Chez le barbier
Avec la mode des looks hipsters voire même des barbes en tous genre, certaines références changent dans l’imagerie des parfums masculins. Outre les orientaux ou les aromatiques fougères, on assiste à une « adaptation » à l’univers des barber shops qui fleurissent dans nos rues et c’est presque une famille olfactive à part entière qui nait ainsi. Je dois dire que je trouve que le côté fougère, absinthe, voire même un peu savon de Marseille est assez agréable. J’ai découvert, au cours de ces derniers mois, plusieurs fragrances que j’appellerais les eaux de toilette de barbier. Si j’ai porté « English Fern » de Penhaligon’s qui a, hélas disparu, je pense trouver mon compte dans les créations plus récentes et qui me font penser à cette ambiance à la fois chic et masculine. Ceci dit, je me répète mais je pense que ces effluves peuvent plaire aussi aux femmes audacieuses, énergiques un peu à la Katharine Hepburn et compléter leur silhouette et leur style tout à fait avantageusement. Allez, entrons dans l’univers des barber shops un peu à l’anglaise et faisons ensemble des découvertes.
Le look hipster
Le premier parfum qui me vient à l’esprit est également une création britannique dont j’ai déjà parlé assez souvent. Il s’agit de « Elite » de Floris London lancé par la marque en 1980 et qui résume bien la dualité entre aromatique et cuiré qui est parfait pour l’ambiance des barber shops. L’ouverture de petit grain, de pamplemousse et de bergamote est légèrement amère et est soutenue par une note presque fraîche de cèdre. Le coeur de lavande est typique de la parfumerie « à l’anglaise » et je trouve qu’elle assure au parfum une grande élégance. Le fond de patchouli et d’un accord cuir de Russie est particulièrement chic également. J’ai longtemps tourné autour de ce parfum si élégant et portable indifféremment en été comme en hiver. Je trouve qu’il est l’archétype des fragrances de barbier à la fois denses et fraîches. Avec « Elite », il est assez impossible de faire une faute de goût. C’est un petit bijou de la parfumerie.
Restons au Royaume Unis avec l’un des fleurons de la collection des portraits de Penhaligon’s. Créé en 2016 par Alberto Morillas, « The Tragedy of Lord George » est un parfum particulièrement atypique entre oriental et boisé. L’ouverture de brandy est assez ronde mais l’association fève tonka et notes boisées lui donnent, par la suite un côté presque savon d’Alep ou savon de Marseille. Je trouve qu’il se dégage de cette fragrance quelque chose d’à la fois élégant idéal pour un dandy, et parfaitement propre comme après une visite chez le barbier. La concentration est très élevée et la tenue vraiment très longue. Je dois avouer qu’il n’est pas celui de la collection des portraits que je préfère pour le porter moi mais je reconnais qu’il est particulièrement réussi. Il a un esprit barber shop mais dans une version chic et « aristocratique ». Le prix de « The Tragedy of Lord George » est élevé et il faut vraiment qu’il soit un coup de coeur. Son succès prouve qu’il peut bien souvent l’être.
Il était normal que la maison Murdock London ait, dans sa collection, plusieurs parfums de barber shop étant donné que c’est leur activité principale. En France, la marque a eu un partenariat avec la maison de prêt-à-porter Hackett et j’ai pu découvrir les fragrances qu’elle a lancé lors d’une journée shopping complètement par hasard. Je les ai toutes trouvées réussies mais celle qui m’a le plus évoqué l’univers d’un salon de barbier est « Napier 1903 » lancée en 2014. Le départ de sauge et de cyprès annonce un parfum fougère mais je trouve que le coeur de figue et de patchouli le rend très original. Le fond de mousse de chêne et d’ambre l’arrondit considérablement. Curieusement, et même si c’est un chypré, je lui ai trouvé comme un côté fougère. Il m’a un peu évoqué « Derby » de Guerlain par exemple. Le prix, à l’époque, m’avait semblé plus que correct mais la gérante de la boutique Hackett n’avait pas encore le produit de vente. Elle ne disposait que du testeur. J’ai bien aimé, j’ai pensé l’acheter mais j’ai eu du mal à le trouver et je me suis tourné vers autre chose.
Dans ce style, à l’anglaise, je pense aussi à « Amber & Lavender » de Jo Malone London que j’ai découvert il y a déjà longtemps et que j’ai eu la chance de porter un peu. Créé par la fondatrice de la maison en 1995, je crois qu’il reste, bien longtemps après, l’un de leurs bests et je le comprends. « simplistique », élégant, « Amber & Lavender » est vraiment un must. L’ouverture de lavande, de menthe et de bergamote est très fraiche et le coeur, légèrement épicé nous conduit sur un fond de patchouli et d’ambre. J’ai adoré la dualité entre la lavande et l’ambre. Je trouve qu’il y a quelque chose d’intemporel, de très élégant et de complètement inter-générationnel. J’aime beaucoup la simplicité du travail de Jo Malone. La formule est courte, épurée, elle va à l’essentiel et je retourne sentir ce jus dès que j’en ai l’occasion. Pour moi, il est l’un des meilleurs parfums de barbier sur le marché.
Il y a quelques jours, j’ai découvert « At The Barber’s » créé en 2014 par Louise Turner pour la collection Replica de Maison Martin Margiela. Comme son nom l’indique, il évoque les produits d’un univers de salon de barbier assez chic. L’ouverture de bigarade, de basilic et de poivre noir ouvre sur un coeur à la fois floral avec le géranium et aromatique avec le romarin et la lavande. Le fond est cuiré et musqué. Je le trouve très sec. Il a un côté également très propre, très « après la douche », que je trouve assez agréable. Ceci dit, je trouve que, comme souvent les parfums de cette marque, il manque un peu d’identité. J’aurais aimé qu’il me surprenne un peu plus mais ne soyons pas bégueule, « At the Barber’s » est un joli parfum, très masculin, à la fois moderne et classique et il coche toutes les cases pour plaire à un plus grand nombre. Je trouve qu’il porte très bien son nom et, finalement, il correspond assez bien à l’idée que je m’en faisais.
Il existe et existera sans doute beaucoup de parfums dans cet esprit. Je voulais revenir sur « English Fern » qui a été, hélas, arrêté par Penhaligon’s. J’en possède encore 50 ml que je me surprends à économiser. Ceci dit, qui sait, au cours de mes pérégrinations, je tomberai peut-être sur un nouveau « parfum de barbier » qui pourrait me séduire et que je trouverai adéquat. Leur nombre est de plus en plus nombreux mais je suis assez impressionnés que certains arrivent encore à me surprendre.
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