"Arpège", un parfum mythique
C’est en 1927 qu’André Fraysse et Paul Vacher ont créé « Arpège » à la demande de la créatrice de mode Jeanne Lanvin. Ce floral aldéhydé, dans l’air du temps à l’époque a traversé les âges et, même s’il a été reformulé sans doute plusieurs fois au cours des décennies, il reste assez unique en son genre et il a encore ses adeptes. Tous comme les parfums de l’époque, il est issu d’une formule longue et complexe. Il a reçu le Fifi Award Hall of Fame en 2005 pour la créativité qu’il représente mais aussi pour son succès intemporel.
André Fraysse
Qui était Jeanne Lanvin ?
« Née le 1er janvier 1867, au 35 rue Mazarine, dans le 6e arrondissement de Paris et morte le 6 juillet 1946 dans le 7e arrondissement de Paris, Jeanne Lanvin est une grande couturière française. Elle fonde la maison de haute couture parisienne qui porte son nom, la Maison Lanvin, à la fin XIXe siècle. De nos jours, bien que ne pratiquant plus la haute couture, cette maison se trouve être la plus ancienne maison de couture toujours en activité. » Elle a imposé un style très chic et très parisien à ses clientes. Une exposition lui a été consacrée au musée Galliera à Paris il y a quelques années et j’avais beaucoup aimé la visiter.
Des créations de Jeanne Lanvin présentées il y a quelques années au musée Galliera à Paris lors d'une exposition qui lui était consacrée.
La création d' "Arpège"
« Dans le milieu des années 1920, alors que sa maison de haute couture connaît un succès grandissant, Jeanne Lanvin diversifie ses activités en se lançant dans le commerce du parfum. My Syn, mis sur le marché en 1925, connaît un certain succès, alors elle souhaite rééditer l’expérience. Elle met son projet à exécution à l'occasion des trente ans de sa fille Marguerite, qu'elle a élevée seule et pour laquelle elle nourrit une affection particulière. Elle en confie la création aux parfumeurs Paul Vacha et André Fraysse. Il s'agit d'un « bouquet chic et chaud de rose bulgare, de jasmin de Grasse, de chèvrefeuille et de muguet, enveloppé d'aldéhyde, sur un fond de tubéreuse ». On le classe dans la famille « fleuri aldéhydé ». En découvrant la fragrance, Marguerite, passionnée de musique, se serait écrié : « On dirait un arpège ! ». Exclamation qui tombe a point nommé alors qu’on cherche un nom à ce parfum : Arpège... ça sonne bien. Pour achever l’emballage marketing de ce produit, qui va devoir s’imposer sur le marché devenu très concurrentiel du parfum de grand couturier (Chanel a lancé son N°5 quelques années plus tôt), la couturière confie à un designer expérimenté, son ami Armand-Albert Rateau, la conception du packaging. Il crée un flacon en forme de boule noire, dans un esprit Art déco épuré. Il est élégant et racé, on y ajoute une petite note de féminité en l’ornant d’un graphisme monochrome doré, attribué à l’artiste Paul Iribe. Il représente de façon stylisée (très Art déco) une mère et son enfant... Jeanne et sa fille1. Toutes les notes sont sur la portée pour assurer le succès du produit. La romancière Louise de Vilmorin parle d'Arpège comme d'« un parfum musical qui murmure une chanson heureuse, un luxe raffiné, un miracle d'élégance ». Quant à Colette, amie de Jeanne Lanvin, elle salue une fragrance d'une « impeccable modernité ». Source internet.
Mon impression sur la version de « Arpège » que je connais
Après une envolée très aldéhydée, le parfum devient un bouquet floral organisé autour de notes de muguet et de jasmin avec, au coeur, des notes de chèvefeuille, de lys, d’ylang ylang, d’iris et de camélia et une pointe de muguet. Son fond est ambré, vanillé et soutenu par des notes de vétiver, de patchouli et de bois de santal. Il est poudré par les muscs blancs. C’est un parfum élégant, un peu suranné avec un petit côté démodé mais il est tellement réussi qu’il provoque à mon nez une envie d’y revenir toujours et encore. Je suis complètement attiré par son effluve élégante et presque hors du temps. Certes, à l’instar du « N°5 » de Chanel ou encore de « Fleurs de Rocaille » de Caron, c’est un parfum daté mais figure quand même, pour moi, au Panthéon des créations mythiques de la première partie du XXème siècle et je suis très heureux qu’il ait encore des adeptes.
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