Byredo, ou le luxe suédois
C’est sous l’impulsion du designer suédois Ben Gorham que la marque de luxe Byredo lance, en 2008, sa ligne de parfums pour soi. J’ai souvent évoqué les parfums de cette maison que j’ai pu découvrir au fil de mes pérégrinations parfumées mais j’ai trouvé intéressant de faire une vraie revue de ceux qui m’ont le plus plu. Outre le succès de « Bal d’Afrique » et de « Rose of No Man’s Land », Byredo recèle de nombreuses belles choses que ce soit en eau de parfum ou en extrait. Je possède nombre de doses d’essai et j’ai décidé, avant les vacances, de remettre mon nez dedans afin de venir vous en parler un peu précisément. La marque a lancé 58 parfums depuis sa création mais j’en ai sélectionné six que je trouve particulièrement réussis ou qui me semblent emblématiques du style Byredo.
Il est impossible de parler de la marque sans évoque, une fois encore, son best seller, j’ai nommé « Bal d’Afrique » créé par Jérôme Épinette en 2009. C’est un boisé frais, un peu dans l’esprit de « Aventus » de Creed, mêlant une envolée fraiche de bergamote, d’orange confite, de fleur d’oranger de tagète et de cassis à un coeur floral et poudré de violette, jasmin et cyclamen pour se poser sur un fond de cèdre, de vétiver et d’ambre avec quelques touches de muscs blancs. Original mais facile à porter, « Bal d’Afrique » se veut comme le parfum d’une génération et c’est sans doute ce qu’il est mais pas seulement. Il est vrai qu’il plait aux jeunes de 18 à 40 ans, particulièrement les garçons, mais il est suffisamment consensuel pour être porté par un homme plus mur un peu élégant ou par une femme de n’importe quel âge mais un peu audacieuse. Je me dis qu’il est presque dommage qu’une telle création n’existe pas dans le circuit sélectif car elle remporterait à coup sûr un grand succès tant il est élégant, dynamique et facile à porter. Pour moi, « Bal d’Afrique » est un beau coup de coeur et je suis content de l’avoir essayé plusieurs fois. Je lui avais d’ailleurs consacré un article en début d’année mais je voulais y revenir car il est incontournable chez Byredo.

Parmi. Les toutes premières créations de la marque, il y a « Baudelaire », lancé en 2009. C’set un cuiré épicé très original et qui ne plaira pas à tout le monde. Je le trouve assez « subversif » et très original. L’ouverture de graine de carvi, de baies de genièvre et de poivre est un peu agressive mais, très vite, le parfum s’adoucis avec, au coeur, un accord cuir très complexe, une note d’encens et un côté amer apporté par la jacinthe. Le fond de patchouli et d’ambre pourrait être très convenu mais la note de papyrus qui le complète le rend très étonnant. J’aime beaucoup ce parfum mais je pense qu’il n’est pas vraiment pour moi car je le trouve un peu trop capiteux. Ceci dit, il peut être une très belle alternative pour les amateurs des parfums cuirés de Memo ou de Tom Ford car, s’il garde son originalité, il est puissant et presque « brutal ».
Lorsque j’ai découvert « La Tulipe », dans notre excellente boutique lyonnaise « la Mûre Favorite », j’ai tout de suite accroché par le côté lilas frais de cette fragrance. Créé par Jérôme Épinette et Ben Gorham en 2010, c’est un vrai fleuri comme je les aime. Il est supposé reconstituer l’odeur de cette fleur jubilatoire. Je suis très dubitatif car je ne sais pas ce que sentent les tulipes mais le jus est super joli. Le départ de freesia, de cyclamen et de rhubarbe nous conduit sur un coeur de tulipe rose (je ne sais pas si c’est une note naturelle ou reconstituée) et un fond de vétiver et de notes vertes tout à fait rafraîchissantes. J’adore ce parfum. Il a une bonne tenue et il est très original. Il m’évoque un jardin au printemps avec toutes les fleurs qui commencent à éclore et à nos emporter dans des senteurs diverses et variées mais toujours agréables. Je l’ai réessayé pour écrire cet article et vraiment j’aime beaucoup. Je trouve que c’est une jolie réussite.
En voilà un qui met tout le monde d’accord. Il s’agit de « Rose of No Man’s Land » créé par Jérôme Épinette en 2015. Cette variation autour de la rose de Turquie que l’on retrouve tout au long de l’évolution est assez étonnante tout en restant un beau classique. Le poivre rose en ouverture lui donne, d’entrée de jeu, quelque chose d’épicé, voire même d’un peu piquant. Le coeur de rose de Turquie et de fleur de framboisier est très frais et en même temps sait se faire capiteux et le fond ambré et boisé avec une note de papyrus très originale me plait beaucoup. Je reconnais que je verse souvent dans les vieux clichés visant à dire que les parfums à dominante de rose sont plutôt féminins mais je me rends compte que ce n’est pas forcément vrai. Je trouve « Rose of No Man’s Land » est tout à fait mixte voire même androgyne. C’est un beau parfum qui garde l’équilibre entre fraîcheur et ténacité, entre classicisme et originalité et je pense qu’il est portable par un très grand nombre d’amateurs.
Sorti en 2017, « Bibliothèque » est, il me semble, la traduction en parfum pour soi d’une bougie qui existait déjà. Alors là, il coche toutes les cases. C’est un cuiré sur fond de vanille, de muscs blancs, de bouleau, de mousse de chêne et da patchouli avec un coeur de pivoine et de violette et une envolée de pêche et de prune. Il a tout pour me plaire et il me séduit ! Je l’ai essayé récemment, avant l’été, et je me dis que j’aimerais vraiment le porter. Il est sans aucun doute celui que je choisirai si je dois me décider. C’est un concentré d’élégance, un hommage aux anciens parfums de Dior ou de Rochas que j’aime tellement comme « Diorama » ou « Femme » dans sa version originale et, en même temps, c’est un vrai cuir de Russie comme je les aime. Son coeur poudré et floral est super original et vraiment je trouve que Jérôme Épinette a, ici, signé l’une de ses plus bells réussites. Je suis content que ce parfum existe et il est bien probable que je craque un jour d’hiver, comme ça, juste pour me faire plaisir. C’est tout de même un budget mais je trouve qu’il est justifié tant sa tenue est bonne et son sillage élégant.
En 2019, la marque lance trois extraits de parfums et mon préféré est, sans aucun doute « Seillier ». C’est un cuir capiteux, chic, très « à la française ». Le départ de thé noir très dense, presque fumé et de bois de cachemire très doux est double, le coeur, intense de feuille de tabac et de cuir m’a énormément plu et le fond, cuir de Russie, accord, je le rappelle de bois de bouleau et de mousse de chêne est vraiment super chic. Je dois dire que ce parfum a été vraiment un coup de coeur et que j’aurais bien franchi le pas mais c’est un investissement. Il me faudra l’essayer plusieurs fois, l’hiver prochain, avant de me décider vraiment. J’ai un vrai coup de foudre pour son côté, parfum français à l’ancienne qui me ramène dans les années 20 voire même avant, à l’époque des cuirs de Russie de Chanel ou de L.T. Piver dont je vous ai déjà parlé. Je ne l’ai senti que sur mon poignet mais je dois admettre que je me suis régalé. C’est une très belle création pour les amateurs de cuirés exceptionnels.
Il y a certainement plein d’autres beaux jus chez Byredo mais je dois dire que je ne les connais pas tous. Pour moi, la marque a fait le pari de lancer une collection de beaux classiques tendant à devenir incontournables plutôt que de jouer la carte de l’extrême créativité voire même de l’excentricité. C’est un parti pris que je comprends et je trouve que Ben Gorham a bien réussi car son succès ne se dément pas et qu’il est justifié. Un bémol cependant, c’est le prix, qui tend à augmenter de manière exponentiel depuis quelques années. C’est un peu dommage mais bon, le luxe a un coût.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 226 autres membres