Quatre nouveautés chez Dries Van Noten
J’avais assez aimé les premiers parfums de la collection Dries Van Notten et, c’est vrai, je suis tombé sous le charme des flacons. J’avais donc envie de découvrir les quatre nouvelles créations et j’ai profité d’un séjour à Paris pour un détour par le Bon Marché où je me suis rendu au stand où j’ai été, comme toujours, très bien accueilli. J’ai donc pu découvrir ces nouvelles créations. Je dois dire que je les ai bien aimées. Je vous emmène donc dans l’univers élégant de ce couturier que je ne connaissais pas, je l’avoue, avant sa collaboration avec les Éditions de Parfums Frédéric Malle. Il y a du grain à moudre et de quoi sentir.
Le premier parfum que l’on m’a fait découvrir est « Bitter Splash » créé par Suzy Le Helley dont elle décrit l’inspiration par ses mots : « J'ai choisi d'explorer un jeu paradoxal mais équilibré de lumière et de texture : l'éclat pétillant du pamplemousse voilé par la douceur mate du cuir ». Je crois que beaucoup de ce que j’ai ressenti est dit. L’amertume du pamplemousse, associée au côté presque résineux du cyprès donne une envolée très pétillante qui se calme un peu avec un coeur construit autour de l’iris et de la graine de carotte conjugués avec le côté rose mentholée du géranium. Le fond, un accord cuir soutenu par le vétiver et de bois de cèdre est également très finement travaillé. J’ai bien aimé « Bitter Splash ». Je trouve l’association du pamplemousse, très présent, avec le cuir, assez originale. En revanche, je suis un peu dubitatif sur le sillage et la tenue. En effet, je ne l’ai pas essayé sur peau mais, sur la touche, le parfum s’est estompé assez vite et je me suis laissé dire que les tenues n’étaient pas folles. Je trouve le prix élevé alors, je souhaiterai quand même profiter un peu du parfum si je décidais de le porter.
« L'addiction extrême de la gousse de vanille, colorée par le charme bucolique de la camomille ». Composé par Julien Rasquinet et Paul Guerlain, « Camomille Satin » est tout en nuances. Il m’a bien plu aussi pour sa délicatesse. Le départ de camomille est assez atypique et, avec la fraîcheur du petitgrain de bigarade, il prend un côté un peu amer. Le coeur est franchement aromatique et floral à la fois, ce qui est assez rare. On y retrouve un absolu de lavande associé à de la fleur d’oranger et de la rose de Turquie. Le fond de gousse de vanille, de musc et de galbanum, s’il arrondit la fragrance, lui assure une certaine rondeur, ce qui n’est pas désagréable du tout. J’ai eu l’impression d’un jardin qui s’éveille au début du printemps. Vraiment, « Camomille Satin » est « confortable » et original à la fois. Il m’a bien plu mais j’avoue que ce n’est pas un coup de coeur. Il m’évoque beaucoup les couleurs jaunes, orange, or et argent du flacon. Le contenant et le contenu vont très bien ensemble. Ce n’est pas toujours le cas d’ailleurs.
J’ai un peu moins aimé « Crazy Brazil » composé par Jean-Christopher Hérault. « Une note aromatique fidèle à la nature du basilic qui s'affole avec la vibration du bois de cèdre et de l’ambre ». Le départ est à la fois doux et très aromatique avec le basilic associé à la bergamote et à la mandarine. Le coeur continue vraiment ans cette voie avec le ôté très mentholé de géranium associé au lavandin et au romarin. Le fond est plus convenu avec le côté fruité du bois d’hinoki associé à la fraicheur sèche du cèdre. Jusque-là, je le trouvais intéressant mais je n’aime pas trop le côté « astringent » de l’accord boisé qui lui est adjoint. Globalement, ce parfum est un aromatique un peu plus élaboré que ceux que l’on a l’habitude de sentir mais il est vraiment très éloigné de mes goûts et, de ce fait, j’ai du mal à l’apprécier vraiment. Je pense que je ne pourrais absolument pas me l’approprier. Il n’en demeure pas à moins à découvrir
Le parfum que j’ai vraiment essayé est « Vanille Camouflage » créé par Alexandra Monet et qui demeure mon préféré parmi les nouveautés même si je reste vraiment attiré par « Rosa Carnivora » mais c’est une autre histoire. « C’est tellement insolite de voir une vanille dans sa forme très originale, et si verte ! C'est exactement ce que traduit le parfum ». Si je n’aime pas tellement le nom de ce parfum, je le trouve parfaitement évocateur car j’avais rarement senti une vanille aussi étonnante. L’envolée, tout d’abord, m’a accroché directement. On y retrouve des notes de galbanum et de cyprès associées à un accord figue puis vient ce coeur absolument magnifique de lentisque, d’ylang-ylang et de bois de santal puis, plus lentement, s’installe un fond de vanille bourbon très élégante et précieuse associée avec le côté floral de la vanille de Tahiti. Le tout est arrondi par la facette très baumée du benjoin. Le duo galbanum et vanille fonctionne à merveille. J’ai beaucoup aimé ce parfum. Je pourrais tout à fait le porter mais, je m’en suis rendu compte c’est vrai, la tenue est un peu limitée. C’est dommage car, vraiment, j’aime beaucoup la création.
Globalement, j’ai bien aimé les quatre nouvelles créations de la collection de Dries Van Notten. Je les trouve un peu légers mais, côté création, il y a vraiment de l’idée. J’aime bien cette série. Je la trouve fort agréable même si le manque de tenue peut-être un frein. Il n’en demeure pas moins que j’ai beaucoup aimé les découvrir.
Deux nouvelles routes de la soie chez Ormonde Jayne
Plus j’essaye des parfums, plus je me rends compte que j’aime beaucoup la maison anglaise Ormonde Jayne et je découvre que j’ai une certaine prédilection pour la collection La Route de la Soie aussi, lorsque j’ai vu qu’il y avait deux nouveautés, et après avoir redécouvert « Levant » que j’aime beaucoup, j’ai eu envie de mettre mon nez dessus. Je n’ai pas été déçu. Les deux créations sont très belles, élégantes et originales. Les deux nouvelles créations de Geza Shoen et Linda Pilkington m’ont séduit même si j’ai été dérouté par le changement de conditionnement puisque les parfums de cette série seront vendus uniquement dans des flacons de 88 ml. Étrange parti pris mais pourquoi pas ? Allez, rentrons dans le vif du sujet et partons en voyage avec ces deux nouveaux chemins vers la soie.
« Kashmir » a été le premier parfum de la collection et il s’agit d’un oriental fougère. Je sors donc complètement de mes goûts et de mon confort olfactif pour aller à sa rencontre : « À 4000 mètres au-dessus du niveau de la mer, avec ses glaciers enneigés et ses lacs immaculés, les rivières jaillissent à travers de profondes vallées himalayennes, densément boisées de majestueux déodars. À cette altitude élevée, la vallée du Cachemire présente un relief unique à couper le souffle. Abritant une grande diversité de plantes, les prairies sont recouvertes chaque été de coquelicots bleus sauvages et rares et de safran du Cachemire. Kashmir n'est pas dépourvu d'un attrait considérable. Ce parfum boisé hypnotique met l'accent sur le déodar, de la famille des cèdres, et sur un bois de santal doux et rêveur, souligné par l'iris, la rose, le jasmin, le cashmeran, la vanille et une caresse de musc pour fixer ce parfum omniprésent ». Le départ est ultra sophistiqué avec une envolée de safran, de poivre rose, de bergamote, de coriandre et de cardamome. Le coeur de pavot, de jasmin, de rose et d’iris aurait pu être floral mais il n’en n’est rien car les notes résineuses et aromatiques de sapin viennent bouleverser cet ordre établi. Le fond est tout aussi complexe. Il est soutenu par des notes de cèdre mais associées aux muscs, au patchouli, à la vanille, à l’encens, à la myrrhe, au santal, au benjoin ainsi qu’au cashmeran. Le résultat est un vrai voyage olfactif entre notes aromatiques, florales, boisées, baumées et épicées. Vraiment, ce parfum est difficile à décortiquer. Il est exotique, étonnant, un peu ethnique mais tout de même empreint de cette élégance à l’anglaise qui me plait autant.
« Boukhara » entre, en revanche, pile dans mes goûts. C’est un floral un peu fruité, très élégant, un peu exotique aussi du reste. « Boukhara incarne un raffinement somptueux. La pêche succulente et le cassis ouvrent ce parfum, évoquant des images d'oasis séduisantes. En son cœur, Bukhara exhale un bouquet envoûtant de tubéreuse, d'absolu de jasmin et de fleur d'oranger, évoquant un attrait gracieux. La partie sèche se déploie sur une base sensuelle de bois de santal, de bois de cèdre, de vanille et d'Oudh, enveloppant le porteur d'une étreinte chaleureuse. Boukhara est un parfum exquis et indulgent, exceptionnellement bon pour ceux qui désirent le summum des expériences de la vie ». Nous partons donc en voyage avec une envolée de cassis, de bergamote et de pêche très fruitée et à la limite du « croquant ». Le coeur de tubéreuse, de fleur d’oranger et de jasmin est également de toute beauté. Il m’enveloppe tout de suite. Le fond de santal est équilibré par le cèdre, la vanille et l’ambre et il est parsemé de traces de oud. Franchement, sur ma peau, il matche parfaitement. Il me fait penser à ces grands films des années 50 en Technicolor, un rien démesurés. « Boukhara » est un floral un peu fruité mais surtout plein de subtilité. On a l’impression d’une promesse d’un très beau jour quand on le porte. « Boukhara » fait partie de mes coups de coeut de cet automne.
Vous l’aurez compris, j’ai vraiment adhéré à l’univers de ces deux parfums et je me fais plaisir à les essayer pour savoir lequel je préfère. « Boukhara » est sans doute celui qui me convient le mieux mais « Kashmir » est également pour le amateurs de boisés, résineux ou de fougères atypiques.
Mona di Orio, au-delà de la parfumerie
* Je réédite cet article de 2020 dans sa version originale avec toutes les maladresses qui étaient les miennes au début de mon blog. Presque 13 ans après la disparition tragique de Nathalie alias Mona, sa maison, gérée depuis les Pays Bas ferme ses portes. Je trouve cela vraiment très triste. Je voulais rendre un hommage appuyé à une créatrice de très grand talent dont les parfums m'accompagnent depuis de nombreuses années et dont les parents sont devenus des amis. C'est à eux que je pense car il est désespérant que les propriétaires de la marque n'aient pas su la faire perdurer. Conséquences de la pandémie ? Mauvaise gestion ? Je ne sais ni ne juge mais cela fait de la peine. Mona di Orio était une virtuose. J'espère qu'un jour quelqu'un trouvera le moyen de faire revivre son héritage.
C’est un peu sur le tard que j’ai découvert les parfums de Mona di Orio. Plus qu’une découverte, et, une fois la surprise provoquée par la singularité de ce que j’ai senti, je me suis dit que les deux collections qu’elle avait créé étaient plus que des parfums, elle avait construit une oeuvre artistique. Son univers ne ressemblait à rien d’autre et j’y ai adhéré immédiatement… Ça continue aujourd’hui à chaque fois que je porte l’une de ses fragrances. Nathalie di Orio, alias Mona a étudié la parfumerie avec Edmond Roudnitska (excusez du peu) et a su très vite imposer son propre style et sa personnalité dès sa première collection, celle des eaux de parfum dont, hélas, plusieurs ont disparu aujourd’hui. De « Nuit Noire », créé en hommage à Serge Lutens à « Oiro » en passant par « Lux », « Chamarré », « Jabu » ou encore « Amyitis », elle a su travaillé les matières premières avec une originalité et une signature qui lui était parfaitement propre. J’ai eu la chance de découvrir la totalité de ces parfums par une amie qui est propriétaire d’une parfumerie et qui possède encore les testeurs il y a un an ou deux et, vraiment, j’ai passé un moment extraordinaire.
Évidemment, j’ai eu un coup de coeur… C’était absolument inévitable ! Et ce fut « Carnation ». Dès lors, je me suis mis à la recherche d’un flacon comme le roi Arthur du Saint Graal et j’ai fini par trouver ! Il est si atypique que je ne serai pas capable de vous décrire les notes mais je peux vous donner mon impression. C’est indéniablement un fleuri mais il comporte tellement de facettes qu’il me déroute autant qu’il me séduit. Il est très enveloppant et ne ressemble à rien d’autre. Il a toujours le petit côté « cosmétiques » des parfums de Mona di Orio mais il est comme une seconde peau. Élégant mais atypiques, il me réjouit à chaque fois que je le porte. De part mon côté collectionneur, j’aurais tendance à ne pas trop le porter mais je ne le fais pas car j’éprouve beaucoup de plaisir à l’avoir autour de moi. Cet hiver, il m’a énormément accompagné.
Un peu plus tard, sont apparus « les Nombres d’Or ». Ils sont au nombre de huit : « Tubéreuses », « Musc », « Ambre », « Cuir », « Vétyver », « Oud » et « Rose Étoile de Hollande ». Ceux-là, j’ai eu la chance de pouvoir en porter plusieurs. Et ce furent « Vétyver », « Ambre » et évidemment « Musc » qui est celui que je me suis approprié et qui, de l’avis de mon entourage, est l’un de mes parfums signature. Ne vous fiez pas à l’apparente simplicité de leurs noms car leur originalité et leur unicité est totale. Chaque fragrance sort de sentiers battus et constitue un choc olfactif en soi.
Attention, je ne prétends pas que les parfums de Mona di Orio vont plaire à tout le monde. Ils sont autant de singularité que de complexité et, je crois vraiment que, lorsque je les ai senti, je n’ai jamais aussi bien compris ce que pouvait être, dans les années 2000, la dénomination « Parfumerie de Niche » qui est, il faut le dire, aujourd’hui, un peu mis à mal par la cascade de nouvelles marques et de sorties qui nous noient dans une multitude d’informations olfactives. En ce qui concerne, ces créations, je préfère, et je trouve, lorsque je sens « Amyitis » ou encore « Musc » ou « Carnation » que le terme « Parfumerie d’Auteurs » est beaucoup plus adapté. Nathalie est partie, trop tôt, trop vite, trop tragiquement, en décembre 2011 et je n’ai, hélas, jamais pu la rencontrer et lui dire combien j’aimais son travail mais sa maman Bernadette écrit, publie des photos, nous fait mieux connaitre tous les aspects de la personnalité très attachante de sa fille et je regrette vraiment de n’avoir pas pu la connaitre car je suis certain qu’au-delà de la créatrice pour laquelle j’ai beaucoup d’admiration, j’aurais été heureux d’échanger avec la personne humaine. Il existe quelques vidéos où « Mona » explique comment elle a créé ses parfums, on peut encore, si on cherche bien, en trouver certains et, vraiment, si, au détour de vos recherches, vous croisez un flacon, surtout, n’hésitez pas à tenter de découvrir le jus. Peut-être qu’il vous séduira autant qu’il ma fasciné. Pépites parmi les pépites, les parfums de Mona di Orio ont bien contribué à mon goût pour ce qui pourrait être considéré comme un 8ème art.
Mes parfums préférés - "Jasmin of Athens"
« Pour créer cette fragrance, Jasmine Of Athens, Theodoros Kalotinis s'est laissé inspirer lors de ses déambulations dans les ruelles d'Athènes. Là, lors d'une journée ensoleillée, le jasmin a suscité une danse enjouée avec son cœur. En cueillant une fleur du buisson de jasmin, il s'est dirigé vers l'Acropole. Là-haut, une brise caressait délicatement ses émotions, et une sensation de liberté l'envahissait. Soudain, le besoin de graver dans son esprit ces notes uniques, celles qui invitent chaque personne à explorer ses rêves les plus profonds, s'est fait sentir. Une explosion authentique de fraîcheur et d'énergie s'exprime à travers des accords de vanille, conférant à la fragrance une délicate sensation poudrée, avec la présence affirmée de l'absolu de jasmin et de la fleur de tiaré. Jasmine Of Athens vient séduire chacun avec son parfum exceptionnel ! ». Mon coup de coeur parisien de cet automne est un parfum plutôt solaire qui évoque l’été. Il faut dire que j’avais découvert « Jasmin of Athens » de Theodoros Kalotinis cet été mais que j’avais plutôt fait le choix de « Gardénia ». Cette fois, j’ai franchi le pas et je suis, une nouvelle fois, épaté par le rapport qualité prix de cette marque. En tout cas, lorsque je l’ai porté pour la première fois et il m’a amené le soleil. « Jasmin of Athens » est une invitation au voyage. Il m’a rappelé la Grèce, certes, mais aussi la blancheur du soleil de Méditerranée dans son ensemble. Vraiment, j’aime beaucoup ce parfum.
Theodoros Kalotinis
L’association du jasmin très élégant avec la fleur de tiaré et la vanille fonctionne à merveille. En tout cas, je me suis vraiment fait plaisir à le porter même si, j’en suis sûr, je l’apprécierai encore plus l’été prochain. Vraiment, il faut découvrir Theodoros Kalotinis. Ses créations sont réjouissantes. « Jasmin of Athens » est complètement « dans mes notes » la fleur de tiaré, très solaire, associée à une vanille très fine et particulièrement bien travaillée viennent souvenir un jasmin très chic. Ce parfum est lumineux mais il ne fait pas tellement « vacances » comme on pourrait le penser en lisant les notes qui constituent sa « colonne vertébrale ». Il nous transporte certes un peu dans l’espace mais, pour moi, il est surtout un voile floral particulièrement bien imaginé. On retrouve, au cours de son évolution, une manière de travailler les notes qui est déjà présente dans « Gardénia ». Les deux créations ne se ressemblent pas vraiment mais j’aurais pu deviner qu’elles avaient été composées par le même parfumeur. J’aime tellement ce travail floral que je continuerai d’explorer la collection. Plus je porte « Jasmin of Athens », plus j’ai du plaisir et je me reconnais. Dans mon entourage, j’ai entendu « c’est tout ce que tu aimes », et c’est vrai.
Adieu à la maison Mona di Orio
Cette fois c’est malheureusement officiel, Jeroen Oude Sogtoen vient d’annoncer la fermeture de la maison Mona di Orio qu’il gérait depuis 2011, date de la disparition tragique de sa fondatrice. J’avoue que je m’attendais à cette triste nouvelle depuis la fermeture du site internet. Alors désastre occasionné par la pandémie ou mauvaise gestion ? Je ne saurai le dire mais j’avoue que je ne comprenais pas du tout la manière dont était administrée la marque depuis déjà bien longtemps. Apparemment, en discutant avec d’anciens revendeurs, il leur était très difficile de s’entendre avec sa direction et les partenariats se sont terminés les uns après les autres, en tout cas en France. J’étais déjà très déçu de cet état de fait. En effet, Nathalie di Orio, alias Mona avait construit, en deux magnifiques collections, une véritable oeuvre olfactive. Il y a eu tout d’abord la série signature des eaux de parfums puis les Nombres d’Or. Je ne compte plus les parfums que j’ai porté et que j’ai encore la chance de posséder. Pour moi, Mona di Orio était, et je pèse mes mots, l’une des plus belles maisons du marché qui méritait vraiment la dénomination de parfumerie de niche. Je citerai des chefs-d’oeuvre comme « Nuit Noire » ou « Carnation » dans la première collection et, bien évidemment « Cuir » et « Vanille » dans la seconde. Vraiment quelle déception de voir de telles composition disparaitre !
La direction de la marque a tenté de continuer en sortant des nouveautés en s’adjoignant la collaboration du parfumeur Fredrik Dalman mais elles n’ont manifestement pas rencontré leur public. Je le déplore car elles auraient peut-être permis à la maison Mona di Orio de subsister et peut-être même de se développer. Aujourd’hui, avec cette très triste annonce, mes pensées vont tout doit vers Bernadette et Jacques, les parents de Nathalie alias Mona qui voient ainsi disparaitre du marché les si belle créations de leur fille et leur héritage. Par cet article, je leur adresse toute mon amitié. Mona avait des Nombres d’Or dans les mains et dans la tête. Elle a su séduire les amateurs de parfums par son si bel univers et son si bel esprit. Je ne pouvais pas passer par dessus cette fermeture sans lui rendre l’hommage qu’elle mérite amplement. Elle restera, dans ma vision de le parfumerie, l’une des plus talentueuses créatrices dont j’ai pu croiser le travail. Je garde précieusement les parfums que je possède encore sans m’interdire de les porter de temps à autre. Une telle oeuvre n’aurait jamais du devoir s’éteindre.
Les extraits de Bon Parfumeur
Je ne m’étais pas du tout penché sur les extraits de parfums sortis cette année par Bon Parfumeur pour deux raisons. La première est que la marque a tellement grandi que je n’arrive pas à suivre et la seconde est que tout le monde sort ses extraits cet automne. Je ne sais pas si j’y trouve un réel intérêt. En effet, la concentration la plus forte est sans doute intéressante pour certaines compositions mais pas forcément pour d’autres. J’ai donc attendu de tomber sur ces sept créations au BHV Marais lors de mon dernier séjour à Paris. Je les ai sentis sans en attendre grand-chose et j’ai quand même eu de belles surprises. En effet, sur les sept, j’en ai retenu quatre que j’ai bien aimé. Je vais essayer de vous donner envie d’aller les découvrir à votre tour via cette petite revue sans aune prétention.
Le premier vers lequel je me suis dirigé est « Iris Cartagena 502 » créé par Clément Marx et qui met en avant de belles matières premières. « Un dîner à deux, l’été, sous les étoiles. Les conversations touchent à leur fin. La nappe est tâchée et froissée. Café, rhum et chocolats sont servis. Un vent calme et chaud, une danse gourmande des effluves. Une tête liquoreuse et chaleureuse avec le rhum et le cacao. Un cœur doux et poudré avec l’iris, le santal et la vanille. Le vétiver et le papyrus donnent au fond une touche lambrissée relevée par le corsé du café ». Au premier abord, le côté liquoreux de l’envolée m’a fait penser à une liqueur de cacao et de rhum à peine rafraîchi par des notes de petitgrain mais, après une évolution quand même assez longue, le coeur poudré d’iris et de cèdre s’associe avec la facette laiteuse du santal et la douceur de la vanille. Curieusement, le parfum s’équilibre et devient très joli. De plus, le fond de vétiver et de café qui entourent l’accord un peu vert du papyrus fonctionne très bien. Il en résulte un parfum assez agréable, un rien original, avec une tenue et un sillage d’une rare intensité pour une création avec, à son centre, la note d’iris. Pour moi, toutefois, il est un peu trop boisé et un peu trop gourmand. Il arrive un peu à me déranger mais c’est personnel. Le côté un peu crémeux ressort et ce n’est pas ce que je préfère. Il n’empêche que « Iris Cartagena » est une jolie création, réussie et équilibrée, qui plaira immanquablement aux amateurs du genre.
« Le galbanum croquant agrippe la jacinthe crémeuse. Galop dans la steppe mongole. Prairie infinie aux nuances de vert. Sillage du galop, effluves de fleurs, terre odorante. Liberté ». Créé par Corinne Cachen, « Terra Hedera 104 » se situe quand même un peu plus dans mes goûts avec son départ très vert de galbanum, épicé de cardamome et arrondi par une note de lentique et une autre d’orange amère. Ensuite vient un coeur floral frais et aquatique de jacinthe et de jasmin avec quelques traces d’encens. Le fond de patchouli, qui tarde à venir, se corse avec un accord d’ambre et du vétiver. Certes, le froid ne donne pas envie de ce parfum mais il est vraiment réussi. Attention, son évolution s’avère vraiment très longue. Je le trouve assez difficile à saisir. Je dirais qu’il s’agit d’un floral vert et très dense. La tenue est très longue mais je n’ai pas vraiment pu mesurer le sillage. Je ne l’ai senti, sur un temps long certes, que sur touche et je pense qu’il mériterait d’être posé sur la peau. Je me sens très attiré par ce parfum. Je le réessayerai quand j’en aurai l’occasion et je pense que je pourrais vous en reparler. Il est déroutant et demande une découverte plus approfondie.
Créé par Mylène Alran, « Cuir Sahib 603 » peut séduire ceux que cette famille olfactive repousse un peu tant il est doux, rond et enveloppant. « Fève tonka et cuir, émanations d’encens. Prisonniers des murs du Temple d’Or en Inde. Les effluves de fumée circulent, se croisent et s’entremêlent. Atmosphère magnétique, silence profond ». Le départ d’encens, de noix de muscade, de citron et de feuille de violette est n peu déroutant mais il s’estompe assez vite pour faire face à un coeur tout doux, légèrement poudré et vanillé de fève tonka, de ciste, de sauge et de cyprès puis s’impose l’accord cuir, cashmeran, patchouli et cypriol. Le résultat est vraiment un cuir doux, blanc, presque suédine. Dans la lignée de « Cuir Blanc » d’Evody que je regrette beaucoup mais aussi peut-être un peu de « Cuir Velours » de Naomi Goodsir, « Cuir Sahib » est une valeur sûre et un parfum plein d’élégance un peu moderne. J’ai bien aimé cette création qui fait partie des belles découvertes que j’ai pu faire à Paris. Hélas, trois fois hélas, je ne le trouve pas qu’il soit assez original pour intégrer mon top 20 de 2024.
Mon coup de coeur est vraiment « Marbre Rouge 303 » composé par Sidonie Lancesseur. « Nuit de pleine lune dans les jardins du Taj Mahal. Épices sur le marbre glacé ; benjoin enveloppant. Végétation brûlante, astres brillants, palais de marbre illuminé. Les fleurs traversent les murs du palais ». Voilà un épicé à la fois bien réalisé, original et chic. Le départ de baies roses et de cardamome me plait déjà à la vaporisation mais c’est le coeur, vraiment magnifique de piment, d’ylang-ylang, de baume du Pérou et de patchouli, vient vite me séduire et mon convaincre. Je suis un peu moins fan du fond très balsamique de benjoin, de muscs et de vétiver mais l’ensemble est quand même absolument réussi il faut le dire. Sur ma peau, le sillage est assez imposant mais surtout la tenue est très longue. L’évolution est plus rapide que pour les parfums précédent. Je trouve, en outre, que la concentration est très adapté à la fragrance. « Marbre Rouge 303 » est vraiment mon coup de coeur de cette collection. Je pense que je pourrais tout à fait le porter. En tout cas, il m’a impressionné.
Globalement, je suis assez séduit par les extraits de parfums Bon Parfumeur. L’ensemble est vraiment qualitatif et les compositions s’avèrent plus originale que ce à quoi je m’attendais. Je n’en dis pas plus. J’espère vous donner envie et j’attends vos retours avec impatience. En plus, le prix est assez raisonnable par rapport à la qualité. Alors que demander de plus.
Séjour à Paris, découvertes et redécouvertes
Quelques jour à Paris m’ont permis de découvrir et redécouvrir des créations qui m’ont séduit, surpris ou parfois les deux, via un parcours parfumé dans les grands magasins ou les parfumeries indépendantes. D’accueils chaleureux en échanges enrichissants et très passionnants, je me suis fait plaisir et j’ai eu envie de vos faire un compte-rendu assez exhaustif de ce que j’ai retenu. Mon article est volontairement un peu long car je ne voulais absolument pas le scinder en deux. Il me fallait vous donner toutes mes impressions à la suite. Paris sera toujours Paris et je vous emmène avec moi.
J’ai toujours aimé « L’Amandière » créé par James Heeley pour sa marque éponyme en 2011. Il me semble que j’en ai d’ailleurs déjà parlé plusieurs fois. J’avais été déçu quand la marque avait décidé de supprimer l’extrait pour l’eau de parfum mais j’ai fini par m’y habituer. Mieux même, il me plait de plus en plus. C’est chez Nose, au bout de la rue Bachaumont, près de la rue Montmartre, que je l’ai redécouvert en le mettant sur ma peau. C’est une amande fraîche et qui nous emmène vers le soleil : « Un portrait du printemps Songe d’un verger d’antan au moment où la lumière matinale passe à travers les amandiers. Dans cet écrin verdoyant étourdi de rosée, c’est l’éclosion simultanée de milliers de fleurs … ». Le départ d’amande rafraîchie par des notes de menthe nous emmène sur un coeur de jacinthe, de fleur de tilleul et de rose avec presque un côté lilas et muguet que je trouve ultra facetté et vraiment très élégant. Le parfumeur nous entraine dans un jardin un peu désordonné, « à l’anglaise », avec de petites notes qui parsèment notre peau de plus en plus élégamment au fur et à mesure de l’évolution. Je suis très content d’avoir redécouvert ce parfum que je trouve vraiment super réussi et très agréable, un peu à la manière des parfums des années 70. Je me suis fait plaisir à le sentir sur ma peau et je pourrais tout à fait le porter.
« Cuir de Russie est une Eau de Parfum à la senteur subtile de violette et de cuir mêlée aux résines précieuses. Il est un memento des origines slaves de Yuri Gutsatz, fondateur du Jardin Retrouvé. Il a voulu par cette senteur recréer un souvenir d’enfant, celui des bottes de cuir de son père. Cette fragrance délicate et teintée d’émotion vous fera découvrir une nouvelle facette du Cuir de Russie ». Il y avait une éternité que je n’avais pas parlé de la maison Le Jardin Retrouvé, relancée par Michel Gutsatz et Clara Feder. La marque à fait son entrée à l’étage parfumerie du Printemps Haussmann et cela la rend évidemment plus accessible. C’est ainsi que j’ai redécouvert « Cuir de Russie » créé par Yuri Gutsatz en 1977 et, si je l’avais bien aimé au premier abord, il m’a peut-être encore plus séduit lors de ce séjour à Paris. La construction est ultra classique avec un départ légèrement aldéhydé de citron et de citron vert puis de petit-grain. Au coeur, le styrax est associé à la feuille de violette mais aussi le cèdre et l’ylang-ylang. C’est le fond qui va me surprendre. On y retrouve, bien évidemment la mousse de chêne mais elle est associée au vétiver, au bois de cade et au patchouli. Ici pas de trace de bouleau mais plutôt la force du ciste et la douceur du santal. Ce parfum, très complexe, s’inscrit dans la tradition des grands cuirs de Russie mais avec une touche presque psychédélique qui lui donne un twist super moderne. J’aime beaucoup « Cuir de Russie ». Je l’ai redécouvert avec un immense plaisir.
Je suis vraiment content de retrouver la maison Miller Harris qui avait un peu disparu en France ces dernières années. Outre « L’Air de Rien » qui est probablement l’un de mes parfums préférés de tous les temps, il y a beaucoup de créations que j’aime bien et que j’avais pu redécouvrir il y a quelques temps grâce à Jessica, qui lit ce blog depuis le début et avec qui j’échange beaucoup, « Étui Noir » créé en 2016 par Mathieu Nardin. C’est encore un cuir mais très différent du précédent. « Décrivant le cuir sous de multiples formes - des bottes vernies au daim doux, en passant par le parfum d'une veste en cuir bien portée, Étui Noir est tout cela et bien plus encore. Parfum de cuir captivant, l'effet du cuir semblable à du suède est adouci par la poudre d'iris, où la douceur balsamique de l'encens ajoute de la profondeur et procure une touche de fumée hypnotique, tandis que le vétiver ajoute une touche terreuse. À la fois exaltant et réconfortant, Étui Noir est un parfum de contraste ». Globalement, je le trouve très élégant et plutôt doux avec ce départ de bergamote, de tangerine et d’elemi qui nous emmène sur un coeur de beurre d’iris du Maroc, d’encens, de bois de cachemire et de styrax puis sur un très beau fond de patchouli, de vétiver et de cuir. « Étui Noir » est tout en finesse, en facettes. En le redécouvrant, je me suis dit que je pourrais vraiment me l’approprier. Il n’est pas du tout lourd et pourtant la tenue est plus que correcte. En tout cas, vraiment, c’est un parfum d’élégance qui est, pour moi, peut-être l’un de ceux que Mathieu Nardin a vraiment réussi en virtuose de la composition qu’il est.
J’étais vraiment très intrigué par ce que peut bien sentir un accord béton et j’ai voulu sentir « Osphalte » créé par Anne-Sophie Behaghel 2023 pour la marque Ohtop. Je l’ai eu entre les mains et j’avoue que je n’ai pas vraiment osé le poser sur ma peau. Je ne sens pas les notes de cistre, de gaïac, de muscs, de cashmeran, de fleur d’oranger, de labdnanum ou de patchouli mais simplement cette odeur de béton mouillé. C’est une sensation bien étrange et, si elle n’est pas désagréable, je me demande si j’aurais envie de le porter. Roméo Oh, le directeur artistique, le décrit ainsi : « Sensuel et attrayant comme une combinaison de cuir noir, tout près du corps tout en permettant le mouvement ». Je le trouve plus « béton » que réellement asphalte. Pourtant, voici ce qu’en dit la marque : « Inspiré par l’asphalte sous un soleil de plomb, Ohsphalte est construit comme un monolithe olfactif, combinant un accord béton à des touches de fleurs, de bois et de cuir. Conceptuel, audacieux et accrocheur ». Très franchement, comme première approche de la marque, ce parfum m’a laissé un peu dubitatif. Ne serait-il pas tout de même trop étrange pour moi ?
« Que vous vous promeniez dans un marché de rue à New Delhi, que vous méditiez dans un temple à Goa ou que vous assistiez une cérémonie dans un palais du Maharaja au Sri Lanka, vous ne trouverez jamais les mots justes pour décrire l'atmosphère magique de l'Inde dans son intégralité. Isvaraya signifie “Divin" dans la langue hindi. Pour Indult, ceci est une allégorie olfactive de la riche palette de toutes les facettes culturelles uniques de l'Inde. C’est un parfum exécuté à la perfection qui combine le patchouli terreux avec l'audace et la pureté des notes de fleurs de Jasmin Sambac et une touche moderne de notes suaves de prunes indiennes. Isvaraya pour nous est une harmonie exquise entre la légende spirituelle du dieu indien Vishnu et les contes de fées de Bollywood. C'est une fête olfactive pleine de couleurs ». Sur le papier, « Isvaraya » créé par Francis Kurkdjian pour Indult en 2006 a tout pour me plaire et c’est vrai que le premier nez a été un coup de coeur. Un départ addictif de prune, un coeur tout en finesse de jasmin et un fond chypré de patchouli, mousse de chêne et vétiver, associé à des notes de datte, de labdanum, de cuir, d’ambre et de résine d’élémi lui donnent un côté très intemporel. Pourrais-je le porter où non. Il me plait mais ce n’est pas un coup de coeur même s’il coche toutes les cases… Je vais le réessayer nous verrons s’il me plait toujours autant.
Il faut vraiment que je me penche sur la maison Musicology. J’ai découvert « I Belong To U » créé par Nathalie Lorson en 2020 et j’ai vraiment accroché. La créatrice en exprime ainsi l’inspiration : « Pour un air plus rock j’ai choisi de travailler en cœur, un bouquet de fleurs blanches qui donne le tempo. Je l’ai enrichi d’ambre et de patchouli pour donner du rythme et le poivre rose donne le La en tête ». Je trouve que c’est assez bien résumé car si la structure du parfum est assez classique du floral, le rendu est très moderne voire vraiment contemporain, en tout cas sur moi. Alors certes, ce parfum réuni un « mélange » que j’aime avec son départ d’ylang-ylang et de poivre rose, son coeur de gardénia et de tubéreuse et son fond de baume du Pérou et de patchouli mais le résultat est encore différent de ce que j’ai pu porter jusqu’alors. D’aucuns diraient qu’il est plutôt féminin mais je ne trouve pas. Pour moi, il s’avère vraiment très androgyne. En tout cas, il me plait, je pourrais tout à fait me l’approprier. Il m’évoque peut-être un peu plus le printemps mais c’est à voir. En tout cas, il est, pour moi, une entrée en matière dans la marque qui promet.
« Une vanille poudrée mariée au laurier et à une note de cerise noire. Un parfum enchanteur ». Je remercie vraiment chaleureusement Josquin de chez Jovoy de m’avoir fait découvrir « Café Chantant » créé par Mathieu Nardin en 2013 pour Nobile 1942. Pour aborder la marque, je me suis d’abord dirigé vers « Casta Diva » mais je l’ai vite oublié lorsque j’ai senti ce parfum amandé, enveloppant. Pour moi, il est sans doute l’un des plus réussis du genre. C’est un cocon enveloppant, élégant et vraiment la pyramide est trompeuse. Le départ de cerise est contrebalancé par des notes d’anis et de laurier qui annihilent le côté liquoreux puis vient un coeur amandé et ultra poudré d’héliotrope et d’iris avant que le parfum ne se pose sur un fond de vanille, de muscs blancs, de patchouli qui le fait tenir et de benjoin. Vraiment le résultat est formidable. « Café Chantant » est absolument magnifique et parfaitement équilibré. Pour ce qui est des effluves d’amandes, j’en étais un peu resté à « Louve » créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens et à « Pure Eve » composé par Céline Ellena pour The Different Company et celui-ci vient les rejoindre vraiment très naturellement. En plus, le prix est assez raisonnable donc que demander de plus !
J’avais déjà pas mal réessayé « Levant » d’Ormonde Jayne sorti en 2020 car j’en avais des échantillons et vraiment je l’aime beaucoup. Le passage chez Jovoy m’a permis de me conforter dans cette idée. Il est vraiment facile à aborder pour moi. Cette maison anglaise me plait décidément beaucoup et, en particulier, la collection La Route de la Soie. « Un flacon de bonheur ! L’innocente note de pivoine rencontre la note chantante de lys, une guirlande de fleur d’oranger et un puissant jasmin pour une création éclatante, séductrice et pleine de joie ! ». La pyramide est simple avec un départ très fruité de mandarine et de bergamote associées à une rose qui lui donne son originalité et nous conduit sur très naturellement sur l’accord muguet du coeur qui est renforcé par des notes de jasmin, de pivoine et de fleur d’oranger. Le parfum est un modèle d’équilibre et le fond ambré et musqué soutenu par le cèdre complète parfaitement cette pyramide qui semble intemporelle et presque classique. Je trouve que l’on peut porter « Levant » toute l’année et en toute occasion. Il peut devenir une signature sans aucun problème. La bizarrerie réside dans sa contenance. Il est vendu actuellement dans un flacon de 88 ml. Étonnant mais pourquoi pas ?
Je connaissais déjà « Art Nouveau » créé par Marc Daniel Heimgartner pour Plume Impression en 2021 grâce à Jessica qui vient sur ce blog depuis le début mais, encore une fois, je remercie Josquin de chez Jovoy de me l’avoir remis en mémoire car c’est un petit bijou. Le moins que l’on puisse dire c‘est qu’il me correspond avec son très beau départ d’osmanthus, de magnolia, de cassis et de pivoine, son coeur duveteux de pêche, de jasmin et de rose dans lequel l’osmanthus et son côté cuir et abricot perdure. Le fond de muscs blancs, de santal, de patchouli, de vétiver et d’ambre lui confère un côté presque chypré que j’aime particulièrement. Voilà encore un parfum que je pourrais porter. « Le mariage parfait entre les fleurs blanches et des notes boisées crémeuses. Un parfum pétillant conçu spécialement pour les femmes sophistiquées ». Sur moi, il est vraiment plus pétillant que crémeux et le côté légèrement daim se fait tout doux et enveloppant. C’est une petite merveille. Je pense que j’y viendrai un jour.
Un coup de métro et nous voici chez Sens Unique dans le Marais où nous avons étés très bien accueilli par Lou que je ne connaissais pas encore tout à fait. C’est avec compétence et réactivité qu’il m’a fait redécouvrir « Terrasse à Saint-Germain » créé par Dorothée Piot Jul et Mad en 2012 et, franchement, il a fait mouche car ce parfum va sans doute intégrer une wishlist qui n’est, heureusement, pas trop importante en ce moment. « Un parfum aussi élégant que sophistiqué. Dès la première note, une fraîcheur verte et pétillante de pamplemousse et de rhubarbe éveille les sens, rapidement soutenue par un accord floral et subtil de frésia, de fleurs de lotus et de rose, apportant au parfum une sensualité inouïe, tout en douceur. La puissance du musc ne se fait pas attendre et vient s'accorder au précieux santal et à l'envoûtant patchouli en une parfaite symbiose… ». J’ai toujours bien aimé ce parfum mais je n’avais pas vraiment eu l’idée de l’essayer hors, sur ma peau, il matche parfaitement. Le départ doux amer de pamplemousse et de mandarine se fait pétillant avec la rhubarbe puis vient ce coeur de rose, légèrement poudré et rendu à la fois floral et aquatique avec la fleur de lotus et le freesia puis le parfum se pose sur un fond de santal pas trop lacté et équilibré par des notes de muscs blancs et de santal. J’ai un vrai coup de coeur pour ce parfum. Il est si élégant qu’il m’évoque vraiment le printemps près du jardin du Luxembourg que je connais si bien.
Je tourne autour de « Chypre Palatin » créé par Bertrand Duchaufour pour MDCI en 2006 depuis longtemps mais, je dois le dire, son prix me fait un peu hésiter parce qu’il est fort sophistiqué et que je ne sais pas si je le porterai régulièrement. La pyramide est d’une très grande complexité et il est l’exemple du néo-chypré par excellence. Il s’ouvre sur des notes de galbanum, de lavande, d’aldéhydes, de clémentine, de jacinthe, de thym et de ciste puis le coeur de prune se pare d’un bouquet d’iris, de gardénia, de jasmin et de rose avant de se poser sur un fond de baumes, d’immortelle, de styrax, de benjoin, de castoréum, de mousse de chêne et même de vanille. Le résultat est dense, très étonnant et, il faut le dire, vraiment élégant. On ne va pas se mentir, il me plait beaucoup et, comme souvent, le travail de Bertrand Duchaufour me plait beaucoup car il est toujours magnifiquement signé. Chez MDCI, j’aime bien « Enlèvement au Sérail » mais je suis encore plus attiré par « Chypre Palatin ». Je ne sais pas si je franchirai le pas un jour mais il est vrai que j’y pense… j’y pense… j’y pense…
Pour finir, je voulais revenir sur une nouveauté. Vraiment, et contre toute attente, je suis très attiré par « Pavlova » créé cette année, en 2024 par Patricia de Nicolaï pour sa maison Nicolaï Parfumeur Créateur. « Fragrance audacieuse et innovante, inspirée par la légèreté et la délicatesse du célèbre dessert du même nom, Pavlova est une célébration de la douceur et de la fraîcheur, évoquant la grâce d’une danse entre des saveurs sucrées et acidulées. L’ouverture théâtrale de Pavlova est une invitation à la découverte, avec une note gourmande acidulée, une effervescence pétillante d’ananas, de fruit de la Passion et de coco, créant une sensation d’exotisme assumée. On découvre aussi une note framboise, dont les nuances riches et fruitées apportent une profondeur surprenante. Cette baie rouge, à la fois sucrée et légèrement amère, ajoute une complexité fascinante, équilibrant la légèreté des autres notes fruitées telles que la pêche. Pavlova est un parfum renforcé d’une combinaison de notes boisées, cèdre, santal offrant un contraste rassurant aux notes fruitées et légères. La vanille et le musc s’entrelacent harmonieusement pour signer cette composition originale rappelant la meringue fondante et aérienne de la Pavlova. Expérience sensorielle pétillante qui évoque la joie, la jeunesse et la liberté, Pavlova est un clin d’œil à la créativité sans limites de la parfumerie ». Voilà au moins un gourmand qui « a de la gueule » ! Patricia de Nicolaï renouvelle le genre avec cette pâtisserie portable si je puis dire. Le départ d’ananas donne le ton en s’associant aux fruits de la passion et à une note de rhum puis, le coeur de pêche et de coco, très tendre me provoque quelque chose qui se s’apparente à de l’addiction. Le soutien du fond de cèdre et de santal ne nuit en rien à la beauté réjouissante de la fragrance et se termine avec un côté musqué et vanillé qui correspond parfaitement à l’esprit de la création. C’est un parfum que je veux absolument réessayer au printemps.
Voilà, j’ai senti plein de choses à Paris mais il me fallait bien faire un choix. J’ai suivi mon humeur du moment et me suis dit que je pourrais vous emmener faire le tour des parfumerie. L’article est un peu long alors je m’arrête là mais j’espère qu’il vous donnera des envie d’essais.
Domitille Michalon Bertier, une sacrée expérience au service de la parfumerie
Avec plus de 20 ans d’expérience notamment au sein de la maison de composition IFF, Domitille Michalon Bertier a réalisé nombre de parfums que nous connaissons. Il y avait longtemps que je voulais me pencher d’un peu plus près sur son travail car je trouve sa signature très intéressante que ce soit dans des collaborations pour des marques grand public autant que pour des maisons plus voire très confidentielles. Son talent et son expertise valait bien un petit portrait parfumé. Je suis donc allé me promener dans quelques univers que je voulais découvrir et redécouvrir. Avec ce petit compte-rendu, je vous emmène avec moi dans des créations diverses, variées et très inspirées qui m’ont beaucoup plu.
« Eau Tropicale » créé en 2014 pour Sisley est le parfum de Domitille Michalon Bertier que j’ai le plus essayé et je pense que je l’aimerai toujours. « Accompagnés d’un accord de fleurs exotiques, le gingembre et la bergamote offrent un départ frais et fusant à la fragrance. Le cœur dévoile une tubéreuse adoucie de violette et de rose turque. Enfin, le sillage boisé allie le cèdre au patchouli. La graine d’ambrette apporte une touche musquée au parfum ». Il y a tout ce que j’aime dans cette création : Une envolée de gingembre, de bergamote, de fleur de frangipanier, d’hibiscus et de passiflore déjà superbement attractive vous emmène sur un coeur à la fois floral et légèrement boisé avec des notes de tubéreuse, de rose et de feuille de violette. Pour accentuer le côté exotique, le fond de cèdre associé à la graine d’ambrette et le patchouli. Certes, pour une eau d’été, le prix était un peu élevé mais je l’ai vraiment beaucoup aimée. Aujourd’hui, je crois que la marque a changé le nom et sans doute un peu la formule et « L’Eau Tropicale » est devenue « L’Eau Rêvée d’Elyia ». Je suis allé le redécouvrir et le plaisir est toujours là même si j’ai noté quelques différences. En tout cas, je me suis fait plaisir à y remettre mon nez.
Créé en 2019 pour la collection Clash - Série 10 de Comme Des Garçons « Celluloïd Galbanum » ne pouvait que me plaire. « L'association du celluloïd et du galbanum est par essence contradictoire. Issus des domaines opposés de la technologie et de la nature, le plastique et la résine convergent dans la création d'un arôme entièrement nouveau ». Je dirai que ce parfum est plutôt masculin mais je pense qu’il peut plaire à des femmes avec son départ fusant très vert de galbanum et de citron vif et pétillant associés à un accord très synthétique de celluloïd qui provoque, c’est vrai, un côté plastique adouci par un coeur de jasmin et de muscs blancs très propres. Le fond d’ambre et de cashmeran se fait très enveloppant et contrebalance le côté très vert et fusant. J’ai bien aimé ce parfum. J’ai pu en négocier un échantillon mais, apparemment, il est discontinué tout du moins pour le moment.
Le parfum que j’ai préféré de cette sélection est indéniablement « Un Deux Trois Soleil » créé par Domitille Michalon Bertier en 2020 pour la très jolie maison Bastille. « Un Deux Trois Soleil évoque la chaleur rayonnante d’une après-midi d’enfance. Amande, vanille, fleur d’héliotrope et benjoin vous rappelleront des senteurs familières – celle des vacances, d’un goûter gourmand chipé en douce… Un parfum espiègle, que vous aurez sur le bout de la langue ». J’aime beaucoup l’envolée très « joyeuse » de bergamote, de poivre rose et pamplemousse qui évolue vers un coeur absolument addictif d’amande amère et d’héliotrope parsemé de traces d’encens. Le fond, très rond et poudré de vanille, de fève tonka et de benjoin qui reste très longtemps sur la peau. J’ai vraiment aimé ce cocon estival et réjouissant. En tout cas, c’est un parfum parfait pour toutes les situations et il se fait vraiment seconde peau au fur et à mesure qu’avance la journée. Je pourrais tout à fait le porter et je me dis qu’il faut que je le réessaye en hiver pour voir s’il me donne toujours autant la pêche.
Créé par Paul Vacher pour Le Galion en 1948, « Lily of The Valley » a été réinterprété par Domitille Michalon Bertier en 2020. « A l’instar des fameuses désespoir du peintre, on aurait pu la nommer désespoir du parfumeur : le muguet. Fleur gracile, synonyme de fraîcheur et de naturalité, d’apparence innocente elle est pourtant rétive à la culture et à l’extraction et, depuis plus d’un siècle, met les parfumeurs au défi de recréer son insaisissable parfum. Défi relevé en 1948 par Paul Vacher, et transcendé aujourd’hui par l’art de Domitille Michalon-Bertier. Le coup de maître ! Un muguet 2020 recomposé pour une beauté sans artifices. Une transfiguration du muguet, floral vert et vertigineux ». C’est un solinote ou presque avec un départ de muguet, un coeur de rose et un fond d’ambroxan. Certes, il est vraiment printanier mais c’est un muguet frais et pourtant un peu enveloppant presque à l’anglaise. Je ne peux pas dire que je pourrais le porter car il revêt un côté complètement floral et un peu vintage mais j’adore le sentir. En tout cas, j’ai un vrai coup de coeur pour son évolution d’un point de vue réalisation. Il est un peu discret dans la collection mais il faut le découvrir absolument.
J’ai particulièrement pris du plaisir à remettre mon nez dans ces trois créations. Domitille Michalon Bertier est une créatrice dont j’aime beaucoup la signature faussement classique. Pas mal de belles choses dans ses créations sont à découvrir et redécouvrir mais je me suis rendu compte que j’avais un vrai coup de coeur pour « Un Deux Trois Soleil ». Je l’avais bien aimé mais j’étais bloqué sur « Pleine Lune » que j’ai porté alors je l’avais un peu oublié. En tout cas, c’est un beau travail à découvrir ou redécouvrir.
Le tilleul, un cocon suave et floral
* Article enrichi
Je trouve que, depuis un an ou deux, la note de tilleul revient en force en parfumerie. Bien sûr, on connaissait « L’Eau du Ciel » d’Annick Goutal ou encore « Tilleul » de Parfums d’Orsay qui a été réédité sous un autre nom dans la nouvelle collection mais, il en est d’autres qui viennent titiller notre nez avec la douceur suave de cette fleur à la fois verte et poudrée. Le tilleul comme thème d’une revue, voilà qui m’a inspiré. On aime où on est rebutés par le côté apaisant, presque langoureux de cette note. J’ai donc décidé d’explorer la note de tilleul et de choisir quatre parfums emblématiques dans lesquels elle est travaillée en majeur. Je dois dire que je me suis appliqué et que j’ai porté sur une journée au moins chacune de ces créations. Je me suis fait plaisir mais j’ai aussi eu un peu la tête qui tournait. Je ne suis pas sûr que le tilleul soit pour moi mais j’aime bien l’idée alors je vous emmène sur les traces de cette petite fleur jaune et poudrez. Vous m’en direz des nouvelles.
Depuis quelques années, les créations d’Olivia Giacobetti se font rares et je le regrette d’autant plus que j’ai toujours aimé sa signature. Lorsque, en 2020, la nouvelle direction de la maison D’Orsay lui a demandé de réinterpréter le tilleul qu’elle avait créé pour l’ancienne collection en 2015, elle a accepté et ainsi est né « Vouloir Être Ailleurs C.G. » dont je vous ai parlé déjà dans mon top de la marque. Je ne pouvais pourtant pas écrire une revue sur la note de tilleul sans y revenir car il s’agit-là d’une très belle réussite. J’ai eu l’occasion de le redécouvrir récemment et, comme toujours, j’ai été très enchanté par le talent d’Olivia Giacobetti. « C.G - Vouloir être ailleurs, ou se plonger dans les souvenirs d'une enfance bercée par une fragile insouciance. Un été passé à la campagne où les odeurs de fleurs de citronniers, de cire d’abeille et de foin coupé s'entremêlent. Une légère brise florale et verte, aux effluves d’amande et d’acacia, soulève quelques mèches de cheveux. Puis se reposer dans un coin, à l’ombre, sous un tilleul. Un rayon de soleil vient illuminer ce souvenir estival, cette époque douce et facile, dégageant comme une chaude fin d’après-midi les essences de tonka, de vanille et d’héliotrope. Une parenthèse lumineuse signée Olivia Giacobetti, où les beaux jours évoquent un amour naissant, encore imperceptible ». Floral, vert et pourtant amandé, c’est un parfum qui se rapproche énormément du « Tilleul » d’Orsay que je connaissais avec une envolée de fleur de citronnier, d’amande et d’angélique, un coeur de tilleul et un fond d’acacia, de cire d’abeille, d’héliotrope, de fève tonka, de vanille et d’un accord foin. Il en résulte un parfum soit printanier soit un jardin en fleurs tardives du mois de septembre. J’aime beaucoup cette composition toute en douceur, toute suave qui va, avec une profusion de facettes, nous envelopper de confort comme un cocon bienfaisant. La note de tilleul se veut, dans cette création, apaisante et contrebalance le côté vert et « croquant » de l’angélique. C’est une très belle réalisation, facile à porter et très réussie.
« En été, les effluves des jardins de Highgrove s’élèvent de la terre chauffée par le soleil. Les notes herbacées se mêlent au tilleul argenté, au mimosa et au cèdre frais. Une eau de parfum créée en collaboration avec les jardins de Highgrove ». Charles n’était pas encore Charles II roi d’Angleterre mais simplement le Prince de Galles et il a décidé, afin d’aider sa fondation dont les ramifications écologiques et humanitaires sont nombreuse de participer, pour Penhaligon’s à l’élaboration d’un parfum dont l’inspiration serait le jardin du palais de Highgrove qu’il affectionne particulièrement. La marque a donc demandé à la parfumeuse Julie Pluchet de se pencher sur un projet qui sortirait en 2022. Le moins que l’on puisse dire est qu’il s’agit d’une réussite. Le tilleul, présent dès l’envolée, se charge de notes vertes de petit grain de citron vert ainsi que de mimosas au coeur et le fond se fait boisé, avec des notes de cèdre, mais aussi de muscs blancs. Pour moi, « Highrove Bouquet » est la quintessence de l’élégance un peu champêtre des provinces les plus douces du Royaume Unis. Ce n’est pas un parfum clivant mais simplement une réalisation toute de beauté, de matières premières qualitatives et de chic à l’anglaise. À sa sortie, j’avais eu un vrai coup de coeur pour ce parfum et je l’avais fait figurer en bonne place dans mon top. Deux ans plus tard, il me plait toujours autant. Il devait être éphémère et, finalement, il a intégré la collection classique de la marque. Je ne peux que m’en réjouir.
Composé par Quentin Bisch et sorti en 2020 dans la très belle maison « Le Galion », « Tilleul » est également un faux solinote qui s’avère encore plus doux que les précédents. « Hommage aux grands arbres qui ornaient le jardin de l’hôtel particulier du Galion, et à cet arbre de liberté et d’amour, avec ses feuilles en forme de cœur, le tilleul est symbolique de Paris et nombre d’entre eux y sont plantés. Quentin Bisch fasciné par la floraison en Juin de cet arbre magnifique lui rend hommage avec cette nouvelle création pour la Maison Le Galion. Odeur charnelle, omniprésente et impalpable à la fois. Celle d’une nuit d’été ou la fleur miellée du tilleul argenté, troublant par son charme et sa sensualité, étend son sillage vaporeux à travers les rues de la capitale. Une nouvelle création révélant la magie sensuelle de cet accord, révélée par des notes d’ambroxan et de muscs subtils et lumineux ». Un départ donc de tilleul, enrichi d’un coeur de miel et qui se poserait sur un fond d’ambroxan et de musc, ce parfum offre une tenue longue et parfaite. Je ne peux pas dire que j’ai complètement adhéré. Je le trouve un peu trop abstrait, pas assez cocon, pas assez enveloppant ce qui ne l’empêche nullement d’offrir à celle ou celui qui le porte, une certaine élégance.
Je ne pouvais pas parler de tilleul sans revenir sur « Tilia », le tout nouvel opus de la collection de Marc-Antoine Barrois également composé par Quentin Bisch et dont le succès est grandissant. Présenté plus comme un floral boisé, il constitue sur la peau non seulement un cocon mais une espèce de voile un peu hermétique qui vous enveloppe totalement. « Un Été infini, à l'image des bonheurs gravés à jamais dans les cœurs : Son parfum envoûtant capture l'essence de la plus belle des saisons : Tilleul, genêt, jasmin, héliotrope et fleur d'oranger se mêlent dans une symphonie olfactive solaire et joyeuse. Un cœur fleuri boisé laisse un sillage délicat et exaltant. Souvenirs de vacances, longs déjeuners entre amis et champs de fleurs s'épanouissent dans chaque goutte. Symboles de douceur, d'optimisme et d’insouciance ». Au départ, le tilleul ne se fait pas trop doux car il est renforcé par l’amertume du genêt et l’opulence fleurie du jasmin sambac puis vient un coeur de vétiver, pour le côté boisé, d’héliotrope, qui lui donne cette facette amandée et de fleur d’oranger puis le parfum se pose sur un accord de cèdre et d’autres bois ainsi que d’ambre gris. Comme une liqueur précieuse, « Tilia » est une mise en avant de la note de tilleul renforcée et poudrée par le côté amandé de l’héliotrope. Sur le papier, il ne peux que me plaire et c’est vrai que je le trouve absolument réussi mais il a, pour moi, les défauts de ses qualités : sa tenue et son sillage sont presque trop présents pour moi. Ils sont atomiques ! Il ne faudrait porter que cela. Ça m’aurait un peu refroidi si j’ose dire même si je trouve cette composition, au demeurant très romantique, vraiment formidablement réalisée.
Ronde, poudrée, parfois un peu amandée, parfois plus fraîche, la note de tilleul est vraiment très particulière. J’aime à la sentir mais je ne suis pas du tout certain que je pourrais porter un parfum dans lequel elle serait travaillée complètement en majeur voire en solinote. Je me suis vraiment amusé à approfondir mon idée en portant chacun de ces parfums durant un ou deux jours mais, vous le voyez, je ne suis pas complètement convaincu. C’est une affaire de goût. Je suis peut-être un peu nostalgique de « L’Eau du Ciel »… Mon préféré dans la sélection est « Highrove Bouquet » que je trouve d’une élégance absolue et d’un parfait équilibre. Il y a du grain à moudre et de quoi manger si j’ose paraphraser la chanteuse Juliette, avec la note de tilleul. N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez.
Patchoulis que j'aime
Je me rends compte que j’aime de plus en plus le patchouli travaillé en majeur dans les parfums. En ce moment, je porte pas mal « Patchouli Mania » créé par Fabrice Pellegrin pour Essential Parfums et « Dance of the Dawn » composé par Émilie Coppermann pour The Different Company mais qu’en est-il de ceux qui ont formé mon goût ? J’ai décidé de vous faire une petite sélection de de parfums dans lesquels cette matière première emblématique est mise en lumière. J’en ai choisi cinq car j’avais un peu de mal à me décider. Alors je vous emmène avec moi faire un détour par de très belles créations, tendres ou plus âpres, certains évoquant un peu le flower power ou le psychédélique et d’autres, plus chics, qui ont leur place dans une certaine élégance. Il y en aura pour tous les goûts et pour tous les budgets. J’espère, une fois encore, vous donner envie d’aller découvrir ces parfums et peut-être de vous y lover.
« Lorsque le vent souffle, les feuilles de patchouli bruissent d’un doux son, libérant un parfum enivrant à la fois boisé, terreux et sec aux accents fumés. Le somptueux Patchouli Sauvage représente la liberté de la nature ». Lancé par Houbigant dans la Collection Orientale et créé par Antoine Lie et Luca Maffei, « Patchouli Sauvage » me plait beaucoup. Je le classerai vraiment dans la catégorie des élégants et nuancés. Après un départ très doux de bergamote et de raisin, le coeur de patchouli revêt une certaine chaleur avec des traces de fruits secs et de labdanum. Le fond est ambré et résolument discret, légèrement poudré et presque vanillé par la fève tonka et les notes de bois de santal, de vétiver et de cèdre lui assurent un très bel équilibre. J’ai porté ce parfum tout récent à sa sortie et il est devenu mon préféré de cette collection androgyne. Je le trouve chic et facile à s’approprier. Parfois, on ne demande rien de plus. En tout cas, il y a quelque chose de très addictif à le sentir sur la peau. On en parle peu mais je crois qu’il faut vraiment l’essayer.
Avec son départ de citron et de poivre noir, son coeur subtil de patchouli cultivé d’une manière bien particulière associé au cacao poudré et à la chaleur du bois de santal et ses notes de fond délicate de vanille, de labdanum et de musc, « Patchouli Nosy Be », créé par Gian Luca Perris en 2014 pour la Black Collection de sa maison Perris Monte Carlo, est sûrement l’un des parfums les plus qualitatifs de ma sélection. « Situé au plus profond des tropiques malgaches, le Patchouli Nosy Be est l’équilibre parfait entre tradition et révolution. Ce parfum est le mariage parfait entre les notes florales et boisées, chacune se superposant parfaitement pour créer ce rêve aromatique ». L’invitation au voyage se situe là. Ce parfum, tout en nuances, nous emmène dans des îles de l’autre côté du globe. Je le trouve à la fois ethnique et élégant. Je l’ai pas mal porté et, il faut bien le dire, je le trouve absolument réussi. Il n’est peut-être pas celui que je m’approprie le plus facilement mais je l’aime vraiment beaucoup. Ses qualités, sa longévité et sa finesse me ravissent. Attention, il faut vraiment sentir l’eau de parfum et l’extrait avant de faire un choix car le travail, légèrement différent, peut correspondre plus ou moins à nos goûts. J’aime les deux mais j’ai une préférence pour l’eau de parfum sur cette création.
Avec un départ vraiment très réussi de petitgrain, de gingembre et d’orange amère, « Patchouli » de Fragonard m’a immédiatement accroché. Son coeur, très classique de patchouli, de carvi et de rose met en valeur des facettes douces amères et légèrement poudrées puis le fond de cèdre, consensuel, s’adoucis de muscs blancs et de fève tonka lui confère une tenue très correcte en dépit d’une concentration eau de toilette. La marque le décrit ainsi. « La distillation des feuilles de patchouli nous livre un parfum boisé agrémenté en tête d'orange amère, de gingembre et de petit grain du Paraguay. Il révèle un coeur parfumé de rose, relevé de carvi soutenu de musc et de fève de tonka ». Il y a longtemps, on avait eu la bonne idée de me l’offrir et je l’ai énormément porté. Son rapport qualité-prix est vraiment plus qu’attractif car, il faut le dire, le sillage et la tenue sont tout à fait satisfaisant et il plaisait beaucoup autour de moi. « Patchouli » semble classique et épuré mais il fait vraiment bien l’affaire. C’est une option tout à fait intéressante lorsque l’on veut un parfum très patchouli, pas trop onéreux et élégant.
« La thématique de cette faune et de cette flore mystérieuse et secrète, qui éclot la nuit à l’abris des regards m’a particulièrement inspirée. Il s’agissait de transposer en parfums cette beauté étrange et envoûtante », telle a été l’inspiration de Daphné Bugey lorsqu’elle a composé « Obscuratio 25 », en 2021 pour la collection La Botanique de L’Artisan Parfumeur. On ne va pas se mentir, il s’agit-là du parfum vers lequel va ma préférence dans cette sélection. Je l’aime depuis que je l’ai découvert en avant-première quelques mois avant sa sortie. Je le trouve vraiment fait pour moi. « Nommé 25 pour autant de tentatives pour l'achever. Sur l'île de Nosy Be à Madagascar, l'ylang ylang est une lumière irrésistible. Les pétales de cette petite fleur deviennent encore plus enivrants lorsqu'ils sont associés à la vanille bourbon, tandis que des effluves sombres de patchouli suggèrent un sentiment de danger ». Exotique, à mi-chemin entre chypre et parfum ambré vanillé et comme son nom ne l’indique pas, « Obscuratio 25 » est une vraie réussite. La subtilité, les nuances et la richesse de cette composition ne cessent de me plaire. La marque ne communique pas vraiment sur la pyramide olfactive mais l’association de trois notes que sont l’ylang-ylang, le patchouli et la vanille en sont la colonne vertébrale. J’aime vraiment beaucoup ce parfum. Son sillage se fait finalement discret, sa tenue est excellente et son évolution particulièrement adaptée à ma peau. Ce parfum-là, je l’aime et je crois que je n’ai pas fini de le porter.
Compte-tenu de mes goûts, il m’était difficile de ne pas terminer ma sélection par un chypre. Créé par Bertrand Duchaufour en 2018 pour Maison Rebatchi, « Feu Patchouli » est, à mon sens, et n’ayons pas peur des mots, un chef-d’oeuvre encore méconnu de la parfumerie. Il me trouble, m’enveloppe, me séduit toujours et encore. Sa structure classique est remise au goût du jour par un parfumeur de grand talent, virtuose et particulièrement lyrique, si on peut dire, dans le choix des combinaisons de notes. « Un bois puissant mâtiné d’effluves chyprées où le patchouli domine. Une symphonie magnifique tout en vibration dans laquelle les épices girofle, cannelle, poivre noir, baie rose sonnent comme des cuivres éclatants. Le parfum est riche, dense, intense, sombre et aussi mystérieux qu’enivrant ». Les matières premières naturelles de ce parfum sont non seulement nombreuses mais qualitatives. En tête, on retrouve une très tendre orange du Brésil rehaussé de cédrat et de bergamote puis des poivres, noirs et roses, un absolu de cassis et le tout associé à des aldéhydes. Le coeur est résolument chypré avec l’oeillet et la fleur de davana associé, et c’est ce qui est moderne, à la cannelle et au clou de girofle pour un côté épicé qui perdure en s’associant au fond de patchouli de Célèbes, un absolu de myrrhe et de labdanum, des notes de vanilles, de muscs, de bois flottés et, bien sûr de mousse de chêne. Une note de caramel, très discrète mais addictive vient arrondir le parfum. Je l’aime vraiment beaucoup. Ce n’est pas un beau parfum, c’est un grand parfum ! Le prix est raisonnable et, vraiment, il faut le poser sur la peau pour vraiment le ressentir. Avec « Feu Patchouli », Bertrand Duchaufour a réussi un chypre très moderne construit comme un classique. Un tour de de force !
Voilà, ma sélection est terminées. Outre les deux parfums que j’ai cité en introduction, j’ai hésité à intégrer « Patchouli Paris » créé par Delphine Jelk cette année pour la collection L’Art et La Matière de Guerlain car je le trouve magnifique mais la tenue, en tout cas sur moi, est vraiment limitée, alors j’ai préféré faire l’impasse. En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir à me plonger dans ces créations que je connais bien et que j’aime car elles ont construit mon goût pour le patchouli.
Exquise trouvaille : "Dance of the Dawns"
« Je suis la rencontre enivrante entre les effluves du Patchouli Sulawesi et la fraîcheur épicée du poivre noir entouré de feuilles de baies roses. Mon cœur boisé et floral soutenu par une Vanille délicate vous transporte sur une plage exotique lointaine. Les tambours résonnent au loin. Puis vient l'aube, l'odeur de l'herbe vous plonge dans un rêve. Je suis une fragrance bohème et moderne, ouverte sur une Mandarine juteuse, offrant une addiction immédiate pour tous. Progressivement, je me libère des attendus en me lovant dans des notes surprenantes d’Encens et de Bois Flotté. Je suis la sensation de bonheur procurée par la contemplation du lever du soleil sur l’océan. Inspiré par les écrits Vedas et par Shiva, mon esprit danse de joie. Je suis Dance of the Dawn ». En 2022, quand il est sorti, je crois que c’est Marion de la chaîne YouTube qui m’avait donné envie de découvrir « Dance of the Dawn », littéralement « Danse de l’Aube », créé par Émilie Coppermann pour The Different Company. Trouvant la politique de la marque assez désastreuse, entre la disparition progressive non seulement de certains parfums iconiques comme « De Bachmakov » et surtout « Bois d’Iris » que j’ai porté tellement, mais aussi des points de vente qui se réduisent comme une peau de chagrin et pour cause, je m’étais un peu détourné de cette maison qui a été pourtant l’une de mes favorites depuis longtemps. Je n’aurais, sans ce conseil, peut-être pas eu envie de découvrir cette nouveauté d’alors et j’aurais eu bien tort car il renoue vraiment avec la tradition de la marque et l’esprit « so chic » qui avait su me séduire au début des années 2000. Récemment, c’est grâce à Stéphanie, lectrice de mon blog, rencontrée lors d’un atelier Chanel il y a quelques mois, que j’ai eu l’occasion de le porter vraiment car elle m’a très gentiment offert 10 ml. Je l’en remercie car je le redécouvre avec délice. Non seulement, il me plait mais je me rends compte qu’il me correspond bien. Je le sens autour de moi en écrivant et, vraiment, j’ai du plaisir à me plonger dans ce patchouli poivré, à la fois légèrement vintage, élégant et original.
Emilie Coppermann en décrit ainsi l’inspiration : « Je me revois au bord de l’eau, sur les vastes plages du Sulawesi. Le temps semble s’arrêter et je me sens transportée par l’odeur si unique de cette île. Ici, les plantations de patchouli sont au bord de l’océan, lui conférant ce sillage particulier inscrit dans la dualité : l’aspect terreux et humide des plantations est comme cristallisé par l’air salé provenant du large. Cette odeur, comme un retour aux sources, m’évoque un sentiment de plénitude. Je laisse alors mon esprit s’échapper lorsque je contemple ces étendues exotiques. Mes sensations sont décuplées : le sable qui me glisse entre les doigts, la touche minérale du bois échoué sur la plage, la brise fraîche qui caresse ma peau, et les effluves des plantations qui deviennent une véritable source d’inspiration ». Le départ est très vif avec des notes de poivres rose et noir que l’on retrouvera aussi en coeur et en fond, adoucies par la mandarine. Après une évolution très rapide, le coeur d’iris et de bois doux se pose sur un fond de patchouli et de vanille parsemé de traces d’encens. Je retrouve la signature d’Émilie Coppermann mais aussi la beauté originale des parfums de la marque et je dois dire que, si le sillage est très discret, la tenue est juste comme j’aime. « Dance of the Dawn » est un peu comme un patchouli récurrent vers lequel j’ai envie de revenir. La dualité entre cette note que vraiment j’aime bien avec le côté vif des poivres est du plus bel effet. J’aime vraiment beaucoup cette création. Je la redécouvre avec énormément de plaisir.
"Panthea" et "Panthea Iris", blanc et blanc !
« Panthea représente la déesse perse de toutes choses. Un être pur qui a inspiré Stéphane Humbert Lucas pour créer un parfum blanc à base de matières premières blanches ». « Panthea » et « Panthea Iris » créés respectivement en 2017 et 2019 par Stéphane Humbert Lucas pour sa collection 777 occupent une part un peu exceptionnelle dans la marque car nous sommes très loin de l’ambiance un peu orientale et de cette aura entourent la maison et cette série. Ce sont deux parfums un peu « translucides », je ne sais pas comment le dire autrement. Ils viennent de faire leur apparition à Lyon et je dois dire que je suis plutôt convaincu par leur qualité et l’élégance toute en douceur de la création. Je les ai essayés et j’avais envie de vous faire un retour même si je pense qu’ils plairont peut-être plus aux femmes qu’aux hommes… quoi que…
Avec un très joli départ, tout en légèreté, de bergamote, de baies roses mais surtout de thé blanc très ciselé, un coeur d’iris, de jasmin et de violette puis un fond de fève tonka et de santal enveloppés par des muscs blancs d’une très belle qualité, « Panthea » (l’original) est vraiment un floral poudré comme je les aime. Il est un peu lacté, pas trop, mais surtout le côté poudré à la fois de l’iris et des muscs blancs associé à la rondeur de la fève tonka m’a beaucoup séduit. « Tel un bain de lait Cléopâtre, le parfum est délicieusement crémeux et savonneux avec des notes de bois de santal, de musc blanc et d’iris. L'impression de blancheur est sublimée par un délicat Jasmin et un subtil Thé Blanc. Un parfum pour les anges et les déesses qui marchent parmi nous, ou ceux qui brillent simplement d'une aura de pureté ». Le côté vraiment très éthéré de la fragrance contrebalance très très finement les notes lactées voire crémeuses et l’équilibre se fait parfaitement sur ma peau. Jamais il n’est top rond pas plus qu’il ne m’écoeure comme un « Piano Santal » ou un « Blanche Bête ». Je trouve ce parfum, tel l’équilibriste, ne tombe jamais d’un côté ou de l’autre du fil. Clairement, je pourrais le porter. Il est séduisant, élégant et vraiment très agréable sur ma peau tout en gardant ce qu’il faut de singulier. Il me plait beaucoup et je suis content de l’avoir découvert.
Avec le même départ, de baies roses, de bergamote et de thé blanc associée au côté un peu confit de la tangerine, un coeur d’iris, de jasmin et de violette et un fond de fève tonka, de bois de santal et de muscs blancs « corsé » par le patchouli et poudré « en sus » par un superbe beurre d’iris, « Panthea Iris » revêt un caractère plus enveloppant, plus dense et finalement plus poudré. « Patience, qualité, raffinement… Panthea Iris ne décevra pas les amoureux absolus d’Iris. Ce parfum s'élève au niveau du divin. Une élégance rare au caractère distingué. Un départ pétillant aux notes de Bergamote et de Mandarine d'Italie, accompagne un Thé blanc rafraîchissant et immaculé. Un voile de soie bleu et blanc habille la fragrance. L'absolu Tonka sublime les subtils Santal et Patchouli pour sublimer les facettes poudrées et sophistiquées de l'Iris intense. Puissant avec son sillage, c'est avec douceur et sensualité que le parfum évolue sur la peau ». Peut-être plus androgyne (encore que je n’en sois pas sûr), cette variante de « Panthea » est indubitablement plus puissante, plus irisée et plus poudrée. Il me plait beaucoup également. Cependant, je ne vais pas mentir, sur ma peau, son sillage est plus celui d’un iris solinote et musqué que d’une réelle composition thé et fleurs. C’est un parti p pris que je comprends mais, de ce fait, je le trouve plus « classique » que l’original, ce qui ne l’empêche pas d’être joli, bien construit et agréable. Franchement, j’ai bien aimé ce parfum. Il est très intéressant et je pourrais le porter sans problème même si, je le reconnais, je possède d’autres créations qui s’en rapprochent.
Globalement, j’ai beaucoup aimé « Panthea » et « Panthea Iris ». Je les trouve un peu décalé face aux créations puissantes et très orientales de la collection 777. Très franchement, je m’y retrouve plus parce que j’aime ce genre de compositions qui cadrent parfaitement avec mes goûts. Je continue donc avec un certain plaisir à explorer cette très intéressante collection qui n’est, et je m’en rends compte de plus en plus, explore des univers différents. J’ai aimé ce duo et j’ai beaucoup de plaisir à partager mes impressions avec vous.
Exquise trouvaille : "Néroli Outrenoir"
Je ne suis pas très attiré en général par la collection L’Art et la Matière de Guerlain. Je la trouve très « fourre-tout », et il faut bien le dire, dans le cas de certains parfums, elle correspond seulement à un changement de nom et à une envolée des prix. C’est un peu la technique de faire du neuf avec du vieux et cela ne me parait pas très honnête de la part du groupe qui détient la marque. Pourtant, ponctuellement, j’ai certaines attirances pour des parfums que je trouve exceptionnellement bien réalisés. C’est le cas, par exemple de « Angélique Noire » et, plus récemment de « Patchouli Paris ». J’échange beaucoup avec Jérémie, le responsable du stand du Printemps de Lyon. Je le connais depuis longtemps, lorsqu’il exerçait d’autres fonctions aux Galeries Lafayette de Bron et il est de très bon conseil. Il m’a proposé, en discutant, d’essayer « Néroli Outrenoir » qu’il pensait entrer un peu dans mes goûts (curieusement car je ne suis pas un fan de cette note) et il a eu raison car j’ai vraiment aimé ce parfum. Je le trouve absolument équilibré et il matche super bien bien avec ma peau ce qui n’est pas évident chez Guerlain. Créé par Thierry Wasser et Delphine Jelk en 2016, c’est une vraie réussite. En tout cas, il me plait beaucoup.
Thierry Wasser
Delphine Jelk
« Néroli ou la blancheur fusante et Outrenoir, son opposé. Tel un éclat dans l'obscurité, l'essence de néroli, éclairée par la bergamote et le petit grain, affronte des notes plus ténébreuses et énigmatiques de thé fumé. De cette collision des matières naît un clair-obscur magnétique qui nous plonge dans une fascinante perte de repère. Un néroli lumineux plongé dans la profonde obscurité d’un thé fumé. Si c'était un tableau, un monochrome au noir de Pierre Soulages. Néroli Outrenoir propose une nouvelle blancheur au noir, à la manière d'une œuvre de Pierre Soulages. Les Parfumeurs Guerlain se sont inspirés des chefs d’œuvre de ce peintre qui a su donner des reflets insoupçonnés au noir ». Je trouve l’idée de conjuguer le côté vert et floral du néroli avec le thé fumé très original. En effet, les notes fumée d’un lapsang souchong très sombre, parsemé d’épices se marie avec le côté ultra lumineux de cette fleur de bigaradier. Le résultat est un parfum doux-amer, presque gourmand sur la peau mais toujours chic comme la nuit. Je trouve la réalisation parfaite mais, il faut le dire, je ne suis pas prêt dans l’immédiat à franchir le pas car c’est une eau de parfum très onéreuse et il faudrait vraiment que je sois certain de mon choix. Je le réessayerai prochainement pour évaluer s’il me plaira toujours autant. En tout cas, c’est une belle trouvaille que j’avais envie de partager avec vous.
Exquise trouvaille : "Fleur Nocturne"
« La note de tête constituée de Mandarine, mélangée avec la Fleur d’Abricotier et la Pêche Blanche, donne immédiatement ce sentiment jubilatoire d’avoir entre ses mains un parfum exceptionnel aux composants nobles et précieux. La note plonge dans un cœur de Jasmin, de Magnolia et de Gardénia comme il en existe rarement de cette qualité. La note de fond laissera un puissant sillage, d’une élégance et d’une sensualité intense, fruit d’un accord parfait entre notes Solaires, Vanille et Patchouli », tels sont les mots de son créateur, Jean Jacques, pour décrire ce parfum envoûtant. Lancé en 2009, « Fleur Nocturne » surfe sur la même vague que la plupart des parfums de la maison Isabey. C’est un bouquet floral absolument inédit et on retrouve le gardénia si cher à Isabey au coeur d’une composition plus sombre, plus singulière, plus mystérieuse. Je l’imagine bien, porté lors d’une soirée d’été, dans un jardin. « Inspiré par l'univers de cristal peint, de fleurs et d’améthyste nocturne de 1925, le parfumeur Jean Jacques a créé un bouquet floral extraordinairement riche: Jasmin, Magnolia et Gardénia. Les notes fruitées qui reposent sur un fond puissant créant ainsi un sillage d'une élégance et d’une sensualité intense ».
Jean Jacques
Avec des notes de tête vraiment très fruités et douces de mandarine, de pêche et d’abricot vient un coeur de gardénia, si cher à la marque rendu un peu sombre et animal par le jasmin. Enfin le parfum se pose sur un fond de patchouli et de vanille. « Fleur Nocturne » est un parfum un peu en clair obscur et presque néo-chypré. Il reste, néanmoins floral, presque solaire par moment et tout à fait fascinant. J’ai un ami qui dit toujours qu’il lui évoque une espionne de roman. Pour moi, « Fleurs Nocturnes » est une trompe-l’oeil olfactif. Il est tout en clair obscur, tout en finesse et son côté « dark » nous entraîne dans un océan de fleurs rêvées. Il mêle avec adresse notes florales et accents fruités. En tête, on retrouve la mandarine, la fleur d’abricotier et la pêche blanche qui évolue sur un coeur de jasmin et de magnolia construit autour du magnolia puis, en fond le patchouli et la vanille rendent le parfum très dense, très capiteux, avec des accents orientaux que je trouve assez uniques dans ce genre de composition. J’aime beaucoup « Fleur Nocturne », je trouve qu’il est complètement indémodable. Son élégance est presque un peu subversive et mystérieuse.