Passion Parfums

J’ai déjà parlé du travail d’Amélie Bourgeois et de son inventivité à travers certaines créations qu’elle a réalisé notamment pour BDK avec le très très beau « Rouge Smoking » dont j’ai parlé dans mon article sur les parfums « cerise » et pour Olibere Parfums mais j’ai eu l’idée, grâce à Emma, l’une des abonnées très actives de ce blog, de faire quelques recherches pour découvrir ou redécouvrir des créations de ce nez résolument moderne. Inventive, Amélie Bourgeois a fait tomber de nombreuses barrières en composant, entre autres, pour la marque Aether, des parfums uniquement composées de molécules de synthèse et, ainsi, nous emmener dans un univers olfactif totalement inédit. Membre du studio Flair, elle a inventé plusieurs parfums qui m’ont interpellé depuis quelques années et j’ai hâte de découvrir « The Majestic Vetiver » sorti en ce début d’année dans la marque Alexandre.J. Je vous emmène donc dans un petit voyage parmi les créations d’Amélie Bourgeois.

 

C’est lorsque j’ai découvert la marque créée par Marjorie Olibere que j’ai senti pour une la première fois des créations d’Amélie Bourgeois. J’ai eu un vrai coup de coeur pour la marque et j’en ai déjà parlé car j’ai réessayé, il y a peu, plusieurs des parfums notamment, et j’en ai abondamment parlé, « Midnight Spirit » que j’aime beaucoup. Ici, j’ai voulu revenir sur « l’Étoile Noire » créé en 2016 qui m’a particulièrement plu aussi. Au passage, je vous engage à aller découvrir les deux collections de Olibere Parfums qui sont vraiment de toute beauté. Mais revenons à cette création d’Amélie Bourgeois qui est pour le moins atypique. Le départ est très frais avec des notes aquatiques et évidemment du citron et de la bergamote, que l’on retrouve beaucoup dans les parfums de la marque. Puis, le coeur se fait complexe et boisé avec quelques touches de rose de Bulgarie distillées ça à là. Le fond, très complexe comte des notes d’encens, de patchouli, de tabac, de fève tonka et de vanille soutenues par des molécules d’ambroxan. « L’Étoile Noire » est très atypique. On pourrait le catégoriser comme un oriental mais, pour moi, il est plutôt un chypré sans mousse de chêne. J’aime particulièrement l’association patchouli et tabac en fond. Je le trouve très réussi. C’est un parfum assez « dark » mais tout de même avec des puits de lumière. Pour moi, il allie parfaitement la modernité et un significatif attachement à l’art de la parfumerie à la française.

 

 

Lorsque nous étions à Paris, j’avais envie de découvrir L’Orchestre Parfum, une marque dont j’avais entendu parlé sur YouTube, via la chaîne Ma Note de Coeur animée par Manon car elle a réalisé une interview de son fondateur. Il me reste encore bien des parfums à découvrir mais je me suis arrêté sur une dose d’essai que j’ai eu complètement par hasard, que j’ai testé et dont je n’avais pas encore parlé. Il s’agit de « Thé Darbouka » créé en 2017. Comme ça, sur le papier, il est supposé matcher très bien et il le fait. Après un départ très doux de bergamote, le coeur de thé noir, d’épices indiennes et d’immortelle ne pouvait que me plaire ainsi que le travail sur le fond autour du styrax. Amélie Bourgeois a recréé une partition (puisque c’est le terme approprié je pense pour cette marque) d’oriental vanillé très subtil et intense sans jamais être entêtant ou « too much ». J’ai aimé le porter. Je me suis fait plaisir même si je sais que, sur le long terme, le versant oriental du parfum va peut-être me lasser. J’ai trouvé que c’était un beau travail autour de l’immortelle comme le fut, en son temps, « Sables » d’Annick Goutal que j’ai énormément porté et auquel j’ai bien souvent envie de revenir. Ici, le fond vanillé et intense des notes de styrax est très différent. « Thé Darbouka » est un parfum très original. J’ai hâte de découvrir les autres créations de la marque.

 

Créé pour Frapin en 2013, « Paradis Perdu » est sans doute l’un des parfums les plus complexes de la marque. L’envolées de divers agrumes dominée par le pamplemousse a quelque chose de délicieusement amer et, lorsqu’on entre dans un coeur de vétiver et de diverses plantes aromatiques que je n’avais jamais senti et que je suis complètement incapable d’identifier, je le trouve déjà inédit. Le fond de bois précieux, de ciste et de mousse de chêne continue de me surprendre. Je crois que c’est la note de palissandre, que j’ai déjà senti dans d’autres parfums qui lui confère sa singularité. Il y a quelque chose de très « voyage » dans cette création tant au niveau de sa construction car il nous emmène là où nous ne pensions pas aller que dans l’imagerie olfactive qu’il provoque chez moi. Ce n’est pas forcément une fragrance que je pourrais porter mais je reconnais que c’est un jus étonnant, réussi, qui s’adresse aux femmes et aux hommes affirmés qui veulent se distinguer d’une parfumerie devenue trop convenue. « Paradis Perdu » a quelque chose de très addictif et en même temps d’un peu subversif. C’est une très belle création.

 

 

En 2015, Amélie Bourgeois a créé en collaboration avec Anne-Sophie Behlaghel, « Blanc de Sienne » pour Evody Parfums. Je ne connais pas très bien la marque mais je me suis arrêté sur deux parfums, une rose, « D’Âme de Pique » et celui-ci que j’ai trouvé très bien réalisé avec un départ de basilique, un coeur d’iris et de figue et un fond bois de cèdre et benjoin rehaussé de notes de café. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il tranche avec le classicisme élégant de la maison. Surprenant, prenant des accents parfois cuirés, parfois boisés, parfois poudré, ce parfum m’évoque en effet le soleil de l’Italie. J’ai adoré la note de cyprès qui semble incongrue et qui, pourtant, s’harmonise parfaitement avec la composition. C’est un jus très pétillant et en même temps, il demeure chic. J’ai essayé « Blanc de Sienne » et je ne le regrette pas. C’est un très très beau parfum qui donne un coup de modernité à la marque et parviendra à séduire un grand nombre d’amateurs de parfums je n’en doute pas.

J’ai eu énormément de mal à me familiariser avec les parfums moléculaires de la marque Aether car je pense qu’ils m’emmènent trop loin de ma zone de confort et, si je pense que les molécules de synthèse sont nécessaires voire indispensables à la construction d’un parfum, j’ai toujours un peu de mal avec l’élimination totale des matières premières naturelles. La plupart des parfums que j’ai senti dans la marque m’ont absolument rebuté. J’aime la modernité en parfumerie et l’inventivité mais là, il me semble que j’ai atteint mes limites ! Ici ni notes de têtes pas plus que de coeur, on arrive directement au fond avec des molécules figurant le bois, les bonbons, les fleurs, les fruits, la terre et le sable tout en gardant un côté vert. « Muskethanol », lancé en 2016, porte bien son nom. Amélie Bourgeois et Anne-Sophie Behaghel nous emmènent dans un la quatrième dimension de l’olfaction. Si, sur la touche, j’ai trouvé ce parfum, à l’instar des autres d’ailleurs, vraiment trop déroutant pour moi, sur la peau, il m’a, finalement assez plu et contre toute attente. Bon, je ne suis pas certain d’être capable de le porter mais j’ai trouvé la cohérence de ces molécules agencées avec art, plutôt intéressante. Il faudra peut-être que je réessaye…

 

 

Il me reste vraiment beaucoup de créations d’Amélie Bourgeois à découvrir mais je trouve qu’elle a déjà une signature très intéressante et, pour moi, elle a déjà inventé des parfums qui restent dans mes tops, je pense à ceux de la maison Olibere Parfum et, évidemment, à « Rouge Smoking » pour BDK que j’aime énormément et qui, pour moi, a été, ces dernières années l’une des belles surprises que j’ai eu l’occasion d’avoir car il ne ressemble à rien d’autre et garde, même malgré une originalité indéniable, un chic fou. Le talent d’Amélie Bourgeois est à suivre tant pour les amateurs de parfums que pour ceux qui ont eu envie, un jour, d’aller explorer une parfumerie inédite et créative.