Passion Parfums

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Atelier Caron au Printemps de Lyon

J’ai été invité, au même titre que plusieurs clients du Printemps de Lyon, par Corinne et Céline que je remercie chaleureusement, à un atelier passionnant organisé par la maison Caron et centré sur l’exploration des quatre « Beaux Tabacs » issus de la collection Merveilleuse. Nous avons donc étés reçus dans une très belle salle des « appartements privés » de notre magasin lyonnais et avons suivi les pas de Valentine, l’intervenante, qui nous a donné envie de mettre notre nez non seulement sur ces quatre parfums, mais aussi sur les deux matières premières majeures qui les composent. J’ai donc senti l’absolu de feuille de tabac, de maté, de fève de cacao, de patchouli mais aussi des accords de cuir et d’oeillet qui composent les formules des quatre parfums de cette collection. Je dois dire que je suis toujours très impressionné que l’on puisse, dans une composition, reconnaitre parfois une matière première ou une autre. Mais revenons aux parfums proprement dit. Depuis le rachat de la maison par Ariane de Rothschild il y a quelques années, force m’est de constater que c’est une transformation systématique de l’univers de Caron qui s’est opérée même si la nouvelle direction revendique l’appartenance à un patrimoine de la parfumerie. J’y reviendrai dans ma conclusion mais je vais tout d’abord essayer de vous donner mon ressenti sur les quatre parfums que j’ai pu découvrir et surtout redécouvrir au cours de cet atelier.

 

Le premier est une réinterprétation d’un parfum iconique de la maison créé par Ernest Daltroff en 1919. Il s’agit bien évidemment de « Tabac Blond » dont j’ai eu la chance de découvrir les précédentes versions dont l’avant-dernière, finalement assez proche de l’originale en version extrait mais tout de même, je pense, plus facile à porter. Avec cette interprétation, créée par le nouveau parfumeur de la maison, Jean Jacques, dont j’avais pu admirer le talent chez Isabey, c’est la mise sur le marché d’un tout nouveau parfum dont la formule n’est pas si éloignée de la version que je connaissais car les notes sont à peu près les mêmes et sont basée sur un accord cuir et un accord oeillet. La seule chose qui m’a vraiment frappé, c’est que l’équilibre des notes a été modifié. Tout d’abord, et c’est pour moi une évidence, la note d’oeillet, légèrement piquante, poudrée, qui n’apparaissait qu’en toute fin de l’évolution du parfum prend beaucoup plus de place et « dévore » en quelque sorte un accord cuir fumé, très proche du cuir de Russie d’origine mais qui peine vraiment à s’exprimer sur la peau. Je dois dire que pour moi qui ait beaucoup aimé les anciennes formulation de « Tabac Blond », c’est un peu difficile. Si je veux être honnête jusqu’au bout et ne pas pratiquer la langue de bois, je dirai que je n’adhère absolument pas avec cette version de « Tabac Blond » et que je ne peux m’empêcher d’être à la fois réfractaire et nostalgique. J’espère tout de même qu’il rencontrera son public car quelle légitimité ai-je pour m’ériger en gardien du temple ? En tout cas, je ne pourrais pas porter ce parfum car je crois que j’aurais trop, dans un coin de ma tête, celui que j’ai aimé tellement.

 

Le second parfum que nous avons senti a été également créé par Jean Jacques et lancé en 2019. Il s’agit bien évidemment de « Tabac Noir ». Je dois dire que j’attendais beaucoup de ce parfum lorsqu’il est sorti car je suis et demeure, un amateur de patchouli et j’imaginais que la « fusion » avec la feuille de tabac allait me plaire énormément. J’avais, là encore, après le lancement, été un peu déçu car je trouvais le parfum « déjà senti » et presque dérangeant sur touche. En revanche, grâce à Valentine, j’ai eu la chance d’y remettre mon nez en essayant de ne pas trop me baser sur mes premières impressions et je dois dire que j’ai changé d’avis. Après tout pourquoi pas ? Après l’atelier, intrigué, j’ai essayé « Tabac Noir » sur ma peau et j’ai « mieux compris » son évolution. Il matche très bien avec moi. Il se développe, prend de l’ampleur mais pas seulement. C’est un parfum duel dans lequel s’exprime autant la feuille de tabac presque brute et un patchouli un peu « tranchant ». Honnêtement, et j’en suis le premier surpris, j’ai beaucoup aimé « Tabac Noir ». Certes, j’ai eu plus l’impression d’un parfum qui aurait sa place dans la Private Blend de Tom Ford que dans la collection Merveilleuse de Caron mais je l’ai apprécié et je me suis dit que, au plus fort de l’hiver, je pourrais parfaitement le porter alors qu’il m’avait vraiment rebuté au premier abord. C’est un phénomène qui m’est souvent arrivé et je l’accepte sans la moindre difficulté. Pour résumer, je dirais qu’il faut laisser vivre « Tabac Noir », le laisser évoluer et respirer si l’on veut en saisir l’élégance. C’est un parfum clivant, il ne plaira pas à tout le monde et il n’est pas d’une folle originalité mais je trouve qu’il est très bien réalisé et que son chic se révèle au fil des heures.

Tabac Noir (2021) Caron parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2021

 

Le troisième parfum est basé sur la dualité entre la feuille de tabac et un accord chocolat synthétique plutôt assez gourmand. Lorsque j’ai senti l’accord tout seul, j’ai eu l’impression de plonger la tête dans un bol de cacao pour enfants, sucré, suave et atténué. Je me demandais ce que cela pourrait donner en association avec le tabac. Lancé en 2021, « Tabac Exquis » ne m’a pas convaincu. Attention, je ne remets absolument pas en question le travail du parfumeur car il y a une vraie originalité mais je dois dire que, pour mon goût, il est beaucoup trop gourmand, beaucoup trop suave et sucré et qu’il aurait tendance à vraiment me déranger (c’est aussi ça la parfumerie) et je m’en suis vite éloigné. Alors certes, il est dans l’air du temps et je pense qu’il plaira aux amateurs. Pour ma part, si je peux aimer la note de fève de cacao dans les parfums, les accords synthétiques gourmands ont vite tendance à me monter à la tête. Je passe donc assez rapidement sur « Tabac Exquis » mais que cela ne vous empêche pas d’aller le découvrir car c’est un parfum original, un peu liquoreux et très contemporain.

Tabac Exquis (2021) Caron parfum - un nouveau parfum pour femme 2021

 

Nous avons fini avec le quatrième et le plus récents des Beaux Tabacs. Je vous en ai parlé il n’y a pas longtemps car il vient de sortir mais je vais y revenir car il est, pour moi, un beau coup de coeur. « Tabac Blanc » est le dernier opus et je dois dire que je suis très heureux car, cette fois, je suis séduit par la finesse, la fraîcheur et le côté réconfortant à la fois de ce qu’il dégage. Alors c’est un tabac frais, vert, sans tabac peut-être mais associé à un maté très qualitatif que nous avons pu sentir. J’ai réessayé le parfum sur ma peau durant l’atelier et après et je dois dire que vraiment il est mon préféré il n’y a aucun doute. C’est une réussite pour moi et, cette fois, je suis parfaitement « la cible ». Avec ce parfum, Jean Jacques s’est éloigné du côté peut-être un peu trop duel du reste de la collection pour ciseler ce thé matcha (c’est ce qu’il m’évoque) en en exprimant à la fois la douceur, le côté vert, une facette torréfiée et une autre un peu plus amère contrebalancée par un côté miellé. Vraiment, il m’a plu et je ne suis pas loin de penser qu’il fait partie de mes préférés dans la nouvelle collection Merveilleuse. Je ne suis pas très enthousiaste avec mes découvertes de nouveautés depuis septembre mais « Tabac Blanc » est une très bonne surprise car je n’en n’attendait rien et je le trouve élégant et addictif à la fois. Tout ce que l’on aime ! En tout cas, je pourrais parfaitement me l’approprier car il a une belle identité tout en restant facile à porter.

Tabac Blanc Caron parfum - un nouveau parfum pour homme et femme 2022

Pour finir, je vais être un peu plus général et je vais essayer d’exprimer mon avis sans langue de bois aucune. J’ai trouvé l’expérience de l’atelier passionnante et je remercie beaucoup Valentine de l’avoir animé. J’ai pu, à cette occasion, me montrer un peu plus ouvert en ce qui concerne la maison Caron. J’avais un peu « révisé » en amont et j’ai découvert que, si j’aimais certaines créations de la collection Merveilleuse, il me fallait les approfondir. J’ai donc remis mon nez dans « Santal Précieux », très poudré et lacté que j’aime bien, les iconiques « Fleur de Rocaille » et « Parfum Sacré » qui me plaisent toujours et encore sans conteste et aussi, car j’en avais une dose d’essai, « Tubéreuse Merveilleuse » qui m’évoque plus l’univers d’Isabey que celui de Caron mais que j’aime beaucoup. Cependant, je ne peux m’empêcher de ne pas vraiment adhérer à la nouvelle politique de la marque. Certes, c’était une « belle endormie » qu’il fallait réveiller mais les choix qui sont fait ne me conviennent pas vraiment. Je n’ai pas de goût pour le flaconnage que je trouve vraiment cheap et tape à l’oeil avec ces grosses lettres gravées sur le flacon et le tour en plastique. Je pense qu’il fallait bien évidemment conquérir un nouveau public avec des créations originales et que, pour cela, tout est affaire de goût. En revanche, je trouve dommage d’avoir, alors que la direction se réclame d’un certain patrimoine, démonté systématiquement tout ce qui faisait Caron. L’univers des boutique est complètement différent et je regrette vraiment le côté art déco noir argent et or de celle de la rue François 1er mais surtout, n’était-il pas possible de garder en version fontaine quelques parfums iconique auxquels la clientèle était attachée tel quels ? Alors je sais, chaque groupe rachetant une marque de parfum et souhaitant la rajeunir brandit comme raison suprême la norme Ifra. Certes, elle complique les choses années après années avec l’interdiction de certaines matières mais, dixit un parfumeur indépendant et expérimenté que nous avons pu rencontrer, tout ce recrée presque à l’identique. De plus, la plupart des matières ne sont pas interdite, la législation en limite seulement la quantité (j’en veux pour exemple la cannelle) et cela ne modifie pas toujours l’esprit du parfum. Je pense que, dans le cas de Caron, Ariane de Rothschild et Jean Jacques, ont surtout décidé, contrairement au discours, de faire table rase du passé de la maison. Je trouve que non seulement il est dommage de ne pas l’assumer mais il est décevant que les fidèles de la ma marque, dont je fais partie mais je ne suis pas le seul, quitte à passer pour « gardien du temple » (j’aime bien l’expression même si elle ne me convient pas vraiment) ne s’y retrouvent pas et s’en détourne. Il y a là, un certain manque de respect pour les piliers qui ont su, malgré la politique incompréhensible menée par l’ancienne direction, tenir la maison Caron debout.

 



24/10/2022
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