"Sables", l'une de mes principales empreintes olfactives
Le flacon original
Parler encore une fois de « Sables »… Chaque amateur de parfumerie a ses iconiques. Ce parfum, créé par Annick Goutal en 2005 puis retravaillé par Isabelle Doyen est, c’est un fait, l’un des miens et, en tout cas, le plus ancien. J’en ai connu toutes les versions, tout d’abord l’original puis les reformulations à l’époque de l’eau de toilette, enfin la création, il y a quelques années, de l’eau de parfum qui fera table rase de changements plus ou moins heureux. La marque avait enfin décidé de revenir aux origines après, il faut l’admettre, certaines errances. En tout cas, je l’ai aimé à nouveau… Je l’aime à nouveau davantage serait plus sûr. « Les immortelles sauvages bordent l'horizon, la chaleur est délicieusement écrasante et le sable est brûlant. C'est l'odeur d'un été enivrant, d'un soleil de plomb sous lequel on s'abandonne, ou lors d'une sieste au bord de la mer. Annick Goutal composa Sables par plaisir de se souvenir inlassablement de ce moment de bonheur passé en Corse avec son mari ». Il s’agit d’un parfum fort, solaire et sec à la fois, épicé mais tout en subtilité. Après un départ de bergamote et de mandarine assez classique vient ce coeur absolument incroyable de jasmin et de mousse épicé par une qualité très « piquante » de poivre noir de Madagascar qui se renforce d’un fond ambré, de santal indien et d’une variété sauvage d’immortelle. J’ai souvent évoqué ce parfum que je porte depuis plus de 25 ans, avec des périodes où je le laissais un peu de côté et d’autres où il revenait intensivement. Je radote peut-être un peu mais il fait vraiment partie de moi alors revenir sur le sujet ne me parait pas incongru.
Isabelle Doyen et Annick Goutal
Si je dois garder un mot pour qualifier « Sables », il sera « clivant ». Ce n’est pas le parfum de tout le monde et c’est vrai qu’il a fallu à Annick Goutal, se battre pendant longtemps, alors qu’il ne rencontrait qu’un succès d’estime, pour que ses associés ne le suppriment pas du catalogue. Et comme elle a eu raison ! Aujourd’hui, et depuis une quinzaine d’année seulement, il fait partie des meilleures ventes. Certes, ce sont surtout les personnalités fortes ou les amateurs de parfums qui se le sont approprié. Je me souviens l’avoir senti sur la regretté chanteuse Anne Sylvestre que j’ai eu la chance de côtoyer un peu mais je sais aussi que d’autres artistes l’ont porté. Pour ma part, il est un prolongement de ma peau, je ne sais pas comment le dire autrement. Lorsque Camille Goutal et Isabelle Doyen ont sorti, il y a quelques années, « L’Eau des Immortels » comme un hommage à « Sables », je me suis dit qu’il me faudrait choisir entre les deux. Erreur fatale ! L’un et l’autre sont comme le positif et le négatif, l’envers et l’endroit d’une même idée. De ce fait, je les aime tous les deux également. C’est malin ! En tout cas, en reportant « Sables » même en été, pour écrire mon article, je comprends pourquoi je l’aime intensément. Il ne peut que susciter une certaine passion… une certaine addiction… comme un rejet parfois et c’est bien compréhensible. J’avais envie de parler à nouveau de « Sables » peut-être pour celles et ceux qui ne me suivent pas sur ce blog depuis longtemps.
Le flacon actuel
Le plaisir que j’ai eu à porter l’un de mes incontournables aujourd’hui est tel que je me suis dit, peut-être pour la première fois, qu’il arriverait à m’accompagner tout au long de l’année sauf peut-être, en temps de fortes canicules. En tout cas, mon envie reste intacte. Après plus de vingt-cinq ans ce n’est pas si mal et, si je suis infidèle en parfumerie, il me reste des points d’ancrage. « Sables » et « L’Air de Rien » de Miller Harris sont de ceux-là.
Margaux Le Paih Guérin, la gourmandise de la création
Depuis quelques mois, j’entends son nom souvent, je découvre des parfums qu’elle a créé. Elle, c’est Margaux Le Paih Guérin et j’ai décidé d’aller voir d’un peu plus près si je connaissais d’autres compositions inventées par elle. Sa signature est devenue incontournable non seulement chez Studio Flair dont elle a intégré l’équipe mais aussi dans plusieurs marques plus ou moins confidentielles notamment dans les nouveautés 2025. Prolifique, inventive, c’est un nom qui compte et, en quatre créations, j’ai eu envie de me promener dans ses oeuvres. En attendant de découvrir Yzkine, une maison dont j’ai pas mal entendu parler et pour laquelle elle a collaboré, je me suis promené, au fil des composition, dans ses univers souvent gourmands mais pas seulement. Je vous emmène donc avec moi sur les traces de Margaux Paih Guérin.
« Jany » a été créé en 2023 par Margaux Le Paih Guérin pour Sora Dora était le parfum dont j’avais beaucoup entendu parler et qui me donnait envie de découvrir la collection. La parfumeuse en exprime ainsi l’inspiration : « Nous avons travaillé quasiment une année sur un accord « boulangerie ». j'ai finalement trouvé l’inspiration pour cette note si particulière. Après cela, tout est devenu limpide, le souvenir d’une tarte Tatin … ». Le moins que l’on puisse dire est que c’est réaliste. J’ai vraiment l’impression d’une tarte tatin qui sort du four. Le départ de pomme un peu caramélisée se pare de notes de pêche et d’abricot qui assurent encore plus de rondeur. Le coeur est un vrai accord de pâte feuilleté, beurrée et très profond qui est renforcé par un très lumineux osmanthus, une noix plutôt dark et une prune ronde et confite. Le fond de caramel et de vanille avec le côté amande s’enveloppe de muscs blancs. Je suis vraiment impressionné par le résultat mais je ne crois pas que j’aimerais porter un parfum qui sente la tarte tatin. J’aime beaucoup la pâtisserie en tant que tel mais le côté culinaire assumé me dérange peut-être un peu malgré quelque chose d’addictif. Il n’est pas pour moi mais je reconnais qu’il est parfaitement bien vu. Je suis très éloigné de mes goûts habituels mais j’ai aimé redécouvrir ce parfum il y a quelques mois.
L’une des créations de Margaux Le Paih Guérin que j’ai découvert récemment, est « Towédé », qu’elle a composé en 2023 pour Note de Bas de Paje. : « Une étreinte dont on aimerait ne jamais se défaire. Des pieds nus frappent la terre rouge. Ils la soulèvent et forment un nuage brun qui voyage au gré des vents. Peu à peu, le nuage s’éclaircit, jusqu’à s’évaporer subitement au contact d’un bitume dur et froid. Towédé a quitté une terre magique où les esprits flottent entre les arbres, pour une nouvelle terre qui fait fi des mythes et du paranormal. Une terre qui clame sa modernité et sa rationalité. Mais Towédé est une force que rien ne peut aseptiser. C’est une douceur féroce, une tendresse farouche. Towédé, c’est la rencontre de deux mondes. Ils cohabitent, empiètent l’un sur l’autre, s’entrelacent, s'entremêlent, s'interprètent. Pourtant, l’équilibre s’installe sans que l’un ne s’efface au profit de l’autre, sans que l’un ne donne complètement raison à l’autre ». J’avoue que le postulat de départ et l’inspiration m’a un peu dérouté et qu’il m’a vraiment fallu me faire mon propre imaginaire pour comprendre ce parfum qui oscille entre gourmandise et épices chaudes. Dès le départ, je sens des notes de noix de muscade et de cannelle qui, je trouve, sont déjà addictives. Le coeur d’ambre gris et de chocolat noir est, sur ma peau, résolument original et j’ai bien aimé le fond très enveloppant de cashmeran, de vanille et de patchouli. Je ne suis pas vraiment très attiré par la note de chocolat en parfumerie mais le côté plus cacao amer, très ethnique, presque un peu brut, me plait assez et je trouve, qu’avec le patchouli et une vanille plus épicée que réellement gourmande, l’effet est assez bien vu. Pour moi, « Towédé » est vraiment un parfum « d’aventurière ou d’aventurier » dans le sens romanesque du terme. Je respecte bien sûr l’inspiration des directeurs artistiques et de la parfumeuse mais mon ressenti est un peu différent. C’est la magie de l’expression artistique.
Parmi les nouveautés 2025, découvertes à Paris récemment, j’ai eu envie de parler de « Ashta Symphony », créé par Margaux Le Paih Guérin pour la Collection des Délices d’Ideo Parfumeurs. « On retrouve dans ce parfum addictif et réconfortant la texture veloutée de l’ashta, avec ses notes de pistache et ses notes lactées », tels sont les mots de la parfumeuse pour le décrire. Le départ de fleurs blanches est de toute beauté et le côté très vert du coeur de lentisque et de pistache associé à la fleur d’oranger. Après un certain temps, le fond, très lacté et vanillé se poudre avec le cashmeran et les muscs blancs. J’ai vraiment accroché les notes de tête et de coeur mais, petit à petit, je me sens un peu dérouté par le côté un peu laiteux du fond. Il ne m’incommode pas comme souvent. Il est peut-être un peu rond pour moi mais je ne le trouve pas du tout écoeurant. Il a quelque chose d’exotique, un peu étrange sans doute mais pas désagréable. En général, je suis toujours très gêné par les notes lactoniques mais, dans cette composition hyper équilibrée, il y a comme quelque chose de réjouissant, de tendre. Je l’ai beaucoup aimé. Je ne l’ai pas intégré à mon article sur les nouveautés car je voulais revenir dessus dans ce portrait mais il fait partie des jolies nouveautés de cette année.
« Bois de Mangrove » créé par Margaux Le Paih Guérin est, à mon sens, le parfum le plus luxueux de la nouvelle collection de la marque lyonnaise 100Bon, tout d’abord grâce aux ingrédients utilisés mais aussi parce que la composition est riche, pleine et sophistiquée. « Le Bois de Mangrove, un ingrédient rare et protégé, comme pièce centrale de cette collection. Nous avons donné corps et vie à cette matière première brute, intégrée dans un parfum pour la première fois ». Le départ d’ananas est vraiment du plus bel effet et donne envie de poser ce parfum aromatique et boisé sur la peau. Il évolue vers un coeur très original de laurier, poudré par l’iris et rehaussé par une touche de lavande vraiment très bien travaillée. Le fond est sombre, sec, fumé et presque cuir. Le bois de Mangrove est associé à l’essence de cade que j’aime beaucoup en parfumerie, au cèdre de Virginie et il est adouci par des muscs blancs que je peine à sentir. « Bois de Mangrove » n’est indéniablement pas pour moi mais je le trouve quand même assez intéressant. Il faut le mettre sur peau car, sur la touche, il n’exprime pas du tout ses facettes.
Le talent de Margaux Le Paih Guérin n’est donc plus à démontrer mais à suivre. J’aurais pu revenir sur « Mon Santal », qu’elle vient de composer pour la marque italienne Astrophil & Stella que j’avi vraiment aimé mais il figure dans les nouveautés de cet été. J’ai aussi été très dérouté par « Amow », le premier parfum qu’elle a créé pour Neil Jacquet. En tout cas, nul doute que je reparlerai de son goût pour le gourmand mais pas seulement car je constate parfaitement facilement qu’elle peut s’écarter de ce domaine qui semble de prédilection. En tout cas, j’aime beaucoup l’idée que de nouveaux parfumeurs viennent, dès le départ, imposer leur style. Margaux Le Paih Guérin est de ceux-là.
Un petit coup de coeur chez Santa Eulalia
J’ai aussi découvert la marque Santa Eulalia lors de mon séjour à Paris. « Santa Eulalia, maison de mode et de luxe pour hommes et femmes fondée à Barcelone en 1843. Pionnière dans l’organisation de défilés de haute couture, elle a lancé son premier parfum en 1947, une eau de Cologne fraîche qui a rencontré un succès immédiat. Depuis 2014, sa collection de parfums signature évoque l’essence intime de Barcelone et sa lumière méditerranéenne, mêlant le savoir-faire des maîtres parfumeurs à l’élégance discrète et au design qui définissent la maison » (Jovoy). Je ne peux pas dire que j’ai vraiment adhéré à l’univers barcelonais de cette marque qui compte aujourd’hui 14 parfums réalisés par Christian Provenzano, Sophie Truitard, Arturetto Landi, Celine Ripert, Christian Vermorel, Cyril Rolland, Stéphane Bengana et Luca Maffei. En revanche, j’ai eu un petit coup de coeur pour « Nectar », composé par Cyril Rolland en 2014. Il s’ouvre sur des notes de citron et de fruits exotiques puis vient un coeur d’ylang-ylang, de noix de coco et de freesia que je trouve particulièrement joli et qui se pose sur un fond de vanille et de fève tonka. Il s’agit encore d’un solaire mais il est un peu différent, peut-être plus chaud, que celui dont j’ai l’habitude. Pour moi, il s’agit du parfum le plus proche de mes goûts dans la collection et je pourrais tout à fait le porter.
« Nectar vous invite à vous immerger dans l'essence d'un été éternel. Ce parfum est une ode luxueuse à la beauté et à l'esprit vibrant du paradis côtier de Barcelone, parfait pour ceux qui souhaitent porter l'essence de l'été avec eux tout au long de l’année ». J’aime beaucoup le côté très exotique du départ et cette fleur d’ylang ylang un peu fraîche en coeur et contrebalancée par la noix de coco un peu plus ronde. Ce qui est étonnant, c’est de constater que je n’aime pas vraiment le goût de ce fruit et que son utilisation en parfumerie me plait toujours plus. En tout cas, j’ai beaucoup apprécié cette composition contenue dans un très joli flacon strié, sobre mais chic. En tout cas, je me pencherai un peu plus longuement sur Santa Eulalia, cette maison venue de Barcelone. Je pense qu’il pourrait y avoir des créations qui me plairaient. Celle-ci, assurément, est vraiment dans mes goûts mais il en existe peut-être d’autres à côté desquels j’ai pu passer. Cette découverte aura attisé ma curiosité.
Source d'Origine, une très belle collection de Jardin de France
C’est grâce à Mounir de la parfumerie Rue de la Beauté à Honfleur que j’ai la Collection Sources d’Origine d’une marque née en 1920 dont j’ignorais l’existence et qui s’appelle tout simplement Jardin de France. Je dois dire que j’ai été bluffé par l’identité forte des créations et le talent de la parfumeuse Justine Brivet qui les a signées. La marque, au travers de cette série, nous entraîne dans sa vision des belles matières, travaillées de manière à la fois ethnique et tout à fait originales. Justine Brivet a su inventer une collection particulièrement étonnante qui a su à la fois me séduire et me surprendre. J’ai retenu cinq parfums qui m’ont paru emblématique de cette collection à découvrir absolument.
Avec « Air Élémental » lancé en 2018, Justine Brivet invente un floral vraiment très étonnant. C’est un clair obscur particulièrement sophistiqué. Sur ma peau, le départ de bergamote, de thym et de poivre, bien que très vif et accrocheur, fait vite place à un très beau coeur de tubéreuse et de gingembre qui se pose sur un fond très patchouli. « Un air, à la fois frais et sombre, qui exprime un cœur florale grâce à la tubéreuse. Le patchouli et l’ambre lui confèrent des notes boisées et animales ». J’ai beaucoup aimé ce parfum notamment lorsque le coeur vraiment floral s’est attardé sur ma peau. Je le trouve d’une grande élégance. Il y a quand même un petit bémol. Le patchouli des notes de fond, de très bonne qualité d’ailleurs il me semble, sur ma peau, vient vite prendre toute la place et « dévorer » un peu les autres notes. Il n’en demeure pas moins que « Air Élémental » fait partie de mes préférés dans cette collection sans doute parce qu’il me correspond bien. Je suis séduit par son élégance discrète et, pourtant, le côté brut qu’il peut prendre à certains moments.
« Laissez-vous surprendre par l’étincelle du Feu Primitif associant le poivre Timut à la rose et au thé noir ». « Feu Primitif », également sorti en 2018, a été le premier parfum de la collection que j’ai pu découvrir et il m’a surpris car, de prime abord, je ne l’aurai pas retenu et pourtant, je l’ai trouvé vraiment très réussi. Il s’ouvre avec une envolée très vive et épicée de poivre timut presque pétillant, d’orange douce et d’élémi puis vient, après une évolution tout de même plus longue, un coeur de thé noir et de rose complètement inattendu. Franchement, j’ai adoré cette association. Justine Brivet a exploré un accord que je ne connaissais pas vraiment. Le fond d’encens, de cyprès et de cèdre de Virginie aurait pu me déranger mais il n’en n’est rien. J’ai trouvé « Feu Primitif », outre son nom qui m’a séduit, très intrigant, ethnique et, en même temps, très ciselé. Il m’a plu car je pense qu’il sort des sentiers battus. Pour moi, il ne ressemble à rien d’autre et c’est souvent ce que je recherche dans un parfum. Pourrais-je me l’approprier. Il me faudrait le réessayer pendant une saison plus froide. En tout cas, il ne manque pas de charme.
Lancé en 2016, « Terre Initiale » a, comme tous les autres parfums de la collection, été créé par Justine Brivet . « Terre initiale fait vibrer le patchouli. Il met en avant une facette boisée chaude et terreuse. On a la sensation d’une terre riche, texturée, vivante et chauffée par le soleil, qui exprime toute sa puissance ». Le poivre rose et la mandarine en tête laissent vite la place à un coeur très surprenant de fleur de davana et d’armoise (que je sens assez peu) puis vient un fond très boisé de cèdre de Virginie et surtout de patchouli qui s’arrondit avec une variété d’encens qui m’a vraiment surpris. Comme ça, sur le papier, ce parfum n’aurait absolument pas du me plaire et pourtant, je l’ai trouvé très attirant. Il a également quelque chose d’inédit mais, comme les autres créations de la collection, il n’en demeure pas moins très portable. C’est le tour de force réussi par la parfumeuse. Franchement, je pense que je pourrais tout à fait me l’approprier.
Le plus original, à mon sens, de la collection est « Métal Absolu », également sorti en 2016. « Métal Absolu fait vibrer le bois de cèdre. Métal Absolu, de la collection Sources d’Origine, met en lumière l’odeur fumée, sèche et celle des crayons à papier portées par le bois de cèdre ». Vraiment, je n’avais jamais rien senti de pareil. Il s’ouvre sur une envolée complètement qualitative et déroutante de citronnelle de Thaïlande et de gingembre de Madagascar très épicée puis vient ce coeur, complètement incongru de matcha et d’aldéhydes qui se renforce d’un fond de vétiver de Java très racinaire et d’un accord cèdre et ambre. Je l’admets bien volontiers, « Métal Absolu » est très déstabilisant pour moi. Il m’a rappelé, dans son esprit, les créations composées pour Starck Parfums il y a quelques années. Vraiment, j’ai beaucoup aimé ce parfum et, pour le coup, je ne suis pas du tout attiré par les parfums aldéhydées, qu’il soient contemporains ou vintage. Vraiment, je pourrais le porter sans aucun problème. Il est peut-être, et contre toute attente, mon coup de coeur de la collection. Je remercie Mounir de l’avoir mis dans sa sélection car, vraiment il m’a impressionné.
Le dernier parfum que j’ai essayé et dont je veux parler est « Pierre Originelle » édité aussi en 2016. « Pierre Originelle fait vibrer l’iris. Le parfum de l’iris est boisé, sec et poudré, il évoque la sensation de la pierre qui se fond en poussière, glisse entre nos doigts mais reste sur nos mains. Un parfum caractéristique qui reste gravé dans notre mémoire comme une pierre dans le temps ». Là encore, Justine Brivet a cassé les codes avec un départ très épicé de poivre rose de Madagascar totalement pétillant et un cumin persistant, un peu animal, travaillé sur un versant que je ne connaissais pas. Le coeur d’iris de Toscane, terreux, profond, étrange, est rehaussé d’une note de menthe complètement inattendu et de ce carvi d’Égypte tellement particulier. Le fond de cèdre de Virginie, de santal de Ceylan et de muscs blancs, assurent un parfum stable, « pierreux » et tendre à la fois. J’ai beaucoup aimé cette création totalement chaude et froide. « Pierre Originelle » fait aussi partie de mes préférés dans la collection mais je crois que chaque composition a vraiment son intérêt.
La marque est vraiment à connaitre et à faire connaitre pour la créativité de ses parfums mais aussi pour leur prix est tout à fait raisonnable. Pour ma part, c’est un peu un coup de coeur permanent d’autant que la collection est très qualitative. Si vous croisez la route de cette marque que je ne connaissais pas du tout, il faut absolument vous y arrêter. Je suis pas mal conquis. En tout cas, c’est une belle découverte et une belle surprise.
Hellenist, une ode à la Grêce antique
Je ne connaissais pas très bien les quatre parfums de Hellenist mais beaucoup d’entre-vous m’en ont parlé or j’ai eu l’occasion de les sentir et même d’en essayer un sur peau. Je ne me suis pas privé et je vais tenter de vous donner mon ressenti. À ce jour, la marque, née en 2024 compte quatre créations ainsi que de très belles bougies. J’aime aussi beaucoup l’environnement, les boites, les flacons et les photophores qui sont ornés de dessins qui ne sont pas sans rappeler l’univers très poétique de Jean Cocteau. Ce côté onirique m’a donné envie de me plonger dans cet univers et de vous parler des quatre parfums (sachant que j’avais déjà du évoquer « Les Bras de Morphée » il me semble) et de vous exprimer ce qu’ils m’évoquent.
Le premier que j’ai senti est « Le Chant d’Achille », créé en 2024 par Alexandra Carlin. « Associé aux majestueuses falaises de Skyros, le chant d’Achille évoque l’essence même de l’héroïsme. Ce parfum sensuel et intrigant capture les senteurs emblématiques de la Méditerranée : à la fois frais et minéral, mais aussi intense et enveloppant. Il se construit autour d'un duo majestueux de Fleur d'Oranger et de Muscs Blancs, dont la fraîcheur est subtilement réchauffée par des notes solaires d'Ylang Ylang et d'Immortelle. Une overdose de Géranium et de Mousse ajoute un twist fougère inattendu. Cette signature olfactive ne peut que surprendre et enchanter ». Ce travail autour du néroli et de la fleur d’oranger est très plaisant avec des notes complètement fraîches et un peu épicées par le poivre noir en tête, un coeur complété par l’ylang-ylang et le géranium et un fond élégant de muscs blancs et d’immortelle avec le soutien du vétiver et de la mousse de chêne. J’aime bien « Le Chant d’Achille ». Pour moi, il est une valeur sûre. Ce n’est pas un parfum révolutionnaire, il est juste agréable et sans prétention. Il est aussi, il me semble, une jolie alernative aux fougères un peu convenues et très synthétiques que l’on trouve trop souvent sur le marché depuis que la mode est revenue. Il est qualitatif et agréable. Que demander de plus ?
« Inspirée par les dieux et légendes grecques. Cette collection nous plonge dans un univers onirique où les souvenirs des récits de notre enfance se mêlent à l’imaginaire d’une Grèce sans artifices. Brute et élémentaire, la nature s’y exprime avec puissance et poésie dans un jeu entre ombre et lumière. Derrière chaque création, une histoire parfumée dont on devient le héros ». Mon premier coup de coeur a été « Les Bras de Morphée » créé par Suzy Le Helley.. « Chaud et enveloppant, Les Bras de Morphée est une douce caresse que l'on savoure sur la peau. Inspiré des grottes de Lemnos, légendaires lieu de résidence de Morphée, ce parfum envoûtant mêle avec délice des notes veloutées de pêche, d'iris et de feuilles de violette, laissant derrière lui un sillage hypnotique qui invite à la rêverie. Mais ce n'est pas tout... Avec son accord irrésistible de noisetier et ses douces nuances ambrées de fève tonka et de vanille, cette fragrance sensuelle et poudrée ne manquera pas de vous charmer encore et encore ». C’est un travail autour de l’iris et de la feuille de violette qui pourrait sembler un peu classique avec le côté très poudré de ce duo mais très vite, les notes de pêche, de noisette, d’héliotrope, de vanille, de fève tonka et surtout de cashmeran viennent rendre la fragrance complexe finalement mais aussi très agréable tout simplement.
« Inspiré par la forêt de Chios, À l’Ombre d’Artémis est un hommage joyeux et tendre à la liberté et à l’audace de la déesse de la chasse. Ne vous laissez pas tromper par sa douceur apparente : derrière ses confortables notes fruitées de baies se cache un équilibre floral remarquable de rose et d’ambrette, enrichi par des notes boisées et incisives de figuier et de mousse de chêne. Mystérieuse et vibrante, cette création olfactive ne laissera personne indifférent ». Lancé en 2024 également et composé également par Suzy Le Helley, « À L’Ombre d’Artemis » est mon coup de coeur. Le côté très vif du départ de cassis, de bergamote et de muguet laisse vite la place à un coeur de figuier absolument pas lacté, associé à la rose et à la graine d’ambrette. Le fond de santal est équilibré par la mousse de chêne très « sous-bois » et le versant sec du vétiver. Si, au départ, j’avais vraiment un coup de coeur pour « Les Bras de Morphée », je pense que le voilà détrôné par « À L’Ombre d’Artemis ». Que je trouve vraiment plus original et qualitatif. Je pourrais tout à fait le porter. Je me rends compte que j’aime le côté figue, et particulièrement feuille de figuier, de plus en plus quand il n’y a pas le côté lacté qui peut me déranger parfois. En tout cas, je suis séduit par ce parfum et j’ai bien fait de le redécouvrir un peu mieux.
J’ai aussi découvert « Les Dieux Aux Bains », la nouveauté très estivale de 2025 composée par Pierre Guéros : « Les Dieux aux Bains célèbre l’éclat cristallin du citron et la vivacité de la baie de genièvre, adoucis par un cœur aromatique aux accents méditatifs. En fond, la caresse humide d’un patchouli délicat enveloppe la peau comme une vapeur bienfaisante. Son sillage, à la fois frais et sensuel, évoque les brumes sacrées d’une cascade secrète où les dieux, loin du tumulte, venaient se régénérer ». J’ai peut-être un peu moins accroché avec cette création même si. J’aime beaucoup les notes de genièvre, d’eucalyptus, de romarin et de citron car le coeur, très minéral, m’a un peu surpris ainsi que le fond très ambroxan malgré la présence de mousse de chêne. Je trouve que « Les Dieux Aux Bains » est plus abstrait, plus stylisé et il est probable que je m’y retrouve moins. Il n’en demeure pas moins très frais et presque métallique et je gage que, l’été, par temps chaud, il doit être agréable. En tout cas, j’ai pris quand même du plaisir à le découvrir même s’il ne me correspond pas vraiment.
Globalement, j’ai bien aimé la simplicité de Hellenist. Les créations sont lisibles, identifiables et quand même assez simples. En tout cas, j’ai bien aimé ce deuxième voyage au pays de cette fascinante Grèce antique dont l’histoire a bercé mon adolescence. En tout cas, il y a quelque chose de charmant dans ces parfums et ils méritent d’être découverts. Je comprends pourquoi ils ont su séduire plusieurs d’entre-vous.
"Je pouvais sentir son parfum de tubéreuse"
* Article entièrement réécrit
Elle fait partie des fleurs les plus difficiles pour moi à aborder. Ses effluves capiteuses m’ont tout d’abord dérangé et maintenant, je l’aime peut-être autant que l’ylang ylang qui est l’une de mes matières premières naturelles préférées car, en parfumerie, elle offre nombre de possibilités. La tubéreuse est profonde, elle peut se faire animale, ronde ou au contraire verte, comme un bourgeon après la pluie si elle associée à des notes boisée ou aromatique. Sa palette est immense et il me faut vraiment essayer d’être synthétique pour trouver des interprétations représentatives des différentes « couleurs olfactives » qu’elle peut prendre. Il y a longtemps que j’avais envie d’écrire cet article mais je ne savais pas vraiment par où commencer. Allez, je me lance.
« Le joyau convoité de la collection scintillante de Piguet, Fracas, né en 1948 et révolutionnaire, est un précurseur de tendances depuis longtemps. À l'époque, la parfumeuse légendaire Germaine Cellier cherchait à créer un parfum qui ferait sensation et laisserait un effet troublant sur tous ceux qui le découvriraient. Avec ses accords opulents et incomparables de tubéreuse et de jasmin, cette composition onctueuse et onctueuse enveloppe la peau et réchauffe par son alchimie unique. Contrairement à de nombreux parfums floraux blancs traditionnels, Fracas est sombre et voluptueux. De riches accents de bois de santal et de musc délicat rehaussent son éclat et sa complexité. Son héritage et son talent artistique inégalé ont valu à Fracas une place de choix au Panthéon de la Fragrance Foundation ». C’est en 1948 que la maison Robert Piguet demande à la grande parfumeuse Germaine Cellier de lui créer un parfum floral capiteux, unique, un peu subversif et il portera bien son nom. Il s’agit de « Fracas ». Fleuri, intense, on pourrait le croire classique. Après un départ très vert et agrumes avec un brin d’amertume, la fragrance se fait explosive, capiteuse, enivrante. C’est un bouquet de fleurs ambrées mais c’est l’oeillet et la tubéreuse qui ressortent vraiment une fois sur la peau tout en négligeant pas de discrètes notes d’iris, de violette et de muguet. S’il parait un peu daté au premier abord, je pense qu’il faut remettre « Fracas » dans le contexte de l’après-guerre car il est vraiment en rupture avec les créations de Guerlain, Molinard ou Caron de cette époque. Il se veut envoûtant et il l’est. Je trouve qu’il résume très bien le côté « dure à cuire » de Germaine Cellier et qu’il est, finalement devenu un intemporel, voire même un classique. D’ailleurs en 2006, il remporte le Fifi Award Hall of Fame décerné par la Fragrance Foundation de France, qui. Le consacre ainsi comme l’un des parfums les plus réussis de tous les temps. Je pense qu’il a du, durant les décennies passées, être reformulé mais il est toujours capiteux, complexe et il n’est toujours pas pour tout le monde.
« Gigi, la fameuse héroïne de Colette nous invite dans un Paris 1900. Jeune belle, espiègle, elle séduit par sa simplicité, son insouciance et sa franchise. Pour la célébrer, Jardins D'Écrivains imagine un thème de fleurs blanches vives et fruitées ». En 2013, Anaïs Biguine lance « Gigi » qui fait également la part belle à la tubéreuse mais travaillée de manière complètement différente. Elle est associée au bois de santal at au cassis après une envolée de jasmin et de fleur d’oranger. Avec cette création, toute en « pep’s » et en transparence, la marque donne une lecture très fraîche de la tubéreuse. L’envolée, très fraîche de fleur d’oranger et de néroli est comme agrémentée d’un versant herbe coupée puis vient un coeur très vif de tubéreuse et de jasmin rehaussé de cassis puis le parfum se pose sur un fond tout doux de santal et de muscs. J’avais une dose d’essai et j’ai essayé « Gigi » il y a seulement quelques jours. Je trouve qu’il y a un côté eau de toilette du XXème siècle épurée, qui n’a aucune prétention sans pour autant être conçue de manière simpliste. Anaïs Biguine a, je trouve, été très inspirée en créant ce parfum plein de charme et, j’ose le dire, de jeunesse. C’est un dépoussiérage de cette partie de la famille olfactive des floraux indéniable tout en lui conservant un petit charme suranné tout à fait délicieux. J’ai été séduit par ce parfum très agréable, peut-être plus léger et plus frais que les autres créations de ma sélection.
Il était évident que j’allais revenir sur « Le Grand Jeu », créé par Isabelle Doyen et Camille Goutal pour leur marque 100% naturelle Voyages Imaginaires en 2020. C’est un parfum dont j’ai parlé souvent mais je le porte tellement que je ne pouvais absolument pas passer à côté. Ça n’aurait pas été honnête. « Le grand jeu est un blanc éblouissant sous un soleil aveuglant, symbolisé par le lait de coco, la tubéreuse et le gardenia réunis à la vanille. De jour, la fragrance rappelle les effluves d’un corps bronzé et mouillé au soleil : intensément sensuel et séduisant. Puis, une fois la nuit tombée, elle suggère une chaude soirée d’été autour d’une table de jeu, dans une élégante robe du soir. Comme les autres créations de la maison, ce parfum est 100% naturel et a pour base un alcool de blé bio ». C’est un travail très différent des deux premières compositions que j’ai choisi car la tubéreuse est au coeur d’une composition très solaire qui s’ouvre avec des notes de noix de coco très originales car fraîches et même « lumineuses » si j’ose dire. Le coeur de gardénia et de tubéreuse vient apporter des notes animales mais aussi très solaire, presque « plage » que je trouve particulièrement addictives. Sur ma peau, se développe même un côté très exotique qui se confirme avec un fond dans lequel la plus belle des qualités de vanille (que j’aime beaucoup également dans « Comme Un Gant » de la même maison) qui donne quelque chose de profond et de tendre à la fois. « Le Grand Jeu » est vraiment « comme fait pour moi » et je le sais depuis que je l’ai découvert. Vraiment, je l’aime et je n’arrête pas de le porter.
« Une fragrance obsédante, annonciatrice d'une femme dans toute sa séduction. Une tubéreuse verte dans un écrin végétal ». Il m’est impossible de ne pas parler de la plus clivante, de la plus incroyable des tubéreuses que je possède. Bien sûr, il s’agit de « Nuit de Bakélite » créée également par Isabelle Doyen, mais cette fois pour Naomi Goodsir en 2017. Je l’ai raconté maintes fois, j’ai eu beaucoup de mal avec les notes de tête que je trouve un peu difficile. L’angélique, la feuille de tomate, la feuille de violette et le galbanum donnent à l’envolée quelque chose d’incisif, de vert et de presque « plastique ». J’avoue que ça m’a dérouté. Vient le coeur de tubéreuse, certes un peu fantômatique, qui se charge de notes terreuses d’iris et de Karo karounde. Le bois de gaïac, légèrement plus rond, se mêle à des versants cuir, labdnanum, styrax mais aussi tabac et davana. Sophistiqué en diable, ce parfum est vraiment très impressionnant. Il ne ressemble à rien d’autre. Il s’agit d’une tubéreuse très verte, boisée, même cuirée que je peux peux porter toute l’année car jamais il ne m’entête en dépit d’une tenue indestructible et d’un sillage extrêmement persistant. Pour la petite histoire, si je ne remets pas le flacon dans sa boite, le parfum embaume mon placard même s’il est fermé. « Nuit de Bakélite » est une merveille d’inventivité et de créativité. Pour moi, il s’agit d’un parfum hors-norme dont j’ai beaucoup de mal à me passer.
Ouf, je m’en suis tiré ! Bien sûr, j’aurais pu citer plein d’autres parfums dans lesquels la tubéreuse est travaillée en majeur et que j’aime particulièrement comme « 1992 Purple Night » des Bains Guerbois que j’aime particulièrement, « Shangaï 1930 » d’Astrophil & Stella que j’ai énormément porté cette année, « Carnal Flower » des Éditions de Parfums Frédéric Malle, que je considère comme incontournable ou encore, « Charming Tuberose » de Majouri, « Aldébaran » de Marc-Antoine Barros ou encore « Charade » de Sarah Baker que je viens de découvrir. La liste est interminable et j’en oublie pas mal. Je suis devenu un inconditionnel de la tubéreuse et je crois que j’en porte beaucoup de très différentes. Pour cet article, j’ai eu envie d’explorer des parfums très différents les uns des autres. J’espère que je vous aurais donné envie d’aller explorer cette note fascinante, narcotique ou animale, florale ou franchement verte. Les manières de la travailler sont inépuisables.
Pauline Rochas, l'élégance en héritage
Se faire un prénom en parfumerie n’est pas chose aisée et pourtant, je suis sûr que celui de Pauline marquera les esprits. Descendante de Marcel Rochas, le grand couturier et de son épouse Hélène, la jeune femme a lancé, en 2020. C’est chez Univere Parfumerie, à Paris, que j’ai eu la chance de découvrir la Seven Collection dédiée aux sept chakras. Je ne sais pas si je saurais bien exprimer l’inspiration de chaque parfums composé par Yann Vasnier, Patricia Choux et Luca Maffei mais j’ai vraiment beaucoup aimé. Je trouve que Pauline Rochas, en fondant une maison qui porte son nom, a vraiment montré qu’elle sait ce qu’est une direction artistique et elle a su, avec beaucoup de grâce, moderniser les grands thèmes de la parfumerie en les associant aux sept chakras. J’ai vraiment été très touché par le travail des parfumeurs mais aussi par les univers explorés. Allez, je vous emmène dans l’univers épuré et élégant de Pauline Rochas.
« N°1 Essence in a Bottle » a été composé en 2020 par Yann Vasnier et la marque en décrit ainsi l’inspiration : « Un chakra racine harmonieusement aligné insuffle un profond sentiment d’appartenance, tel l’étreinte chaleureuse d’un retour aux sources. Il vous relie à la mémoire de vos origines, à la force ancestrale qui unit l’être humain à la Terre. À l’image des racines puissantes et silencieuses d’un arbre séculaire, le chakra racine est votre bastion de stabilité, votre socle d’équilibre et de sérénité intérieure ». Rond, très dense, très élégant, ce premier parfum porte toute la singularité de la collection avec des notes liquoreuses de rhum, de prune, de vanille associée à la force du tabac et de la myrrhe. Le parfum se pose sur un très beau fond de patchouli d’Indonésie et de baume du pérou. Si on lit un peu les notes, on peut avoir l’impression qu’il pourrait y avoir une certaine lourdeur mais pas du tout. La parfumeur l’a travaillé tout en transparence et en délicatesse. Je dois dire que, vraiment j’ai adoré ce parfum. Pour moi, il n’est jamais où on l’attend et je lui trouve une élégance très originale, presque inédite. Je pense le réessayer cet hiver car, sur la peau, je pense que la structure de la création est plutôt associée à des saisons moins chaudes. C’est un premier coup de coeur et je suis certain que je pourrais me l’approprier.

Le second parfum « N¨2 Sex in a Bottle », créé par Patricia Choux, est, à mon sens, le parfum le plus étonnant de la collection. « Le chakra sacré est le domaine des émotions, de la sensualité et de l’imaginaire. L'eau en est l’élément clé, vous permettant de vous abandonner au flux harmonieux de la vie. Lorsqu'il est aligné, ce chakra révèle votre pouvoir créatif et sensuel. Il incarne votre capacité à goûter au plaisir, à accueillir le changement et à vous connecter pleinement à vos désirs et passions. Vivez la vie dans toute sa splendeur ». Je l’ai trouvé très déroutant car associer l’ylang-ylang et le bois de santal au ciste, m’a surpris surtout dans une formule ultra-courte. Bien sûr, il s’attache à recréer une certaine sensualité mais je dois dire que je l’ai surtout trouvé vraiment « romantique » et solaire. Il incite à une certaine rêverie (en tout cas, je le ressens comme ça) et je l’ai beaucoup aimé. Je trouve qu’il projette une mise en valeur de la note d’ylang-ylang comme je ne l’avais pas sentie avant et pourtant cette fleur jaune et exotique est l’une de mes préférées en parfumerie. Je me suis, une fois de plus, laissé surprendre par une magnifique création pleine de classe et de délicatesse.
Toujours composé par Patricia Choux en 2020, « N°3 Light in a Bottle » est un bain de fraîcheur. « Pensez à votre troisième chakra, le plexus solaire, comme à une véritable batterie énergétique intérieure. Lorsqu’il est parfaitement harmonisé, il devient un véritable coup de boost pour votre estime de soi et votre détermination. Il vous confère le pouvoir de prendre les rênes de votre existence, de vivre avec confiance et d’irradier votre charisme au monde. C'est le feu intérieur qui vous propulse, vous faisant avancer dans le grand jeu de la vie avec audace et clarté. Vous êtes prêt à accomplir l’impossible ». Complètement associé à la saison où je l’ai découvert, ce parfum, construit autour d’un jasmin d’Égypte très finement travaillé avec un départ d’agrumes, de néroli mais aussi de bois de genévrier et d’une très belle qualité de cardamome du Guatemala, se fait comme une explosion fraîche et florale soutenue par les muscs blancs et le vétiver. Pour moi, « N°3 Light in a Bottle » est peut-être le parfum le plus facile à porter de la collection. Il me plait. Il est réjouissant, je dirais même jubilatoire.
« Le chakra du cœur, ou chakra de l’amour, est le centre émotionnel par excellence. Lorsqu’il est ouvert, ce chakra se transforme en une source infinie d’amour, de compassion et de bienveillance, apportant de la douceur à un monde qui aurait bien besoin de plus de cœur. Il régit les relations saines, permettant le pardon envers soi-même et les autres, et favorise un profond sentiment de connexion. Surtout, il vous permet d’aimer pleinement et d’être aimé en retour. Suivez votre cœur, il est le guide ultime vers l’authenticité et l’épanouissement ». Je ne suis pas un amateur de fleur d’oranger et pourtant, « N°4 Love in a Bottle » est vraiment mon coup de coeur et je pense qu’il va intégrer ma liste prochainement. Déjà le départ de bergamote et de fleur d’oranger est très très beau. Il s’harmonise, lors de son évolution avec un ylang-ylang de Madagascar et un fond de baume du Pérou qui matchent particulièrement bien sur ma peau. Le mot qui me vient c’est « impressionniste ». Je ne sais pas pourquoi, mais quand je sens ce parfum que je porte tout en écrivant, j’ai l’impression d’être dans un tableau de Claude Monet et de me promener dans un jardin rêvé, complètement inventé. « N°4 Love in a Bottle » est, pour moi, un réel coup de coeur et sans doute l’un des parfums que j’ai préféré dans mes dernières découvertes. Il est tout en finesse et en délicatesse. Vraiment, il me séduit totalement.

« N°5 Message in a Bottle », composé en 2020 par Yann Vasnier est l’aromatique de la collection et il faut dire que, une fois encore, il sort totalement des sentiers battus avec des notes de Bergamote, de sauge presque poivrée, de basilic et de menthe au départ, un coeur d’encens et un fond ambré et musqué. Comme ça, il peut sembler relativement simple et il l’est sans jamais s’avérer simpliste. C’est un parfum qui va droit au but. Il séduira ou rebutera. « Le cinquième chakra, également connu sous le nom de chakra de la voix, peut être perçu comme la zone dédiée à l’expression de votre vérité. Imaginez-le comme un microphone intégré, amplifiant la voix de votre âme. Votre manière unique de vous exprimer. Lorsque ce chakra est en harmonie, vous communiquez avec une authenticité rare. Vous vous affirmez avec clarté et confiance, prêt à faire entendre votre voix dans un monde saturé de bruits. Soyez vrai. Possédez votre voix et laissez-la résonner avec force et légèreté dans l’univers ». Pour moi, il est le plus clivant de la collection. Je le trouve sans doute un peu étonnant et son évolution sur la touche me déstabilise. Il me plait mais je ne saurais pas vraiment expliquer pourquoi. Je trouve qu’il est très original. Je ne l’ai pas encore posé sur peau mais, quand j’en aurai l’occasion, je le ferai car j’ai bien envie de voir comment je peux vivre avec.
Plus poudré, presque « gras » plus « hivernal » peut-être, « N¨6 Genie in a Bottle » a été créé en 2020 par Luca Maffei et il est également un coup de coeur pour moi car je le trouve assez addictif. « Genie in a Bottle est une métaphore pour accéder au pouvoir du sixième chakra, également appelé le troisième œil. Ce centre énergétique est le siège de l’intuition, de la sagesse intérieure et de la vision claire, permettant de façonner la vie de vos rêves. Libérer ce « génie » revient à révéler votre plein potentiel : il vous guidera avec précision vers vos désirs et vos objectifs, en cultivant une visualisation lucide et intentionnelle ». Une fois encore, je m’éloignerai un peu de l’inspiration pour vous livrer mon ressenti personnel. Les notes d’agrumes épicées de poivre rose en tête, le coeur poudré d’iris un peu « rouge à lèvres des années 70 » et d’osmanthus travaillé sur un versant plutôt cuiré et associé au jasmin puis un fond de patchouli, de ciste et de cèdre avec des notes musquées, tout y est pour que j’aime et c’est ce qui se passe. Vraiment, je trouve ce parfum d’une très grande élégance. Il est vrai que j’aime toutes les facettes de la note d’osmanthus mais celle-ci est encore différente. Luca Maffei est l’un des parfumeurs dont j’aime particulièrement le travail et ça se vérifie encore. Quelle belle création !
« Le chakra couronne est souvent décrit comme un « wifi cosmique », reliant votre conscience aux sphères les plus élevées de l’existence. Il offre un lien direct à la sagesse infinie et à l’énergie universelle, tissant un réseau subtil au cœur même de votre esprit. Lorsqu’il est activé, le chakra couronne sublime votre connexion spirituelle, guidant votre âme vers l’épanouissement véritable et l’alignement avec votre essence profonde. Manifestez le divin » Également composé par Luca Maffei, « N°7 Bliss in a Bottle » est vraiment très différent. Je n’aime pas trop ce qualificatif en parfumerie mais je le trouve assez cocon réconfortant. Ça ne veut pas dire grand-chose car chaque ressenti est différent mais le départ de bergamote et de baies de genièvre, se fait plus rond avec un coeur d’encens et de jasmin puis un fond de patchouli, de vétiver, de oud, de cèdre, de vanille mais surtout de cashmeran qui le rend plus doux. J’ai bien aimé cette création qui me fait penser à un parfum « d’écharpe » à porter au plus froid de l’hiver comme une protection contre l’agression du vent. En tout cas, il y a, également, quelque chose de très élégant dans cette composition. Je ne pense pas que ce soit celui que je choisirais mais il est beau, abouti et très en facettes. Que demander de plus ?
J’ai vraiment bien aimé cette collection. Pauline Rochas, entourée de trois parfumeurs de talent, ont bien revisité la parfumerie fine à la française. Je trouve que cette collection et ce que j’ai senti d’autre dans la marque, notamment la nouveauté 2025 dont je vous parle dans l’article qui lui a été consacrée, est présente. Je suis très content d’avoir pris le temps de sentir et, parfois même de porter aujourd’hui mon préféré.
Visite à la boutique parisienne et rencontre avec Stéphanie de Bruijn
Depuis que je l’ai découvert, j’ai vraiment aimé « Antigone » créé par Stéphanie de Bruijn en 2020 mais j’hésitais avec sa version plus concentrée, « Paris-Saint-Germain-des-Prés » qui date de 2009. Il m’a fallu donc me décider et, pour cela, je me suis rendu directement à la boutique de cette maison de parfums que j’apprécie particulièrement. C’est nichée, rue de l’Université, au coeur du très élégant 7ème arrondissement de Paris, près de la Seine et du Musée d’Orsay que j’ai pu la trouver et faire la connaissance de la parfumeuse et fondatrice de la marque. Voilà une rencontre toute en simplicité, avec quelqu’un que j’ai apprécié immédiatement par son côté vrai et passionné. Chez Stéphanie de Bruijn l’art est aussi artisanat, et c’est entre les cartons d’une commande qui devait partir, dans ce joli espace de la Rive Gauche, en compagnie de son fils, que nous avons parlé parfums. Si vous lisez mon blog, vous savez tout le bien que je pense de la marque que je considère comme l’un des fleurons de la belle haute parfumerie à la française. Pour moi, le talent de la créatrice ne réside pas tant dans l’invention de fragrances hors-norme que dans sa virtuosité à « faire du beau ». Pour moi, la marque constitue vraiment une enclave de chic dans le milieu de la parfumerie et Stéphanie de Bruijn raconte, comme ça, au détour d’une conversation informelle, ses inspiration et ses idées. C’est une bien belle rencontre inattendue. Je voulais seulement faire un achat plaisir et il s’est mêlé avec une belle rencontre. Voilà qui est toujours bon à prendre.
Mais revenons à « Antigone ». Il faisait partie de mes coups de coeur du départ et cel n’a cessé de se confirmer. Stéphanie de Bruijn explique : « Mon idée d'un magnifique bouquet de fleurs blanches dans un vase en cristal » et tout est dit ! Je cherchais depuis longtemps « le » floral un peu fruité que je pourrais porter sans y penser, juste pour avoir du plaisir tout au long de la journée et il m’a semblé que cette eau de parfum très délicate correspondait exactement à ma quête. Déjà, j’adore le départ qui fuse avec une très belle qualité de citron d’Italie et un côté pêche un peu duveteux et même légèrement juteux. La fragrance s’enrichit d’un coeur vraiment plein de charme de violette, de muguet, d’essence de rose mais surtout d’un absolu de jasmin indien absolument magnifique, ciselé et qui laisse sur ma peau, quelque chose de velouté qui se confirme avec le fond de bois de cèdre américain, de vanille toute en douceur et de musc. Je portais déjà « Le Sully » et me voilà avec « Antigone ». Je pense que je n’en n’ai pas fini avec cette si belle maison parisienne car elle recèle, dans ses collection, beaucoup de créations que j’aime. Il n’est pas exclu que j’aille, dans les années à venir vers une création sur mesure. Je n’y avais jamais pensé mais j’ai beaucoup aimé la rencontre avec Stéphanie de Bruijn alors peut-être un jour… enfin n’anticipons pas. Pour l’instant, je profite de cette trouvaille. Je porte « Antigone » en écrivant et vraiment il me plait de plus en plus.
J’aurais pu le choisir chez Jovoy au au Printemps Haussmann mais j’ai eu envie de me rendre à la boutique et ça a été l’un des très bons moments de mon dernier séjour à Paris. Merci à Stéphanie de Bruijn pour sa simplicité et son très bon accueil et bravo pour un travail tout en finesse qui me ravit, découverte après découverte.
Modern Liquids, la nouvelle collection de New Notes
Une nouvelle collection, Modern Liquids, un flacon rond et « costumé », telle est la proposition de la marque italienne New Notes. J’avoue que j’ai été surpris, une fois encore, par l’inventivité déployée et je me suis fait très plaisir à découvrir, chez Univere Parfumerie à Paris, les trois nouveautés. Je peux être dérouté parfois, ne pas me reconnaitre dans ces compositions quand même segmentantes mais, et je le dis sans aucune hésitation, la démarche artistique est vraiment originale et le résultat est, il me semble une réussite par rapport au postulat de départ.
« Mangomina D c'est une expérience sensorielle qui égaye votre journée. Il rappelle la sensation du soleil sur la peau ! ». Je crois que j’aime de plus en plus la mangue en parfumerie et j’ai été content de pouvoir porter, une journée durant, « cette toute nouvelle création vraiment réaliste toute de fraîcheur et de modernité. L’envolée de mangue est hyper réaliste et la note se pare d’un accord aquatique mais pas vraiment marin, de cypriol, mais aussi de la douceur de la mandarine et du côté fusant du yuzu qui perdure vraiment très longtemps sur ma peau. Au bout d’une évolution assez longue, le coeur de mouse, de notes fleurs en général et de rose en particulier, participe à un accord un peu chypré moderne qui se confirme avec le fond de patchouli, de muscs, de bois de santal et surtout de cashmeran qui rend la fragrance ultra addictive. J’ai adoré porter ce parfum. Il me convient très bien et je pense qu’il est, à ce jour, mon préféré dans la marque. Je ne sais pas s’il détrônerait « Mango Wave » de Librery que j’aime énormément mais j’ai eu énormément de plaisir l’essayer vraiment autour de moi d’autant que je trouve que la journée chaude durant laquelle je l’ai porté s’y prêtait vraiment bien.
Habillé d’un flacon imprimé léopard (il fallait oser), Felina est le second parfum que j’ai découvert et il m’a semblé plus clivant. Il s’ouvre sur des notes de noix de coco, de lait, de vanille, de cannelle, de chocolat et de café. Ensuite, mais après une évolution assez longue, vient un coeur de caramel, de tabac, d’encens, de genièvre mais aussi de poudre de riz et de fève tonka, faisant se succéder plusieurs univers avant de se poser sur un fond de santal, de musc et de vanille. C’est un parfum sensuel, on ne va pas se le cacher. « Felina incarne l’essence d’un esprit sauvage et indompté, glissant sans transition de l’éclat vibrant des activités diurnes à l’audace magnétique des escapades nocturnes ». Il est séducteur, un rien animal et vraiment très « seconde peau ». Attention, « Felina » ne sera pas le parfum de tout le monde. Celles et ceux qui parviendront à se l’approprier seront très « séducteurs ». Il n’est pas pour moi mais j’ai trouvé qu’il était très intéressant. Parfum de séduction avant tout, c’est une belle réussite un peu provocatrice et subversive.
« Erotika Maximale » avec son flacon noir en cuir parsemé d’oeillets or, fait monter d’un cran encore la séduction. Je crois, d’ailleurs, qu’il est proposé en édition limitée. « Erotika Maximale est la suite enchanteresse du parfum audacieux Erotika Minimale. Conçu pour captiver, ce parfum enivrant et audacieux évoque la passion, l’allure et une sensualité irrésistible ». Dès l’envolée, il m’a capté avec un côté vanillé, arrondi par la mandarine et rendu un peu « peau » par le safran puis le coeur de benjoin très baumé, associé aux notes de violette et d’iris poudrées, de labdanum cuiré et d’un accord civette vraiment très animal m’a un peu rebuté. Le fond de muscs, de cashmeran et de santal accentue le côté enveloppant et particulièrement osé de cette composition. Il y a un peu de provocation « à l’italienne » dans ce parfum très clivant et qui, je pense, n’est vraiment pas facile à porter mais je dois admettre que, s’il me rebute à certains moments, il me plait à d’autres. Je le trouve séducteur et insaisissable.
Globalement, je me suis senti très dérouté par cette nouvelle collection même si j’ai un vrai coup de coeur pour « Mangomina D » que je trouve hyper réussi et que j’ai eu beaucoup de plaisir à porter. Je me suis senti bien avec toute la journée et la tenue est très belle. Je ne suis pas toujours à l’aise avec les fragrances un peu « animales » et, même si je peux les trouver réussies, comme c’est le cas dans cette collection, je suis honnête et je dis volontiers que les deux autres ne sont pas pour moi. En tout cas, la marque innove et je trouve que la créativité doit toujours être mentionnée.
Mizensir, l'univers genevois d'Alberto Morillas
C’est vrai que je ne parle pas très souvent de Mizensir, la marque très genevoise créée par Alberto Morillas en 2015 mais elle fête aujourd’hui ses 10 ans et il est peut-être temps de m’y pencher. La maison compte, à ce jour, 41 parfums mais je ne sais pas s’ils sont toujours proposés à la vente. En tout cas, grâce à Emmanuelle, qui suit ce blog depuis le tout début, j’ai pu en découvrir quelques uns. Alors je ne reviendrai pas sur « Édition de Véronique » que j’aime beaucoup et dont j’ai parlé à plusieurs reprises et je n’ai pas exploré les créations à base de oud qui sont très prisés par les amateurs. J’ai plutôt circonscrit mes essais autour de parfums poudrés, un peu floraux et peut-être un rien vintage. J’en ai retenu quatre que je trouve très jolis mais aurai-je un second coup de coeur dans la marque ? Vous le saurez en lisant mon article jusqu’à sa conclusion.
Alberto Morillas
Le premier parfum que j’ai essayé est « Musc Eternel » créé par Albeto Morillas en 2015 et dont j’avais toujours entendu parler assez souvent. « Un bouquet de fleurs lovées dans un cocon de muscs blancs. Un parfum "seconde peau" qui se fond naturellement avec l'odeur de la peau, sensuel et discret à la fois. Le maître parfumeur Alberto Morillas a conçu cette composition comme un tendre hommage à sa fille ainsi qu'à sa petite fille, couronné des pétales aux facettes délicates ». L’envolée de rose bulgare est très belle, très poudrée, un peu cosmétique et cela se confirme avec le très joli coeur construit autour de deux absolus, l’iris et le jasmin d’Égypte associées à la fraicheur de l’aubépine. Le parfum est déjà poudré au fil de son évolution légèrement ambrée et cela se confirme avec un fond de fève tonka très bien mise en valeur par les muscs blancs. J’ai assez aimé ce parfum, il m’a un peu rappelé l’univers de « Teint de Neige » de Lorenzo Villoresi en plus léger en moins rond. Il est peut-être un peu plus cosmétique. Je dois dire que je trouve « Musc Eternel » un peu trop vintage pour mon goût. Il a un côté chic c’est vrai mais je n’ai pas complètement adhéré. En effet, il me rappelle d’autres créations et, s’il est impeccablement réalisé, il ne me provoque pas vraiment d’émotion. C’est ainsi. Parfois ça matche, parfois la création nous laisse plus indifférent.

Je suis passé alors à « For Your Love » que le parfumeur a lancé en 2019. « Ce parfum est né d’un pari fou du maître parfumeur Alberto Morillas : imaginer le parfum d’un baiser. L'ensemble des sensations que l'on ressent soudain lorsqu'on approche la peau de l'autre, est ici retranscrit en parfum. L'intimité entre deux visages, la chaleur du cou, l'odeur poudrée fruitée du rouge à lèvres. L'ensemble de ces moments rayonne ici à l'unisson, tels les détails d'un souvenir lointain pourtant si présent ». Très franchement, j’ai beaucoup aimé le départ car, dès la vaporisation, la note de framboise qui me dérange facilement en général, s’avère assez douce. Je suis moins fan, franchement du coeur de cachalox qui doit, je pense être une reconstitution de l’ambre gris. Le fond de benjoin et de patchouli donne au parfum une certaine force. Je n’ai pas vraiment accroché. J’ai trouvé qu’il y avait vraiment un côté très synthétique, peu évolutif qui ne me correspond pas même si je comprends que le thème réclamait une certaine abstraction. Pour moi, « For Your Love » est un parfum un peu too much. Je lui ai préféré des créations moins monolitiques.

Également lancé en 2019, « Very Musc » est sans doute plus facile pour moi. En effet, c’est encore un poudré mais beaucoup plus contemporain. Je trouve que le départ d’ambroxan associé à la sauge sclarée un peu piquante et à une essence de citron assez tonnante donne envie d’aller plus loin. Le coeur d’ylang-ylang et de muscs se fait très poudré et rond avec la fève tonka puis vient un fond très étonnant de vanille de Madagascar aromatique et d’encens en traces. « « Une senteur riche, triomphante, ayant l’expansion des choses infinies. » Ainsi Charles Baudelaire définit le musc, matière première subtile qui a marqué l'histoire de la parfumerie. Il fond avec les autres notes pour les rehausser, les arrondir et perpétuer leur senteur ; au contact avec la peau, il ravive son odeur mettant en avant les facettes qui lui sont propres ». J’ai trouvé ce parfum vraiment très élégant. Il a une vraie personnalité et ne ressemble pas aux autres. Je retrouve un peu la signature d’Alberto Morillas que j’ai pu aimer dans des parfums pour Penhaligon’s ou dans des marques plus grand public. Franchement, « Very Musc » se fait très chic mais il a aussi un côté singulier, en tout cas sur ma peau. Le côté poudré de la fève tonka est du plus bel effet pour clore une évolution intéressante et assez inédite. Je peux dire qu’il est celui de la sélection qui m’a le plus surpris.

Avec « Luxury », créé par Alberto Morillas en 2016, le poudré est, à nouveau au centre du motif. « La poudre, les fards et les baumes sont disposés sur la coiffeuse, et attendent d'être appliqués en vue d'une sortie d'exception. Devant le miroir, une femme se prépare, observée avec discretion par un homme. Cet homme, c’est le maître parfumeur Alberto Morillas, qui s'inspire de ses gestes pour créer une pur concentré de féminité. Les ingrédients les plus précieux subliment l’odeur naturelle de la peau, tel un soupçon de blush qui relève le rose d’une pommette ». Avec ce parfum très élégant, très daté aussi, le parfumeur va explorer le côté « poudre de riz » senti dans mon enfance et je le trouve vraiment très régressif. Il me rappelle des mercredis après-midi chez l’une de mes grand-mères qui piochait, à l’aide d’une houppette, dans un poudrier, le cosmétique qui lui unifiait le teint. Le départ de fleur d’oranger et de bergamote laisse vite la place à l’irone (une molécule poudrée et irisée), à l’ambrox et à l’iris de Florence. Le fond très rond, de tonka, de benjoin et de vanille lui assure quelque chose de très rond, de très réconfortant. J’ai beaucoup aimé ce parfum pour ce qu’il provoque en moi de souvenirs et de fou-rires d’enfants. Je ne peux pas dire que j’aimerai le porter. Je le trouve vraiment très daté et ultra féminin. C’est un parfum que j’aimerai avoir mais pas sur ma peau.

Pour résumer, je dirais que je ne suis séduit qu’à moitié des parfums de Mizensir que j’ai pu redécouvrir. Je trouve l’ambiance générale de ma sélection assez vintage, pas forcément très inventive. Il y a les parfums à sentir et les parfums à porter. Pour moi, compte-tenu de mes goûts, c’est la première solution qui s’impose. J’en resterai donc à « Édition de Véronique » qui est, pour moi, le parfum le plus proche de mes goûts de la maison et qui, à défaut d’être une vente phare, a encore ses adeptes dont je fais partie résolument.
"Arizona Love", une très belle édition limitée
Quand il n’y en n’aura plus, il n’y en n’aura plus ! J’ai découvert, lors de mon passage à la parfumerie Univere à Paris, « Arizona Love », créé pour la marque de mode avec la maison de parfum Judith. J’ai eu un coup de coeur et j’ai même pu le porter un peu. Je sais, il est toujours délicat d’évoquer les éditions limitées car elles sont parfois difficiles à trouver et elles disparaissent comme elles sont venues mais j’ai beaucoup aimé ce parfum composé par Suzy Le Helley et j’ai eu envie d’en parler quand même. Il est né il y a quelques mois et il reste encore quelques pièces en boutiques. Peut-être qu’un jour, il sera réédité. C’est une eau de toilette pas si légère qui s’ouvre avec des notes très exotiques de mandarine et de noix de coco réjouissante et parfaitement faciles à porter jusqu’à arriver sur un coeur d’ylang-ylang absolument magnifique qui se renforce et se poudre avec son fond d’absolu de vanille, de santal et surtout de fève de tonka. Pour moi, c’est une invitation au voyage, mieux, un parfum de littoral élégant et addictif que j’ai vraiment eu plaisir à porter toute une journée.
« Arizona Love est le parfum signature de la marque éponyme. Il reprend les éléments de couleurs d’odeurs et de textures décrits par Leslie à Sarah-Lee pour la création pour encapsuler son souvenir. Arizona Love est un parfum floral solaire addictif avec un départ zesté mandarine essence et crémeux coco. Le cœur floral est solaire avec de l’ylang ylang essence et contrasté par des notes marines et végétales à l’image du cactus. Le fond est sensuel et onctueux comme une crème solaire avec de la vanille absolu et de la tonka pour la chaleur du soleil, du santal pour continuer sur les notes boisées crémeuses et musqué pour un sillage enveloppant », tels sont les mots de la maison Judith pour l’évoquer. Je trouve que cette collaboration est toute indiquée puisque la marque se base sur des éléments vestimentaires pour trouver son inspiration. Un vrai plaisir ! Ici, on est un peu loin de la trame très musquée et aldéhydée de beaucoup de parfums de la marque. La fragrance est solaire, lumineuse, pleine de plaisir… Je ne sais pas comment le dire autrement. En tout cas, j’ai bien aimé. Peut-être pouvez-vous encore trouver « Arizona Love ». Je n’incite pas à un achat à l’aveugle évidemment mais c’est une vision de l’été assez facile à s’approprier.
Theodoros Kalotinis, quatre nouveaux extraits de parfums autour de la gourmandise
On le sait, Theodoros Kalotinis s’amuse beaucoup à créer des parfums gourmands et je n’ai pas été étonné de découvrir, à la parfumerie Univere à Paris, qui distribue la marque en France en exclusivité, quatre nouveaux extraits de parfums sur ce thème. Je suis toujours un peu frileux avec ce genre de création mais, je dois bien le dire, c’est une réussite. Je crois profondément que quand on aime se lancer des défis, on va au bout du délire. C’est le cas de ce parfumeur grec que je trouve super doué. J’ai donc senti ces quatre parfums très concentrés et je dois bien vous révéler qu’ils ont su me plaire. Je ne sais pas si j’aimerais les porter mais, vraiment, le réalisme des créations et fait qu’ils soient tous très portables m’a intrigué.
Le premier que j’ai eu l’occasion de découvrir est le plus stylisé. Il s’agit de « Marzipan Gourmand », un travail autour du massepain, un dessert à base de pâte d’amande un peu solide. Pour l’illustrer, le parfumeur a décidé de créer une composition évoquant une amande boisée : « L’amande dans sa forme la plus tendre et gourmande. Une pâte d’amande douce mêlée à la texture caramélisée de guimauves grillées. Marzipan Gourmand fond sur la peau comme un dessert irrésistible, dévoilant des notes sucrées, tendres et sensuelles. Un parfum ultra gourmand, empreint de douceur, de nostalgie et de magie ». Je trouve qu’il y a trois facettes dans ce parfum, l’une est vraiment un bois sec, l’autre une guimauve un peu fleur d’oranger et, enfin, l’amande s’impose presque en solinote. J’ai été impressionné par l’élégance de cette création car, je m’attendais à une « grosse machine » et bien pas du tout, je me suis retrouvé avec un parfum très androgyne, élégant et vraiment réussi. Je pense qu’il est celui que je pourrais le plus facilement porter. J’ai beaucoup aimé le style assez inédit car il ne se rapproche d’aucune amande, d’aucun héliotrope que je connais.
« Inspiré du Japon et du rituel sacré du thé matcha, Matcha Ice Cream est né. Un parfum où la douceur de la vanille rencontre la fraîcheur du matcha, relevé par un zeste de citron vert pétillant et vivifiant. Imaginez une crème glacée au matcha fondante, mêlée à la vanille et servie dans un cône croustillant. Sur la peau, il dévoile des notes sucrées, crémeuses et croquantes, tout en gardant la fraîcheur vive du matcha et du citron vert. Un voyage olfactif unique, frais et gourmand à la fois, qui bouscule les codes du genre ». J’aime le goût du matcha, son côté vert et amer hors je me demandais ce que ça pouvait donner vu par Theodoros Kalotinis et je n’ai pas été déçu. Vraiment le thé brut est présent et même renforcé par un citron très zesté et frais puis il s’adoucit de vanille et d’un accord cône gaufré qui rappelle vraiment une glace dévorée un après-midi d’été. Le réalisme de « Matcha Ice Cream » m’a ravi et intrigué à la fois. Je ne sais pas si je pourrais porter ce parfum car il est quand même un peu gourmand pour mon goût mais je le trouve hyper bien travaillé et réussi.
« Peach Macaron » est mon préféré car, même s’il est vraiment très doux, je pourrais tout à fait le porter. « Inspiré par Paris et ses pâtisseries irrésistibles, Peach Macaron voit le jour. Un parfum où la pêche juteuse prend vie, mêlée à du sucre caramélisé, de la vanille douce et un macaron tout juste sorti du four. Fondant sur la peau, il libère une vague de gourmandise, de fraîcheur et d’élégance. Un parfum intense et réaliste, qui séduit dès la première inspiration. Un seul mot vient à l’esprit : oh là là ». On a vraiment l’impression de mordre dans un macaron avec cette pêche juteuse et des notes de vanille. Je dois le dire, je l’ai trouvé à la fois hyper régressif et addictif. Il était en rupture de stock et je comprends très bien pourquoi. Vraiment Theodoros Kalotinis est virtuose pour ce genre de création. Si cette pêche est peut-être un peu suave pour moi, je pense que je l’essayerai un peu plus. On ne sait jamais…
Le plus réaliste est vraiment « Tiramisu » qui reproduit vraiment la texture du mascapone et du biscuit avec des note de café, de cacao, de sucre et même de marsala. Je trouve que la vanille et le café donnent vraiment une facette pâtisserie. « Dans un monde où le luxe se ressent et le goût touche l’âme, Tiramisu est né. Surnommé le « roi des gourmands », il capture le célèbre dessert italien dans un parfum qui réinvente l’art de la parfumerie. Cacao riche, sucre délicat, biscuits savoiardi croquants, mascarpone onctueux, espresso intense et vin Marsala composent une symphonie olfactive mémorable. Après de nombreux essais, Theodoros Kalotinis signe une création immersive, où chaque note évoque le plaisir et le souvenir. Tiramisu : un parfum qui séduit, enveloppe et marque les esprits ». Je trouve que le parfumeur a su, en fragrance, recréer ce dessert que j’aime manger. Je ne suis pas très attiré par les notes de café en parfumerie mais le réalisme de celle-ci est formidable. Je ne pourrais pas m’approprier « Tiramisu » car ce n’est pas ce que j’aime porter mais je suis impressionné.
Les extraits de parfums gourmands lancés par le parfumeur cette année sont vraiment très bien travaillé. Je suis loin de mes goûts mais j’ai adoré les découvrir. En tout cas, il faut vraiment les essayer. Aucun achat à l’aveugle n’est possible. Je trouve que les parfums gourmands, composés par certains créateurs, réussissent le tour de force de rester élégants. Ça me surprend de plus en plus.
Castel, deux extraits de parfum pour une toute nouvelle maison
J’ai eu la chance de découvrir les deux premiers parfums de Castel, une toute nouvelle marque qui voit le jour en 2025. Nejla Dsiri Barbir, qui a composé les parfums, explique en quelques mots la démarche de cette nouvelle maison qui voit le jour : « L’essence d’un parfum réside dans sa capacité à évoquer des souvenirs et des émotions, à raconter des récits à travers des accords qui s’unissent harmonieusement. De la richesse de notre histoire naissent des créations atypiques, apportant une élégance délicate et transformant chaque instant en un moment de grâce ». Les créations sont proposées en concentration extrait et je les ai trouvés très différents l’un de l’autre. Je vais essayer de vous en parler de mon mieux. En tout cas, je peux vous donner mon ressenti devant cette marque qui, il me semble, est composée de deux parfums très luxueux, dans la démarche. Je ne comprends pas tellement bien l’inspiration entre l’univers « royal » de la marque la modernité des jus mais pourquoi pas ? Allez, je vous emmène dans cet univers tout neuf.
« Délectation » est le premier parfum que j’ai découvert il s’agit d’un travail autour du cuir assez sophistiqué avec une envolée de bergamote et d’orange arrondie par un versant caramel qui nous conduit sur un coeur de rose, de jasmin, légèrement poudré par l’iris et la violette et parsemé de notes d’ananas. Le fond de vétiver et de vanille s’enveloppe d’un accord oud et cuir. « Les notes florales de rose, de jasmin, d’iris et de violette se mêlent subtilement aux accents fruités de l’ananas, où chaque fleur et fruit est soigneusement cultivé pour offrir le meilleur de la nature. Ces arômes enivrants rappellent les soirées fastueuses, où chaque invité savourait la beauté et la délicatesse des mets offerts. Dans les recoins les plus secrets du château, les accords profonds de vétiver et de oud se dévoilent, ajoutant une touche boisée et mystérieuse à cette composition raffinée. La vanille veloutée et le cuir subtil confèrent une élégance intemporelle, enveloppant vos sens dans une étreinte douce et sophistiquée ». Très honnêtement, je n’ai pas vraiment fait le lien entre ce parfum qui m’a semblé très moderne et les soirées royales qui pourrait nous entraîner dans un univers un peu suranné. Je n’ai pas tellement aimé le départ que j’ai trouvé un peu commun mais, au fur et à mesure de l’évolution, je me suis rendu compte que je devais revoir drastiquement ma copie. « Délectation » est un cuir légèrement frais, rond, très nuancé et original. Vraiment Nejla Dsiri Barbir réinvente le style et le rend très accessible même à ceux qui pourraient être effrayés par le cuir. J’ai trouvé, finalement, ce parfum très intéressant. Il n’est peut-être pas très indiqué pour l’été quoi que je n’en sois pas sûr. Il compte une petite note un peu fraîche qui pourrait encore une fois me faire changer d’avis.
Avec « Orchard », Nejla Dsiri Barbir me rassure un peu plus dès la vaporisation. « Les premières notes pétillantes d’orange et de pamplemousse, accompagnées de géranium aromatique, éveillent vos sens dès l’aube, évoquant les allées bordées d’agrumes illuminées par le levé du soleil. L’harmonie florale de roses, jasmin et ylang-ylang se mêle aux arômes fruités de coco, framboise, pêche, fraise et de poire, suscitant un cœur opulent et gourmand, rappelant les banquets royaux et les cueillettes somptueuses ». Beaucoup plus estival, beaucoup plus pétillant mais peu-être un peu moins flamboyant, « Orchard » s’avère plus classique avec un départ très travaillé d’orange, de pamplemousse un peu amer et de géranium légèrement mentholé qui s’enrichit d’un coeur très floral fruité de rose, de jasmin, d’ylang-ylang, mais aussi de coco, de framboise, de fraise, de poire et d’abricot un peu enveloppé de notes amandées et même iodées qui se pose sur un fond boisé, ambré, musqué et vanillé. On parlerait aujourd’hui d’un floriental très réussi. Très franchement, j’ai bien aimé « Orchard ». C’est un floral fruité un peu vanillé très foisonnant et un peu sophistiqué. Peut-être plaira-t-il plus aux femmes mais je crois que je pourrais tout à fait le porter. Je l’ai trouvé frais, rond sans excès, assez ciselé et surtout résolument contemporain sans pour autant être trop segmentant. La parfumeuse renoue un peu avec un style plus foisonnant comme dans les créations de Sophia Grojsman ou d’Édouard Fléchier. En tout cas, « Orchard » est très joli, très facile à porter. Je lui souhaite vraiment le succès qu’il mérite.
Globalement, c’est un très joli début que les premières créations de la marque Castel qui vient de naître. Je me suis fait très plaisir à les découvrir. Je pense qu’il faut y revenir encore et toujours pour se les approprier mais c’est le propre de la parfumerie d’auteurs. Je ne connaissais pas le nom de Nejla Dsir Barbir mais, vraiment, j’aime son style et la faculté qu’elle a de passer du moderne au classique et du classique au moderne tout en douceur. Je trouve que Castel est une maison à suivre. J’ai hâte d’avoir des retours et, en tout cas, je lui souhaite longue et belle vie !
Exquise trouvaille : "French Bouquet"
« 1 - Extrait de bouquet composé des plus belles fleurs. Notes d’aldéhydes et de mousse boisée s’inspirant de la parfumerie française des années 1930. 2 - Bal nocturne, à Paris. 3 - Voiles parfumés et enivrants. Les robes sont sublimées. 4 - Vintage chic. 5 - Un jour à Londres, quelqu’un a dit : This is so French ! »Je ne peux pas dire que je suis très attiré par BDK. Pour moi, il s’agit d’une marque très utile pour passer de la parfumerie grand public à des maisons plus segmentantes. Je crois que le genre de créations quelle propose sont vraiment indispensable à l’offre mais, peut-être suis-je un peu blasé, je m’ennuie un peu à quelques exceptions près comme « Nuit de Sable » ou encore « Rouge Smoking » dans sa version originale. J’étais passé complètement à côté de « French Bouquet » lancé en 2020 et créé par Amélie Bourgeois. C’est grâce à Emmanuelle, qui vient sur ce blog depuis le début que j’ai pu non seulement remettre mon nez dessus mais aussi porter cette composition sophistiquée, qui est, à mon sens, un néo-chypré faussement vintage et extrêmement bien construit. Pour moi, il plaira peut-être plus volontiers aux femmes mais je l’ai porté et j’ai bien aimé. Alors est-ce une « Exquise Trouvaille » ou un coup de coeur passager, je ne le sais pas encore. Cependant, je pense qu’il faut que je vous en parle maintenant à fin de ne pas trop diluer mes impressions.
Amélie Bourgeois
Le départ est construit autour de l’aldéhyde C12, de la coriandre et de la bergamote puis le coeur floral s’installe avec la rose du Maroc, le jasmin sambac et la fleur d’oranger de Tunisie. Jusque-là, rien de plus classique mais c’est le fond que je trouve surprenant. Après une évolution relativement courte, viennent des notes de labdanum d’Espagne, de tabac de Cuba qui peut sembler un peu incongru mais qui, finalement, fait sens avec les vétiver d’Haïti, la violette, le patchouli d’Indonésie, le santal et la fève tonka, décidément très présente dans les parfums que je découvre ou redécouvre cette année. Le côté sous-bois de la mousse de chêne n’est pas présent mais il est remplacé, finalement, assez bien par cette note vraiment tabac et fève tonka. J’ai porté ce parfum et je me suis senti projeté dans le Hollywood des années 30, entre films expressionnistes en noir et blanc et stars sophistiquées mais c’est comme si elles avaient rencontré les icônes punk des années 70. Légèrement décadent peut-être mais surtout très recherché, « French Bouquet », est pour moi, dans la lignée des chypres que j’aime comme « The Afternoon of A Faun » d’État Libre d’Orange qui aurait rencontré un peu vite « Mitsouko » de Guerlain. J’ai bien aimé ce parfum même si j’en possède d’autres dans le même esprit. Pour moi, il est facile à s’approprier et bigrement réussi.