Passion Parfums

Taizo à Cannes, La Mûre Favorite à Lyon ou encore la parfumerie du Soleil d’Or à Lille, autant d’adresses qui est qui ont été celles des pionniers de la parfumerie de niche en France. Le concept s’est beaucoup développé et je ne sais pas si c’est une bonne ou une mauvaise chose mais ce dont je me souviens c’est qu’il est né également à Paris dans les années 2000. La toute première boutique existe toujours et elle est nichée dans la petite rue d’Ormesson, tout près d’une jolie place, en plein cœur du Marais l’un des plus anciens quartiers de la capitale. Elle porte de Marie Antoinette et est tenue depuis le début, par un passionné, Antonio, à qui je dois de nombreuses découvertes. Je suis client de sa boutique depuis de très nombreuses années et j’ai eu envie de lui demander de répondre pour vous à quelques questions. Il a eu la gentillesse d’accepter donc je vous offre cette interview avec énormément de plaisir.

Bonjour Antonio, Peux-tu nous rappeler quand est née ta boutique, Marie-Antoinette et comment tu en est venu à l’ouvrir ?

Pendant plus de 20 ans, j’ai travaillé dans l’hôtellerie, la restauration et l’oenologie puis, durant trois ans, j’ai été responsable d’une petite boutique de senteurs pour la maison et de fleurs artificielles sans odeur, cela va sans dire (rireà; À l’âge de 42 ans, j’ouvre la boutique Marie-Antoinette. Nous sommes le 1er décembre 2007. On y trouvais, des bougies, parfumées, de parfums d’ambiance et des savons ainsi que trois eaux eaux de Cologne dont « Musgo Real », par Claus Porto, une maison portugaise. Été 2008, hasard ou coïncidence, destin ? On frappe à ma porte pour me présenter les parfums Frapin, maison connue pour le cognac depuis 1270. Il s’avère que je l’avais dégusté durant ma formation initiale. En un claquement de doigts, ma boutique devient la première parfumerie de niche de Paris. En 2008, à l’époque, les parfums Frapin se résumaient à cinq fragrances. Je les vendais comme de petits pains. Commence alors une rumeur : Qui est-il ? D’où vient-il. C’est assez logique que frappent encore à ma porte des maisons de parfumerie « historique » qui, justement à ce moment-là, renaissent de leurs cendres (Houbigant, Parfums d’Orsay…) et je décide de contribuer à l’aventure oldactive. Je me rends donc au salon Pitti Fragrances à Florence pour « chasser de nouvelles odeurs ». J’aime le mot odeur (il n’y a pas de bonnes ou de mauvaises odeurs mais des odeurs). On a pu trouver chez Marie-Antoinette des références comme « Peccato Originale », mais aussi les débuts de Meo Fusciuni ainsi qu’une marque qui portait le nom de Magnetic Scent  devenue aujourd’hui Baruti. J’avais, je pense, un tour d’avance à l’époque.

Tu as tissé des liens très étroits avec tes clients mais aussi avec tes créateurs et cela se sent. Quelle qualité faut-il pour perdurer dans un milieu en plein développement et rester singulier ?

J’ai, en effet, tissé des liens étroits avec mes client(e)s et créateur(s) qui rendent ma caverne d’Ali-Baba vivante. J’ai besoin de m’imprégner de la démarche du ou des créateurs pour pouvoir le transmettre à mes client(e)s. Pour pouvoir perdurer dans ce milieu en pleine croissance je crois qu’il faut tout d’abord faire abstraction de la concurrence, ne pas adhérer forcément aux phénomènes de mode, axer son énergie sur des valeurs sûres et intemporelles, rester soi-même, fidèle et puriste, être à l’écoute, faire en sorte que les client(e)s qui rentrent dans la boutique un jour en ressortent en tant que connaissances voire même en tant qu’ami(e)s. C’est une forme de carte de fidélité non virtuelle.

Peux-tu nous citer les marques que tu proposes en ce moment ?

Actuellement à la boutique, on peut trouver Maison Violet, Le Galion, Lubin, Houbigant, Oriza L. Legrand, Isabey, Schwarzlose, Frapin, Onskad, La Croisée des Sillages, Unika, Maie Piou, Histoires de Parfums, Via François, Parfum d’Empire, Olfactive Studio, Marc-Antoine Barrois, Robert Piguet, Le Dieu Cerf et, tout récemment, Maître Parfumeur et Gantier.

Ta boutique est en perpétuelle évolution mais elle est aussi une caverne d’Ali Baba où l’on peut retrouver des parfums rares parfois oubliés, ou introuvables. Où vont tes choix aujourd’hui ?

Mes choix restent toujours les mêmes. C’est à dire la recherche de maisons anciennes et historiques mais aussi de jeunes créateurs qui cassent les codes comme, par exemple, Via François qui est arrivée à la boutique récemment.

Quel avenir pour Marie Antoinette ? As-tu des maisons que tu voudrais promouvoir dans les années à venir ? Continueras-tu à jouer les conteurs pour passionner ta clientèle ? Oscilleras-tu toujours entre parfumerie historique et moderne ?

Bien sûr, je continuerai à jouer le conteur. Cela fait partie du personnage ! Je me délecte de ce rôle. J’aime transporter les gens ailleurs l’espace d’un moment, les faire voyager, ce qui est agréable, c’est que je monte avec eux dans le train. J’ai récemment fait rentrer la maison Maître Parfumeur et Gantier avec six fragrances et j’aimerais étendre la gamme car son nom fait penser à une maison très ancienne (parfumerie traditionnelle et historique) mais en réalité, elle est surtout pionnière de la parfumerie de niche puisque créée, après L’Artisan Parfumeur, par Jean-François Laporte.

 

 

Antonio est le seul maître à bord du navire Marie Antoinette. C’est un vrai passionné et il sait faire vivre chaque parfum lorsqu’il le conseille. C’est une expérience. Dès que je peux je passe lui dire bonjour et il est bien rare que je ne trouve pas un achat à faire ou que je n’ai pas un coup de cœur. Bien sûr, l’offre à Paris est très importante mais je crois qu’il faut toujours remonter aux sources et s’arrêter devant la devanture rouge de cette petite boutique de la rue d’Ormesson, pleine de charme, pour dénicher un nouveau parfum.