Brécourt, une maison coup de coeur
Je connais la maison Brécourt depuis quelques années mais, à part « Farah » que je porte, je n’avais jamais vraiment mis mon nez sur les autres créations d’Émilie Bouge. À ce jour, la marque a sorti 22 parfums mais je ne les connais pas tous et je pense que certains doivent être discontinués car ils appartenaient à une collection éphémère. Brécourt existe depuis 2010 et je trouve que cette très jolie maison française tient une place intéressante sur un marché dont les prix sont en perpétuelle augmentation car ce sont de jolies créations, composées avec de belles matières premières et une certaine originalité. Je dois dire que je suis séduit par cet univers aux visuels sobres mais aux compositions audacieuses, modernes et particulièrement bien vues car tout à fait agréables à porter. J’ai extrait de la collection permanente mes trois parfums préférés. Occasion, s’il en est de revenir une fois encore sur « Farah » qui est mieux qu’un coup de coeur, plutôt un coup de foudre qui se confirme irrémédiablement cet automne et qui est l’un des rares parfums orientaux que je porte régulièrement.
« Avec Subversif, la maison Brécourt crée le trouble. C’est un parfum masculin auquel les femmes succomberont fatalement ! Peu d’entre elles ne résisteront à la tentation de le porter tant ces notes boisées sont suaves & gourmandes, avec un sillage sensuel sucré presque tabou. Charmez, courtisez, flirtez, séduisez, jouez... c’est exquis ! Subversif exalte les sens dès les premières notes via la présence de citron de Calabre, de bergamote & de figue noire. En cœur, les notes boisées de cèdre blanc, vétiver & patchouli se teintent d’une facette gourmande exquise grâce à l’accord praliné. Le sillage de Subversif est plus profond, suave et enveloppant. L’ambre, la vanille & les muscs se mêlent à la fève tonka & au cuir pour un effet définitivement ... troublant ! » Créé par Émilie Bouge en 2016, « Subversif » es sans doute le parfum qui m’a le plus dérouté car, à la vaporisation, je le trouvais vraiment très classique mais alors, lorsqu’on attend un moment, il devient vraiment singulier. Il s’avère très androgyne et faussement classique avec un départ de bergamote, de citron et de figue plutôt fusant mais qui se calme après quelques minutes et nous conduit sur un très beau coeur de patchouli, de cèdre et de vétiver arrondi par une note de praline très réaliste, qui peut paraître incongrue mais que je trouve vraiment à sa place. Le fond est résolument ambré et vanillé mais il revêt des accents de fève tonka et de muscs blancs. Je trouve ce parfum très moderne, un peu baroque. Sur ma peau, il se fait très facetté. Je ne suis pas certain que je pourrais le porter mais j’aime énormément le sentir.
À mi-chemin entre fougère et chypre, « Mauvais Garçon » est sans doute la création que je trouve la plus « dans l’air du temps ». Créé par Émilie Bouge en 2010, il était fort en avance sur son temps car il met la lavande en valeur dans une composition encore une fois androgyne et particulièrement élégante. « L’association de bois (Cèdre de Virginie - patchouli d’Indonésie) et d’épices fraîches (Cannelle Ceylan – Muscade) évoquent une virilité brut de décoffrage, que j’ai contrastée par un accord très raffiné de notes santalées et une fleur blanche. Le caractère addictif du parfum est renforcé par des notes suaves de fèves tonka et de Vanille ». Pour moi, « Mauvais Garçon » fait partie des parfums inclassables. On retrouve l’accord fougère imaginé par Houbigant mais enrichi avec un départ de bergamote, de basilic, de cannelle, de noix de muscade et d’élémi, un coeur de lavande et de fleurs blanches boisé par un accord d’armoise puis le fond se pose. On y retrouve des notes de patchouli, de cèdre, de santal poudrées par la vanille et la fève tonka. Pour moi, Émilie Bouge a vraiment revisité la famille des fougères avec un twist chypré. Je sais que cela existe dans d’autres parfums mais là, c’est très tranché. J’aime beaucoup « Mauvais Garçon » mais je le trouve presque trop moderne pour moi, enfin pour pouvoir le porter.
Créé par Émilie Bouge en 2010, « Contre Pouvoir » est également un coup de coeur. En effet, c’est un tabac épicé, super bien réalisé et qui me plait beaucoup dans son évolution. Après une envolée douce amère de cardamome associée au pamplemousse et à la bergamote, le coeur, boisé et thé vert de réglisse, de maté et de résine d’élémi est du plus bel effet. En fond, le tabac blond est finement travaillé et jamais saturé par l’ambroxan et le vétiver. « Invitée dans un club très huppé du 16ème arrondissement de Paris, j’ai ressenti la présence presque oppressante du pouvoir, mais aussi une attirance irrésistible pour le raffinement des lieux et l’ambiance feutrée des salons. A mes yeux, ce club illustrait un trait de caractère dont les hommes sont porteurs et qu’ils expriment parfois dans leur vie. J’ai décliné ces codes en travaillant le bois, le cuir et le cigare (Tabac blond Burley) d’une manière très originale, tout en y ajoutant des matières nobles et rares, comme la cardamome, dix fois plus concentrée que de coutume, et un accord inédit (Vétiver Haïti - bois de réglisse) ». Vraiment, c’est un parfum chic, à mi-chemin entre l’univers d’un (ou d’une) dandy parisien (parisienne), et des notes résineuses, boisées et naturalistes. J’aime beaucoup ce parfum. Il fait partie de mes trois coups de coeur. Je le trouve à la fois très audacieux et particulièrement facile à porter. Je pourrais me l’approprier même si j’ai une autre priorité dans la marque.
Il fallait une construction Chyprée et Émilie Bouge, en créant « Avenue Montaigne » en 2010, a fait un saut dans un passé pas si lointain : « Je reconnais aux femmes très sophistiquées une véritable influence. Ce que mes yeux ont vu dans le triangle d’or de la mode française, a rappelé à mon nez la libération de la femme dans les années 80 que j’ai voulu mettre au gout du jour. Les notes de Patchouli et de Jasmin sont exprimées de manière très moderne grâce une combinaison de Muscs radiants et à l’emploi d’une essence très spéciale de Patchouli Indonésie, purifiée de ses sesquiterpènes à l’odeur terreuse. La radiance est accentuée par les notes florales transparentes (Freesias-Lotus) associées aux absolues de Jasmin Egypte, Tubéreuse Inde et Rose Turque ». Le départ est vraiment étonnant avec une association de freesia, de mûre et de pamplemousse. J’aime. Beaucoup le double effet doux amer que la parfumeuse met souvent en avant lors des envolées. Arrive ensuite un coeur floral, un peu poudré, un peu aquatique aussi avec un bouquet organisé autour d’un beau jasmin avec des notes de rose, de gardénia, de lotus et de tubéreuse puis un fond de patchouli, de muscs blancs et de pêche. Avec ce parfum, je retrouve un peu l’univers d’un néo-chypré très étonnant à la « Sublime Balkiss » (The Different Company). Il me plait vraiment beaucoup et il faudra que je le réessaye à mon prochain passage à Paris car, comme ça, en première impression, il pourrait être un vrai coup de coeur.
Bien sûr, aucun des parfums que j’ai cité ne me plait autant que « Farah », lumineux et suave mais j’en parle tout le temps et j’ai décidé, pour cette revue, de me concentrer sur des créations différentes, un peu éloignées d’ailleurs de cet univers oriental, ce qui, pour moi, est loin d’être une appellation péjorative, bien au contraire. Vraiment, cette petite marque, peu onéreuse, élégante et inventive mérite des coups de projecteur. Je suis très séduit et bien content d’avoir remis mon nez dans les créations qu’elle propose.
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