Passion Parfums

 

Elle est le maître parfumeur dont on parle en ce moment et avec raison car son travail éclectique, sa manière de travailler certaines matières premières comme la fève tonka ou la vanille est tout à fait singulière. Alexandra Carlin crée de très belles choses et je me suis rendu compte que, si j’ai parlé souvent d’un parfum ou d’un autre, je ne lui ai pas encore consacré une promenade au milieu de son travail comme je l’ai fait pour plusieurs parfumeurs depuis la création de ce blog. Ce n’était pas un oubli mais simplement, j’attendais de mieux connaitre, de mieux maîtriser ce qu’elle a composé afin d’en parler plus facilement. Pour moi, Alexandra Carlin, c’est un travail sur les émotions, c’est une manière de raconter olfactivement des histoires. Le la vois vraiment comme une narratrice car toutes les créations que je connais, que je les ai aimées ou non, me parlent d’un moment, d’un lieu ou d’une expérience. Allez, allons nous promener dans une rétrospective parfumée qui, j’espère, vous donnera envie d’aller sentir, essayer et, pourquoi pas craquer pour l’un des parfums dont elle est le maître d’oeuvre.

Il y a quelques mois, j’avais eu un vrai coup de coeur pour « Le Chypre du Nil » qu’Alexandra Carlin a composé pour Ciro, une maison italienne je pense que j’avais pu découvrir lors d’un séjour à Paris. Alors là, j’étais complètement dans tout ce que j’aime, un départ bergamote enrichi d’élémi, d’armoise et de poivre du Sichuan, un coeur de fruits secs et d’iris poudré entourant une très belle rose damascena et un fond de patchouli, de mousse avec des notes d’ambre. J’ai adoré ce parfum et je pourrais vraiment me l’approprier. C’est un chypré vraiment ultra-moderne, urbain et qui renouvelle le genre. Pour moi, il serait idéal lors d’un séjour dans une capitale, allez, je m’imagine à Rome, pour un petit déjeuner en fin d’été ou un verre à cinq heures du soir à une terrasse. « Le Chypre du Nil » a quelque chose d’inédit, et, même si je n’en comprends que partiellement l’inspiration, il m’a vraiment marqué et je pense que je pourrais me l’approprier très facilement. Je trouve que c’est une très belle création.

L’an dernier, en 2021, j’avais bien aimé également « Matcha Méditation » qu’Alexandra Carlin a créé avec Maurice Roucel et je dois dire que j’ai beaucoup tourné autour. J’aime beaucoup ce thé très particulier venu du Japon et je trouvais que la note était très réaliste. Après un départ de thé vert et de bergamote, le coeur de jasmin, de maté et de fleur d’oranger reproduit à la perfection l’amertume et le fond de chocolat blanc, de mousse et de cèdre l’adoucit beaucoup. C’est peut-être ce que j’ai moins aimé et qui m’a retenu. J’aurais sans doute préféré que le côté amer résiste. Pour moi, ce parfum est très spirituel et me rappelle la cérémonie autour de la préparation du matcha. Je ne sais pas très bien le faire mais une amie m’en a proposé souvent et j’ai appris à aimer, voire même à être accro à ce goût vert et amer à la fois. Ce parfum, inspiré de l’univers du Japon m’a semblé très original et il m’a beaucoup plus également.

J’aime le jasmin grandiflorum et associé à un coeur d’osmanthus et à un fond discret de bois de santal, je ne pouvais qu’apprécier « Bloomastral » qu’Alexandra Carlin a créé pour J.U.S. en 2021 et je me demande bien pourquoi je l’avais oublié dans mon top de l’année car il m’avait beaucoup plu. L’inspiration en est : « Une évocation des soirées festives de la french riviera. Une composition autour du Galant de Nuit qui vous accompagnera jour et nuit ». C’est un jasmin cuiré, abricoté, très différent de ceux que l’on peut sentir en parfumerie. Alexandra Carlin a très bien su traduire l’ambiance des nuits au bord de la Méditerranée et je dois dire que je m’imagine très bien en train de boire une coupe de champagne à la tombée du jour ou à discuter avec des amis voire même à m’éveiller à l’aube pour lire un polar aux petites heures du jour accompagné par ce parfum. C’est un jasmin atypique et moderne qui m’a beaucoup impressionné. Alexandra Carlin a créé trois parfum pour la marque et je les aimes tous mais je n’avais jamais parlé de celui-ci. C’est un oubli réparé.

« La fève tonka est une matière pleine de contrastes, rappelant parfois le cuir de vanille, parfois l'amande ou encore pouvant révéler des facettes chocolatées. Velvet Tonka met en scène une trilogie entre la fève tonka, la fleur d'oranger et l'amande. À même la peau, elle donne l'impression d'une gourmandise orientale saupoudrée de sucre glace. La fève tonka, aux facettes baumées, se pare d'amande et de pétales de rose pour un côté velours, et d'une touche d’absolu de tabac qui lui confère son côté miellé. En fond, se déploient des notes addictives apportées par le bois lacté d'amyris, réhaussées d'ambroxan et d'absolu de vanille pour un velouté et une sensualité incomparables. Velvet Tonka rend hommage aux origines marocaines du fondateur David Benedek et à l'iconographie liée à cette région du monde, à travers ses saveurs et ses paysages, comme un souffle gourmand venant tout droit des montagnes de l’Atlas ». Vous l’aurez compris, « Velvet Tonka » n’est pas un parfum pour moi mais je sais reconnaitre qu’il est très bien fait. Curieusement, j’aime bien l’envolée de fleur d’oranger et d’amande ainsi que l’absolu de tabac et de rose du coeur qui lui donnent du corps. En revanche, le fond d’absolu de fève tonka et de vanille de Madagascar est quelque peu gourmand pour moi malgré l’essence de bois d’amyris qui l’équilibre. J’ai su apprécier ce parfum mais je ne pourrais absolument pas le porter. Je le trouve vraiment destinés aux amateurs d’orientaux. Il peut être vraiment addictif je pense.

J’aurais aussi pu citer à nouveau « Tonka Blanc » qui vient de sortir chez L’Artisan Parfumeur ou encore « Kyoto », une édition limitée qui m’avait interpellé chez Diptyque mais il m’a fallu faire des choix. J’espère au moins vous avoir donné envie de découvrir le talent d’Alexandra Carlin et son travail plein de variété et de virtuosité. J’avoue que je n’aime pas tout mais je suis très content de me les être remémorés pour écrire cet article.