Passion Parfums

Casamorati 1888 est « Une collection de parfums inspirés par l'art ancien de la parfumerie italienne : Xerjoff Vintage Collection Casamorati. Cette collection recrée l'histoire de la glorieuse maison de parfums fondée en Italie entre le 18ème et le 19ème  siècle, avec l'intention de préserver le patrimoine historique et artistique de cette époque glamour ». Il en résulte quatorze créations plutôt vintage qui remportent, je crois, un certain succès malgré un prix très élevé. Je ne suis pas très attiré, en général, par la marque Xerjoff mais j’avais envie de découvrir la collection, presque la marque Casamorati 1888. Je remercie donc Jessica, qui est une lectrice de ce blog depuis le début, de m’avoir permis d’en essayer une bonne partie. J’en ai sélectionné quatre et je vais essayer de vous transcrire de mon mieux mon ressenti.

J’ai un peu pioché au hasard dans les échantillons et le premier que j’ai découvert, je l’ai gardé dans ma sélection. Il s’agit de « Bouquet Ideale », un ancien parfum de Casamoratti 1888 créé par le parfumeur français Jacques Fiori en 2010. Sergio Momo, le directeur artistique de la marque le décrit ainsi : « Un rêve inoubliable lors d'une nuit romantique d'avril. Bouquet Ideale vous étreint avec une aura à la fois chaleureuse, flamboyante, rêveuse et poudrée ». Je dois dire que je suis un peu mitigé sur ce parfum. En effet, j’aime beaucoup l’envolée de noix de muscade, qui est vraiment une note qui me plait en parfumerie et de cannelle. Je suis plus mesuré sur le coeur très opulent de santal, de cèdre et de papyrus qui m’a quelque peu dérouté car je le trouve beaucoup plus fleuri que je n’aurais plu. Pour ce qui est du fond, la marque parle de coumarine, de labdanum, de musc et surtout de fleur de tabac mais, pour moi, il est pratiquement uniquement vanillé mais ce n’est pas une note naturelle et aromatique mais bien une vanilline de synthèse très saturée que je sens. Je dois dire que c’est assez dommage car, s’il avait été plus facetté, « Bouquet Ideale » aurait pu être un coup de coeur. Sur ma peau, il est un peu « d’un bloc » et je m’ennuie vite. D’autre part, je trouve que l’abondance de vanilline est un peu entêtante. C’est un joli parfum tout de même mais je lui préfère, et de loin « The Purple Bar » de Cherigan, que j’ai réessayé en même temps car, dans le même style, je le trouve plus abouti.

« Une Cologne italienne avec une riche nuance orientale. Mefisto est divin et apaisant. Splendeur d'un parfum italien classique d'agrumes, floral et boisé. Un héritage » c’est ainsi que Sergio Momo parle de « Mefisto » lancé en 2009. Classique, vintage en diable, ce parfum s’ouvre sur des notes amères de pamplemousse, adoucies par la bergamote, rendues presque aromatiques et relevée par le citron. Très vite on passe sur un coeur ultra poudré d’iris et de rose puis sur un fond musqué soutenu par le cèdre et le santal avec une touche d’ambre. Je trouve que c’est, et cela doit être le but, une création très convenue. Hormis le le coeur vraiment poudré qui peut surprendre, la dualité entre les agrumes, la lavande et les bois des notes de fond, le parfum est une Cologne à l’italienne très vintage, jolie, bien réalisée mais manquant quand même singulièrement d’originalité. « Mefisto » c’est une élégance italienne classique, un peu désuète et pas désagréable mais je ne suis pas, une fois de plus, complètement séduit. Je le trouve un peu trop sage, pas assez profond dans son évolution. Je pourrais le porter mais je ne pense pas que je me tournerai vers « Mefisto » en premier.

Lancé en 2013, « Gran Ballo » est un bouquet floral très vintage organisé autour du chèvrefeuille et je rentre très facilement dans le parfum car le départ de fruits rouges et de mandarine est vraiment fugace et on rentre vite dans le vif du sujet avec un coeur très fleurs blanches car, autour du chèvrefeuille, on peut découvrir le gardénia très présent et une touche de jasmin opulent et presque fruité. Le fond de vanille est très naturel et discret et s’harmonise bien avec l’ambre et le santal. La petite originalité est une touche « caramel beurre salé » très surprenante. Sergio Momo, le décrit ainsi : « Tournée florale au palais. Gran Ballo affiche la grandeur de la tradition du 18ème siècle des fêtes aristocratiques où les jeunes filles avaient l'opportunité de trouver leur prince charmant » et je trouve qu’il n’y a pas grand-chose à ajouter. Je le rapproche tout à fait des féminins floraux mais un peu orientalisés du XIXème siècle tel que je me les imagines. Allez, je tente une idée : il pourrait être le parfum d’une héroïne de Visconti, par exemple du personnage de Claudia Cardinale dans « Le Guépard ». Il me rappelle un peu des anciens parfums de Creed aujourd’hui disparus et c’est plutôt un compliment car ils manquent quand même pas mal dans le paysage olfactif. J’ai bien aimé « Gran Ballo ». C’est un joli parfum mais je lui préfèrerai presque des chèvrefeuilles plus solinotes tels que l’on peut en trouver de temps à autre au fil de nos pérégrinations.

Mon préféré parmi les parfums de Casamorati 1888 que j’ai pu découvrir est, sans aucun doute, « Dama Bianca » lancé en 2012. Sergio Momo le décrit ainsi : « Le voile délicat d'un petit matin méditerranéen. Dama Bianca est un parfum blanc, qui évoque le sentiment de sensualité ». Un peu exotique avec son départ de kumquat confit et poudré par l’iris et rendu plus doux par le citron vert m’interpelle dès la vaporisation, le traitement floral plus que poudré de la violette en coeur est assez surprenante et s’harmonise avec de discrètes notes de muguet, de lilas et de jasmin puis le fond, clairement vanillé atténue un peu le côté bouquet pour se reposer sur des notes musquées, boisée et surtout sur la graine d’ambrette qui lui apporte quelque chose de très singulier. La marque le décrit très bien : « Dama Bianca, "La dame blanche" est l'histoire d'une femme aveuglée par ses rêves. Enfermée derrière les murs de la jalousie et de la déception, sa seule échappatoire reste la délicieuse odeur qui s'échappe des fruits et des fleurs hors de sa portée ». Il m’évoque un peu un exotisme hollywoodien des années trente. Je m’imagine le sentir flottant dans l’air dans une « chinoiserie » de Josef von Sternberg. J’aime bien ce parfum. Je pourrais tout à fait le porter car, sur ma peau, il se développe plus en ajoutant les notes qu’en les remplaçant. En tout cas, il matche et ce n’est déjà pas rien car ce n’est pas toujours le cas.

Globalement, je ne suis pas vraiment emballé par la marque car on ne peut pas tout aimer mais j’ai découvert de belles chose quand même et j’en remercie Jessica. Casamorati 1888 s’adressera vraiment aux amateurs de parfumerie italienne à l’ancienne. C’est le postulat de départ voulu par Sergio Momo et le but est atteint. Je dois dire que je n’ai eu qu’un choc et pas dans le bon sens du terme. Il s’agit de « La Tosca » qui, pourtant, sur le papier avait tout pour me plaire et qui, finalement, m’a tellement dérangé que j’ai du enfermer la dose d’essai dans une enveloppe car l’odeur m’incommodait. Au niveau de la qualité des jus, je la trouve correcte. Les matières premières ne semblent pas exceptionnelles mais le tout se tient. Encore une fois, il fallait recréer une ambiance très « à l’ancienne mode » et ce n’est pas toujours facile avec les interdictions de l’IFRA de nos jours. Je trouve que la marque est meilleure avec les fleuris que dans les autres familles olfactives. En tout cas, c’était une expérience que je voulais faire depuis très longtemps et que je suis content d’avoir réalisée.