Passion Parfums

Depuis une décennie voire un peu plus, Carlos Benaïm est devenu l’un des parfumeurs les plus demandés. Que ce soit pour le circuit sélectif ou pour des marques plus confidentielles, il a créé de nombreux jus dont certains très haut de gamme notamment pour les éditions de parfum Frédéric Malle. Très influencé par ses pairs, il revendique un travail dans la plus pure tradition de la parfumerie ancestrale et, à travers ses création, on se rend compte qu’il a associé entre elles des matières premières qui ne le sont pas souvent. Son goût pour le beau est une évidence et je trouve qu’il a très bien su le sublimer en terme d’odeurs. Je ne sais pas si les parfums de Carlos Benaïm sont fait pour moi mais ce dont je suis certain c’est que j’aime les découvrir et que souvent ils m’intriguent.

On ne parle pas souvent des parfums Bvlgari et pourtant je dois dire que j’aime bien « Jasmin Noir » que Carlos Benaïm a créé avec Sophie Labbé en 2009. Aujourd’hui, les perfumistas diraient que c’est un floriental. Son départ, très fleuri, avec des notes de gardénia dont le côté vert est renforcé par l’hédione. Le coeur de jasmin est arrondi par des notes d’héliotrope et d’amande amère et le fond très fève tonka et réglisse autour d’un patchouli et d’une ambre sèche est super élégant. C’est un parfum qui aurait tout à fait sa place dans une collection privée ou dans une marque de niche. Je crois qu’il y rencontrerait plus facilement sa clientèle. Pour moi, ce n’est pas un banal féminin du sélectif mais plutôt un jus étonnant, prenant, un peu désuet mais toujours élégant. Je dois dire que, même s’il est considéré comme un féminin, je le porterai facilement. Il est tout à fait conforme à mes goûts. Je l’ai re-senti pour écrire cet article et je dois dire que je l’aime vraiment beaucoup.

 

 

 

J’ai redécouvert très récemment « Eau de Magnolia » créé par Carlos Benaïm et sorti aux éditions de parfum Frédéric Malle en 2014 et je dois dire que je l’ai bien aimé. L’envolée de bergamote très fraiche et le côté soliflore du parfum me séduisent. Le magnolia et ses notes aquatiques sont sublimées par le vétiver et le patchouli sur un fond de mousse de chêne. Il a un côté chypré que l’on n’a pas l’habitude de sentir avec le magnolia. Presque tonique, c’est un parfum idéal pour cette saison d’été et il me séduit beaucoup. Tout en transparence, en légèreté, il semble pourtant avoir une tenue tout à fait satisfaisante. Androgyne à souhait, c’est un parfum pour le jour, pour l’été mais aussi pour les soirées un peu décontractées. C’est le tee shirt blanc et le jean. Il est très facile à porter, à s’approprier, à adopter. Il est l’un des beaux parfums de la collection même si on n’en parle pas beaucoup.

 

 

 

C’est lors d’un séjour à Genève et d’un passage à la très belle parfumerie Théodora que l’on m’a fait découvrir « Vivaciously Bold » que Carlos Benaïm a créé pour la marque Diana Vreeland en 2016. Plutôt destiné au marché américain, ce floral aux accents boisés m’a beaucoup plu. Je trouve que l’ouverture d’agrumes est particulièrement agréable et qu’elle est rehaussée par une note de poivre noir très bien vue. Le coeur de jasmin et de petit grain est totalement floral mais le fond de vétiver et de patchouli me plait beaucoup tant il est dense. Les muscs blancs lui donnent un petit air frais qui serait bien agréable en cet été. Les quelques parfums Diana Vreeland que j’ai découvert m’ont beaucoup plu mais je dois bien admettre que je suis un peu effrayé par leur prix qui dépasse allègrement les 200 euros. Ceci dit, si j’en trouvais un qui me fasse vraiment envie, peut-être pourrais-je franchir le pas… Je ne sais pas.

 

 

Avec « Music for a While » sorti aux éditions de parfum Frédéric Malle en 2018, Carlos Benaïm explore des notes qui ont le vent en poupe, l’ananas et la lavande. Si on doit le rapprocher d’une musique, je dirais que c’est une mélodie omniprésente, qui reste dans la tête, qui a un côté très insistant. Sa tenue est exceptionnelle et son sillage, je pense assez important. Le départ semble complexe entre carvi, bergamote, mandarine et lavande, le coeur intense de géranium et d’annas et le fond oscillant entre ciste, patchouli et caramel. Le parfum est complexe, évolutif et il me déroute beaucoup lorsqu’il passe. Je ne peux pas dire que je l’aime vraiment et je sens surtout la lavande et l’ananas et que l’association est assez inédite mais pas forcément conforme à mes goûts. C’est un parfum intéressant mais il ne me plait pas vraiment. Je le trouve un peu étrange et, si je suis séduit par les notes de tête, le coeur et le fond m’entêtent un peu. Ceci dit, il a ses adeptes et je ne mets en doute ni la créativité du parfumeur ni la qualité des matières premières utilisées.

 

 

 

En tant qu’ancien germanopratin et amoureux de ce quartier, je ne pouvais que me précipiter sur « 6 place Saint Sulpice » de la collection privée de la maison Yves Saint-Laurent que Carlos Benaïm a créé en 2017 et je dois dire que je ne suis pas déçu. Le ciste est la note principale et je trouve qu’elle s’harmonise parfaitement avec des notes de lavande et de fève tonka épicées par le safran après une envolée de bergamote. Le fond est cuiré et très chic. Je trouve que Carlos Benaïm a bien résumé l’esprit Saint-Laurent qui aurait pu être créé du temps où le créateur de la maison vivait encore tant il m’évoque les lignes épurées et le classicisme de ses modèles. C’est vrai qu’on s’imagine bien porter ce parfum en arpentant la rue Monsieur le Prince ou en buvant un café à la terrasse des Deux Magots ou du Flore après avoir flâné entre la rue du Four et la rue Jacob. J’aime beaucoup ce parfum et pourtant quelque chose me dit que j’aurais du mal à le porter. Ce sont les mystères de l’olfaction.

 

 

 

Carlos Benaïm est un parfumeur d’exception qui crée des jus atypiques. Il est connu pour ça et, s’il a aussi inventé des bests sellers un peu plus mainstream, je trouve qu’il excelle dans les marques plus exclusives tant son goût est sûr et tant il ose des choses. Je dois dire qu’écrire cet article m’a convaincu d’aller plonger mon nez dans plusieurs de ses créations. J’aime beaucoup son univers. Je dois donc creuser un peu plus.