De si beaux vétivers (2ème partie)
Il fallait bien une seconde partie à mon article sur les beaux vétivers que j’ai pu découvrir. Ma sélection n’est pas exhaustive. Je ne vais pas faire une longue introduction mais rentrer tout de suite dans le vif du sujet avec les autres parfums qui m’ont vraiment plu et même un (encore une fois merci Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures), que je croyais complètement arrêté à cause du lilial, mais qui est encore vendu dans certains pays. Je vous emmène donc une seconde fois, sans jeu de mot, sur la route du vétiver et j’espère vous donner une vue d’ensemble des parfums que j’ai pu essayer et sentir.
Le tout premier n’est plus vendu en boutique mais on le trouve encore sur le site de The Different Company et je le connais bien. Il s’agit de « Sel de Vétiver », créé par Céline Ellena Nezen en 2006. Je l’ai pas mal porté et j’ai vraiment aimé cette création, malheureusement, la marque a décidé de ne pas la reformuler mais simplement de la retirer à cause de la présence de lilial dans sa composition. « Je suis une image fugace, aperçue un jour de pluie trop rare, quelque part en Afrique, bercée par le son de incantations vaudou et le mystère des danseurs qui s’abandonnent, jusqu’à épuisement… Je suis inspiré d’un Vétiver d’exception, que ma parfumeuse a frotté délicatement entre ses doigts, laissant échapper un parfum amer sec. Tantôt brûlant, je vous rappelle aussi l’odeur de la pluie qui tombe, le sillage musqué des madras colorés et celui des épices. Je suis une harmonie salée et douce à la fois, sensuelle et fraîche, celle de la peau après un bain de mer. Je suis un parfum qui n’en fait qu’à sa tête et à votre peau, une sensation de sec mouillé envoûtant, d’une fausse simplicité qui s’offre à vos papilles olfactives. Je suis Sel de Vétiver », tels étaient les mots de la marque pour évoquer une création vraiment très typée qui contrastait avec tous les parfums dans lesquels cette note racinaire était travaillée en majeure. L’envolée est un peu amère mais douce quand même avec une association de pamplemousse et de cardamome qui apporte une certaine fraîcheur. Puis, assez vite, vient un coeur de vétiver d’Haïti un peu vert, pas fumé, de géranium et de livèche (une plante herbacée qui pousse dans les Pyrénées et en Europe Centrale mais dont je ne connais pas bien la senteur) puis, en fond, le parfum se fait plus poudré et terreux avec des notes d’iris et de sel enveloppé du côté chaud de l’ylang-ylang. « Sel de Vétiver » a longtemps été l’un de mes parfums préférés de The Different Company et je dois bien dire que je regrette qu’il ne soit plus facilement accessible. Il revêt un côté racinaire certes mais aussi chaud et iodé qui me rappelle un peu le bord de la Manche. Je l’ai porté pas mal et j’en ai encore un fond quelque part. Cela m’a donné envie de m’y remettre.
« Mon Vétiver exprime une élégance moderne et charismatique, construite autour de l’essence naturelle de Vétiver Haïti LMR, qui bénéficie du label « For Life », garantissant le respect de l’environnement et des producteurs, et réduisant l’impact sur l’environnement avec un programme améliorant les conditions de vie des communautés locales. Son caractère est souligné par un surprenant accord Gin, associant le citron vert mexicain et l’essence de genièvre, alors que les accents aromatiques du lavandin et de la gentiane naturelle texturent sa personnalité. Son sillage vibrant et passionné intensifie ses facettes boisées sombres, entre bois de cachemire et patchouli naturel indonésien », créé par Bruno Jovanovic en 2018 pour Essential Parfums est sans doute l’un des parfums où la note est travaillée en majeur que je trouve le plus clivant. Il faut l’apprivoiser. Rien n’est facile car, dès la vaporisation, les notes de citron vert et de menthe surprennent et cela continue avec un coeur très amer de gentiane et de baie de genévrier. Au fond, le vétiver, associé au bois de gaiac est presque plus doux qu’il n’y paraissait à l’origine. Il m’a fallu sentir ce parfum porté pour vraiment l’apprécier car il me rebutait un peu au premier abord. Je le trouvais, terreux, trop boisé mais, associé à la peau, enfin celle sur laquelle je l’ai senti, il se fait élégant, sobre et épicé. Je ne pourrais pas le porter mais je reconnais qu’il est très joliment travaillé.
Créé en 2022 par Natasha Côté pour la très belle maison Scents of Wood, « Vétiver en Fleurs » est une interprétation complètement différente. Doux, suave, très printanier, il m’a complètement séduit et c’est un parfum dont j’ai déjà parlé tant il m’a impressionné par son élégance discrète et sa singularité. « Une combinaison provocante et authentique qui résulte d'un défi créatif pour apporter un effet fleuri au vétiver ». L’envolée un peu verte de cyprès, de bergamote et de poivre rose s’atténue très vite avec un superbe coeur de fleurs blanches, dans lesquels on retrouve le jasmin bien sûr mais aussi le magnolia et un accord lilas. Ce n’et qu’en toute fin d’évolution que le vétiver, plus discret que dans les autres compositions, associé aux muscs blancs et au patchouli, se fait sentir et assure à la composition, un socle solide et chic à la fois. J’ai essayé très souvent « Vétiver en Fleurs » mais je n’ai encore pas franchi le pas. Il est assez onéreux et il faut que je suis sûr de moi. Ceci dit, il demeure tout le temps dans un coin de ma tête. Cette promenade dans un jardin de mai soutenu par une note vraiment verte et racinaire me plait beaucoup. Je lui trouve quelque chose de vraiment unique et addictif.
En 2020, c’est Stéphanie de Buijn qui s’attelle au travail de cette note emblématique avec un parfum au nom qui annonce la couleur : « My Gentleman ». Elle en décrit ainsi l’inspiration : « J’ai voulu créer un parfum pour un homme international à l’élégance raffinée. Une séduction toute en charisme, une présence virile dans la subtilité. Un côté « Oxford chic velouté» terriblement contemporain. L’esprit d’un homme dont on n’a jamais fait le tour mais qui vaut tous les détours ». Traité sur le mode de la fougère, le parfum s’ouvre avec des notes fusantes de citron et de bergamote puis vient un très beau coeur construit autour de la lavande, rafraîchie par le galbanum et la menthe et rendu singulière par son association avec l’estragon. Je dois dire que, si je ne suis pas du tout adepte de ce genre de composition, la classe de celle-ci me ferait presque changer d’avis. Le coeur s’enrichit avec un très beau vétiver mis en valeur par le côté boisé sec du cèdre, cuiré du ciste et adouci du santal. « My Gentleman » est un masculin sans doute mais je suis certain que pas mal de femmes pourraient se l’approprier. Je le trouve particulièrement équilibré et raffiné. Pour moi, c’est un peu le chic à l’anglaise avec la touche classique à la française. Ce parfum, qui est complètement hors de mes goûts habituels, me séduit par son faux classicisme et les petites bizarreries de ses facettes. Je l’ai vraiment beaucoup aimé et j’ai été très content de mettre une partie de mon échantillon sur ma peau pour écrire mes impressions.
Pour Une Nuit Nomade, ce sont Anne-Sophie Behaghel et Amélie Bourgeois qui se sont penchées sur le thème pour sortir le dernier parfum de ma sélection. « Mr Vétiver » est né en 2014 et les deux créatrices décrivent leur inspiration : « Paysage sculpté aux formes parfois psychédéliques parfois géométriques. Tableau naturel monochromatique vert à la limite du phosphorescent. Végétations exotiques et luxuriantes contrastées par les niveaux d'élévation. Puis, au milieu de ces rizières Balinaises, dans cette beauté immense, un homme sous son chapeau de paille. 'M. Vetiver' est inspiré de ce « tableau vivant », une sorte d’arrêt sur image visuel et olfactif. Ces instants capturés, indélébiles ». La marque mentionne que le parfum nous emmène sur l’île de Java et c’est vrai que je trouve que c’est une invitation au voyage avec un départ vraiment très singulier de cardamome associée à l’estragon, au basilic, au citron vert et au pamplemousse mais ne nous y trompons pas, ce parfum n’est pas un aromatique mais bien un boisé avec un coeur de géranium légèrement mentholé et un fond très réussi de vétiver, de bois et de mousse. Je lui trouve presque un côté chypré. Je l’avais aimé quand je l’ai découvert il y a déjà longtemps et il me plait toujours. Amélie Bourgeois et Anne-Sophie Behaghel ont voulu, pour la marque, un grand masculin et, cette fois, je pense qu’il plaira quand même plus aux hommes qu’aux femmes. Je l’ai redécouvert il y a quelques semaines avec l’arrivée de Une Nuit Nomade à Lyon et je le trouve, si ce n’est original, au moins d’un chic fou. Son côté sec et mentholé évite l’écueil du parfum « barber shop » qui peut avoir de l’intérêt mais demeure un peu trop senti. Là, c’est d’une élégance sophistiquée dont il est question.
Voilà, cette fois, j’en ai fini avec les parfums à dominante de vétiver qui m’ont le plus séduit ou marqué. Je pourrais peut-être rajouter « Saint Clement’s » de Heeley mais je trouve que la note est plus discrète lorsqu’il évolue. J’ai aussi fait un choix parmi ceux de Maître Parfumeur et Gantier même si le mien est toujours « Racine ». J’espère vous avoir donné envie de les découvrir et de les redécouvrir. J’attends vos messages pour que vous me mentionniez ceux que vous préférez.
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