Exquise Trouvaille : "Patchouli Mania"
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« J’ai imaginé un patchouli sensuel à la fois addictif, profond et mystérieux. La composition trouve un équilibre entre la richesse du patchouli et la douceur poudrée du cacao », tels sont les mots de Fabrice Pellegrin pour décrire « Patchouli Mania » qu’il a créé l’an dernier, en 2023, pour Essential Parfum. Il y avait longtemps que je cherchais un parfum dans lequel le patchouli serait travaillé en majeur et surtout ressortirait sur ma peau dans une certaine impression de naturalisme. Je crois que c’est fait et en plus, son prix est plus qu’abordable. Il s’agit donc de « Patchouli Mania » que je trouve vraiment très élégant et qui m’accompagne depuis plusieurs jours. Il s’ouvre sur une très belle envolée de noisettes torréfiées associées à la coriandre un peu épicée et à la fleur de davana qui en renforce le côté rond et presque floral. Puis le coeur, construit autour du cacao et du thé, se fait poudré et s’enrichit d’un fond constitué de trois patchoulis d’une qualité que je trouve vraiment excellente et qui sont renforcées par le vétiver. J’ai adoré ce parfum dès que je l’ai senti et sur ma peau, la dualité entre le côté poudré du cacao et végétal du patchouli est du plus bel effet.
« Inspiré par les notes profondes et sensuelles du patchouli, Fabrice Pellegrin a composé une fragrance aux lignes sensuelles et mystérieuses. En tête, la gourmandise fraîche et aromatique du davana et des noisettes vertes se mêle aux notes boisées épicées des graines de coriandre. Le cœur chaud et gourmand offre quant à lui une dose addictive de cacao, en équilibre avec les notes profondes et boisées du clearwood® et du thé. Enfin, le fond boisé, chaud et terreux dévoile un patchouli mystérieux en harmonie avec la sensualité et la rondeur du vétiver et du cetalox®. Un fond aux allures profondes et envoûtantes ». Sur moi, la diffusion est un peu modérée mais la tenue s’avère vraiment très longue. Lorsque le parfum imprègne mes vêtements et particulièrement le col de mon blouson d’hiver, je dois le remettre car je ne peux en aucun cas le recouvrir avec une autre composition. En tout cas, je suis ravi de la découverte. J’avais beaucoup aimé « Patchouli Mania » à sa sortie et je ne suis pas du tout déçu car, lorsque je le porte, je me fais vraiment plaisir et c’est un peu le principal lorsqu’on décide de porter un parfum. Nul doute qu’un jour, cette exquise trouvaille aura sa place parmi mes parfums préférés.
Mes carnets de voyages : Torquay
Torquay est le bijou du Devon, au bord de la Manche, dans le sud-ouest de l’Angleterre. Son climat est doux, l’environnement, à la fois marin, fleuri avec des plantes subtropicales comme les aloès, les camélias, les fuschias et, bien évidemment des magnolias. Elle est aussi la ville de naissance de l’écrivaine Agatha Christie. Pour moi, Torquay est liée à de bons souvenirs d’un périple dans le Devon et les Cornouailles avec une amie il y a plus de quinze ans. J’avais adoré ce séjour et la beauté de cette côte sud de l’Angleterre. Des paysages sauvages de Cornouailles à ceux, plus disciplinés du Devon (anciennement le Devonshire ), j’en ai pris plein les yeux et les narines. Pour symboliser cette petite ville balnéaire, je me suis beaucoup interrogé. En effet, peut-être me fallait-il un parfum dans lequel des embruns étaient présents mais surtout quelque chose de très floral, pas trop solaire, et complètement britannique. J’ai donc cherché dans les marques anglaises que j’aime et j’ai choisi un parfum plutôt floral, un peu désuet, qui pourrait symboliser plutôt le Torquay des années 20 ou 30. Et ce sera « Solaris » créé en 2023 par Aliénor Massenet pour la collection British Tales de Penhaligon’s. Pour moi, ce parfum coche toutes les cases de la dualité des vacances à Torquay entre soleil, climat favorable mais frais, air léger et un peu salin. Je m’imagine tout à fait le porter le soir, après m’être baigné, et flâner le long de la plage, en jean et T-shirt, avec peut-être un chapeau un peu désuet.
« Solaris est une ode au soleil, un parfum qui vous enveloppe d’un halo lumineux, qui capture l’énergie du soleil et la magnifie. Dès les premiers instants, une brise légère caresse votre peau avec des notes vivifiante de cassis et lactone. Au cœur de cette symphonie parfumée, des notes de rose, ylang-ylang et fleur de tiare dansent au rythme d’une mélodie solaire. En fond, la vanille se déploie et évoque une chaleur caressante et enveloppante ». Tout en finesse, tout en élégance, ce parfum est vraiment, pour moi, le symbole de vacances au bord de la mer en Angleterre avec son départ frais de cassis, de citron et de néroli à peine adouci par des notes de lactone, une molécule lactée comme son nom l’indique. J’ai beaucoup évoqué ce parfum déjà, notamment récemment dans un article sur la note de tiaré qui, associée à l’ylang-ylang, à la rose et au jasmin, se fait comme un voile sur ma peau et qui se termine par une vanille délicate et un bois de cèdre discret. Ni trop présent, ni complètement parfum de plage, « Solaris » est tout en élégance tout comme peuvent l’être les stations balnéaires du Devon. En tout cas, il m’évoque tout à fait le côté à la fois faussement exotique et un peu désuet des plages et des jardins de Torquay.
Nouveautés juin 2025
C’est Émilie Bouge dont j’aime beaucoup le travail qui a créé « Pacific Rock Flower », le nouveau parfum de la Native Collection de Goldfield & Banks et j’en attendais vraiment beaucoup. Elle explique : « Je voulais offrir une réinterprétation intense de Pacific Rock Moss, inspirée par l'immensité des paysages australiens et la brise marine. J'ai donc créé Pacific Rock Flower, construit autour de notes aromatiques telles que l'Eucalyptus et l'Arbre à thé, tous deux originaires d'Australie, avec une touche de mousse salée qui symbolise le lien entre la terre et la mer. J'ai ajouté un accord de Fleur de corail, enrichi de cire de Coco, pour introduire une nuance florale délicate, tandis que l'ambroxan en fond apporte des bois profonds et denses pour un final captivant ». Je trouve le départ d’eucalyptus associé au citron et au thé avec des facettes salées très original et le coeur de fleurs blanches et de noix de coco se pare du côté très végétal de la mousse de chêne, ce qui est plutôt inattendu. Hélas, je suis un peu moins surpris et séduit par les notes de fond. Comme souvent chez Goldfield & Banks, le côté ambroxan prend le dessus sur le santal. Mon avis est quand même vraiment mitigé. Il ya des moments de l’évolution où je l’aime vraiment beaucoup et d’autres où je le trouve un peu banal. Parfois je l’aime, parfois il m’indiffère. Ce ne sera donc pas un parfum pour moi.
J’ai une prédilection pour le talent de Giuseppe Imprezzabile alias Meo Fusciuni et j’attendais avec impatience la sortie de « Isola », sa toute dernière création pour sa maison de parfums poétiques. « Quand la lumière du Sud danse sur la peau. Sous le soleil doré de Sicile, le citron jaillit en éclats pétillants. Une limonade glacée qui fait frissonner les sens, comme un souvenir d’été. Un souffle frais et lumineux qui s’envole, puis se pose, tendre, sur les notes vertes du figuier et la caresse légère des fleurs blanches ». La marque parle d’une limonade au yuzu. Pour moi, il va falloir absolument le tester sur la peau. C’est parfum moderne et explosive d’une complexité assez étonnante pour un floral hespéridé. Il s’ouvre avec des notes de yuzu, de citron, de bergamote, d’orange sanguine et de mandarine. Ensuite, au bout de quelques minutes, vient un coeur de néroli, de lavande, de magnolia et de jasmin rehaussé par le bourgeon de cassis. Le fond de thé blanc et de fève tonka très doux se renforce de patchouli, de vétiver et de muscs. Comme ça, il a l’air d’un esprit Cologne classique mais je trouve qu’il y a quelque chose de plus pétillant, de plus profond aussi. Je ne sais pas si je l’aime ou non. Sa ténacité et son côté fusant qui reste très frais peut avoir un côté un peu trop « dans l’air du temps » par rapport aux autres créations de ce parfumeur et pourtant, quand je le porte, je lui trouve des facettes jolies et très addictives. Sur moi, il prend une tonalité à la fois très aromatique et presque salée et minérale. Je ne peux pas dire que j’adhère totalement à son évolution mais il est intéressant.
Je n’attendais pas grand-chose de « Castley », le nouveau masculin de Parfums de Marly et j’avais bien raison. La marque en décrit l’inspiration : « Inspiré par l’audace des grands explorateurs français du XVIIIe siècle, Castley incarne la force tranquille de ceux qui osent ouvrir de nouveaux horizons. Entre élégance innée et détermination farouche, ce parfum rend hommage aux pionniers visionnaires : bâtisseurs de forts et rêveurs d’horizons inexplorés. À la croisée du raffinement et de l’endurance, Castley célèbre l’esprit d’aventure moderne, celui d’un homme libre, audacieux, et résolument tourné vers l’inconnu. L’ouverture fraîche de la bergamote donne le ton, vive et directionnelle comme un pas décidé vers l’inconnu. Le cœur s’adoucit autour du petit grain et de la rose, dévoilant une facette plus contemplative, presque poétique. En fond, le cuir se mêle aux bois vibrants d’Akigalawood et aux résines profondes de labdanum, sculptant une base robuste, dense et résolument ancrée ». Un joli story-telling pour une composition qui, vraiment, ne sort pas des sentiers battus. On nous parle d’un départ de bergamote, de gingembre, de pamplemousse et de poivre noir, j’avoue n’avoir senti qu’une note vaguement agrume puis d’un coeur de néroli et de petit-grain, or je ne perçois que vaguement la rose. En revanche, après une évolution à toute vitesse, les notes d’akigalawood du fond dévorent le benjoin et le labdanum qui demeurent anecdotiques. Très franchement, ce parfum est, il faut que je le dise, très inspiré, voire copié-collé de « Bois Impérial » d’Essential Parfums. Ceci dit, le prix n’est pas le même… vous vous ferez une idée.
Créé par Emna Doghri, « Rouge de Rouge » est le nouvel opus de la maison de parfum Noème sur laquelle il faut vraiment que je me penche car je ne connais que les deux dernières sorties. Cette création est un très beau floral fruité avec un fond poudré et vanillé. « Sur la Côte d’Azur, il existe un moment suspendu, une alchimie secrète entre la mer et le ciel. Un moment unique, insaisissable. Il revient chaque jour, mais jamais de la même manière. Toujours inaccessible, comme un mirage renaissant au crépuscule. Juste avant que la nuit ne tombe, les calanques s’embrasent d’un rouge incandescent, une lueur ardente se reflétant sur les flots tranquilles.C’est l’Heure de Rouge, cet instant où tout bascule, où la lumière du jour fusionne avec l’ombre naissante, où le paysage s’embrase dans une éphémère passion. À cette heure précise, deux âmes se retrouvent. Ils ne parlent presque pas ; leurs regards suffisent. Elle, lumineuse, exhale une fraîcheur éclatante, une étreinte gourmande de pêche blanche et d’agrume pétillante, enveloppée du velours des roses bulgares et d’une vanille infusée ». L’envolée de bergamote, associée à la pêche, à la prune et à un cassis presque juteux, nous conduit sur un coeur assez étonnant dans lequel s’expriment le cèdre de Virginie et le vétiver que l’on trouve surtout en notes de fond habituellement, mais qui, dans ce parfum sont associé à une qualité très ronde de géranium et à la rose de Bulgarie. Le fond de benjoin, de fève tonka et de vanille se fait un peu baumé et poudré. J’ai beaucoup aimé « Rouge de Rouge », je ne le cache pas. Pour moi, c’est un parfum vraiment élégant et réussi. C’est un peu un coup de coeur. Je suis vraiment content de l’avoir découvert et j’ai très envie de l’essayer un peu plus.
Il y a déjà plusieurs mois que j’entends parler de « Rubaiyat », créé par Anatole Lebreton pour sa collection d’extraits de parfums Artefacts et j’ai eu l’occasion de le découvrir. « Perse Seldjoukide, XIème siècle. Le poète et savant persan Omar Khayyam compose des quatrains vantant les délices du vin et de la volupté. Trouvant l’inspiration lors d’épisodes d’ébriété extatique, Khayyam, jongle continuellement entre spiritualité tolérante et ivresse de la matière. Rubaiyat célèbre ce moment d’ivresse créative, où la conscience se dérègle et l’artiste, libéré, regarde le monde autrement, et se fait dépositaire d’un message qu’il se doit de partager à travers son art ». Avec un départ de cardamome et de rose turque, le ton est donné et il ne fait que s’enrichir de notes de lie de vin associé avec des notes de poivre et de framboise en coeur. Le fond de myrrhe, de cashmeran et d’éthyl-maltol un peu caramélisé m’a déstabilisé. Très franchement, je n’ai pas adhéré. Je ne suis pas très attiré par la rose d’une part et je trouve que le mélange d’épices associé aux molécules synthétiques notamment d’éthyl-maltol, donne un côté presque alcalin qui me dérange un peu. Je n’ai pas osé le poser sur ma peau et je pense qu’il s’éloigne trop de mes goûts pour que je le fasse vraiment. Je vous laisse donc vous faire votre propre impression.
J’ai eu l’occasion d’essayer « Ruby », le nouveau parfum sorti par Kajal, une marque des Émirats Arabes Unis que je découvre et qui, dans le style gourmand opulent est très bien imaginée. « Ruby est un hommage à l’amour sous toutes ses formes—romantique, familial ou platonique. Dans un monde souvent plongé dans l’ombre, l’éclat radieux de l’amour demeure constant, toujours prêt à illuminer et à nous guider. Ruby s’ouvre sur un éclat de baies rouges, de noix de coco, d’amande, d’ananas et de cerises juteuses. À l’image des fleurs de cerisier, les cerises capturent la nature délicate et éphémère de la beauté et de la vie, rappelant ces instants précieux qui ne durent qu’un moment. Les notes de cœur se dévoilent dans un tourbillon gourmand de crème fouettée, d’accents poudrés délicats, de glace et de sucre brun, évoquant la chaleur et le réconfort. Enfin, le fond s’épanouit en une fusion riche de musc, de vanille, d’ambre, de benjoin et de fèves tonka, symboles d’amour et de sensualité ». L’envolée est ultra-fruitée avec un accord cerise, ananas, fruits rouges et noix de coco enveloppé d’une amande très profonde. Certes, il y a un côté synthétique assumé mais je trouve que c’est très bien fait. Le coeur est également suave, construit sur un accord crème chantilly et poudre de riz avec des notes de sucre brun puis on arrive sur un fond de vanille (un peu vanilline, un peu teinture de vanille), de fève tonka, de benjoin et de muscs blancs que je trouve vraiment très réussi. Ne nous le cachons pas, « Ruby » a un côté too much mais je le trouve attirant et addictif malgré un flacon tape-à-l’oeil assez terrible. Je devrais détester ce parfum et bien ce n’est pas le cas. J’ai bien aimé. Petit plaisir coupable ? Non, j’assume de sortir totalement de mes goûts.
« Blu Mare incarne l'extase des rayons du soleil dansant sur les vagues, le rythme hypnotique de la mer qui berce les sens et la fraîcheur rajeunissante de la forêt de pins située derrière la plage ». Créé par Silvia Martinelli pour Giardini di Toscana, « Blu Mare » n’est pas vraiment une nouveauté de ce mois puisqu’il a été lancé en 2024 en Italie mais nous l’avons à Lyon depuis quelques semaines seulement. « Ce parfum s'ouvre sur des notes pétillantes de citron et de pamplemousse qui scintillent comme les rayons du soleil sur la surface ondulante de l’eau. Le cœur de ce parfum révèle son essence marine, avec un accord parfumé qui vous transporte directement au bord de la mer, où le clapotis des vagues et l'odeur fraîche du cyprès se mêlent dans une danse séduisante et harmonieuse. Les notes de fond d'ambre gris et de mousse de chêne donnent de la profondeur et de la persistance au parfum, enveloppant la peau comme une caresse de la brise marine, laissant un sillage de parfum magnétique et sensuel ». Dès l’envolée, les notes fraîches de pamplemousse, de citron, de poivre rose et de bergamote sont submergées par un accord algues synthétique mais ultra-réaliste et une facette cyprès au coeur. Le fond d’ambre gris et de mousse de chêne soutient ce parfum marin qui a tout pour ne pas me plaire et que, c’est vrai, je ne pourrais pas porter. Ceci dit, il m’a quand même agréablement surpris. Là encore, il ne faut pas chercher quelque chose de naturel dans ce parfum mais je trouve qu’il est bien imaginé.
Je n’avais pas pensé à aller découvrir « eLVes » le dernier opus de Jacques Cavallier-Belletrud pour la collection Louis Vuitton mais Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures m’en a donné envie. C’est un féminin très marqué et il n’est absolument pas pour moi mais, je dois le dire, je l’ai trouvé réussi. « Un sillage épique de rose et d’ambre qui célèbre toutes les héroïnes Louis Vuitton. Regarder vers l’horizon, oser tracer sa propre voie. eLVes Louis Vuitton célèbre le courage, la force et la beauté des femmes dans toutes leurs dimensions. Un manifeste empreint d’audace et de liberté, un hommage aux pionnières inspirantes qui subliment leur existence et celle des autres. À toutes ces héroïnes, Jacques Cavallier-Belletrud dédie un grand floral contemporain, d’une richesse fascinante. La rose Centifolia révèle sa splendeur, grâce à une extraction au CO2. Illuminé par le muguet, ce bouquet se gorge de notes fruitées addictives, tandis qu’un Ambroxan d’une grande sensualité et une pointe de patchouli insufflent à l’ensemble un chaud-froid qui saisit tous les sens. L’essence d’une féminité triomphante, à l’aura universelle ». Après un départ très fugace de bergamote, vient un coeur de rose de Grasse très tendre et de muguet puis un fond d’ambroxan et de patchouli. Je l’ai essayé. La tenue est impressionnante et je le trouve très facile à porter. Nous étions deux à le découvrir et nos avis divergeaient. Je l’ai trouvé plutôt joli même si ce n’est pas un coup de coeur.
J’ai aussi découvert « Lucid Dream », créé par Charlotte Julien et Cristian Calabro pour Reinvented, une marque italienne dont je vous parlerai prochainement. J’ai trouvé ce parfum très original. « Qu’est-ce qu’un rêve, sinon une réalité suspendue ? Lucide dans la sensation, surréaliste dans la forme. Lucid Dream est une plongée en apesanteur dans le subconscient : délicate, infinie, et intensément libératrice. Comme un clair de lune diffusé à travers l’eau, il brille sans chaleur et émeut sans un son. Chaque note flotte. Jamais elle ne tombe, jamais elle n’est forcée. Tout commence comme un murmure entre deux mondes : le safran, la framboise et la prune scintillent et transcendent, radieuses et éphémères, comme si le souvenir avait pris forme. En son cœur, un lent déploiement de rose, de fleurs blanches et de fleur de safran se meut avec fluidité, se dilatant et se contractant comme une pensée en mouvement — une chorégraphie hypnotique de lumière et de sensation. En profondeur, une gravité subtile vibre, portée par le bois de santal, le patchouli, et un murmure persistant de oud doux — apportant un contraste délicat, ancrant le rêve sans jamais interrompre la danse ». J’avoue que ce parfum m’a vraiment dérouté. Il s’ouvre avec un accord safran (épice), prune et framboise très oriental puis vient un coeur de rose et de fleurs blanche ainsi que de safran mais, cette fois-ci version fleur, une matière que je ne connaissais pas du tout en parfumerie. C’est peut-être pour cela qu’il est aussi singulier. Le fond de santal et patchouli est soutenu par des notes d’un accord oud très discret. J’ai aimé « Lucid Dream » car, pour moi, il est assez différent de ce que l’on sent actuellement. C’est un parfum intrigant, singulier, vendu dans un très joli flacon. J’ai hâte de sentir les autres parfums de la marque un peu mieux pour pouvoir vous en parler mais celui-ci est vraiment très intéressant.
J’attendais beaucoup de « Immortelle Solaire », le nouveau parfum composé par Antoine Lie pour Les Indémodables car, il faut le dire, je n’ignore pas la qualité des matières premières utilisées par la marque et je suis, en outre, assez attiré par l’immortelle travaillée en majeur. Je remercie Nicolas et Benoît, de la parfumerie Odorem à Lyon de me l’avoir fait découvrir en légère avant-première car j’étais, c’est vrai, un peu impatient. « L’huile essentielle et l’absolue d’immortelle aujourd’hui utilisés par les parfumeurs sont des ingrédients difficiles à utiliser et à doser, ne restituant que de façon très imparfaite la complexité olfactive de la plante, avec des facettes dures et sèches…peu esthétiques. Après 18 mois de recherche, l’extrait mis au point par ‘l’Atelier Français des Matières’ constitue une véritable innovation et dévoile enfin le profil olfactif intégral de cette plante, fidèle à ce que l’on peut sentir dans le champ. Antoine Lie -maître parfumeur- a pu ainsi intégrer ce nouvel ingrédient unique et exclusif en overdose dans le nouvel Opus des Indémodables: ‘Immortelle Solaire’.Cette création ultra signée et originale est ainsi un jeu de lumière et de matières : elle met en scène toute la complexité de l’Immortelle ultrasons ‘full spectrum’, associant un accord iodé et lumineux à des facettes de réglisse et de fruits confits, dans un subtil équilibre avec des notes plus sombres d’épices, de bois, et de cuir légèrement fumé. Elle nous évoque une atmosphère estivale, inondée de soleil, au moment très précis ou le soleil au zénith darde ses rayons brûlants sur la rocaille calcaire d’un paysage provençal ». L’immortelle française, dont on a extrait l’absolu utilisé pour composer le parfum de manière inédite est déjà, en soi, absolument attractive car elle est débarrassé de toutes les facettes un peu camphrées ou de la tonalité curry qui peut déranger parfois. Elle est associée à la noisette naturelle, exclusivité des Indémodables, ainsi qu’à une très belle qualité de patchouli et de Styrax qui, je crois, vient du Honduras. Il en résulte un parfum complexe, mettant en valeur l’immortelle bien sûr mais, sur ma peau, très ambré, à la fois chaud et sec. Je le sens même un peu épicé. J’ai beaucoup aimé cette création que je trouve vraiment inédite. « Immortelle Solaire » est une invitation aux vacances en Provence ou en Corse. Je trouve qu’il se fait de plus en plus beau au fur et à mesure qu’il évolue. Je pense également qu’il faut impérativement l’essayer sur la peau. On peut mieux mesurer son sillage qui doit être assez puissant mais surtout une tenue longue et plaisante.
Je n’avais pas noté qu’il y aurait, cette année, un nouveau parfum créé par Ramon Monegal pour sa marque éponyme. « Matador de Ramon Monegal célèbre l'audace et la victoire. Ce parfum est pour ceux qui embrassent les défis avec une foi inébranlable en leurs rêves, vivant chaque instant intensément. Le sillage s'ouvre sur une combinaison inattendue de cumin épicé, de poire juteuse et d'encens mystique, offrant une entrée saisissante et prometteuse. En son cœur, un bouquet floral riche se déploie. Le magnolia, le jasmin et la rose s'entrelacent, incarnant la détermination et la sensualité. La base audacieuse une combinaison de cuir et de fruit de la passion unique, marié à la douceur addictive du bois de santal et de la noix de coco. Le musc assure une persistance magnétique, laissant l'empreinte mémorable d'un champion ». Je dois dire que si, sur le papier, j’étais assez attiré par la pyramide olfactive, « Matador », le nom du parfum, me dérangeait un peu. Je suis assez anti-corrida et j’ai beaucoup de mal avec la glorification de la souffrance animale. Bon, je suis un peu hors-sujet mais les choses sont dites. Revenons au parfum. L’envolée est très fruitée, avec des notes de poire mais, il me semble, également de framboise épicées par le cumin et rendu très profondes par l’encens. Le coeur, floral, de jasmin, de rose, d’iris et de magnolia est assez imperceptible sur ma peau et, très vite, je sens les notes de cuir, de noix de coco, de musc tonkin et de fruit de la passion. L’ensemble, en tout cas sur ma peau, est très animal et très cuiré. J’ai essayé ce parfum par une journée ensoleillée et il m’a un peu dérangé. Il faudrait peut-être le retrouver après l’été. Je ne sais pas si j’en aurai envie mais, le cas échéant, je le ferai.
Avec « Faluröd », le nouveau parfum qu’il a créé pour Björk & Berries, Jérôme Épinette a choisi d’explorer des notes résolument modernes : « Dans les paisibles étendues de la campagne suédoise se dresse le traditionnel cottage en bois rouge. Sa teinte vibrante, connue sous le nom de rouge Falu ("Faluröd"), provient des mines de cuivre de Falun d'où l'on extrait ce pigment rouge. Riche en fer et en silice, il assure une préservation naturelle des planches de bois contre les rigueurs du temps et les insectes, incarnant l'éthos suédois qui marie beauté et pragmatisme. Le parfum Faluröd est une création boisée qui invite à une évasion hors du temps, loin de l'agitation moderne, pour retrouver les rythmes tranquilles de la nature. Une fragrance qui capture l'essence intemporelle des histoires des générations passées murmurées par le temps et chaque grincement du bois. Un parfum boisé et minéral, chaleureux et patiné, qui évoque les murs chauffés par le soleil, les vieux meubles en résine, et la pluie qui imprègne doucement le bois ancien ». L’envolée est très surprenante car elle associe une très belle qualité de poivre noir à un accord « fer », très métallique en effet et qui se renforce avec un coeur d’encens et de bois de chêne plutôt « costaud » et pas forcément dans mes goûts mais hyper bien vu. Le fond de cèdre et de myrrhe autour d’un accord ambré donne quelque chose de particulièrement singulier. Je ne sais pas si j’ai vraiment aimé « Faluröd ». Il est peut-être un peu difficile à porter pour moi d’autant que la tenue et le sillage ont l’air vraiment denses. Je trouve le nom et le story telling très en accord avec la création et je comprends parfaitement l’inspiration.
« Face à l’océan Indien, l’île de Sumba située près de l’île de Komodo, dans la province des Petites îles de la Sonde, a été connue pendant des siècles comme l’île du bois de santal. L’île est le sanctuaire d’une des plus belles races de cheval d’Indonésie : le Sumba aussi appelé Poney Santal. À l’aube ou au coucher du soleil, par-delà le foisonnement végétal de la jungle indonésienne bordée de frangipaniers, la plage de Nihiwatu devient le terrain de jeu des chevaux Sumba. À l’issue de leurs courses sauvages ils adorent se rafraîchir dans l’eau et sous l’effet de la houle, leurs sabots quittent le sol, ils commencent alors à nager dans l’océan offrant à l’homme un spectacle hors du temps ». Il y avait plus de huit ans que Pierre Guillaume n’avais pas créé de parfum pour cette marque et il a choisi de revenir avec un parfum plutôt aquatique qui tourne autour de notes de litchi et de fleur de frangipanier qui ouvrent tout en fraîcheur une fragrance originale où se mêle la note animale d’écume de cheval et minérale de l’océan. Avec « Phaesus », Pierre Guillaume explore un « parfum de voyages ». Il l’a fait souvent pour sa marque éponyme mais peut-être moins pour Phaedon. J’ai beaucoup aimé le côté un peu ethnique et profondément exotique de cette compositon originale, toute en légèreté. La responsable de boutique a employé le mot « aéré » que je trouve particulièrement juste. Pour moi, c’est un marin cuiré, plutôt en finesse, singulier, certes un peu éloigné de mes goûts, mais vraiment bien réussi.
Quand j’ai lu la pyramide olfactive de « Tropical », créé, pour Arquiste, par Rodrigo Flores-Roux, j’ai été vraiment intrigué. Je vous la livre comme elle est présentée par la marque : Tout d’abord, à l’envolée, les notes goyave du Mexique et du citron vert du Yucatan révèlent une fragrance fruitée et acidulée par le gingembre frais, presque vert et croquant. Au coeur, le parfumeur a utilisé une extraction de fleur de goyave, associée au jasmin sambac, à la plumeria (fleur de frangipanier) ainsi qu’un absolu de gousse de vanille puis, au fond, une pâte de goyave, un accord ambré boisé et des notes boisées d’acajou mexicain. Carlos Huber, fondateur de la marque explique : « Inspiré par un jardin mexicain luxuriant de Mérida, Yucatán, le parfum Tropical est une interprétation décadente de fruits tropicaux, de fleurs et de bois, une véritable fragrance de paradis. Il évoque le souvenir d'une nuit magique dans cette ville douce. Imaginez une oasis moderniste derrière une façade coloniale, où le verre et le travertin encadrent une vie débordante. Des palmiers, oiseaux de paradis et gingembres bordent un bassin, sous un ciel illuminé par les feux d’artifice. Les notes de goyave mûre se mêlent au parfum enivrant des fleurs d'orchidée champaca et à l'arôme profond de l'acajou. Le gingembre frais et la vanille mexicaine complètent cette composition olfactive. Sous un goyavier chargé de fruits, une idole maya patinée murmure silencieusement les histoires anciennes de cette ville dynamique. Ce parfum capture l'essence d'un jardin vibrant où la nature et l'histoire s'entrelacent, offrant une expérience sensorielle riche et exotique ». Vous comprenez bien que je suis complètement « dans mes goûts » pour ne pas encore dire « dans ma zone de confort » et j’ai posé « Tropical » directement sur ma peau. Le départ est absolument sublime, fruité, naturaliste et addictif et, sur moi, l’évolution se fait résolument florale. Les notes exotiques s’atténuent et il reste un parfum solaire très jasminé, avec presque un côté lilas ou muguet particulièrement joli. Par contre, je trouve le développement un peu plus classique que je l’aurais espéré. La note de goyave est un peu éphémère et je le regrette car j’aime vraiment beaucoup. Il reste qu’il s’agit d’un très beau floral, addictif et élégant à la fois.
Un vrai féminin, « floriental » et légèrement gourmand, tel est « Divina », le nouvel opus de la Red Collection de Paradis des Sens. J’étais un peu passé à côté mais j’ai eu l’occasion de le sentir. « Séduisante et inoubliable, Divina est une gourmandise à fleur de peau. Elle vous attire dès la première bouffée : un éclat vibrant d'orange, vif et indompté, qui enflamme la curiosité. Puis vient le lent dévoilement : la fleur d'oranger, douce et lumineuse, s'épanouit délicatement contre la peau. La violette crémeuse suit, douce et moelleuse comme un secret échangé dans l'obscurité. Au cœur, l'extrait de vanille Bourbon s'élève en une vague sensuelle, chaude et veloutée, se fondant dans la chaleur de votre corps. Profond, persistant, addictif ». Ce parfum, dont je ne connais pas le créateur a tout pour devenir un classique : une envolée de mandarine et d’orange qui nous emmène sur un coeur à la fois floral, poudré et baumé de feuille de violette, de fleur d’oranger et de benjoin très tendre et qui se pose sur un fond de tonka et de vanille soutenu par le bois de cèdre. Comme toujours chez Paradis des Sens, il n’y a pas vraiment une recherche d’originalité mais plutôt d’une certaine qualité. « Divina » est classique, très bien vu, tout à fait efficace. J’avoue l’avoir bien aimé même s’il ne m’a pas surpris. Je pense que, parfois, il est bon d’avoir des nouveautés un peu rassurantes. Il ne sera pas un coup de coeur et d’ailleurs, je le trouve, pour le coup, très féminin. Il exhale un très beau sillage très élégant s’il n’est peut-être un peu lourd pour la saison. J’aime beaucoup le côté intemporel de cette composition dense, très profonde et dont la tenue semble atomique. En tout cas, il y a quelque chose de très agréable à découvrir ce parfum très puissant.
Il y a déjà un certain temps que j’ai pu sentir et même essayer « Vétiver Fauve », le nouveau parfum créé par Delphine Jelk pour la collection L’Art et La Matière de Guerlain mais j’attendais qu’il soit proche de sa sortie pour vous en parler. « Vétiver Fauve dévoile le vétiver sous un jour nouveau, étonnamment frais et vibrant. Mêlée à un accord de fruits tropicaux, la fragrance devient une invitation au cœur d'une jungle éveillée. Inspirée du Livre de la Jungle de Rudyard Kipling, la fragrance évoque un monde sauvage où la nature prend le dessus : une jungle matinale, sauvage et vibrante de sons, de couleurs et de senteurs. Une composition aussi vivante et texturée que la jungle elle-même ». J’avoue que le postulat de départ m’a un peu dérouté tout comme le nom d’ailleurs mais, en lisant, je comprends la démarche artistique de la parfumeuse. Cette création est une interprétation « verte » du vétiver. La marque parle d’une envolée de notes vertes et de figue que je sens parfaitement mais aussi d’ananas puis d’un coeur de vétiver extrêmement bien travaillé qui se pose sur un fond de cypriol plus sombre et de fève tonka qui l’adoucit. Je trouve qu’avec ce parfum, Delphine Jelk a tiré un fil entre le vétiver historique de la marque et un parfum contemporain, plus vert, plus vif. J’ai beaucoup aimé porter ce parfum un peu avant la saison très chaude à laquelle il sort et je pense que je l’apprécierai de la même manière en ce moment. J’ai de plus en plus de goût pour le travail de Delphine Jelk pour cette collection. Après « Patchouli Paris » et « Pêche Mirage », je suis bien client de « Vétiver Fauve ». C’est une très jolie création à découvrir et surtout à porter avant de passer à l’achat.
Après « Mojave Ghost » et « Blanche », le groupe espagnol Puig, qui détient maintenant Byredo propose deux autres réinterprétations dans The Absolu Collection. En effet, « Bal d’Afrique » et « Rose of No Man’s Land » sortent cette année en version haute concentration. J’ai eu la chance de les sentir en avant-première et je vais tenter de vous donner mon opinion sur ces formulations différentes, ou, plus simplement, légèrement modifiées par Jérôme Épinette qui avait composé les originaux. Commençons donc par « Bal d’Afrique » en absolu de parfum. « Inspiré par la connexion personnelle du fondateur Ben Gorham à l’Afrique, en particulier par les expériences de son père lors de ses voyages et de sa vie là-bas, Ben Gorham a créé Bal d’Afrique comme un voyage imaginaire et une célébration de l’impact culturel riche de l’Afrique sur la danse, l’art et la musique.Intensifiant l’aspect gourmand de Bal d’Afrique, cette composition réimaginée accentue le contraste entre une légèreté vibrante et une profondeur addictive, offrant une expérience plus riche et irrésistible. Des notes de bergamote, citron et cassis apportent une vivacité audacieuse, fondant dans la douceur de la praline, des muscs et de la violette, pour finir sur une base dramatique de cèdre, vétiver et ambre noir chaud ». Après une envolée très fraîche de bergamote, de citron et de cassis, le coeur de muscs blancs, de praline et de violette prend toute sa place avant de se poser sur un fond ambré avec des notes de cèdre et de vétiver. Je trouve cette version de « Bal d’Afrique » assez différente de l’original. Le coeur est plus gourmand, plus fruité et même un rien sucré ce qui n’est pas ce que je préfère. En revanche, je trouve la toute fin du parfum sur ma peau vraiment très belle, dense et assez proche de ce que j’aimais dans l’eau de parfum. J’ai toujours regretté que « Bal d’Afrique » EDP ait une tenue aussi limitée mais je ne suis pas sûr d’aimer autant la concentration absolu. Je le réessayerai quand les températures auront un peu baissé et je vous en reparlerai peut-être.
Avec un départ très épicé de poivre rose et de safran associé au bourgeon de cassis, le coeur de framboise, de pivoine et de roses divers puis le fond d’ambre, de papyrus et de patchouli, « Rose of No Man’s Land » en version absolu est encore plus différent de l’original. « Rose of No Man’s Land Absolu réinvente la fragrance iconique avec une intensité plus opulente et fumée, rendant hommage à la rose qui s’épanouit là où d’autres craignent de s’aventurer. Au cœur de la composition bat une trilogie de roses exquises, qui s’entrelacent harmonieusement dans les notes de tête et de fond pour apporter une profondeur élégante. Les notes de tête de safran et de cassis introduisent une touche fruitée relevée par une pointe de poivre rose, tandis que la framboise noire et la pivoine s’entremêlent aux roses. Une base de papyrus, patchouli sombre et ambre chaud permet à la fragrance de persister avec une intensité fumée ». Pour moi, il s’agit d’un tout autre parfum et je ne peux pas dire que j’ai adhéré. Tout d’abord, je le trouve vraiment synthétique, presque à l’excès, et je ne suis pas certain de pouvoir me l’approprier. Je pense même fondamentalement être rebuté par l’omniprésence du safran sur ma peau.
J’étais assez impatient de découvrir « Feel Good Novel », la nouvelle Cologne Body Splash imaginée par Anaïs Biguine pour sa marque Jardins d’Écrivains et, avec le concours de Nicolas et Benoît de la parfumerie Odorem à Lyon, j’ai pu même l’essayer sur ma peau et je dois dire que je n’ai pas été déçu. « Jardins D’Ecrivains explore le mouvement littéraire « Feel Good », ce besoin de plonger dans des récits à l’humeur positive et qui font tant de bien. Cette Pop littérature réconfortante inspire une cologne au bonheur olfactif ! Tout commence par un éclat de rire avec un gingembre abricoté. Puis la pêche salée se veloute d’une vanille suave à l’irrésistible tendresse. Enfin, le fond musqué laisse s’épanouir un patchouli comme les derniers mots d’un roman qu’on referme le cœur léger ». Difficile de résister en effet à cette Cologne ultra-fruitée, réjouissante et particulièrement efficace. Entre notes d’abricot, de pêche salée, de vanille, de patchouli et de musc pour une tenue qui est plus qu’honorable pour ce style de concentration, la fragrance est dominée par le côté « pep’s » d’un gingembre très présent, particulièrement bien vu et qui lui apporte un équilibre. Effectivement, c’est du plaisir, toujours du plaisir et rien que de plaisir comme chaque création de cette collection dont mes préférées, « Blixen » et « Marceline », sont des pépites évidentes. En tout cas, une fois de plus, Anaïs Biguine fait mouche avec cette très belle Cologne fruitée et énergisante.
Exquise trouvaille : "Dance of the Dawns"
« Je suis la rencontre enivrante entre les effluves du Patchouli Sulawesi et la fraîcheur épicée du poivre noir entouré de feuilles de baies roses. Mon cœur boisé et floral soutenu par une Vanille délicate vous transporte sur une plage exotique lointaine. Les tambours résonnent au loin. Puis vient l'aube, l'odeur de l'herbe vous plonge dans un rêve. Je suis une fragrance bohème et moderne, ouverte sur une Mandarine juteuse, offrant une addiction immédiate pour tous. Progressivement, je me libère des attendus en me lovant dans des notes surprenantes d’Encens et de Bois Flotté. Je suis la sensation de bonheur procurée par la contemplation du lever du soleil sur l’océan. Inspiré par les écrits Vedas et par Shiva, mon esprit danse de joie. Je suis Dance of the Dawn ». En 2022, quand il est sorti, je crois que c’est Marion de la chaîne YouTube qui m’avait donné envie de découvrir « Dance of the Dawn », littéralement « Danse de l’Aube », créé par Émilie Coppermann pour The Different Company. Trouvant la politique de la marque assez désastreuse, entre la disparition progressive non seulement de certains parfums iconiques comme « De Bachmakov » et surtout « Bois d’Iris » que j’ai porté tellement, mais aussi des points de vente qui se réduisent comme une peau de chagrin et pour cause, je m’étais un peu détourné de cette maison qui a été pourtant l’une de mes favorites depuis longtemps. Je n’aurais, sans ce conseil, peut-être pas eu envie de découvrir cette nouveauté d’alors et j’aurais eu bien tort car il renoue vraiment avec la tradition de la marque et l’esprit « so chic » qui avait su me séduire au début des années 2000. Récemment, c’est grâce à Stéphanie, lectrice de mon blog, rencontrée lors d’un atelier Chanel il y a quelques mois, que j’ai eu l’occasion de le porter vraiment car elle m’a très gentiment offert 10 ml. Je l’en remercie car je le redécouvre avec délice. Non seulement, il me plait mais je me rends compte qu’il me correspond bien. Je le sens autour de moi en écrivant et, vraiment, j’ai du plaisir à me plonger dans ce patchouli poivré, à la fois légèrement vintage, élégant et original.
Emilie Coppermann en décrit ainsi l’inspiration : « Je me revois au bord de l’eau, sur les vastes plages du Sulawesi. Le temps semble s’arrêter et je me sens transportée par l’odeur si unique de cette île. Ici, les plantations de patchouli sont au bord de l’océan, lui conférant ce sillage particulier inscrit dans la dualité : l’aspect terreux et humide des plantations est comme cristallisé par l’air salé provenant du large. Cette odeur, comme un retour aux sources, m’évoque un sentiment de plénitude. Je laisse alors mon esprit s’échapper lorsque je contemple ces étendues exotiques. Mes sensations sont décuplées : le sable qui me glisse entre les doigts, la touche minérale du bois échoué sur la plage, la brise fraîche qui caresse ma peau, et les effluves des plantations qui deviennent une véritable source d’inspiration ». Le départ est très vif avec des notes de poivres rose et noir que l’on retrouvera aussi en coeur et en fond, adoucies par la mandarine. Après une évolution très rapide, le coeur d’iris et de bois doux se pose sur un fond de patchouli et de vanille parsemé de traces d’encens. Je retrouve la signature d’Émilie Coppermann mais aussi la beauté originale des parfums de la marque et je dois dire que, si le sillage est très discret, la tenue est juste comme j’aime. « Dance of the Dawn » est un peu comme un patchouli récurrent vers lequel j’ai envie de revenir. La dualité entre cette note que vraiment j’aime bien avec le côté vif des poivres est du plus bel effet. J’aime vraiment beaucoup cette création. Je la redécouvre avec énormément de plaisir.
Pomelo, pamplemousse, d'amertume en douceur
Grapefruit, pomelo, pamplemousse, ces mots m’évoque fraîcheur et amertume. J’aime beaucoup cette note en parfumerie, qu’elle soit douce ou « plus raide », elle m’évoque un petit quelque chose de réconfortant en ces temps de forte chaleur. Qu’il soit travaillé comme un solinote, en majeur ou en renfort d’autres notes, je trouve qu’il apporte toujours quelque chose de très agréable. Je me rends compte que je n’avais jamais évoqué ces agrumes très voisins et pourtant je suis très client de ce qu’ils m’apportent lorsque je les porte. J’ai choisi quatre parfums que je connais assez bien et je vais tenter de vous restituer mes impressions.
Le premier parfum qui me vient à l’esprit, je l’ai porté énormément durant plusieurs étés. Il s’agit bien évidemment de « Grapefruit », créé en 1992 par Jo Malone pour sa marque éponyme et qui reste, à mon sens, aujourd’hui, l’une de ses plus naturalistes réussites. C’est un parfum de fraîcheur certes avec un départ à la fois amer et acidulé de pamplemousse et de piment, mais aussi aromatque car, au coeur, on retrouve ne note très nette de romain qui nous emmène sur un fond très « sous-bois » de mousse de chêne. « Des vergers de pamplemousses en abondance sur la côte espagnole. Le romarin, la menthe poivrée et le piment apportent la dose parfaite de piquant à la nature éclatante et ensoleillée du pamplemousse. Tonique et rafraîchissant ». J’ai toujours beaucoup aimé « Grapefruit ». C’est un véritable composite d’élégance et de pep’s. Peut-être qu’il plait plus aux hommes qu’aux femmes mais, pour ma part, je le trouve tout à fait androgyne. Il surpasse, d’une courte note, « Assam & Grapefruit », dans la Huntsman collection, que j’aime aussi beaucoup mais il fallait faire un choix. En tout cas, dans cette maison-là, la belle note de pamplemousse est facile à trouver.
Dans un tout autre registre mais, toujours venant du Royaume Unis, « Osmanthus », créé en 2006 pour Ormonde Jayne par Geza Schoen. « Une petite fleur blanche originaire de la Chine. Osmanthus est un parfum frais, parfait pour l’été. « Comme un jour de printemps délicieusement mordant passé sans soucis, Osmanthus est un parfum intense et frais. Ce bouquet parfait, créé en 2006, avec les notes d'agrumes du pomelo et de piment, s’ouvre sur un cœur d‘Osmanthus absolue, de nénuphar et de jasmin Sambac. Le tout sur un lit d'herbes douces d'Egypte. Avec son caractère mordant cette fragrance est idéale pour éclairer les chaudes journées d’été ». À l’envolée, le pamplemousse se fait plus doux. Il s’agit plutôt d’un pomelo rose et juteux rehaussé toujours par une note de piment et rendu plus végétal grâce à l’armoise. Puis vient le coeur du parfum, à la fois fruité et abricoté, construit autour de l’osmanthus avec un jasmin sambac très présent mais surtout une note très aquatique de nénuphar qui lui apporte quelque chose de frais et de facile à porter. Le fond de vétiver, de ciste, de cèdre et de muscs blancs renforce à son tour, le versant un peu cuir doux du coeur. J’ai adoré « Osmanthus » dès que je l’ai découvert. Pour moi, il est probablement l’un des plus beaux parfums autour de ce thème que j’ai pu découvrir. Je le porte depuis plusieurs années et je pense qu’il restera récurrent.
« Une fraîcheur à la tenue et à la signature singulières, portée par le poivre Timut. Récolté à la main à travers les vallées les plus chaudes de l’Himalaya, le poivre Timut est une baie rare, épicée et aux inflexions étonnantes de pamplemousse. Ici, la parfumeuse Marie Hugentobler travaille sur la facette épicée et pétillante de ce poivre. Elle en accentue les notes de pamplemousse et installe sa fraîcheur singulière sur un fond texturé de vétiver et de maté ». Il était très difficile, compte-tenu de son succès, de ne pas évoquer « Pomelo Pamplemousse » créé par Marie Hugetobler en 2019 pour Atelier Materi sur une idée de Véronique Le Bihan, fondatrice de la marque. Je vais essayer de le décrire car j’ai pas mal tourné autour. L’envolée de poivres roses et timut s’associent à une très jolie note amère de pamplemousse. Je trouve vraiment que le départ est une parfaite réussite car il m’accroche tout de suite. Je suis un peu moins amateur du coeur angélique et de pivoine que je trouve un peu « éteint » sur ma peau, perdant tout le côté pétillant de l’ouverture. Je ne sens, d’ailleurs pas vraiment le fond de vétiver, de maté et de cèdre car je trouve que, sur moi, la tenue est assez limitée. Je reste donc, un peu mitigé quant à mon avis sur « Poivre Pomelo ». Je l’aime mais surtout à l’envolée. C’est en partie pour cela que je n’ai pas franchi le pas.
Le dernier parfum que j’ai choisi est « Pomelo Riviera » créé par Marie Salamagne pour Atelier des Ors en 2019. Il est mon préféré dans cette collection estivale que j’aime assez. Après une envolée flamboyante de pamplemousse doux, de jasmin et de bergamote, le coeur de fleur d’oranger et de rose prend un tournant salé qui se renforce avec un fond cédré extrêmement bien vu. Marie Salamagne le présente ainsi : « J'ai souhaité évoquer l'éclat d'une peau légèrement bronzée et des jours d'été sans fin ! La brise marine se mêle au doux parfum des pamplemousses, tandis que la luxuriance des jardins surplombant la mer dessine le portrait vivant d'un paradis trouvé ». Avec ce parfum, je me promène quand même facilement sur la Côte d’Azur et particulièrement sur les plages un peu courtes de la Presqu’île de Giens. C’est un parfum vraiment estival, presque désuet, qui m’évoque les années 80. Je me suis beaucoup demandé, en le réessayant, si j’aimerais le porter et j’avoue n’en savoir rien. Il me plait un moment, à un autre, je le perds vraiment, enfin il revient. C’est un joli parfum, avec un côté doux-amer, mais il ne doit pas être pour moi. En tout cas, j’ai décidé de ne pas le porter pour l’instant. Il ne faut jamais dire jamais… J’y reviendrai peut-être.
Qu’il soit amer, juteux et sucré ou franchement pétillant, le pamplemousse est du plus bel effet en parfumerie et s’harmonise avec ces journées hyper chaudes que nous subissons à l’heure où j’écris. Je m’étonne même de n’avoir jamais consacré à cet (ces) agrume(s), un article. Voilà donc un oubli réparé. J’espère vous avoir donné envie d’aller mettre votre nez sur ces quatre créations que je trouve vraiment intéressantes.
Sarah Baker, à l'anglaise
Je ne suis pas du tout un fan des notes gourmandes et de l’ethyl maltol en particulier mais, lorsqu’elles sont bien travaillées, je peux me laisser convaincre assez facilement de ne pas les rejeter en block. Par exemple, je suis assez admiratif du travail du parfumeur grec Theodoros Kalotinis comme performance dans le réalisme. Dans un tout autre registre, j’ai découvert, grâce à l’une d’entre-vous, une marque britannique dans laquelle ces accords sont particulièrement travaillées et où les parfums gardent une petite élégance « à l’anglaise » qui ne pouvait me ravir. Merci une fois encore à Katharine de m’avoir fait connaître la maison Sarah Baker qui commence à débarquer dans quelques parfumeries sur le continent. La marque est née au Royaume Unis en 2016 mais elle s’est un peu cherchée. Je crois que Sarah Baker est designer à la base et elle a su s’entourer de très bons parfumeurs pour compléter ses propres créations. Je citerai Ashley Eden Kessler, Miguel Matos, Sarah McCartney, Chris Maurice, et Andreas Wilhelm. Aujourd’hui, la marque compte une quinzaine de créations trouvables en France et notamment la Peach Collection qui compte trois références à ce jour et fait partie des dernières nouveautés. J’ai donc puisé dans ces deux collections pour dénicher quatre parfums et venir vous en parler. Je ne sais pas si je pourrais les porter mais je les ai trouvés particulièrement réussis.
Pour le premier, lancé en 2017, je vous emmène en Ecosse. Il faut dire qu’il porte le nom évocateur de « Tartan » et a été composé par Sarah McCartney à qui l’on doit pas mal de parfums et notamment « Macaque » pour Zoologist. « Un feu brûle dans la bibliothèque pendant que vous savourez un verre de single malt rare, le tout blotti dans une couverture tartan. Chaleur et héritage raffiné vous enveloppent après une promenade avec les chiens à travers les ruines moussues des Highlands d’Écosse ». Boisé, légèrement liquoreux, ce parfum est construit autour d’un thé au jasmin avec des notes de cèdre de Virginie et de l’Atlas, de mousse de cèdre, de cuir, de houblon, de tabac, de labdanum et de bruyère. Ce qui me vient, lorsque je le pose sur ma peau est effectivement un hiver froid, une pièce chaude, des plaids, des fauteuils, un thé brûlant et une ambiance que l’on pourrait trouver dans l’extrême nord de l’Écosse, dans un village inaccessible enneigé au bord d’une mer gelée un peu comme dans le film d’Alan Rickman « The winter’s guest ». Je le trouve réconfortant, élégant mais pas trop sophistiqué. J’ai beaucoup aimé « Tartan » alors qu’il me fait complètement sortir de mes goûts habituels. Je n’aime pas spécialement les parfums boisés mais je dois dire qu’il fait partie de mes coups de coeur dans la marque.

J’ai aussi aimé « Riders » créé en 2020 par Ashley Eden Kessler, que je ne connaissais pas, et je pourrais tout à fait me l’approprier malgré des notes lactées que, d’habitude, je n’aime pas du tout et qui a déjà pas mal travaillé pour la marque. On y retrouve des notes d’herbe coupées, de pêche, si chère à la fondatrice de la marque, mais aussi de bergamote, de foin et de muguet en tête, de métal et de tabac en coeur et, enfin, de cuir, d’ambre, de muscs et de sapin baumier en fond. « Des chevaux. Le cuir réchauffé par le trot, la verdure luxuriante emplissant l'air. La sueur perle tandis que vous poussez l'étalon toujours plus loin, vos souffles s’accordant à l’effort. Puis vient la récompense : une pêche mûrie au soleil, tandis que les sabots écrasent une mer de muguet sauvage sous l’arbre. Jamais bien loin d’un rendez-vous illicite dans les écuries, sur un lit de foin. Le courage, ce n’est pas de ne pas craindre la chute, c’est de remonter en selle aussitôt après ». C’est un parfum de cavalier, c’est vrai. Il porte toutes les nuances du grand air tout en conservant quelque chose de doux voire de presque gourmand. « Riders » est un cuir rond, tendre, très joli et élégant qui, à mon sens, n’est pas trop animal et peut plaire à celles et ceux que la note de cuir peut rebuter. Je ne suis pas certain de pouvoir le porter mais il m’a séduit par ses dualités et son originalité.

L’un de mes coups de coeur de la marque est indéniablement « Charade » créé par Andreas Wilhem en 2018 et pour cause ! « Croiser et double-croiser. Il n'est jamais facile de savoir qui trompe qui lorsque des enjeux élevés et des chicanes astucieuses sont en jeu. Une vapeur persistante de sophistication classique sur grand écran. Goût impeccable avec quelques surprises ». C’est un travail autour de la tubéreuse, d’une très belle qualité d’ailleurs, de l’ylang-ylang qui, après une envolée de thé, viennent en coeur s’associer avec des notes de miel puis, en fond, de mousse de chêne, de vétiver, de bois de santal, de styrax complétées par un accord cuir. Là encore, le parfum est complexe, très élégant, et vraiment clair-obscur. Sur ma peau, il matche absolument. La construction est un peu néo-chyprée et j’ai beaucoup aimé l’idée. En plus, la tenue est vraiment excellente. Il fait partie, avec « Peach’s Revenge » dont je vous ai parlé dans un autre article, des parfums que je pourrais parfaitement m’approprier et il n’est pas dit que je ne le fasse pas un jour. Il est solaire mais sa profondeur me fait penser qu’il ne serait pas très facile de le porter l’été. Il faudra que je le réessaye.

« Une sensation d’océan imprègne toutes les couches de ce parfum frais et tendu. Ici, c'est une mer mythologique primordiale. En commençant par la forme du coquillage et en donnant naissance à la déesse de la beauté. Symbolique surréaliste, comme dans le travail de la cinéaste française Germaine Dulac, où le désir fort et la sexualité ne sont jamais loin sous la surface chatoyante. Frais et beau, mais non sans contre-courant ». En général, je ne suis pas vraiment client des parfums marins mais j’ai beaucoup aimé « Atlante » créé en. 2018 par Sarah McCartney. Il n’y a rien à faire, les extraits d’algues me séduisent plus facilement que la calone. Le départ de yuzu, très vif, associé au poivre rose et à un accord de roche humide se charge de notes de muguet, en coeur puis de bois flotté et salé et d’ambre gris en fond, le tout poudré par des versants iris est du plus bel effet sur ma peau. Il y a un côté « sucré-salé ». Je le trouve d’une grande finesse et vraiment addictif. Je dis toujours que je ne pourrais pas du tout porter les marins mais celui-ci, j’admets bien volontiers, que j’arriverais à me l’approprier même s’il ne serait pas, je pense, mon premier choix. « Atlante » est vraiment très singulier et j’ai adoré l’essayé.

Je n’ai pas aimé également tous les parfums que j’ai pu essayer dans la marque mais, il faut le dire, ils m’ont tous semblé très réussis et je trouve qu’ils apportent vraiment quelque chose à la parfumerie. Sarah Baker a su sortir des sentiers battus tout en ayant une exigence très nette d’élégance. Je les ai découverts avec grand plaisir et, avant de retourner les échantillons à Katharine, je vais me permettre d’en remettre un ou deux sur ma peau. La marque sera peut-être un peu plus diffusée en France dans l’avenir. En tout cas, je le souhaite.
Mes parfums préférés : "En Passant"
Ceux qui suivent mon blog le savent, j’ai une attirance, surtout à partir d’avril chaque année, période de sa floraison, une véritable attirance pour le lilas. Je trouve que c’est une note assez rarement utilisée en parfumerie. J’avais écrit un article sur le sujet il y a quelques mois et je dois dire que j’ai déjà porté plusieurs parfums qui mettent cette fleur à l’honneur mais celui qui m’accompagne le plus pour l’instant est sans aucun doute « En Passant » qu’Olivia Giacobetti a créé 2000 pour les éditions de parfum Frédéric Malle. Je dois dire qu’il m’évoque vraiment la fraîcheur d’un matin de mai, un peu vert, très floral et même, finalement, presque salé et aquatique. C’est un parfum qui a été longtemps l’une de mes signatures olfactive et qui, finalement, le redevient à chaque printemps.
Olivia Giacobetti
Le lilas étant une fleur muette elle est reconstituée par un accord floral et c’est plutôt une variété blanche que je sens lorsque je mets le nez dans mon flacon. La note est présente tout au long de l’évolution de la fragrance sur ma peau mais le départ est vraiment aquatique et frais grâce à une note de concombre que j’aime particulièrement. Le coeur de blé et de petit grain lui donne une certaine force mais c’est vraiment le lilas qui prend le dessus lorsque l’on se pose sur le fond. Je dis toujours qu’Olivia Giacobetti est une virtuose et bien là, à l’instar de Thomas Fontaine qui avait recréé « Vacances » de Jean Patou comme une promenade dans un jardin à l’aube, je dirais qu’elle a très bien su accentuer le côté naturel de la note pour un soliflore pas forcément solinote. Dans « En Passant », il y a un petit quelque chose de l’enfance, du jardin des grands-parents, des mercredis après-midi du mois d’avril ou de mai autant que de la promenade dans la rosée du matin. Je trouve qu’il y a quelque chose de très transparent dans ce parfum et pourtant son sillage est là, présent, tout comme sa tenue qui est, sur ma peau, absolument étonnante pour un floral. J’aime beaucoup ce travail ciselé, tout en finesse et en délicatesse. Féminin ? Masculin ? Je ne sais pas. Je suis certain d’une chose, j’aime le porter… J’aime énormément le sentir autour de moi et je ne suis pas prêt de m’en passer. Il fait partie de mes incontournables même s’il y a quelques autres « lilas » sur le marché que j’aime énormément.
Floratropia, ou l'esprit de nature de Delphine Thierry
* Article modifié
J’ai souvent entendu parler de Floriatropia, une marque éco-responsable et 100% naturelle lancée en 2020 mais je n’avais pas eu l’occasion de sentir les créations qui ont toutes étés composées par Delphine Thierry dont je connais bien le travail pour d’autres marques telles Lubin par exemple. C’est une fois encore grâce à Fabien, de la boutique Yuuminoki qui distribue la marque que j’ai pu découvrir les quatre premiers parfums de la marque plus la nouveauté et je me suis laissé porter par cet univers qui va à l’encontre de ce que peut être la parfumerie de luxe mais se révèle vraiment une marque d’auteur à part entière. Il fallait bien Delphine Thierry et son âme « d’enfant sauvage » pour développer ces fragrances. Alors allons-y, plongeons nous dans l’univers naturaliste de Floratropia.
En découvrant le premier parfum, « L’Eau », sorti en 2020, j’avoue avoir été quelque peu dérouté car je ne m’attendais pas du tout à cela. J’imaginais un parfum très aquatique alors qu’il est tout autre avec une envolée très aromatique de poivre, de sauge, de romarin et de basilic entourant une juteuse bergamote puis un coeur d’huile de cade et de néroli pour se poser sur un fond de maté et d’algue. Pour moi, il se rapproche plus d’un aromatique fougère. La marque parle d’eau vive et voilà. Je comprends pourquoi. « Une eau fraîche aux reflets changeants. Tour à tour végétale, florale et minérale. D'une ressourçante simplicité et d'une troublante complexité ». Ce qui reste sur ma peau après que la totalité du processus d’évolution se soit développé est vraiment très surprenant car j’identifie complètement la note d’algue qui se révèle moins marine que vraiment végétale et, également, le maté torréfié que je connais bien pour en avoir déjà bu. Globalement, « L’Eau » n’est pas du tout un parfum pour moi mais je lui reconnais une originalité et une singularité très naturaliste. Au niveau de la tenue, je suis toujours un peu dubitatif avec les parfums 100% naturels mais, là, sur ma peau, elle semble très correcte. Je résumerai par une très jolie création qui n’est pas faite pour moi mais dont je sais identifier la qualité.
« Sève et racines, feuilles, mousse et fleurs de sous-bois... De la terre au parfum, un instantané sensoriel, brut, sauvage, puissant » tel est décrit la terre également composé par Delphine Thierry en 2020. Avec son envolée d’angélique, d’absinthe et de feuille de violette pour le côté poudré, son coeur cuiré par le narcisse et épicé par le gingembre et son fond de vétiver d’Haïti, de patchouli indien et de papyrus, ce boisé avait tout pour me séduire et tel a été le cas. Je m’explique, je ne suis pas très fan des boisés mais j’aime bien la note de violette un peu terreuse et poudrée et je trouve qu’elle s’harmonise magnifiquement avec le le coeur de narcisse et de gingembre puis avec ce versant papyrus que je trouve à la fois peu usité et très intéressant. Vraiment, ce parfum me plait car je le trouve vraiment très hors-norme. Il a quelque chose de très fumé dans son évolution et il m’a fait penser, sans vraiment leur ressembler à d’autres créations un peu « ethniques » que j’ai pu apprécier au cours de mes pérégrinations parfumées. C’est comme s’il venait compléter en quelque sorte, une famille olfactive à part entière mais non répertoriée. Je dois dire que l’évolution est à la hauteur de l’envolée sur ma peau et que « La Terre » me plait particulièrement.
« Une infusion lactée de fleurs et d’épices, d’écorces et de rhizomes. Botanique et narcotique, solaire et flamboyante, une fragrance déroutante aux tonalités pures, saturées » tel est « Le Feu » toujours créé par Delphine Thierry en 2020. En règle générale, je n’aime pas trop la note de davana surtout lorsqu’elle associée à la vanille alors, pour moi, ce parfum est un peu difficile, il faut bien le dire. Par contre, je trouve qu’il porte bien son nom car j’avais rarement senti un floral épicé aussi chaud. Il s’ouvre sur des notes très épicées de gingembre, de cardamome et de poivre noir qui ne parviennent pas vraiment, sur ma peau, à contrebalancer le côté très doux et rond du coeur de davana, de cannelle et d’ylang-ylang de Madagascar puis ce fond de benjoin et de vanille. « Le Feu » n’est résolument pas pour moi et je pense qu’il sera clivant mais ravira les amateurs d’une vanille très imposante et très florale. Je dois dire qu’il m’écoeure un peu. À mon nez, il est un peu dérangeant. Je ne pourrais absolument pas le porter. Je reconnais qu’il est non seulement original mais tout à fait osé et clivant. Il est le parfum qui m’a le plus interloqué mais il n’est vraiment pas pour moi. Je vous laisse donc juge de ce que vous en penserez.
La nouveauté, créée en 2022 par Delphine Thierry s’appelle Ambre des Fleurs et je le crois très atypique également. « Un nectar solaire récolté à la tombée du jour dans un champ de tubéreuses et d’immortelles » telles sont les seules informations que j’ai sur les ingrédients utilisés mais il ne m’en faut finalement pas plus. En effet, encore une fois, le travail des fleurs est absolument original. Je n’aurais jamais eu l’idée que l’on pouvait associer l’immortelle et la tubéreuse entre elles et encore moins à l’ambre. Force m’est de constater que c’est une réussite. Je trouve que le parfum se développe d’une manière particulièrement facettée sur ma peau. L’ambre ne prend pas trop le dessus. Il n’est pas mon préféré mais je reconnais qu’il est très bien imaginé et que son originalité ne fait aucun doute. Je trouve qu’il a quelque chose de très naturaliste et d’un peu botanique tout en demeurant très agréable à porter. C’est un parfum qui pique la curiosité et qui est tout à fait étonnant. Je crois qu’il ne faut absolument pas, une fois encore, tenter un achat à l’aveugle et vraiment le tester sur la peau avant de se lancer dans l’aventure. En tout cas, il ne ressemblera pas à tout ce que l’on peut sentir.
Pour résumer, j’ai été agréablement surpris par l’originalité des parfums de la marque et, même si je ne pourrais pas porter la plupart des créations (exception faite de « La Terre »), je reconnais qu’il y a de l’idée et que je me suis laissé surprendre. J’avais pas mal lu de critiques sur le manque de tenue et, franchement, sur ma peau, elle est plutôt correcte. C’est une petite collection donc il est assez facile de tout découvrir. Je pense qu’une vue d’ensemble de ce qu’a voulu faire Delphine Thierry est intéressante. Merci encore à Fabien pour cette découverte.
Mes carnets de voyages : La Nouvelle-Zélande
C’est un bijou de l’Océanie qui m’a inspiré cet article. Il s’agit de la Nouvelle-Zélande. Je n’y suis jamais allé mais j’en ai découvert les paysages à la télévision et au cinéma et ils m’ont toujours fasciné. Mon premier souvenir vient d’une conférence de Visages et Réalités du Monde à laquelle j’avais assisté quand j’étais adolescent. Puis il y a eu le chef-d’oeuvre de Jane Campion, « La Leçon de Piano », et, d’ailleurs, tous ses premiers films comme autant de déclarations d’amour à son pays. J’ai imaginé la culture Maori, les plages immenses, la jungle dense, les côtes froides et chaudes et j’ai eu envie d’associer le pays tout entier à un parfum. Je ne saurais pas expliquer pourquoi mais celui qui m’est venu naturellement est une création de Daphné Bugey pour la collection La Botanique de L’Artisan Parfumeur et j’ai tout de suite pensé à « Abyssae 33 », lancé en 2022. Il m’a semblé évident car je le trouve romantique, ethnique et vraiment mystérieux. La marque le décrit ainsi : « Un jardin sous-marin fantasmé : calme, paisible et inexploré se retrouve sur le flacon ainsi que sur l’étui. Un havre de sérénité et de bien-être. Sous l’effet de la chaleur, un parfum exhale ses senteurs. Ainsi, vaporisez-le sur les points chauds de votre corps comme le cou, la base de la nuque, l'arrière des genoux, l'intérieur des coudes et des poignets ou derrière le lobe des oreilles. Pour prolonger votre sillage lorsque vous vous déplacer, vous pouvez également vaporiser vos vêtements à une certaine distance en privilégiant les matières naturelles comme la laine, le coton ou le velours ».
C’est une création à la fois vraiment originale et épurée. Elle m’emmène en voyage dans un pays que je ne connais pas donc elle était idéale pour me transporter dans ce pays dont je n’ai qu’une image lointaine mais qui me fascine. Après cette incroyable envolée d’eucalyptus, le duo de figue et de rose centifolia absolue se pose sur un fond overdosé en cashmeran. Quand j’ai découvert ce parfum, j’ai imaginé une île, lointaine, avec une population restée attachée à des traditions millénaires et une autre complètement plongée dans la modernité et c’est comme ça que j’imagine la Nouvelle-Zélande. Daphné Bugey a vraiment composé un parfum que j’ai trouvé complètement nouveau et vraiment addictif comme je peux l’être au cinéma de Jane Campion ou aux paysages dont j’ai glané des morceau au fil des années. Il est donc absolument idéal. J’aime beaucoup ce parfum. Je l’ai assez peu porté ces derniers temps mais, du coup, j’en ai vraiment envie et j’ai décidé de partager.
Stéphanie de Bruijn, des parfums chics
Je veux terminer mon exploration des parfums de Stéphanie de Bruijn par le thème du chic réconfortant. En effet, dans la dernière série d’échantillons confiés par Stéphanie R, j’ai pu à la fois voyager dans Paris mais aussi dans le monde avec des parfums d’une élégance très nette. J’ai beaucoup aimé cette série de parfum et j’ai eu du mal à sélectionner ceux que j’ai préféré. J’ai fait l’impasse sur « Le Sully » car je le porte régulièrement et j’en ai déjà beaucoup parlé mais je vais revenir sur d’autres parfums que je connaissais et qui avaient sur me séduire. Je confirme donc cette impression. Pour les autres, je ne les avais pas découvert et j’ai eu beaucoup de plaisir à les essayer. En tout cas, je le confirme, le travail de Stéphanie de Bruijn me touche beaucoup, je le savais, et, plus je sens, plus j’essayer, plus j’en suis certain. C’est un coup de coeur un peu général.
Lorsque j’ai voulu découvrir « Paris-Bombay », créé par Stéphanie de Bruijn pour sa collection classique en 2015, je m’attendais à une fragrance très épicée, peut-être un peu gourmande mais je trouve que la parfumeuse a évité l’écueil de s’aventurer dans un style inspiré de l’Inde que nous connaissons déjà beaucoup. « Un sillage gourmand, délicatement ambré et qui dessine subtilement sur la peau toute la sensualité de l’Inde dans une douce harmonie ». Je dois dire que j’ai vraiment aimé dès la vaporisation. En effet, l’envolée de « larmes de benjoin » donne déjà quelque chose de baumé et de tendre puis vient un coeur fort et original de ciste très arrondi et de violette un peu poudrée mais c’est vraiment le fond que je trouve complexe et très élégant. L’accord ambré se charge de vanille, d’un bois de santal d’Inde et de patchouli très profonds puis de fève tonka cuirée et douce à la fois et de muscs blanc. Vraiment sur la peau, cette invitation en voyage est inédite. J’ai adoré le côté très sensuel de ce parfum que je trouve à la fois chic et séducteur. J’aime son équilibre. Je ne le trouve pas du tout difficile à porter et pourtant, à mon sens, il sort des sentiers battus. C’est un tour de force et c’est un premier coup de coeur dans cette nouvelle sélection.
Avec « Cherche-Midi », qu’elle a inventé pour sa collection Prêt-À-Parfumer, Stéphanie de Bruijn nous ramène à Paris, sur cette Rive Gauche que je connais bien et, là encore, elle a concocté un cocon élégant. « Une alliance parfaite entre un cuir élégant et un mélange de notes ambrées réconfortantes, Cherche-Midi nous plonge dans une ambiance familière et décontractée, rappelant le brunch traditionnel d'un dimanche à Paris ». Alors là, j’y suis ! Le départ de framboise est fugace et très vite, le coeur de cashmeran et de benjoin se fait « confortable » comme un pull tout doux et le fond d’ambre sec, de cuir, de cèdre, de vanille et de muscs nous enveloppe vraiment très bien. J’aime vraiment beaucoup ce parfum qui m’emmène dans une époque très joyeuse où je courrais les bouquinistes du quai des Grands-Augustins, où je dînais dans des petits restaurants pas loin de le Seine et où j’applaudissais des acteurs ou des chanteurs à l’Auditorium de Saint-Germain-des-Prés. C’est un parfum qui me ramène à des jeunes années insouciantes où j’avais envie d’être à la fois sportswear et chic. Il est facile et attirant. Pour moi, voilà un parfum que j’aime et, je confirme l’impression que j’avais pu avoir quand je l’ai découvert.
Je ne suis, généralement pas fou des bases Cologne mais alors « L’Eau de Sévigné », créé en 2020 pour la collection Prêt-À-Parfumer, est vraiment une pépite. Dès le départ, la bergamote, à la fois douce et acidulée se mêle au côté vert et fusant du galbanum pour nous conduire sur un coeur aromatique de lavande et de menthe poivrée puis un fond de romarin et de fleur d’oranger. Difficile de faire plus chic non ? « Une explosion de fraîcheur ! Cette eau de Cologne vive et persistante, à la fois délicate et sophistiquée, évoque le charme de la célèbre marquise et écrivaine parisienne. Elle allie la pureté de la lavande à la douceur de la fleur d'oranger, subtilement relevées par une note piquante de bergamote ». Stéphanie de Bruijn revisite ce style avec un parfum qui tient très bien et qui se fait à la fois issu d’un patrimoine de la parfumerie et d’une vraie modernité. J’aime beaucoup « L’Eau de Sévigné ». Je crois que je l’avais déjà écrit mais ces essais le confirment vraiment. Plus je le sens, plus je suis séduit par ce parfum chic « à la parisienne ». Pour moi, il est un vrai exemple de ce qu’est la belle parfumerie fine.
Je n’avais pas senti « Paris-Istanbul » lancé dans la Collection Classique en 2014. Avec un départ amandé et « so chic » d’héliotrope, un coeur poudré de fève tonka et de violette et un fond presque gourmand de vanille, de santal, de muscs blancs et de cuir, ce parfum est, il faut le dire, pile dans mes goûts. Sophistiqué et addictif, il rappelle effectivement cette ville magique. « Ce parfum envoûtant, fusion parfaite de muscs blancs et de vanille, incarne l'essence même de la sensualité. Les notes ambrées transportent l'esprit au cœur du palais de Topkapi, tandis que les reflets étincelants du Bosphore sous la majestueuse Tour Eiffel enveloppent les sens d'une aura envoûtante et enivrante…. ». Là encore, Stéphanie de Bruijn mêle l’élégance toute parisienne à l’exotisme d’un voyage à Istanbul. Vraiment, ce parfum, que je ne connaissais pas, est vraiment une petite merveille. Sur ma peau, la note amandée et poudrée se développe très bien et le fond, un peu rond, n’est jamais écoeurant tant il y a de la finesse dans la composition. Dans la Collection Classique, il fait vraiment partie de mes préférés. J’aime énormément le travail de l’héliotrope dans cette création. Il et un peu inédit mais reste facile à s’approprier.
Avec un départ de citron et de pêche qui a presque des accents d’osmanthus, un coeur de violette, de muguet, de rose et un superbe jasmin indien qui nous conduit sur un fond de cèdre, de vanille et de muscs, « Antigone », créé par Stéphanie de Bruijn en 2020 pour la collection Prêt-À-Parfumer, est et demeure un vrai coup de coeur. Je pense même qu’un jour j’en ferai l’acquisition tant il me séduit par sa finesse et son élégance toute en nuances. « Mon idée d'un magnifique bouquet de fleurs blanches dans un vase en cristal. Cette fragrance envoûtante et enivrante incarne l'esprit audacieux de la légendaire princesse, prête à défier tous les obstacles pour protéger ce qui lui est cher. Elle célèbre la passion et la détermination inébranlable de la femme parisienne ». Alors vous me direz qu’il est plus destiné aux femmes mais, vraiment, et irrémédiablement, sur ma peau, il est comme « fait pour moi ». Vraiment « Antigone » est la quintessence de l’élégance et de ce qu’est, pour moi, un grand parfum. Peut-être que, si je devais faire un top, il ne serait pas loin de la première place. J’ai toujours eu une prédilection pour cette composition et ce nouvel essai le confirme. En tout cas, je me suis fait plaisir à le poser sur ma peau. C’est un vrai coup de coeur mais je m’y attendais.
Voilà, j’ai tout essayé, j’ai fait une sélection subjective mais je trouve que, vraiment, même si je ne pourrais pas tout porter, chaque parfum est parfaitement réalisé. Je pense vraiment qu’il faut se plonger dans l’univers de Stéphanie de Bruijn. Elle renoue avec la belle haute parfumerie à la française tout en s’accordant de petites entorses de temps en temps au style et à l’élégance. C’est sa pointe d’originalité. J’ai vraiment aimé et je remercie Stéphanie R pour m’avoir confié ses doses d’essai. Quel chance j’ai eu de pouvoir explorer à mon rythme toutes les créations de la marque. Cela m’a permis de confirmer mes engouements et de m’en trouver d’autres.
Clément Gavarry, entre élégance et notes addictives
Le nom de Clément Gavarry n’est pas forcément connu du grand public mais, pour moi, il s’agit d’un parfumeur à la signature vraiment très marquée et identifiable. Il est né à Parais, fils du nez Max Gavarry, et il devient l’auteur de fragrances de la quatrième génération de sa famille. Il travaille chez Firmenich New York puis pour IFF et a beaucoup composé de parfums pour des marques de toutes sortes notamment Diana Vreeland, inspirée par la célèbre journaliste de mode des années 60 que j’ai pu découvrir il y a quelques années chez Dover Street, rue Elzevir à Paris. J’ai choisi quatre créations pour des marques hors grand-public que je trouve particulièrement réussis et qui ont su me toucher. Je vous emmène donc dans des univers élégants, parfois un peu classiques mais toujours extrêmement virtuoses qui me touchent et composent un article de coups de coeurs dédié à Clément Gavarry.
Le premier parfum dont j’ai eu envie de parler me sort vraiment de mes goûts car il s’agit d’un ambré résineux et vanillé opulent, et très étonnant. Il s’agit de « Extravagance Russe » créé par Clément Gavarry en 2014 par Clément Gavarry pour Diana Vreeland. « Le style, c'est tout" - Extravagance Russe de Clément Gavarry a été créé en hommage à l'amour de l'orientalisme de Mme Vreeland. Capturant l'essence de la note sacrée et mystique de l'ambre en parfumerie, ce parfum plonge au plus profond de la mémoire olfactive collective ». Le maître mot de ce parfum est « élégance ». C’est un vrai ambré avec des notes naturelles de vanille bourbon, de baumes en tous genres, de résines, autour d’un accord ambré. Je l’avais découvert chez Dover Street lors d’un séjour à Paris il y a quelques années et j’avais noté : « Rond à l’excès, addictif et parfaitement élégant ». Je me souviens d’une fragrance particulièrement équilibrée et jamais too much comme ne le révèle pas la pyramide olfactive. Je me suis vraiment attaché à le sentir et la touche que j’avais gardée, a senti les notes de fond très baumées durant des jours. En tout cas, quel plaisir de parler d’un parfum que je ne pourrais pas porter mais que je trouve vraiment « confortable ». « Extravagance Russe » porte bien son nom. C’est une ambre classiquement chic.
« Vert et sauvage, Panorama est le parfum d’une jungle urbaine. Un jeu d’alliances inédites dont un surprenant accord wasabi, piquant et épicé. Quand surgit la myrrhe, parmi d’autres notes résinées chaleureuses et envoûtantes, un contraste incroyable s’invite avec raffinement. Composition ample, généreuse et inattendue, Panorama ouvre l’imaginaire olfactif ». Également créé en 2014 par Clément Gavarry mais cette fois pour la marque française Olfactive Studio, « Panorama » est un énorme coup de coeur. J’en ai d’ailleurs déjà parlé. Il s’agit d’un vrai parfum vert, fusant, frais et particulièrement bien imaginé. Clément Gavarry explique l’inspiration : « Être en proie à un saisissement. Une sidération. C’est l’effet produit par la majesté d’un panorama, une fois trouvé l’exact endroit. Celui où le paysage se déploie, dans un cadre à sa mesure. Pour l’apprécier, il convient de prendre de la hauteur : c’est depuis la Sheats House, écrin de verre et de béton qui domine la Cité des anges depuis West Hollywood, qu’Olfactive Studio s’élance et présente son Panorama, nouvel opus olfactif ». Le départ, très fusant, je le disais, de wasabi et de bambou est rehaussé du côté très vert de la feuille de citron et de l’acidité fusante du citron. Le coeur de galbanum est épicé de cardamome et arrondi par la feuille de violette pour obtenir un côté herbe coupée. Le fond de myrrhe, de fève tonka, de labdanum, de sapin baumier, de vanille, de muscs blancs et de patchouli s’avère, sur ma peau, très discret et le parfum reste vert et fusant sur ma peau. J’ai adoré le porter. Il véhicule quelque chose de vraiment addictif et très rafraîchissant. Franchement, je suis séduit.
« Simply Divine est une ode à la beauté et à la complexité uniques de la tubéreuse, fleur emblématique. Ce parfum féminin s'inspire du grand amour entre Mme Vreeland et son mari, Reed. Depuis son lancement, Simply Divine est le parfum le plus vendu de la collection à l'échelle mondiale. Cette fragrance élégante est une interprétation florale de la tubéreuse, laissant la fraîcheur de ses feuilles vertes écrasées illuminer son cœur. Le cœur majestueux du parfum se développe sur des notes luxuriantes de fleur d'oranger et de jasmin, créant une dualité de notes florales blanches. Des notes de fond de noix de muscade, de fève tonka et de musc rehaussent la séduction de la fragrance ». Créé, plutôt pour les femmes, par Clément Gavarry en 2014 à nouveau pour Diana Vreeland, « Simply Divine » est un réel coup de coeur pour moi. Quand je l’ai découvert, il y a quelques années, j’avais noté qu’il était « peut-être trop féminin pour moi mais totalement addictif ». L’envolée de feuilles de violette, poudrée, formidablement tendre m’a emmené vers un coeur de tubéreuse, de fleur d’oranger et de jasmin qui en font le très grand floral que je crois qu’il est. Le fond d’iris et de bois de santal s’avère tout en douceur et en finesse. Je n’ai pas re-senti ce parfum pour écrire mon article mais il m’a beaucoup marqué et, même si je l’ai mis sur ma peau il y a longtemps, je m’en souviens parfaitement. Je voulais en parler depuis longtemps car il m’a vraiment séduit et même s’il est un peu suave pour moi, je crois que je pourrais parfaitement le porter. J’en ai un souvenir totalement formidable.
« Hautbois » créé par Clément Gavarry en 2024 pour Ellisire est un vrai boisé. « Fascination des Bois sombres, denses et majestueux... Orgie des sens. Un voyage sensoriel au cœur d'une forêt enchantée, où chaque note boisée révèle un mystère profond. Laissez-vous envoûter par l’empreinte divine de l’Oud du Bengale, à son apogée pure et captivante, soulignée par des accords raffinés ». Je n’ai pas encore parlé de cette marque mais ça viendra car elle recèle des parfums autour de thèmes classiques mais avec un vrai twist différent. C’est le cas de Hautbois. Le mélomane que je reste ne pouvait que s’y intéresser et je l’ai découvert il y a quelques mois à la parfumerie parisienne Uni/vere. L’envolée de camomille se pare d’une très belle cannelle de Ceylan et d’un accord de miel vegan avec des notes d’ylang-ylang et de cypriol. Au coeur, le bois de gaïac donne un côté très lumineux et presque gourmand puis le parfums s’assombrit avec un coeur de vétiver, de oud naturel d’Assafi, de patchouli et de ciste. Vous l’aurez compris, ce n’est absolument pas un parfum pour moi et pourtant, je le trouve vraiment incroyable comme plusieurs créations de la marque. J’aime beaucoup l’idée de me plonger dans un clair-obscur boisé, un peu rond, parfois vraiment dark. Je n’arrive pas à le cerner mais cela n’a pas d’importance. Je suis très content de l’avoir essayé sur peau car c’est une expérience olfactive différentes de ce à quoi je peux être habitué. En tout cas, « Hautbois » est à découvrir absolument. Ce n’est pas un beau parfum mais un parfum de caractère vraiment incroyable.
J’ai fait ce petit tour dans les univers élégants de Clément Gavarry pour en sortir quatre parfums que j’ai beaucoup aimé. En tout cas, je suis content de m’être penché sur certains parfums que je n’ai pourtant pas senti depuis longtemps. En tout cas, je trouve la signature du créateur très intéressante et singulière. Si vous connaissez l’un de ces parfums, n’hésitez pas à aller les sentir, voire même les essayer.
Chambre 52, un concentré d'élégance
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« Des moments uniques ont inspiré le créateur, Nicolas Dewitte, qui a retranscrit ses émotions à travers un univers olfactif lumineux, poétique et intemporel ». Six parfums enfermés dans de beaux flacons telle est la composition de la première collection de Chambre 52, une maison que j’ai pu découvrir récemment. Vraiment, je trouve que, dans cette marque naissante, tout est élégance, que ce soient les créations ou l’univers visuel qui font l’ambiance cosy et, il faut le dire, luxueuse. Je ne connaissais pas Nicolas Dewitte mais je trouve qu’il a vraiment bien fait les choses. Ce que j’ai découvert est aux confins de la parfumerie de niche et d’une haute parfumerie fine, qualitative et dans la belle tradition française. J’ai été séduit par les six parfums mais j’ai décidé de développer mes impressions sur les trois que j’ai le mieux découvert quitte à revenir sur les autres dans d’autres articles.
Je ne sais pas dater la sortie des parfums donc je ne vais pas m’y aventurer mais je vous propose de vous relater mes impressions tout d’abord sur « Soleil Tonka » créé par Jean-Christophe Hérault que je trouve particulièrement attirant. La marque le décrit ainsi : « Un plongeon exquis. Le sable chaud, l’eau de coco, la vanille. Leur énergie nous fait glisser sur cette vague puissante. La plage, les embruns caressent les effluves délicieux de fève tonka » et c’est vrai qu’il m’évoque des vacances dans un lieu presque trop beau pour être vrai. La trame est simple, des embruns, de l’eau de coco soutenus par la fève tonka et pourtant, on sent, derrière le côté très épuré, quelque chose de complexe, de vraiment travaillé, pourvu de petites facettes qui me donnent envie d’y revenir encore et encore. « Soleil Tonka » se fait presque poudré sur la peau alors que le côté marin qui, d’habitude me rebute un peu, reste très agréable et bien élégant. C’est un T-shirt blanc et un jean en été. Le truc qui fait qu’on se sent adapté à toutes les situation même en plein soleil. J’ai beaucoup aimé ce parfum et je pourrais tout à fait le porter.
Avec des notes de poivre rose, de patchouli et de cuir, « Cuir à Corps », composé par Domitille Michalon est vraiment mon coup de coeur. C’est un parfum valeur sûre. La marque le présente comme un parfum très sensuel : « Une nuit enivrante. Une rencontre, un cocktail, poivre rose, l’intensité monte. On danse, on s’embrasse sur des notes de patchouli. La nuit se poursuit brûlante, le cuir » et je n’ai pas grand-chose à rajouter si ce n’est que je le trouve aussi d’un chic que j’ai d’abord cru un peu vintage mais qui s’avère, finalement, parfaitement intemporel. Pour moi, « Cuir à Corps » est un composition de plusieurs émotions : l’attirance certes, la sophistication aussi mais dans une fausse simplicité qui le rend vraiment très séduisant. Il est le parfum de la collection qui me dit : « allez, essaye encore une fois ! ». Je pense, une fois encore que me l’approprier ne serait vraiment pas un problème. Je lui pense un sillage assez discret mais une tenue longue, avec différents stades de développement très beaux et très addictifs.
Je me suis alors laissé porter par l’idée que mon troisième choix était le plus éloigné de ceux que je porte habituellement. Explorer, c’est aussi cela. « Des souvenirs indélébiles. Troublante mélancolie, le parfum enveloppant du tabac, l’opulence du safran et de l’iris pour ces moments intimes. Le temps laisse place à de nouvelles émotions ». Sur le papier, « Tobacco Memories », également composé par Domitille Michalon, et qui vient de remporter FIFI Award du meilleur parfum d'une jeune marque de niche indépendante 2025, n’avait pas grand chose pour me plaire et pourtant, j’ai beaucoup aimé son évolution. Des notes poudrées d’iris, rehaussé de safran sans en faire trop et la langueur de la feuille de tabac m’entrainent dans une atmosphère peut-être légèrement plus vintage et sans doute un rien masculine même si j’imagine tout à fait une actrice comme Marlene Dietrich par exemple, portant ce parfum. Je le pensais sage mais, finalement, quand il se développe, il est joueur, presque subversif. Je ne sais pas si c’est mon préféré mais je le trouve, en fin de compte, très audacieux.
Chambre 52, est, pour moi, de l’élégance, rien que de l’élégance. Je n’ai pas beaucoup d’informations complémentaires. Je ne sais pas si Nicolas Dewitte, le fondateur est aussi le parfumeur mais, même si les créations sont, à mon goût, un peu sages, je trouve la marque très prometteuse. On commence à en entendre pas mal parler et je ne vais pas m’en plaindre. En tout cas, je lui souhaite tout le succès qu’elle mérite et je ne manquerai pas d’y revenir quand j’en aurai l’occasion.
Acne Studio X Frédéric Malle, pourquoi j'ai, en partie, changé d'avis
Lorsque j’ai partagé les résultats des FIFI awards 2025, un des lauréats a déclenché une série de commentaires voire même d’incompréhension. Il s’agit de « Acne Studios X Frédéric Malle », une collaboration de la marque de parfums et une maison de mode suédoise que, j’avoue, je ne connaissais pas. J’ai même trouvé que le nom en français « n’était pas très vendeur ». Créé par la jeune parfumeure Suzy Le Helley, ce parfum m’a, lorsque je le découvert, il m’a dérouté. Je me suis dit « mais, il sent l’assouplissant ! » et, franchement, je ne lui ai trouvé aucun intérêt mais il y a une suite à cette histoire. Tout d’abord, la création : « Acne Studios X Frédéric Malle incarne l'alliance audacieuse entre la mode, la parfumerie et l'art. Fruit d'une collaboration originale, ce parfum offre une expérience olfactive néoclassique, à la fois vibrante et confortable, magnétique et radicale. Créée par Suzy Le Helley, cette composition sophistiquée mêle subtilement des notes de pêche, de fleur d'oranger, d'aldéhyde et de vanille. Symbole d'élégance et de raffinement, ce parfum incarne parfaitement l'esthétique haut de gamme caractéristique d'Acne Studios, annonçant une expérience olfactive inoubliable ». Suzy Le Helley a voulu inventer une fragrance qui évoquerait le côté irisé et lumineux et d’ailleurs le flacon le traduit très bien avec un dégradé de couleurs presque un peu « enfantin ». Apparemment, la marque Acne Studios est plutôt jeune et il fallait retranscrire un peu un esprit teen age. Je trouve que, si l’on part de ce principe, on peut bien comprendre la démarche de la direction artistique.
Après un départ franchement aldéhydé enrichi de notes de bergamote et de mandarine, un coeur, c’est vrai, assez synthétique de jasmin, de muguet, de fleur d’oranger et de pêche donne une odeur de propre qui peut avoir l’air assez cheap et je dois dire que je ne sens que très peu l’héliotropine, l’iso e super et la vanille. Les muscs blancs, poudrés et propres prennent le pas sans aucun doute. Quand j’ai senti le parfum sur touche, je n’en n’ai pas compris l’intérêt et j’avoue que je m’en suis détourné très vite en me demandant quel était l’intérêt d’un parfum qui sentirait la lessive. Je suis passé à autre chose puis, quelques temps plus tard, Anne, la responsable de notre plus ancienne parfumerie, « La Mûre Favorite », m’a conseillé de le poser sur la peau en me disant qu’il était quand même plus animal et très intéressant. J’ai écouté et je l’ai porté or je me suis rendu compte qu’elle avait raison. J’ai trouvé « Acne Studios X Frédéric Malle » assez différent, très « seconde peau », voire même addictif. J’ai donc un peu changé d’avis et, finalement, je l’aime bien. En revanche, je ne comprends pas du tout qu’il soit vendu un prix pareil et je trouve que c’est cela qui le rend sur-côté. En revanche, j’arrive à intégrer que le jury de professionnels l’ai récompensé car il a quelques qualités insoupçonnées qui se sont révélées au contact de ma peau.
Fruit de la passion, un parfum de vacances
Fraiches, juteuses, acidulées, les notes de fruit de la passion sont vraiment très agréables à porter durant les chaudes journées. Je trouve que l’accord en parfumerie est, la plupart du temps, très réaliste et que l’odeur correspond bien au goût de ce fruit que j’aime particulièrement manger sur toutes ses formes. J’ai donc eu envie de me pencher sur les créations dans lesquelles cette note est mise en avant, voire même travaillée en majeur ou en secondaire. Souvent, on la retrouve dès l’envolée et je trouve qu’elle apporte quelque chose de pétillant aux fragrances. J’ai bien aimé faire des essais pour écrire cet article et je me suis même découvert un goût plus prononcé que je le pensais pour ces parfums. Je peux même dire que j’en porte un. En tout cas, je vous emmène au soleil, dans des effluves exotiques et presque même tropicales. J’espère vous donner envie de vacances, de voyages et de cocktails frappés et rafraîchissants au travers de quatre parfums qui m’ont séduit.
« Love At First Sight » créé par Ella Chiche en 2023 pour Une Nuit Nomade est vraiment un coup de coeur et il est devenu l’un de mes parfums d’été favoris. « Le printemps est doux à Johannesburg. Le Jacaranda s’empare de la ville avec son manteau mauve. Il trône majestueusement le temps d’une saison. Au gré du vent, ses fleurs clochettes se balancent, égrenant un parfum envoûtant, un hymne à l’amour. Les acacias impatients accueillent le cœur battant ce flamboyant et s’empourprent face à une telle déclaration. ‘Love at first sight’, une passion instantanée où les effluves de fleurs se mêlent et s’entrecroisent. Les caresses intenses de fraîcheur du jacaranda succombent aux baisers miellés de l’acacia ». L’envolée de fruit de la passion et de bergamote est particulièrement fusante et attrape mon nez dès la vaporisation et cette note va perdurer et s’enrichir d’un coeur de lilas, d’acacia et d’ylang-ylang très floral, presque poudreux, qui se pose sur un fond de cashmeran particulièrement cocon et un peu surprenant. Sur ma peau, la longévité de « Love At First Sight » est incroyable même par temps très chaud. Il est, vous l’aurez compris, mon préféré de la sélection et j’ai commencé par ce parfum parce qu’il met la note de fruit de la passion particulièrement en valeur et aussi pour l’émotion qu’il me procure. Pour moi, « Love At First Sight » est devenu complètement incontournable. En tout cas, je l’ai porté pas mal avant d’écrire cet article et c’est un plaisir dont je ne compte pas me passer.
J’ai toujours aimé « Fraiche Passiflore » créé en 1988 par Jean Laporte pour Maître Parfumeur et Gantier. « Captivée par la douceur de la pêche et du fruit de la passion, cette fragrance dévoile ensuite le murmure délicat du jasmin, suivie d'une pointe audacieuse de piment, s'épanouissant finalement dans la caresse du bois de santal et du musc ». Je le connais depuis très longtemps et je trouve que la note de fruit de la passion est particulièrement bien travaillée dans cette composition très réjouissante. L’envolée est très fruitée avec des notes de pêche et de framboise rendue un peu amère avec un côté souci assez peu usité en parfumerie. Le coeur de fruit de la passion, pétillant est épicé de piment et entouré d’une très belle qualité de jasmin. Après un assez long développement du à une haute concentration, le parfum se pose sur des notes de santal très boisées et de muscs doux et enveloppant. Maître Parfumeur et Gantier, recèle nombre de très belles créations et « Fraîche Passiflore » en fait partie. Ce parfum qui existe depuis près de trois décennies, n’a pas pris une ride. Il a un nouveau flacon, comme une nouvelle robe, il s’inscrit dans l’air du temps avec son côté floral-fruité. En résumé, il va bien. Je le trouve particulièrement beau et agréable à porter. J’avais un petit format en ma possession et je l’ai utilisé jusqu’à la dernière goutte. Il n’est pas dit qu’un jour je ne récidive pas tant je le trouve addictif. C’est peut-être souvent la sensation que me provoque la note de fruit de la passion.
Quand j’ai découvert, il y a quelques temps, « Immoral » lancé et créé également en 2021 par Paul Émilien pour Bybozo, j’en attendais beaucoup car, sur le papier, il avait tout pour me plaire. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Ce parfum captivant a rassemblé un panier entier de fruits et de baies. La maracuja exotique est associée à la pêche caramélisée. La poire au miel se marie aux feuilles épicées de cassis et à la framboise juteuse. Le panier de fruits au cœur laisse place à des notes florales douces. En notes de fond, la vanille épicée, le patchouli robuste et l'héliotrope enivrant confèrent à la composition une profondeur mystérieuse. Le musc séducteur et le santal crémeux apportent de la sensualité au sillage. Le summum de la joie et du plaisir ! ». Je l’ai donc choisi en second et posé sur ma peau. Il m’a énormément surpris et même dérouté. Je ne m’attendais pas du tout à ça car, avec sa construction un peu néo-chyprée, je le pensais complètement dans mes goûts hors, il est complexe, inattendu et beaucoup plus clivant que je pensais. Après une envolée très solaire de fruits de la passion, de framboise, de pêche, de cassis et de poire entouré d’un accord sable vient un coeur de muguet presque incongru et pourtant élégant puis un fond puissant de patchouli légèrement arrondi par les muscs, le bois de santal, l’héliotrope et la vanille. Imposant, puissant, « Immoral » est sans doute le parfum qui m’a finalement, le moins attiré, non pas par manque de qualité ou d’originalité mais, tout simplement parce qu’il ne me provoque pas les émotions que je recherchais en lui et m’entraîne un peu loin de mes goûts habituels. Je le réessayerai plusieurs fois afin de l’apprivoiser car, je ne comprends pas pourquoi je suis lui suis moins sensible qu’à certains autres. Il n’en reste pas moins extrêmement bien réussi et je pense qu’il plaira plus aux hommes, à ceux qui, dynamiques portent un costume-cravate.
« Dans un petit coin de paradis, le soleil se lève, dans les hautes branches, les inséparables chantent la passion et la tendresse. A l’abri des regards, un jeune couple partage un moment hors du temps, à l’abri des passiflores. L’essence de Mandora et le fruit de la passion, somptueuse alliance de gourmandise, un voyage au cœur d’un paradis exotique, où chaque sens est un moyen de communication avec la nature. « Agapi » : les inséparables, la complicité ». L’idée de la relation entre deux roseicollis dans leur variété agapi née en Namibie me séduisait déjà dans l’idée et, franchement, lorsque j’ai eu la chance qu’on me présente ce nouveau parfum de la maison Le Couvent, j’ai été séduit par son côté à la fois lumineux et vraiment addictif. La peau et le parfums sont comme ces oiseaux inséparables, ils se marient sans que l’on s’en rende compte et deviennent des partenaires très étroitement liés. Dès le départ, avec l’essence de mandora, un agrume également appelé ortanique et que je ne connaissais pas, je suis attiré par une certaine fraîcheur exotique et solaire. Puis l’association, en coeur de l’ylang-ylang et des fruits de la passion ne peut que me séduire encore d’avantage. Ceci dit, c’est le fond, surprenant, étrange et presque complètement inédit d’ambroxan et de clou de girofle qui vient « finir » de me surprendre. J’ai adoré « Agapi ». Je pourrais tout à fait le porter. Je l’ai trouvé très réussi. Je regrette aussi que la marque ne communique pas le nom du créateur de ce très joli parfum.
J’aime beaucoup la note de fruit de la passion en parfumerie surtout quand elle apporte ce côté acidulé qui pourrait être contrebalancé par une construction chyprée ou par des fleurs. En tout cas, je suis très content de cet article et je suis content d’avoir redécouvert ces parfums pour écrire. J’espère vous avoir donné envie de découvrir un peu mieux cette note. Alors, c’est parti… allons en vacances.