Passion Parfums

Quand j’ai commencé à écrire ce blog, j’ai réalisé ma première interview et je remercie encore Céline Ellena Nezen d’avoir eu la gentillesse de répondre à mes questions et de l’a bienveillance qu’elle a toujours manifesté pour mon modeste travail. Je suis d’autant plus touché que j’ai toujours été très client de son travail depuis que j’ai découvert les parfums qu’elle a signé pour The Different Company il y a déjà longtemps. J’ai d’ailleurs porté, « De Bachmakov » jusqu’à ce qu’il disparaisse du catalogue, il y a un an ou deux. J’ai même encore du stock. Je ne compte plus les créations de Céline que j’ai adopté. Certaines comme « Mon Poivre » de Fragonard ou encore « Bana Banana » de L’Artisan Parfumeur n’existent plus mais plein d’autres perdures et il y en aura, bien évidemment de nombreuses dans l’avenir. L’une de vous m’a demandé de sélectionné cinq parfums réalisés par Céline Ellena et de vous donner un avis que j’espère objectif même si la subjectivité est comme la règle en parfumerie. Je n’ai pas du tout eu de mal à trouver ni à venir vous en parler et je m’étonne même de ne l’avoir pas fait plus tôt.

Pour moi, le nom de Céline Ellena Nezen est lié intimement à The Different Company car elle a réalisé, pour la marque, plusieurs créations absolument magnifiques. Je ne vais pas encore parler de « Sublime Balkiss » car je suis revenu dessus très souvent déjà mais j’ai décidé d’explorer « Pure eVe » qu’elle a créé en 2011 et que j’ai eu l’occasion de porter car j’avais reçu en cadeau un tout petit conditionnement il y a quelques années. « Une composition suave d’une étonnante fraîcheur et pureté. Soutenue par un Musc évanescent, la fragrance laisse échapper les effluves doux et sucrés de la Fleur de Lin et du Calisson. La sensation d’un parfum de peau frais et confortable ». J’ai toujours aimé les parfums avec des notes d’amandes ou d’héliotrope et « Pure eVe » est vraiment un cocon très enveloppant et particulièrement agréable à porter même si, pour une fois, je le trouve un peu trop féminin pour moi. Il s’ouvre avec des notes d’aldéhydes qui s’avèrent quand même fugaces et nous emmènent sur un coeur délicatement poudré de graine de lin, de rose et de mimosa puis sur un fond d’amande, de muscs blancs et de cèdre qui assurent une tenue à l’ensemble. « Pure eVe » est peut-être légèrement trop gourmand pour moi avec son côté calisson mais j’adore le sentir. Je trouve que c’est un très beau parfum dont on ne parle pas assez.

 

 

 

Le second parfum qui me vient à l’esprit en écrivant est mon coup de coeur dans la très belle maison de parfums J.U.S. et il s’agit de « Springpop » créé par Céline Ellena Nezen en 2018. « Un feu d’artifice de fleurs et de couleurs pour célébrer l’arrivée des beaux jours. Une ode à la vie, joyeuse et pétillante ». Pour en décrire l’inspiration, la marque explique : « Premiers beaux jours... l'hiver abandonne la partie. Le printemps explose joyeusement : fleurs, sève et jeunes pousses. L'air sent les foins, l'iode et les résines. Springpop c’est le parfum de la route de vacances. Celle de la Nationale 7 lorsque l’on quitte les voies rapides pour rejoindre les routes champêtres annonciatrices de temps heureux. Une composition construite autour d’un bouquet floral abstrait auquel le basilic apporte une dimension verte aromatique. Un nuage de musc confère sillage et tendresse à cette déclaration d’amour à la vie signée Céline Ellena ». Pour ma part, et sans savoir qui en était l’auteure, j’ai eu un coup de coeur pour ce parfum lorsque j’ai découvert la marque dans son ensemble il y a quelques années. La colonne vertébrale en est limpide puisque la fragrance s’ouvre sur des notes de bergamote travaillées plutôt de manière très fraîche pour évoluer vers un bouquet de fleurs un peu mystérieux puis un fond overdosé en muscs blancs. C’est une très belle création qui est, c’est vrai, idéale pour un printemps durant lequel la nature renait.

 

 

Si je veux évoquer les créations de Céline Ellena Nezen, il m’est difficile de passer à côté des deux parfums qu’elle a créé pour Houbigant et qui sont, pour moi, vraiment des coups de coeur. Je me suis souvent exprimé là-dessus mais c’est aussi l’occasion d’y revenir. Le premier est un grand féminin. Elle a composé « La Belle Saison » en 2020 et ce travail, toujours printanier, autour du mimosa, est, pour moi qui n’aime pas spécialement l’odeur de cette fleur dans la nature, un bouquet chic et addictif. Céline Ellena décrit ainsi sa création : « Lorsqu’une ondée du printemps est aussi légère et enveloppante qu’une pluie de plumes, c’est le parfum de la belle saison. De la terre vers le ciel, fleurs et feuilles saupoudrées de lumière et d’eau exhalent des parfums tendres et transparents. La Belle Saison évoque la lumière d’une journée de printemps, lorsque les jours s’allongent et nous promets de beaux lendemains. C’est un somptueux bouquet floral or et blanc, lumineux et soyeux, à l’image de la féminité printanière » et ce sont aussi les couleurs que j’imagine lorsque je le sens. J’ai essayé ce parfum sur ma peau en me disant qu’il serait trop féminin pour moi et je me rends compte que je pourrais parfaitement le porter finalement. Il s’ouvre avec des notes d’abricot et de poivre rose et dès le départ, j’ai envie de me plonger dedans. Puis vient un coeur de mimosa et de fleur d’oranger qui entourent la fraîcheur du muguet mais c’est surtout le fond de ciste, légèrement cuiré et adouci par le santal et les muscs que je trouve magnifique. Vraiment, ce parfum faisait partie de mon Top 2020 et il sera encore parmi mes préférés pendant longtemps.

 

 

« J’ai eu cette chance, lors des confinements, de vivre à la campagne dans la région de Grasse où j’ai eu tout le loisir de contempler la fuite du temps et d’accueillir ainsi, l’arrivée des beaux jours. Assise à l’ombre du figuier noir dont les branches noueuses m’enlaçaient tels de longs bras sensibles, rafraichit par la caresse du vent qui froissait doucement au-dessus de ma tête les feuilles si larges qu’elles m’évoquaient des mains de géant, j’ai deviné au-delà de l’écorce, la pulsation douce, apaisante, de la sève. Nez tendu, les mains abandonnées à la terre, yeux clos, je me suis laissée emportée par les vagues de senteurs contraires, mais troublantes. Engourdie et bienheureuse, j’ai aussitôt rejoint mon atelier pour ne rien perdre de ma récolte volage et, devant ma balance, j’ai formulé une suite brève d’ingrédients odorants. Car, vous le savez sans doute, les hommes aiment à se définir en peu de mots » telle est l’inspiration de Céline Ellena Nezen pour décrire « Figuier Noir » sorti en 2022 et qui est, il faut le dire le pendant masculin de « La Belle Saison » chez Houbigant. J’ai eu un tel coup de coeur pour ce parfum que je lui avais demandé de venir nous le présenter sur le blog, ce qu’elle avait fait très gentiment. Aujourd’hui, « Figuier Noir » reste mon premier Houbigant et il est aussi l’un des parfums qui m’a vraiment réconcilié avec la note de figue que je n’aime pas du tout lorsqu’elle est laiteuse. Après une envolée de feuille de figuier épicé de poivre noir, de cardamome et de clou de girofle vient un coeur dans lequel le fruit juteux est entouré des accents floraux du jasmin et de l’iris puis le parfum se pose sur un socle boisé de cèdre et de patchouli. C’est un parfum très intense que je porte surtout l’hiver mais d’autres le préfèrent durant l’été et je le comprends. En tout cas, pour moi, il reste une vraie réussite et je crois qu’il rencontre un grand succès mérité.

 

 

Pour boucler la boucle, je vais terminer ma sélection avec une très belle création de Céline Ellena Nezen pour The Different Company et il s’agit de « Oriental Lounge » lancé en 2009 et que la parfumeuse nous décrit par ces mots : « Parfum mystérieux et lumineux, provocant et troublant. Jeux entre des matériaux doux et amers, lisses et piquants. C'est un Ambre résolument moderne que je souhaite porter avec un jean et une chemise en coton blanc, un ambre franc et direct, pour les femmes et les hommes qui recherchent confort, douceur, sensualité et beaucoup de caractère. Dans l'idée d'un vêtement qui suggère mais ne dévoile rien. Un ambre qui joue de fausse pudeur pour mieux vous attirer dans son filet … ». Avec son départ de caloupilé, une plante aux feuilles vertes dont je n’arrive pas très bien à identifier l’odeur, et qui est associée au poivre noir et à la bergamote, le parfum m’intrigue dès la vaporisation et son coeur de rose boisée vient me rassurer autant qu’un fond ambré, cuiré par le ciste labdanum puis légèrement poudré par la fève tonka. J’ai découvert ce parfum il y a à peu près un an et j’étais complètement passé à côté. Je me suis vraiment fait plaisir à l’essayer. Je pourrais parfaitement me l’approprier. Sa singularité est vraiment étonnante. Je ne sais pas le décrire avec précision car il faut le sentir. Je le trouve vraiment troublant et il faut le sentir, le porter et le re-sentir.

 

 

Comme vous l’aurez compris et, je l’ai dit, j’ai eu un coup de coeur pour la signature de Céline Ellena Nezen bien avant de lui proposer une interview. J’ai porté plusieurs de ses créations et, aujourd’hui, « Sublime Balkiss » est sans doute l’un de mes parfums fétiche. Je regrette, en revanche beaucoup que plusieurs des compositions que j’affectionnais aient étés supprimées des catalogues. J’ai parlé de « De Bachmakov » bien évidemment mais aussi de « Bana Banana » dont l’envolée me dérangeait un peu mais dont j’aimais énormément l’évolution. Je pourrais aussi citer « Sel de Vétiver » par exemple mais il y en a certainement d’autres. Le travail de Céline est vraiment porteur, pour moi, d’émotions et j’espère découvrir ses prochaines créations… Mieux, je les attends avec curiosité.