Passion Parfums

J’ai beaucoup aimé les parfums créés par Christian Provenzano pour Anima Vinci, Bodicea the Victorious, Clive Christian, Jo Malone, Penhaligon’s mais aussi Yardley. Il est le plus anglais des parfumeurs français et je brûlais de découvrir sa marque éponyme. Grâce à Jessica qui suit ce blog depuis le début, j’ai réussi à découvrir trois des 14 parfums de la marque et je dois dire que je suis assez content de l’avoir fait même si j’ai été un peu dérouté car, si je reconnais la signature du parfumeur, je trouve qu’il explore des univers que je ne connaissais pas. J’ai donc eu envie de leur consacrer un article avant d’en découvrir d’autres. Allez, allons sentir et essayer les créations les plus personnelles de Christian Provenzano.

Christian Provenzano

C’est avec un départ de mandarine associée au poivre noir, à la cardamome, à la douceur de la bergamote et au côté presque « croquant » du cassis que s’ouvre « Ophélie ». L’héroïne tragique d’Hamlet aurait pu porter ce coeur de rose, de jasmin, de magnolia, de néroli soutenues par le côté presque vert du maté et ce fond poudré et vanillé de fève tonka associé au naturalisme de la mousse de chêne et au côté cocon des muscs blancs. Complexe, ce parfum va être très évolutif sur la peau. La marque le décrit ainsi : « Les notes de fruits frais donnent le départ vers les îles grecques. Ophélie vous transporte sur la mer Égée où le bleu de la mer se confond à l’azur du ciel ». J’ai un vague souvenir des îles grecques mais c’est vrai que ce parfum ne m’évoque pas tellement un voyage. C’est plutôt pour moi, la visite d’une parente très jeune, voire juvénile. Je n’irai pas jusqu’à dire que « Ophélie » est un parfum pour « jeunes filles en fleurs » ce qui serait à la fois réducteur et un peu cliché voire même condescendant mais je le trouve irrémédiablement lié à l’enfance, à un jardin un peu rêvé et à des jeux autour des balançoires. Je ne saurais dire pourquoi il m’évoque ça mais vraiment c’est l’émotion qu’il me provoque. Il a quand même du corps et de la personnalité. Je dois dire que son évolution sur ma peau est assez belle. La rose serait plutôt jaune mais n’est jamais mièvre.

Lancé en 2018, « Nuit de Noces » est le second parfum que j’ai essayé. « Une fragrance romantique et sensuelle dédiée à l'amour éternel. Fermez les yeux et imaginez une pièce montée avec ses effluves de vanille, caramel et d'amande amère ». L’envolée de mandarine, de bergamote, de petit-grain et d’angélique est assez classique et me plait bien et on évolue vers un coeur amandé, légèrement amer et poudré d’héliotrope, de jasmin et de rose qui me plait bien. C’est, je dois le dire, les notes de fond qui ne me plaisent pas trop. L’association, après une dizaine de minutes de sucre brun, d’encens, d’ambre, de musc et de vanille est vraiment trop gourmand pour moi. Je ne pourrais absolument pas porter ce parfum même si je me surprends parfois à en aimer certains autres qui appartiennent à cette catégorie. Vraiment, le côté sirop de mandarine me gène beaucoup. La tenue est complètement suffisante et le parfum est facetté. Dans le style, je lui préfère, et de loin, « Animal Mondain » de Pierre Guillaume et « Changing Constance » dans la collection des portraits de Penhaligon’s. Je trouve que « Nuit de Noces » a vraiment un fond entêtant, presque écoeurant. Je passe mon tour.

J’étais complètement passé à côté de « Fleur d’Asie » lancée en 2021 et pourtant, il entre parfaitement dans mes goûts. Il s’ouvre sur des notes de nénuphar, de mandarine, de poivre rose, d’ambrette, de pêche et de pomme. C’est cette dernière note qui, il faut le dire, prend le pas sur les autres et vient s’enrouler autour du coeur de magnolia rehaussé, de rose, de jasmin et de néroli. Le fond est clairement, organisé autour des muscs blancs, avec un versant ambré vanillé, un autre patchouli vétiver et mousse qui lui donne un côté presque chypre floral. Je ne sens pas trop la note de santal mais il me semble qu’elle adoucit l’ensemble. « Fleur d’Asie », s’il est mon préféré de la sélection, n’est pas un vrai coup de coeur. Je le trouve presque trop sophistiqué et, même s’il ne matche pas mal sur ma peau, il est un peu difficile pour moi à un moment de son évolution. La marque le décrit ainsi : « Un départ pétillant de fruits frais vient délicatement se marier au douces fleurs asiatiques que sont le néroli, la rose de mai , le magnolia et le souci. Profitez de votre thé, immergé dans l’odeur tropical du jasmin » et je suis assez d’accord avec l’interprétation. J’aime bien « Fleur d’Asie », il faut le dire mais peut-être que la note de pomme est, pour moi, un peu omniprésente ce qui m’empêcherait peut-être de le porter. Il faudra que je le réessaye sans avoir senti autre chose avant.

Indéniablement, les parfums de Christian Provenzano, que pour sa collection Universal ou pour celle des Perfumers, sont très qualitatifs et on retrouve la touche très singulière qu’est la signature du parfumeur mais, je dois bien le dire, je ne suis pas aussi conquis que par ce qu’il a composé pour d’autres marques. Il y a toujours un côté un peu oriental qui me dérange un peu. En tout cas, je suis content d’avoir senti et même essayé ces trois parfums et je remercie Jessica de me les avoir fait découvrir. Je tenterai peut-être le patchouli lors d’un prochain séjour à Paris.