Mes carnets de voyages : Athènes
Je suis allé plusieurs fois en Grèce mais cela commence à dater. La dernière fois, c’était Athènes, capitale du pays et sans doute l’une des plus anciennes villes du monde. L’ambiance était une ville claire, baignée d’une lumière presque difficile à supporter et d’une chaleur qui commençait à être supportable vers 17 heures. Imaginez des sites historiques millénaires, des sourires un peu mélancoliques, des musiques empreintes de la poésie qui a traversé les siècles. Malgré un climat un peu difficile pour moi, j’ai adoré cette ville, l’accueil qui nous était fait, les restaurants, la beauté de la ville historique. À Athènes, tout respire et les odeurs se mélangent. Je pense à celle des olives, des épices, de l’anis en particulier, de la menthe un peu aussi. J’ai aussi le souvenir des fleurs, capiteuses, différentes de celles que nous connaissons en France. Elles sont presque toujours miellées. Je n’ai pas vraiment de souvenir du parfum que je portais à l’époque et, comme il faisait quand même très chaud, je ne devais pas forcer la dose. Il me faut donc imaginer la composition qui pourrait être la plus adaptée à cette ville incroyable. Je l’imagine floral, un peu gourmand avec un départ d’agrumes un peu fusant. Je l’imagine très nuancé, méditerranéen, presque exotique. J’ai pas mal réfléchi et je me suis très naturellement tourné vers les créations de Theodoros Kalotinis. Je trouve qu’il réussit des floraux ronds qui, vraiment correspondent à mes goûts. En ce moment, je porte pas mal « Jasmine of Athens » et j’ai trouvé qu’il était vraiment parfait pour illustrer mes impressions de cette ville envoûtante.
« Pour créer cette fragrance, Jasmine Of Athens, Theodoros Kalotinis s'est laissé inspirer lors de ses déambulations dans les ruelles d'Athènes. Là, lors d'une journée ensoleillée, le jasmin a suscité une danse enjouée avec son cœur. En cueillant une fleur du buisson de jasmin, il s'est dirigé vers l'Acropole. Là-haut, une brise caressait délicatement ses émotions, et une sensation de liberté l'envahissait. Soudain, le besoin de graver dans son esprit ces notes uniques, celles qui invitent chaque personne à explorer ses rêves les plus profonds, s'est fait sentir. Une explosion authentique de fraîcheur et d'énergie s'exprime à travers des accords de vanille, conférant à la fragrance une délicate sensation poudrée, avec la présence affirmée de l'absolu de jasmin et de la fleur de tiaré. Jasmine Of Athens vient séduire chacun avec son parfum exceptionnel ». Ce parfum a été, pour moi, un coup de coeur immédiat et je vous en avais déjà pas mal parlé. C’est vrai que le jasmin dans cette capitale grecque pourrait revêtir des accents solaires d’ylang-ylang ou de fleur de tiaré. Il y a quelque chose de presque gourmand, de presque « beurré » dans cette création qui, pourtant, conserve une certaine fraîcheur. J’imagine le porter en ne buvant pas vraiment de l’ouzo car je n’aime pas trop le goût de l’anis mais en écoutant, même si ça fait un peu cliché, les poètes comme Odysseas Elytis, mis en musique par Angélique Ionatos ou la voix profonde d’Irène Papas entonnant des chants traditionnels. Je me plais à penser que le parfumeur connait bien sa ville et je lui fait confiance pour évoquer Athènes dans l’une de ses créations.
Les fleurs oubliées, une jolie collection de l'Occitane
C’est grâce à une vidéo d’Estelle, de la chaîne YouTube Estelle Parler Parfums que j’ai eu l’idée d’aller découvrir la collection Fleurs Oubliées de L’Occitane. Cela m’a donné l’occasion de faire un tour dans la boutique lyonnaise de la rue du Président Edouard Herriot qui vient de rouvrir après des travaux de rénovation et d’y être vraiment accueilli très gentiment. Tout d’abord, j’ai trouvé l’idée de remettre à l’honneur des fleurs peu ou pas utilisées en parfumerie très intéressante d’autant que les parfumeurs, qui ne sont hélas pas cités dans les différentes publications ont, avant tout cherché un certain réalisme. Les compositions sont simples sans être simplistes et je les ai trouvées réjouissantes.
Le premier parfum que j’ai découvert est « Glycine » lancé en 2024 et, vraiment, j’ai été impressionné par une reconstitution solinote, très réussie et qui m’a directement emmené sur une terrasse où trôneraient les grappes de fleurs violettes. « Glycine est un parfum aérien et contemporain. Son cŒur floral se mêle à des notes musquées. C'est une création inspirée d'une fleur oubliée qui est associée à la tendresse dans le langage des fleurs ». L’envolée de bergamote, de freesia et de citron vert fait vite place à un coeur de glycine, de pivoine blanche et de poire nashi que l’on trouve parfois dans certaines compositions chez Jo Malone puis vient un fond de cèdre et de muscs blancs. Je pense, bien évidemment, que matières naturelles et molécules de synthèse composent cette création mais le rendu s’avère surtout naturaliste. J’ai bien aimé ce parfum, il m’a évoqué le printemps, la couleur mauve et la douceur légère des premiers jours de soleil. Il est l’un de mes préférés de la collection. Je le trouve vraiment agréable et même original car la note de glycine, souvent recomposée, est très rarement travaillée en majeur en parfumerie.
Lancée en 2023, « Noble Épine » est un travail autour de l’aubépine et je pense qu’il s’agit de la fragrance la plus « tendre » de la collection. « Une fraîcheur fruitée, agrémentée d'une douceur florale et amandée et de notes musquées ». J’ai tout de suite senti le côté suave du départ de bergamote, d’amande et de poire qui nous prépare à un coeur de magnolia et de pivoine qui rehaussent le côté légèrement boisé de l’aubépine. J’aime beaucoup ce côté très floral avec des versants poire et rose à la fois qui se posent sur un fond d’ambroxan, de bois blonds et de muscs. « Noble Épine » est, à mon sens, peut-être le plus « juvénile » des parfums de la collection. Il est agréable, très cocon et très agréable à sentir. C’est à mon sens, le parfum le plus consensuel. Il va sans doute plaire à toutes celles et ceux qui l’essayeront car, s’il est plus proche de ce que j’ai déjà senti en parfumerie, il n’et absolument pas ennuyeux. Il pourrait être une excellente alternative à des parfums de grande diffusion ou encore un moyen simple de quitter ces fragrance pour en découvrir de plus exclusives.

« Une fraîcheur végétale et une douceur florale, subtilement relevée par des notes céréales et lactées ». Créé en 2023, « Mélilot » est quand même très étonnant et je le trouve vraiment très construit. Je n’avais jamais vu la fleur de la plante herbacée mélilot utilisée en parfumerie et la fragrance s’ouvre sur des notes de galbanum un peu vert mais quand même plus rond qu’à l’habitude, de poire mais surtout de graines presque torréfiées. Le coeur de feuille de noisetier, de mélilot que j’ai du mal à identifier et de foin donne encore un côté plus rond et enveloppant. Je trouve que « Mélilot » est un peu dans l’esprit, tout en s’avérant très différent, de « Un Jardin à Cythère » d’Hermès. Le côté très céréale ressort encore plus dans « Mélilot ». Je le trouve vraiment très réussi mais je ne pourrais pas le porter. Il s’éloigne un peu trop de mes goûts. En revanche, il est vraiment original et j’aime beaucoup la démarche de cette fleur mal aimée, mal connue, au centre d’un parfum.

« Barbotine » est peut-être mon vrai coup de coeur de la collection. Il faudra que je l’essaye un peu mieux. « Un parfum vert, botanique et sublime qui est devenu ma signature olfactive. Il est addictif, subtil et fait voyager. J'espère qu'il ne sera jamais arrêté car c'est une merveille. Totalement mixte, il se révèle sur celle où celui qui le porte C'est un véritable enchantement que de porter ce parfum floral vert. Loin de tout ce que l'on sent partout et tout le temps ». L’envolée de bergamote, de menthe et de muguet est une vraie fraicheur en flacon, je trouve qu’il y a même un côté presque pomme verte qui nous envoie directement sur le coeur de camomille, de notes ambrées est du plus bel effet. Le fond de santal, de muscs blancs et de cèdre sait se faire oublier pour laisser vraiment au versant floral toute latitude pour se développer. J’aime beaucoup ce parfum. Il est à la fois singulier et extrêmement facile à porter. Je trouve que son auteur a vraiment su trouver un équilibre entre modernité et tradition du floral. Je pourrais tout à fait porter « Barbotine ».

Globalement, j’ai bien aimé cette collection. Je trouve que l’idée de départ est originale et les réalisation sont belles. Le prix est, en outre, assez raisonnable, ce qui est, à l’heure actuelle, également un bon argument pour aller les essayer. J’espère vous avoir donné envie de vous promener dans ce jardin étonnant. En tout cas, moi, j’y ai pris beaucoup de plaisir.
Librery, une nouvelle marque française réjouissante
C’est Anissa, de la boutique parisienne très avant-gardiste Univere Parfumerie, sur sa chaîne YouTube Nissou Parfum dans une vidéo consacrée à la marque, qui m’a donné envie de découvrir Librery, une toute nouvelle maison qui compte à ce jour cinq parfums joyeux en concentration extrait contenus dans de très très beaux flacons. La marque décrit ainsi l’inspiration : « Chez Librery, l’on chemine entre les rangées comme au cœur d’une bibliothèque secrète. Chaque flacon repose, tel un manuscrit rare, prêt à livrer ses confidences au creux du silence. Un souffle de jasmin, une volute d’ambre, une promesse de santal : à chaque pas, une émotion se révèle. Ici, l’air s’empreint d’échos ténus, de récits effacés, de songes en attente. Librery ne guide pas : elle invite à l’abandon, à l’effleurement, à la rencontre. Explorer Librery, c’est entrouvrir un chapitre invisible, laisser les senteurs écrire le voyage de l’âme. Avancez, respirez, et offrez à vos émotions l’éclat d’un roman secret ». Comme toujours, je suis les avis d’Anissa car, même quand nous n’avons pas les mêmes goûts, ils sont toujours très pertinents. Je vous engage d’ailleurs à aller regarder sa vidéo que je vous placerai en annexe. J’ai eu la chance de découvrir cette maison française ultra qualitative et d’apprécier encore une fois le travail de Chris Maurice et de Nathalie Feisthauer. Je vous emmène donc dans cette bibliothèque olfactive qui me plait vraiment beaucoup.
J’ai un peu senti et essayé les parfums dans un ordre aléatoire et j’ai commencé par « Mango Wave », créé par Chris Maurice. « Mango Wave capture l’éclat d’une mangue mûre, gorgée de soleil et débordante de jus. Autour d’elle, une pêche au toucher velours caresse les sens, tandis qu’une grenade éclatante apporte sa fraîcheur vibrante. Un incontournable pour les amoureux de parfums fruités, une vague généreuse et radieuse qui emporte tout sur son passage ». J’aime beaucoup déjà l’envolée, très fraîche, fusante et presque juteuse qui nous plonge dans des fruits réalistes. La mangue, bien sûr, mais aussi l’orange, la pêche, la grenade et la framboise associées à une note de safran. Le coeur de jasmin est d’une finesse rarement sentie dans un floral fruité et s’harmonise parfaitement avec le versant fruité et presque juteux des notes de tête. Le fond, légèrement ambré mais surtout baigné de mousse de chêne termine le parfum comme je l’aime, sur ma peau, par un côté presque néo-chypré. Vraiment, c’est une réussite pour moi. Il est celui qui, sur ma peau, matche vraiment merveilleusement. Je pourrais tout à fait le porter. C’est un parfum très frais, réjouissant et pourtant élégant. Vraiment, c’est un coup de coeur.
Sur le papier, « Palmeira », également créé par Chris Maurice, devrait être mon préféré et il faut dire que je l’aime beaucoup. Après un départ très réaliste de framboise, de fraise, de cassis, de myrtille mais surtout violette, vient un coeur de prune (on y revient toujours) que j’aime particulièrement. Le rendu est vraiment magnifique. Le fond, d’ambroxan et de bois de santal est assez discret mais je sens beaucoup les muscs blancs. « Palmeira souffle un air d’été léger et joyeux. Une envolée de fruits rouges - framboise éclatante, myrtille juteuse, cassis velouté danse sur la peau avec une fraîcheur lumineuse. Un parfum vibrant, qui invite à sourire, à fermer les yeux, et à se laisser porter par la douceur du moment ». Chris Maurice vient me chercher avec ce côté rond, très prune, un peu « à la Lutens » mais en plus frais, plus fusant. J’ai aimé vraiment « Palmeira ». C’est un vrai bijou. Pour moi, il est abouti, chic et envoûtant. Ce parfum, bien sûr je pourrais me l’approprier. C’est une réussite de bout en bout et sa finesse fait sa force. Il y a quelque chose de délicat malgré la longueur de l’évolution due à la concentration extrait. Pour moi, c’est carton plein.
J’étais un peu plus dubitatif en ce qui concerne « Sun Ice » mais je connais le talent de Nathalie Feisthauer et c’est vrai que c’est virtuose ! « C’est l’odeur d’une glace artisanale à la pistache, préparée avec amour, dégustée sous un soleil éclatant. Une pistache fraîche, légèrement sucrée, croquante, enveloppée par la chaleur dorée d’un cornet croustillant… Une sensation de pur bonheur. Ce parfum réinvente la pistache comme jamais : lumineuse, glacée, addictive sans être lourde, parfaitement maîtrisée ». Après un départ frais, presque « croquant » et quand même doux de bergamote et de cassis, vient un coeur incongru de pistache, d’héliotrope très amandé et de pomme puis un fond ambré, santalé, poudré par les muscs, la fève tonka et la vanille. Je suis toujours assez dubitatif devant la note de pistache en parfumerie. En général, j’ai du mal à la trouver jolie mais il y a des exceptions, l’apparente simplicité de ce parfum très sophistiqué me fait penser qu’il ne faut jamais dire jamais en parfumerie. J’ai aimé « Sun Ice ». Je l’ai trouvé totalement addictif. Je ne sais pas si je pourrais le porter mais il a vraiment quelque chose d’addictif qui me fait y revenir.
« Hot Sand dévoile une gourmandise d’une rare élégance : une ganache de chocolat blanc, douce et lumineuse, portée par un nuage de crème chantilly soyeuse et une infusion de lait d’amande délicatement poudrée. Une composition à l’équilibre parfait, où la volupté s’allège dans l’air, sans jamais s’alourdir. L’addiction est immédiate, la tenue infinie. Hot Sand laisse sur la peau l'empreinte d'un baiser solaire, tendre et insaisissable, comme le souvenir d’un été éternel » . Avec ce parfum, très rond et atypique, Chris Maurice réinvente le gourmand avec un parfum qui n’a pas vraiment de notes de tête. On entre directement dans un coeur à la fois jasminé, crémeux, légèrement sucré avec un accord chantilly et un autre de lait d’amande. Je sens aussi de la vanille qui contrebalance la force du bois de cèdre. Le bois de santal et les muscs apportent aussi une certaine douceur à un parfum beaucoup plus délicat qu’il n’y parait malgré une concentration très importante. Il n’est pas du tout d’un bloc mais se compose et se décompose dans son évolution. J’ai senti le départ comme l’arrivée si je peux dire et j’ai aimé alors que « Hot Sand » n’est absolument pas dans mes goûts. Il m’a surpris très agréablement et je l’ai trouvé très original.
Toujours créé par Chris Maurice, « Ambert Sunset » est un ambré cuiré plus chaud que les précédents mais aussi plus classique. « Ambert Sunset est une ode au moment suspendu où le jour s'incline lentement vers la nuit. Un souffle chaud caresse l’horizon, enveloppant la peau d’une lumière ambrée, douce et sensuelle. L’iris pallida, noble et poudré, s'entrelace aux notes profondes de l’ambre et du santal, dans une danse silencieuse et enveloppante. Un parfum comme une caresse dorée, un instant figé entre lumière et ombre, entre rêve et réalité ». Le départ d’abricot et d’osmanthus me plait déjà à la vaporisation et je ne suis pas du tout gêné par la touche de safran. C’est le coeur, en revanche, que je préfère. Une rose magnifique sublimée par les accents poudrés de l’iris pallida puis un fond de cuir et de bois de santal. Là encore, je suis impressionné par le côté très facetté qui est particulièrement bien vu et imaginé par le parfumeur. Je ne porte pas beaucoup de parfums ambrés mais, il faut le dire, je suis très attiré par « Ambert Sunset ». Il faut le réessayer par temps plus froid. J’ai aimé vraiment ce parfum et j’en suis le premier surpris. C’est une très belle composition.
Vraiment, j’ai beaucoup aimé cette nouvelle maison. Je vais réessayer certains parfums, notamment « Mango Wave » qui est un vrai coup de coeur. Peut-être que, dans l’avenir, ils auront leur place dans une rubrique « mes parfums préférés » mais il faut que je les connaisse mieux. Je trouve que cette marque renouvelle un peu le dynamisme des parfums fruités en les rendant radicalement élégants ce qui n’est pas toujours le cas. Il y a quelque chose de très réconfortant à voir émerger de belles marques et de pouvoir encore se laisser charmer. Ce n’est que du plaisir.
* En lien, vous pouvez voir la vidéo d’Anissa ci-dessous.
Giardini di Toscana, un joli air d'Italie
Il y a un plusieurs mois que j’entends parler de Giardini di Toscana, une maison italienne née de l’imagination de la parfumeure Silivia Martinelli en 2023 et qui compte, déjà, 17 créations. Bien sûr, on entend parler beaucoup de « Bianco Latte » mais j’avoue que ce n’est pas l’une des compositions que j’ai retenu car je n’ai pas accroché. Cela ne remet pas en cause sa qualité mais seulement, il s’éloigne vraiment beaucoup de mes goûts et j’ai trouvé, dans la marque, des parfums qui me correspondent un peu mieux voire tout à fait et j’ai plus de facilité à en parler. J’en ai sélectionné quatre et j’espère vous donner envie de les essayer d’autant que nous nous envolons vers les beaux jours et ils vont commencer à faire envie.
Le premier parfum que j’ai senti est « Celeste » qui s’ouvre sur un accord aquatique mais pas salé et une profusion d’agrumes à l’italienne si j’ose dire. Silvia Martinelli renouvelle l’esprit Cologne avec un coeur de violette rendu un peu gourmand par des notes de fruits exotiques et de framboise pour se poser sur un fond d’ambroxan, un peu minéral et de vanille. « C'est l'aube lumineuse et cristalline après un orage nocturne, l'air est frais et le ciel s'étend dans sa perfection céleste et propre ». On ne va pas se le cacher mais ce parfum n’est absolument pas pour moi. Le côté un peu trop fruité et bois ambré me rebute assez une fois posé sur ma peau mais force m’est de reconnaitre qu’il est super bien réalisé et je salue son originalité. Je ne pourrais pas le porter mais cet avant-goût de vacances est fort à propos et je ne pouvais pas démarrer cet article sans parler de « Celeste » que je trouve à la fois aérien et ancré sur la peau.
« Ce parfum vous entraîne dans une danse joyeuse, la noix de coco et la vanille vous procurent des émotions intenses. Les muscs élégants et les notes ambrées créent une composition intrigante et séduisante. Borabora crie "Embrasse-moi, embrasse-moi ». Avec « Borabora », Silvia Martinelli me touche davantage car elle me pousse dans mes goûts. C’est un parfum exotique et solaire qui ne pouvait que me séduire vraiment avec cette envolée de tiaré, d’abricot, de jasmin et d’ylang-ylang qui m’emmène déjà sur une plage paradisiaque au bout du monde. Le coeur de noix de coco, de muscs et de jasmin confirme cette impression et le fond, un rien trop gourmand pour moi avec un accord ambré, des muscs et de la vanille associés à un accord caramel, ne me dérange pas du tout bien au contraire. Je trouve « Borabora » vraiment très addictif. Je l’ai mis sur peau et je reconnais que je me suis fait plaisir. Certes, il ne m’éloigne pas du tout de ce que j’aime mais, vraiment, il est réussi et, sans grande surprise, c’est un peu mon coup de coeur.

« Blu Indaco est le parfum du contraste. Brillant et fascinant ». Pour moi, « Blu Inaco » est l’un des parfums les plus originaux de ceux qui ont retenu mon attention. Il commence comme un solaire avec des notes de fleur de frangipanier, de bergamote et de poivre rose mais, très vite, il se fait suave car vient un coeur très rond et presque poudré de bergamote et de vanille puis le fond d’ambroxan et de muscs le soutient pour lui assurer une tenue assez impressionnante. Sur le papier, « Blu Inaco » aurait du me plaire vraiment mais je le trouve un peu trop doux pour moi. Il se fait lait d’amande un peu sucré et je n’arriverais sans doute pas me l’approprier une journée entière. En tout cas, il a vraiment quelque chose et je ne sais pas définir quel est son versant le plus dominant. En tout cas, sur moi, la note d’amande reste très prégnante et ce n’est pas désagréable. Si je devais choisir un parfum dans la marque, ce ne serait peut-être pas pour moi mais je le trouve vraiment joli.

« Bianco Oro » est également un coup de coeur. Silvia Martinelli nous entraine dans une composition de séduction. « Le parfum du plaisir, de la sensualité, de la séduction des notes ambrées, de molécules fascinantes et élégantes ». Le départ est très vif avec une association fructueuse entre le poivre rose et la bergamote mais, très vite, un coeur de rose poivrée, très délicat mais quand même opulent, vient l’enrichir. J’aime beaucoup le style de ce parfum et ce stade de l’évolution. Le fond d’ambre gris et de patchouli le rend un peu plus classique mais cela ne m’empêche pas de continuer de le trouver agréable. Sur touche, le parfum ne se développe peut-être pas autant que sur la peau mais cela donne déjà une idée de sa personnalité. Il me plait beaucoup car je trouve qu’il change un peu des rose-patchouli que je connais (et que j’aime par ailleurs) et c’est une belle découverte.

L’univers très italien de Giardini di Toscana est vraiment un vent de vacances et d’été mais les parfums ne sont pas du tout lassants. Ils explorent des styles très différents mais je trouve que leur point commun est le fait d’être réjouissants. Ce n’est peut-être pas un coup de coeur global mais cette marque, au prix encore abordable est très joliment faite et je pense que chacun d’entre-nous peut bien craquer. Merci à l'équipe de la parfumerie lyonnaise Isaac de m'avoir fait découvrir plusieurs parfums de cette jolie marque qui, je le redis, ne se résume pas à "Bianco Latte".
Mes Parfums préférés : "La Couleur de la Nuit"
* Article modifié
Quand j’ai découvert Voyages Imaginaires, la très belle maison de parfums naturels fondée par Isabelle doyen et Camille Goutal, j’ai aimé chacun des cinq parfums à peu près de manière égale et je me suis dit que si je devais en porter un, ce pourrait être pratiquement n’importe lequel. J’avais tout d’abord surtout flashé sur « Tea & Rock’n Roll » mais j’ai aussi particulièrement aimé « La Couleur de la Nuit » que les deux parfumeures ont lancé en 2020. Je me devais de mentionner cette création dans la rubrique Exquises Trouvailles. En effet, c’est un parfum qui sort complètement des sentiers battus. Isabelle Doyen et Camille Goutal ont réussi le tour de force d’inventer, en se contentant uniquement des matières naturelles dans la palette du parfumeur, un jus vraiment complexe, original, contemporain et doté d’une très bonne tenue. En général, je ne suis pas très attiré par le « tout naturel » mais Voyages Imaginaires est un peu l’exception qui confirme la règle. C’est un autre manière de se parfumer sans pour autant se contenter de jus simplistes et un peu trop unisenteurs si j’ose dire. « La Couleur de la Nuit est une merveille de complexité et le nombre de ses facettes est impressionnant tou au long de son évolution. Pour ma part, c’est sur la peau que le parfum s’est complètement exprimé. Isabelle Doyen et Camille Goutal en décrivent ainsi l’inspiration : « Des lumières énigmatiques dans les ruelles, diffusées par les ombres des lanternes rouge et reflétées par les trottoirs humides et scintillants. Une marche nocturne grisante dans la moiteur d’une nuit asiatique. L’élégance en clair-obscur d’un film de Wong Kar-Wai ».
Profondément moderne et urbaine, cette fragrance ne ressemble à rien d’autre et nous entraine dans une expérience olfactive un peu hors du commun. Ce ne sera pas le parfum de tout le monde mais, pour moi, c’est un réussite parfaite. L’envolée est très lavande, très dense et aromatique mais le coeur de géranium et de rose, lui apporte une douceur plutôt proche d’un chypre. Le fond de patchouli et de vanille est dense, profond, un peu épicé et terriblement addictif. Ce que m’évoque « La Couleur de la Nuit », c’est l’élégance en toute circonstance, entre simplicité et sophistication. C’est la petite robe noire, le tee-shirt blanc mais c’est aussi le smoking ou le costume en tweed, la robe du soir ou de cocktail. Complètement mixte, c’est un parfum inclassable, chic et, lorsqu’on le porte sur la peau ou sur les vêtements, on a sans cesse envie de le sentir. En tout cas c’est mon cas. Je ne dirai pas qu’il est mon préféré de la collection car je les aime tous et j’ai hâte que sorte le prochain, un très beau travail autour de l’immortelle mais nous en reparlerons. L’univers, pour moi, c’est une grande ville, le bar d’un hôtel chic, une coupe de champagne et une conversation passionnante. D’ailleurs c’est ça, quand je l’ai essayé, je n’ai eu de cesse que de le faire découvrir. Pour moi, « La Couleur de la Nuit » est une très belle réussite, un parfum émotion qui me touche particulièrement.
Isabelle Doyen et Camille Goutal
Mes carnets de voyages : Edimbourg
Je quis allé en Ecosse à plusieurs reprises et je dois dire que j’ai beaucoup aimé les villes autant que les côtes et les highlands. Je voudrais vous raconter Edimbourg que j’ai trouvé belle et accueillante. Elle est la capitale depuis 1535 et je dois dire qu’elle m’a beaucoup séduit avec ses façades, ses musées, ses pubs et quand même un peu de folklore que je ne déteste pas. J’ai connu Edimbourg pluvieuse, puis un rayon de soleil lui a donné un charme différent. C’est une grande ville entourée de collines volcaniques et construite autour de Castle Rock. On parle de la ville aux sept collines. Pour m’accompagner dans cette citée pleine de traditions, de végétation aussi, il me fallait le travail d’un parfumeur écossais et qui de plus talentueux pouvais-je imaginer que Euan McCall. Ses créations sont nombreuses et j’ai beaucoup hésité entre le côté très « roots » d’ « Une Île pluvieuse » qu’il a créé pour la marque franco-japonaise Senyoko mais, finalement, je suis retourné aux sources avec « Gorseland » qu’il a vraiment dédié à l’Écosse et à cette ville. Je ne pouvais pas rêver mieux. C’est un parfum que j’ai découvert par Fabien de Yuuminoki qui a été le premier à importer la marque Jorum Studio et la Scottish Odyssey Collection en France. Je porte beaucoup ce parfum que j’aime particulièrement et c’est vrai qu’il m’évoque les collines d’Edimbourg.
« La beauté et la déréliction qui coexistent au cœur des fleurs d'or néon jaillissant de la roche décolorée par le soleil ». Le parfum s’ouvre sur des notes de camomille, de pomme et de citron autour d’un accord vert d’ajoncs puis, après une longue évolution conférée par la concentration extrait, vient un coeur très original de sureau, de néroli et de géranium puis, en traces, un fond de cannabis. Les ajoncs de « Gorseland » me semblent tout à fait urbains et je crois qu’il fait référence à Salisbury Crags, ces rochers qui jouxtent Edimbourg. C’est un aromatique mais à la manière d’Euan McCall, c’est à dire qu’il casse tous les codes. Je le crois vraiment unique. Il s’ouvre avec des notes huileuses d’ananas, de néroli et de citron qui se posent sur un coeur d’absolu de lavande et de camomille. Le fond boisé me semble tout à fait discret. Pour moi, « Gorsland » est comme une lavande rêvée, je me sens un peu à mi-chemin entre les odeurs de la ville, les parfums des hommes en kilt et des femmes en tweed. Pour moi, c’est une création onirique inspirée d’une Écosse rêvée entre grand air et cité ancienne. Je dois dire que je suis assez emballé alors que je n’aime pas spécialement les aromatiques en règle générale. « Gorseland » est vraiment un parfum facile à aborder au départ mais il se corse, prend de l’ampleur, voire même de l’amplitude tout au long de son évolution et affirme sa personnalité et sa singularité. Je pourrais tout à fait le porter. Il est vraiment très élégant, contemporain et ancré à la fois dans une certaine tradition de la parfumerie. Pour moi, c’est une création vraiment aboutie. Je ressens tout le savoir-faire d’Euan McCall en le portant. Vraiment, et même s’il n’est pas forcément pour moi, je le trouve incroyable et il m’évoque la ville trépidante et entourée de collines d’Edimbourg.
Parfums Intimistes, la naissance d'une toute nouvelle maison
Suivre un projet depuis les premiers prémices est toujours quelque chose à la fois de gratifiant et d’un peu stressant car il y a un engagement personnel qui se met en place qu’on le veuille ou non. Il y a plusieurs années que j’échange avec Emma Clamme qui lance aujourd’hui sa maison de parfums et je dois dire que j’ai suivi pas à pas toutes les étapes de la réalisation de ce projet. Cette fois, ça y est, Parfums Intimistes est née. La marque se compose de trois parfums très différents mais dont le fil conducteur est, pour moi, une certaine poésie et peut-être même la notion de confort même si c’est un mot que je n’aime pas tellement. Après quelques questions, je vais essayer, tant bien que mal, de vous donner mon ressenti après avoir porté ces parfums pendant une journée entière. J’espère que la marque sera distribuée facilement et que vous pourrez découvrir les compositions d’Emma facilement.
Parfums Intimistes en quatre questions :
Bonjour Emma, tout d’abord d’où vous vient cette passion pour l’olfaction et comment vous êtes vous formée à la parfumerie ?
Origine de ma passion pour le parfum : J'ai toujours entretenu un rapport très intime avec le parfum, peut-être parce que je le considère non pas comme un objet mais comme la clef d'une expérience sensorielle et affective profondément humaine. Ma passion (viscérale) pour le parfum en tant qu'expression artistique (et, partant, comme symbolisation de l'intime) est née durant ma petite enfance au Sénégal où j'ai vécu entre l'âge de 3 mois et 7 ans. Là-bas, la sensorialité est culturelle et indissociable de son peuple, que ce soit du point de vue de sa joie de vivre ou de son accueil particulièrement chaleureux et généreux. Lorsque mes parents ont décidé de quitter brutalement ma terre natale, j'ai ressenti une terrible fracture et le parfum a représenté, je pense, une sorte de moyen de continuer à faire vivre cette enfance, ce pays en moi. Peu après notre arrivée, je suppliais ma mère de m'offrir Nahéma de Guerlain. C'est là qu'a démarré ma vie de"collectionneuse" (pathologique ) en quête perpétuelle de beauté et d'émotions olfactives. Ma formation : En 2018, alors que je travaillais comme psychanalyste, j'ai décidé de vivre pleinement cette passion dévorante pour le parfum en devenant parfumeur. Je me suis alors formée auprès de Cinquième Sens et The Perfumery Art School (parfumerie naturelle) avant de poursuivre, durant plusieurs années, ma spécialisation auprès de deux parfumeurs séniors ("Maîtres-Parfumeurs"). J'apprécie particulièrement ce type de transmission "à l'ancienne" auprès de différents mentors. En 2020, j’ai eu la chance de compter parmi les lauréates du concours international de parfumeurs Corpo 35. Cette reconnaissance de mon travail créatif (j'étais la seule à ne pas être issue d'une grande école de parfumeurs) par des professionnels m’a beaucoup encouragée à vivre ma passion pleinement.
Vous avez créé trois parfums abordant des univers très différents, quel en a été l’inspiration ?
Dans un premier temps, je vais vous présenter brièvement le concept de ma marque. Avec Parfums Intimistes, je souhaite avant tout redonner du sens au parfum en rappelant à quel point il est le miroir de nos préoccupations les plus intimes. En témoigne son rôle central (sacré, protecteur, hygiéniste, social etc.) tout au long de l’histoire de notre humanité. « Intimiste » signifie « qui s'attache à exprimer, de manière nuancée, les pensées, les sentiments les plus secrets » (CNTRL, Centre National de Recherches Textuelles et Lexicales). Avec Parfums Intimistes, je me suis donné comme défi de favoriser l’introspection des consommateurs grâce à une sensorialité (choix des matières premières, de leurs textures), une esthétique et un storytelling adéquats. Aujourd’hui, dans notre monde de plus en plus injonctif, agressif et anxiogène, les gens ressentent le besoin urgent de (re)trouver le chemin vers eux-mêmes, le plaisir de penser, de rêver, d’être à l’écoute de leurs affects, de renouer avec ce qui constitue le cœur de leur humanité. C’est dans cette perspective que s’inscrivent mes créations où l’idée de texture olfactive est absolument centrale. Je les ai conçues comme des bulles sensorielles dans lesquelles il fait bon se lover, rêver, s’écouter, se dire. En témoigne, d’ailleurs, ma Baseline* : « Se parfumer, c’est renouer avec l’intimité de ses sens, de ses émotions de ses désirs ».
Cocoa Patchmina m’a été inspiré par la poudre de cacao Van Houten de mon enfance, à son parfum envoûtant, tissé de baumes, de bois, d’épices grillées et d’animalité douce, à sa texture crémeuse, douce, onctueuse (une fois plongée dans du lait chaud). J’ai souhaité éviter l’écueil du chocolat gourmand dans la mesure où j’aime boire ce Van Houten sans sucre. J’ai accentué l’effet « shot de cacao » dès les notes de tête avant d’orienter le parfum vers un accord ambré piqueté de patchouli (il y en a pas mal), de résines et de notes (discrètement) animales pour offrir un parfum moelleux, chaleureux, enveloppant. Je ne peux dissocier ce parfum de l’idée d’un boudoir décoré de conversations (cf fauteuils du passé) et de rideaux en velours pourpre !
L’iris (et le cuir !) sont mes marottes car ils ont le don de texturer un parfum. Ces MP sont présentes dans chacune de mes créations !
Grain de peau fait référence, comme son nom l’indique, au grain de la peau et à sa texture qui varie selon nos émotions etc. J’ai voulu créer un parfum sensuel (et donc un chypre) qui puisse retranscrire une peau qui frissonne (traduite par un chaud-froid d’épices (cardamome, gingembre, cumin, muscade, safran) avant de s’alanguir (notes sensuelles cf immortelle, miel, prune, styrax). Pour changer de la rose (voir storytelling sur le site), j’ai préféré travailler un accord géranium plus original et mixte.
Quant à Nuit Pétale, il m’a été inspiré par les nuits d’été dans le sud de France (chez mes parents) où planait le parfum voluptueux et narcotique du jasmin Grandiflorum. Comme la texture est mon obsession (!), ce sont ses pétales que j’ai souhaité retranscrire dans ce parfum très peau dans la mesure où il évolue très doucement et avec beaucoup de sensualité à son contact. Il y a ici encore l’idée d’une bulle sensorielle dans laquelle se blottir pour mieux s’endormir....
L’univers visuel est très « romantique » au sens sensible du terme et s’harmonise bien avec le côté à la fois original et facile à porter des trois créations. Comment avez-vous choisi le graphisme et les couleurs ?
Je voulais créer un univers poétique et onirique (passionnée par la Vienne fin de siècle - mon mémoire de recherche de DEA d’allemand portait sur ce sujet - l’Art Nouveau m’a, entre autres, sans doute un peu inspirée) aux formes et aux couleurs douces, arrondies, charnelles. Comme déjà précisé, mon objectif est de créer avec Parfums Intimistes, une expérience sensorielle immersive mue par l’émotion et le partage.
Comment voyez-vous la diffusion de votre marque ? Où à-t-elle plutôt sa place ? Parfumeries ? Concepts Stores ? Grands Magasins ?
Une diffusion intimiste, au sein de parfumeries indépendantes et de concepts stores tout aussi intimistes (boudoirs, cabinets de curiosités) et singuliers dirigés par des personnes vraiment passionnées, humaines et sensibles aux valeurs de la parfumerie d’auteur.
Mon ressenti après avoir essayé les trois parfums :
Le premier que j’ai voulu porter, et ça ne surprendra personne, est « Grain de Peau ». En effet, j’ai une prédilection pour la famille chyprée et celui-ci rentre tout à fait dans mes goûts habituels. Emma en décrit ainsi l’inspiration : « Un jeu de textures évoquant la complexité d'un grain de peau grâce à un géranium encanaillé et une immortelle majestueuse vêtue de miel, d'épices et de douceur minérale. Une ode à la peau qui est au parfum ce que la lettre est au mot ». Le parfum s’articule autour de la prune, des épices froides mais aussi chaudes et revêt un côté rose et géranium aussi, miel comme crémeux. Le fond, sur ma peau, est très musqué, légèrement cuiré avec la présence de l’immortelle que j’aime toujours beaucoup. Ce parfum, est très facile à porter pour moi car, en dépit d’une construction plus moderne que celle des chypres classiques, il correspond à mes goûts. Il est à la fois épicé, ce qui ressort beaucoup sur ma peau, mais aussi floral et un peu « sous-bois ». En bref, il se fond parfaitement avec ce que j’aime même s’il sera, je pense, plus adapté à une saison plus froide. C’est un chypre résolument moderne, très addictif et qui s’inscrit vraiment dans les rares parfums de cette famille olfactive qui sont sortis ces dernières années. Il est audacieux et doté d’une forte personnalité. Pour moi, il sera le plus clivant de la marque pour l’instant. Je pourrais tout à fait le porter car il est vraiment proche de ce que j’aime et coche toutes les cases.
« Dans la torpeur moite des nuits d'été, le Jasmin Grandiflorum exhale son haleine narcotique et épicée. Bercée par la caresse de ses pétales veloutés-cuirés, je glisse dans le sommeil, prête à enfanter le rêve, ce voyageur clandestin qui n'est autre que moi-même ». « Nuit Pétale » est le second parfum que j’ai porté et et je dois dire qu’il m’a encore plus séduit que lorsque je sentais les essais qui ont conduit à la formule définitive. Un cuir qui s’associe à un jasmin grandiflorum et qui pourrait devenir un classique, il fallait y penser. On y retrouve, autour d’un cuir suède, très soyeux, des notes de vétiver qui lui assurent une tenue très longue, mais aussi des versants épicés, floraux, musqués et même fruités. Pour moi, il peut avoir des facettes un peu vintage mais, il faut le dire, il est l’un des cuirs les plus tendres et atypiques que je connaisse. La dualité de cet accord et de la force animale et pourtant un peu verte du jasmin est totalement harmonieuse. Vous l’aurez compris, « Nuit Pétale » est un coup de coeur. Vraiment, alors que je ne l’attendais pas forcément, j’ai adoré le porter et je vais le faire encore. Il est intemporel, peut se porter tout au long de l’année car il n’est jamais trop lourd. Vraiment, pour moi, « Nuit Pétale » est une réussite !
Je ne suis pas très client des parfums autour de la note de cacao et j’étais un peu rétif à essayer « Cocoa Patchmina » qui s’articule autour d’une version poudrée et très irisée de la cosse telle qu’on l’imagine, des notes animales et patchouli, avec quand même la douceur charnelle des muscles et d’un accord ambre. Au départ, je sens presque le cacao brut, ethnique, avec un côté ciste qui n’est pourtant présent dans la formule, puis le parfum s’arrondit et devient plus « tendre ». « Un cacao irisé , soyeux et enveloppant comme une étole en pashmina. Une bulle sensorielle tricotée d'ambre, de patchouli et de résines charnelles dans laquelle se blottir, loin du tumulte du monde. Une invitation à prendre soin de soi ». Sur ma peau, le parfum devient très rond, presque gourmand, avec un côté profond. Il est vrai que je suis loin de mes goûts et, même si je trouve « Cocoa Patchmina » super bien réalisé et bien vu, je ne pourrais sans doute pas le porter mais il complète l’offre parfaitement. C’est un parfum original, très singulier même dans son évolution. Je pense qu’il va trouver très facilement son public car il sort des sentiers battus mais il est également facile à porter.
Voilà, j’espère vous avoir donné envie de découvrir Parfums Intimistes et le travaille d’Emma. Pour ma part, j’ai essayé de garder un peu d’esprit critique mais le ressenti face à la parfumerie est toujours très subjectif et je l’assume bien volontiers. Je pourrais porter deux des trois premiers parfums de cette maison, ce qui n’est vraiment pas mal. En tout cas, je lui souhaite succès et longévité et, je l’avoue, j’ai hâte de la voir sur les rayonnages des parfumeries, peut-être confidentielles des grandes villes ou même des plus petites. En tout cas, assister à la naissance de cette maison est très passionnant pour moi et je voulais vous en faire profiter.
La note de mangue, addictive et exotique
« La mangue est le fruit du manguier. Ce dernier est un arbre tropical de la famille des anacardiacées. On le trouve actuellement au Brésil, en Cote d’Ivoire, en Asie et en Inde. On compte environ 2 500 variétés différentes de mangue, qui est le fruit tropical le plus consommé au monde. « Le roi des fruits », comme on le nomme parfois est particulièrement riche en carotène et en provitamine A. La mangue est juteuse, charnue, douce et fibreuse. L’utilisation de la mangue en parfumerie apporte un côté pétillant et une onde de fraicheur ». J’aime le goût de la mangue depuis toujours et il était bien naturel que je m’intéresse à sa restitution en parfumerie. Le soucis des fruits retranscrit est qu’ils sont souvent liés à des fragrances très sucrées. D’un autre côté, il y a, dans l’odeur de mangue comme un côté exotique, une invitation au voyage à aux vacances très nets. J’ai choisi quatre parfums très différents les uns des autres, pas tous franchement estivaux, mais très intéressant pour illustrer mon propos. Allez, suivons la peau verte et la chair jaune oranger de la mangue et profitons de ce qu’elle nous offre comme créations.
Un parfum qui s’ouvre avec des notes de mûre, e mangue et de poivre noir puis qui nous emmène sur un coeur de beurre réalisé avec des iris sauvages, de lotus et de jasmin pour se poser sur un fond de patchouli, de vanille et de sucre rose, tel est « Mango Skin » créé, pour Vilhelm Parfumerie en 2018 par Jérôme Épinette. « Il suffit d'une seule bouchée pour se rappeler les couleurs sauvages et les cieux interminables de l’Afrique du Sud; ces souvenirs forment une série de tableaux qui ont inspiré Mango Skin. Construit comme une explosion expressionniste, ce parfum est comparable à un fruit mûri à point. Sa saveur complexe, cocktail d’iris sauvage, de lotus noir et de jasmin, est relevée par des notes de patchouli, de vanille ainsi qu'une touche de sucre rose ». Il s’agit donc là de ma première invitation au voyage. J’ai réessayé ce parfum pour écrire cet article et je me rends compte que mon avis aujourd’hui, est sensiblement le même que celui que j’ai eu lorsque j’ai découvert la marque il y a quelques années lors de l’ouverture de la boutique parisienne. C’est un joli parfum mais je suis beaucoup plus amateur des notes de tête et de coeur que je peux l’être du fond que je trouve vraiment très boisé, presque un peu synthétique et pas forcément très agréable. J’avais tourné autour à l’époque et je comprends pourquoi je n’ai pas transformé l’essai. Le côté boisé, sucré et la disparition, au cours du développement, de la note de mangue m’a un peu déçu. Je pense, néanmoins, qu’il s’agit d’un parfum réussi mais il ne correspond pas tout à fait à mes goûts.
«Manguier Métisse » créé par Pierre Guillaume Pierre Guillaume en 2019 pour sa collection noire. « C’est une métaphore boisée, un nectar floral suave et pénétrant teinté d’un extrait de Mangue fraîche…Un double accord d’Ecorce de Manguier, poudré aromatique fruité, quelques feuilles de Thé Noir, le tout réchauffé par le sucre exotique de la Fleur de Frangipanier ». Le parfumeur met en avance un accord d’écorce de manguier et de mangue fraîche mis en valeur par la fleur de frangipanier. Beaucoup plus exotique mais aussi plus simple que le précédent, «Manguier Métisse » est une vraie invitation au voyage. Il est aussi le parfum le plus solaire de ma sélection mais aussi le plus léger, en tout cas sur moi. Il est très puissant lorsque je le vaporise puis il se fait aérien et soft. Je l’aime beaucoup. Je me vois bien le porter en sortant de la douche ou pour aller dîner un soir d’été dans un restaurant où l’on servirait des plats de cuisine du monde. Il n’est peut-être pas aussi inédit que les deux précédents mais je l’aime bien. Il me plait, par le côté agréable qu’il y a en sentant. Je pourrais également me l’approprier sans problème même si je le trouve plus convenu.
« Casamance. Savane paisible. Début de cérémonie bercé par l’harmonie magique d’une kora. Un cuir mirage. Sauvage, boisé et épicé » tel est décrit « Cuir Kora »créé par Amélie Bourgeois et Anne-Sophie Behaghel en 2017 est un cuir mangue. Il s’ouvre avec cette note associée à la cardamome et à la pêche puis arrive un cuir très dense, sec et profond soutenu par la résine l’elemi, puis le parfums se pose sur un très beau fond boisé arrondi par le labdanum et surtout par le benjoin. Pour moi, ce parfum est le plus original de la marque. Il est superbe sur ma peau. J’ai tourné autour cet hiver et, vraiment, il ne ressemble à rien d’autre. Le porter ou ne pas le porter, là lest la question. Je ne sais pas. Je l’essaie, toujours et encore mais il n’est pas estival et je réserve ma réponse pour plus tard. En revanche, je l’aime beaucoup, c’est un cuir très élégant, particulièrement rare et original. En tout cas, je l’ai re-senti et re-porté récemment et j’ai aimé.
La note de mangue, pour moi, est vraiment addictive. J’ai apprécié ces quatre parfums et je me dis que j’ai bien fait d’explorer la note. En tout cas, j’aime beaucoup le côté « juteux » qu’elle véhicule. J’aime beaucoup l’idée de fruités que je pourrais porter et ce n’est pas si facile pour moi.
Exquise trouvaille - "Musc Maori 04"
J’ai eu l’occasion de remettre mon nez sur « Musc Maori 04 » créé par Pierre Guillaume en 2005 pour Parfumerie Générale (devenue Pierre Guillaume Paris) et je dois dire que s’il ne s’agit pas, pour moi en tout cas, précisent d’une exquise trouvaille car je ne pourrais pas le porter, je le trouve pour le moins réussi et très singulier. Ce serait plutôt une originale trouvaille. Le parfumeur en décrit ainsi l’inspiration : « L’eau à la bouche… Le bois de Cumaru, à la douceur lactée, est rafraîchi de notes vertes de fleur de caféier présidant à un accord tout en contraste sur le thème du noir et du blanc : musc blanc et fève de cacao s’unissent dans une harmonie gourmande inattendue. À l’effet charnel pur et sobre du premier répond la douceur suave et poudrée du second mise en résonance par l’Ambre vanillé et la Fève Tonka. Le Musc Maori est une eau gourmande, aux tonalités orientales qui développe un sillage charmeur, doux et enveloppant. Un parfum malicieux, faussement frivole qui fait corps avec la peau pour en célébrer toute la sensualité ». J’avoue qu’il m’a complètement dérouté. Voilà un parfum faussement gourmand, avec une note de cacao très présente mais aussi une certaine fraîcheur et pas mal de rondeur lactée. J’ai cherché à percer un peu ce mystère qui me fait le trouver intéressant alors qu’il coche toutes les cases de ce que je n’aime pas d’habitude.
Pierre Guillaume
La marque évoque des notes de bergamote en tête, de chocolat chaud en coeur et de muscs blancs ainsi que d’un accord ambré et poudré en fond. Je dois dire que je sens vraiment bien la bergamote qui peut être présente sur peau un certain temps et se mêle très bien à ce côté chocolaté, très rond et lacté. Mieux même, elle le contrebalance. J’aime beaucoup l’idée du mélange agrumes et cacao. Cela compose un parfum vraiment inédit. C’est son point fort, enfin à mon sens. J’émettrai tout de même des réserves. La note lactonique s’avère aussi très persistante et ce n’est pas ce que je préfère même si elle me dérange beaucoup moins que dans d’autres compositions notamment lorsqu’elle renforce le côté crémeux du bois de santal. Je trouve que c’est un parfum, somme toute, intrigant et qu’il faut découvrir. Il y a beaucoup de créations dans la marque et il est vrai que Pierre Guillaume n’a pas vraiment de barrière et qu’il explore de pistes olfactives. Merci à Jérémy pour cette redécouverte.
L.T. Piver, une renaissance ?
Je ne vais pas revenir sur l’historique de la maison LT Piver dont la création remonte à 1774, qui a été la première marque à utiliser des molécules de synthèse au XIXème siècle et qui a traversé le temps avec des hauts et des bas mais je voulais absolument évoquer, avant toute chose, la renaissance d’une maison emblématique et à laquelle je suis très attaché. En 2022, la marque a été rachetée par Nelly Chenelat-Durand, directrice de la société NCDR Parfums et qui, forte de son expérience, a décidé de la dépoussiérer pour la faire revenir à la place qu’elle mérite, celle d’une maison patrimoniale et historique. Je ne résiste donc pas à vous partager ce que j’ai appris sur le site en construction qui annonce le retour, sur le marché, et sans doute dans les parfumeries, de cette maison qui m’est, je le redis, très chère.
Nelly Chenelat-Durand a décidé de relancer les huit parfums incontournable de la marque, « Cuir de Russie », « Héliotrope Blanc » (apparemment devenu « Héliotrope ») « Rêve D’Or », « Pompeia », « À La Reine des Fleurs », « Un Parfum d’Aventure » dans deux concentrations, eau de toilette et eau de parfums, ainsi que toute une gamme de produits cosmétiques, une ligne de soin et de senteurs pour la maison. Le site annonce aussi le lancement de collections en édition limitée. Je n’ai encore rien senti mais j’ai vu les visuels et, franchement, ça me donne envie que le site soit effectif et que les parfumeries fassent, peut-être, le choix de distribuer cette maison incontournable et historique. Je voulais donc, en avant-première, faire cette annonce en attendant une revue qui viendra compléter mes impressions lorsque j’aurais accès aux créations.
Tout cela pour dire que je souhaite vraiment, très sincèrement, beaucoup de succès à Nelly Chenelat-Durant pour son pari qui est, il faut le répéter, une prise de risque. Les visuels sont très beaux, le site promet de vraiment donner envie alors vivement que nous puissions découvrir les créations !
La Emperor Collection d'Electimuss
L’une d’entre-vous m’a offert très gentiment des échantillons de la très onéreuse collection Emperor de la marque britannique Electimuss et je dois dire que j’ai mis un certain temps à me décider à les essayer. Je n’aime pas trop mettre en avant quatre parfums que je considère comme assez difficile à aborder, que ce soit au niveau de son univers ou à celui de leur prix (445 euros pour 100 ml c’est une somme !) mais je me suis dit qu’il fallait que je fasse honneur à ma lectrice qui a vraiment adhéré à ces quatre compositions d’inspiration orientale très nette, donc, assez éloignés de mes goûts habituels. J’ai fait mes devoirs et les ai posés sur ma peau pour une certaine durée. C’est une gamme très qualitative et je vais essayer de vous donner mes impressions, très subjectives, en essayant de me montrer le plus honnête possible. Allez, je vous emmène :
Créé par Julien Rasquinet, « Cupid’s Kiss » est le premier que j’ai essayé et je dois dite qu’il m’a vraiment surpris. Le parfumeur en exprime ainsi l’inspiration : « L'amour peut prendre de nombreuses formes, qu'il s'agisse de l'amitié, de la famille ou de l'amour romantique. Quelle que soit la forme d'amour considérée, une chose est sûre : elle est compliquée. Cette complexité se reflète dans les facettes très détaillées et nuancées du parfum Cupid's Kiss. De la délicatesse exaltante du début du poivre rose au confort doux du cœur d'orris, en passant par les éléments sophistiqués de daim de la base, une chose est sûre : Cupid's Kiss est un parfum qui convient à la plus intemporelle des entreprises humaines, l’amour ». En effet, c’est un cuir un peu poudré, profond, très intense. Sur son site, la boutique Jovoy parle d’un sillage extravagant et je trouve que c’est la cas. J’y suis allé tout doucement et j’ai eu raison. L’envolée de bergamote et de poivre rose m’a ravi c’est vrai. Il y a quelque chose de doux et piquant en effet et le coeur d’iris et d’immortelle n’est pas sans rappeler des cuirés que je pourrais porter. En revanche, je l’admets bien volontiers, je suis moins attiré par le fond, en apparence très doux avec un accord daim mais, finalement, très dense car il est associé à des notes de labdanum, de oud qui m’a semblé naturel et de santal. « Cupid’s Kiss » est un cuir ambré très qualitatif, je ne veux pas dire le contraire, mais il est beaucoup trop dense pour moi, je ne pourrais pas le porter même par petites touches même si j’aime le côté clair-obscur que je trouve très abouti. Il est réservé aux amateurs de cuir très tranché et il faut l’essayer à plusieurs reprise pour en saisir la complexité.
« Le gladiateur que nous avions en tête comme source d'inspiration pour ce parfum est un noble guerrier. Un vainqueur doté du courage, de la puissance, de la sagesse et de l'habileté nécessaires pour gagner dans l'arène des gladiateurs, mais aussi un leader né avec confiance, intégrité et dignité. Mon rêve était de créer un parfum emblématique digne de ce nom : un oud addictif et portable combinant l'habileté et la physicalité d'un combat avec la noblesse d'un véritable leader, le tout dans le théâtre impressionnant de l'arène de gladiateurs. Pour réaliser ce projet, nous avons collaboré avec Julien Rasquinet. Gladiator Oud est un parfum magnétique, unisexe et sans effort », tels sont les mots de la marque et de Julien Rasquinet pour nous expliquer d’où vient « Gladiator Oud » lancé en 2023 et qui est, je ne le cache pas, le parfum de la collection que j’ai eu le plus de mal à aborder. Là encore, la tenue et le sillage sont atomiques. Le départ d’ambre gris, de safran et de cumin allie des notes très animales à un côté presque minéral que je trouve vraiment abrupte. Le coeur de géranium, légèrement mentholé est assagi par des notes de miel et d’immortelles très finement travaillées mais je ne supporte que très difficilement le fond de oud, encore plus dense que ce à quoi je m’attendais puisqu’il est associé au patchouli, au cèdre et au vétiver. J’avoue qu’il m’a vite dérangé et que j’ai du le retirer de ma main. Il y a quelque chose de vraiment déplaisant pour moi à le porter car il est trop éloigné de mes goûts. Je pense qu’il doit plaire car il coche toutes les cases des amateurs de oud animal mais je passe mon tour.
Lancé en 2020 et créé par Christian Provenzano, « Octavian » est le troisième parfum que j’ai essayé et il est aussi le plus classique de la collection : « Une somptueuse fragrance unisexe à base de rose, sublimée par des ingrédients exotiques que l’on pouvait trouver dans l’empire romain ». Opulent, luxueux, il s’agit d’un Oud-rose comme on en trouve d’autres sur le marché mais il m’a semblé plus finement travaillé que certains. Il est vrai que c’est un univers parfumé qui ne me parle pas du tout. On y retrouve une envolée, devenue classique, de safran et de poivre rose, un coeur de rose et d’encens très très dense et un fond de oud ambré peut-être un peu plus « occidentalisé » que dans les précédents. Je mets des guillemets car il est quand même animal. La tenue et le sillage, comme ceux de toute la collection, sont vraiment très intenses et je dois dire que c’est un peu trop pour moi. Je me suis astreint à le porter un peu plus longtemps. Franchement, je l’ai trouvé réussi mais je ne pourrais absolument pas porter ce type de composition. En général, j’aime beaucoup le travail de Christian Provenzano et c’est vrai qu’il y a quelque chose de virtuose dans ce parfum mais je ne l’ai pas apprécié car ce ne sont pas du tout mes notes. En revanche, je comprends pourquoi il a séduit la personne qui m’a adressé les échantillons car il s’avère très qualitatif.
Un départ de bergamote, un coeur de cognac et de rose et un fond de oud, d’ambre gis, de vanille et de santal, tel est « Amber Aquilaria », créé par Christian Provenzano en 2019 et qui a inauguré la collection. « De riches notes de cognac donnent toute son intensité à cette création puissante qui s’ouvre par de lumineuses et pétillantes notes de bergamote. S’ouvre alors un cœur charnel de roses qui apporte un effet de velours avant de se parer des notes opulentes et chaleureuses d’ambre, de santal, de vanille bourbon et de oud ». Je dois dire que, dans l’absolu, ce parfum qui a inauguré cette collection, est mon préféré même s’il est vraiment hyper intense et rond. Dès la vaporisation, on sent la qualité des ingrédients et j’ai été séduit, je dois bien le dire. Le parfum est une « grosse machine », il en impose, il m’emmène assez dans des fauteuils en cuir, dans un club privé enfumé londonien (où je ne suis jamais entré), en tout cas, c’est l’idée que je m’en fait. Ce parfum, j’ai cherché longtemps à quoi il me faisait penser et j’ai fini par trouver. Il est dans le même esprit que « Baraonda », créé par Alessandro Gualtieri pour sa marque, Nasomatto que j’ai un peu porté. J’ai la même attirance mais je sais que, à terme, je ne pourrais pas le supporter. En tout cas, c’est une très belle création, dotée d’un sillage et d’une tenue incroyables. Il est mon préféré de la collection mais, encore une fois, il n’est pas pour moi.
Je voudrais remercier Katharine, qui vient sur ce blog depuis le début (et ça commence à dater) et qui m’a envoyé ses échantillons pour me faire découvrir la Emperor Collection . Ça m’a pas mal bousculé et ça fait du bien ! Vous l’aurez compris, ces parfums ne sont pas pour moi et je les trouves très dispendieux mais il faut reconnaitre qu’ils sont qualitatifs. En tout cas, je suis content d’avoir « tenté le coup » et essayé de les porter.
Chris Maurice, au pays des notes fruitées
Avec la découverte de la très belle maison Phenom, sortie il y a tout juste quelques mois, j’ai eu envie de me pencher sur le travail de Chris Maurice, qui a déjà créé beaucoup de compositions, entre-autres pour Xerjoff ainsi que d’autres maison italiennes. Il est né en Espagne dans une famille de parfumeurs et demeure aujourd’hui l’un des directeurs de Carbonnel S.A., une société de composition ibérique. Il a beaucoup travaillé en Europe, en haute parfumerie et a déjà, à son actif, près plus de 250 créations. J’en connais quelques unes et j’ai eu envie de venir vous en parler car, si je ne l’avais pas remarqué jusque-là, je trouve qu’il a une signature, notamment dans son travail sur les notes fruitées (la pêche en particulier) que je trouve très intéressante. J’ai adopté, il y a peu, une de ses compositions pour Phenom, « Fleur de Socotra », et je dois dire que c’est un énorme coup de coeur. Je vais tenter d’explorer avec vous la toute petite partie du travail de Chris Maurice que j’ai pu découvrir et essayer. Allez, je vous emmène…
C’est grâce à Anissa de la parfumerie parisienne Uni/vere que j’ai découvert, il y a quelques mois, la collection d’extraits de la maison Atrophil & Stella. J’ai, entre-autres, été très impressionné par « Love In Lost » créé, en 2020, par Chris Maurice. « Comme un pétale qui retourne magiquement à sa corolle après s'être posé au sol, Stella s'est nichée dans la rose des cieux, cherchant à préserver la sensation de proximité avec Astrophil. Elle a réalisé que l'univers exhale le parfum de l'attraction et a pensé que si chaque fleur se fane pour ensuite refleurir à nouveau, tout amour est perdu seulement pour être retrouvé ». L’envolée de bergamote, très qualitative, douce et acidulée à la fois et de néroli assez vert nous conduit vers un coeur de rose de Bulgarie, de géranium égyptien et de jasmin sambac d’Inde pour se poser, après une très longue évolution, sur un fond très délicat de mousse de chêne et de vanille de Madagascar soutenu par un accord ambre que je trouve presque cuiré. J’ai vraiment aimé ce parfum. Il est délicat mais puissant, élégant mais un peu « sauvage ». Chris Maurice a réinterprété l’ambré fleuri à l’ancienne en lui ajoutant une touche de modernité un peu surprenante, très addictive. « Love Is Lost » n’a pas perdu l’amour bien au contraire. C’est un parfum de séduction.
« Ambrosia est une danse légère entre fraîcheur et douceur, une fragrance qui invite à l’évasion. Son éclat fruité, gorgé de la vivacité du fruit de la passion et de la mangue verte, éveille les sens d’une énergie joyeuse et lumineuse. Au cœur de cette envolée, l’ambre et la fève tonka se mêlent dans une chaleur boisée et réconfortante, offrant à la composition une profondeur sensuelle et enveloppante. Une véritable invitation à la légèreté et à la quiétude », c’est grâce à Kenza et Abed de la boutique Evok à Lyon que j’ai redécouvert « Ambrosia » créé en 2025 pour Phenom par Chris Maurice et je dois dire que c’est un coup de coeur. Je l’avais aussi senti cet hiver à la parfumerie Univ/ere et je l’avais bien aimé mais mon impression s’et plus que renforcée. Solaire, chic, très délicat, c’est un parfum pour soi, pour se faire plaisir. Il s’ouvre sur des notes de mangue verte très juteuse, de pêche ultra-présente et un peu duveteuse et de fruit de la passion qui ne fait jamais cheap. Le coeur de jasmin adouci par le lait de coco me plait. C’est curieux. Je n’aime pas tellement le goût mais cette note me plait à sentir en parfumerie. Le fond, de vanille, de cèdre et de fève tonka, enveloppé du même accord ambré, me réjouit. Je pourrais tout à fait porter « Ambrosia ». Je le trouve parfaitement réjouissant. C’est un très très joli parfum à découvrir absolument.
Je n’ai encore jamais parlé de la marque anglaise Sarah Collins, pourtant je l’ai découverte grâce à l’une d’entre-vous et j’ai beaucoup aimé. Cet article sur Chris Maurice est une petite entrée en matière car il a composé plusieurs parfums pour la marque dont« Peach's Revenge » sorti en 2024 et qu’il décrit ainsi : « Ce parfum évoque la sophistication et les intrigues de la Renaissance à travers la richesse d’une pêche vicieusement juteuse, associée au pouvoir et à la séduction. Il débute avec une explosion de fruits voluptueux: pêche, goyave, et prunelle, annonçant son entrée avec exubérance. La douceur enveloppante de la vanille et du caramel prépare le terrain pour un moment de tentation irrésistible, tandis que l’orris apporte une texture de velours sous l’atmosphère opulente de la Renaissance. L’intrigue se densifie avec l’apparition des épices; cardamome, gingembre, et cannelle ajoutent une dimension complexe et épicée, évoquant l’aspect machiavélique du parfum. La transformation de l’écorce en bois et les poignards d’ambre soulignent la dualité entre la beauté et le danger. La finale sur une note d’amaretto rappelle subtilement que derrière la douceur séduisante de la pêche se cache une potentialité toxique, symbolisant la complexité des jeux de pouvoir de l’époque. Ce parfum est une ode aux contrastes, alliant séduction douce et danger élégant ». Vous le savez, je ne suis pas très amateur de parfums gourmands mais je suis assez client de ceux de cette maison délicieusement intrigante et je pense que j’ai bien choisi les mots. « Peach's Revenge » est, comme son nom l’indique, un travail autour de la pêche et je le trouve très réussi. Elle est présente dès la vaporisation et associées à des notes de nectarine et de goyave ainsi que d’amaretto. L’ensemble est fruité, un peu gourmand mais surtout très « juteux » et doux. Le coeur d’iris se fait poudré, presque terreux mais il est rehaussé d’épices telles la cardamome mais aussi le gingembre et la cannelle. Le fond est légèrement boisé, ambré et surtout très musqué avec aussi un versant un peu caramel. L’ensemble est sans prétention mais diaboliquement bien réalisé. Chris Maurice a réussi à rendre ce parfum à la fois addictif et élégant.
« Une composition très moderne où de délicates notes de fruits enveloppent l'éclat et l'effervescence de la rose. Un sillage envoutant, enrichi d'une précieuse note de vanille » tels sont les mots de la marque italienne Bois 1920 pour décrire « Oro Rosa » créé, comme son nom l’indique, en 2021, pour la collection Oro et dont je possédais un échantillon. Je l’avais oublié et j’ai été enchanté de le remettre sur ma peau car il est vraiment ultra réussi avec un départ de poire juteuse, de melon, de pomme et d’orange très amère à ce que je peux en sentir. Le coeur de rose et de litchi est un peu densifié par héliotrope et de jasmin pour un côté à la fois floral et amandé. Le fond de vanille et de muscs blancs complète parfaitement une création que je trouve particulièrement belle et bien trouvée. À mon sens, si « Oro Rosa » est indéniablement le parfum le plus classique de ma sélection, il est aussi une interprétation de la « reine des fleurs » en parfumerie que je trouve particulièrement inspiré. J’étais complètement passé à côté de cette composition et je me dis qu’il va falloir, un jour ou l’autre que je me mette vraiment à découvrir cette maison italienne qui recèle, j’en suis certain, de très belle créations. Chris Maurice en a conçu plusieurs et cela me donne envie de m’y arrêter.
Je n’étais pas vraiment très attiré par le travail de Chris Maurice pour Xerjoff mais j’admets volontiers que ce qu’il a inventé pour d’autres marques me correspond davantage. En tout cas, j’aime beaucoup « Fleur de Socotra » que je porte et qu’il a composé pour Phenom et j’ai hâte de découvrir la marque Librery, à mon prochain passage chez Uni/vere à Paris, une toute nouvelle maison dont il a signé les parfums avec Nathalie Feisthauer dont j’admire beaucoup le travail.
Les pays des lavandes
J’ai un drôle de rapport à la lavande. J’ai porté des parfums, tels « Pour Un Homme » de Caron, dans lesquels elle est utilisée en majeur, pendant des années puis je m’en suis complètement détourné. Pour une raison purement personnelle, j’ai eu l’opportunité de remettre mon nez dans certains parfums aromatiques qui la mettent en avant et il m’a semblé intéressant, avec mes goûts actuels, d’en faire une revue, la moins subjective possible et ce n’est pas facile, afin de vous donner peut-être envie de vous pencher à nouveau sur cet ingrédient qui n’est ni dans l’air du temps ni franchement moderne. Alors lavande de Provence ou d’Écosse ? Je vais essayer de faire la part des choses de mon mieux et de vous donner envie de sentir et de sentir encore
Quand j’ai fait une revue sur la maison française Nissaba, je ne pense pas avoir évoque « Provence » créé en 2023 par Sébastien Cresp qui en décrit ainsi l’inspiration : « Ce qui me vient à l’esprit pour la Provence, c’est des grands champs de lavande. La Provence, c’est les grillons, la chaleur, la nature, la mer, la montagne Je n’ai pas fait un parfum classique, ou on a des ingrédients imposés. C’est vraiment moi qui ai choisi les ingrédients du terroir de la Provence : la lavande Diva, la plus belle qualité de lavande, la sauge sclarée, l’hysope, le lavandin et la coriandre. Ce parfum je l’ai construit autour de cet accord provençal. Ensuite je l’ai marié à un accord thé vert, je l’ai sophistiqué avec d’autres facettes ; des facettes épicées, végétales, vertes. Enfin j’ai travaillé un fond boisé et santalé. Quand je le sens, je suis transporté en Provence ». Je dois dire que ce parfum, très aromatique, m’a quelque peu dérouté. Je le trouve un peu abrupte, très solisenteur même s’il s’avère beaucoup plus complexe qu’il n’en n’a l’air. Il se détourne un peu de la fougère traditionnelle avec une envolée de coriandre, de menthe et de poivre noir très épicé qui contraste et donne du corps aux notes vertes très faciles à discerner. Le coeur est une lavande presque fleurie et rehaussée de sauge sclarée et, en toute fin d’évolution, le parfum se pose sur un fond résolument aromatique construit autour de l’hysope, une plante fleurie et herbacée très présente en Provence et qui et soutenue par des notes de cèdre et de santal. « Provence » n’est certes pas le parfum de tout le monde et Sébastien Cresp a vraiment utilisé ses connaissance de ce terroir pour en sortir une composition originale et naturaliste. Pour ma part, je suis un peu dérouté par cette création étonnante, presque un peu « brutale » pour moi mais je lui reconnais beaucoup de personnalité.
Avec « L’Eau de Sévigné », qu’elle a créé en 2020, Stéphanie de Bruijn prend le contrepied de la création précédente. « Cette eau de Cologne fraîche, légère mais raffinée que j’ai créé , rappelle l’élégance de la célèbre marquise et femme de lettres parisienne, qui habita la place des Vosges et baptisa la si belle rue de Sévigné. Vous retrouverez dans cette Cologne la pureté de la lavande et la douceur du petitgrain, relevés avec audace par une touche pétillante, apportée par la Bergamote ». Elle effectue un travail beaucoup plus en douceur et en légèreté, comme une Cologne à l’ancienne, avec une envolée de bergamote, un coeur super élégant de lavande et de menthe et un fond qu’elle a voulu plus tendre avec un néroli vert et floral renforcé par le petit-grain et le romarin. J’ai beaucoup aimé « L’Eau de Sévigné ». C’est une très belle création qui coche toutes les cases pour devenir un grand classique de la parfumerie. Je lui trouve même un côté un peu « à l’anglaise » dans le traitement très floral de la lavande. Je ne sais pas quelle qualité de plante elle a utilisé mais cela m’a rappelé un peu les Cologne écossaises vendues près d’Aberdeen. J’ai trouvé le côté un peu désuet vraiment charmant. C’est un parfum d’élégance qui plaira autant aux hommes qu’aux femmes tant il est androgyne et universel. Pour moi, réinventer la lavande au sein d’une Cologne sans trop explorer ce que je connaissais est un tour de force.
« La lavande est si attachée à la Provence que parfois les cultivateurs ignorent qu’elle fut introduite lors des invasions romaines qui donnèrent à cette région le nom Provincia Romana d’où dérive son nom actuel ». Avec son départ de lavande et de cassis, son coeur de cèdre et son fond musqué, « Lavande Romaine », créé en 2020 par Jean-Claude Ellena pour la collection de Grasse de Perris Monte Carlo est, à mon sens, vraiment emblématique du travail épuré autour de cette note. Le départ est littéralement fruité et acidulé, totalement addictif, puis le parfum se fait aromatique, boisé, presque grillé un peu comme « Gris Clair » de Serge Lutens qui, je crois, n’existe plus. C’est une lavande vraiment évocatrice. Elle me fait penser aux champs qui se trouvent un peu dans les terres mais près de la mer Méditerranée. J’ai un peu de mal à porter ce parfum même si je le trouve merveilleusement réussi. Pour moi, c’est un exemple parfait d’aromatique équilibré. Jean-Claude Ellena, avec cette formule courte, exprime la lavande plus qu’il ne la transforme. En tout cas, j’aime énormément le sentir.
J’ai toujours aimé l’approche « à l’anglaise » de la lavande. Je pourrais citer « Lavandula » de Penhaligon’s qui n’existe plus, mais aussi « English Lavender » de Yardley qui demeure, pour moi, un incontournable à petit prix. J’avais aussi envie de parler créé en 1995 par Jo Malone pour sa marque éponyme de l’époque et que j’ai beaucoup porté. « Un classique de la parfumerie masculine, revisité. La lavande française et le petit grain apportent une luminosité fraîche à l'ambre précieux. Cultivé et cosmopolite ». Je crois qu’on peut toujours trouver cette créations dans les archives de la marque mais qu’elle a été remplacée depuis, dans la collection permanente par « Silver Birch & Lavender » que je trouve plus sombre. La colonne vertébrale en est simple : un départ de petit grain très frais, avec des accents presque fleur d’oranger et une certaine amertume, une lavande camphrée très douce avec des notes de miel et de foin et un fond construit autour d’un accord ambré. Rien de bien révolutionnaire me direz-vous et vous aurez raison mais juste une certaine élégance, plutôt destinée aux hommes mais qui pourrait tout à fait plaire aux femmes élégantes. J’ai énormément aimé « Amber & Lavender », d’ailleurs je l’ai porté pendant des années. Je le connais bien mais je remettrais bien mon nez dessus.
Voilà pour ce petit tour d’horizon de la lavande dans tous ses états. J’espère avoir été un peu synthétique et ne pas trop m’être perdu dans mes souvenirs. En tout cas, j’ai eu beaucoup de plaisir à écrire cet article. Je ne vais pas mentir, pour moi, la lavande des lavandes reste, malgré-tout, l’incontournable « Pour Un Homme de Caron ». Je le trouve parfait et régressif. En tout cas, il demeure indémodable.
Promenade dans mes doses d'essai
Comme chaque mois, j’ai essayé quatre parfums dont je disposais d’une dose d’essai ou que j’ai pu porter en les découvrant en parfumerie. J’ai essayé d’aller un peu dans des directions opposées mais il faisait beau quand j’ai préparé cet article or je me suis plutôt concentré sur des créations un peu plus légères sans m’en rendre compte de prime abord. Je pense que je n’avais parlé d’aucune dans des articles précédent mais je me trompe peut-être. Enfin, ce n’est pas important. Le principal est de vous donner mes impressions maintenant, à l’instant T. Alors aurai-je eu un ou plusieurs coups de coeur ? Vous le saurez en lisant ces quelques lignes.
Je crois que je n’avais jamais essayé « Odalisque » créé, pour sa marque éponyme, par Patricia de Nicolaï et je ne sais vraiment pas pourquoi car il s’agit d’un chypre classique, très élégant avec une jolie tenue et un sillage très suffisant. « Les inconditionnels des parfums Chypre succomberont à cette valse à trois temps composée d’un trio d’agrumes et de muguet sur un fond mousse de chêne ». Je départ est très classique mais un peu vert et fusant. Il allie la douceur de la bergamote et de la mandarine, très présente sur ma peau, au côté plus herbacé du galbanum. Assez vite, nous arrivons sur un coeur très floral avec un accord muguet et un absolu de jasmin qui se poudre et s’arrondit grâce au beurre d’iris. Le fond, très classique, mousse de chêne et patchouli se poudre avec les muscs blancs. Sur moi, ce parfum a vraiment un développement très agréable, comme un voile chypré. Je le trouve très romantique, presque poétique. Patricia Nicolaï est une virtuose et, techniquement, elle sait très bien réaliser des compositions hyper équilibrées mais si elle n’avait pas autant de goût et d’imagination, ses créations ne seraient pas aussi séduisantes. Pour résumer, j’ai adoré porter « Odalisque » et je pourrais tout à fait le porter. Il me plait et il faudra que je m’y repenche lors d’un prochain passage en boutique. Vraiment, je suis séduit. Je trouve qu’il s’agit-là, d’une des plus belles créations de la collection. Patricia de Nicolaï a su, dès 1989, créer non pas de beaux parfums mais de grands parfums et « Odalisque » en fait partie.
« Dans le parfum reconstitué par Nicolas de Barry, l’accord Iris-Tubéreuse centralise un effluve sensuel où est incorporé l'Osmanthus de Chine et le Oud très en vogue à cette époque. Un parfum d'une provocante sensualité mais avec la touche aristocratique, proprement impériale, de l'Iris de Chine… ». Les parfums historiques de Nicolas de Barry sont devenus difficiles à trouver en boutique mais ils n’en demeurent pas moins vraiment réussis et ultra-qualitatifs. J’ai pas mal parlé de « George Sand » que je porte depuis de très nombreuses années, parfois aussi de « L’Eau du Prince Igor » qui est, à mon sens, l’un des plus beaux cuirs de Russie que j’ai pu sentir. Inversement, j’ai un peu laissé de côté « Wu Zeitan », dédié à l’impératrice chinoise du même nom et je ne me souvenais pas que je possédais un très grand échantillon (hélas sans vaporisateur) et que je pouvais le porter assez facilement. J’échange souvent avec Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures car elle porte cette création et j’ai eu très envie d’essayer vraiment. Je l’ai donc mis sur une journée entière, un dimanche, et j’en ai parfaitement profité. Il s’agit d’un travail tout en délicatesse et en élégance autour de l’une de mes fleurs de prédilection : la tubéreuse. Le parfumeur l’a travaillée comme pour en extraire un solinote. La tubéreuse, ici, est mise en valeur avec des notes d’osmanthus, d’iris et de bois précieux et le résultat est du plus bel effet sur ma peau. C’est une fleur pétale, exotique, mystérieuse, qui se développe comme un voile de légèreté. La tenue et le sillage sont limités (en tout cas sur ma peau) mais la beauté de la création me fait vraiment aimer ce parfum. Pour moi, c’est une pièce maîtresse de la collection Parfums Historiques de Nicolas de Barry et peut-être l’une de ses plus belles réalisations.

Créé par Sophie Labbé en 2020, « Cypress & Grapevine » a intégré la collection des Cologne Intenses de Jo Malone comme un masculin assumé. La marque a d’ailleurs choisi l’acteur britannique Tom Hardy comme égérie. « Pour celui qui savoure la surprise. Rencontres fortuites, coïncidences mystérieuses et changements imprévus. Tout est bienvenu ». Je dois dire que j’avais, à sa sortie en France, un peu passé mon tour mais Pénélope, de la boutique lyonnaise, m’avait gentiment offert un échantillon et je l’ai essayé à tête et à nez reposés chez moi pour me faire une idée plus précise. Comme toujours chez Jo Malone, nous ne connaissons que les notes principales mais elles sont quand même des points de repère. L’envolée de cyprès et de lavande se fait boisée, résineuse mais aussi aromatique grâce à la lavande et on a l’impression d’entrer dans une fougère classique mais le coeur de bois de vigne vient lui donner son caractère. Il y a presque un côté « oseille ». Le fond de mousse et d’ambertonic, une molécule qui se rapproche de l’ambre gris mais dans une tonalité plus fraîche, vient compléter un parfum qui sera, finalement, un vrai boisé. Sur ma peau, la tenue et le sillage sont assez « costauds » mais, au bout de quelques heures, le parfum se pose. Si je veux analyser mon ressenti, je dirais qu’effectivement, il va plaire plus aux hommes qu’aux femmes. Je le trouve presque des accents de reconstitution de musc animal. L’ai-je aimé ? Je ne sais pas. Il me laisse toujours aussi dubitatif. Peut-être est-il un peu trop tranché pour moi et ne suis-je pas la cible. Je préfère les parfums plus androgynes que je peux m’approprier sans références extérieures.

Pour sa marque, Rania J., la parfumeuse Rania Jouaneh a inventé « Jasmin Kama » en 2013 et je l’avais senti sans essayer. Elle explique : « Une fragrance sophistiquée, fraîche et pure. Créée à partir d’Absolue de jasmin et mariée à la douceur de la vanille et de la rose. Jasmin Kama est une invitation à l’amour et à l’enchantement ». Je possédais une dose d’essai et j’ai supposé que j’avais bien aimé le découvrir alors je l’ai essayé et, vraiment, c’est un parfum très étonnant car il s’agit d’une construction chyprée fraîche et douce à la fois avec un départ poudré de rose et de bergamote, un coeur de jasmin très envahissant et qui constitue son originalité. Le fond de patchouli, de santal, de muscs, d’héliotrope et de vanille lui confère quelque chose tendant vers un parfum ambré amis en restant, il faut le dire, dans une certaine légèreté, en tout cas sur moi. Le sillage est assez limité mais il me suffit largement. En revanche, je trouve la tenue très bonne. Travailler le jasmin sur un versant plutôt frais était assez original mais j’avoue que le fond m’entête un peu. Je pense que « Jasmin Kama » est, objectivement vraiment un très beau parfum, une création singulière et tout à fait intéressante à essayer. En revanche, sur moi, une note se développe et je la trouve un peu écoeurante. J’ai bien aimé le découvrir mais je ne le porterai pas. Ce sont les hasards des tentatives

Globalement, j’ai bien aimé les quatre parfums que j’ai essayé pour écrire cette revue mais le seul que je pourrais porter est « Odalisque » de Patricia de Nicolaï. « Wu Zeitan » est super beau mais, sur ma peau, la tenue est un peu trop limitée et je suis moins client de « Cypress & Grapevine » même si j’ai l’impression qu’il matche bien sur ma peau. C’est un peu la même problématique que j’ai pu rencontrer avec « Jasmin Kama », je l’aime bien mais… enfin je l’ai déjà développé. En tout cas, j’espère que, si vous croisez ces parfums, vous aurez l’envie de les essayer.