Cinq iris que j'aime
L’iris est un peu la matière première star en parfumerie. Que l’on exploite le rhizome de manière naturelle ou qu’on le recrée par la chimie, il demeure très coûteux. Il pourrait être abandonné mais il a ses adeptes et nombre sont les créations dans lesquelles il est « mis en avant ». Plusieurs d’entre-vous m’ont demandé mes cinq parfums préférés dans lesquels il est travaillé en majeur. Pour ma part, je n’en porte plus car ceux que j’aimais ont étés discontinués. Je parle de « Iris Prima » créé par Alberto Morillas pour Penhaligon’s et surtout de « Bois d’Iris » créé par Jean-Claude Ellena pour The Different Company. Ce dernier a été l’un des parfums de ma vie. Je remercie chaleureusement Stéphanie, qui lit attentivement ce blog et le possède encore, de m’en avoir donné quelques gouttes afin que je puisse, de temps à autres, y remettre mon nez. Pour moi, ce parfum est l’équilibre parfait mais il n’existe plus alors j’ai décidé d’aller chercher d’autres créations que je trouve exceptionnelle. Je vous emmène donc dans un univers à la fois floral et poudré.
Le plus (faussement) solinote que je connaisse et dont la qualité est incroyables est « L’Iris » créé en 2022 par Gian Luca Perris pour Santa Maria Novella. Je l’ai découvert à sa sortie et je suis bien obligé de reconnaitre qu’il mérite son prix quand même élevé tant il est qualitatif. « L’Iris est un voyage dans le temps et dans l’espace. Fleur symbole de Florence depuis 1266, Santa Maria Novella lui rend hommage en créant une première eau de parfum signée Gian Luca Perris. L’iris est l’une des matières premières les plus précieuses de la parfumerie : le beurre d’iris est extrait des rhizomes, qui doivent mûrir pendant 6 ans. Iris, c’est aussi une déesse, celle qui voyageait sur des arcs-en-ciel pour transmettre des messages des dieux aux mortels. Cette fragrance est un bouquet lumineux, où le galbanum et le néroli dévoilent la délicatesse de la ville tandis que le poivre timur rappelle le mystère qu’elle dégage. Alors que l’on déambule dans les petites rues empreintes d’histoire, le géranium, le magnolia et le jasmin se déploient avec grâce et reflètent la ville dans sa complexité. L’iris enfin se dégage selon une technique parfaitement maîtrisée, où les savoir-faire de la parfumerie la mêlent avec élégance au musc et à l’ambre gris. L’Iris décrit une nouvelle histoire de Florence, mêlant passé et présent, nature, technique et mythe ». Avec cette première eau de parfum de la marque, le parfumeur réussit le tour de force d’une création complexe qui parait épurée. Il s’ouvre avec des notes assez vertes de galbanum, de poivre et de néroli puis vient un coeur de géranium, de jasmin et de magnolia qui lui laisse une certaine légèreté. Le fond d’iris de Florence associé aux muscs blancs et à l’ambre gris est particulièrement précieux et réussi. L’ensemble est un parfum assez peu poudré, plutôt floral, comme une promenade dans un jardin au printemps quand la nature s’éveille. La qualité de l’iris comme matière première est absolument palpable. Pour moi, c’est une des plus belles compositions dans ce thème. Il faut la découvrir absolument.
« Une composition sophistiquée autour de l'iris. Cette fleur de l'Est a un parfum caractéristique, profond et enivrant. Iris Cendré est une fragrance subtile, au caractère oriental enfumé », tels sont les mots de Naomi Goodsir pour décrire « Iris Cendré » créé pour sa marque par Julien Rasquinet en 2015. Je peux parler facilement de ce parfum car je l’ai porté et je l’aimais vraiment beaucoup. C’est une lecture de l’accord iris et violette, pourtant classique en parfumerie, parfaitement inédite. Il s’ouvre tout en douceur avec des notes de bergamote et de mandarine mais très vite, au coeur, vient un encens très fumé associé à une très belle qualité d’iris et à une feuille de violette poudrée, presque poussiéreuse. Le fond est ambré avec des versants tabac et ciste. C’est un parfum qui peut sembler, sur le papier, très puissant mais ce n’est pas trop le cas. Il est fumé comme un feu de bois et poudré comme l’idée que l’on se fait de la fleur d’iris. Il m’a évoqué tout de suite une fin d’été sur une plage que je connais bien, autour d’un feu, avec des copains. Je n’ai pas fait ça depuis l’adolescence et je l’ai très peu vécu mais voilà mon ressenti. J’ai porté « Iris Cendré » avec plaisir mais, une fois que j’ai eu terminé les 50 ml, j’ai choisi de ne pas le racheter pour plusieurs raisons. Tout d’abord, sur ma peau, sa tenue est un peu plus limitée que celle des autre eaux de parfums de la marque. Ensuite, peut-être que je cherchais, à l’époque, un iris plus floral, moins sombre… finalement moins cendré. Il m’a convenu un moment mais finalement je lui ai préféré deux autres parfums de la marques. Il n’en demeure pas moins qu’il s’agit de l’une de mes créations autour de cette note que je préfère.
« Iris de Nuit », créé par James Heeley pour sa maison éponyme est sans doute le parfum le plus classique de ma sélection mais il fallait un vrai duo iris et violette complètement intemporel. « Rare et raffiné, sensuel et discret, le parfum Iris de Nuit est à l’image de l’absolu d’Iris de Toscane, soutenu ici par de la violette, des graines de carottes, de l’angélique, du cèdre et de l’ambre gris, pour dévoiler un thème floral exquis ». J’ai eu un vrai coup de coeur pour cette composition très florale et poudrée lorsque je l’ai découverte il y a déjà longtemps. L’envolée d’angélique et d’ambrette très aérienne nous emmène sur ce coeur d’iris et de violette associé aux petites notes terreuses de la graine de carotte. Le fond de cèdre et d’ambre gris est très discret et assure la tenue de ce parfum tout en finesse. En effet, j’ai dis classique mais il n’est pas du tout désuet. Pour moi, il traversera les époques. « Iris de Nuit » est parfaitement facile à porter et je l’aime beaucoup. Il a un rapport qualité prix très satisfaisant et c’est une alternative aux grands classiques du genre car la note de graine de carotte renforce le côté terreux de ce rhizome d’iris et poudré de la violette. « Iris de Nuit » est une très belle réussite et se devait de figurer dans ma sélection. Je ne le porte plus trop mais j’y reviendrai sûrement.
Sorti en 2017 et créé par Marc-Antoine Corticchiato pour sa maison Parfum d’Empire, « Le Cri » (anciennement « Le Cri de la Lumière) est sans doute l’un des parfums de ma sélection qui m’a le plus surpris à bien des titres. Tout d’abord, un néo-chypré avec un coeur d’iris, il fallait y penser. L’ambrette et l’iris, jouant à cache-cache, se répondent tout au long du développement du parfum. « Ce Cri qui s’élève, c’est celui d’une renaissance. La limpidité cristalline de l’ambrette, musc végétal aux facettes d’eau de vie, irradie un iris aux lueurs diaprées de rose. Ombre portée par ces notes rayonnantes, un fond subtilement boisé caresse la peau. Le luxe en lumière ». L’envolée d’ambrette semble sage et presque discrète mais, petit à petit, il se charge d’un coeur d’iris et d’une rose un peu cachée puis le tout se renforce avec un fond patchouli. C’est un parfum complètement lumineux, très élégant qui se départit du côté poudré qui pourrait s’avérer un peu désuet dans une telle composition. L’iris est travaillé de manière plus « végétale » dans ce chypre ultra-moderne qui m’a tellement séduit que je l’ai porté jusqu’à l’oublier. Pour moi, « Le Cri » marque un tournant dans le style Corticchiato. C’est une composition faussement légère et très chic. La tenue et le sillage sont clairement plus imposants qu’il n’y parait au premier abord. En tout cas, ce parfum est un bijou qu’il faut absolument découvrir si ce n’est déjà fait.
Lancé en 2023 et composé par Patricia de Nicolaï pour sa marque éponyme, « Iris Médicis Intense » est indéniablement le parfum de cette sélection que je préfère. Je trouve, et je pèse mes mots, qu’il s’agit-là d’un chef-d’oeuvre de la parfumerie. « Hommage à la Toscane et à la Dolce Vita. A l’image d’un tableau de maître, une lumière satinée règne en majesté sur les reliefs. Sur ces nobles terroirs s’épanouissent champs d’iris et culture d’orangers bigaradiers à perte de vue. Les allées de cyprès encadrent ces oeuvres grandeur nature et mènent vers de magnifiques demeures aux façades couleur ocre, à l’ombre de majestueux pins parasols. Iconiques de la Méditerranée, l’iris Pallida, la fleur d’oranger et le néroli ornent le parfum de notes florales légèrement gourmandes accentuées par le santal, la vanille et le musc. Héritage du travail des tanneurs florentins, le cuir couronne le parfum avec une signature texturée unique. Iris Médicis Intense porte en son sillage la douceur de vivre à l’italienne ». Après un départ très vif et légèrement terreux de galbanum et de graine de carotte vient un magnifique coeur construit autour d’un beurre d’iris ultra-qualitatif avec toute la délicatesse du néroli et de la violette. Pour moi, c’est l’une des créations phare de la marque mais aussi, sur ce thème-là, je n’avais jamais rien senti d’aussi réussi d’autant qu’elle contient 78,3% d’ingrédients naturels. Je lui trouve une élégance absolue et définitive. Le sillage est assuré par un fond très discret de vanille absolue associée au cuir et au bois de santal avec une profusion de muscs blancs. Il en résulte une création vraiment très tenace et très chic. Pour moi, il n’y a aucune fausse note (sans jeu de mot) dans « Iris Médicis ». C’est un bijou de la parfumerie.
Il y avait plein d’autres parfums que j’aurais pu citer. Je pense, notamment à « Yu Son » créé par Daphné Bugey pour Altaia que j’ai redécouvert cet été, « Iris » du Galion ou encore « Iris Pallida » de Marie-Jeanne mais j’ai du me limiter à cinq créations. En tout cas, je me suis fait très plaisir à les redécouvrir pour écrire cet article. Peut-être que le sujet aurait justifié un second article mais je ne veux pas être redondant. Je m’en arrête là mais le sujet est inépuisable.
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