Découvertes après la réouverture des parfumeries
La réouverture des parfumeries a été l’occasion pour moi de découvrir quelques nouveautés dans des marques du circuit sélectif, tout comme dans certaines collections privées et dans des maisons plus confidentielles. Alors, tops, flops, comment s’y retrouver ? Je ne sais pas. Je ne peux, une fois encore, que vous donner mon ressenti subjectif et un brin arbitraire. J’ai aimé certains jus, j’en ai laissé d’autres de côté et je vais essayer d’être le plus précis possible pour décrire mes impressions même si je dois dire que je n’aborde pas ce deuxième trimestre de 2021 un peu tronqué avec des coups de coeur comme j’avais pu en avoir en début d’année. J’espère que je serai plus séduit par la suite car, pour le moment, si j’ai senti des choses intéressantes, je ne me suis pas fait d’envies (vous me direz que j’en ai peut-être assez comme ça) mais je vais tout de même tenter de vous emmener au pays des nouveautés.
Il était sorti en 2010 mais j’étais un peu passé à côté de « Iris & White Musk » créé par Christine Nagel pour Jo Malone London. Il avait été discontinué et il faut aujourd’hui son retour dans la collection Colognes Intenses. J’ai donc pu le découvrir. La parfumeuse le décrit ainsi : « Une rencontre élégante de notes contrastées et de textures. Le charisme de la précieuse racine d'Iris poudrée danse avec le Musc blanc crémeux. Une note enivrante de Lys de Casablanca intensifie ce majestueux parfum floral ». Élégant, sophistiqué, un rien féminin, c’est un grand poudré il faut bien le dire. C’est une overdose de l’association violette et iris enveloppé d’une note lys très présente et envoûtante. S’il est super chic et vraiment ultra poudré, je l’ai aussi trouvé très vintage avec des accents un peu cosmétiques comme de la poudre de riz. J’ai trouvé qu’il avait un petit côté désuet. Objectivement, c’est une très belle création qui m’a rappelé un peu le maquillage d’antan comme l’affectionnait sans doute les femmes élégantes d’une autre époque. De mes découvertes, il est mon préféré mais je n’ai pas vraiment un coup de foudre. C’est un très beau parfum relativement mixte mais je ne m’imagine pas trop le porter. Le côté muscs blancs et caramel du fond n’est pas exactement ce que je recherche en parfumerie. J’aurais préféré un peu plus de légèreté. Il n’en demeure pas moins que c’est une très jolie réussite et que j’ai éprouvé du plaisir à le découvrir.
Jérôme Épinette a encore créé un nouveau parfum pour Byredo. « Open Sky » est un éphémère sorti en très peu d’exemplaires. Cette série limitée m’a assez plu. Le départ de poivre noir et de pomelo est plus que surprenant. J’ai beaucoup aimé cette association et je le sentais très bien parti pour me plaire dès l’envolée. Le coeur de cannabis est un peu difficile pour moi mais je le trouve relativement fugace. Le fond de vétiver et de palo santo est très réussi. Je dois dire que je sens surtout une belle qualité de vétiver. Je reproche souvent le côté un peu trop synthétique voire chimique aux parfums Byredo et là, j’ai trouvé qu’il y avait un peu plus de naturalisme. Je ne sens pas vraiment le palo santo mais je trouve que l’association poivre, pomelo, cannabis et vétiver est très intéressante. Présenté comme un épicé boisé par la marque, je lui trouve presque un côté chypré et fumé. L’association des notes crée quelque chose de très surprenant. Je pense qu’il se veut un peu subversif mais je dois bien admettre que son évolution m’a paru sage. La marque le décrit ainsi : « Open Sky présente un hommage métaphysique à l'expérience du voyage: une distillation du voyage lui-même, chargé d'anticipation - explorant le vide entre le départ et la destination. Grâce à un pomelo vibrant voilé de feuilles de chanvre, l'électricité de l'attente est à nouveau élevée. Un courant sous-jacent séduisant - l'épice du poivre noir, la romance boisée du palo santo, l'allure capiteuse du vétiver - offre une dimensionnalité transcendante au royaume rafraîchissant des agrumes. Un mélange illimité en édition limitée créé pour évoquer des possibilités illimitées ». Peut-être que l’explication de la marque est un peu tarabiscotée mais je trouve qu’elle décrit assez bien l’impression que j’ai eue. C’est un beau parfum mais je crois que, dans le style, je préfère « VI and Armis » de Beaufort London un peu plus liquoreux. Quitte à y aller, autant y aller à fond.
Créé par Anne Flipo (dont j’attends avec impatience le résultat de la collaboration qu’elle a eu avec Frédéric Malle), « Girl » de Rochas m’a été conseillé par Manon de la chaîne YouTube Ma Note de Coeur et je l’en remercie car je ne serais pas forcément allé le sentir. Il est le dernier né de Rochas et, s’il est tout de même très consensuel, force m’est de constater qu’il est très agréable de l’envolée aux notes de fond. Le départ de fleur d’oranger, de poivre rose et de cassis donne le ton car les notes vont perdurer au cours d’une évolution très linéaire qui s’enrichira de jasmin et d’orchidée au coeur et de cèdre, de bois de santal et de vanille au fond. C’est un parfum pour les filles (et je n’aime pas trop dire ça), à la fois girly et impeccable, sans trop d’aspérité mais avec l’élégance discrète des « jeunes filles en fleurs » comme l’a écrit Proust. J’ai l’image d’un jardin de printemps et de silhouettes en blanc un peu romantiques et surannées. « Girl » n’est pas du tout révolutionnaire mais je lui reconnais un joli naturalisme et une évolution agréable. Il est à mille lieux des gourmands sucrés que l’on peut trouver dans les nouveautés du circuit sélectif. Je ne sais pas ce que sera son succès mais c’est un parfum facile d’accès, qui met tout le monde d’accord et qui plaira à un grand nombre. Je l’ai bien aimé et je suis très content de l’avoir découvert même si je ne peux m’empêcher de penser qu’il est quand même un peu trop sage. Un petit bémol toutefois, sa tenue est très limitée (du moins il m’a semblé) et je trouve que c’est dommage de ne pas faire durer le petit plaisir.
« J’ai composé Eden-Roc en m’imaginant une arrivée par la mer. Le sel, le soleil, la roche claire, la végétation luxuriante… Son sillage est une image olfactive de ce cap à la situation exceptionnelle. Les accords s’y expriment pour raconter la Méditerranée : les odeurs marines, les fleurs et les agrumes, les senteurs aromatiques et l'image des pins du sud de la France… L’Hôtel du Cap-Eden-Roc est un mythe de luxe et d’oxygène, d’extrême raffinement comme de simplicité exquise. Un parfum est vivant s’il est porté. Un lieu s’il est habité. Alors, souhaitons encore une très longue vie à l’Hôtel du Cap-Eden-Roc ! » tels sont les mots de François Demachy pour expliquer sa démarche créative pour inventer « Eden Roc », le tout dernier opus de la collection privée de Christian Dior et je dois dire que j’en attendais beaucoup surtout après mon coup de coeur pour « Tobacolor » qui m’avait un peu réconcilié avec cette collection qui ne m’attire pas spécialement. En fait, c’est une déception. Le départ agrumes un peu minéral, le coeur de jasmin et de mimosa (ou de quelque chose qui y ressemble) et le fond de pin, de ciste et de muscs blancs m’a laissé complètement sur ma faim. Je ne connais pas la pyramide olfactive exacte mais il m’a semblé détecter ces notes lorsque je l’ai senti. Très franchement, ce parfum aurait tout à fait sa place sur le rayon féminin du linéaire des parfumeries du circuit sélectif. Il n’a rien de très notable et son développement ne m’a pas plus convaincu que son envolée. Il est rare que j’exprime un avis aussi négatif car, en principe, je préfère passer sous silence ce que je n’ai pas aimé mais j’ai trouvé honnête de le faire cette fois. « Eden Roc » est une déception et c’est dommage.
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