Passion Parfums

Avec la collection Superfluide, la maison française Les Eaux Primordiales explore, en six parfums, les matières premières profondes et capiteuses que sont les bois, les résines et les épices. Je dois dire que j’étais un peu réticent lorsqu’il m’a été donné de découvrir cette gamme car elle me fait totalement sortir de ma zone de confort. J’y suis allé un peu à reculons et, s’il est vrai que j’ai eu du mal à apprivoiser quelques senteurs, d’autres, en revanche, d’autres ont étés, pour moi, plus attirantes alors que je ne m’y attendais pas. Cette collection est un parti pris intéressant dans son esprit et dans sa réalisation. J’ai décidé d’en faire une revue complète.

« Évocation d'une longue journée d'hiver au coin du feu. On imagine les effluves d'une tarte aux pommes cannelle et d'un pain d'épices sortants du four. Les notes orientales d'épices et de miel ajoutent caractère et douceur à ce moment réconfortant. L'accord rhum tabac donnent une touche liquoreuse et intense à cet élixir envoûtant. On s'enveloppe dans ce parfum comme on se blottit dans un fauteuil en velours, on voudrait alors que le temps s’arrête ». Pour moi, « Ambre Superfluide » était un risque car je ne suis pas tellement attiré par cette matière première ou, devrais-je dire, ces matières premières car on peut dénombrer plusieurs types d’ambre et je ne vais pas revenir là-dessus ici car ce serait une digression peu intéressante. Chaque ambre présente des notes communes qui, lorsqu’elles sont travaillées en majeur, se rejoignent un peu. Après un départ surprenant de miel, de pomme, de cannelle, de sésame et de bergamote, le coeur de rose, de fir balsam et de cardamome se révèle assez éphémère et le fond du parfum, capiteux, d’ambre, de vanille de tabac, de rhum et de benjoin prend toute la place. Créé par Amélie Bourgeois et Arnaud Poulain en 2019, ce parfum complexe, liquoreux et capiteux n’est pas vraiment pour moi mais je lui reconnais quelque chose de très intéressant. Il faut assumer un tel oriental et je crois qu’il l’est un peu trop pour moi mais son développement est beau on ne peut pas le nier.

 

 

« Encens mystique et addictif, on est instantanément projeté dans un temple sacré. La présence délicate de l'Aldéhyde C12 confère à cette fumée grâce et volupté alors que les très puissants oud, labdanum et castoréum font part de leur virilité. Ce parfum est conseillé aux fortes personnalités ou à ceux qui souhaitent se démarquer ». J’ai vraiment du mal avec la note d’encens en parfumerie et j’étais très réticent à découvrir « Encens Superfluide » également lancé en 2019 surtout après avoir lu la pyramide olfactive sur le site de la marque. En effet, un départ d’aldéhydes, un coeur de ciste labdanum et d’encens et un fond de castoreum et de cuir, je me suis dit que ce n’était pas du tout pour moi et que ça allait me rebuter complètement. Je dois dire que, si ce parfum n’est résolument pas pour moi, je l’ai trouvé plutôt réussi et, loin de me déranger, il s’est assez bien développé. Le départ d’aldéhydes m’a vraiment rebuté mais il est fugace comme l’est le coeur. Le parfum se pose sur un fond de cuir très nuancé et intéressant. Il est vraiment trop capiteux pour moi, en tout cas pendant la durée durant laquelle je l’ai senti, mais je le trouve bien travaillé et assez original. Résultat des course, il m’a moins fait fuir que je ne l’aurais cru. « Encens Superfluide » est donc plutôt une bonne surprise.

« La résine extraite du bois de oud est une des matières les plus nobles et recherchées de la parfumerie. Associée à la fraicheur de l'oranger et à la rondeur des bois précieux de gaïac, de cèdre et de santal, cette résine du Laos exalte son parfum. Les notes épicées de benjoin, de sésame et de vanille noire sont la promesse d'un sillage mémorable ». Quand le oud est travaillé en matière première principale, je suis toujours un peu réfractaire aussi étais-je un peu circonspect lorsque j’ai découvert « Superfluide Oud » créé par Arnaud Poulain en 2019. Je dois dire que c’est une surprise. Ici le côté animal est vraiment très gommé et il reste vraiment un parfum boisé et assez délicat. Les notes de tête de sésame et d’orange amère sont magnifiques et l’accroche à l’envolée est très réussie. Je suis, bien évidemment moins séduit par l’évolution du parfum mais cela ne correspond pas à mes goût car le coeur de oud du Laos et de bois de gaïac et le fond de vanille et de benjoin sont vraiment très éloignés de ma zone de confort. Ceci dit, le parfum dans son ensemble ne me dérange pas et je pense que c’est une interprétation du oud un peu épicée et fraîche qui passe tout de même mieux que certains autres parfums plus orientaux qui me dérangent vraiment. J’aurai du mal à m’approprier « Oud Superfluide » mais je l’ai trouvé finement travaillé.

 

 

« Ce musc blanc version sucre glace est le remède au froid hivernal et à la canicule estivale. On devine un thé blanc au jasmin et un sorbet au litchi qui donnent envie d'entrer dans l'hiver et de ne jamais quitter l'été. Délice intemporel et sophistiqué, ce superfluide captivant séduira tous ceux qui l'auront essayé ». J’avoue n’être pas forcément d’accord avec la description que la marque fait de « Musk Superfluide » lancé en 2020 et je n’ai pas été séduit par de départ aldéhyde, néroli et ambrette (que je ne sens pas du tout), ce coeur de rose, iris et violette que j’ai trouvé un peu daté et surtout par ce sempiternel fond muscs blancs qui prend le pas sur le benjoin et l’ambroxan. Je crois que je commence à en avoir assez des muscs blancs mis à toutes les sauces que l’on sent partout en parfumerie. Je sais que ce sont des notes qui plaisent et j’ai été séduit dans un premier temps mais j’avoue que je sature un peu de ce genre de parfum qui, j’en suis sûr, plaira à un grand nombre d’amateurs car il est super bien réalisé. Il n’est résolument pas pour moi mais mon avis n’a aucune valeur de critique et ne traduit que mon ressenti.

 

« Issu de la belle fleur de Crocus, le safran est l'or rouge du Moyen Orient. Cette épice précieuse est ornée d'abord de notes  aromatiques de thym et de sauge.Puis, la framboise, ronde et sensuelle entre en scène et lève le voile sur les bois précieux de gaïac et de cèdre. Les effluves de daim posent la touche finale sur un parfum aux allures d'œuvre d’art ». Avec ses beaux accents cuirés et épicés, « Saffron Superfluide », lancé en 2020 est, sans aucun doute possible, mon préféré de cette collection et sans doute le seule que je pourrais vraiment porter. Pour moi, en parfumerie, le safran en note principale, ça passe ou ça casse. Je peux être séduit autant que rebuté et dans ce parfum, j’ai un petit coup de coeur. Un départ d’encens, de thym et sauge sclarée, un coeur de framboise (que je ne sens pas du tout), de cassis, de jasmin et de muguet et le parfum se pose sur un fond de daim, de bois de gaïac, de cèdre et de safran. Doux et épicé à la fois « Saffron Superfluide » est vraiment très ciselé et son évolution sur ma peau est super belle. Il y a toutefois un bémol. En effet, je ne suis pas du tout certain d’avoir envie de mettre 250 euros dans ce parfum. Je me rends bien compte que les matières premières sont très belles mais ce n’est pas un coup de coeur suffisant pour casser ma tirelire.

La collection est précieuse, onéreuse et les matières premières utilisées sont très qualitatives mais je n’ai pas été séduit suffisamment pour avoir envie d’un parfum. Je reconnais bien volontiers que le travail est passionnant et je suis content d’avoir senti et essayé cette gamme mais, on ne va pas se mentir, elle est beaucoup trop loin de ma zone de confort et je ne me vois pas franchir le pas. Je pense, en revanche, qu’elle peut plaire aux amateurs car c’est un très beau travail de parfumerie. En outre, les matières premières me sembles d'une très haute qualité et, pour le fun et la passion, je suis content d'avoir découvert ces créations. Je vous engage donc, non pas à suivre mes avis, mais à aller, si vous avez l’occasion, sentir et essayer les créations. La surprise est assurée.