bois de santal si cher au parfumeur est poudré par la racine d’iris. C’est une jolie réalisation et je trouve qu’Alberto Morillas a vraiment inventé une nouvelle version du fleuri classique. Vraiment il est à découvrir même si je ne suis pas certain qu’il est facile à trouver aujourd’hui.
Alberto Morillas a créé nombre d’autres parfums mais j’avoue que, pour moi, le plus beau à ce jour a, hélas, été arrêté et j’en ai déjà pas mal parlé dans mon article sur le vétiver. Il s’agit bien évidemment du « Baiser du Dragon » dans sa version parfum sorti en 2003 chez Cartier. Ce vétiver travaillé de manière orientale est une véritable merveille. J’en avais beaucoup entendu parler car j’ai une amie qui le regrette infiniment mais je ne le connaissais pas. L’envolée est extraordinaire avec des notes d’amaretto, de gardénia et d’amande, le coeur de jasmin, d’iris, de rose et de cèdre pose les notes d’un parfum singulier et très étonnant. Le fond de vétiver et de benjoin est délicatement ambré et renforcé par le patchouli. Vraiment, c’est une merveille. Il n’est jamais ni entêtant ni trop présent malgré une excellente tenue. Pour moi, il est est l’illustration parfaite que le vétiver est synonyme d’élégance. J’ai eu la chance de me procurer un flacon de ce parfum et je l’aime énormément. Je suis moins attiré par les autres versions, eau de toilette et eau de parfum mais elles sont aussi de belles réussites. Je ne pouvais pas terminer cette sélection sans parler de ce parfum que j’ai énormément aimé porter même s’il n’existe plus. Je pense, en revanche, que l’on peut encore trouver quelques flacons sur le stand de Cartier des Galeries Lafayette du Boulevard Haussmann.
Je crois vraiment qu’il faut que je me penche plus sur les créations de Mizensir mais nous n’y avons pas accès chez nous alors il me faudra attendre le prochain séjour à Paris. Ceci dit, le travail d’Alberto Morillas est vraiment très large et tout un chacun peut trouver, parmi ses créations, au moins deux ou trois jus dont il va avoir envie. Je crois d’ailleurs que je vais aller me promener en parfumerie pour en découvrir d’autres. Je pense à certaines créations pour Bvlgari qui devraient me plaire par exemple. En tout cas, j’avais envie d’écrire cet article sur Alberto Morillas depuis un certain temps et je remercie les abonnés de ce blog, particulièrement la toute jeune génération, de m’avoir poussé à le faire car j’ai eu beaucoup de plaisir à aller explorer certains de ses parfums.
Kakigori, la nouvelle collection d'inspiration japonaise d'Obvious
« Obvious Parfums explore inexorablement la beauté cachée au cœur de l'instant. Dans un monde en pleine mutation, Obvious Parfums propose une vision hédoniste de la vie en capturant des moments de poésie. C’est naturellement au “pays du soleil levant” que David Frossard est allé puiser son inspiration. Cette grande culture empreinte de bouddhisme a magnifié, plus que toute autre, la contemplation de l’instant qui seul surnage au-dessus de la nature changeante des choses ». Après la collection classique, les High Standards, voici donc le troisième univers d’Obvious (littéralement Évident), la marque fondée par David Frossard, il s’appelle « Kakihori » et a été inspiré d’un dessert japonais à base de glace râpée à laquelle on ajoute un sirop de thé vert, de fruits ou de sésame. Elle se décline donc en trois parfums dont le premier, « Kakgori White Crush » peut se superposer aux deux autres, une technique de layering très employée en parfumerie actuellement mais dont je ne suis pas très familier. Je vais donc vous parler de chaque parfum et de mon ressenti pour que vous puissiez avoir envie de les essayer et peut-être de les porter soit seuls soit en superposition.
Créé par Tanguy Guesnet, « Kakigori White Crush », est donc la première composition que j’ai pu sentir voire même essayer. Il pourra donc se porter tout seul ou comme base de layering pour les deux autres. « Quoi de plus poétique et éphémère que la neige du Mont Fuji récoltée pour rafraichir, l'été, l'élite japonaise, sur laquelle était versé un sirop sucré de fruits ou de thé : le Kakigori était né. Kakigori White Crush est un parfum à porter seul dans une recherche de virginité glacée. Il évoque la blancheur de la neige impériale construit autour d'un accord de muscs blancs sublimé par l'iris et la rose ». Dès l’envolée, je sens une alternance de muscs blancs très « propres » et de poivre rose. J’ai été très interpellé par le côté, effectivement, vraiment neigeux à la vaporisation qui m’a rappelé d’autres parfums du marché que je trouve réussis mais que j’aurais du mal à m’approprier. Le coeur est très beau avec le mélange d’une concrète d’iris très peu modifiée et d’une huile essentielle de rose jamais trop présente qui se fond avec les muscs du fond ainsi qu’un absolu de fève tonka qui fonctionne merveilleusement bien. Personnellement, je porterai ce parfum seul car je le trouve particulièrement bien abouti voire même sophistiqué mais j’ai essayé, sur touche, de l’essayer avec les deux autres et c’est vrai que ça fonctionne bien. J’ai beaucoup aimé « Kakidori White Crush » et je pense qu’il sera mon préféré de la collection.
J’étais un peu réticent en lisant le descriptif de « Dulce de Leche » pourtant créé par Meabh McCurtin dont j’apprécie particulièrement la signature. La marque le décrit ainsi : « Dulce de Leche s'inspire du dessert éponyme, où le lait et le sucre sont mélangés et cuits pour une douceur et une sensualité inégalée. Les accords de noix, de cardamome, de sésame, de vanille et de bois de santal enchanteront les amateurs de douceur et d’élégance ». Le départ de noisette assez synthétique se fait un peu oublier car il est associé à une très belle cardamome et un poivre noir en quantité « raisonnables » et je trouve que cela arrange bien les choses. Le coeur est construit autour d’un autre accord, celui de dulce de leche, qui a, je trouve, l’odeur un peu de la confiture de lait, associé à la graine de sésame que je ne sens pas vraiment. J’ai aussi été dérouté par le fond de vanille presque crémeuse, de santal et de bois de gaïac que je ne pourrais pas porter mais que je trouve très intéressant. J’ai donc essayé de le superposer avec « Kakigori White » et je trouve que cela lui apporte une fraîcheur et le fait un peu plus rentrer dans mes goûts mail serait plus facile de le porter.
Avec « Plum Cream », Tanguy Guesnet s’est inspiré de la prune salée umeboshi bien connu des amateurs de cuisine japonaise. « Plum Cream revisite la prune japonaise, plus connue sous le nom de prune umeboshi, dégustée après une longue macération dans du sel. Cette salinité va révéler des saveurs umami, cette fameuse cinquième saveur interprétée en parfumerie grâce à la prune salée magnifiée de rhum, davana et de ciste apportant une complexité et une sensualité fruitée cuirée exceptionnelle. Ce délice japonais pour la première fois interprété en parfum, s'exprime sur la peau avec profondeur et originalité ». J’aime beaucoup la note de prune en parfumerie et j’attendais beaucoup de ce parfum mais il m’a un peu dérouté. Déjà, je ne le comprends pas trop avec son départ de davana et de rhum mais j’ai été insistant pour aller jusqu’à ce coeur de prune salée, d’absolu d’immortelle et de ciste. J’aime beaucoup l’immortelle également mais, force m’est de constater que l’association de ces deux notes me déroute quelque peu. En fond, l’huile essentielle de cypriol, le bois de chêne et l’accord de cuir saffiano renforcent un peu mon impression et je ne sais pas trop quoi penser de ce parfum dans sa globalité. Un coup je l’aime, un coup il me dérangerait presque. Je l’ai mis sur peau et je le trouverai peut-être plus facile.
Pour résumer, je dirai que j’aime, peut-être pour la première fois, « Kakidori White Crush » conjugués avec les deux autres parfums. Attention, ce n’est que mon ressenti à la découverte de la collection. Je voudrais vraiment remercier Michaël et toute l’équipe de la boutique Ecocetric à Lyon qui m’ont permis de vraiment pouvoir essayer en avant-première ces trois parfums assez inédits et qu’il faut vraiment poser sur peau de manière systématique avant de tenter tout achat. En tout cas, vraiment, la démarche est intéressante et la modernité de la signature des parfumeurs me réjouit même si les créations ne sont pas forcément pour moi de prime abord. J’espère vous avoir donné envie. En tout cas, l’expérience olfactive est complexe et intéressante.
Promenade dans mes doses d'essai
Avec la sortie d’un nouvel opus le mois dernier, j’ai eu envie de remettre mon nez dans la collection Les Indémodables. Le premier parfum que j’ai choisi d’essayer en juillet est « Fougère Émeraude » créé en 2016 par Florence Fouillet-Dubois. L’idée d’une structure de fougère conjuguée avec un coeur de tubéreuse et de mimosa est une vraie originalité. « Une fougère du XXIème siècle qui possède la sophistication des pièces sur mesure, à l’image de celles réalisées par les meilleurs artisans de la Haute Couture ». Épuré et original, ce parfum avait été mon coup de coeur de la collection quand je l’ai découverte. J’aime beaucoup l’idée d’avoir repris la construction très classique de la fougère et de l’avoir associée à un coeur résolument floral, très estival et pourtant un peu narcotique et animal. Ce parfum sort des sentiers battus et la qualité des matières naturelles utilisée est évidente. Je l’aime toujours bien et il matche parfaitement avec ma peau. Je ne suis un pas un amateur de la fougère classique telle qu’on l’entend mais j’avoue que cette composition singulière me plait. Il y a, hélas, un bémol. Je ne suis pas prêt à mettre un prix aussi élevé dans ce parfum que je trouve, malgré tout un peu surévalué. Je passerai donc mon tour mais il n’empêche que je le trouve vraiment réussi. Il est sans doute l’un des plus beaux parfums de la marque selon mes goûts.
Je n’aime pas l’encens, pas plus que le oud et pourtant, j’ai beaucoup apprécié « Yellow Rose Incense » de Bohoboco quand je l’ai découvert il y a quelques mois mais je ne l’avais pas beaucoup essayé sur peau mais c’est chose faite. Je dois dire que je suis dubitatif mais j’ai trouvé l’expérience intéressante. « Le parfum Yellow Rose Incense de la ligne Bohoboco perfume est une combinaison addictive de notes contrastées et surprenantes. Les arômes aigus et intenses du clou de girofle rappellent les épines de la rose fière. Après un moment, on retrouve des fragrances enveloppantes, courageuses et protectrices, comme l'encens, le musc et l'ambre. L'expressivité, la profondeur et le caractère unique de l'encens Yellow Rose sont soulignés par le parfum puissant de la rose et du oud de l'arbre agar qui pousse dans le désert et qui, comme votre voyage, n'est pas facile à réaliser. Dans un flacon de parfum en cristal, le créateur a caché des notes inspirées du nirvana mystique, qui est l'essence de tout travail créatif ». Créé en 2021, ce parfum est une interprétation vraiment originale, presque froide de la rose qui est présente dès l’envolée et associée à la cannelle et au clou de girofle. Après un petit temps d’évolution, le coeur d’encens ambré soutenu par des trace d’un accord oud enrichit la fragrance qui se pose, en fin de compte sur un fond de benjoin très résineux, de musc blanc et de patchouli. Je ne sais toujours pas si j’aime ce parfum mais ce que je sais c’est que je ne pourrais pas le porter. Il ne m’a qu’en partie convaincu. La concentration extrait lui confère quelque chose de très persistant qui finit par me lasser un peu. Finalement, sur moi, « Yellow Rose Incense » ne produit pas l’effet escompté. Il n’en demeure pas moins très original et très bien fait.
« Floral tubéreuse, fruité gourmand Magda, artiste et muse des poètes du Paris de la fin du XIX siècle, inspire un parfum exotique et envoûtant, adouci par des notes poudrées, suaves légèrement teintées d’amertume. Sensuel et gourmand, son parfum raconte la force et la douceur d’une femme vibrante et vous entoure d’une sensation chaleureuse et tendre ». « Magda » a été, en 2021, le troisième opus de la collection des Portraits de Femmes de Lubin. Il est a aussi, à ce jour, le plus récent des parfums de la marque. Créé par Delphine Thierry, c’est un travail autour d’une tubéreuse gourmande qui, sur le papier, a tout pour me plaire même si, comme son nom l’indique, il s’adresse plutôt à une femme (je ne suis pas à ça près) et j’ai eu envie, une fois encore, de le porter pour essayer de saisir complètement mon impression. Le départ, très fruité, de bourgeon de cassis, de cerise un peu liquoreuse et de mandarine zestée mais douce me plait sans que je sache trop pourquoi mais c’est surtout le coeur de tubéreuse dense et associé au gardénia et à la fleur d’oranger un peu à la manière d’un parfum Goutal, mais aussi, et cela semble incongru, à la cannelle qui réchauffe tout à fait la composition et cela se confirme avec le fond d’amande, de santal et surtout de vanille. Plus que floral, on pourrait qualifier « Magda » de « floriental », selon l’expression un temps utilisée. Delphine Thierry a su réinventer ce style avec un côté à la fois gourmand et particulièrement inusité. J’aime « Magda », ce nouvel essai le confirme mais je n’arrive pas vraiment à le porter. Je ne sais pas vraiment pourquoi, je ne pourrais pas le dire. C’est une une très belle création mais sans doute pas pour moi, il me faut l’accepter.
« Le zeste énergisant du gingembre frais La vivacité pétillante du gingembre naturel commence par un instantané de fraicheur avec zestes de citron vert et agrumes. Paillettes de baies roses et cardamome infusent équilibre et profondeur à cet accord rafraichissant ». Pour terminer cette sélection, je voulais un vrai parfum estival et je me suis souvenu que j’avais beaucoup aimé « Zeste de Gingembre », créé par James Heeley pour sa marque éponyme en 2020 et qui m’a vraiment fait penser au ginger beer que j’ai pu boire en Angleterre. Des notes de tête de citron verte et d’orange amère, un coeur de gingembre et un fond de cardamome et de baies roses sans vraiment de notes boisées apparentes. J’ai vraiment aimé redécouvrir ce parfum. Le mot qui me vient est « jubilatoire ». Je crois que, si j’aime le goût du gingembre dans la cuisine ou les boissons, il me plait aussi beaucoup en parfumerie. Plus je sens cette note, plus elle me plait et dans « Zeste de Gingembre », elle est un vent de fraîcheur au sein d’une composition hespéridée mais surtout épicées. Comme toujours, James Heeley a su créer un parfum frais tout en nuances, en élégance avec un petit rien de sophistication à l’anglaise qui ne peut que me séduire. C’est un vrai coup de coeur. J’ai pas mal de parfums d’été cette année mais il va, c’est certain, rester quelque part dans un coin de me tête. Je l’aime beaucoup et je pourrais tout à fait le porter. Il m’évoque une terrasse à Paris, en Normandie ou, pourquoi pas sur la côte sud de l’Angleterre. Vraiment c’est une pépite !
J’aurai donc apprécié à leur juste mesure ces quatre essais et eu un coup de coeur, ce qui n’est pas mal. En tout cas, je suis content d’avoir posé sur ma peau ces trois parfums et de les avoir vraiment portés. C’est une bonne manière de venir vous en parler. Je sais que, chaque mois, vous aimez lire l’article de cette rubrique et j’aime le préparer et l’écrire, je suis donc ravi de vous le proposer. En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir avec cette sélection de juillet et j’espère vous donner envie de découvrir ces quatre compositions très différentes les unes des autres.
Un vent d'armoise
* Article modifié
« L’armoise, encore appelée « armoise citronnelle » est une plante particulièrement atypique. L’armoise est une plante herbacée vivace de la famille des astéracées. Cette famille regroupe également l’estragon et l’absinthe. Son nom latin « Artémisia » vient de la déesse grecque Artémis, protectrice des vierges, des femmes enceintes et malades. C’est pourquoi l’armoise était utilisée pour calmer les règles douloureuses et faciliter les accouchements. Elle est originaire des climats d’Europe tempérés, d’Afrique du Nord, d’Asie, et du bassin méditerranéen Français. L’armoise aime les sols ensoleillés et secs. On compte environ 300 espèces différentes d’armoise » Oflastory. C’est une note verte et boisée qui peut soit me plaire, soit me rebuter. L’armoise est souvent présente en soutien pour d’autres matières premières mai j’ai voulu décrire des parfums dans lesquels sa présence apporte une facette très différente des autres mises en avant dans la composition.
Christopher Sheldrake a utilisé très souvent l’armoise dans ses compositions pour Serge Lutens. Je citerais « Le Participe Passé » ou encore le désormais discontinué « Eau d’Armoise » par exemple mais la création qui me vient et que j’aime est sans nulle doute « Douce Amère » lancé en 2002 et désormais disponible uniquement en flacon de table. La marque le décrit ainsi : « Image revisitée de la sulfureuse fée verte, "Douce-amère nous replonge avec délice dans le luxueux cérémonial du buveur d'absinthe. Sur la cuillère percée posée en équilibre à même le verre, le buveur laissera dans un précis goutte à goutte s'écouler l'eau de sa carafe sur un morceau de sucre blanc qui lentement se dissoudra pour se mêler au sang émeraude de l'absinthe. Pour une amertume sans partage ». Je dois dire que ce parfum que j’aime particulièrement porte bien son nom. En effet, il a la douceur de l’amande et l’amertume de l’absinthe accentuée par l’omniprésence de l’armoise qui annihile un peu le côté trop anisé de l’absinthe. Très franchement, j’aime beaucoup « Douce Amère ». Je l’ai porté et seul son format me retient de le reprendre à nouveau.
Lancé en 2015 en hommage à la boutique de la marque qui se trouve dans cette rue londonienne, « Jermyn Street » est une création que je n’ai jamais portée mais que j’aime vraiment beaucoup. Il m’a toujours fait envie et il fait la part belle à la note d’armoise. En effet, l’envolée de bergamote, de citron vert, de mandarine, de vétiver et la violette laisse la place très vite à un coeur construit autour de l’armoise avec des notes de coriandre si chère aux parfumeurs de la marque. L’ambre, le cèdre, les muscs et le vétiver constituent le socle si j’ose dire, du parfum. La marque le décrit ainsi : « Jermyn Street est un hommage à ce qui a été le lieu de l'entreprise familiale Floris durant 284 années et la maison de la famille, au 89 Jermyn Street, dans le quartier de St James's à Londres. Ce parfum, tout comme son inspiration, dégage une sensation d'élégance, de raffinement, et de classe, par son accord frais de gin et de citron mélangées au vétiver ». Mixte, très beau et chic à l’anglaise, « Jermyn Street » est vraiment une merveille de la parfumerie à la britannique. J’ai adoré y remettre mon nez et je pourrais complètement me l’approprier.
« Jardins D’Écrivains incarne l’esprit de «la Pléiade» avec cette nouvelle ligne de parfums.Un triptyque composé de poésies du XXème siècle, dont l’adaptation olfactive exprime l’intensité du cuir, du cèdre et du patchouli. Le langage de l’excellence inspire un sillage précieux. Élixir de macération cuirée. L’ivresse des sens révèle l’art du choc. Une quintessence composée d’armoise, bouleau, lilas, fève tonka, benjoin, styrax ». « Alcools » lancé dans la collection La Pléiade de Jardins d’Écrivains, en 2018 et il a été, pour moi, vraiment un coup de coeur absolu et immédiat je dois bien le dire. Je l’ai énormément porté et je pense que je le reprendrai cet hiver. L’armoise prend beaucoup de place en entourant le bois de bouleau dès l’ouverture et créant une impression à la fois liquoreuse, amère et cuirée puis le coeur de fève tonka et de lilas le rend plus poudré et plus doux avant que le styrax et le benjoin ne vienne rajouter une note de cuir douce et forte à la fois. C’est un parfum d’hiver, de col, d’écharpes. C’est aussi, pour moi, l’une des plus belles réalisations d’Anaïs Biguine, parfumeure exclusive et fondatrice de la marque et dont j’apprécie vraiment le travail. « Alcools » est vraiment l’un de mes parfums préférés car il constitue un cocon protecteur en plein hiver. Je l’ai terminé mais nul doute que j’y reviendrai car son chic un peu sulfureux est, comme je pourrais le dire, fait pour moi.
Créé par Delphine Thierry en 2017 pour Lubin, « Brittany Breeze » est un parfum très élégant, à la fois vert et aromatique. Je le trouve très duel. Il a un côté presque marin et un autre franchement vert. Pour moi, lorsque la marque le décrit : « Au large de la Bretagne, le vent océanique gonfle les voiles d’un clipper qui s’éloigne à l’horizon. Brittany Breeze est une eau de parfum aux accents marins, un souffle d’iode et d’embruns salés, où dominent les notes menthées et les herbes aromatiques, sur un fond boisé, épicé et chypré », je trouve que tout est dit. Le départ d’armoise et d’anis est contrebalancé par une bergamote douce qui en neutralise un peu l’amertume et nous emmène avec beaucoup de légèreté sur un coeur très aromatique et vert de lavande, de galbanum, de violette, de géranium et de thym puis sur un fond de vétiver, de cumin, de tonka et de mousse de chêne. C’est un peu comme un chypré aromatique sans patchouli. Dans cette collection des évocation, je ne m’y retrouve pas vraiment mais je dois dire que « Brittany Breeze » est vraiment mon préféré. Il y a, dans cette composition, qui, sur le papier, n’a rien pour me plaire, quelque chose qui m’attire, allez comprendre.
Voilà, j’avais envie de parler de l’armoise et je me suis fait très plaisir finalement, à re-sentir les parfums que je voulais évoquer. Je me dis que je pourrais porter les quatre créations de cette sélection. Et si j’aimais la note d’armoise ?
"Daphne Bouquet", le nouveau British Tale de Penhaligon's
« Fondée à Londres en 1860, Penhaligon’s fait partie des rares parfumeurs titulaires d’un mandat royal. Depuis l’acquisition de Highgrove en 1980, le roi Charles III a transformé ce domaine privé en un jardin d’exception, où le Stumpery, jardin artistique de troncs et racines, abrite la daphné, qui inspire le parfum Daphne Bouquet. Daphne Bouquet s’ouvre sur une lavande apaisante et un pamplemousse lumineux, dévoile un cœur floral de jasmin et de rose, et s’achève sur un fond boisé et frais de cèdre et bourgeon de cassis ». Pour sa première collaboration, à ma connaissance, avec Penhaligon’s, Antoine Maisondieu a s’est inspiré des parfums des jardins du château de Highgrove pour une nouvelle composition dont une partie du produit de la vente ira à la fondation du roi Charles II. La fleur de Daphne est issue d’un arbrisseau à feuillage persistant et elle pousse sous forme de petits bouquets blanches, roses ou pourpre dont le parfum est reconnaissable. J’avoue que, pour ma part, je ne le connaissais pas et je découvre donc l’interprétation qu’en fait le parfumeur dans ce nouvel opus de la collection The British Tales. Cette eau de parfum a su me séduire immédiatement. « Un folklore parfumé de feuilles de cassis et de pamplemousse jaillit d'un lit de mousse et de vétiver. Le thym transforme la fleur de daphné, délicatement suspendue entre le printemps et l'été, en une fleur resplendissante de laurier, de rose et de lavande »
Après un départ de feuille de cassis très vif, vient ce coeur de fleur de daphne très étonnant entre notes florales et boisées qui me rappelle l’huile essentielle que je suis allé sentir afin de me familiariser avec l’effluve de cette fleur étonnante. En fond, la mousse de chêne me réjouit. Elle me semble faire perdurer, dans un côté sous-bois un peu vert, ce coeur parfaitement attractif. « Daphne Bouquet n'est pas un simple parfum séduisant : c'est Penhaligon's qui exprime ses racines royales. La maison de parfums entretient des liens avec la monarchie depuis la reine Victoria et a récemment obtenu un nouveau brevet royal du roi Charles en personne. Un luxe, certes, mais dont chaque note est imprégnée d’histoire. De plus, derrière cette magie se cache une mission plus profonde. Dix pour cent des recettes sont reversés à la Fondation du Roi pour soutenir son action dans les domaines des arts, de la mode durable, de l'agriculture traditionnelle, et bien plus encore. Des milliers d'étudiants bénéficient de ces programmes chaque année ; votre prochain parfum signature pourrait donc soutenir le meilleur de l'artisanat britannique ».
Antoine Maisondieu
Le parfumeur Antoine Maisondieu, qui a composé ce parfum absolument magnifique en explique l’inspiration. « La feuille de cassis évoque les baies légèrement fruitées et acidulées que l'on trouve souvent dans les jardins. La fleur de daphné, cœur du parfum, représente le jardin lui-même. L'accord est sublimé par un sublime concentré de pétales de rose, mêlant essence et absolu. Enfin, la mousse apporte un élément structurant à la fragrance. Elle apporte une note naturelle et terreuse qui reflète le sol du jardin, se mariant à merveille avec le bois de cèdre et le vétiver. Ensemble, ces trois éléments – notes fruitées, beauté florale et nuances terreuses – évoquent les différents aspects du jardin qui ont inspiré ce parfum ». Sur ma peau, « Daphne Bouquet » se fait très « croquant » à l’envolée avec ce bourgeon de cassis qui rappelle un peu le départ de « Sublime Balkiss » de The Different Company mais la comparaison s’arrête là. Le coeur floral devient velouté, très étonnant, particulièrement addictif et le fond de mousse de chêne lui donne un caractère un peu vert et boisé. J’ai vraiment adoré ce parfum. Pour moi il s’agit de l’une des plus belles sorties de cette première partie de l’année. C’est un énorme coup de coeur. En plus, il matche merveilleusement bien sur moi donc que demander de plus. « Daphne Bouquet » c’et l’élégance intemporelle à l’anglaise vue par un parfumeur français. Le côté néo-chypré me parle tout de suite et, non seulement je ne suis pas déçu mais je suis emballé.
Amandine Clerc-Marie, un beau travail des fleurs... entre autres
* Article modifié
C’est en écoutant un podcast sur les parfumeurs de Firmenich que j’ai eu envie de me pencher sur le travail d’Amandine Clerc-Marie et notamment son travail sur les fleurs. J’ai fouillé dans mes doses d’essai et je me suis donc rendu en parfumerie et j’ai découvert quatre parfums que je ne connaissais pas et dont j’ai eu envie de parler. En tout cas, j’ai pu essayer quatre parfums très élégants, dans la belle tradition de le la création à la française notamment chez Chloé. Je dois dire que j’ai bien aimé ce travail tout en finesse et en charme. J’avais envie de vous en faire profiter car, à chaque fois que je suis le travail d’un parfumeur, je me laisse guider par le fil rouge tiré entre ses différentes créations. Avec Amandine Clerc-Marie, c’est vraiment le naturalisme floral qui est souvent mis en avant. Je trouve qu’il y a également quelque chose de très « végétal » dans la plupart des créations.
Le tout premier parfum dans lequel j’ai mis mon nez et dont j’avais une dose d’essai un peu par hasard est « Herba Mimosa » qu’Amandine Clerc-Marie a créé en 2019 pour la collection Atelier des Fleurs de Chloé. Floral, vert, ce parfum est une interprétation assez étonnante de cette fleur que j’aime beaucoup en parfumerie. « Cette fragrance tendre et poudrée fait écho à un souvenir de jeunesse de Amandine Clerc-Marie : l'émotion sensorielle ressentie en découvrant la floraison des mimosas sur les collines de Grasse, lorsqu'elle avait vingt ans. Des mimosas aux facettes poudrées, boisées, végétales et lumineuses qui donnent de l'ampleur à la composition ». La marque ne communique pas sur les notes mais présente le parfum comme un soliflore. Je trouve que ce n’est pas vraiment exact. J’aime beaucoup le côté un peu moins poudré que dans certaines autres compositions et la note verte qui perdure tout au long de son évolution. C’est un travail floral qui me séduit car il y a à la fois un certain naturalisme et un twist très vert, galbanum il me semble qui rend très agréable le cocon qu’il crée autour de moi.
« Une potion d’amour qui révèle la féminité et le pouvoir hypnotique des femmes qui le portent. Captivante et radiante, la fragrance s’ouvre sur des notes délicieuses de mûre, de kiwi et de fleur de mandarine. Un bouquet floral d'orchidée, de freesia et de fleur de nénuphar en note de cœur dévoile le côté séduisant de la fragrance. La sensualité est intensifiée par son fond boisé et musqué. Secret Love, une composition absolument féminine ». C’est cet été que j’ai découvert les deux créations d’Amandine Clerc-Marie pour Majouri et j’ai bien aimé surtout « Secret Love » que je trouve très agréable non seulement à sentir mais aussi à porter même s’il est vrai qu’il s’adresse plutôt aux femmes par con côté très orchidée doux et suave. Le départ de cassis nous accroche tout de suite et il s’enrichit du côté kiwi très acide et plus doux de la mandarine et nous emmène sur un coeur de freesia et de nénuphar à la fois prenant et un peu aquatique adouci par cette note suave, presque vanillée de l’orchidée. J’aime un peu moins le fond boisé et musqué qui, sur moi, manque un peu de délicatesse et casse légèrement le côté pétillant de la fragrance. Il n’en reste pas moins que c’est un parfum qui m’a beaucoup plu et auquel j’ai accordé vraiment de l’attention.
« Inspiré par le soleil des jardins marocains, M. Yves Saint Laurent a infusé la lumière dans ses plus belles créations. Atlas Garden met en tension la fraîcheur solaire de la Fleur d'Oranger et la chaleur addictive de la Fève Tonka. Deux ingrédients nobles travaillés autour d'un accord gourmand aux facettes mielleuses, inspiré de la Datte orientale ». « Atlas Garden », créé par Amandine Clerc-Marie en 2019 pour Le Vestiaire des Parfums Orientaux d’Yves Saint Laurent est l’un des grands succès de la collection et il me fallait absolument l’inclure dans ma sélection même s’il m’éloigne de ma zone de confort comme on dit. Je suis donc allé sur le stand de la marque au Printemps à Lyon pour le redécouvrir. L’ouverture est une envolée de fleur d’oranger, au coeur, on retrouve de l’amande avec un accord qui rappelle la datte et de la fève tonka et le fond est une overdose d’ambroxan. On dirait aujourd’hui que ce parfum est un « floriental ». Je dois dire que je ne suis pas très en accord avec la conseillère du stand qui prétendait qu’il m’allait bien. Il est très beau et très bien construit mais absolument pas pour moi car je le trouve trop liquoreux et trop opulent sur ma peau. J’aime beaucoup l’idée d’un oriental très dense que je pourrais porter mais, aussi réussi soit-il, ce ne sera pas « Atlas Garden » hélas.
Le dernier parfum dont je disposais de la dose d’essai n’est pas un floral mais un oud réalisé tout en finesse, sans trop d’animalité, avec une élégance peu commune pour Atkinsons. Amandine Clerc-Marie a créé « Oud Save The King » en 2013 et je ne m’étais pas vraiment arrêté sur ce parfum à tort car il est très intéressant et devient maintenant difficile à trouver. « Inspiré de l'histoire d'amour interdite entre le prince héritier Mohammed Ali Ibrahim d'Égypte et la star de cinéma américaine Mabel Normand, Atkinsons Oud Save The King est un parfum glorieusement sensuel et luxueux. Célébrant son affection pour tout ce qui est britannique et son amour pour Mabel, il mélange l'arôme distinctif de son thé préféré, Earl Grey, avec les tons riches et cuirés de l'accord Suede. Mais, à la fin de la journée, il est un prince égyptien, après tout, et il n'y a pas moyen de s'éloigner de ses racines exotiques, d'où les notes sensuelles et séduisantes de bois de santal et d'oud musqué qui en font un parfum sophistiqué et majestueux digne d'un Roi. Ou même d’un prince héritier ». Avec une envolée de bergamote et de thé noir, un coeur basé sur le bois de santal et un accord oud puis un fond d’iris et de cuir doux et presque daim, ce parfum tout en finesse m’a plus surtout lorsqu’il s’est développé sur ma peau. Je trouvais un peu curieux le départ très Earl Grey, presque addictif puis, arrivé sur les notes de coeur, j’ai eu l’impression d’un parfum un peu convenu mais le fond poudré et cuiré est vraiment beau. C’est une très belle création. J’espère qu’Atkinsons retrouvera des points de vente en France.
J’ai beaucoup aimé découvrir ou redécouvrir le travail d’Amandine Clerc-Marie bien que je ne l’ai fait que dans le but d’écrire cette revue. Il y a vraiment une signature derrière ces parfums. J’aime beaucoup la finesse et la délicatesse de chacune de ces fragrances même si elles ne sont pas forcément pour moi. Je vous engage donc, car nous avons tous nos goûts, à aller les sentir, voire même à les essayer et j’aimerais avoir votre retour.
Exquise trouvaille : "Outrageous"
* Article modifié
Vous avez été nombreux à me demander de préciser un peu mon impression sur « Outrageous » créé en 2007 par la mythique Sophia Grojsman pour les Éditions de Parfums Frédéric Malle dont j’ai déjà un peu parler. Je l’ai essayé et réessayé beaucoup et je dois dire que je l’aime vraiment bien. Je suis allé, une fois encore, le remettre sur ma peau (merci à Alexandre du stand Frédéric Malle du Printemps de Lyon et à Anne de la parfumerie La Mûre Favorite pour leur collaboration toujours fort sympathique) et je dois dire que je me suis vraiment fait très plaisir. J’aime vraiment son développement sur ma peau et je retrouve tout à fait la signature sophistiquée et foisonnante de cette créatrice hors-norme à qui la parfumerie notamment grand public doit nombre de chefs-d’oeuvres. Je lui avais consacré un portrait il y quelques mois. Chaque grand parfumeur a réalisé une création très aboutie, peut-être même la plus aboutie de leur carrière. Pour ce qui est Sophia Grojsman, « Outrageous » est sans doute son chef-d’oeuvre. Il est certes un peu floral mais il est bien difficile de le caser dans une famille olfactives. La seule chose que je puisse dire c’est que « Outrageous » est un merveilleux parfum, joyeux, foisonnant, incroyable ! Frédéric Malle en décrit ainsi l’inspiration : « Samba entre sable et macadam. Danser sur la plage au son des vagues et de la musique brésilienne, une Caïpirinha à la main, parmi les éclats orange et bleus de la nuit tombante ». Pour moi, c’est surtout une carte blanche à l’une des parfumeures les plus talentueuses du XXème et du XXIème siècle. Sophia Grojsman, fleuron de la parfumerie et des collaborations internationales, dotée d’un caractère très affirmé, me fait penser à ces chanteuses d’opéra qui, avec une note grave ou une note aiguë, nous tiennent au creux de leur main. « Outrageous » en est l’illustration.
Sophia Grojsman
Le parfum s’ouvre sur des notes de mandarines, de bergamote, de pomme verte et de cannelle. Le coeur est résolument floral, avec des accents de néroli, de fleur d’oranger et le fond est musqué, ambré, boisé et légèrement aldéhydé. Les facettes sont nombreuses, profondes et légères à la fois. C’est un merveilleux parfum, élégant et, en même temps à la fois inimitable et original. Sa singularité me rappelle beaucoup d’autres créations plus connues de Sophia Grojsman mais je trouve qu’avec cette carte blanche, elle va beaucoup plus loin. Estampillé plutôt féminin, il est, pour moi, tout à fait mixte. J’aime beaucoup son côté inédit et je crois qu’il constitue vraiment l’essence de ce que devrait toujours être la parfumerie de niche, une alternative, une autre manière d’appréhender les fragrances. « Outrageous » porte bien son nom, entre outrance et sophistication, il est exactement ce que j’aime en parfumerie. Je pourrais parfaitement le porter mais il faut faire des choix et ce n’est pas à l’ordre du jour. Il n’est peut-être pas le plus connu des parfums des éditions Frédéric Malle mais il est, pour moi, l’un des plus beaux.
Déroutante sauge sclarée
« La sauge scarlée est une plante herbacée de la famille des lamiacées, originaire du sud de l'Europe et d'Asie occidentale. Très odorante et velue, celle-ci mesure de 40 cm à 1 m de hauteur dans la nature mais peut atteindre environ 1 m 60 en culture. Elle se dote de tiges robustes portant en leur partie supérieure des poils glanduleux contenant de l’huile essentielle. Ses feuilles sont grandes et de forme ovale et ses fleurs font environ 3 cm de long. Elles se dotent de 13 nervures ainsi que de dents épineuses et que d'une corolle inférieure blanche. La couleur de la sauge scarlée évolue du bleu pâle au lilas et sa floraison a lieu en juin. Celle-ci est largement cultivée dans les pays tempérés et sert tout autant de plante ornementale que médicinale. En effet, ses feuilles possèdent des propriétés analgésiques, anti-inflammatoires, antioxydantes, antimicrobiennes et cytotoxiques. Qui plus est, la sauge scarlée est riches en oméga 3. En parallèle, sachez que ses feuilles peuvent également être utilisées, fraîches ou séchées, pour aromatiser les plats de viande. De même, la sauge scarlée était autrefois utilisée en Allemagne pour aromatiser le vin et lui donner un goût musqué. En Angleterre, elle a en revanche servi de substitut au houblon pour préparer la bière. En outre, la sauge scarlée est une plante connue depuis la Préhistoire. De même, la légende chinoise dit que la sauge ne fleurit que dans les jardins des foyers où règne la femme en bonne maîtresse de maison… » Olfacstory. La sauge sclarée est très utilisée en parfumerie car elle est souvent un support et elle peut aussi apporter un twist très intéressant au parfum. J’ai mis très longtemps à l’identifier mais, maintenant, j’y arrive assez bien. Pour illustrer mon propos, j’ai décidé de choisir quatre parfums dans laquelle cette note aromatique et florale est très significative.
Le premier parfum que j’ai re-senti et dans lequel j’ai senti cette note est « Riviera Lazuli » créé, comme son nom l’indique, pour la collection Riviera d’Atelier des Ors par Marie Salamagne en 2019. La parfumeuse explique : « J'ai voulu donner vie à ces moment de pur bonheur entre éclaboussures d'eau salée, citronnade acidulée et caresse du soleil. Les accords d'encens et d'immortelle séchée apportent de la chaleur à la fragrance, avec une touche d'épices caramel évoquant le bois de teck ». J’ai tout de suite trouvé le mélange des notes boisées, aromatiques, épicées et résineuses. L’envolée de citron, de bergamote et de cyprès revêt sur ma peau presque quelque chose de iodé qui s’intensifie avec le côté très aromatique de la sauge sclarée en coeur qui est soutenue par le cèdre et le bois de gaïac puis se pose sur le fond d’encens et d’immortelle. Par essence ce parfum qui détourne un peu les codes de l’aromatique et du parfum marin est portable en été. Personnellement, je l’ai choisi car, vraiment je le trouve vraiment très emblématique de l’utilisation de la sauge mais, je l’avoue, je ne pourrais absolument pas le porter. Les notes presque salées et aromatiques se développent presque de manière entêtante. Il n’en demeure pas moins extrêmement bien construit et pourra plaire aux amateurs de ces deux styles de parfums.
« Moi, j’arrivais sans crier gare aussi docile qu’un chardon », écrivait l’auteure-compositrice-interprète Anne Sylvestre et ça pourrait parfaitement s’appliquer à moi. C’est pourquoi le nom de ce parfum créé par Christian Vermorel pour Maison Matine ne pouvait que titiller ma curiosité. Je suis donc allé essayer « Esprit de Contradiction » lancé en 2019. « Un message piquant, tout est dans le nom, Esprit de Contradiction, représente la dualité entre la fraîcheur de la mandarine et la chaleur du bois de cèdre, entre l’acceptation et les revendications. « Remets en cause le statu quo, fais entendre ta voix ». Franchement, il m’a bien plu avec un départ très improbable de mandarine toute douce, de citron fusant et épicé de coriandre et de poivre noir. Le coeur de clou de girofle, d’ylang-ylang, d’iris et de gingembre est vraiment super original et le fond de sauge, piquant, boisé, aromatique peut paraître incongru malgré la présence de muscs blancs, de vétiver et de bois de cèdre mais je trouve finalement l’ensemble très cohérent malgré des duels de notes plutôt antinomiques. Je n’avais pas spécialement aimé ce parfum lorsque j’ai découvert la marque et j’avais tort. Il me plait beaucoup. C’est quand même une pépite de singularité et de contrastes.
Quand j’ai voulu écrire un article sur la note de sauge sclarée, j’ai tout de suite pensé à « Akkad » créé par Delphine Thierry pour la collection Talismania de Lubin en 2012 et dont elle décrit ainsi l’inspiration : « A l'ombre d'un temple assyrien, la prêtresse brûle des encens en hommage à la déesse Ishtar ». J’ai toujours le documentaire dans lequel elle raconte la création de ce parfum et ça m’a donné envie de le redécouvrir ce qui était facile car j’en possède plusieurs échantillons. Le départ de sauge est presque « piquant » et il s’adoucit avec la bergamote et la mandarine pour nous emmener sur un coeur d’encens, d’élémi, de cardamome et de styrax. Le fond, construit avec le patchouli, le cistre, très présent et la vanille autour d’un accord ambré plus synthétique ne me plait pas vraiment au premier abord mais, finalement, une fois posé sur ma peau, il est assez joli, prenant presque des inflexions de marron glacé. « Akkad est un parfum ambré lumineux, mystique mais aussi sensuel. Une plongée dans les plaisirs profanes de tyrans antiques, l’exhalaison des huiles sacrées, l’odeur épicée des peaux d’esclaves magnifiques au corps de liane, mollement offertes sur les divans et les draps de soie ». Bien sûr, dans la collection Talismania, je préfère « Idole de Lubin » ou encore « Upper Ten » mais, si je veux être vraiment objectif, je dirais que c’est une vraie grande réussite. Il faut le dire, à mon sens « Akkad » n’est pas un beau parfum, c’est un grand parfum.
Je ne pouvais pas écrire un article sur ce sujet sans évoquer « Sauge » de Headspace : « Aux premières lueurs de l’aube, la nature impétueuse possède la fraîcheur incisive des eaux vives d’un torrent de montagne. La moindre odeur explose comme une extase. Celle d’une fleur sauvage à peine éclose, emplit l’air tout entier et devient la promesse d’un renouveau, le rêve d’un possible. Alternant entre le frais et l’ardent, cette fougère 3.0 révèle une explosion racée de sauge sclarée et d’épices, dans un encensement d’angélique, une vibration claire d’encens et de bois épris de liberté. Une émanation contemplative de la nature, la volupté d’un jour nouveau, l’effervescence d’une renaissance ». Travaillé par Caroline Dumur dont, vraiment, j’aime de plus en plus le travail, il est aussi mon coup de coeur dans cette sélection. L’envolée de sauge sclarée est très atypique avec le côté vert, presque croquant, de la racine d’angélique et très animal du cumin qui se pare d’un coeur très vert résineux, presque mentholé de géranium, de cyprès et même de cypriol qui donne un petit côté cuir. Le fond de santal et d’encens est très bien « rectifié » pour mon goût par le côté à la fois cuiré et poudré de la fève tonka. J’étais un peu passé à côté de ce parfum et il m’a fallu le remettre plusieurs fois sur ma peau pour le « comprendre » si je puis dire. En fait, il a commencé à me séduire pendant que je le portais. Vraiment, c’est un très beau parfum aromatique et résineux, loin de mes goûts mais hyper réussi.
Voilà, je me suis penché sur une note que je connaissais mal même si j’ai énormément porté « Lavandula » de Penhaligon’s qui associait la sauge sclarée à la lavande (j’ai retrouvé cela dans « Provence » de Nissaba qui est vraiment très intéressant également) mais l’exploration a été passionnante. Un grand merci à Stéphanie R de m’avoir donné l’idée de cet article. C’était un petit défi que je me suis lancé et j’ai finalement pris beaucoup de plaisir à le préparer en me remettant dans ces quatre parfums si j’ose dire.
Séquence nostalgie : "Caravelle Épicée"
Lorsque l’on découvre beaucoup de parfums, on a tendance, malgré soi, à être moins surpris et pourtant, parfois, on a encore des chocs olfactifs. C’est mon cas. J’aime vraiment beaucoup être surpris, séduit et plus encore. C’était le cas avec « Caravelle Épicée » créé pour Frapin en 2007 par Jeanne-Marie Faugier. Quand j’ai découvert la marque je suis un peu passé à côté. Il me semble que je l’avais bien aimé mais pas comme ça. La marque le décrit ainsi : « Si le cognac est né pour voyager, c’est que le vin de Charente, lui, voyageait mal… Pour lui permettre d’atteindre des destinations lointaines, on invente de le distiller, ce qui concentre ses arômes. Caravelle Epicée est une évocation somptueuse des flancs boisés des vaisseaux imprégnés des arômes de leur cargo, des marchés lointains, des coffres recelant ces épices qui, jadis, valaient le prix de l’or… ». C’était une avalanche de senteurs, une richesse olfactive pour un parfum entre doux et piquant. J’avais rarement senti les épices travaillées d’une manière aussi overdosée et je dois dire que ça me plaisait vraiment beaucoup. On dirait qu’elles étaient les seules composantes de la création. Jeanne-Marie Faugier a su se débarrasser de toutes les notes inutiles.
Après une envolée de coriandre et de noix de muscade qui est une note que j’aime vraiment beaucoup en parfumerie, le parfum évoluait vers un coeur de piment, de poivre, de thym et de. Bois de gaïac pour se poser sur un fond de patchouli (tiens tiens), d’ambre, de tabac et de bois de santal. Je dois dire que je me suis fait vraiment plaisir à le porter. Je l’ai trouve anti-floral certes, épicé certes mais surtout complètement inédit. Les épices et notamment la cannelle (qui n’apparait pas dans la pyramide olfactive mais qui est pourtant très présente) et la noix de muscade sont vraiment travaillées en majeur sans aucune concession. L’originalité de cette invitation au voyage me ravit vraiment. Je suis complètement fan. Vraiment j’ai adoré « Caravelle Épicée ». Je le trouvais absolument addictif et son côté enveloppant ne m’écoeure jamais. Il ne tombait dans aucun écueil puisqu’il ne devenait pas vraiment ambré ni boisé. Il reste uniquement épicé. Pour moi, c’est une très belle découverte. Je l'ai, par la suite beaucoup porté et je regrette qu'il ait été discontinué.
Exquise Trouvaille : "Patchouli Mania"
* Article modifié
« J’ai imaginé un patchouli sensuel à la fois addictif, profond et mystérieux. La composition trouve un équilibre entre la richesse du patchouli et la douceur poudrée du cacao », tels sont les mots de Fabrice Pellegrin pour décrire « Patchouli Mania » qu’il a créé l’an dernier, en 2023, pour Essential Parfum. Il y avait longtemps que je cherchais un parfum dans lequel le patchouli serait travaillé en majeur et surtout ressortirait sur ma peau dans une certaine impression de naturalisme. Je crois que c’est fait et en plus, son prix est plus qu’abordable. Il s’agit donc de « Patchouli Mania » que je trouve vraiment très élégant et qui m’accompagne depuis plusieurs jours. Il s’ouvre sur une très belle envolée de noisettes torréfiées associées à la coriandre un peu épicée et à la fleur de davana qui en renforce le côté rond et presque floral. Puis le coeur, construit autour du cacao et du thé, se fait poudré et s’enrichit d’un fond constitué de trois patchoulis d’une qualité que je trouve vraiment excellente et qui sont renforcées par le vétiver. J’ai adoré ce parfum dès que je l’ai senti et sur ma peau, la dualité entre le côté poudré du cacao et végétal du patchouli est du plus bel effet.
« Inspiré par les notes profondes et sensuelles du patchouli, Fabrice Pellegrin a composé une fragrance aux lignes sensuelles et mystérieuses. En tête, la gourmandise fraîche et aromatique du davana et des noisettes vertes se mêle aux notes boisées épicées des graines de coriandre. Le cœur chaud et gourmand offre quant à lui une dose addictive de cacao, en équilibre avec les notes profondes et boisées du clearwood® et du thé. Enfin, le fond boisé, chaud et terreux dévoile un patchouli mystérieux en harmonie avec la sensualité et la rondeur du vétiver et du cetalox®. Un fond aux allures profondes et envoûtantes ». Sur moi, la diffusion est un peu modérée mais la tenue s’avère vraiment très longue. Lorsque le parfum imprègne mes vêtements et particulièrement le col de mon blouson d’hiver, je dois le remettre car je ne peux en aucun cas le recouvrir avec une autre composition. En tout cas, je suis ravi de la découverte. J’avais beaucoup aimé « Patchouli Mania » à sa sortie et je ne suis pas du tout déçu car, lorsque je le porte, je me fais vraiment plaisir et c’est un peu le principal lorsqu’on décide de porter un parfum. Nul doute qu’un jour, cette exquise trouvaille aura sa place parmi mes parfums préférés.
Mes carnets de voyages : Torquay
Torquay est le bijou du Devon, au bord de la Manche, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Son climat est doux, l’environnement, à la fois marin, fleuri avec des plantes subtropicales comme les aloès, les camélias, les fuschias et, bien évidemment des magnolias. Elle est aussi la ville de naissance de l’écrivaine Agatha Christie. Pour moi, Torquay est liée à de bons souvenirs d’un périple dans le Devon et les Cornouailles avec une amie il y a plus de quinze ans. J’avais adoré ce séjour et la beauté de cette côte sud de l’Angleterre. Des paysages sauvages de Cornouailles à ceux, plus disciplinés du Devon (anciennement le Devonshire ), j’en ai pris plein les yeux et les narines. Pour symboliser cette petite ville balnéaire, je me suis beaucoup interrogé. En effet, peut-être me fallait-il un parfum dans lequel des embruns étaient présents mais surtout quelque chose de très floral, pas trop solaire, et complètement britannique. J’ai donc cherché dans les marques anglaises que j’aime et j’ai choisi un parfum plutôt floral, un peu désuet, qui pourrait symboliser plutôt le Torquay des années 20 ou 30. Et ce sera « Solaris » créé en 2023 par Aliénor Massenet pour la collection British Tales de Penhaligon’s. Pour moi, ce parfum coche toutes les cases de la dualité des vacances à Torquay entre soleil, climat favorable mais frais, air léger et un peu salin. Je m’imagine tout à fait le porter le soir, après m’être baigné, et flâner le long de la plage, en jean et T-shirt, avec peut-être un chapeau un peu désuet.
« Solaris est une ode au soleil, un parfum qui vous enveloppe d’un halo lumineux, qui capture l’énergie du soleil et la magnifie. Dès les premiers instants, une brise légère caresse votre peau avec des notes vivifiante de cassis et lactone. Au cœur de cette symphonie parfumée, des notes de rose, ylang-ylang et fleur de tiare dansent au rythme d’une mélodie solaire. En fond, la vanille se déploie et évoque une chaleur caressante et enveloppante ». Tout en finesse, tout en élégance, ce parfum est vraiment, pour moi, le symbole de vacances au bord de la mer en Angleterre avec son départ frais de cassis, de citron et de néroli à peine adouci par des notes de lactone, une molécule lactée comme son nom l’indique. J’ai beaucoup évoqué ce parfum déjà, notamment récemment dans un article sur la note de tiaré qui, associée à l’ylang-ylang, à la rose et au jasmin, se fait comme un voile sur ma peau et qui se termine par une vanille délicate et un bois de cèdre discret. Ni trop présent, ni complètement parfum de plage, « Solaris » est tout en élégance tout comme peuvent l’être les stations balnéaires du Devon. En tout cas, il m’évoque tout à fait le côté à la fois faussement exotique et un peu désuet des plages et des jardins de Torquay.