"Musc Tonkin" ou l'art de se laisser surprendre
Je connais ce parfum depuis des années et si on m’avait dit un jour qu’il figurerait dans les Exquises trouvailles, je ne l’aurais pas cru. En effet, les choses partaient mal, je déteste son départ que je trouve vraiment trop animal et je l’avais senti sur une peau féminine sur laquelle il me dérangeait carrément et sur une peau masculine qui, c’est vrai, le transformait d’une manière plus jolie. Je ne sais pas pourquoi, sans doute parce que j’avais une dose d’essai sous la main, j’ai eu envie de l’essayer vraiment en me disant que je parviendrais bien à m’en débarrasser s’il me dérangeait trop. « Musc Tonkin » a été créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque Parfums d’Empire en 2012. Tout d’abord, il était prévu en extrait et en édition limitée puis, je ne sais pourquoi, il a intégré la collection classique en eau de parfum avant de revenir, il y a deux ou trois ans, en version extrait. Vous vous y perdez et moi aussi ! Bref, j’ai essayé, je pense, l’eau de parfum mais elle n’est pas très différente de l’actuel extrait. Le parfumeur a voulu recréer, via des matières naturelles et synthétique, le fameux musc utilisé en parfumerie jusqu’au début du XXème siècle par les parfumeurs et qui semblait tellement mystérieux. En effet, il est aujourd’hui interdit, et c’est une chose bien normale, de tuer le chevretin de l’Himalaya qui le produisait pour pouvoir le prélever. Il faut dire que l’engouement pour cette matière était notamment cruelle pour l’espèce mais qu’il la faisait menacer de disparition. Les parfumeurs ont cherché, depuis je crois les années trente, à recréer au plus près cette matière qui donnait de nombreuses facettes au parfum et Marc-Antoine Corticchiato en donne sa lecture qu’il a transformé, en l’associant à des notes miellées, à un parfum.
Le parfumeur s’est alors attelé à créer un parfum sensuel, animal mais aussi très floral dans son évolution sur ma peau. Je dois bien admettre que je l’ai essayé un peu par défi car, quand je le sentais, je le trouvais impossible. Il a vraiment fallu le poser sur ma peau, l’attendre et résister à l’envie de m’en débarrasser pour découvrir qu’il matchait parfaitement. Au bout de quinze minute, sans que je comprenne pour moi, la fragrance est devenue à la fois cosmétique, fleurie et presque poudrée. J’ai été vraiment surpris par ce qu’il dégageait. J’étais loin du côté très animal du départ et de ce à quoi je m’attendais. Il faut dire que j’avais eu, un peu dans la même idée, une vraie mauvaise expérience avec « Musc Koublaï Khan » créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens que j’ai vraiment détesté. Marc-Antoine Corticchiato décrit ainsi sa création : « Une aura puissante, addictive… érotique. Effluves de chair en émoi tour à tour cuirés, solaires, félins. C’est sur un mode contemporain et inédit que cet élixir réinvente une note adulée depuis des millénaires, la plus suave de la parfumerie : le mythique Musc Tonkin. Plus qu’un parfum, une empreinte » et je trouve que tout est dit. J’avais envie de l’entendre parler de sa création. J’ai donc trouvé une petite vidéo dans laquelle il le raconte :
Mes carnets de voyages : Berlin
Quand je suis allé, d’une manière très impromptue, passer un week-end à Berlin, j’étais jeune, je n’avais pas trente ans, célibataire et libre de toute attache. J’en garde donc un souvenir plus festif que réellement touristique. La ville est pourtant toute pleine d’intérêt de ce point de vue. En effet, à part quelques galeries d’art près de la porte de Brandebourg et le très intéressant musée du cinéma, j’ai surtout consacré ces trois jours, tout du moins le soir, à faire la fête. Je suis loin d’être un noctambule et pourtant, après être allé boire un verre, j’ai fait des connaissances et je me suis laissé porter. C’est donc un parfum symbolisant le Berlin by night,, et ses endroit conviviaux, qu’il soit des années 20 avec les cabarets qui m’ont tellement fait rêver dans des films tels « Der Blaue Engel » de Josef Von Sternberg par exemple, ou des années 2000 que j’ai eu envie de dénicher. Il faisait froid donc je me suis plutôt tourné vers un cuir un peu chaleureux et j’ai exploré la seule marque allemande que je connaisse un tant soit peu et j’ai donc opté pour « Leder 6 » de la maison allemande J.F. Schwarzlose Berlin, créé par Véronique Nyberg.
Attention, il n’est pas facile. C’est un cuir très animal, pas forcément évident à s’approprier. La marque le décrit ainsi : « Pour beaucoup, le cuir est une passion à laquelle on attribue des pouvoirs magiques ; un objet de désir. Leder 6 s'inspire des parfums de cuir classiques et de la scène sauvage des clubs berlinois. Leder 6 est un parfum basé sur le vieux classique de J.F. Schwarzlose Berlin « Spanish Leder ». La nouvelle création de parfum apporte le caractère traditionnel de la première composition de 1921 à l'ère moderne. La note de fond sauvage de l'encens et du résinoïde japonais Styrax représente l'érotisme méchant d'antan. Avec le cuir sensuel ainsi que la fleur de safran en note de tête, Leder 6 allie les traditions de la production de parfums aux nuits sauvages de Berlin d'aujourd'hui. L'élément instinctif, qui ne laisse jamais la capitale dormir, se retrouve dans le caractère animal et cuiré du parfum. La note de cœur doucement enveloppante de lait et de vanille pure surprend : comme dans de nombreux parfums J.F. Schwarzlose Berlin, le cœur du parfum est un élément excitant. Il complète la première impression du parfum et éveille chaleur et sensualité. Leder 6 est ainsi un parfum sombre et sensuel dont on ne peut échapper au mystère ». Entre douceur, amertume et animalité, je trouve ce parfum particulièrement sexy. C’est un adjectif que je n’aime pas associer à une composition car c’est vrai que cela veut tout dire et rien dire mais c’est aussi peut-être comme ça que je pourrais qualifier mon ressenti quant à l’ambiance berlinoise alors je le trouve parfait pour illustrer ce carnet de voyages.
Stéphanie de Bruijn, et de l'élégance avant toute chose
* Article modifié
Il y avait quelques temps que je voulais découvrir la maison Stéphanie de Bruijn et j’ai pris le temps de tester, essayer et revenir sur toutes les fragrances lors de mon dernier passage au Printemps Haussmann. Je dois dire que j’ai été assez séduit par cet univers discret, classique et pourtant très agréable car doté d’une vraie élégance à la française. Ce ne sont pas des créations délirantes mais elles sont parfaites pour aller vers la parfumerie d’auteurs. J’ai même cru déceler une petite influence « goutalienne » dans certains des parfums et, comme vous le savez, ce n’est pas pour me déplaire. Tout en finesse, tout en chic, la maison Stéphanie de Bruijn offre de belles fragrances, de tendres effluves qui nous font bien plaisir à sentir et à porter. Pour moi, c’est un beau recueil de valeurs sûres et ça fait du bien. Je suis assez enthousiaste mais j’ai retenu mes six fragrances préférées sur la totalité de la collection. Allez, je vous emmène…
Le premier parfum qui m’a vraiment plu m’a attiré déjà par son nom. Stéphanie de Bruijn l’a créé en 2020 et je dois dire qu’il est sans doute le plus surprenant de la collection. Après une envolée de citron acidulé et de pêche douce et veloutée, le coeur de muguet, de rose un peu poudrée et de jasmin explose et se pose sur un fond de cèdre, de vanille et de musc. La marque le décrit ainsi : « Cette eau de parfum rebelle et fruitée porte le nom de la princesse mythique, prête à tout pour sauver ce qui lui était cher. Présentée pour la première fois en plein cœur de Montmartre, la pièce de Jean Anouilh célèbre l’intrépide impertinence de la parisienne, celle-là même que l’on retrouve dans cette audacieuse fragrance ». Pour moi, Stéphanie de Bruijn a voulu explorer un univers impressionniste comme un tableau du début du XXème siècle avec de petites touches presque pointillistes et un nombre de facettes très important. Il faut aimer la douceur et une certaine idée de l’élégance sans trop de sophistication pour apprécier ce parfum original et dont l’évolution est, pour moi, vraiment agréable. Je lui ai trouvé vraiment beaucoup de charme et franchement, j’y suis venu et revenu après l’avoir essayé. Je trouve qu’il constitue un tournant dans l’univers parfumé de la marque jouant avec les codes et séduisant l’air de rien les uns comme les autres.
« Ce capiteux oriental vous envoûte de ses senteurs de Pêche et de Cassis et vous offre ses fleurs du Muguet à la Rose, du Géranium à la tendre Violette. Séducteur, il ose les notes effrontées d’Ylang Ylang, de Musc et de Patchouli avec une pointe de Vétiver pour vous donner envie de le suivre pour prendre le thé au Plaza Athénée. Quintessence de la Parisienne, toujours élégante et pourtant si sensuelle… » et « Montaigne est mon second coup de coeur ! Sur le papier, il a tout pour me déplaire et pourtant, ce parfum créé par Stéphanie de Bruijn en 2020 également, a séduit mon nez sans aucun doute. C’est indéniablement un oriental et son départ de pêche accroche par sa souceur et sa tendresse dès la vaporisation, le bouquet floral qui constitue le coeur est construit autour de la rose et de la violette poudrées rendues très solaires par le jasmin et l’ylang-ylang et le fond de patchouli et de santal arrondi par la vanille et un accord d’ambre pose le parfum. Il me réconcilie avec cette famille olfactive qui est devenue un peu difficile pour moi car il sait vraiment se faire délicat et ciselé. Je le trouve extrêmement facile à porter et il est un compromis parfait pour venir ou revenir vers les orientaux si l’on a peur qu’ils soient trop lourd. Il n’y a aucun déséquilibre dans son évolution et je le trouve facile à aborder et très intéressant vraiment. Il m’a emmené dans les salon d’un bel hôtel ou à une première de spectacle. Pour moi, c’est un parfum du soir parfait même si je l’assumerai sans problème en journée aussi.
Toujours créé par Stéphanie de Bruijn et lancé en 2020, « Saint-Honoré » est un très beau cuir musqué et vanillé et il allait évidemment me séduire car il s’ouvre sur des notes très amandées de fève tonka et de fleur d’héliotrope pour nous amener sur un coeur de cuir un peu suède, rehaussé d’une vanille aromatique et jamais écoeurante puis se pose sur ses fondations, un fond de bois de santal et de muscs blancs qui viennent renforcer le côté poudré de ce cuir pour ceux qui n’aiment pas le cuir. La marque le décrit ainsi : « Insolent mélange de Muscs blancs et d’une Vanille délicatement sucrée, qui vous emmène à la conquête d’un Paris terriblement 70’s. Une nouvelle femme libre et déterminée promène sa démarche féline gainée de bottes dans une envolée de couleurs chatoyantes au parfum de Woodstock et de Haute Couture à l'élégance très rock ». Très moderne, très chic et très « espiègle » à la fois, « Saint-Honoré » est, pour moi, tout en finesse et en douceur. C’est le cocon qu’on aime à retrouver, le parfum chemise blanche ou petite robe noire (je sais, c’est un peu rebattu) qui va nous faire plaisir à chaque fois. Je l’ai beaucoup aimé et, sans surprise, je pourrais parfaitement le porter pour plein d’occasions et même au quotidien plutôt pendant la saison froide.
Le quatrième parfum est, pour moi, un réel coup de coeur de part son originalité, la cohérence de son développement et son élégance impertinente que j’ai décelé tout de suite. Stéphanie de Bruijn l’a également créé en 2020 et il s’ouvre sur une envolée de bergamote poudrée par le rhizome d’iris, un coeur de gardénia acidulé par le bois de réglisse et un fond de benjoin, d’ambre et de vanille « à la manière » du papier d’Arménie. La marque le décrit ainsi : « Nommée d’après le duc de Sully, qui prêta son nom au majestueux pont parisien, cette eau de parfum sophistiquée associe avec une insolente élégance le poudré de l’Iris à la puissance de l’Ambre. Aussi intrépide que son homonyme, cette fragrance au caractère bien trempé saura souligner votre présence avec passion et noblesse ». C’est un parfum de cavalier ou d’artiste, une fragrance qui m’a fait sortir de ma zone de confort avec une jubilation étonnante. Il est très poudré sur ma peau au départ puis, il exprime des facettes fleuries et boisées un peu vanillées. Il n’est jamais entêtant et je comprends tout à fait son inspiration. Ce floriental comme on dit aujourd’hui est vraiment, pour moi, très fleuri et un peu épicé par le réglisse. Je l’aime vraiment beaucoup et je me serai fait une envie que ça ne m’étonnerait pas. C’est une merveilleuse création qui est né pour séduire.
« J’ai voulu créer une eau de Parfum pure à la présence singulière : l’Île aux Cygnes qui est un mélange floral où le Gardénia est mis à l’honneur, avec la superbe des cygnes qui peuplèrent un temps l’île parisienne au pied de la Tour Eiffel. Fasciné par tant de beauté, c’est en effet le roi Louis XIV en personne qui avait fait venir du Danemark ces quarante oiseaux immaculés pour pouvoir les admirer chaque jour. Cette eau de parfum inspirante et majestueuse est à leur image, mais rend également honneur à la statue de la liberté ». Avec « L’Île aux Cygnes », lancé en 2020, Stéphanie de Bruijn donne son interprétation du beau floral. J’avoue qu’il aurait pu faire partie de mes choix dans la marque car, vraiment, c’est une très belle création, toute en finesse et en délicatesse, juste comme j’aime. Le départ de néroli et de rose est, sur ma peau, un peu fugace et, très vite, il s’enrichit d’un coeur à la fois solaire et exotique comme j’aime, avec des notes un accord gardénia et des notes d’ylang-ylang puis le parfum se renforce d’un fond de notes musqués et santalée enveloppées d’une bien belle vanille. Ce parfum, c’est une pépite. Pour qui cherche un grand floral, lumineux et un peu mystérieux parfois, il va vraiment prendre sa place sur la peau. J’aime beaucoup la construction très tendre et toute en facettes. Il fait aussi partie de mes préférés.
Je vais terminer par « Cherche-Midi » que j’ai découvert plus récemment. « Parfaite association entre un Cuir raffiné et un accord de notes ambrées chaleureuses, Cherche-Midi nous emporte dans une ambiance familière et détendue, autour du brunch traditionnel d’un Dimanche à Paris ». Avec un franc départ de cardamome, un coeur de benjoin et de cashmeran et un fond construit autour un accord cuir avec des notes d’ambre et de cèdre, « Cherche Midi » est vraiment l’une des créations plus récentes de la marque que je préfère. Je trouve que c’est un parfum cuiré certes mais tout en douceur, en légèreté, avec des accents de papier d’Arménie et d’ambre. Rond sans excès, « Cherche Midi » est vraiment un parfum que je pourrais porter. Pour moi, on est fin octobre, il commence à faire plus froid et la fragrance, réconfortante, nous enveloppe, nous donne quelque chose d’une élégance bohème très « Rive Gauche » en effet. C’est une création moderne mais jamais trop contemporaine, facile à porter tout en restant singulière. C’est, pour moi, également, un coup de coeur.
Il y a d’autres belles choses dans la collection de Stéphanie de Bruijn et j’y reviendrai sans doute dans l’avenir mais je ne voulais pas partir dans tous les sens et j’ai préféré me concentrer sur mes quatre coups de coeur. J’ai aussi noté une cologne très fleur d’oranger et une fougère très élégante mais cela fera l’objet d’autres essais et d’autres impressions. En tout cas, je suis convaincu et c’est une maison dont je vais suivre les nouveautés sans aucun doute.
La Cacao Collection, les deux nouveautés de La Closerie des Parfums
Il y avait très longtemps que je n’avais pas mis mon nez sur les créations qualitatives quoiqu’un peu légères pour certaines, de La Closerie des Parfums mais j’étais très curieux de découvrir les deux parfums créés par Céline Perdriel pour la Cacao Collection qui vient de sortir. Si ce ne sont pas vraiment mes notes, je cherche toujours un parfum qui pourrait me donner envie et prendre la suite de « Cacao Aztèque » de Perris Monte Carlo que j’ai énormément porté mais que je n’ai pas encore renouvelé. Il est, pour moi, la référence et ces deux compositions, bien que très différentes, m’auraient plutôt séduit (une surtout) donc je voulais partager avec vous mes impressions. J’ai eu la chance de les essayer sur la peau très facilement donc je peux vous restituer les émotions que j’ai pu ressentir et mon sentiment sur chacune d’entre-elles. Allez, je vous emmène dans un univers de cacao, de végétaux, d’épices et de chaleur de peau.

Céline Perdriel
Le premier parfum que j’ai essayé a été « Cacao Timur » ainsi décrit par la marque : « Voici les fruits, par le relais du Timur, petit agrume aux allures de poivre : pamplemousse, orange sanguine, citron péruvien, mandarine. Tout le cacao s’électrise au contact des hespérides, un frisson de gourmandise ». L’envolée est vraiment très belle avec des notes de poivre de timur, d’orange sanguine presque zestée, de gingembre et de citron vert du Pérou qui, apparemment, apporte un côté acidulé et doux à la fois. Le coeur de cacao blanc est, sur ma peau, assez fugace et laisse sa place à un jasmin sambac très floral, presque un peu animal et à un freesia omniprésent. Le fond est, à mon sens, un peu trop axé sur les bois ambrés même si le patchouli, le vétiver et la fève tonka, à la fois poudrée et cuirée, s’avèrent bien présents. J’ai trouvé « Cacao Timur » très joli, presque un peu amer et acidulé mais je trouve qu’il s’éloigne un peu du thème, en tout cas sur ma peau. Je ne suis pas du tout certain que je pourrais le porter mais c’est un parfum original, très agréable et, sans être consensuel, assez facile à s’approprier. Je pense qu’il plaira peut-être plus aux hommes mais je peux me tromper. En tout cas, à mon sens, il mérite le détour et il faut le découvrir.
« Un départ de rhum safrané embrasé par le feu du Pimento de Jamaïque. Puis un coeur coulant de cacao, qu’une feuille de cannelle amplifie discrètement. Le sillage, opulent, s’est gorgé de toutes les torréfactions : tonka, noisette, café ». Beaucoup plus rond et enveloppant, « Cacao Pimento » est, pour moi, un exemple d’équilibre entre notes gourmandes et addictive, épicées et franchement boisées. Le départ est franchement piment mais arrondi avec la bergamote et le rhum tout en s’enveloppant d’un safran discret mais très bien vu. Le coeur de cacao blanc, de tabac blond et de feuille de cannelier très peu utilisée en parfumerie me réjouit. Il y a un côté à la fois un peu brut et ethnique. Il a l’élégance de ses ingrédients. Le fond de santal, de tonka, de café et d’immortelle me séduit tout à fait. « Cacao Pimento » à un côté très épicé et un autre non pas poudré mais plutôt « poudreux » sur ma peau. Il n’est pas sans me rappeler « Piment Brûlant » qu’avait créé Bertrand Duchaufour pour L’Artisan Parfumeur et qui, aujourd’hui n’existe plus. Les parfums sont très différents mais l’addiction est la même. Sur ma peau, il matche merveilleusement bien. Vraiment, il est mon préféré des deux et je pourrais tout à fait le porter.
J’ai bien aimé ce duo de parfums sur un même thème. La qualité des ingrédients et des compositions qui font, je pense, le succès de La Closerie des Parfums est toujours là. Pour le coup, je trouve que les tenues sont assez longues même s’il y a peu de projection. J’aime beaucoup l’idée de travailler le cacao de différentes manières. C’est très inventif. « Cacao Pimento » se retrouvera sans doute dans mon top 2025. Je le trouve vraiment super réussi. « Cacao Timur » n’est pas tout à fait pour moi mais la dualité de notes rondes et acidulée est très intéressante. Vraiment, ce sont deux jolies et réjouissantes découvertes. Je suis très content d’en parler car, jusqu’à présent, je n’ai lu aucun article ni vu aucune vidéo sur le sujet. Cela viendra j’en suis sûr.
Christopher Sheldrake, tout en discrétion
S’il a travaillé pour Chanel (Il a beaucoup travaillé sur toute la série des « Coco » et a signé « Coco Noir ») et pour quelques autres marques comme, par exemple Rochas (« Tocadilly » en 1997), Christopher Sheldrake est surtout le nez qui a inventé la presque totalité des parfums Serge Lutens. J’ai déjà consacré un article au créateur de la marque mais il m’a semblé intéressant de me pencher sur le parfumeur qui se cache, discret et talentueux, derrière les parfums si singuliers voulus par Monsieur Lutens que ce soit pour Shiseido au départ ou pour sa marque éponyme. Mais qui est Christopher Sheldrake « le discret ». Pour Serge Lutens, il a su traduire en odeurs et en effluves de toutes sorte des impressions, des voyages ou encore des univers oniriques. Mais trêve de bavardage, partons à la découverte de Christopher Sheldrake. Je ne vais pas revenir sur « Féminité du Bois » ou les autres parfums de la marque que j’ai évoqué à plusieurs reprises. J’ai sélectionné deux fragrances que j’aime beaucoup et dont je n’ai jamais parlé. Comme d’habitude, je ne vais pas inventer une fausse pyramide olfactive. La marque communique très peu sur les notes de ses créations et je respecte cela. Je vais plutôt me laisser porter par mon impression et mon instinct et vous emmener avec moi dans un voyage olfactif et une rêverie parfumée.
« Chypre Rouge » a été lancé en 2006 dans la collection du Palais Royal. Comme son nom l’indique c’est un chypré mais, comme la plupart des parfums voulus par Serge Lutens, il a été construit sans la bergamote traditionnelle et n’a pas de note de tête. Linéaire, poudré, fruité, il ne ressemble à rien d’autre. Je trouve qu’il y a quelque chose de très « fruits rouges » miellés et d’un peu jasminé. On identifie très bien le fond de patchouli et mousse de chêne. Le côté poudré pourrait être créé par une note persistante de muscs blancs ou d’iris, je ne sais pas très bien. Pour moi, « Chypre Rouge » est un parfum pour les dandys et les élégantes. Pour l’instant, il me semble qu’il a été arrêté et non réédité mais, avec Serge Lutens, ça pourrait venir. J’aimais beaucoup ce parfum. J’ai l’occasion de le sentir encore de temps en temps car l’une des parfumeries lyonnaises dont je suis client a encore quelques flacons en stock et (miracle !) un testeur à notre disposition.
Un an auparavant, en 2005, Christopher Sheldrake a lancé l’un des parfums les plus singuliers de la collection noire. Il s’agit de « Chergui ». Oriental, épicé, boisé, je ne sais pas très bien. C’est un parfum qui s’inscrit parfaitement dans l’esprit de la maison Serge Lutens, dans la lignée de « Féminité du Bois » et d’autres fragrances significatives de la marque. Complexe, corsé, irisé, c’est un parfum singulier qui pourrait s’apparenter à certains orientaux des années 20 tout en gardant un côté résolument moderne. La feuille de tabac semble le centre de cette « invention olfactive ». J’ai essayé « Chergui » il y a déjà longtemps et je l’ai bien aimé. Je ne suis pas certain que ce soit un parfum pour moi car il y a une note d’encens ou d’oliban que j’ai du mal à supporter autour de moi mais je le trouve particulièrement réussi. Il est complètement dans l’esprit de la maison. Je pense qu’il a pas mal de succès car j’ai entendu plusieurs youtubeurs parfums en parler avec engouement.
Je suis un peu à contre-courant et j’ai toujours aimé les parfums fleuris de Serge Lutens créés par Christopher Sheldrake. J’ai évoqué « Datura Noir » bien sûr, qui a été ma signature très longtemps mais je pourrais aussi citer « À La Nuit » ou encore « Tubéreuse Criminelle » que je ne pourrais pas porter mais qui sont de très grands parfums. Je m’étais un peu éloigné de la marque lorsqu’en 2021, Serge Lutens a sorti dans la collection classique, une nouveauté dont je n’attendais rien mais qui a été un réel coup de coeur. Elle portait le nom étrange de « La Dompteuse Encagée » et je dois dire que, dès que je l’ai sentie, j’ai découvert que je connaissais très bien la signature du très discret Christopher Sheldrake. J’ai adhéré tout de suite. « Langage muselé, façonnement d’une seule et unique façon de penser, « La dompteuse encagée » nous rappelle les dangers d’une société à l’affût du moindre pas de côté. L’espoir demeure cependant en la révélation d’une fleur de frangipanier qui ici se déguste... à même la peau ! Ce qu’a vu la blancheur de la fleur ne permet pas d’augurer la fraîcheur, l’odeur de la frangipane y pallie. Subtilement amandé, à déguster à même la peau ! » Tels sont les mots du directeur artistique pour décrire cette création très addictive et terriblement réussie. On y retrouve, tout ce que j’aime, l’ylang-ylang, la fleur de frangipanier, la tubéreuse… J’ai posé sur ma peau un parfum solaire, délicat, ciselé et sans aucune outrance que j’avais craint dans les créations précédentes (qui ont, du reste, presque toutes disparues) et ne me convenaient absolument pas. « La Dompteuse Encagée » est vraiment une valeur sûre pour moi. Je l’ai porté vraiment très régulièrement pendant un bon moment. Je m’en suis un peu éloigné pour une raison assez simple : sur ma peau, la tenue est un peu limitée et j’aime bien profiter de ces effluves un peu plus. En tout cas, il n’en reste pas moins que c’est un floral que j’aime énormément et que je porterai à nouveau, c’est certain.
Je ne pouvais pas terminer cette revue sans évoquer évidemment deux créations de Serge Lutens qui sont bien évidemment « Rahat Loukoum » sorti en 1998 qui est un peu trop gourmand et opulent pour moi, voire même un peu trop oriental pour ma peau de blond mais que j’adore sentir mais surtout « Louve » créé en 2007 par Christopher Cheldrake et qui, pour le coup, m’évoque la colle Cléopâtre de mon enfance. Je ne m’aventurerai pas à détailler la pyramide olfactive de cette fragrance çar, étant donné que la marque ne communique que très succinctement sur ce point, je risquerais de raconter des choses fausses. C’est un bouquet d’héliotrope associé à un extrait d’amande amère voire verte avec des notes baumées et opulentes. Il a été mon second parfum de chez Serge Lutens et je l’ai vraiment adoré. Sorti une première fois dans la collection hautes concentrations du Palais Royal en 50 ml, il a disparu quelques temps avant de faire son retour dans la très onéreuse collection des Gratte-Ciel en 100 ml. En dépit de son nom, « Louve » est parfaitement portable pour un homme et je le trouve vraiment réussi. Je l’ai essayé par erreur, acheté par coup de foudre et porté avec délice. Pour moi, c’est un cocon rassurant, qui m’évoque à la fois l’enfance et la sophistication d’un vrai grand parfum d’adulte. Il est devenu, à l’instar d’autres créations de la marque, un véritable objet de luxe mais je me plais à penser que, lorsque j’aurai complètement terminé mon petit flacon vintage, je pourrais peut-être continuer de le porter. Il fait partie de mes tops.
Dans une interview, Christopher Sheldrake a dit « La nouveauté est un choc. Elle n'est pas confortable car elle entraîne le doute ». Il a pu expérimenter cette réflexion chez Chanel ou Rochas mais surtout chez Serge Lutens. En général, les parfums ne sont pas consensuels (à part un ou deux) et ils plaisent vraiment ou déplaisent fortement. Je trouve qu’il est l’un des parfumeurs actuels dont l’univers est des plus originaux. J’aurais pu citer et développer plusieurs autres créations qu’il a signé mais cet article aurait été beaucoup trop long pour le format blog. J’y reviendrai au fil des prochaines pages lorsqu’ils seront dans le thème. Pour résumer, je dirai que, si je n’aime pas toujours les parfums de Christopher Sheldrake, ils m’intriguent systématiquement et quand ils me plaisent, c’est définitif. Il nous réserve d'autres surprises avec sa participation à la création d'une nouvelle maison mais nous en reparlerons.
Nouveautés mars (Seconde partie)
J’ai aussi découvert le nouveau « serpent » de la collection créé par Stéphane Humbert Lucas pour sa marque éponyme. « Sea My Love" capture la majesté de l’océan dans une symphonie olfactive vibrante. Les notes fraîches et pétillantes d’agrumes évoquent la lumière du soleil sur les vagues, tandis que des accords marins et floraux traduisent l’immensité et la beauté mystérieuse des profondeurs. Un fond boisé et musqué apporte une touche sensuelle et apaisante, comme un souvenir laissé par la brise marine. C’est une déclaration d’amour aux âmes libres et rêveuses » avec un jeune responsable de stand du Printemps Haussmann vraiment très passionné et qui me l’a remarquablement bien présenté. Il s’ouvre assez gentiment avec un côté mandarine salée doux et tendre mais, très vite, vient un coeur de cuir et de jasmin avec des notes marine puis le parfum se pose sur un fond d’ambré et musqué dont l’accord est renforcé par le patchouli et le côté baumé du benjoin. Je dois dire que je ne suis pas tellement attiré par les notes marines. Je préfère le côté salin des extraits d’algues et, là, je sens plutôt la calone, une molécule de synthèse qui a vite tendance à me gêner. Je n’ai pas tellement adhéré mais je suis très content de l’avoir découvert, il sera une bonne option pour celles et ceux qui, en 2025, seront à la recherche un marin réussi.
Je suis aussi allé découvrir « Abu Dhabi » créé par Mylène Alran pour la collection des Graines Vagabondes de Memo Paris. « Le parfum Abu Dhabi, composé par la parfumeuse Mylène Arlan, a un invité d’honneur : la datte. Ce fruit savoureux, emblématique de l’oasis d’Al Aïn, patrimoine culturel et végétal émirati, confère à la fragrance son caractère délicatement généreux et enveloppant. Abu Dhabi évoque la douce ondulation d’un palmier, et la caresse d’un tissu, celui de l’al Sadu, technique de tissage traditionnelle bédouine, qui orne le flacon ». Le parfum est très construit et je trouve qu’on retrouve chaque note de la pyramide aux différents stades de l’évolution. L’envolée de bergamote et d’orange, parée de poivre rose, de cardamome, et de gingembre très concentré est très séduisante et il en est de même pour le coeur de datte, de prune et de davana. Hélas, je suis moins convaincu par le fond e pépins de carotte, de fleur d’oranger, dde vétiver, de patchouli, de ciste et de sapin baumier à cause de l’association de ces notes avec la vanilline et l’ambrofix car, très vite, je ne sens plus que ça. Toutes les notes rondes, attirantes, confites, semblent se faire dévorer par les bois ambrés comme c’est souvent le cas maintenant dans nombre de créations qui sortent dans nos parfumeries. C’est un peu une déception car, le départ et le coeur me plaisent beaucoup mais, finalement, le fond banalise un peu ce parfum très réussi et abouti, en tout cas sur ma peau. C’est dommage.
J’ai également pu découvrir « Ultima Storia », le dernier opus de Thomas de Monaco, composé par Maurus Bachman. « Mon souvenir d’un été sans fin en Italie. C’est la chaleur et la spontanéité qui caractérisent ce pays, la joie de vivre intense que j’ai voulu capturer dans ce parfum. Des zestes d’agrumes frais se mêlent à une touche de poire pour créer un accord d’une intensité profonde, semblable au Citron Noir. Des notes d’amande, de café, de cuir saffian et de talc doux viennent compléter cette composition, apportant une complexité que l’on ne trouve qu’en Italie – un superlatif d’histoires magnifiques ». Franchement, la pyramide m’inspirait bien avec un départ de citron, de café et d’amande qui nous emmène sur un coeur de poire et d’iris et se pose sur un fond de talc, de lin et de cuir. Je trouvais l’idée d’une grande originalité et j’en attendais énormément. En fin de compte, sur la touche, je l’ai trouvé très joli mais assez classique et ça m’a presque déçu. On sent la qualité et la signature très élégante du parfumeur sans aucun problème mais je ne crois pas être vraiment convaincu. Le côté talqué est très agréable mais le prix du flacon est très élevé et je suis resté un peu sur ma faim. C’est une création à sentir et je pense que j’aurais du la poser sur peau mais mon premier contact est un peu mitigé.

J’avais découvert « Terre d’Hermès Eau de Parfum Intense » en avant-première il y a quelques semaines mais je n’avais pas trop envie d’en parler avant qu’il soit sorti et que vous puissiez le sentir tant il est différent de l’original. Pour moi, ce masculin (qui peut très bien plaire aux femmes) est un tout autre parfum et ne s’apparente pas du tout à la « franchise » « Terre d’Hermès ». « Créé par Christine Nagel, parfumeur d'Hermès, Terre d'Hermès eau de parfum intense révèle une nouvelle facette plus intime et plus profonde du feu intérieur qui anime la Terre et l’homme ». Il m’a surpris, peut-être même un peu déconcerté tant il a une identité forte et qui lui est propre. Ici, comme ans « Terre d’Hermès Eau Givrée », Christine Nagel est allée explorer d’autres notes, un esprit différent. Je dois dire qu’il m’a beaucoup plu. C’est une très belle création, boisée, intense, avec des notes presque anisées. L’envolée est très fusante avec une bergamote douce associée au poivre noir puis vient un coeur tout à fait profond de bois de réglisse (apparemment naturel) et de café. Puis, après quelques temps, sur ma peau les notes boisées s’intensifient et se charge de ce que la maison appelle un accord pierre de lave. Le fond du parfum est sombre, mystérieux et un peu brut à la fois. Il est rare que je sois séduit par des flankers dans les grandes marques de luxe mais j’aime beaucoup « Terre d’Hermès Intense ». Il est très réussi et montre, une fois de plus que la personnalité et la signature de Christine Nagel conviennent parfaitement à la maison.
« La Cérémonie de L’Encens », sera donc le nouvel opus de L’Artisan Parfumeur qui est aussi le premier d’une trilogie à venir. « La Cérémonie de l'Encens, signée Mathilde Bijaoui est une ode à l’encens olibanum : dans un équilibre presque surnaturel, ce parfum trouve son équilibre dans un duo poivre-cèdre ». Je savais que ce parfum allait sortir depuis un certain temps et j’avais envie de le découvrir car, c’est vrai, il s’éloigne de mes goûts mais j’aime beaucoup le travail de Mathilde Bijaoui qui l’a composé et, pour sa première collaboration avec la marque, je pensais qu’elle allait frapper fort. Je ne suis pas déçu car il est vrai que la création est assez impressionnante. La marque, comme d’habitude, communique assez peu sur les notes mais, autour de l’encens, on retrouve du poivre noir et du bois d’hinoki qui, depuis un an, inspire pas mal les parfumeurs. Le parfum est quand même très encens. Je trouve que « La Cérémonie de L’Encens » est un peu dans la ligne artistique d’un « Dzonkha ». C’est un encens atypique, en clair obscur, très très boisé, assez ethnique et particulièrement dense. Je n’ai pas trop osé l’essayer sur la peau car il s’éloigne pas mal de mes goûts mais, d’un point de vue de la création artistique, je le trouve particulièrement intéressant. En plus l’idée de reprendre le très beau flacon de la collection La Botanique avec une étiquette noire et or est particulièrement chic. « La Cérémonie de L’Encens » est l’une des sorties importantes de ce début d’année et je pense qu’il rencontrera un beau succès.

« Polish Potatoes est un voyage dans les profondeurs des expériences de l'enfance. Des accords profonds de betterave, de blé doré et de pin vibrant, enrichis de notes de cuir et d'herbe, évoquent l'atmosphère d'un marché animé. Au cœur de la composition, des notes de pomme de terre noble, de rose, d'héliotrope et de pulsation d'œillet capturent la beauté des rituels du marché. Les pommes de terre polonaises confèrent à cette composition un caractère riche qui allie la terre à une douceur prononcée et rend hommage à la terre, qui est à l'origine de tout. En profondeur, le patchouli, le bouleau fertile et les notes de terre humide résonnent, nous enveloppent de leur chaleur et nous rappellent notre lien indissociable avec la nature. Les accords terrestres se mêlent à l'oud balsamique, à l'ambre sensuel, à la vanille douce, au miel doré, au foin chaud, au labdanum et au benjoin, créant ainsi une essence sensuelle et unique. La composition, encapsulée dans un flacon de cristal, devient un sceau qui enferme les souvenirs d'un marché vide le matin, qui était plein de vie il y a quelques instants, et qui porte en lui l'âme de ces moments. Les accords uniques de pomme de terre, de bois intense et de notes terreuses douces resteront avec vous pour toujours ». L’idée d’un parfum inspiré d’une pomme de terre est quand même vraiment extravagant et, lorsque j’ai découvert « Polish Potatoes », la nouveauté de Bohoboco Perfume, j’ai été vraiment dubitatif. Jugez plutôt : Une envolée de blé, de cuir, de pin et d’herbe nous conduit sur un coeur de pomme de terre (je pense que l’accord et synthétique), de clou de girofle, de rose et d’héliotrope puis vient un fond de patchouli, de labdanum, de oud, d’ambre, de foin, de miel, de benjoin et de bouleau avec un accord terreux. Très franchement, je trouve la prouesse plutôt intéressante mais, en revanche, le parfum, en lui-même ne m’a pas paru très portable. En tout cas, je n’ai pas eu envie de le poser sur ma peau. Je ne donnerai donc pas de ressenti très précis. « Polish Potatoes » est, à mon sens, plus une curiosité qu’autre chose. En tout cas, je suis content, pour ma culture olfactive si je puis dire, de l’avoir découvert.
Ella K, la maison de parfum de Sonia Constant, depuis la sortie des premiers opus de la collection K, a le vent en poupe. Peut-être même que je pourrais dire que c’est un raz de marée. Aussi, la sortie d’Amber K est vraiment un évènement. Je l’ai senti et essayé en avant première et je dois dire que je suis assez séduit même si je préférais, c’est vrai la toute première collection de carnets de voyages de la marque. C’est un bel ambré classique, plutôt très bien imaginé, complexe et doté d’une belle évolution. « Amber K est né d’un rêve : capturer un parfum, un élixir de peau. Sonia Constant a mêlé des nuances de tabac, cacao et la fleur de spiderlily des tropiques. Lors de son voyage à Punta Cana, les arômes de cacao, vanille et tabac l’ont envoûtée. Grâce à la technologie Scent Trek, elle a immortalisé ces accords uniques. Pour sublimer la spider lily, Sonia Constant a ajouté des accords boisés et ambrés, créant un équilibre entre éclat et densité. Le mariage de la fleur, du tabac et de la fève tonka évoque une évasion vers La Havane, donnant naissance à un parfum fluide et captivant ». La présence de spider lily ou licoris rouge en parfumerie à l’envolée est un peu un mystère pour moi car je ne sais pas identifier cette note associée au poivre rose et à un tabac de cigare havane. Le coeur d’iris et de fève de cacao est plus classique qu’il en a l’air mais donne un côté poudré au parfum que je trouve très intéressant. Ensuite vient le fond et, c’est là que le parfum s’exprime vraiment. Attention, il s’agit d’une haute concentration et il ne faut pas attendre une évolution rapide. Le bois de cèdre blanc soutient la fragrance et se pare d’un accord ambré, renforcé en vanille et de traces d’encens de Somalie. J’ai bien aimé ce parfum. Il est bien fait, joli mais, à mon sens, un peu classique et je trouve son prix légèrement extravagant. Ce n’est que mon point de vue. J’ai bien aimé « Amber K » mais, je l’admets, ce n’est pas un coup de coeur. En revanche, il va devenir une valeur sûre de la parfumerie. Je ne crois pas me tromper trop en affirmant cela.

J’ai découvert l’unique Blossom 2025 de Jo Malone et, après avoir réfléchi à lui consacrer un article en entier, j’ai décidé de l’inclure dans les nouveautés de mars même s’il s’agit d’un éphémère. « Une création lumineuse et délicate qui capture l'essence des plages idylliques des Seychelles. Sous un soleil éclatant, la fraîcheur pétillante du citron et de la menthe évoque une brise légère qui effleure les rivages immaculés. Au coeur de ce parfum, l'exotisme apaisant de l'eau de noix de coco se mêle aux notes boisées du cèdre, évoquant la sérénité des palmiers bordant le sable fin. Enfin, le parfum s'épanouit dans un sillage sensuel et enveloppant, où la chaleur de la fève de tonka, la profondeur du vétiver et la douceur de la vanille se rencontrent. Beach Blossom est une véritable invitation à l'évasion, un voyage olfactif solaire et rafraîchissant, capturant la beauté sereine d'une nature préservée. Une édition limitée qui séduira les amateurs de fragrances solaires et lumineuses ». Je dois dire que je suis un peu mitigé. J’aime beaucoup l’envolée de citron vert et de menthe que je trouve particulièrement réussie et nous emmène sur un coeur de lait de coco de mer… Je ne connaissais pas cette variété et l’idée d’une note transparente me plait d’autant que la fragrance s’arrondit avec un fond de fève tonka qui lui confère un côté très amandé sur ma peau. Ceci dit, je détecte la présence de calone qui ne matche pas avec ma peau. C’est comme ça et je le regrette car « Beach Blossom », même s’il arrive un peu tôt dans la saison, est un solaire très original et réussi qui nous sort un peu du gardénia et de l’ylang-ylang. Je crois qu’il faut vraiment l’essayer sur peau pour être sûr qu’il nous convient mais c’est une jolie création.

La boutique lyonnaise Le Labo va fermer ses portes après deux ans et demi d’existence et, malgré une situation géographique assez incohérente, un certain succès. Je ne comprendrais jamais les politiques des groupes financiers qui possèdent quelques marques. J’ai quand même pu découvrir « Eucalyptus 20 », la nouveauté de cette année que la marque décrit ainsi : « Imaginez un endroit si vaste et isolé que vous pouvez voyager pendant des semaines sans rencontrer une autre âme. Des kilomètres infinis de sable rouge et de ciel azur. Sous la chaleur impitoyable, un arbre blanc se profile à l’horizon tel une illusion. L’eucalyptus est l’oasis, une halte où les herbes sauvages et la poussière de rouille viennent s'installer à l'ombre sacrée des feuilles argentées ». Comme d’habitude, la marque communique sur le nombre des ingrédients principaux associés à travers le chiffre associé au nom. Ils sont au nombre de 20 mais, pour ma part, dès l’envolée, je sens une dualité entre eucalyptus et encens. Les notes d’oliban, résineuses et froides se développent pour devenir, sur ma peau, quasiment uniques. Je dois dire que je n’ai pas beaucoup aimé ce parfum. Il est très bien réalisé mais sort un peu trop de mes goûts habituels. Comme d’habitude avec Le Labo, on peut être surpris car la note d’eucalyptus est assez peu présente en fond. La création plaira vraiment aux amateurs d’encens. Je passe donc mon tour.

Depuis le rachat de Creed par le groupe Kering, les nouveautés pleuvent. Celle de 2025 s’appelle « Eladaria ». « L’inspiration d’Eladaria repose sur l’image d’un jardin paradisiaque à l’aube, où la nature s’éveille dans un mélange de lumière et de douceur. Le parfum capture l’instant où les premiers rayons du soleil percent la brume du matin, illuminant une roseraie aux reflets argentés. La composition rend hommage à une rose moderne, loin des interprétations classiques et opulentes. Ici, la rose est réinventée dans une version plus lumineuse et fluide, sublimée par la touche fruitée du litchi en tête. Le fond boisé et cuiré contraste avec la délicatesse florale, créant une dualité entre force et tendresse, ombre et lumière ». Après une envolée de litchi, vient un coeur de géranium et de rose puis un fond de cèdre, de cuir, de muscs, de bois de santal, de vanille et d’héliotropine (la version synthétique de l’héliotrope, plus douce). Je dois dire que, si j’ai trouvé « Eladria » assez joli, très dans l’air du temps, je me suis terriblement ennuyé en découvrant ce parfum. Encore une rose litchi ! Ni le petit côté cuiré, ni les notes vanillées ne m’ont surpris. C’est un joli parfum vendu un prix exorbitant, rien de plus, rien de moins. Vraiment, je ne suis pas emballé mais ça n’engage que moi.

Créé par Gaël Montero, « Safran Secret » et le nouvel extrait de parfum lancé par Maison Crivelli. « Safran Secret est inspiré d'une aventure mystérieuse vécue par Thibaud Crivelli, au cours de laquelle il a découvert des champs de safran nappés d'une épaisse couche de brouillard. Cette composition enveloppante et sensuelle, aussi captivante qu'énigmatique, est construite autour d'un safran épicé, doux et réconfortant contrasté de notes boisées chaudes et intenses, au sillage persistant ». La maison ne communique pas sur la pyramide olfactive. Elle parle seulement de notes épicées, boisées, vertes et douces. Personnellement, je n’ai pas aimé ce parfum mais, attention, cela n’engage que moi. Je ne suis pas très sensible au traitement su safran en parfumerie. Je trouve que cette création, un peu synthétique, très boisée, s’éloigne beaucoup trop de mes goûts pour que je puisse vous donner un avis vraiment. J’ai essayé « Safran Secret » sur la peau et il m’a laissé assez indifférent. Je pense tout de même qu’il est bien pensé et que c’est une création à faire sentir et qui plaira aux amateurs de compositions dont il semblerait qu’ils soient nombreux.
J’ai aussi découvert « Miami Shake », le tout nouveau parfum créé par Romano Ricci pour sa marque Juliette Has A Gunn : « Avec Miami Shake, Romano Ricci signe la première fragrance résolument gourmande de la collection. Inspiré par une femme libre et excentrique, évoluant dans une villa pastel à Miami, ce parfum capture l’insouciance et la sensualité d’un été sans fin. Entre rollerblades à l’intérieur, all-day desserts et éclats de rire, cette fragrance est une ode à l’extravagance et à la féminité assumée. Dès les premières notes, une fraise sauvage éclatante ouvre la danse, juteuse et pétillante comme une gourmandise défendue. Le fond dévoile une douceur enveloppante où la vanille crémeuse, l’ambrox et les muscs blancs se mêlent aux notes lactées et biscuitées, rappelant la caresse d’une crème fouettée sur la peau. Miami Shake est une friandise olfactive irrésistible, une invitation à céder au plaisir sans retenue ». Je dois dire que j’ai surtout été très dérouté par l’accord fraise des bois de l’envolée qui se charge d’une pêche suave. Ce départ très acidulé mais quand même un peu rond m’a semblé assez curieux et pas forcément agréable. Vient ensuite un coeur de crème glacée très rond, presque biscuité avec un côté chantilly puis le parfum se pose sur des notes musquées, lactées, vanillée et chargées d’ambrox. Je ne peux pas dire que ce parfum soit pour moi mais il est particulièrement « dans l’air du temps ». Romano Ricci cède un peu à la mode des gourmands et, dans le genre ultra synthétique, je ne peux pas dire que je ne le trouve pas réussi. La seule chose est qu’il s’avère tellement éloigné de mes goûts que j’ai du mal à apprécier les qualités de « Miami Shake ». En revanche, je pense que la jeune génération sera séduite et il en faut pour toutes et tous.
Voilà donc pour cette sélection des nouveautés que j’ai pu découvrir durant ce très foisonnant mois de mars. J’espère qu’avril sera aussi riche mais je n’en doute pas car d’importantes sorties par exemple chez Marc-Antoine Barrois, Penhaligon’s ou encore Orto Parisi sont attendues. Je m’attends à de très belles surprises mais, si vous avez envie de chercher un peu, vous allez, dès cette fin mars, vous attacher à de belles créations toutes nouvelles, inventives ou plus classiques. Nous verrons bien mais c’est vrai que 2025 commence sous les meilleurs auspices.
Nouveautés mars (Première partie)
C’est avec pas mal de nouveautés que démarre ce mois de mars. J’ai eu la chance d’en découvrir plusieurs. Je trouve qu’il y a vraiment des parfums tous azimut et que les marques se sont données du mal pour sortir un peu des tendances un peu convenues même si on retrouve des clean scents et des gourmands qui pointent le bout de leurs notes ci-et là. J’ai quand même vraiment pris du plaisir à explorer non seulement les nouveautés de mars mais aussi celles qui ont déjà étés lancées il y a quelques semaines mais que je n’avais pas pu découvrir. C’est une expérience très agréable de sortir un peu de ce que l’on connait pour mieux peut-être retrouver des effluves que l’on connait et que l’on aime. Alors je vous emmène dans des univers très différents, du sud au nord et d’est en ouest de la parfumerie. J'ai décidé de scinder mon article en deux. Voici donc la première partie. Peut-être trouverez-vous « votre » nouveauté. J’espère alors que vous me le direz.
C’est Lou, de la parfumerie parisienne Sens Unique qui m’a fait découvrir « Solar Flair », le nouvel opus de la maison Ojar originaire du sultanat d’Oman qui propose, depuis quelques années, de très belles création orientales qui ne sont peut-être pas tout à fait mon histoire mais je reconnais qu’il y a quelque chose de très bien fait et de très addictif dans l’esprit de la marque. Créé par Gaël Montero, cette nouvelle proposition a su venir me chercher. « Solar Flair par Ojar est une déclaration audacieuse de votre moi le plus sauvage. Ce parfum est une explosion de notes intenses, chaudes et audacieuses, capturant l’énergie féroce d’une éruption solaire. Plongez-vous dans l’essence lumineuse du miel ; une puissance rayonnante et une chaleur narcotique.Avec Solar Flair, révélez votre véritable nature – enflammée, intrépide et irrésistiblement captivante…Un miel blanc éclatant, accentué par des accords floraux et une base musquée et poudrée ». Complexe, équilibré, solaire et floral, « Solar Flair » est un peu tout ce que j’aime : un fleuri solaire et pourtant profond avec une très belle envolée de mandarine, de poivre rose amandé par la fleur d’héliotrope qui lui donne ce côté un peu pâtisserie sans excès de sucre. Le coeur est de tout beauté et il demeure original car il est construit atour du chèvrefeuille dont le côté fleurs blanches est contrebalancé par la présence mi-fruitée, mi-cuirée de l’osmanthus renforcée par le patchouli. Le fond de miel, de vétiver, de vanille et de musc blanc me donne l’impression d’être inondé de soleil. « Solar Flair » me plait. Il est superbement réussi et ne tombe jamais dans la facilité ni dans un côté trop rond. Vraiment, pour moi, c’est carton plein.

J’ai posé mon nez sur « Angels’ Share Paradis », le nouveau parfum de la collection des Liquors de Kilian. « Angels’ Share Paradis est une nouvelle interprétation de la fragrance iconique, offrant une signature olfactive à la fois puissante et gourmande. Inspirée par un cognac qui vieillit délicatement dans un fût de chêne, cette fragrance rappelle les nuances spiritueuses des plus grands nectars. Le parfum s’ouvre sur un cœur gourmand où le caramel, la rose et la framboise se fusionnent, créant une alliance douce et fruitée, réchauffée par la chaleur du cognac. Ce mélange se prolonge sur un fond majestueux de mousse de chêne et de vanille, apportant une profondeur boisée subtile et une douceur réconfortante Angels’ Share Paradis se dévoile dans un flacon magnifié par un capot en bois délicatement orné de métal doré, rappelant l’élégance des prestigieux fûts de chêne du Cognac ». Créé par Benoit Lapouza, cette déclinaison de l’un des bests de la marque m’a assez moyennement convaincu. Déjà, j’ai été un peu rebuté par le départ de cognac et de framboise qui est quand même très prenant. Cette note liquoreuse se poursuit au coeur puis se charge de caramel et de noix de coco avant que le parfum ne se pose sur un fond de mousse de chêne, de tonka et de vanille. Très honnêtement, si j’aime certains parfums de la marque, je n’aurais jamais pu mettre « Angels’Share Paradis sur ma peau. Je le trouve trop rond, trop liquoreux, trop vanillé pour mon goût. Il est aux antipodes de ce que j’aime donc je passe mon tour.
J’ai aimé toutes les créations de la marque mais, il m’en fallait garder une pour cet article sur les nouveauté. Ce sera « Blond Redhead 16.11 » créé par Bertrand Duchaufour qui en exprime ainsi l’inspiration : « Inspiré par le rêve d’une rencontre époustouflante dans une boulangerie parisienne. Imaginez l’air empli de l’irrésistible arôme des fruits confits, des pâtisseries à la vanille et d’une touche de tabac sucré. Vous vous retrouvez captivé par la vue d’un inconnu éblouissant tenant un bouquet de freesias frais. Un mélange enivrant de notes comestibles, fruitées, florales et tabacées vous invite à revivre cet instant inoubliable au cœur de Paris ». Le départ n’est pas facile, le safran prend beaucoup le pas sur l’orange et le citron vert mais, dès qu’arrive les notes de coeur, je commence à m’y intéresser. Le freesia se mêle à la figue, de rose et de datte puis le parfum se pose sur un fond complexe, de tabac, de myrrhe, de vanille, de chocolat et, je pense, de cèdre. Il en résulte un parfum très élégant, gourmand très beau et très « virtuose ». J’ai une dose d’essai. Je le porterai un peu plus et je vous en parlerai peut-être une nouvelle fois. En tout cas, ma première impression m’a laissé vraiment une bonne surprise. Merci à Damien d’avoir attiré mon attention de ce parfum que je n’avais pas mis dans ma présentation de la marque.
« Inspiré par l’ère du design spatial des années 1960, il célèbre l’audace créative des publicitaires et designers d’un temps où l’imaginaire sculptait l’avenir. Des lignes pures, des formes futuristes, une élégance visionnaire. Chromodoro capture l’éclat d’une époque où le monde rêvait d’horizons nouveaux, le regard levé vers l’inconnu avec espoir et émerveillement. Une ode à l’ingéniosité et à l’avant-garde, où l’innovation danse avec l’intemporel pour écrire le futur ». Créé par Julien Rasquinet, « Chromodoro » est le nouvel extrait de parfum d’Astrophil & Stella qui est, depuis que je l’ai découverte, l’une des marques italiennes que je préfère. Le moins que l’on puisse dire est que le parfumeur est allé chercher une formulation originale. Le parfum s’ouvre sur des notes de basilic, de feuille de tomate, de racine d’angélique et de cassis qui le rend un peu insaisissable. Je le trouve presque métallique et je ne suis pas au bout de mes surprises car le coeur de jasmin et de rhum, un peu liquoreux est associé au côté vert de l’absinthe et sec de la baie de genévrier. Le fond de bois de santal, de musc et de vétiver m’a été à peine perceptible mais soutient une fragrance vraiment originale, faussement fantômatique, très facettée. Julien Rasquinet n’a jamais de côté « faiseur ». Il invente sans arrêt, se sauve des sentiers battus. « Chromodoro » n’est manifestement pas pour moi mais son petit côté « retour vers le futur », comme une ode à l’espace, ne m’a vraiment pas laissé indifférent. Merci à Anissa, de la parfumerie parisienne Univere de me l’avoir fait découvrir avec sagacité. Je serais peut-être passé à côté d’une très belle création.
J’étais très curieux de découvrir « Montabacco Aruba 2025 », le nouvel opus des « Montabaco » de la très belle marque anglaise Ormonde Jayne et je dois bien dire que je ne suis pas déçu du voyage comme on dit ! « Montabaco Aruba est un hommage à l'attrait naturel d'une l'île, offrant un parfum à la fois frais et doux, avec une chaleur addictive qui persiste sur la peau. Les notes de tête rayonnantes de bergamote, d'absolu d'orange et de pamplemousse apportent une luminosité zestée qui rappelle les bosquets d'agrumes baignés de soleil. Le parfum s'ouvre ensuite sur un bouquet floral luxuriant de magnolia, de jasmin, de rose et de violette, évoquant les fleurs tropicales de l'île. Au fur et à mesure que le parfum s'installe, des notes plus profondes et plus sensuelles apparaissent. La richesse terreuse de la feuille de tabac et du cuir est délicatement épicée par la cardamome, créant un mélange enivrant. Enfin, l'ingrédient emblématique, le santalore, complète la composition. Montabaco Aruba est un parfum qui transporte celui qui le porte sur les rivages ensoleillés d'Aruba, où le luxe et la nature s'harmonisent dans un équilibre parfait ». Bon, on retrouve d’emblée la colonne vertébrale de ce qui est en train de devenir une collection dans la collection. Le tabac reste le fil conducteur mais, pour y arriver, il faut passer par une envolée absolument fraîche et douce amère de pamplemousse, d’orange et de bergamote puis vient le coeur floral de rose, de violette, de magnolia et de jasmin qui nous emmène, tout en douceur sur un fon de tabac, de bois de santal, de cuir et de cardamome. Comme toujours chez Ormonde Jayne, il n’y a pas une fausse note, la variation est basée sur une solide partition qui vas donner le ton d’un parfum chic, réussi, impeccable même si, et je le redis, ce n’est pas ma série préférée chez Ormonde Jayne mais je ne vais pas chipoter, j’ai beaucoup aimé.
« Cinnamon Rolls » créé par Theodoros Kalotinis pour sa collection d’eaux de parfums est sorti déjà depuis quelques temps mais je ne l’avais pas découvert et j’ai été content de mettre enfin mon nez dessus. J’aime beaucoup la marque et particulièrement les floraux que je trouve très très réussis et originaux. Je suis peut-être un peu plus réservé en ce qui concerne les gourmands qui s’éloignent pas mal de mes goûts. « Laissez-vous envelopper par la douce chaleur d’un roulé à la cannelle tout juste sorti du four, à chaque vaporisation de ce parfum gourmand. Un mélange envoûtant de pâte dorée, de sucre caramélisé et de cannelle précieuse embaume l’air, vous enveloppant d’une aura réconfortante et luxueuse. Les notes riches de beurre fondu se mêlent à une touche de glaçage vanillé crémeux, formant un cœur gourmand et soyeux. Pour sublimer cette délicieuse création, quelques morceaux de melomakarona — les biscuits grecs traditionnels au miel et à la cannelle — viennent apporter une touche unique et irrésistible. Ce parfum capture l’arôme inégalable des pâtisseries fraîchement cuites, offrant une expérience sensorielle raffinée et des plus appétissantes ». Ce parfum démarre comme quelque chose de très beurré qui ressemble beaucoup à la viennoiserie dont il est inspiré. Les notes de cannelle et de sucre se fond douces, tendres, gourmandes, presque addictive. On retrouve également, dans cette création des accords de pâte sucrée, de glaçage vanillé mais aussi de melomakarono, un dessert grec en forme d’oeuf à base de farine d’huile d’olive et de miel. Je vais être honnête jusqu’au bout. Je ne pourrais pas porter « Cinnamon Rolls » mais il m’a donné des envies de pâtisseries à la cannelle un peu méditerranéennes. Je le trouve hyper réussi et surtout d’un réalisme épatant. Ce n’est pas un parfum pour moi mais, artistiquement, c’est un tour de force !
« Réécrire un ambre d'aujourd'hui avec de beaux bois texturés, des épices fusantes et des résines mystiques » tels sont les mots de Quentin Bisch et d’Amélie Jacquin pour décrire « 403 Myrrh Shadow », le tout nouvel extrait de parfum de Bon Parfumeur. Franchement, je trouve cette récente collection intéressante et j’ai même un coup de coeur pour « Marbre Rouge » alors que je ne suis pas forcément fou de la marque. Avec un départ complexe, de poivre timut si particulier associé au basilic, au pamplemousse, à l’orange amère et le bourgeon de cassis, je suis assez séduit à la vaporisation mais, je dois le dire, et c’est complètement personnel, je ne suis pas tellement sensible au coeur de myrrhe de cannelle et de cyprès et encore moins au fond de benjoin ultra rond et baumé associé à la vanille, aux muscs, au cèdre, au patchouli et à l’akigalawood dont je commence à sérieusement me lasser. « Une envolée zestée d’agrumes en tête, entourée de bourgeon de cassis vert et fruité. La fraîcheur est vite rattrapée par les notes épicées du cœur. Le basilic et les baies de Timut poivrent la cannelle. Les facettes résineuses du cyprès rejoignent les baumes du fond. Les tonalités vanillées de myrrhe et benjoin enrobent et réchauffent les notes boisées. Un tapis de muscs profonds fait vibrer la fragrance ». Pour résumer, si je veux réagir avec un semblant d’objectivité, je dirai que « 403 Myrrh Shadow » est très réussi mais qu’il ne me touche pas. C’est comme ça. Il doit être trop loin de mes goûts originaux.
« Passion Bliss incarne l'essence du luxe latino-américain. Ce parfum vous invite à vous laisser aller dans un monde où chaque instant est imprégné de passion et de joie, reflétant l'éclat doré des couchers de soleil et l'élégance des soirées opulentes ». J’ai continué avec « Passion Bliss » créé par Amélie Bourgeois pour la collection classique de Alexandre.J et je dois dire que je n’ai pas du tout adhéré. Le départ de fruits de la passion de cannelle et de thé vert m’est apparu très synthétique et pas forcément élégant. Le coeur de safran très très présent ne me fait pas envie malgré le fait qu’il se fasse plus doux avec la fleur d’héliotrope et le miel. Le fond très lacté et liquoreux de santal, de vanille et de rhum n’arrive pas plus à me toucher. « Passion Bliss » va plaire, c’est certain. Il est, comme on dit, « dans l’air du temps ». Plus j’y pense moins je m’attache aux créations d’Alexandre.J. Je n’ai pas le truc. Ce sont des choses qui arrivent. Il est gourmand et épicé avec un côté tropical et fruité. Il faut tenter. Peut-être qu’il plaira plus à d’autres mais moi, il ne m’a pas touché. Je voulais en parler parce que je l’ai découvert mais je n’ai pas envie d’être trop longuement négatif alors je passer mon chemin.
Oscillant entre sens de la fête et glamrock, « Jasmine Freak » est le nouvel opus de Room 1015 et il est réalisé par Jérôme Di Marino : « Un parfum qui plonge dans l'art transgressif de l'expression de soi. Avec la vivacité tropicale de la mangue, l'allure exotique du jasmin et la sensualité crémeuse de la tubéreuse, il fait éclore un monde audacieux où l'individualité règne. Mode, musique, cinéma, littérature et parfum s'entrelacent pour célébrer la liberté et la créativité. Garçon le jour, fille la nuit — ce parfum vous invite à briser les règles et à défier les attentes. Come as you are ». Sur le papier, ce parfum a tout pour me plaire avec son envolée de mangue, de cassis, de poivre noir et d’orange, son coeur de jasmin, d’ylang-ylang et de tubéreuse et son fond de musc et de cashmeran et c’est vrai qu’il est vraiment très joli. Je l’ai mis sur ma peau et il mène bien sa vie. Agréable, élégant, bien équilibré avec un petit côté solaire mais « cocon », il est très plaisant. Je vais quand même le dire, je le trouve un peu sage. Il me plait, je pourrais le porter mais il est plus « confortable » que réellement subversif. Je le trouve un peu rétro mais pas tout à fait. Il est tout à fait dans mes goûts. Je l’aime mais il ne me surprend pas. Il est quand même bien dans ma zone de confort. Je ne le trouve pas super original mais il me provoque une jolie émotion. On ne va pas tout le temps se plaindre !
« Une ode à la passion, à l’intensité et à l’éternité. Une sensualité profonde émane de la tendresse des pétales de roses rouges, sublimée par l’indulgente douceur de la cerise et du chocolat. Une somptueuse crème fouettée à la fraise enveloppe délicatement la chaleur de la cannelle et le croquant des amandes. Enfin, les facettes fumées et subtilement animales de l'oud ajoutent une touche intrigante, rehaussant la profondeur et la complexité de la base chaude et musquée du santal. Un parfum plein de contrastes ». Créé par Stéphanie Bakouche, « Love No Shame » rejoint la très belle maison Plume Impression qui, année après année, ne cesse de me faire de l’oeil et, avec cette nouveauté, ça ne va pas s’arrêter. Quand j’ai vu la pyramide, j’ai été effrayé. En effet, le parfum s’ouvre sur un accord de fraise, de crème chantilly, de cerise et d’amande et ça m’aurait plutôt fait fuir… Le coeur de rose, de cannelle et de violette nous emmène sur un fond de vanillen de cacao, de santal, de oud et de musc. Dit comme ça, ça partait mal et pourtant, il ne faut jamais avoir d’idées préconçues en parfumerie. J’ai beaucoup aimé « Love No Shame », il n’est jamais too much bien au-contraire, je le trouve élégant et original. Certes, il est très contemporain mais les notes fruitées et sucrées restent discrètes. La rose et la cannelle sont du plus bel effet. Franchement, je me suis fait plaisir en le sentant et en surveillant l’évolution.
Karine Vinchon explique : « L’idée d’origine était très claire : retranscrire l’odeur d’une basket et de la rose. J’adore ce type de challenge qui fait appel à la plus grande créativité possible car ce sujet n’avait jamais été traité auparavant. Le travail a ensuite consisté à trouver le juste équilibre entre l’odeur de basket neuve et sa semelle en caoutchouc d’une part, et celle d’une rose miellée et chaude d’autre part. Pour apporter du dynamisme à la note et évoquer l’univers du sport, j’ai utilisé une mandarine car c’est pour moi un des agrumes qui a le plus de nervosité. Nous souhaitions un fond très puissant. Les bois de oud et patchouli viennent se parer de notes santalées, baumées labdanum, fumées et ambrées ». Le moins que l’on puisse dire c’est que la direction artistique de Marie-Jeanne ne facilitait pas les choses à la créatrice. Interpréter l’odeur d’une rose et d’une basket neuve, très caoutchouc, synthétique, et rendre cela beau et portable n’est quand même pas chose aisée. Mais voilà, Karine Vinchon sait faire des parfums et son imagination galope toujours autant. Le défi est relevé et le parfum super réussi. Le départ de mandarine et de safran est vraiment surprenant puis les aplats de rose et de cuir se rencontrent au coeur avec une certaine jubilation. Le fond de oud, de labdanum et de santal nous remet les idées en place mais doucement, élégamment, sans aucune outrance. Finalement « Au Pied du Rosier » et très Marie-Jeanne avec seulement quelque chose de plus singulier qui n’est pas pour me déplaire. J’ai beaucoup aimé. Un grand merci à Josquin de Jovoy Paris pour avoir, par ses explication, su m’exposer avec talent l’inspiration de la créatrice.
« Le Perce-Vent » ! Non mais franchement, le nom du nouveau parfum composé par Christopher Sheldrake pour la collection noire de Serge Lutens est purement superbe. C’est Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures, avec qui j’échange beaucoup, qui m’a donné envie de découvrir cette nouveauté qui est, pour quelques temps encore, une exclu des boutiques parisiennes. J’en profite pour saluer l’équipe de celle de la rue Saint-Honoré. L’accueil, la générosité et les sourires, ça fait plaisir d’autant que la boutique est impressionnante. En effet, il faut le dire, à l’expérience olfactive, se mêle une vraie découverte visuelle. Je suis très attaché au salon du Palais Royal mais cette nouvelle adresse est à découvrir absolument. Mais trêve de digression, revenons-en à la nouveauté. « Afin d’imager ce récit de coupeur de souffle, prenons l’œil d’un cyclone (seule circonférence immobile permettant d’éviter l’haleine de ce monstrueux aspirant) ! À contrario de ceux happés par l’irrésistible valse de ce boa de souffle, Le perce-vent ne bénéficiera pas de l’épitaphe : « Mort pour du vent » ! ». La marque ne communique pas sur les notes mais, pour moi, il s’agit d’un musc propre, très élégant, très fugace aussi. Il m’a un peu évoqué « Acne Studio » des Éditions de Parfums Frédéric Malle. C’est un parfum musqué, très tendre, un peu rond, qui « file comme le vent ». Je trouve qu’il n’y a rien de plus difficile que ce thème. Il n’en reste pas moins qe je l’ai porté et que, même s’il n’est pas mon Lutens préféré, j’ai aimé la démarche artistique.
Quelques parfums pour le printemps
« V’là l’printemps » et j’ai envie de parfums fleuris. Outre « Love At First Sight » de Une Nuit Nomade que je porte beaucoup en ce moment. Je trouve que les premiers beaux jours, même si l’amplitude des températures entre le matin et le soir est encore très importante, c’est le genre de créations que l’on commence à avoir envie de ressortir du placard. J’en ai donc choisi quatre que je j’aime trouver ou retrouver à cette période, sans savoir vraiment si j’en aurai envie cette année. Je vous emmène donc dans des jardins, avant même les premières floraisons pour découvrir cinq compositions florales, très différentes les unes des autres qui, je l’espère, vous donneront des idées.
Une fragrance printanière qui me vient à l’esprit est sans hésiter « Ceci n’est pas un flacon bleu 1/2 » de Histoires de Parfums créé en 2017 par Lucas Maffei. « Ceci est une explosion, une diffraction de la lumière révélant ses couleurs. Des éclats de Lierre, Lilas et Muguet illuminent gaiement une voie lactée de Santal et Musc Blanc ». Avec un départ à la fois vert et épicé de lierre et de baies roses, un coeur de lilas, de muguet et d’ylang-ylang et un fond de santal, de vanille et de muscs blanc, c’est vraiment « la » création qui m’évoque le printemps et son côté lumineux me le rend absolument incontournable. J’ai souvent évoqué ce parfum mais il est vrai qu’il y a déjà plusieurs années qu’il me plait. J’avais eu un réel coup de coeur lorsque je l’avais découvert à « Ma Belle Parfumerie » à Dijon et il n’a cessé de me trotter dans la tête. Je l’ai offert et je l’ai redécouvert à cette occasion et il en est venu à me faire envie. Je le porte vraiment facilement. Le côté addictif (pour moi) du lilas associé à l’exotisme de l’ylang-ylang me séduit irrémédiablement. « 1/2 » est à la fois facile à porter et complètement singulier. C’est un parfum doté d’une vraie personnalité.
Le second parfum qui me vient à l’esprit en écrivant est mon coup de coeur dans la très belle maison de parfums J.U.S. et il s’agit de « Springpop » créé par Céline Ellena Nezen en 2018. « Un feu d’artifice de fleurs et de couleurs pour célébrer l’arrivée des beaux jours. Une ode à la vie, joyeuse et pétillante ». Pour en décrire l’inspiration, la marque explique : « Premiers beaux jours... l'hiver abandonne la partie. Le printemps explose joyeusement : fleurs, sève et jeunes pousses. L'air sent les foins, l'iode et les résines. Springpop c’est le parfum de la route de vacances. Celle de la Nationale 7 lorsque l’on quitte les voies rapides pour rejoindre les routes champêtres annonciatrices de temps heureux. Une composition construite autour d’un bouquet floral abstrait auquel le basilic apporte une dimension verte aromatique. Un nuage de musc confère sillage et tendresse à cette déclaration d’amour à la vie signée Céline Ellena ». Pour ma part, et sans savoir qui en était l’auteure, j’ai eu un coup de coeur pour ce parfum lorsque j’ai découvert la marque dans son ensemble il y a quelques années. La colonne vertébrale en est limpide puisque la fragrance s’ouvre sur des notes de bergamote travaillées plutôt de manière très fraîche pour évoluer vers un bouquet de fleurs un peu mystérieux puis un fond overdosé en muscs blancs. C’est une très belle création qui est, c’est vrai, idéale pour un printemps durant lequel la nature renait.
« En été, les effluves des jardins de Highgrove s’élèvent de la terre chauffée par le soleil. Les notes herbacées se mêlent au tilleul argenté, au mimosa et au cèdre frais. Une eau de parfum créée en collaboration avec les jardins de Highgrove ». Charles n’était pas encore Charles II roi d’Angleterre mais simplement le Prince de Galles et il a décidé, afin d’aider sa fondation dont les ramifications écologiques et humanitaires sont nombreuse de participer, pour Penhaligon’s à l’élaboration d’un parfum dont l’inspiration serait le jardin du palais de Highgrove qu’il affectionne particulièrement. La marque a donc demandé à la parfumeuse Julie Pluchet de se pencher sur un projet qui sortirait en 2022. Le moins que l’on puisse dire est qu’il s’agit d’une réussite. Le tilleul, présent dès l’envolée, se charge de notes vertes de petit grain de citron vert ainsi que de mimosas au coeur et le fond se fait boisé, avec des notes de cèdre, mais aussi de muscs blancs. Pour moi, « Highrove Bouquet » est la quintessence de l’élégance un peu champêtre des provinces les plus douces du Royaume Unis. Ce n’est pas un parfum clivant mais simplement une réalisation toute de beauté, de matières premières qualitatives et de chic à l’anglaise. À sa sortie, j’avais eu un vrai coup de coeur pour ce parfum et je l’avais fait figurer en bonne place dans mon top. Deux ans plus tard, il me plait toujours autant. Il devait être éphémère et, finalement, il a intégré la collection classique de la marque. Je ne peux que m’en réjouir.
Créé par Thomas Fontaine en 2020 pour le Galion, « Tulipe » m’a fait penser à l’ambiance d’un luxueux magasin de fleurs coupées et fraîches. Il s’ouvre sur un accord de tulipe et d’acacia rendu encore plus vert par le galbanum puis nous sommes conduits sur un coeur d’ylang-ylang et de jasmin qui se cuire un peu avec un narcisse dense plus travaillé sur sa facette florale. Le fond de muscs blancs, d’iris et de cèdre est légèrement poudré. « « J’ai trouvé ma tulipe noire (…) Fleur incomparable, tulipe retrouvée, c’est là, n’est-ce pas dans ce beau pays si calme et si rêveur, qu’il faudrait aller vivre et fleurir ? (…) Ces parfums, ces fleurs miraculeuses, c’est toi. C’est encore toi, ces grands fleuves et ces canaux tranquilles. Ces énormes navires qu’ils charrient, tout chargés de richesse, et d’où montent les chants monotones de la manœuvre, ce sont mes pensées qui dorment ou qui roulent sur ton sein. Tu les conduis doucement vers la mer qui est l’Infini, tout en réfléchissant les profondeurs du ciel dans la limpidité de ta belle âme ; - et quand fatigués par la houle et gorgés des produits de l’Orient, ils rentrent au port natal, ce sont encore mes pensées enrichies qui reviennent de l’Infini vers toi. ». Charles Baudelaire - L’Invitation au Voyage ». J’aime la fraîcheur de ce parfum, son côté vert et sa persistance. Je reconnais bien le travail tout en finesse de Thomas Fontaine. « Tulipe » est l’un des rares parfums de la marque que je trouve résolument moderne et réaliste. Vraiment, c’est un bouquet de fleurs dominé par la tulipe. Pour moi, c’est un vrai plaisir à sentir mais, curieusement, je ne pourrais pas vraiment le porter.
Il est un parfum que j’aime depuis sa sortie et que j’ai beaucoup porté. Il s’agit bien évidemment de « L’Eau Guillerette » d’Anatole Lebreton qui faisait d’ailleurs partie de mon top 20 de 2022. « Un parfum fleuri et léger, frais et aérien, croquant et craquant, tendre, mignon, plein de joie insouciante et printanière ». Cette composition-là, c’est tout ce que j’aime ! Une fragrance très fine, originale, florale avec une très fraîche de citron et de bergamote, un joli coeur de lilas et de muguet et un fond finalement enveloppant et un peu amandé d’héliotrope et de muscs blancs qui rappelle un peu les eaux chyprées d’antan mais avec un twist résolument moderne. Je suis épaté de la faculté de ce parfum de ne jamais me lasser et de mon envie sans cesse renouvelée de le porter jour après jour. En tout cas, c’est une création qui me réjouit et que je trouve suffisamment fraîche pour être portée même durant des jours très chauds. Le sillage est assez discret mais la tenue est absolument longue sur moi et notamment en ce qui concerne la note de lilas que j’affectionne beaucoup et qui persiste toute la journée. Que demander de plus ?
Voilà, il y a plein de parfums floraux adaptés à la saison et j’espère bien en croiser plein car c’est une famille olfactive que j’aime beaucoup. J’aurais pu en citer beaucoup d’autres surtout que, comme je le disais en introduction, mon floral du moment est quand même « Love At First Sight ». Nous verrons bien ce que me réservent les prochaines semaines…
Mes parfums préférés : "Love At First Sight"
* Article modifié
« Le printemps est doux à Johannesburg. Le Jacaranda s’empare de la ville avec son manteau mauve. Il trône majestueusement le temps d’une saison. Au gré du vent, ses fleurs clochettes se balancent, égrenant un parfum envoûtant, un hymne à l’amour. Les acacias impatients accueillent le cœur battant ce flamboyant et s’empourprent face à une telle déclaration. ‘Love at first sight’, une passion instantanée où les effluves de fleurs se mêlent et s’entrecroisent. Les caresses intenses de fraîcheur du jacaranda succombent aux baisers miellés de l’acacia ». J’avais déjà parlé de « Love At First Sight » composé par Elia Chiche (sous réserve) et lancé en 2023 par Une Nuit Nomade lorsque je l’ai découvert en avril 2023 et, vraiment, j’avais envie de le tester vraiment car il m’avait plu. On pourrait traduire son nom comme un « coup de foudre » et c’est un peu ce que je ressens pour ce parfum. Vraiment, il me plait. Je pourrais tout à fait me l’approprier et il n’est pas dit que je ne le fasse pas. C’est une composition à la fois réjouissante et facile à porter.
Elia Chiche
Dès l’envolée fraîche et exotique de fruits de la passion et de bergamote, je suis sous le charme de ce parfum et ce n’est ni le coeur de lilas, d’acacia et d’ylang-ylang ni le fond de cashmeran qui m’en éloignent car ce sont des notes que j’aime et qui, je trouve, se marient, vraiment bien. Je trouve que ce parfum est une réussite, voire même un vrai coup de coeur. Il faudra que je l’essaye davantage lorsqu’il croisera à nouveau mon chemin. En tout cas, je m’y pencherai très sérieusement lors du prochain printemps. Pour moi, l’équilibre entre les notes fruitées et solaires s’harmonisent parfaitement avec le lilas plus frais mais quand même très enveloppant et le cashmeran qui, par petites touches viennent vous entourer de douceur. Entre lumière et fraîcheur, ce parfum a su me séduire. Je trouve qu’il rappelle facilement une promenade entre les allées d’un jardin suave et exotique replanté dans nos régions européennes. Un chic à la fois à l’anglaise et à la française avec une petite touche d’invitation au voyage. Tout ce que j’aime.
Affinessence : Les Notes de Coeur
Si je n’ai pas encore senti la collection des Notes de Tête d’Affinessence, j’ai pu, grâce à Nicolas et Benoît de la parfumerie lyonnaise Odorem qui distribue la marque, redécouvrir Les Notes de Coeur qui se compose de deux parfums, l’un qui avait été l’un de mes coups de coeur des sorties 2024 et l’autre, lancé la même année, que je ne connaissais pas encore. Je vais donc vous les présenter de mon mieux en tenant de décrire, avec le plus d’exactitude possible, mes impressions et peut-être même mes émotions face à deux créations vraiment différentes dans lesquelles les belles matières premières sont traitées et associées de manière inattendues. Vraiment, c’est un plaisir pour moi d’évoquer ces deux compositions qui sont, pour l’instant, celles qui, dans la marque, me touchent le plus même si j’avais beaucoup aimé découvrir la collection des notes de fond. Je trouve que le début de cette nouvelle série est lumineux, attractif et quand même original. Allez, je vous emmène.
J’ai déjà, sur ce blog, évoqué plusieurs fois « Rose Réglisse » créé en 2024 par Nathalie Lorson et Sophie Bruneau. Le réessayer m’a conforté dans ce que je pensais : c’est un coup de coeur et je ne regrette pas de l’avoir fait figurer en bonne place dans mon top des sorties de l’an dernier. La marque le décrit ainsi : « Imaginez la rose de Grasse, fière et noble, s’enroulant dans les effluves attirantes et originales de l’essence de réglisse. Etoilé d’Anis (essence Badiane) et nuancé de Violette-Litchi, son sillage embaumé d’essence de Magnolia devient alors irrésistible ». Si je ne connais pas le travail de Sophie Bruneau (je vais m’y pencher), celui de Nathalie Lorson m’a toujours beaucoup séduit. Je trouve qu’elle est aussi à l’aise dans des compositions classiques que dans d’autres, plus clivantes ou même plus modernes. C’est cet adjectif que je garderai pour parler une fois encore de « Rose Réglisse ». Pour moi, c’est l’alliance d’une rose enveloppante avec cette note de réglisse et de badiane qui est, pour moi, vraiment très régressive. Depuis l’enfance, l’odeur et le goût du bois de réglisse et des confiseries créées autour est vraiment quelque chose qui me touche. Quand j’ai lu qu’on parlait de violette, j’ai eu une réminiscence de quelque chose que « les moins de vingt ans ne peuvent pas connaitre » : les plaquettes de Zan que grignotait l’une de mes grand-mères. Je m’imaginais un peu cette odeur très forte, correspondant au goût mais les créatrices en on tiré un tout autre parti, celui de la douceur du litchi et du magnolia, de l’opulence d’une rose centifolia très bien travaillée et des accents boisés et épicés de la badiane et de l’essence de réglisse. Pour moi, ce parfum est un exemple d’équilibre qui le rend à la fois addictif et jamais too much. Vraiment, et je ne suis pas le seul à le penser, c’est une réussite totale.
« Ombre et lumière. Un Thé Noir « Karak », sombre et riche de safran, la plus rare des épices. A ses côtés la plus narcotique des fleurs blanches, le néroli, mythique essence, reine d’Egypte. Davana miellé et Ylang Ylang apportent à cette rencontre la chaleur de leurs essences fruitées-gourmandes. Les contraires s’attirent et le charme opère, faisant de cette intense union un moment rare de luxe et de séduction ». J’étais déjà plus dubitatif lorsque j’ai entendu parler de « Safran Néroli » car ce ne sont pas vraiment mes notes mais la description de l’inspiration livrée par la marque m’a rassuré car il y a dans ce parfum, créé par Margherita Carini et Sophie Bruneau, d’autres matières premières comme le davana et l’ylang-ylang qui me plaisent déjà plus et qui atténuent un côté trop sec que j’aurais cru associé au safran et trop vert que revêt parfois le néroli. Posé sur touche (je ne l’ai pas encore essayé sur la peau), le parfum est tout en cohérence, tout en douceur et en facettes ce qui, je l’admets bien volontiers me le rend facile à aborder, ce qui est plus qu’un compliment. Certes, je n’ai pas le même engouement que pour « Rose Réglisse » mais c’est totalement personnel. Je sais, et je n’en doute jamais, qu’il n’y a pas plus subjectif que notre ressenti face au parfum mais, si je veux garder une once (plus je ne peux pas) d’objectivité, je dirai que, comme tous les parfums de la marque que je connais, il est impeccablement réalisé. C’est un travail d’équilibriste entre des notes qui peuvent paraitre antinomiques et qui, finalement, trouvent leur place et s’organisent pour séduire nos nez amateurs de parfums.
Comme je le disais en introduction, je suis vraiment très séduit par la collection Les Notes de Coeur… Peut-être que c’est parce qu’elle s’adressent à l’organe du sensible comme elles le représentent. En tout cas, j’espère qu’il y en aura d’autres car les deux premiers opus sont vraiment très réussis. Je remercie, une fois encore, Nicolas et Benoît de la parfumerie lyonnaise Odorem, pour leur collaboration. Il est toujours beaucoup plus stimulant de découvrir et redécouvrir des parfums avec des passionnés. En tout cas, par ces quelques lignes, je souhaite la bienvenue à Affinessence à Lyon. Voilà une maison qui manquait à l’offre très large que nous avons déjà. Je vous engage tous, si vous croisez le chemin de cette collection, d’aller la découvrir. Elle pourrait vous séduire, vous emporter et surtout peut-être susciter l’envie de porter l’une des créations proposées.
Affinessences : Les Notes de Fond
* Article réécrit
C’est en 2015 que nait la maison française Affinessence et la collection Notes de Fonds. Le postulat est de mettre en avant un duo de matières première de très grande qualité dans des parfums haute concentration composés par Nicolas Bonneville, Alexandra Carlin et Corinne Cachen. Bien évidemment, c’est une marque onéreuse et les points de vente son rares en France. J’ai eu la chance de les découvrir via une amie qui a un vrai coup de coeur pour la marque et qui en possède plusieurs. Je dois dire que, si la simplicité des composition est volontaire afin de faire ressortir le duo de matières travaillées en majeur, je trouve ces parfums très qualitatifs, présentés dans les séries de base, dans un packaging élégant mais minimaliste. Sur les six créations, j’en ai retenu quatre et je vais essayer de développer de mon mieux mes impressions.
Le premier parfum que j’ai pu sentir voire même essayer d’appelle tout simplement « Cèdre-Iris » et a été composé en 2015 par Nicolas Bonneville. « Affinessence a sélectionné trois Essences Naturelles de cèdre (Atlas du Maroc, Texas et Virginie) et les a précisément dosées pour faire vibrer à la perfection la plus précieuse et raffinée des matières premières naturelles : l’iris Pallida ou Absolu d’Iris de Florence. Une larme de Benjoin et une autre de Myrrhe arrondissent cette structure boisée-poudrée de leur tendre caresse, tandis que le Bois de Gaïac bousculé par l’Encens lui insuffle sa nervosité. Sillage racé intense et sensibilité musquée s’expriment simultanément dans ce trublion des sens au caractère affirmé ». Si le parfum laisse l’impression d’un certain classicisme, je trouve qu’il a quelque chose d’un peu étonnant durant son développement. Le départ est très poudré mais, très vite, pour moi, la note d’iris s’éloigne pour mettre en lumière un bois de cèdre sec et un bois de gaïac qui l’adoucis. Je ne sens ni myrrhe ni encens mais la fragrance est très arrondie par le benjoin qui a presque un côté chocolat, voire même fève de cacao même si la marque ne l’évoque pas. Je suis un peu mitigé avec ce parfum. Je le trouve vraiment qualitatif mais il n’est résolument pas pour moi. Je trouve que le côté très rond et très boisé ne me correspond pas du tout.
« Inédit en parfumerie et originaire du Kerala, le curcuma est utilisé pour la toute première fois dans un parfum par Affinessence. Une note Lactée enrichit cette précieuse racine, faisant jaillir l’explosion de senteurs épicées gourmandes du « curcuma-Latte », un breuvage multi millénaire indien également appelé Lait d’Or. Tandis que Myrrhe, Santal et Patchouli exposent leur singularité, une fantastique note cuir pleine fleur s’empare de la composition, imposant sa puissance animale. Luxe gourmand et sensualité torride se disputent la vedette dans ce bouquet d’effluves addictifs au sillage insolent » tels sont les mots de la marque pour parler de « Cuir-Curcuma créé par Alexandra Carlin en 2017 et qui est indéniablement mon parfum préféré dans la marque. Entre cuir vraiment net, épices douces et presque langoureuses et fond de santal et de patchouli, ce parfum est le plus complexe de ceux que j’ai pu sentir et, il faut bien le dire, il a un côté délicieusement gourmand sans pour autant être sucré que je trouve assez addictif. J’aime beaucoup le côté très épicé et presque poudré conféré par le curcuma et sans doute la myrrhe. Sur la peau, le parfum se développe beaucoup et prend une certaine ampleur. Je pense qu’il a vraiment un sillage très dense et qu’il faut y aller doucement comme on dit. J’aime beaucoup l’impression qu’il m’a laissé notamment sur le fond avec la dualité du cuir et d’un patchouli très ciselé. Vraiment « Cuir-Curcuma » est le parfum de la collection qui m’a le plus fait envie.
« Musc-Ambre Gris » lancé en 2017 est sans doute le parfum de la collection qui m’a dérouté le plus. En effet, il est très contrasté comme souvent les créations contenant une certaine concentration d’ambre gris naturel qui peut prendre des facettes cuir, vanille, minéraux, sel de mer et même animales. La dualité avec les muscs m’ont semblé particulièrement évidents mais la présence de maté et de patchouli enrobés de vétiver est un peu déstabilisant. La marque décrit ce curieux parfum ainsi : « Connu pour ses effluves inimitables, le véritable ambre gris est d’autant plus précieux lorsqu’il a pu « vieillir » et se bonifier, flottant des années sous le soleil de l’Océan Pacifique. C’est cette qualité d’exception, qu’Affinessence a sélectionnée, poussant son dosage jusqu’à obtenir une puissance d’attraction irrésistible. Tandis que l’Ambre Gris diffuse sa chaleur animale et son intrigante fraîcheur minérale, une envolée de muscs Noirs et de Truffe Blanche accentue l’effet « chaud-froid » à en provoquer des frissons. Maté, Patchouli et Vétiver d’Haïti enrichissent encore le sillage exubérant de ce parfum saisissant que l’on a envie de respirer jusqu’à l’overdose » et je trouve que c’est assez bien vu. Je dois dire que ce que la marque appelle musc noir est très animal et qu’il est renforcé par un accord truffe. Je ne sais pas si j’ai vraiment aimé ce parfum mais je l’ai trouvé très original. Je me demande toujours comment je peux être encore surpris après avoir senti de très nombreuses créations et, lorsque ça arrive, je jubile. C’est un peu le cas avec ce parfum qui n’est pas forcément pour moi mais qui m’a fait sortir des sentiers battus pour mon plus grand plaisir olfactif.
Je pensais ne pas aimer du tout « Patchouli-Oud » créé en 2017 par Nicolas Bonneville et pourtant, il m’a vraiment séduit. Je l’ai trouvé complètement différent de ce que à quoi je m’attendais. « Niché en Indonésie et inabordable pour la parfumerie traditionnelle, le bois de oud naturel (Agar Wood) est un véritable trésor pour la parfumerie d’art. Affinessence a choisi de l’associer à une très belle essence de patchouli pour en faire jaillir de nouvelles facettes. Sublimé par une pléiade éblouissante de matières naturelles (Vétiver de Java, Ciste et Labdanum, Elémi et Encens, Bois de Gaïac et Mousse d’Arbre), le duo se révèle fulgurant, tandis que le Patchouli revisité développe un sillage luxueux ». Le parfumeur a voulu un parfum tout en finesse et vraiment c’est une réussite. Il a presque une construction chyprée mais en gardant un côté cuir très finement travaillé. Le oud n’est ni trop animal ni trop agressif et il s’équilibre avec le patchouli d’une manière très surprenante qui s’avère d’un très bel effet. J’ai posé le parfum sur ma peau et je dois dire que je me suis vraiment fait plaisir. « Patchouli-Oud » est inédit et d’une rare élégance il faut bien que je l’admette. Je pourrais tout à fait me l’approprier. Il a tout ce que j’aime, une multitude de facettes, une tenue très correcte et un sillage modéré. Vraiment, découvrir ce parfum a été une très bonne surprise.
Affinessence est vraiment une belle découverte et je dois dire que je regrette un peu qu’il n’y ait pas eu de nouveauté depuis 2017 mais je suppose qu’il est un peu difficile d’avoir accès à des matières premières vraiment qualitatives et de les utiliser dans des compositions qui, à la fois les mettent en valeur et soient un peu originales. En tout cas, ne serait-ce que pour ajouter à ma bibliothèque olfactive, je me suis fait vraiment plaisir à les découvrir. Après Perris et Les Indémodables, c’est une marque qui reprend cette démarche de l’utilisation des belles matières sauf que, dans ce cas précis, elle en emploie deux travaillées en majeur par parfum. Affinessence reste une marque très coûteuse mais je trouve qu’il y a derrière une vraie qualité tant au niveau des compositions que des matières premières alors, il faut vraiment les découvrir. La marque arrive à Lyon, je vais pouvoir y remettre mon nez.
Mes carnets de voyages : Le Caire
En 2001, je suis allé en Égypte. J’y suis resté plusieurs semaines et j’en garde un souvenir très précis. Je crois que j’ai fait tous les clichés. Arrivé au Caire, le musée, bateau sur le Nil, Abou Simbel, Louqsor, Gizeh, Vallée des Rois, Vallée des Reines et puis Alexandrie, la civilisation copte et l’oasis de Siwa. Autant de lieux, d’ambiances, de sensations différentes. Peut-être que je consacrerai à L’Égypte plusieurs carnets de voyages, je ne sais pas. J’avais envie de rapprocher un parfum avec ce que j’ai ressenti au Caire, dès l’arrivée à l’hôtel. La ville est vraiment immense, presque dérangeante, mêlée d’histoire, de richesses mais aussi d’une immense pauvreté. C’est un parfum capiteux, celui des fruits confits, des dattes, des épices mais aussi du cuir, des notes sèches de sable, des ambiances animalisée. Le Caire est un composite de tout cela et c’est vrai que ce n’est pas facile à rassembler pour imaginer le parfum qui pourrait s’en inspirer. J’ai tout d’abord pensé à « Aziyadé » de Parfum d’Empire mais il m’évoquerait peut-être plus Alexandrie. Je ne connais pas assez bien « Le Dieu Bleu » d’Astier de Villate et il m’évoque plus les sites réellement historiques. Je pourrais aussi penser à des effluves d’immortelle pour le côté sec et épicé. J’ai pas mal hésité puis j’ai finalement opté pour « Farah » créé par Émilie Bouge pour Brécourt et qui est peut-être le seul parfum dans ces tonalités que je porte régulièrement.
J’ai beaucoup évoqué ce parfum mais toujours sans le remettre dans un contexte précis or, dans ce cas précis, il m’évoque ce que j’aurais eu envie de porter autour de moi pour cette visite de l’un des musées d’égyptologie les plus fascinants du monde. Nous sortions des rues poussiéreuses et parfumées pour entrer dans ce lieu chargé de témoignage de civilisations qui se sont croisées et entrecroisées des siècles durant. Lumineux, « Farah » est sans doute plus adapté aux pays du Moyen Orient qu’à l’Égypte, carrefour de toutes les cultures mais il m’évoque assez Le Caire avec son envolée dense de cannelle, de bergamote et de styrax qui nous emmène sur ce coeur boisé de date, de cuir, de cèdre et de miel. Le fond, très patchouli, se pare des muscs blancs, des notes baumées et poudrées de la fève tonka et du benjoin puis de la facette cuirée du labdnanum. C’est un parfum riche, facetté, fascinant. Il m’a redonné envie de porter des parfums orientaux dont je m’étais éloigné. Très dense sur ma peau, il ne m’entête jamais. Je l’aime et c’est vrai qu’il m’évoque le voyage sans doute le plus long et le plus varié de ma vie mais surtout cette citée du Caire que je trouve très impressionnante.
Exquises trouvailles et prix raisonnables
Jardins d’Écrivains, Une Nuit Nomade, La Petite Madeleine, Essential Parfums, Majouri, Theodoros Kalotinis, PH Fragrances, Bastille, Neydo… Autant de noms qui nous portent vers une parfumerie simple sans être simpliste pour un budget plus raisonnable. Et si ces maisons indépendantes étaient l’avenir d’un secteur où les prix s’envolent de plus en plus ? En tout cas, je trouve qu’elles occupent un créneau très intéressant entre eco-responsabilité et créativité dans le respect d’une clientèle de débutants ou d’amateurs. Je râle toujours contre les incessantes augmentations, notamment concernant les marques affiliées à des grands groupes financiers alors pourquoi pas, à mon petit niveau d’amateur, mettre un coup de projecteur sur quatre créations que je trouve particulièrement réussies et qui nous permettent de nous parfumer sans passer notre temps à économiser dans le but de trouver le Graal de la parfumerie. Alterner des parfums luxueux avec d’autres, qui, sans être cheaps, nous ruinent un peu moins. J’ai eu l’idée de parler de quatre parfums un peu passés sous les radars et que je trouve particulièrement réussis. Je ne vais pas revenir sur Neydo car je vous en ai beaucoup parlé mais je me dis qu’explorer quatre créations originales, dans l’air du temps ou plus vintage, est une bonne idée. Allez, je vous emmène.
La toute première création qui me vient à l’esprit est aussi la moins onéreuse si on ramène le prix au ml. Il s’agit de « Fig Infusion », créé en 2022 par l’excellente Nathalie Lorson pour Essential Parfums. Je l’ai beaucoup aimé à sa sortie mais je l’apprécie encore plus depuis que je l’ai réessayé. Je tiens d’ailleurs à remercier Anne de la parfumerie lyonnaise La Mûre Favorite d’avoir attiré mon attention sur ce parfum très polyvalent, à la fois créatif et élégant que l’on peut porter toute l’année. Vraiment, je me suis fait plaisir à le porter sur une journée complète. Je ne suis pas fou des parfums avec la figue travaillée en majeur. Si elle est trop laiteuse voire crémeuse, elle peut vite me déranger et ce n’est absolument pas le cas avec « Fig Infusion ». Il est totalement original et très bien pensé. Nathalie Lorson explique : « J'ai imaginé un parfum lumineux empreint de joie de vivre et de plaisir. L'odeur réminiscente d'une après-midi à rêver dans le verger, confortablement installé sous les figuiers ». Tels sont les mots de Nathalie Lorson pour exprimer sa démarche de la création de « Fig Infusion », Après un départ fleur d’oranger, mandarine et figue le coeur de thé noir prend toute sa place et se pause sur les accents baumés du benjoin. Nathalie Lorson a réussi le tour de force de travailler la note de figue que je n’aime pas tellement et de me la rendre agréable. Je dois dire que j’ai été vraiment surpris d’autant accrocher dès les notes de tête et aussi tout au long de l’évolution. C’est une très belle création vraiment. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Fig Infusion » est un bijou parmi les créations d’Essential Parfums et je dois dire que je suis sous le charme.
Le second parfum qui me vient est signé bien évidemment par le parfumeur grec Theodoros Kalotinis dont j’ai découvert la marque à la parfumerie parisienne Uni/vere avec un immense plaisir. Alors, bien sûr, il y a beaucoup de gourmands très réalistes dans les deux collections mais le créateur a travaillé aussi sur d’autres thèmes, notamment les floraux dont je vous ai parlé abondamment car j’ai eu deux coups de coeur incroyable, « Gardénia » et « Jasmin of Athens ». Il a aussi exploré les autres familles olfactives avec sa signature déjà très affirmée. Et si le muguet se cachait dans une vanille qualitative et des fruits exotiques pour se poser sur un fond de patchouli hyper bien travaillé ? « Lily, une fragrance envoûtante qui exalte la délicatesse du muguet. Ce trésor olfactif tire son inspiration de l'ancienne civilisation minoenne, enracinée dans la splendide île grecque qu'est la Crète. Cette essence transporte celui qui la porte dans un monde où la grâce du muguet s'entrelace avec le riche héritage de la Crète, évoquant une élégance intemporelle et une royauté enchanteresse. Avec Lily, chaque pulvérisation devient un voyage sensoriel à travers l'histoire, une célébration de la beauté du muguet, immortalisée par le talent créatif de Theodoros Kalotinis ». J’ai adoré « Lily ». La création est vraiment très singulière. La dualité entre les notes fraîches de l’accord muguet et « solide » du patchouli est vraiment formidable sur ma peau. Je pense que je c’est un parfum que je porterai dans les mois à venir. Il est addictif pour moi. Il me surprend, me réjouit, me donne envie de le sentir autour de moi. Oui… C’est une création vraiment originale. En plus, la tenue est excellente, ce qui, pour le prix, n’est pas négligeable.
Je ne parle pas beaucoup de Bastille et j’ai bien tort car la marque recèle de très jolies créations vendues à des prix tout à fait abordables. Il faudra d’ailleurs que j’y remette mon nez très prochainement. Si j’ai beaucoup porté « Pleine Lune » créé par Paul Guerlain en 2020, j’ai eu envie de revenir sur « Rayon Vert » composé par Caroline Dumur et que je n’avais pas trop aimé à sa sortie en 2022. J’avais un échantillon et j’ai pu le réessayer pour en parler dans cet article. Je ne le regrette pas du tout car il m’a fait une bien meilleure impression. Je le trouvais, à l’époque, à la fois réussi et presque dérangeant. Le départ est un peu « farouche » avec des notes de basilic et d’anis complétées par un néroli très vert et un bourgeon de cassis presque « croquant » qui trouve son écho avec un coeur d’angélique; de cumin, de camomille et de fenouil puis un fond d’immortelle, de cèdre et de santal. Voilà un mélange explosif ! « Basilic, immortelle et graine d'anis Rayon Vert évoque un printemps sauvage, une explosion de vie ensoleillée. Les agrumes s'y mêlent aux notes vertes inattendues de basilic, graine d'anis et fenouil. C'est le vent de liberté que vous attendiez depuis 2020 ! ». Heureusement, si la tenue est très bonne, le sillage reste raisonnable car c’est une création étrange, verte certes mais très éloignée de ce que je connais bien qui est plutôt galbanum. Là, les notes sont fraîches mais elles ont aussi pas mal de facettes et le parfum peut vraiment déstabiliser. Ça a été mon cas du moins au épart. Artistiquement, je trouve que c’est une réussite. J’aime beaucoup l’idée qu’il soit vraiment très différent des autres créations de Bastille.
Pour finir, je ne pouvais absolument pas terminer cette sélection sans évoquer le talent d’Anaïs Biguine qui, pour sa marque Jardin d’Écrivains, a créé « Howl » en 2018. Je n’ai pas peur de le dire : c’est un bijou ! « Howl : Allen Ginsberg - 1926/1997/ Poète Américain. Un souffle chaud venu de San Francisco. Un désir fou de liberté, un parfum bohème composé de lavandin, thym, géranium, cannelle, fève tonka, musc, patchouli, ambre » Je le trouve particulièrement original aussi avec un départ très aromatique de lavande et de thym, un coeur de cannelle poudré par la fève tonka et légèrement mentholé par le géranium. Enfin arrive un fond construit autour d’un accord ambre et musc avec des notes de patchouli. Il y a, dans « Howl », un très joli équilibre et, c’est un peu un cuir sans cuir. Les notes un peu animales sont conférées par le patchouli et cet accord ambré très profond en fond. J’aime l’équilibre entre les notes aromatiques et épicées qui jouent avec la facette cuirée et poudrée de la fève tonka. Anaïs Biguine a réinventé le cuir en lui donnant vraiment des versants aromatiques et épicés qui compensent le côté très rond, musqué et ambré de la fragrance. Là encore, l’originalité est de mise. Je ne connais pas l’oeuvre d’Allen Ginsberg mais il est fort possible que j’aille lire quelques poèmes dans le texte. Anaïs Biguine est autodidacte et, il faut le dire, son imagination est sans limite. C’est peut-être pour ça que ses créations sont aussi originales et réussies. « Howl » est vraiment une merveille et son prix reste tout à fait abordable.
Voilà, il y a pléthore d’autres parfums à prix un peu réduit et qui peuvent nous séduire et rester une alternative aux créations des marques de moins en moins abordables. Pour ma part, j’ai autant de plaisir à porter un Theodoros Kalotinis qu’un Frédéric Malle. Tout cela n’est qu’une histoire d’humeur du matin alors, quand on peut se faire plaisir sans se ruiner, on ne va pas détourner la tête ! Bien au contraire…
Mes parfums préférés : "Eau Suave"
* Article modifié
C’est en échangeant avec Lisa, qui vient lire ce blog régulièrement, que je me suis rendu compte que, si j’en avais parlé souvent, je n’avais jamais consacré un article complet à « Eau Suave » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa marque Parfum d’Empire. C’est pourtant l’un des plus beaux chyprés rose que je connaisse. Il n'et pas le parfum le plus connu de la marque et je pense que peu d'homme le portent. Je fais partie de ceux-ci. Je l’avais découvert tout au début de mon engouement pour la parfumerie de niche et pour la maison. Je n’ai jamais oublié combien il me plaisait, combien, sur ma peau, il avait un développement à la fois élégant, exotique et profondément original. C’est l’univers créole de Joséphine de Beauharnais et son goût pour la séduction et l’élégance qui ont inspiré au parfumeur cette création à la fois subversive, moderne et ultra-chic. Je dois dire que, au départ, je n’avais pas vraiment identifié la construction chyprée car je n’y connaissais pas grand-chose. Je sentais seulement un bouquet de roses étrange et atypique. Ce n’est que plus tard que j’ai commencé à « lire » un peu ce parfum. Je pense que c’est en le portant que j’en ai compris toutes les facettes. Pour moi, c’est vrai, « Eau Suave » est l’une des plus belles réalisations de Marc-Antoine Corticchiato et, vraisemblablement, l’un des plus beaux chypres de la parfumerie. J’ai remis mon nez sur un fond de flacon que je possède et je me rends compte à quel point il est fin et original.
Marc-Antoine Corticchiato
« Un chypre rosé et fruité pour raconter une collection de roses. Ce chypré moderne révèle les facettes méconnues de la rose, fleur emblématique de la parfumerie. Riche et opulent, Eau Suave développe les notes étonnantes de roses épicées, roses fruitées, roses thé, arrondies par le musc et le patchouli. Eau Suave, cocktail de roses au charme piquant… ». Le parfum s’ouvre avec des notes épicées de safran, dans une proportion très raisonnable, de rose et de coriandre. Le coeur de rose et de cassis est rehaussé de poivre noir et adouci par la pêche puis le fond de mousse de chêne et de patchouli s’enveloppe de muscs blancs et d’une très belle variété de vanille pour donner un socle solide et profond. J’aime vraiment énormément son sillage très doux et exotique. Je trouve que l’équilibre de « Eau Suave » est absolument incroyable. Quelques années plus tard, Marc-Antoine Corticchiato a repris une trame chyprée pour créer « Le Cri de la Lumière ». Je le trouve vraiment très beau mais, pour moi, il n’égale pas complètement la perfection de « Eau Suave ».