Passion Parfums

Il y a bien longtemps, je suis allé à San Francisco en Californie. Cette ville est assez étonnante. Quand j’y pense, ce qui me vient en tête est la culture très européenne et l’ambiance plutôt mixte, les rues en pente et les maisons hautes et étroites. Je revois aussi les pluies torrentielles que nous avions eu à affronter. Globalement, j’ai un beau souvenir de San Francisco alors que je n’avais pas vraiment aimé Los Angeles et Sacramento. Je n’y suis resté, à l’époque, que deux ou trois jours mais je me souviens parfaitement des belles maisons près de la mer et des galeries d’art qui se trouvaient dans la rue adjacente à celle où j’ai été logé. Pour moi, ce souvenir est lié à des odeurs, tout d’abord la fleur d’oranger qui semble imprégner l’air de toute la côte ouest, ensuite celle des embruns du Pacifique, très denses, salés et profondément inspirants. J’ai aussi des souvenirs de couleurs, les nuances de blanc et de gris des maisons avec les volets colorés, l’océan, vert, presque turquoise mais aussi le gin tonic qu’on boit le soir entre copains. Il y a quelque chose d’un peu sophistiqué et, en même temps, de ce qu’on appellerait aujourd’hui la culture « bobo ». Enfin c’est le souvenir que j’ai de cette ville comme un écrin à l’expression et à une certaine littérature policière dont j’étais friand à l’époque. J’ai donc cherché un parfum qui me rappellerait cette endroit atypique de la Côte Ouest. Je pense qu’à l’époque, je portais beaucoup « Minotaure » de Paloma Picasso mais je n’en suis plus certain. J’ai préféré une parfum qui m’évoque la fleur d’oranger et la mer. J’ai bien pensé à un parfum salin mais le côté floral l’a emporté. Finalement, le parfum qui m’a le plus évoqué ce court séjour est « Le Temps des Rêves » créé par Mathieu Nardin pour Goutal Paris en 2020.

« Il arrive, en de précieuses occasions, que l'on sente que nos rêves peuvent devenir réalité. Le Temps des Rêves, c'est ce temps chéri pendant lequel Annick Goutal s'est autorisée à rêver de devenir parfumeuse : un temps marqué par les paysages initiatiques de Grasse et leur odeur réconfortante de fleur d’oranger ». De Grasse à San Francisco, il n’y a qu’un pas. L’envolée de fleur d’oranger et de néroli du Maroc mêlés à la bergamote donne le ton d’un parfum réconfortant et frais à la fois. Le coeur de myrte, très vert et presque déjà musqué nous conduit sur un fond construit sur un accord de fleur de lait que je ne sens pas trop, de son et de bois de santal. J’ai mis pas mal de temps à apprécier « Le Temps des Rêves ». Quand je l’ai découvert, je l’ai trouvé un peu quelconque mais, finalement, il a commencé à me plaire. Je n’irai pas à San Francisco fous les jours et il en est de même pour ce parfum mais, finalement, je l’imagine assez compatible dans une ville sophistiquée, sur la plage ou proche du Golden Gate. Je le trouve parfaitement adapté à ce carnet de voyage. C’est un parfum à redécouvrir. Il est très joli et m’évoque des vacances insouciantes.