Passion Parfums

Cinq références d’une même marque pour aborder l’été, voilà ce que je vous propose dans ce nouvel article. Depuis que je l’ai découverte, j’ai une vraie attirance pour la maison Heeley car je trouve le travail de ce parfumeur britannique installé à Paris particulièrement bien fait, délicat et inspiré. J’en ai parlé souvent car on peut trouver de tout dans les deux collections, des parfums pour toute l’année, des fragrances signatures mais aussi, il faut bien le dire, des créations qui nous emmènent avec beaucoup de chic jusqu’à l’été et qui peuvent même nous le faire traverser. J’ai re-senti et réessayé cinq compositions de James Heeley que je trouve vraiment inspirées et adaptées pour ces jours où le soleil se fait plus présent au printemps. Je vais essayer de vous donner envie et je remercie Anne de la parfumerie lyonnaise La Mûre Favorite pour m’avoir permis de découvrir et redécouvrir la marque au cours de ces dernières années.

Créé par James Heeley en 2006, « Menthe Fraîche » a balayé tous mes à-priori sur la note de menthe peu réaliste et souvent plus proche de l’odeur des chewing-gums à la chlorophylle que de la plante aromatique de nos jardins or, dans ce parfum, un peu mono-senteur, le parfumeur a réussi son pari. En effet, dès l’envolée, avec une dualité entre la menthe et la bergamote, c’est à une explosion de fraîcheur que nous sommes confrontés et, par temps chaud, je dois dire que je trouve cela bien agréable. Au cours de son évolution, le parfum s’enrichit d’un coeur de thé vert et de freesia qui accentue encore le côté volontairement naturaliste et frais de la fragrance. Le fond, très discret, de bois de cèdre est uniquement là pour soutenir le parfum. La marque le décrit ainsi : « Une senteur contemporaine, ultra fraîche et naturelle. Quelques feuilles de menthe pilées, un soupçon de bergamote sicilienne, de thé vert et de cèdre blanc. Lumineuse et légère, une fragrance rafraîchissante à porter de jour » et je trouve que tout est dit ou presque. « Menthe Fraîche » est une pépite, il faut bien le dire. Il y a peu de parfums utilisant cette note que j’aime et celui-ci, franc et tranché, a su me séduire.

 

 

« Cette version anglaise chic, contemporaine et fraîche, de l’Eau de Cologne traditionnelle s’inspire de ‘Oranges & Lemons’, comptine du 18ème siècle aux rimes joyeuses, célébrant les clochers de Londres. Oranges, citrons, bergamote et néroli se combinent aux notes de thé Earl Grey et de vétiver, créant ainsi un nouveau classique anglais ». Créé par James Heeley en 2010, « Oranges and Lemons Say The Bells of St. Clement » est une vraie trouvaille pour moi car, sur le papier, ce parfum a tout pour ne pas me plaire. Il pourrait passer pour une Cologne très classique, voire un peu ennuyeuse, mais il n’en n’est rien. Son développement sur ma peau est complètement singulier. Au départ, les notes de citron, de bergamote et d’orange paraissent parfaitement déjà senties mais le coeur de thé et de néroli associé au petit-grain vient contredire cette impression car il y a un côté vraiment floral tendre et agréable qui titille le nez et se développe sur la peau. En fond, le parfum s’enrichit d’une association peu commune, résolument moderne, d’ylang-ylang et de vétiver. Je n’avais jamais essayé cette composition et, vraiment, je viens de porter l’intégralité de ma dose d’essai tant je suis séduit. C’est un parfum capable de me réconcilier avec les hespéridés car ce n’est pas nécessairement ma famille olfactive de prédilection.

 

 

 

Je ne suis pas non plus très client de la note de verveine que je trouve parfois un peu doucereuse. J’ai souvenir d’un gel douche que j’utilisais pas mal et cela doit être pour ça. Je trouve que cette plante aromatique est rarement travaillée de manière élégante en parfumerie. Pourtant, j’aime bien « Verveine d’Eugène ». « Ce parfum frais et léger est construit autour de la verveine citronnée avec un accord de Bergamote d’Italie. Les notes fraîches et vertes des boutons de cassis s’entremêlent aux notes florales transparentes de jasmin, adoucies par une touche de musc blanc ». Dès le départ, les notes de rhubarbe associées à la bergamote et à la cardamome surprennent et donnent un côté pep’s qui est accentué par la note de cassis et de jasmin en coeur. Le parfum revêt alors quelque chose de presque acidulé qui s’arrondit avec un fond de verveine mais surtout de muscs blancs à profusion que je trouve particulièrement bien sentis si j’ose dire. C’est un parfum à la fois original, identifiable et très « lisible ». Il n’est peut-être pas celui de la collection que je choisirais pour moi mais il me plait beaucoup.

 

 

« Un mix éclectique d'une fraîcheur irrésistible. Le parfum Note de Yuzu c'est l’énergie du fruit emblématique du Japon, infusé aux notes aquatiques. Il révélera la sensualité du sel sur la peau, évoquant le traditionnel bain de Yuzu. Créé pour Maison Kitsuné, en collaboration avec Gildas Loaëc et Masaya Kuroki, c’est une rencontre aux influences anglaises, françaises et japonaises ». C’est ainsi qu’est né « Note de Yuzu » créé par James Heeley en 2017. Je connais assez mal l’odeur de yuzu en parfumerie. Je l’avais identifié dans « Yuzu Fou » de Parfums d’Empire et aussi dans un masculin de Caron qui, aujourd’hui n’existe plus. Ici, elle est associée à la mandarine dès l’envolée et vraiment c’est aussi un effet pep’s que je trouve très agréable. Le parfum s’enrichit au coeur de notes de sel marin très harmonieuses et se pose sur un fond de vétiver et de muscs blancs. Sur la touche, le parfum ne m’avait pas vraiment interpellé mais alors sur la peau, c’est vraiment une réussite (en tout cas sur la mienne), il est à la fois frais, intense et presque solaire avec un côté un peu « invitation au voyage » que j’aime toujours lorsque je sens des notes que je connais mal et qui viennent de l’autre bout du monde. « Note de Yuzu » est une fraîcheur à la japonaise donc toute en délicatesse et en facettes. Vraiment, c’est un coup de coeur dans la marque pour moi à nouveau.

 

 

En ce qui concerne mon dernier choix, j’ai beaucoup hésité. J’avais envie de vous parler de « Coccobello » mais je le ferai dans un autre article car il m’est impossible d’aborder l’été sans revenir sur le seul parfum salin que j’ai vraiment porté régulièrement. Il s’agit évidemment de « Sel Marin » créé par James Heeley et qu’il décrit ainsi : « Les premiers reflets de citron et bergamote se retirent pour révéler des notes aquatiques et vertes, tandis que le vétiver et de petits copeaux de cèdre et de bouleau sèchent lentement dans le sable à l’air iodé ». Il reprend un peu la construction du précédent mais avec les codes plus marins comme son nom l’indique. Il s’ouvre avec une envolée très fraîche de citron et de bergamote pour nous emmener sur une plage de sable blanc avec des notes aquatiques associées à des mousses d’arbres, un versant franchement salé et des algues pour le côté littoral puis il se pose sur un discret fond de cèdre et de muscs. C’est un vent de vacances, de voile au coeur des îles grecques autant qu’une ballade sur la côte fleurie en Normandie. Pour moi, « Sel Marin » est l’un des parfums les plus réussis, les plus finement travaillés, dans ce style de fragrances. Il est réaliste, élégant, sans aucune lourdeur et toujours présent. Sa tenue est assez incroyable même durant des jours de terrible chaleur. Il peut même s’avérer un allié précieux. Je l’aime depuis que je l’ai essayé et je pense qu’il m’accompagnera encore et encore car même si je l’ai mis un peu de côté ces deux dernières années, il va me refaire envie, c’est certain.

 

Il y a toujours une certaine fraîcheur dans les parfums Heeley et je trouve que presque tous pourraient être portés au printemps. J’aurais pu citer également, par exemple, « L’Amandière » que j’aime beaucoup ou encore, pour les amateurs d’encens, « Cardinal » qui reste frais grâce à la présence des muscs. J’aurais pu parler aussi de « Zeste de Gingembre » et pourquoi pas de « Iris de Nuit » mais il m’a fallu faire des choix. Je trouve qu’on ne parle pas assez du travail de James Heeley que je trouve particulièrement beau et réussi. Cet article est ma manière à moi d’y revenir et j’espère que vous aurez envie de les essayer aussi.