Conseiller ou ne pas conseiller
Je reçois souvent des mails ou des messages privés de plusieurs d’entre-vous qui me demandent de leur conseiller un parfum et je dois admettre que j’en serais incapable. Le rapport à l’odeur, à la fragrance et à ce qu’on a envie de porter est vraiment personnel. Je ne peux parler que de mes goûts personnels et développer pourquoi j’aime telle ou telle création. J’avoue que je suis très accroché à l’idée que l’on doit se servir de son nez et affirmer, à travers le parfum, ses propres affinités. En revanche, je crois fondamentalement que lorsque l’on s’intéresse à l’art olfactif et que cela devient une passion, on ne change pas forcément ses goûts, cela peut arriver mais il me semble qu’ils auraient plutôt tendance à s’élargir. En tout cas, c’est ce que j’ai constaté sur moi-même. Je peux porter aujourd’hui des parfums voire des familles olfactives entières que je ne pensais pas forcément aimer. Il est vrai aussi, qu’il y a aussi des notes que je supporte moins facilement alors que je les ai portées par le passée mais c’est plus rare. Je pense surtout à la vanille et plus encore à la vanilline de synthèse notamment présente dans la guerlinade et dans beaucoup d’ambrés fleuris ou plus boisés. Mon premier parfum était « Égoïste » de Chanel. Je le trouve toujours beau et j’aime le sentir mais je n’arriverai plus à le porter aujourd’hui.
D’autre-part, certains d’entre-vous aiment fondamentalement les parfums alliant une tenue très longue et un sillage qui marque leur entourage. Je le comprends mais ce n’est pas nécessairement mon cas même si j’aime, comme tout le monde, qu’on me fasse un compliment à l’occasion. Ça m’est arrivé récemment et je ne vais pas dire que je n’ai pas trouvé ça agréable. Je privilégierai pourtant des parfums au sillage plus discret mais je suis très content quand je sens mon parfum de temps à autre au cours de la journée. J’aime aussi le sentir lorsque je retire mon pull ou mon tee-shirt le soir et qu’il me rappelle comme il me plait. Je crois que me parfumer est un plaisir parfaitement égoïste et j’aime cette idée. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles, si j’aime partager, je ne m’aventure pas à donner le moindre conseil si ce n’est d’essayer mes lecteurs à se servir de leur nez et de leur curiosité pour alimenter leur passion. Je suis très désireux de faire connaitre ce qui m’a impressionné ou plu mais cela ne va pas plus loin. J’aime particulièrement échanger et même si (et surtout peut-être) mon avis et celui de mon interlocuteur ou interlocutrice divergent. Cela me permet de me remettre en question et d’aller me montrer curieux en mettant mon nez sur des parfums que je ne pourrais pas aimer au premier abord. On peut avoir des surprises.
J’aime d’ailleurs beaucoup découvrir des maisons ou des fragrances par l’intermédiaire de mes lecteurs. Cela a été le cas, il y a quelques semaines pour Stéphanie de Bruijn. J’ai beaucoup aimé cette rencontre avec un univers parfumé « impeccable », réjouissant et d’un classicisme un peu à contre-courant qui m’a rappelé un peu l’esprit Goutal. C’est aussi l’une des composantes passionnantes de l’échange et je crois que c’est pour cela que j’alimente ma passion en étant le plus assidu possible à la rédaction de mon blog. Je dors peu donc, dès que j’ai un sujet, je m’attelle à le traiter et, vu que j’aime écrire, le plus dur est simplement de trouver une idée ou de vivre une expérience olfactive avant de me mettre à mon ordinateur pour composer un article. Je suis également friand de nouvelles expériences et j’ai du goût pour aller sentir ce qui sort ou ce que je ne connais pas encore. Pour écrire, il me faut être curieux afin de ne pas me lasser et, lorsque je suis passionné, je suis souvent très constant dans ma manière de rechercher toujours de nouvelles expériences en rapport avec le sujet. C’est le cas avec le parfum et je trouve que c’est une démarche complètement personnelle. J’ai d’ailleurs parfois insisté sur un parfum que j’ai aimé alors que j’avais été rebuté par son envolée. Cela a été le cas pour « Nuit de Bakélite » créé par Isabelle Doyen pour Naomi Goodsir. Je n’aimais pas du tout les notes de têtes et c’est sur moi, lorsqu’il s’est développé et que je ne pouvais pas échapper que je me suis rendu compte que je pourrais le porter très facilement.
Tous ces mots pour dire que choisir le prochain parfum est votre démarche. Le seul conseil que je pourrais prodiguer c’est de sentir, d’utiliser son nez au maximum pour pouvoir détecter ce que vous aurez envie de porter dans les semaines à venir. Vous pouvez, comme moi, vous tourner plus vers une parfumerie historique ou alternative qui a nourri ma passion depuis une quinzaine d’année, ou faire votre propre expérience en allant dans n’importe quelle parfumerie et vous laisser porter par les fragrances en tentant d’avoir le moins d’à-priori possible. Je considère qu’il est un peu inutile d’aller bloquer sur une pyramide olfactive. C’est intéressant de savoir et de connaître mais ce n’est pas du tout indispensable pour choisir. Il vaut mieux sentir et essayer sur soi pour être sûr. C’est là que les échantillons sont indispensable même si je dois dire que je préfère d’abord aller en parfumerie et échanger sur le sujet pour me diriger. En général, avant d’acquérir un parfum, je suis lent, j’essaye, je réessaye. C’est un budget donc il vaut mieux ne pas se tromper trop. Parfois, et c’est vrai qu’il n’y a pas de règle, j’ai un coup de coeur immédiat. C’est arrivé de temps en temps mais finalement assez rarement. Instinctivement j’ai craqué et je ne me suis pas forcément trompé. Comme quoi, la règle, c’est qu’il n’y a pas de règle. Je vous souhaite donc beaucoup de découvertes, d’engouements mais aussi de répulsion car tout cela vous fera des expériences et vous conduira à choisir le prochain achat j’en suis sûr.
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