Bienaimé, voyage dans le temps
Quid de l’héritage de Robert Bienaimé, hormis les parfums qu’il avait créé pour Houbigant, et de sa maison née en 1935 ? Et bien, depuis 2021 à l’initiative de Cécilia Mergui, passionnée d’esthétique, elle renait grâce à Marie Schnirer et Patrice Revillard avec la réinterprétation de quatre parfums que j’ai pu découvrir récemment. Attention, cet article s’adresse aux amateurs de parfums vintage, historiques, et un peu surannés. Les amateurs de modernité ne s’y retrouveront pas. Je vais essayer de vous présenter les autre eaux de parfums que l’on m’a fait découvrir et qui ont, c’est vrai, bien qu’elles soient des créations contemporaines, un petit effluve du passé et d’un certain goût d’une élégance à la fois glamour et un peu désuète.
Le premier parfum que j’ai découvert est « La Vie en Fleurs » lancé en 2022 et qui met en valeurs des notes très fleuries et d’une grande élégance. « La Vie En Fleurs est un parfum floral poudré qui nous rappelle un bouquet de printemps. Il nous immerge dans un lieu joyeux et radieux où tout devient léger. Laissez-vous emporter dans cet univers agréable et pétillant où les notes de tête fruitées de framboise et de mandarine se marient avec un cœur floral d’iris et de pivoine. En fond, l’ambre, l’héliotrope et le musc blanc apportent un côté plus poudré ». Après une envolée de framboise et de mandarine vient un traditionnel coeur de pivoine. Le fond, iris et héliotrope, avec des notes ambrées et musquées, se fait poudré et presque matifiant. Je trouve que ce parfum, dans un style qui lui est propre. On a vraiment l’impression de la poudre de riz et des parfums des années trente. Je crois que c’est pour ça que je l’aime bien. Je ne sais pas s’il est mon préféré de la sélection mais j’’ai adoré le découvrir.
« Véritable caresse enveloppante et rassurante, Jours Heureux nous prend dans ses bras pour nous ramener dans un endroit apaisant et insouciant. Ce floral musqué aux notes aldéhydées en tête se marie subtilement avec un cœur enveloppant et poudré de rose et de violette. Le fond de vanille, musc blanc et tonka apporte une touche subtilement sucrée ». Réinterprétation d’un parfum de Robert Bienaimé datant de 1938. Je dois dire que, là encore, on s’y croirait. C’est un poudré amandé très très désuet que Marie Schnirer a remis au goût du jour en changeant un peu l’axe. La version 2022 est certes très poudrée mais elle s’inscrit dans une certaine tendance que l’on peut observer depuis deux ou trois ans : celui du cocon poudré. Après une envolée d’amande et d’aldéhydes, vient un coeur très poudré de géranium, de rose, d’oeillet et de violette puis un fond plus moderne de muscs blancs, vanille et fêve tonka. J’ai bien aimé mais, un peu dans ce style, j’ai fait d’autres découvertes dans le style qui sont peut-être plus à mon goût.
Comme son nom l’indique, « Fleurs d’Été » est un parfum floral lancé en 2022 et il est la réinterprétation d’un parfum créé par Robert Bienaimé de 1935. Il est aussi l’un de mes deux préférés de la marque : « Voyage au cœur d’un bouquet floral et musqué illuminé par la chaleur des rayons de soleil d’été. Plongez dans une abondance de fleurs fraîches, signature légendaire du parfumeur fondateur de la marque, Robert Bienaimé. Les notes de lilas blanc en tête associées à un coeur envoutant de jasmin d’Egypte clôturent notre voyage sur des notes de fond de musc et de santal ». Il est assez finement travaillé pour me plaire beaucoup comme on dit. L’envolée de bergamote, de lilas blanc et d’orange amère, associé aux aléhydes, il revêt un petit côté vintage très joli qui se modernise avec un coeur chocolat blanc un peu gourmand, jasmin d’Eguple qui prend beaucoup de place et d’ylang-ylang. Le fond très amandé, avec l’héliotrope très en avant et rehaussé par le santal et la vanille se fait un peu boisé et doux. C’est un très joli parfum assez floral qui, posé sur peau, prend énormément d’ampleur. J’ai bien aimé le fond que je trouve encore plus élégant que les deux premiers parfums.
« Vermeil » créé par Patrice Revillard est également dans le même esprit : « Vermeil met en avant, avec une grande élégance, l’univers poétique et intime des boudoirs. On y imagine la mise en beauté d’une femme, plongée dans une atmosphère calfeutrée où sillonnent les effluves poudrées et crémeuses de son maquillage. L’iris y rencontre la rose et la violette pour s’y marier parfaitement, tandis que le musc blanc associé aux notes santalées finissent de nous envoûter ». Ultra poudré, il est vraiment d’une grande élégance avec son envolée de graines de carottes et d’aldéhydes qui rappelle vraiment le côté très « année 30 », le coeur d’iris de rose et de violette s’inscrit d’ailleurs dans cette veine tout comme le fond d’héliotrope, de muscs blancs, de bois de santal et de baume de tolu. Je trouve « Vermeil » très facetté et il est vrai que Fabrice Revillard est dans son domaine de prédilection. Il excelle dans la création des parfums poudrés et celui-ci est totalement réussi, plein de petites nuances que je trouve très bien trouvées. Je ne pourrais pas le porter mais, vraiment, c’est une réussite.
Les parfums recréés de la maison Bienaimé me font penser un peu à ce qu’on pouvait sentir dans les boudoirs ultra-féminins des années 30. C’est comme un mélange de dentelle, de satin et de velours de soie avec la poudre de riz et les anciens produits de maquillage. Je suis vraiment très séduit par ces quatre parfums qui sont, c’est vrai, la quintessence d’une féminité glamour un peu oubliée.
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