Passion Parfums

Vous le savez, je ne suis pas convaincu par l’évolution de la maison Caron depuis son rachat par le groupe Rothschild et je pèse mes mots. Entre nouveautés dans lesquelles je ne retrouve ni l’esprit de cette maison qui constituait l’un des derniers bastions de la parfumerie à la française et les reformulations sont plutôt des recréations, je suis assez peu séduit et, il faut le dire, un peu perdu dans un univers qui ne ressemble plus du tout à ce que j’aimais chez Caron. Tout a changé, les parfums hormis quelques rescapés (« Royal Bain », « Pour un Homme), les flacons, le packaging et même, le code couleur ! Je suis, je dois le dire, tout à fait nostalgique des boutiques très désuètes de l’Avenue Montaigne, la Place Bauvau et du Boulevard Saint-Germain et encore plus de celle, magnifique, de la rue François 1er qui était un passage obligé à chaque fois que j’allais à Paris. Aujourd’hui, les premières ont disparu et la dernière a été re-décorée d’une manière que je trouve beaucoup moins élégante que les parements art-déco et les couleurs noir, argent et or d’avant. C’est donc sans trop de conviction que j’ai découvert, puisqu’elles viennent de rentrer au Printemps de Lyon, les cinq référence de la nouvelle collection Colognes Sublimes. Avec des noms plutôt littéraires, elles sont aujourd’hui accessibles au grand public en formats 30 et 100 ml dans le nouveau flacon. Je les ai senties, essayées sur peau depuis une quinzaine de jours mais j’ai mis un moment et c’est pourquoi l’article ne voit le jour que maintenant. J’ai eu un petit coup de coeur et je dois dire que je suis plus attirée par cette série que par la Collection Merveilleuse qui a vu le jour il y a quelques années et qui compte de plus en plus de parfums.

« Une cologne lumineuse où l'essence juteuse du pamplemousse illumine la puissance racinaire du vétiver », tels sont les mots de Jean Jacques, le parfumeur de la maison Caron pour décrire « Champ Bleu du Ciel » qui fut la première que j’ai pu essayer. Hespéridé, cet esprit Cologne, est un classique du genre avec une ouverture de citron et de bergamote très pétillante, fraîche et idéale pour le jour où je l’ai posé sur peau et où nous avions franchi la barre des 30°C. Les baies roses viennent encore renforcer le côté « pep’s » de cette création qui évolue vers un coeur d’iris très poudré et de lavande puis un fond de muscs et de vétiver. Je dois dire que je ne suis qu’à-moitié convaincu. Entre agrume et bois, j’ai déjà senti ce genre de création un millier de fois et je ne vois pas tellement pourquoi « Champ Bleu du Ciel » se démarquerait. Je le trouve déjà senti mais bien réalisé. Je n’ai donc pas eu d’engouement pour cette création.

« Une cologne futuriste où un accord métal platine côtoie une fleur d'oranger solaire typiquement Caron. » est la seconde que j’ai pu essayer. Le départ est sensiblement le même que celui de la précédente avec peut-être un côté moins acidulé car enrichi du petit-grain. La marque parle d’un coeur métallique mêlé à un bouquet floral (rose, jasmin, violette, fleur d’oranger) et d’un accord métallique et moderne seulement voilà, je ne le sens pas donc ja modernité m’échappe un peu dans cette création d’autant que le fond très vétiver est complètement classique à mon sens. Un plus tout de même est la tenue. En effet, « « L’Invisible qui Luit », c’est son nom, a une longévité assez exceptionnelle sur ma peau même si, en bon esprit Cologne, la diffusion est extrêmement limitée ce qui n’est pas vraiment un obstacle. Je lui ai trouvé, comme le précédent, un manque d’originalité mais cela n’engage que moi.

Avec « L’Invitation au Voyage », me voilà presque réconcilié. En effet, je trouve que cette Cologne, présentée ainsi : « Une cologne contrastée entre la fraîcheur désaltérante de la feuille de violette et la sensualité de la cannelle », est vraiment la plus réussie de la collection et, pour le coup, sort un peu des sentiers battus avec une ouverture de mandarine et de bergamote comme charnues et pulpeuses, un coeur vert, sans doute galbanum, aquatique et poudré de feuille de violette rehaussé d’épices comme la cardamome et peut-être même le cumin. Je sens aussi le côté à la fois rose et un peu mentholé du géranium et sec du néroli mais peut-être suis-je dans l’erreur. Le fond, classique, cèdre, gaïac, un peu ambré et cuiré par le labdanum est discret tout en restant un peu racé. J’ai beaucoup aimé cette création que je trouve d’un grand raffinement. C’est tout de même un petit coup de coeur dans la collection.

« Ivre de Liberté » est une ode à la fraîcheur et à la Provence, tout du moins c’est comme ça que je l’ai compris. Un départ citron et gingembre, un coeur fleur d’oranger, lavandin et verveine et un fond de muscs blancs, il a quelque chose de très agréable par temps très chaud. « Une cologne réconfortante où le piquant intense et zesté du gingembre s'adoucit au contact des muscs modernes ». Jolie, facile à porter et doté d’une tenue, sur ma peau, très fugace, « Ivre de Liberté » est quand même l’une des plus jolies de la collection à mon sens mais mon avis n’est que personnel et n’a absolument valeur de critique comme je le rappelle souvent. Consensuelle, cette Cologne a été assez attirante et j’aime bien le côté gingembre et fleurs. Je trouve que cela dégage une certaine élégance.

« Une cologne puissante où la fraîcheur pétillante des agrumes rencontre la facette cuirée et élégante du tabac ». « L’Heure Vagabonde » aurait du me séduire car, sur le papier, c’est la création qui me correspond le mieux comme quoi il faut toujours sentir et essayer car, si je la trouve intéressante, elle n’est absolument pas pour moi. On s’éloigne d’ailleurs de l’esprit Cologne pour aller vers ce qui s’apparente le plus à un parfum tel qu’on le conçoit. Il y a dans cette création tout d’abord un départ frais avec le citron vert, la bergamote et le gingembre, un coeur de miel et un fond patchouli, gaïac, vétiver et tabac. C’est le plus abouti mais ce n’est pas celui qui m’a séduit le plus. Luxueux, « L’Heure Vagabonde » est réussi mais il n’a pas ce petit quelque chose qui m’accroche et me donne envie d’y venir et d’y revenir.

Vous l’aurez compris, je trouve les Colognes Sublimes pas mal du tout mais je ne suis pas complètement séduit. Je trouve qu’elles manquent un peu de caractère et de personnalité dans leur ensemble. Je me serais peut-être laissé séduire par « L’Invitation au Voyage » que je trouve très joli mais le prix m’a arrêté net. Je pense que, chez Caron, j’en resterai donc à « Pour Un Homme » et cela semble définitif.