Passion Parfums

 

Faire une revue sur la fève de cacao en parfumerie je n'y avais pas pensé je l'admets bien volontiers. C'est l'une d'entre vous qui m'en a donné l'idée au détour d'une conversation par mail et je l'en remercie elle se reconnaîtra. Il est vrai que la fève de cacao présente de multiples facettes. Bien évidemment on pense tout de suite au côté gourmand du chocolat même s'il peut être un peu amère parfois mais elle présente aussi un côté aromatique voir même parfois oriental. Tout dépend du parti pris du parfumeur et de la manière dont elle est travaillée. En faisant des recherches je me suis rendu compte que je connaissais pas mal de fragrances, surtout il est vrai dans des marques plutôt confidentielles, dans lesquelles la fève de cacao était utilisé en majeur. Du plus atypique au plus convenu j'en ai retenu cinq dont j'ai eu envie de vous parler.

Une fois n'est pas coutume je vais commencer par mon coup de cœur car c'est un parfum que je connais bien pour l'avoir porté énormément. Créé en 2017 par Mathieu Nardin pour Perris Monte-Carlo, "Cacao Aztèque" n'avait pas de prime abord retenu mon attention aussi suite à un quiproquo je l'ai reçu en cadeau dans sa concentration extrait de parfum (il existe aussi bien évidemment en eau de parfum) et, à ma grande surprise, je l'ai adoré et il m'a accompagné pendant des mois. La marque décrit de la façon suivante : "Un mélange qu'il est sûrement envie de plus. L'absolu de cacao est une essence précieuse est rare utilisée en parfumerie. Lorsqu'il est travaillé, il crée une liqueur dense et riche est un arôme pénétrant indéniablement addictif. Le parfum exotique stimulera vos sens et apportera des souvenirs parfumé sucrés et épicés". L'envolée est déjà tout à fait étonnante elle se compose de notes de poivre rose et de poivre noir ainsi que de cardamome. Le cœur construit autour d'un absolu de tubéreuse est enrichi de notes d'orchidée, de Pittosporum et de rhum. Puis le parfum se pose sur un fond d'absolu de cacao et de muscs enveloppés de bois de santal. Dire que "Cacao Aztèque" est original est bien au-dessous de la vérité. Pour moi il ne ressemble absolument à rien d'autre. Le mot qui me vient je l'ai souvent dit et ethnique. Lorsque je le sens je me laisse embarquer sans problème sur les traces des anciennes civilisations d'Amérique du Sud. C'est un parfum complètement atypique et je dois dire que si je ne le porte pas tellement en ce moment j'y reviendrai sans doute car j'ai vraiment adoré cette découverte. Je vais faire une mention spéciale à la version extrait de parfum que je trouve absolument extraordinaire. Les deux concentration sont belles mais celle-ci vraiment me transporte. Il est mon parfum à dominante de cacao préféré et de très loin. Je crois qu'il a remporté plusieurs prix ou tout du moins qu'il a été finaliste comme meilleur parfum de niche il y a quelques années dans plusieurs concours très sérieux. Je trouve que c'est complètement justifié car c'est aussi ça la parfumerie d'auteur. Inventer une fragrance qui casse tous les codes sans pour autant être difficile à porter.

J'ai découvert "Boccanera" créé par Alessandro Gualtieri pour sa marque Orto Parisi en 2014, il y a seulement quelques mois et je dois dire que cette bouche noire m'a énormément surpris. La marque décrit ainsi : "Un parfum recouvert de chocolat noir, un baiser volé qu'il est sur les lèvres un arrière goût épicé. L'équilibre de "Boccanera" et frappant, déroutant, le parfum et saveur, entre amour et crainte". La marque ne communique pas la pyramide olfactive mais je peux vous retranscrire mes impressions car je l'ai laissé vivre sur la peau et que j'en ai un souvenir extrêmement précis. Le départ est très oriental avec des notes il me semble à la fois épicé et pimentées ainsi que déjà des accents de cacao. Pour moi le cœur est floral je pense à un bouquet de fleurs blanches. J'imagine jasmin et tubéreuse. Le fond affiche une dualité entre notes de chocolat noir et de bois. Je pense éventuellement à du cèdre ou un bois exotique. Il me semble également sentir tes notes de vanille très aromatiques. D'un point de vue alimentaire je n'aime pas tellement le chocolat noir mais je dois dire que ces effluves m'intriguent, retiennent mon attention et me plaisent finalement. J'ai beaucoup aimé cette fragrance sur ma peau son évolution est absolument hallucinante. J'avoue m'être posé la question de l'acquérir et de le porter. Je l'ai essayé à plusieurs reprises. J'y suis revenu encore et encore. C'est une concentration extrait de parfum et son évolution est très longue. Ce n'est absolument pas un parfum que l'on peut acheter à l'aveugle. Il faut prendre le temps de l'essayer de l'apprivoiser de le faire siens ou de décider finalement, comme cela a été mon cas, qui ne nous convient pas. Pour moi c'est une très belle création, d'une grande originalité et qui garde quand même une certaine élégance Il n'est pas pour moi. La fève de cacao se fait ici chocolat noir et à tendance a me tourner un peu la tête. J'ai donc décidé de renoncer tout en me disant qu'il pourrait très bien convenir à un perfumista plus audacieux que je ne le suis.

"Tobacco Vanille" et sans doute l'un des fleurons de la Private Blend" de Tom Ford. Créé par Olivier Gillotin en 2007, ce parfum complexe et oriental fait la part belle à Lasne fèves de cacao au cœur d'une composition sophistiqué décrite par la marque par ces mots : "Une version moderne d'un grand classique très en vogue dans les clubs masculins d'antan. Une fragrance orientale, délicat, qui dévoile immédiatement des essences opulente de tabac rehausser de notes épicées et aromatiques. Ça date de cœur elle est longue curiosité de la fève tonka et de la fleur de tabac ainsi que de la vanille et du cacao, concluant par un accord de fruits secs et enrichi par la douceur de la sève d'arbre. Une fragrance orientale et délicat composé autour de l'essence de feuilles de tabac relevé de notes gourmandes épicées qui lui donne un sillage unique". J'avais énormément entendu parler de ce parfum avant de les découvrir et j'étais entre curiosité et lassitude. Lorsque je lisais des écrits sur cette fragrance les compliments me semblait presque trop abondants. Ceci dit je suis curieux et j'ai demandé le sentir lors d'un passage à Paris dans un stand de la marque d'un grand magasin. À cette époque nous n'avions pas encore à Lyon et je ne le connaissais absolument pas. Je dois dire que je l'ai aimé tout de suite. Il est tout ce que je ne pourrai pas porter. C'est un parfum très opulent et très oriental. Il ne correspond absolument pas à mes goûts mais je reconnais que c'est une vraie réussite. C'est que je ne supporterais pas autour de moi j'adore le sentir et le ressentir. C'est un parfum qui a du style. Je savais que les orientaux chez Tom Ford sortaient vraiment des en sentiers battus. J'avais adoré "Noir Extrême" créé par Sonia Constant pour la collection signature, que l'on peut trouver très facilement au rayon masculin des parfumerie du secteur sélectif. "Tobacco Vanille" est encore plus moderne et plus luxueux. Je comprends l'engouement des amateurs pour cette fragrance. Depuis que nous l'avons facilement à disposition je l'ai essayé autour de moi. Il est vrai que la note de cacao ressort et qu'il est vraiment très beau mais il n'est résolument pas pour moi. J'ai tourné autour mais je ne l'assumerai pas. Je vais trouve vraiment trop opulent.

"L'eau à la bouche... le bois du cumaru, à la douceur lactée, et rafraîchit de notre verte de fleurs de caféiers présidant a un accord tout en contraste sur le thème du noir et du blanc. À l'effet charnel purée sobre du premier réponds la douceur suave et poudrées du second mise en résonance par l'ombre vanillé et la fève tonka. Musc Maori est une gourmande ou totalité orientale qui développe un sillage charmeur, et enveloppant. Un parfum malicieux, faussement frivole qui fait corps avec la peau pour célébrer toute la sensualité". C'est ainsi que Pierre Guillot pas présente "Musc Maori 04" qu'il a créé en 2005 pour sa collection numéraire. Présenté comme ça il semble n'avoir rien à faire dans la sélection des parfums chocolat et cacao pourtant c'est une impression de chocolat chaud et de fèves torréfiées qui se dégage de l'envolée. Ce côté chaud et contrebalancé par la douceur acidulée de la bergamote et le côté poudrées des muscs blancs. C'est un parfum très singulier mais tout de même très addictif. Sur le papier il a tout pour ne pas me plaire et pourtant je dois bien dire que je me suis laissé embarquer dans son univers contrasté étonnant. S'il n'a pas du tout le côté exotique que j'attendais lorsque je l'ai senti je l'ai trouvé très intéressant. Certes il est trop gourmand pour moi voir même un peu sucré. Vous qui suivez ce blog vous savez que je n'ai pas de goût pour le sucre en parfumerie et bien souvent dans certaines créations de Pierre Guillaume c'est ce qui va m'arrêter. Par contre j'ai adoré sentir ce parfum que je trouve parfaitement réconfortant comme une tasse de chocolat chaud bue alors que l'on est assis dans un Rockin chair très d'une cheminée dans une maison à la campagne en plein hiver. Lorsque je le sens j'imagine tout à fait que je suis enveloppé dans un pull très doux et très chaud.

Il m'était absolument impossible de ne pas me remémorer "Bornéo 1834" créé par Christopher Sheldrake pour Serge Lutens en 2005 et que je considère comme un chef-d'œuvre. S'il appartient désormais à la collection très onéreuse des gratte-ciel, il a fait parti à sa sortie, Des parfums qui m'ont créé une vraie émotion. Comme toujours la marque ne communique pas la pyramide olfactive mais je sens très distinctement une fève de cacao torréfiées et opulente dans ce parfum qui est décrit ainsi ta Serge Lutens "Une île une date comme autant d'indices nous ramenant à la découverte du patchouli en Europe. À l'origine, antimite naturel glisser au cœur des rouleaux de soie venant d'Indonésie, en plein cœur du XIXe siècle. Son somptueux parfum se révèle à partir de 1834 aux élégantes de Paris". La dualité entre les notes un peu terreuses du patchouli et le côté soyeux et exotique de la fève de cacao est complètement inédit. Ce parfum étonnant, absolument envoûtant et pour moi l'une des grandes réussites de la marque. Il romp complètement avec les traditions des parfums orientaux très boisés fruités et résineux auquel j'étais habitué depuis quelques années déjà lorsqu'il est sorti. Cette interprétation du patchouli est complètement inédite. J'en conserve quelques gouttes très précieusement car si je ne le porte pas, le sentir, y revenir de temps à autre est un plaisir donc je ne suis pas près de me priver. Je trouve très dommage que son prix le rend très difficile d'accès aujourd'hui. J'avoue que je ne comprends pas vraiment la politique de la marque. Elle multiplie les points de vente les flacons de ce qui est devenu la collection noire et rend extrêmement dispendieux Des parfums qui autre fois étaient sensiblement au même prix. Je ne crois pas du tout que le coût de production est monté d'un coup justifiant les 290 euros pour 100 ml exigés aujourd'hui. C'est peut-être aussi l'une des raisons pour lesquelles je m'étais un peu détourné de la marque. Je trouve cette démarche assez irrespectueuse des clients qui ont soutenu la marque depuis ses débuts. Ce petit coup de gueule mis à part, je reconnais bien volontiers que "Bornéo 1834" est une merveille et je continuerai à le sentir avec plaisir.

Lorsque j'ai décidé de faire cette revue j'avais deux autres parfums en tête le premier est "Amour de Cacao" de comptoir Sud Pacifique et le second "Cacao Porcelana" de la maison Atelier Materi mais j'ai un peu oublié le premier et je n'ai pas vraiment essayé le second complètement je vous en parlerai sans doute dans un prochain article car je l'ai trouvé très intéressant à sentir. J'ai pris beaucoup de plaisir à écrire cette revue. J'ai pu remettre mon nez dans des parfums que j'avais un peu oublié ou encore me remémorer certains autres et finalement en découvrir au moins deux. J'ai trouvé la démarche enrichissante et je pense que je me pencherai à l'avenir sur des notes que je n'aime pas forcément sur le papier car je pourrais faire de belles découvertes et vous les communiquer par la même occasion.