Passion Parfums

Je ne connais pas la totalité des créations de la marque espagnole Carner Barcelona mais, petit à petit, je découvre. Il y en a 28 en tout à ce jour. J’en ai retenu six ce qui n’est déjà pas mal car je les ai vraiment bien essayés. Pour cette marque créée en 2010, ce sont les parfumeurs Shyamala Maisondieu, Jórdi Fernandez, Rodrigo Flores-Roux, Sonia Constant, Christophe Raynaud et Daniela (Roche) Andrier qui ont assuré la partie création et je dois dire que je trouve que, globalement, ce sont des parfums bien construits, élégants et qui font envie. Certains sont très classiques, d’autres plus conventionnels. La maison compte six collections et je ne les ai pas toutes explorées. Ce que j’ai senti ou essayé est très joli et plutôt attirant. Je vous emmène donc découvrir quelques fragrances de la maison Carner Barcelona et j’espère que vous aurez envie de les sentir.

Dans la Woody Collection, j’ai réessayé « Cuirs » créé par Sonia Constant en 2011 que j’avais bien aimé lorsque je l’avais découvert. « Nostalgie de l’époque révolue des ateliers d’artisans, quand la fumée des pipes remplissait l’air et s’entremêlait au parfum du cuir tout juste tanné. Avec son caractère fort et indépendant, Cuirs, ajoute ses facettes safranées à la chaleur des bois nobles, pour vous pousser à explorer plus en profondeur, plus longtemps, plus loin…en son cœur, l’arôme terreux de Nagarmotha et le parfum résineux d’ambre sec mêlé avec sensualité à l’odeur fascinante du cuir, qui déploie toute sa puissance et tout son charme mystique. Un équilibre séduisant et trompeur produit par la fumée du tabac et le parfum singulier du cuir brut » tels sont les mots de la marque pour décrire ce parfum que j’ai toujours trouvé très élégant. Il allie un départ de safran et de cumin très épicés mais qui, très vite va se mêler à un coeur boisé de santal, de cèdre et de patchouli pour se poser sur un fond cuir, ambre et musc. Je le trouve très élégant, classique, très bien réalisé. Je pourrais le porter sans doute. La seule raison qui m’a retenu jusque-là est son manque de tenue sur moi. Il ne matche pas tellement bien avec ma peau. C’est toujours vrai aujourd’hui hélas. J’ai donc du renoncer mais il n’en demeure pas moins que c’est un très beau classique.

Créé par Shyamala Maisondieu en 2015, « Palo Santo » est sans doute le parfum le plus étonnant pour moi de la Woody Collection. Je ne suis pas un fou des parfums boisés et encore moins des notes lactées et pourtant cette fragrance qui s’ouvre sur des notes de rhum et de davana avant de révéler un coeur de bois de gaïac, de lait et de fève tonka. Je trouve qu’il y a quelque chose de très ethnique dans ce parfum et cela se confirme par un fond construit autour du vétiver avec des notes de cèdre et de santal. La marque le décrit ainsi : « La chaleur du caramel, la douceur de la fève tonka et la finesse du vétiver fusionnent dans l’intensité du Palo Santo pour créer un parfum qui calme les esprits. Le Palo Santo est un “bois sacré” qui évoque magie et mysticisme depuis des milliers d’années. On en extrait une essence aromatique ensorcelante, un mélange envoûtant qui diffuse les allusions terreuses de bois et d’encens pour vous entraîner dans un véritable tourbillon. Convoité par les chamans durant des siècles, on prête à ce bois spirituel le pouvoir de protéger et de provoquer la chance. Grâce aux vertus purifiantes du Palo Santo, une légère vaporisation suffira à calmer vos humeurs et à vous réconforter ». J’aime beaucoup le côté très étonnant et singulier de ce bois précieux et vif. Je l’ai porté et il ne se transforme que très peu sur ma peau. Il est beau, brut, presque étrange et me donne l’impression que l’aventure est à portée de main. Ce n’est pas si souvent…

J’ai exploré la totalité de la Black Collection. « Sandor 70’s » lancé en 2016 et présenté dans le flacon iconique revu et corrigé en noir et or. C’est un cuir un peu dérangeant et très dense avec un départ de bergamote, de jasmin, d’osmanthus et de rose, un coeur de tabac, de cèdre, de sauge, de vanille et de baume du Pérou et un fond d’encens, de mousse de chêne, de patchouli et de vétiver, il allie la construction d’un chypre très structuré avec le cuir et le tabac. Si, sur le papier, il a tout pour me plaire, je n’arrive pas à me l’approprier. Je l’ai essayé à plusieurs reprises et il n’est résolument pas pour moi sans que je puisse expliquer pourquoi. La marque le décrit ainsi : « Avec Sandor 70’s, imaginez-vous à Barcelone, dans l’un des bars les plus iconiques des années 70. Un parfum tabac, cuir tanné. Dans les hauteurs de Barcelone, il était une fois un endroit pour voir et être vu, un bar iconique où la fumée des cigares flirtait avec les fauteuils de cuir aristocratiques… Sandor 70’s, caressé d’une douce note fumée, mêle avec audace des notes de cuir suédine raffinées à celles du célèbre cuir d’Espagne». Sur ma peau, il est particulièrement doux et presque trop. Il me dérangerait presque. Et pourtant je suis obligé de constater qu’il est extrêmement bien travaillé. Parfois il y a des surprises en parfumerie, des bonnes comme des mauvaises. « Sandor 70’s » reste un parfum remarquablement construit et dont le développement est intéressant mais il n’est absolument pas pour moi.

Sorti également en 2016, « Rose & Dragon » est décrit ainsi : « Ressentez la légende catalane de Saint George avec Rose & Dragon. Un parfum sombre et fascinant.… et le destin a voulu que la princesse ait été dévorée par le dragon féroce mais le courageux Saint George est apparu pour la sauver et s’est battu contre ses flammes, l’a poignardé avec son épée et de son sang, un rosier de roses rouge foncé a grandi … ». Un peu épicé, un peu fruité, un peu floral, cuiré et ambré, ce parfum n’est pas tellement dans ma zone de confort. C’est un travail autour de la rose de Bulgarie qui apparait chargée d’encens et de miel au coeur du développement du parfum après une envolée de safran, de cannelle, de cumin et de fraise. Le fond très animal de castoreum, de labdanum et d’ambre n’est résolument pas pour moi. Je le trouve vraiment trop ambivalent entre douceur suave et un orientalisme cuiré qui ne me convient pas. En revanche, il m’emmène quand même dans des effluves exotiques que j’aime sentir. Le fait que je ne pourrais pas le supporter autour de moi est une autre histoire.

« Voici notre propre interprétation du calamus ( plante herbacée aquatique). Fragrance dans laquelle se rejoignent les résines et les baumes. Un parfum boisé et sensuel. La lumineuse douceur du calamus embrasse l'éblouissante obscurité des baumes et des résines exotiques. Un parfum majestueux qui livre un plaisir sensuel infini » tels sont les mots de la marque pour décrire « Black Calamus » lancé en 2016 et que je sens en écrivant tant il me déroute. C’est un aromatique épicé avec une envolée aquatique de roseau et de papyrus qui m’a séduit immédiatement d’autant que le poivre noir vient lui donner un peu de « pep’s ». Le coeur est une rose cuirée avec l’osmantus et le ciste labdanum et fond de oud reste assez discret et est contrebalancé par la délicatesse du bois de cadde et d’une vanille aromatique qui fait un peu oublier cette note d’encens qui n’est vraiment pas pour moi. Il est beau mais je ne pourrais pas le porter car je le trouve vraiment trop dense. Je n’arriverai pas à l’assumer. Il m’évoque un bon repas.

Avec son départ de rose épicée de gingembre et de noix de muscade, « Volcano » surprend dès l’envolée et je trouve qu’il a quelque chose de très atypique. Lancé en 2018, il s’enrichit d’un coeur de patchouli construit avec l’essence de cypriol et l’encens pour se poser sur un fond de ciste labdanum, de vétiver, de benjoin et de oud. C’est un parfum sombre et lumineux à la fois qui ressemble à ce que l’on pourrait sentir dans un hammam exotique. « Volcano est une éruption fascinante, pleine de vie » et c’est vrai. Il porte très bien son nom. Il est surprenant, explosif et il nous emmène là où nous ne pensions pas aller avec beaucoup de chic et son côté oriental ravira les amateurs. Pour ma part, il est tout de même très éloigné de mes goûts pour que je puisse le porter mais je lui reconnais une très belle effluve, très élégante et séductrice. Je pense qu’il gagne à être senti, essayé, lorsque l’on veut une rose cachée et chaude. Le soleil semble se refléter dedans. Il est, à ce jour, le dernier né de cette collection et je lui trouve une certaine modernité sur une base classique. Je pense qu’il peut devenir également fort populaire si sa diffusion se fait moins confidentielle dans l’avenir. C’est un parfum assez facile d’accès mais bigrement élégant.

Dans ce que je connais de cette maison catalane, je préfère de loin la Woody Collection que je trouve plus accessible en terme de travail. Ceci dit, je suis loin d’avoir tout exploré de cet univers parfumé mais ce que j’ai pu découvrir m’a donné envie. J’espère, au fil de mes pérégrinations parfumée, en découvrir qui seraient peut-être plus adaptés à mes goûts.