Passion Parfums

Je n’ai pas, de prime abord, adhéré à la très onéreuse et très luxueuse collection Aristia de la maison Lubin et il m’a fallu, à la demande de plusieurs d’entre-vous, y remettre mon nez d’une manière plus précise pour essayer de donner mon vrai ressenti sur mon blog. Je m’y suis donc attelé et j’ai découvert qu’il faut souvent revenir sur des parfums qui, de prime abord, m’avaient laissé un peu indifférent. Alors qu’est-ce qu’Aristia ? Il s’agit de la collection privée de la marque qui regroupe, à ce jour, six parfums créés Delphine Thierry et Thomas Fontaine et qui explorent plusieurs familles olfactives et notamment les ambrés et les cuirs. La collection est sortie en 2019 et elle vient s’ajouter aux autres. Chaque flacon est couleur or et il se présente dans un coffret particulièrement luxueux. Sur les six créations, j’en ai retenu quatre que je trouve vraiment emblématiques et différentes les unes des autres.

Je vais commencer par le plus doux, le plus nuancé des parfums que j’ai réessayé. Il s’agit de « Condottiere » qui exploite, le filon de l’association iris et violette de la manière la plus délicate. « Les « Condottiere », à l’époque de la Renaissance Italienne, mettaient leur épée au service de la cause qu’ils croyaient juste. À l’image de Giovanni dalle Bande Nere, le plus fameux d’entre eux, ils combattaient au péril de leur vie pour la faire triompher. En temps de paix, ces guerriers redoutables vivaient en dilettantes dans les cités italiennes du Quattrocento. Ils s’habillaient des cuirs les plus odorants, se parfumaient des iris les plus raffinés. Leurs riches atours répandant des sillages délicats, ils savaient se faire enjôleurs auprès des dames de qualité, honorées d’attentions si empressées ». Avec une envolée de citron, de bergamote et d’angélique, le parfum s’ouvre sur un côté très tendre, très attirant puis nous emmène vers un coeur à la fois poudré et fruité avec une violette omniprésente et arrondie par les fruits noirs tels la myrtille un peu acidulée et la mûre plus suave. Le fond est légèrement cuiré avec un iris poudré très présent et le côté cocon du bois de cachemire. Je dois dire que ce parfum est indéniablement mon préféré de la collection. Je l’ai très souvent essayé et j’ai eu l’occasion de le porter car j’avais, en ma possession, une kyrielle de doses d’essai. Je le trouve vraiment beau mais il ne matche pas très bien avec ma peau. Je ne le tiens pas bien. Ce sont, hélas, des choses qui arrivent.

« « Galaor », chevalier errant, est le serviteur des nobles causes, comme tous ceux que le Moyen Âge européen parait des plus hautes vertus. Aux côtés d’Amadis, son frère, le « Chevalier de la Verte Épée », il remporta de nombreuses batailles contre l’empereur d’Occident. Lorsqu’il ne livrait pas bataille, le trouvère héroïque faisait une cour galante à la princesse Briolanie, sa promise. Il goûtait aussi à la cour raffinée du château de Sobradine, à ses délicatesses sucrées et ses encens subtils. Parfois, il assistait aux célébrations où la magicienne Urgande faisait offrande de baumes délicieux ». Sur le papier, « Galaor » est probablement le parfum que j’aurais du ne pas aimer. En effet, un départ bergamote et citron, un coeur myrrhe, cannelle et rose bulgare et un fond patchouli, baume du Pérou et vétiver avec des accents très ambrés et poudrés. Je dois dire que la réalisation est particulièrement belle mais que ce parfum n’est absolument pas pour moi. Pour moi, il est un héritage de l’époque des vieux Guerlain aujourd’hui morts et enterrés. C’est un parfum très vintage avec un twist complètement moderne et il m’a surpris lorsque j’ai remis mon nez dessus. Je ne pense pas pouvoir le porter mais force m’est de constater qu’il possède un très bel équilibre olfactif.

Avec son côté très épicé de poivre rose qui vient englober la mandarine et la bergamote très douces, son coeur de rose, de cannelle, d’encens et de fleur d’oranger et son fond de vanille, de benjoin, de santal et d’ambre gris, « Sinbad » est indéniablement le plus facetté de la collection. En tout cas, je dois dire qu’il m’a surpris et je crois que ça avait déjà été le cas à sa sortie. « « Sinbad », le marin aventurier de Bassorah, ne fut pas un grand général ou un guerrier redoutable. Rien cependant ne l’effrayait et les contes des « Mille et Une Nuits » montrent l’audace dont il fit preuve lors de ses nombreux voyages. De retour de ses aventures picaresques, il aimait à réunir autour de lui ses amis très chers. Après leur avoir humblement lavé les mains avec des essences de roses et de fleurs d’oranger, il leur racontait, dans la fumée des encens, les rencontres insolites faites en des contrées lointaines, et décrivait en détail les trésors par lui découverts et à jamais disparus » tels sont les mots de la marque pour parler de ce parfum que j’aime bien mais que, une fois encore, je ne pourrais pas forcément porter. Sur ma peau, ce qui ressort, c’est une rose délicatement ambrée et épicée qui, à terme, pourrait me lasser mais je reconnais que, porté, il me plait pas mal. Plus qu’une invitation au voyage, c’est un peu, pour moi, la route du thé et de la soie dans les récits des siècles passés. Il me plait beaucoup mais le côté très poivré de la rose me lasse un peu au bout d’un moment ce qui ne remet nullement en cause sa qualité.

Construit comme un cuir sans cuir, « Gajah Mada » est sans doute l’un des parfums que je préfère dans la collection car, dès l’envolée d’orange sanguine, de coing et de prune de Damas, il m’enveloppe d’une manière très élégante. Le coeur gourmand de datte, de baume de Tolu et de fleur de frangipanier lui donne un côté à la fois suave, un peu vénéneux et ensoleillé et le fond de patchouli, de santal et de benjoin vient confirmer cette identité. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Le plus Vaillant général javanais de tous les temps, « Gajah Mada », conquit pour son empereur Hayam Wuruk des dizaines d’îles-royaumes. Il permit à la civilisation Majapahit, l’une des plus brillantes de l’histoire de l’humanité, de rayonner dans toute sa splendeur. Malgré leur raffinement, les princes Majapahit étaient des guerriers redoutables, mais ils se soumettaient avant la bataille à la protection des dieux. Ils n’omettaient pas alors d’apporter des offrandes dans les temples, les fleurs les plus odorantes et des fruits mûrs. Ils y faisaient aussi brûler des baumes précieux et des bâtonnets de bois de senteur ». Je dois dire que je pourrais sans doute le porter mais je ne l’ai pas vraiment rencontré. Il faudrait que je l’essayer un peu plus pour voir si le côté gourmand ne me dérangerait pas sur la durée. À suivre donc…

Je ne peux pas dire que j’ai trouvé « mon » parfum dans la collection Aristia mais je reconnais que j’étais passé un peu rapidement dessus. La surenchère des prix m’avait un peu découragé. Ceci dit, je ne pense pas que je pourrais vraiment porter l’un de ces parfums. Ils ne me correspondent que de très loin même si je les trouve très réussis et luxueux. Il faut découvrir la collection Aristia qui est vraiment qualitative et intéressante. Elle a été un tournant pour Lubin il faut bien le dire.