Passion Parfums

Le poivre ou les baies roses sont surtout utilisées en notes de tête mais je trouve qu’ils donnent une tonalité très fraîche, légèrement piquantes et assez de personnalité au parfum. J’ai longtemps hésité à leur consacrer un article entier car j’avais peur de ne pas arriver à les mettre en évidence. Finalement, je me lance. J’ai essayé de sélectionner quatre parfums dans lesquels je les trouve significatives mais je ne suis pas très sûr de moi. En effet, je les perçois bien mais peut-être que ce n’est pas suffisant pour décrire les impressions qui s’en dégagent. J’aime beaucoup le côté frais et élégant des baies ou du poivre rose. Je trouve qu’il y a quelque chose de tendre et de vif à la fois. J’espère que je m’exprimerai bien sur le sujet car je ne suis pas certain que cela me soit facile. Allez, direction le poivre rose, les baies roses… Enfin quatre parfums très différents mais avec le même fil conducteur.

J’ai d’abord choisi « Ambre Rubis » créé en 2024 par Antoine Lie et Luca Maffei pour Houbigant car je trouve le départ très significatif même s’il est fugace et rejoint bientôt les autres notes. « Les notes de tête d'orange sanguine et de poivre rose se mêlent à l'allure fumée de l'encens, créant une première impression à la fois épicée et profondément aromatique. Au fur et à mesure que la fragrance se développe, un cœur de cerise et de rhum émerge, insufflant une riche douceur tempérée par l'élégance florale du jasmin. Dans le fond, l'ambre forme une base chaude et invitante, rehaussée par les tons résineux du baume de sapin et les nuances boisées du bois de cèdre. Ensemble, ces éléments créent un sillage persistant, à la fois réconfortant et énigmatique, qui laisse une impression durable et une allure mystérieuse ». Après un départ de poivre rose et d’orange sanguine un peu rendu abstrait par des traces d’encens. Le coeur de cerise, de jasmin et de rhum casse un peu le côté frais et presque pétillant mais c’est le jeu. Le fond d’ambre, de cèdre et de sapin donnent à la fragrance une certaine force. Pour ma part, je sens très bien le poivre rose. Il me pique un le nez et il me semble qu’il donne pas mal de caractère au parfum. Son succès grandissant semble me donner raison de l’avoir aimé au départ même si je peux pas dire qu’il soit dans mes goûts.

Quand est « Sous Le Pont Mirabeau », créé par Mathieu Nardin pour État Libre d’Orange en 2024, je l’avais assez aimé même si le fond est un peu trop bois ambrés pour moi. Il est quand même assez original avec ce côté minéral qui, c’est vrai, évoque bien la Seine sous les ponts de Paris. « T’en souviens-tu la Seine » chantait Anne Sylvestre et ce sont ses mots qui me viennent quand je le sens mais trêve de digression, il vaut mieux lire les mots de la marque pour le décrire : « Mirabeau, Que de jolies voyelles, étrangement parisiennes, suspendues au-dessus de la Seine pour écrire le souvenir, rejoindre une autre rive, revenir à elle en suivant son sillage de santal, de baie rose et de cèdre. Au cœur d’une ville que l’on dit de lumière, en allant vers le crépuscule du jour il était un pont, un poème et un parfum. Un pont discret et symbolique, celui de l’esprit bâtisseur qui transcende les frontières, devenir meilleur en étant réunis. Fondations solides de cèdre, de santal et d'orcanox pour enjamber l'amour, embrasser ses muscs. Un poème aussi lent que violent, l’espérance brutale et désirable pour celui qui voudrait croire, pour celle qui veut aimer. Vanille j'écris ton nom à la trace feutrée de l'encens et du vert de violette. Un parfum pour nous sauver tous, silencieusement nous repêcher, au-dessus de la Seine, alcools sur l’eau de nos essences, bergamote et baie rose entremêlées de figue dans un flacon de verre, violemment réunir les corps à l’unisson des âmes ». Le poivre rose apparait, associé avec un accord figue, la bergamote et l’élémi, dès l’envolée et je trouve qu’il perdure tout au long de l’évolution du parfum qui arrive sur un coeur aquatique et minéral (je ne sais pas comment le décrire autrement) associé à des traces d’encens et de feuille de violette. Il perdure même jusqu’au tout fond du parfum fait de cèdre et de bois ambrés. Je ne crois pas que je pourrais le porter facilement quotidiennement mais occasionnellement, pourquoi pas.

Avec « Iris Baie Rose », sorti en 2021 par La Closerie des Parfums, Valérie Garnuch met vraiment les baies roses à l’honneur dans un parfum élégant, très agréable et presque pétillant. Elle a associé à ce départ très frais, le poivre noir et la violette qui donne quelque chose d’un peu poudré. Le coeur d’iris est rendu très floral et presque mentholé par le géranium puis il se fait doux et un peu suave avec l’ylang-ylang et la pivoine qui se posent sur un fond très musqué et santal avec quand même un cèdre presque poudré. « Un air de printemps, plein de velours et de fleurs tendres, que la baie rose, fusante, réveille. L’iris, ainsi contrasté, vibre de la racine au pétale pour se faire plus expressif encore : dans son sillage, un souvenir délicat de poudrier ». Quand il est sorti, j’ai adoré ce parfum. Je l’ai trouvé vraiment d’une élégance rare. Malheureusement, il y a un bémol : comme beaucoup des compositions de la marque, ma peau le boit en peu de temps et il ne tient absolument pas sur moi ce qui est, vous pouvez l’imaginer, une frustration bien agaçante. Je n’ai pas toujours une peau à parfums et, quelques fois, je suis un peu confronté à cela, notamment avec les créations très musquées. C’est ainsi, il me faut l’accepter. Il n’en demeure pas moins que « Iris Baie Rose » est vraiment magnifique.

Pour finir, je ne pouvais pas finir cette sélection sans « Cashmere » créé par Stéphanie de Bruijn en 2020 et qu’elle décrit ainsi : « C’est un boisé doux et subtil à porter à fleur de peau, et qui laisse dans son sillage le souvenir d’une élégance singulière... Il vous enveloppe de Santal, de Cèdre, de Bois précieux de Gaiac dans la chaleur féline de son Musc animal. Un parfum chaud et subtil auquel on s’abandonne les yeux fermés pour des instants de merveilleuse félicité ». Il est très ambigu avec son départ très vif et poudré de baies roses et d’iris qui se « corse » avec un coeur de cèdre, de vétiver et de santal puis son fond de muscs et d’ambre. Je ne suis pas un fou des boisés mais le côté baies roses qui, finalement perdure assez longtemps, me le rend addictif. J’aime beaucoup ce parfum. Il est particulièrement doux et réussi avec un petit côté animal tout en restant chic que je trouve vraiment original. Comme toujours, Stéphanie de Bruijn incarne, dans son travail, un certain chic parisien qui vient vraiment me plaire et me séduire. Avec « Cashmere », elle utilise les facettes des baies roses de manière très élégantes associées à des bois très bien travaillés. J’ai vraiment bien aimé cette composition. Elle pourrait être, pour moi, une option.

J’ai un certain goût pour le côté pétillant et translucide des baies roses, poivre ou autres, et je dois dire que leur présence dans un parfum, elles m’attirent dès l’envolée or j’aime bien quand elles perdurent un peu au long de l’évolution. En tout cas, elles sont souvent gage de personnalité. Je ne savais pas trop comment aborder cet article mais je crois que j’ai un peu réussi à dire ce que je voulais.