Passion Parfums

Décidément, depuis son rachat, la maison Creed fait peau neuve. Après « Carmina » et « Queen of Silk », la marque sort deux ambrés, « Delphinus » et « Centaurus ». On ne sait pas grand-chose de leur réalisation puisque la marque ne communique ni sur la pyramide olfactive ni sur les parfumeurs qui les ont composés. Je les ai découverts et testés sur peau. Je vais essayer de vous donner un avis non pas éclairé mais, comme toujours, parfaitement subjectif. Je me dois de mentionner le fait que ces parfums sont très onéreux, même plus encore que les autres puisque je crois qu’il vous en coûtera 330 euros pour 100 ml s’ils vous provoquent un coup de coeur.

« Delphinus » est le premier de ce duo que j’ai essayé. Il est rond, très élégant, avec un côté un peu vanillé. C’est un cuir ambré mais tout doux, très facile à appréhender. La marque le décrit ainsi. « Sous le voile étoilé de la nuit, au nord, brille la constellation de Delphinus. Telle une danse gracieuse d’un dauphin légendaire, elle narre l’histoire enchanteresse du messager de Poséidon, parti en quête de sa belle Amphitrite, la nymphe marine qu'il souhaitait épouser. Dans l’éclat mystérieux de Delphinus, une symphonie de senteurs envoûtantes prend vie. Dès l'ouverture, la chaleur enveloppante d’un encens fumé et résineux se marie harmonieusement à l'aura épicée des baies roses. Des notes suaves d'héliotrope et d'orchidée jaillissent dans l'obscurité, tandis que le beurre d'orris majestueux scintille telle une précieuse poussière d'étoiles. Le ciel nocturne se révèle dans la profondeur captivante du patchouli, enrichi par la douceur veloutée d’une vanille de Madagascar sombre et cuirée. Une étoile parfumée s’illumine, guidant et inspirant des âmes flaneuses. Le flacon, telle une pierre précieuse ambrée, est conçu pour refléter les nuances cuirées et boisées qu'il renferme ». Pour moi, ce parfum est un ambré vanillé légèrement cuiré tel qu’il en existe dans de nombreuses marques d’auteurs. Certes, « Delphinus » est vraiment très qualitatif et ça se sent mais du point de vue originalité, j’ai trouvé qu’il y avait peut-être mieux à trouver. Le sillage a l’air très imposant et, sur ma peau, la tenue est longue. Si je veux résumer, je dirais que je ne suis pas forcément emballé. C’est un très joli parfum mais un peu « déjà senti ». Il est très androgyne et, pour moi, il plaira autant aux hommes qu’aux femmes. Ce n’est pas, pour moi, un coup de coeur mais il faut dire que je ne suis pas toujours très emballé par les ambrés. Je ne suis onc pas la cible. Il faut essayer « Delphinus » sur la peau car il se développe quand même beaucoup plus que sur la touche. Je vous laisse donc juge mais je ne pense pas qu’il figurera dans mon Top 20.

 

J’ai enchaîné avec « Centaurus » qui s’adresse clairement à une clientèle plutôt masculine. « Sous la voûte étoilée, Centaurus brille parmi les plus grandes constellations, un hommage céleste au sage Chiron. Dans les récits de la mythologie grecque, Chiron, à la différence de ses congénères farouches, se distinguait par sa sagesse et ses compétences en médecine. C'est lui qui, des cieux, enseigna aux hommes l'art de lire les étoiles. À l’image de Centaurus, symbole de la force indomptée, la fragrance s’ouvre sur les volutes ardentes d’un tabac incandescent, flamboyant sous l’éclat vif du poivre rose, de la cannelle et de la cardamome. Un cœur doux de bois de santal et de jasmin, telles des étoiles dans la nuit, se dévoile, illuminé par l’héliotrope velouté. En fond, la composition se pare d’un boisé ambré et sensuel. Le patchouli imposant, enrichi par la vanille Bourbon, se mêle aux notes balsamiques et mielleuses de fève tonka et au benjoin, créant un sillage envoûtant et inoubliable. Tel un guide de sagesse, Chiron projette des étincelles de lumière dans l'obscurité, orientant l’humanité vers les connaissances divines. Le flacon, telle une pierre précieuse ambrée, est conçu pour refléter les nuances cuirées et boisées qu'il renferme ». Plus qu’un ambré, ce parfum est, pour moi, un tabac cuir hyper sec. Il est doté d’un sillage assez soutenu et d’une bonne tenue même s’il est, sur ma peau, moins intense que le précédent. Globalement, il est quand même plus original que le précédent. Son côté ultra sec et très « feuille de tabac » apporte une facette un peu plus inédite à ce parfum ambré qui m’a rappelé, sans que je sache vraiment lequel, certains anciens Serge Lutens que j’ai un peu perdu de vue. Là encore, ce n’est pas un coup de coeur. Il est intéressant mais m’emmène trop loin de mes goûts originels. En tout cas, il a au moins le mérite de sortir un peu de l’ordinaire.

 

Globalement, j’ai préféré « Delphinus » à « Centaurus » mais leur prix, tout de même très élevé, m’aurait laissé espérer un peu plus de singularité. Je pense qu’avec ce duo ambré, la marque, prend de plus en plus ses distances avec sa clientèle traditionnelle qui était habituée aux parfums « à l’ancienne » de la maison dirigée par la famille Creed. On sent que la politique de ses nouveaux propriétaire est différente. C’est un choix. Je ne suis pas certain de m’y retrouver.