Alberto Morillas, une carrière de succès
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Depuis quelques années, les créations, il faut le dire très nombreuse, du parfumeur d’origine sévillane Alberto Morillas rencontrent un très grand succès tant dans le circuit sélectif que dans la parfumerie plus confidentielle. Inventif, éclectique dans ses goûts et dans les matières premières qu’il utilise, il a imaginé nombre de jus qui, aujourd’hui, sont devenus des classiques. Son premier succès « Must » de Cartier étant sorti en 1981, il a vraiment, tout d’abord en collaborant avec d’autres parfumeurs tels Nicolas Mamounas avec lequel il a formulé « Byzance » de Rochas par exemple, puis en solo créé des parfums incontournables. En 1999, il crée sa marque Mizensir qui est d’abord une ligne de bougies parfumées puis deviendra une maison de parfum plus complète en 2015 avec le lancement d’une collection d’eaux de parfums qui compte, aujourd’hui pas moins d’une quinzaine de références. En 2003, il reçoit le prix François Coty du meilleur parfumeur puis, dix ans plus tard, un Fifi Award pour l’ensemble de sa carrière. Alberto Morillas a créé nombre de parfums et, si je ne reviendrai pas sur « Must » et « Byzance », l’un parce qu’il est très connu et que je n’ai rien à dire dessus et l’autre parce que j’en ai déjà pas mal parlé, j’ai apprécié de me promener au fil de ses créations et de retenir celles que je préfère.
J’avais une image un peu convenue du travail d’Alberto Morillas, je le trouvais même un peu « dadame » lorsque j’ai découvert, dès sa sortie, le magnifique « Iris Prima » qu’il a créé pour Penhaligon’s et que j’ai porté avec délice. Il était donc naturel que je recherche s’il avait travaillé sur d’autres jus de la marque et j’ai découvert qu’il était l’auteur de l’un des bests de la collection des portraits, « The Tragedy of Lord George » lancé en 2016 et j’ai couru l’essayer. On m’a d’ailleurs offert un échantillon que je teste alors que j’écris cet article. La marque le décrit ainsi : « Quels sont les secrets de l’Aristocratie Britannique ? Sont-ils aussi éduqués, courtois et polis qu’on le prétend ? « Portraits » est un hommage à l’esprit anglais; entre « établissement, humour et provocation ». La famille de « Portraits » commence avec son personnage principal: Lord George (chapitre I). Traditionnel en apparence, Lord George cache bien son jeu. Son credo ? Ne jamais laisser deviner le fond de ses pensées, cette faculté est la clé de son mariage heureux. Respectable en tous points, sa fidélité au Roi et à l’Empire est inébranlable. Son Parfum? masculin et élégant avec une pointe de rhum; puissant, riche et bienveillant « Entrez, je vous en prie. Nous nous connaissons ? ». Voici une fragrance pour tout homme à cheval sur sa réputation, malgré ses petits secretsC’est un parfum assez linéaire entre oriental et eau de toilette de barber shop. L’envolée un peu anisée est vraiment très élégante puis on entre dans un coeur de fève tonka et d’ambre relevé d’une note de brandy pour évoluer vers un fond de bois blond et, me semble-t’il de tabac mais je n’en suis pas certain. La haute concentration des parfums de cette collection lui confère quelque chose d’à la fois intense et vraiment très chic. Lorsque j’ai découvert les portraits, je ne me suis pas arrêté sur « The Tragedy of Lord George » et franchement je suis heureux à la fois de le découvrir et de le porter aujourd’hui. C’est une merveille.
Je ne connais pas bien les créations d’Alberto Morillas pour sa marque suisse Mizensir mais, il y a quelques années j’ai eu un gros coup de coeur pour « « Édition de Véronique » qu’Alberto Morillas a créé en 2015. La marque explique : « Véronique, le prénom de la fille si chérie du maître parfumeur Alberto Morillas. Ce parfum lui rend hommage, à travers un bouquet de fleurs et de muscs les plus raffinés, que le père offre en hommage à sa fille. Les essences des fleurs qui composent ce parfum sont extraites par infusion - le procédé traditionnel que seules les maisons de haute parfumerie utilisent encore. La rose centifolia est ici accompagnée par le jasmin sambac, plus orangé et moins animal que le jasmin grandiflorum. Un duo sublimé par l'iris, note étonnante à laquelle l'essence de bois de cade apporte un accent boisé et fumé. La magie de cette profusion florale est prolongée par les notes de bois ambré ainsi que par les muscs blancs, tendres et enrobants, qui sont à la fois discrets et bien présents ». Il est de beaux parfums et de grands parfums. « Édition de Véronique », même s’il est peu connu, appartient à la seconde catégorie. Vraiment, lorsque je remets mon nez dessus, je suis complètement séduit par ce floral d’une qualité exceptionnelle. L’envolée nous projette directement dans le parfum avec des notes de rose centifolia et de jasmin sambac très opulent. Le coeur, poudré, d’iris est un peu fumé par l’essence de bois de cade ce qui lui donne son côté sec et vraiment singulier qui se renforce avec un accord boisé et musqué en fond. Plutôt féminin à l’origine, « Édition de Véronique » est, pour moi, parfaitement androgyne. Je l’aime, je l’ai un peu porté et je il est possible voire probable que je le ressorte même s’il ne m’en reste qu’un petit fond.
« Un parfum peut réactiver une sensation, permettant ainsi de vivre à nouveau un instant du passé. Conçu par Alessandro Michele, Gucci Mémoire d’une Odeur est le premier parfum universel de Gucci. Découvrez une fragrance qui explore le pouvoir des souvenirs, les faisant ressurgir du passé pour leur donner vie à nouveau. Un parfum qui n’est associé ni à un genre, ni à une époque ». Je ne m’étais jamais arrêté, lorsque j’ai découvert « Mémoire d’une Odeur », sur les parfums Gucci et vraiment, le peu que j’en connaissais ne m’attirait pas du tout jusqu’à la sortie, en 2019 de « Mémoire d’une Odeur » dont j’ai déjà beaucoup parlé et, du coup, je me suis penché sur la collection Bloom que j’ai trouvée à la fois belle et facile à s’approprier. Présentés comme des féminins, ces fleuris sont, pour moi, parfaitement mixtes. Je trouve que toutes les déclinaisons de l’original réalisées par Alberto Morillas sont réussies (et je pense cela vraiment rarement) mais j’ai décidé de me concentrer sur ce premier jus sorti en 2017 car je suis allé le sentir à nouveau spécialement pour écrire cet article. Le départ est très frais, je sens une note d’agrume, peut-être de l’orange, mais aussi des notes vertes un peu « herbes coupées ». Le coeur est résolument fleuri avec des notes de tubéreuse, de jasmin et de chèvrefeuille qui lui donnent vraiment sa personnalité. Le fond de bois de santal si cher au parfumeur est poudré par la racine d’iris. C’est une jolie réalisation et je trouve qu’Alberto Morillas a vraiment inventé une nouvelle version du fleuri classique. Vraiment il est à découvrir même si je ne suis pas certain qu’il est facile à trouver aujourd’hui.
Alberto Morillas a créé nombre d’autres parfums mais j’avoue que, pour moi, le plus beau à ce jour a, hélas, été arrêté et j’en ai déjà pas mal parlé dans mon article sur le vétiver. Il s’agit bien évidemment du « Baiser du Dragon » dans sa version parfum sorti en 2003 chez Cartier. Ce vétiver travaillé de manière orientale est une véritable merveille. J’en avais beaucoup entendu parler car j’ai une amie qui le regrette infiniment mais je ne le connaissais pas. L’envolée est extraordinaire avec des notes d’amaretto, de gardénia et d’amande, le coeur de jasmin, d’iris, de rose et de cèdre pose les notes d’un parfum singulier et très étonnant. Le fond de vétiver et de benjoin est délicatement ambré et renforcé par le patchouli. Vraiment, c’est une merveille. Il n’est jamais ni entêtant ni trop présent malgré une excellente tenue. Pour moi, il est est l’illustration parfaite que le vétiver est synonyme d’élégance. J’ai eu la chance de me procurer un flacon de ce parfum et je l’aime énormément. Je suis moins attiré par les autres versions, eau de toilette et eau de parfum mais elles sont aussi de belles réussites. Je ne pouvais pas terminer cette sélection sans parler de ce parfum que j’ai énormément aimé porter même s’il n’existe plus. Je pense, en revanche, que l’on peut encore trouver quelques flacons sur le stand de Cartier des Galeries Lafayette du Boulevard Haussmann.
Je crois vraiment qu’il faut que je me penche plus sur les créations de Mizensir mais nous n’y avons pas accès chez nous alors il me faudra attendre le prochain séjour à Paris. Ceci dit, le travail d’Alberto Morillas est vraiment très large et tout un chacun peut trouver, parmi ses créations, au moins deux ou trois jus dont il va avoir envie. Je crois d’ailleurs que je vais aller me promener en parfumerie pour en découvrir d’autres. Je pense à certaines créations pour Bvlgari qui devraient me plaire par exemple. En tout cas, j’avais envie d’écrire cet article sur Alberto Morillas depuis un certain temps et je remercie les abonnés de ce blog, particulièrement la toute jeune génération, de m’avoir poussé à le faire car j’ai eu beaucoup de plaisir à aller explorer certains de ses parfums.
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