Dans les îles
Et si on partait sous les tropiques ? Peut-être que ce n’est pas encore trop le moment mais rien ne nous interdit d’y aller via des parfums aux senteurs exotiques. Alors, mangue, fruits de la passion, fleurs de voyages, ananas ou encore épices, j’ai eu envie d’explorer cinq destinations de voyages. Je crois que c’est en sentant quelques gouttes qui traînait au fond d’un ancien flacon de « Folavril » d’Annick Goutal, qui a aujourd’hui disparu, que j’ai eu envie d’aller me promener vers des destinations lointaines, paradisiaques et ensoleillées. J’ai évité l’écueil de revenir une fois de plus sur « Ylang-Ylang Nosy Be » de Perris Monte-Carlo qui est, vraiment, pour moi, l’invitation au voyage par excellence. J’ai donc fait des choix différents, plus éloignés parfois de mes goûts personnels et surtout très différents les uns des autres. Je dois dire que je voyage plus facilement avec les fleurs ou les épices qu’avec les fruits mais il en faut pour tous les goûts. Allez, d’un coup d’avion, on se rapproche des tropiques et de l’équateur pour explorer cinq parfums fort différents qui nous emmènent dans des îles paradisiaques loin du froid de l’hiver.
Le tout premier parfum qui m’est venu à l’idée est déjà assez ancien et met à l’honneur ces senteurs exotiques fait partie de la Vintage Collection de Lorenzo Villoresi et est né de l’imagination de ce créateur florentin si talentueux en 2014. « Des arbres pleins de fruits exotiques gais et colorés : Ananas, Noix de coco, Framboise, Fruit de la passion. Fleurs exubérantes d'Osmanthus et d'Ylang Ylang. Des notes douces et gourmandes, sensuelles et enveloppantes comme une étreinte sous les étoiles infinies des mers du sud ». Lorsque j’ai senti ce parfum la première fois, j’ai eu un choc olfactif car il semblait, sur le papier, être typiquement tout ce que je n’aime pas avec une envolée d’ananas et de noix de coco, un coeur de fruits exotiques, de jasmin et de notes poudrées entourant une rose cachée et un ylang-ylang un peu opulent pour se poser sur un fond de vanille et de musc. Dès l’ouverture, j’ai eu peur de retomber sur un sempiternel fond de bois ambrés qui a tôt fait de me déranger mais qui est souvent utilisé pour faire tenir les notes de fruits exotique. C’était sans compter sans le talent et la virtuosité du parfumeur. Lorenzo Villoresi a su, sans jamais utiliser d’artifice évident, créer un vrai parfum aux senteurs exotiques, florales et fruités qui jamais ne devient âpre ou ne s’alourdit. J’ai senti ce parfum sur quelqu’un durant très longtemps et je ne m’en suis jamais lassé. Il m’a évoqué peut-être les Caraïbes et un soir à la tombée de la nuit. Je l’ai vraiment beaucoup aimé et, contre toute attente, je pourrais parfaitement le porter.
« C’est une métaphore boisée, un nectar floral suave et pénétrant teinté d’un extrait de Mangue fraîche… Un double accord d’Ecorce de Manguier, poudré aromatique fruité, quelques feuilles de Thé Noir, le tout réchauffé par le sucre exotique de la Fleur de Frangipanier », tels sont les mots de Pierre Guillaume pour décrire « Manguier Métisse » qu’il a créé en 2010 pour la Collection Noire de sa marque éponyme. Avec une construction presque chyprée, il s’ouvre sur des notes de bergamote et de mangue, pour évoluer sur un coeur de rose, fruits exotiques et de fleurs blanches et se poser sur un fond de patchouli et de fleur de frangipanier. Pour moi, et c’est une volonté du parfumeur, c’est un parfum presque « sucre de canne », très suave avec un côté boisé et il me fait brutalement sortir de ma zone de confort. Pour écrire cet article, je suis allé l’essayer à nouveau. C’est vrai que c’est une invitation au voyage mais je ne pourrais pas le porter. Il m’évoque un peu trop un cocktail exotique presque rhum blanc et mangue posé sur le coin d’une table à la terrasse d’un petit bar des Antilles. Je le trouve agréable mais pas forcément pour moi. Il est un peu trop gourmand pour mon goût mais c’est vrai que la petite ombrelle sur le bord du verre, la musique, la danse pourquoi pas, tout y est. « Manguier Métisse » est un succès et je le comprends car, dans l’absolu, et même s’il ne me correspond pas, il est, à mon sens, très réussi.
Le troisième parfum que j’ai choisi est plus d’inspiration indienne et pourtant, pour moi, il est une vraie invitation à partir sous les tropiques. Créé par Delphine Thierry et sorti en 2018, « Princesses de Malabar » m’a vraiment dérouté dès sa sortie. C’est un parfum très complexe et très éloigné de ce que je connaissais du travail de sa créatrice. Je dois dire que je déteste ce parfum à la vaporisation. Je ne sais pas ce qui s’ajoute à la bergamote et à la fleur de coton mais il y a une note fruitée qui vraiment me dérange profondément et qui, heureusement, disparaît assez vite. Passons sur un coeur très duel entre la rondeur de la pêche, de l’ylang-ylang et du jasmin et la froideur aquatique et presque salée du magnolia pour arriver sur ce qui m’a le plus à la fois séduit et surpris, un coeur construit autour de l’iris, du bois de santal avec le côté un peu amandé de la fève tonka mais surtout une utilisation absolument magique des muscs blancs. La marque le décrit ainsi : « Dans la péninsule indienne, sur la côte de Malabar, les Princesses Nair inventèrent une société raffinée et harmonieuse où la femme avait une place centrale. La forêt luxuriante du Kérala, dit la légende, engendra de sublimes oiseaux bleus aux colliers d’or pour rendre à ces princesses un éternel hommage. Depuis lors, à la fin du jour, ces oiseaux merveilleux font résonner un chant d’amour unique et mélodieux qu’un souffle fleuri et musqué porte jusqu’aux nues ». Je ne sais pas pourquoi il m’évoque des îles lointaines car il est un ambré fleuri dans la plus belle tradition de la parfumerie française mais avec un vent de modernité absolument incroyable. C’est un parfum difficile à conseiller car il faut vraiment l’essayer sur la durée pour avoir les notes de fond. On m’a un peu forcé la main à sa sortie et on a eu raison. Je me souviens avoir été rebuté à la vaporisation et d’être allé déjeuner avec le parfum sur mon écharpe. Après plus d’une heure, il avait imprégné le tissus et il était juste magnifique. Ce fut une belle surprise et pourtant je n’en n’ai parlé finalement que rarement.
Pour revenir à la mangue, j’ai découvert, il y a quelques mois, tous les parfums de la collection Vilhelm Parfumerie lors d’une visite à la boutique qui a ouvert à Paris tout près des Champs Élysées, rue Pierre Charron et j’ai croisé la route de « Mango Skin » créé par Jérôme Épinette (du moins je pense) en 2018. J’avais beaucoup entendu parler de ce parfum et c’est vrai qu’il aurait pu me plaire. « Il suffit d'une seule bouchée pour se rappeler les couleurs sauvages et les ciels interminables de l’Afrique du Sud; ces souvenirs forment une série de tableaux qui ont inspiré Mango Skin. Construit comme une explosion expressionniste, ce parfum est comparable à un fruit mûri à point. Sa saveur complexe, cocktail d’iris sauvage, de lotus noir et de jasmin, est relevée par des notes de patchouli, de vanille ainsi qu'une touche de sucre rose ». Pour moi, l’envolée très dense de mûre, de mangue et de poivre noir m’a tout de suite évoqué un thé que ma soeur m’avait ramené de La Réunion et le coeur poudré d’iris sauvage rendu un peu aquatique par le lotus noir et floral avec un jasmin sambac opulent n’a fait que confirmer cette impression. Je suis, en revanche, beaucoup moins attiré par un fond de patchouli alourdi par une note boisée qui aurait presque tendance à me déranger et me gâche un peu le plaisir. La marque ne mentionne pas de bois ambrés mais il m’a vraiment semblé que c’était ça qui aurait pu être associé à la vanille et au sucre rose. Je trouve que c’est un parfum qui est très beau et très intéressant mais, sur la fin, il y a quelque chose qui me gène sans que je puisse vraiment l’identifier. C’est dommage car j’aurais pu le porter je pense.
Il y aurait sans doute plein d’autres parfums qui me conduiraient dans les îles paradisiaques de l’océan Atlantique, Pacifique ou Indien mais j’ai choisi ces quatre-là aujourd’hui. Si vous aimez cet article, peut-être que, d’ici quelques mois, je me concentrerai à nouveau sur le sujet et je parviendrai à reprendre la route et à imaginer d’autres voyages.
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