Adoré ou détesté, tel est "Poison"
On l’aime ou on le déteste mais « Poison » de Christian Dior ne peut pas laisser indifférent. Lorsque j’étais adolescent il me semblait subversif, étonnant, inédit. Ensuite, l’une de mes proches l’a porté et j’ai appris à l’apprivoiser, mieux, même, à l’aimer profondément. Pour moi, il est tellement particulier, envoûtant et vénéneux que, même si je comprends qu’il puisse rebuter tant il porte bien son nom, que je suis séduit et re-séduit lorsque je le sens. Je l’ai redécouvert et j’ai surtout senti l’extrait. La touche sur laquelle il était vaporisé, n’a pas quitté la poche de mon blouson de toute une journée et j’ai peu en profiter avec une délectation coupable que j’assume, mieux, que je revendique. Son flacon "en pomme" figure sans doute celle, empoisonnée de "Blanche Neige". Oui, j’aime « Poison » de Dior et, même si je trouve que l’eau de toilette est un peu légère afin, je pense, de la rendre un peu plus facile à porter, je retrouve toute son identité. Quintessence de la femme fatale, l’extrait est assez importable pour un homme (quoi que), mais le sentir est, pour moi, un véritable enchantement et, dans le circuit sélectif, je pense rarement ce genre de chose.
François Demachy, actuel parfumeur de la maison Christian Dior, le décrit ainsi : "Poison, elixir sulfureux. Certain parfums naissent mythiques. Provocant et mystérieux dès sa création, Poison est le parfum arme ultime de séduction exacerbée de Dior. L'alchimie exceptionnelle de la fragrance est faite de notes riches, épicées, florales et ambrées, aux accords sensuels de miel et de musc. Un parfum oriental charismatique et inoubliable."
Édouard Fléchier, le créateur de "Poison"
J’avais déjà évoqué « Poison » dans un article sur les parfums révolutionnaires du XXème siècle mais vraiment, le découvrir en extrait a été un retour de flamme pour moi. C’est un parfum oublié, éclipsé par des déclinaisons toutes plus inintéressantes les unes que les autres et rangé dans les tiroirs du stand Dior du Printemps de Lyon mais vraiment, il sortirait aujourd’hui dans une marque moins mainstream, il rencontrerait un tout autre public que celui des quadragénaires (donc de ma génération) tant il est complexe, impressionnant et intemporel. Créé en 1985 par Édouard Fléchier à qui l’on doit tout de même « Lys Mediterrannée » et « Une Rose » aux Éditions de Parfums Frédéric Malle, « Poison » réinvente l’oriental floral avec une composition complètement baroque et identifiable immédiatement. Le départ est très fruité avec toujours cette note de prune qui, décidément, me fascine, mais aussi épicé avec la coriandre et l’anis. Le coeur de tubéreuse, d’encens, de rose et de fleur de datura est renforcé mar le miel et l’opoponax et épicé doucement par la cannelle. Le fond est tout autant tempétueux avec une vanille et une ambre très présentes mais surtout le côté amandé de la fleur d’héliotrope. C’est un ouragan baroque, c’est une vraie révolution olfactive. Un travail autour de la tubéreuse d’une richesse et d’une originalité qui n’a pas son pareil dans les sorties récentes (à part peut-être, dans un autre style créatif, « Aura » de Mugler) et qui mériterait bien d’être remis en avant.
Il est toujours un peu compliqué d’écrire un article sur un parfum aussi clivant et qui peut, et je le comprends déranger. J’ai quand même vu, lorsque j’étais à Londres, des pubs qui affichaient sur une ardoise « No smoking, no Poison », c’est dire. Ceci dit, je le répète, j’adore ce parfum et je suis complètement sous son charme vénéneux à chaque fois que je remets mon nez dedans (quant à l’extrait, il est purement merveilleux) et je comprends que la marque ait décidé d’engager à l’époque, la très singulière et audacieuse Isabelle Adjani pour en être la marraine. L’impression que j’ai lorsque je sens « Poison » est de regarder un tableau expressionniste qui représenterait une mer déchaînée dans des tons de violet, noir et grenat. Pour moi, et encore maintenant, « Poison » est un ovni dans le circuit sélectif et vraiment, que vous l’aimiez ou que vous le détestiez, allez le sentir (si vous le trouvez en extrait c’est mieux) car c’est une vraie expérience.
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