Passion Parfums

Je parle assez rarement de Comme des Garçons peut-être parce que j’ai assez peu l’occasion de mettre mon nez sur les parfums voulus par la fondatrice de la marque de couture, la styliste japonaise Rei Kawakubo mais aussi sans doute parce que la ligne directrice des collection est l’encens et que ce n’est absolument pas la matière première que j’aime le plus. En revanche, je trouve le travail très bien fait et j’ai eu envie de vous présenter les quatre parfums de la collection CdG x Monocle (magazine) créée entre 2008 et 2019 par Antoine Maisondieu et qui se compose de quatre fragrances pour le moins déroutantes, « très Comme des Garçons » mais vraiment peu senties. Je dois dire que j’ai été tour à tour séduit, rebuté, intrigué et intéressé. Je vais tenter de démêler tout ça et de vous donner mon ressenti.

Le premier parfum est donc « Hinoki » lancé en 2008. Je ne vous cacherai pas qu’il est aussi mon favoris. « L'inspiration de ce parfum vient d'une matinée de printemps parfaitement calme et légèrement fraîche passée à tremper dans une baignoire au Tawaraya à Kyoto. Il rassemble notre souvenir des mousses et des arbres à l’extérieur et les notes aiguës de la baignoire carrée en hinoki ». Le moins que l’on puisse dire et penser est que « Hinoki », qui est aussi un cyprès japonais est un parfum surprenant et terriblement addictif puisqu’il s’ouvre, bien sûr sur cet accord résineux associé à un autre qui évoque la térébenthine ainsi qu’a des notes camphrées. Je dois dire que j’aime énormément l’envolée et que, si le parfum était resté ainsi, il aurait pu faire partie de mes choix. Le coeur, très résineux, de pin, de thym et de vétiver me plait déjà moins et le fond, qui rassemble des notes de cèdre, d’encens et de mousse d’arbre me déroute un peu. Sur ma peau, la toute fin de ce parfum est vraiment très Oliban et je dois dire que ce n’est pas ce que j’aime tellement. En revanche, je le trouve vraiment très bien construit et il m’a impressionné.

 

 

« Nous voulions capturer la même odeur et la même sensation que celle ressentie lors d'un séjour chez des amis à Batroun, au Liban. C'est chaleureux, invitant et parfois un peu piquant - tout comme le pays. ", explique Tyler Brûlé, rédacteur en chef de Monocle ». « Laurel » est le second parfum, créé en 2010 et il m’a un peu glacé par son côté métallique dès la vaporisation. C’est une composition littéralement froide plus que fraîche et je la pense assez difficile à aborder. En tout cas, moi je ne le pourrais pas. Elle est assez linéaire et je ne peux pas trop en dégager la pyramide. Je sens beaucoup le thym, le citron, le poivre gris, la feuille de cannelle et le galbanum en tête, le laurier vert, la feuille de violette en coeur puis le patchouli, la mousse de chêne et le cèdre en fond. « Laurel » est un peu à mi-chemin entre un aromatique fougère et un chypre. Sur le papier, il pourrait me plaire mais, vraiment je trouve que le côté très laurier et métallique est difficile. Je le crois très clivant et il me semble qu’il est le plus difficile à aborder. Ceci dit, c’est un parfum intéressant à découvrir.

 

 

Le parfum le plus « japonisant » de la collection est, à mon sens, « Sugi », lancé en 2013 : « Un parfum léger, énergisant et sophistiqué inspiré du sugi – également connu sous le nom de cèdre du Japon – qui est une plante ornementale populaire au Japon ». Je le trouve vraiment transparent et il me semble le plus facile à porter de la collection. Le mot qui me vient est « frais » avec un joli départ de cyprès et de poivre de Madagascar, un coeur d’iris pallida florentin et de cèdre de Virginie puis un fond de pin et de vétiver d’Haïri. L’ensemble est comme un voile de fraîcheur. Je trouve que « Sugi » est relativement facile à porter et il me semble peut-être un peu moins segmentant que les trois autres. Je pourrais me l’approprier très facilement même s’il est assez éloigné de mes goûts habituels. En revanche, il se révèlera peut-être un peu moins original que le reste de la collection. Pour moi, « Sugi » est idéal pour entrer dans l’univers de Comme des Garçons.

 

En 2019, sort « Yoyogi » : « Ce quatrième ajout à la série s’inspire des joggings matinaux dans et autour du parc Yoyogi de Tokyo. Ce parfum unisexe, attrayant et énergisant, tire son inspiration boisée du cyprès et de l'herbe fraîchement tondue. Avec ses notes humides, sucrées et vertes, le parfum apporte une touche douillette aux mois d'hiver et un peu de fraîcheur en été ». Avec des notes de cyprès (toujours), un accord de gazon anglais (je ne l’invente pas, ce sont les termes utilisés par la marque), de camomille et de mousse de chêne, le départ et le coeur sont vraiment très attirants. Je pense que j’aime bien le tout début de l’évolution mais, une fois de plus, je suis moins séduit par le fond de patchouli, de vétiver et de deux sortes d’encens qui rend le parfum, finalement, très métallique et froid encore une fois. J’avoue que je suis un peu déçu par l’évolution. En tout cas, il faut l’essayer et ne surtout pas se précipiter.

 

La collection, collaboration avec le magasine Monocle est très intéressante même si elle ne me correspond pas tellement. J’ai bien aimé la découvrir et même l’essayer. Je vous engage à essayer chaque créations. La marque est intéressante et je m’y pencherai un peu plus à l’avenir.