Contrairement au citron ou au cédrat, la bergamote a un côté agrume doux. Si elle est employée en note de tête dans de très nombreuses créations, qu’elles soient hespéridées bien évidemment, mais aussi chyprées, orientales ou encore cuirées et boisées, les parfumeurs l’utilisent rarement comme note dominante et c’est bien dommage. J’ai quand même découvert, ces dernières années, quelques créations qui la mettent particulièrement en valeur et pour moi, qui suis un grand amateur de thé Earl Grey, elle est une note à la fois réconfortante et énergisante. Il était donc normal que je me penche sur le sujet et que j’essaye quelques parfums « à la bergamote ». Il est également naturel de leur consacrer une revue.
« Bergamotto di Positano » fait partie des créations lancées par la maison anglaise Floris London en 2015, qui en a vu naître plusieurs. Je l’ai tout de suite aimée car je trouve que c’est une fragrance toute en subtilité, d’une extrême fraîcheur, avec des notes marines en tête et en même temps, douce et enveloppante. J’ai essayé cette bergamote « so british » à l’époque et j’avoue que j’ai été assez séduit car elle a vraiment un côté « jus d’agrumes ». L’évolution est belle. Toute en douceur et en rondeur avec des notes de thé et de fleur d’oranger et un fond d’ambre sèche et de bois. Je trouve que, sur la durée, « Bergamotto di Positano » fait moins thé Earl Grey et plus plantation d’agrumes à l’italienne. Cette dualité m’a beaucoup plue et il est bien probable que je réessaye ce parfum pour un été chaud et sec. Je pense qu’il peut être très réconfortant. Il y a quand même un mais. J’avais trouvé que la tenue était un peu courte mais j’avais vraiment aimé la création de cette bergamote presque salée. Elle est, pour moi, vraiment à redécouvrir.
D’une extrême pureté et renforcé par des notes d’ambre, de petit grain et de pamplemousse, « Bergamote 22 » de la marque le Labo, créé par Daphné Bugey en 2006 a été, pour moi, un réel coup de coeur. Je l’ai essayé il y a quelques années et j’en ai un souvenir vraiment formidable malgré l’extrême petite quantité contenue dans l’échantillon. J’ai adoré l’alliance de cette bergamote douce et profonde avec des notes de fleur d’orange, de cèdre et de vétiver. Daphné Bugey a su recréer vraiment bien l’impression d’avoir gratté l’écorce, le zeste de l’agrume et de s’être frotté la peau avec. Je trouve que c’est un des plus beaux parfums bergamote sur le marché actuellement. Je l’ai re-senti il y a quelques mois et j’ai été emballé de la même manière. En ce qui concerne la tenue, elle est modérée mais se tient. J’aime vraiment ce parfum et je le trouve vraiment très élégant, tout en transparence et en légèreté.
« Bergamotto di Calabria », lancé en 2018 par Perris Monte Carlo a été le premier parfum de la collection italienne que j’ai senti et j’ai adoré. Créé par Gian Luca Perris et Luca Maffei, c’est un parfum plein de soleil, d’énergie et en même temps d’élégance. La bergamote est présente à tous les étages de la pyramide olfactive et le départ très poivré (poivre rose et noir) nous donne vraiment envie d’aller plus loin. Le fond boisé et poudré par l’iris et les muscs blancs est tout simplement magnifique. Je trouve que c’est une bergamote ensoleillée et tout à fait réjouissante. J’ai, évidemment, essayé « Bergamotto di Calabria » mais ma peau a un peu tendance à l’absorber et, sur moi, il est assez fugace alors que sur l’un de mes amis qui est très brun, il tient vraiment très bien. C’est un peu une frustration car il me plait énormément mais je pense qu’il me faut accepter que ce parfum que j’aime n’est pas fait pour moi. That’s Life !
Sorti en 2010 dans la collection Blu Mediterraneo d’Acqua di Parma, « Bergamoto di Calabria » (ne pas confondre avec le précédent) est un parfum hespéridé très intéressant mais fort différent de ceux que j’ai cité déjà. Le doux agrume est travaillé avec des notes de coing, de fleurs, de cèdre et de benjoin sur un fond de vétiver et de muscs blancs. Je dois dire que, lorsque je l’ai essayé, j’ai beaucoup aimé ce parfum surtout la première demi-heure. Hélas, j’ai été moins séduit par son évolution ou plutôt son manque d’évolution. Je l’ai trouvé un peu trop linéaire et, finalement, la note réconfortante de bergamote est passée au second plan au profit de l’impression de « linge propre » créée par les muscs blancs. Je suis loin d’être contre l’utilisation de molécule de synthèse mais là, je trouve qu’elles prennent peut-être un peu trop le pas sur les matières naturelles. Ceci dit, « Bergamoto de Calabria », dans cette marque-là est quand même un parfum agréable et très facile à porter.
J’ai gardé ce que je considère comme le plus original pour la fin et il s’agit de « Earl Grey & Cucumber » créé en 2011 par Christine Nagel, désormais le nez de la maison Hermès pour la marque Jo Malone London. Je l’ai beaucoup porté et je le connais bien. C’était un été de canicule et je cherchais un parfum réellement frais. La logique a voulu que je me tourne vers cette marque dont je sais que les fleuris frais et les hespéridés sont toujours une réussite. J’en ai essayé deux ou trois mais je suis revenu vers « Earl Grey & Cucumber » et je ne l’ai jamais regretté car vraiment c’est une merveille ! Le départ très bergamotte et thé se renforce avec une note de jasmin, soutenue par la délicatesse de l’angélique et l’odeur acidulée et délicieuse du concombre. Le fond boisé et vanillé est très discret mais alors l’association d’une note de griotte et de musc blanc vient vraiment compléter merveilleusement cette composition très fraîche et acidulée. De plus, la tenue sur moi est top et je suis content d’avoir porté « Earl Grey & Cucumber ». J’en ai tellement usé et abusé que j’ai fini par m’en lasser un peu. Je laisse passer un peu de temps mais nul doute que j’y reviendrai.
Voilà donc ma sélection pour cet été de parfums à dominante de cette si douce et fraîche bergamote. Je comprends que nombre de parfumeurs l’utilisent comme note de tête mais je trouve que, lorsqu’elle est présente à tous les étages de la pyramide olfactive, elle est vraiment merveilleuse et je la porterai encore une fois un de ces étés. Allez, je vais me faire une tasse de Earl Grey !