Anima Vinci, une parfumerie spirituelle
Nathalie Vinciguerra a été directrice de la création parfum chez Penhaligon’s et l’Artisan Parfumeur autant dire qu’elle a un beau bagage derrière elle. En 2017, elle prend son envol et se lance afin de créer, Anima Vinci, une nouvelle marque qui a pour postulat des jus évoquant le bien-être et la spiritualité. Sa passion pour la méditation, le yoga et l’aromacologie conditionne ses choix et elle s’adjoint le talent de parfumeurs connus et reconnus tels Thomas Fontaine, Michel Roudnitska, Sophie Labbé, Christian Provenzano, Beverley Bayne, Randa Hammami et Fanny Bal afin de lancer sept puis huit parfums et autant de merveilles dans un flacon dont les lignes arrondies m’évoquent la quiétude et la pureté. J’aime beaucoup également, c’est un détail mais j’y tiens, la couleur à mi-chemin entre le turquoise et le bleu-roi qu’elle a choisi pour les emballages. J’ai déjà évoqué mes trois parfums préférés dans la marque et je vais y revenir mais j’en rajouterai, dans cette revue, deux dont je n’ai jamais parlé et qui, même s’ils ne sont pas pour moi, ont retenu mon attention et que j’ai trouvé particulièrement réussis.
Nathalie Vinciguerra, l'âme d'Anima Vinci
Pour commencer, je vais revenir sur « Jasmine Yang » car il a été, lorsque j’ai découvert la marque, mon coup de coeur absolu et pour cause. Créé en 2017 par Thomas Fontaine, ce jus réunit tout ce que j’aime : un départ de cédrat, de mandarine et de poivre rose particulièrement pétillant, un coeur de jasmin, de fleur de frangipanier et d’ylang ylang qui lui donnent un côté exotique et un fond de santal, de patchouli, de vanille, de muscs blancs et d’ambre tout en rondeur et en profondeur. J’ai été emballé par cette création qui, en une fragrance, résume tout l’art de Thomas Fontaine, virtuose des fleuris, on le sait, et qui, une fois de plus a inventé un jus absolument extraordinaire, avec un développement à la fois exotique et élégant. Je ne sais pas et n’ai pas voulu savoir quel était l’idée de départ pour créer « Jasmine Jang » car j’avais envie de me laisser porter par mes propres émotions et pour moi c’est le parfum de l’évasion vers une île rêvée du bout du monde, sorte de jardin d’Eden rempli de fleurs et de senteurs inédite. Je n’ai pas encore franchi le pas mais j’y viendrai probablement car il est, à ce jour, et je l’ai déjà dit, l’une des créations que je préfère dans la collection.
Je n’aime pas du tout les parfums à base d’oud et j’ai mis très longtemps à sentir « Oud Delight » créé en 2017 par Christian Provenzano et j’avais grand tort car il ne ressemble à aucun autre que j’avais pu découvrir dans cette famille. En fait, il n’est pas très oud et je pense que c’est ce qui me plait le plus. La composition est tellement subtile que tout les notes sont équilibrées et qu’il n’a en aucun cas le côté « machine de guerre » qu’ont souvent les parfums à dominante de oud. L’ouverture est celle d’un chypré avec une bergamote très douce et un citron très pétillant, le coeur est épicé (cannelle, gingembre, clou de girofle, safran et coriandre) et arrondi par une très belle rose et une fleur d’ylang ylang particulièrement bien travaillée avec une note d’hédione. Le fond est oud bien sûr mais pas que, il est construit avec une overdose de ciste, un vétiver et un bois de santal très délicats, des muscs blancs, de la fève tonka, du patchouli et de l’ambre. Ce « délice de Oud » est réellement très complexe et tout en douceur, en légèreté et en transparence. Finalement, je l’aime beaucoup et je crois que je pourrais le porter très facilement.
J’aime beaucoup le travail de Michel Roudnitska et j’ai évoqué « Wood of Life » à plusieurs reprises dans les pages de ce blog mais je crois qu’il me faut y revenir car il est sans doute l’un des seuls parfums boisés que je connais et que je pourrais porter et même que je porterai sans doute un jour tant il m’a surpris, tant il m’a plu. Il démarre avec une envolée très étonnante mêlant la bergamote, l’orange, la menthe, le gingembre et le pamplemousse qui lui donnent un petit côté un peu amer et complètement inédit. Le coeur d’ylang ylang, petit grain, cannelle et clou de girofle est assez typique, je trouve de la signature du parfumeur et le fond, construit autour du bois de palo santo, avec des notes de vanille très sèche, un accord cuir, du vétiver et du patchouli est clairement d’une grande richesse. Je trouve ce parfum complètement original et je n’avais rien senti de pareil comme c’est le cas avec plusieurs parfums de la marque. Le départ est tellement surprenant que je me suis demandé comment il allait évoluer. Maintenant, je le sais, c’est un parfum ethnique, faussement brut et diablement addictif. Je trouve que, s’il est déroutant, il apporte une sensation de bien être évident lorsqu’on le porte. Bref, j’ai adoré « Wood of Life ».
Il me semble que je n’avais jamais parlé de « Tudo Azul » créé en 2018 par Fanny Bal. Là, encore on est submergé par l’originalité de la création. Après un départ très agrume qui persistera tout au long de l’évolution, le parfum vient s’enrichir de notes à la fois aquatiques, voire même marines et sucrées. Je crois reconnaitre du rhum et de la cassonade qui est très peu employée en parfumerie. Le fond est tout aussi surprenant. Je reconnais le ciste et la vanille mais je n’aurais pas deviné le vétiver et le bois d’ambre. « Tudo Azul » est rond, très dense et à la fois très estival. Je trouve qu’il est un parfum de vacances par excellence. Je le vois très bien sur une peau baignée de soleil avec des vêtements légers et colorés. Fanny Bal ne s’est mis aucune barrière. Elle a créé une fragrance absolument rêvée et très addictive. Je ne pourrais sans doute pas porter « Tudo Azul » car il est, pour le coup, trop loin de moi mais je sais l’apprécier, le découvrir et le redécouvrir. C’est un parfum unique.
Je ne peux pas faire une revue sur Anima Vinci sans revenir sur « Sésame Chân », qui a été, pour moi, avec deux ou trois autres créations, l’un de mes énormes coups de coeur de l’année 2019. Inédit et magnifique, ce travail autour de la graine de sésame est absolument incroyable. Le départ de gingembre, de noisette et de noix de cajou est vraiment rond et épicé à la fois, le coeur de sésame et de graine de carotte d’une grande originalité et il est soutenu par un bois de cèdre presque fruité et un vétiver profond et tendre. J’ai adoré ce parfum. Je tourne autour depuis que je l’ai senti mais je suis hésitant car, entre « Wood of Life » et celui-ci, le choix est un peu cornélien. Je peux sentir très régulièrement « Sésame Chân » et vraiment, il est très beau, très envoûtant. Ceci dit, il a un sillage très important, peut-être un peu trop pour moi. À voir… à réessayer. Je le trouve idéal pour prolonger l’été, dans un septembre ensoleillé. En tout cas, il ravira ceux qui, croyant avoir tout senti et n’être plus surpris, le découvriront car il ne ressemble vraiment à aucune autre fragrance.
Comme vous pouvez vous en rendre compte, j’ai beaucoup aimé découvrir Anima Vinci et je ne taris pas d’éloges car vraiment Nathalie Vinciguerra a inventé une nouvelle forme de parfumerie en réactualisant le concept d’éditeur de parfum. Elle a vraiment remis les parfumeurs au centre de la création en leur donnant toute latitude et, j’imagine, peu de contraintes budgétaires pour inventer de nouvelles senteurs qui sont comme autant de secondes peaux. Vraiment, quand on aime la parfumerie, il faut découvrir Anima Vinci… C’est indispensable !
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