Passion Parfums

Parfumeur par passion, Pharmacien par éducation, Français de naissance, Patrice Drummond Bonzom arrive à Shanghai en 2004. Il tombe amoureux de la ville monde, point de rencontre de l'Orient et l'Occident et source d'inspiration de la maison de parfums qu'il crée en 2013 et  Fangfang Ni a toujours été fascinée par les senteurs mystérieuses. Elle rejoint Façon Parfums en 2018 apportant une touche plus  Shanghaienne et féminine à la marque qui est distribuée, je pense à la parfumerie Jovoy à Paris et j’ai eu la chance de pouvoir sentir tout à loisirs et essayer ces fragrances à la fois épurées et, pour la plupart, extrêmement bien vues et de pouvoir vous en faire une revue détaillée. Certaines m’ont beaucoup attiré. J’ai envie de vous emmener dans un univers tout en naturalisme et et en délicatesse. Allez, c’est parti.

 

 

 

 

 

Patrice Drummond Bonzom

 

 

 

 

 

 

Fangfang Ni

 

 

 

 

Le premier parfum que j’ai testé est un hespéridé avec une envolée de bergamote et de fleur d’oranger, un coeur de thé oolong et un fond d’ambre gris et de santal. Hespéridé mais pas que, cette eau de toilette très élégante est vraiment très jolie et très épurée. Quelques mots de la marque : « Matin d'Opale, une eau de toilette hespéridée et boisée, un mariage subtil entre la bergamote calabraise, le santal de Mysore, le thé Oolong et la fleur de magnolia de Shanghai. Fermez les yeux et imaginez un lever de soleil sur des rivages éblouissants, le chant des oiseaux, la joie de vivre en vous. » Vous l’aurez compris, la création n’est pas d’une très grande originalité mais elle est très bien travaillée, avec beaucoup de délicatesse et même un peu de poésie dans son story telling autant que dans sa réalisation. J’aime beaucoup « Matin d’Opale ». Je pourrais le porter sans problème car l’association thé bleu et bergamote fonctionne évidemment à merveille. C’est un très joli parfum.

« Le rêve d'une enfant devenue grande, une robe de mousseline à pois, la caresse d'un baiser sur la peau… » c’est ainsi que la marque décrit « Jeunesse du Temps » qui est tout aussi épuré mais plus dense, plus fruité, plus floral. Le parfum s’ouvre sur une note de cassis très verte renforcé par le lierre et évolue sur un duo d’ananas et de gardénia plutôt surprenant pour finir sur un fond de framboise et de noix de coco. Curieuse pyramide pour un parfum somme toute assez classique des fruités à la mode. J’avoue que j’adhère moins mais, dans le genre, je trouve le travail intéressant. C’est une création qui s’adresse à de jeunes femmes qui veulent aborder la parfumerie d’auteurs en ne sortant pas trop de leur zone de confort. J’avoue être un peu hermétique à l’univers ce qui ne rend pas le parfum moins intéressant pour autant. C’est juste que ce genre de notes ne me parle pas beaucoup.

« Étoile de Jour » est un travail autour de la rose anglaise assez intéressant, tout en transparence, en légèreté avec une ouverture surprenante d’encens et de poivre rose qui m’a un peu dérangé mais qui, heureusement s’efface pour faire place à un coeur de rose poudré et très délicat qui se pose sur un fond de cèdre très bois de crayon et de violette poudrée également. « Le soleil au zénith, une excentricité irrésistible, une audace surprenante… ». J’avoue ne pas trouver le parfum très audacieux contrairement à ce qu’en dit la maison mais il n’en demeure pas moins très agréable avec un côté « couloir de fleuriste » de luxe car je trouve qu’on retrouve une très belle rose, fine, délicate, comme celles qui sont primées dans les floralies. J’aime beaucoup les roses « en vrai » et je n’en porte que peu en parfumerie. « Étoile de Jour » est une très jolie réalisation et j’ai beaucoup aimé la découvrir.

Je n’ai pas vraiment accroché avec « Tige de Lumière » qui est encore un fruité floral avec un départ de poire et de violette assez quelconque, un coeur de muguet et de pivoine un peu agressif et un fond de cashmeran et de magnolia que je ne sens que très difficilement. Je n’arrive pas à me projeter dans un univers et je trouve cette création très banale et très mainstream. J’avoue que je dois être anosmique de la note de magnolia travaillée dans cette création car je ne la sens pas du tout. Je pense que je pourrais pas me retrouver fans ce parfum. Il ravira sans doute les amateurs de fleuris fruités.

« Un ciel crépusculaire, des accents dangereusement sensuels, la fluidité de la soie… ». Je ne comprends pas trop le rapport entre cette phrase de présentation et le petit fruité amandé que je suis en train de sentir. Une envolée de fraise mais surtout de cerise, un coeur d’amande reconstitué avec la fleur d’héliotrope et un fond de vanille, rien de plus simple et de plus efficace, il faut bien le dire. Le parfum, sur ma peau, fonctionne parfaitement. Il ne me surprend pas mais il est, c’est clair, une valeur sûre de la maison. C’est un joli parfum, bien réalisé, très simple et très jubilatoire. Il me plait beaucoup malgré la note de fraise que je n’aime pas du tout en général. Il est très consensuel et parfois, j’ai besoin de ce genre de fragrance.

Pétillant, rafraîchissant, délicieux, tel est « Bouquet de Sèves ». J’accroche dès l’ouverture de fleur de lotus et de bergamote qui est un mélange assez inhabituel pour moi. Le coeur est tout aussi déroutant avec une association de cyclamen très présent et de thé vert plutôt assez chinois je pense. Je ne sens pas du tout la fleur d’oranger mais par contre le fond de vétiver est bien présent. J’aime beaucoup cette douche de fraîcheur pour l’été. C’est un une très belle composition pour l’été, un parfum de vacances facile à porter, facile à conseiller et un parfait équilibre entre les agrumes et les fleurs. Je trouve que c’est le parfum le plus original de la maison qui le décrit ainsi : « Un souffle vert, l'eau vive, une fraîcheur tonique… ».

 

 

« Cendre d’Automne » est un fleuri poudré construit autour du mimosa avec une envolée de bambou et de rhubarbe, un coeur de jasmin un peu discret et de mimosa très finement travaillé. Et un très joli fond d’iris un peu baumé par le benjoin avec, encore une fois, un super bel équilibre. La marque le décrit en une phrase : « Une garden party, l'été indien, une simplicité naturelle… ». Je serai plus prosaïque en me disant qu’il m’évoque un peu une promenade avec mes chiens dans un jardin où une forêt de bambous côtoie les fleurs et les rhizomes d’iris. C’est une jolie réalisation à la fois peu sentie et très facile à porter. La tenue n’est pas exceptionnelle mais je suis vraiment séduit par la composition.

« Un goût d'éternel féminin, une modernité glamour, un sac de cuir fait main… », un départ de mandarine et de pomme d’amour, un coeur d’osmanthus et de patchouli et un fond de santal et de musc, je n’ai pas tellement d’accroche avec « Miroir de l’Air ». Je le trouve un peu trop suédine, presque doucereux et ce n’est pas facile pour moi. J’aime beaucoup l’osmanthus travaillé de manière cuirée d’habitude mais là, ça ne matche pas du tout. C’est ainsi. Je trouve qu’il a un côté un peu sac à main un peu trop neuf et sorti de l’emballage. Je suis moins sensible mais je pense qu’il a une certaine élégance.

Globalement, j’ai bien aimé le concept et la réalisation des créations de Façon Parfum. Ce ne sont pas des parfums à sillage et les tenues sont un peu moyennes, l’originalité n’est que ponctuelle car la plupart des créations sont plutôt consensuelles mais j’aime bien ce concept de formules courtes, agréables, qui vont à l’essentiel. Je me tournerai plutôt vers les thés et les parfums d’été que vers des créations plus construites et plus hivernales mais, je suis assez charmé par certaines des fragrances que j’ai pu essayer.