Passion Parfums

Passion Parfums

Denis Durand, maison de couture et de parfums

 

 

La découverte des quatre extraits de parfum lancés cette année par le couturier cannois Denis Durand a été, pour moi, une vraie surprise. Je ne connaissais pas son travail en tant que créateur (j’ai regardé les photos que j’ai pu trouver depuis et je trouve qu’il a beaucoup de talent même si je ne connais rien à la mode car, visuellement, c’est très beau) et j’ai été d’autant plus surpris lorsque je suis entré dans la parfumerie Odorem de Lyon, par l’esthétique absolument magnifique non seulement des flacons mais aussi des boites qui les contiennent. Denis Durand a confié à un parfumeur grassois, dont il ne communique pas le nom hélas, la création de quatre extraits de parfums contenus dans des flacons dont les cabochons et les plaques d’identifications ont étés commandés à un orfèvre eux même présentés dans des coffrets ornés du cygne, emblème de cette nouvelle marque, créant une esthétique un peu générale de la maison que je décrirai comme historique, mythologique et sophistiqué. Il en décrit ainsi l’univers : « Les parfums Denis Durand privilégient essentiellement des matières naturelles, nous utilisons un alcool français de qualité bio, gage d’une promesse olfactive sur votre peau. Dés la première vaporisation les notes fusionnent et évoluent afin de révéler toute la complexité olfactive de nos fragrances. Nous apportons un soin tout particulier à nos flacons vaporisateurs, élixirs de parfum. Créé par un maitre orfèvre, le capo et son étiquette médaillon en metal évoquent le bronze doré, protégés par un précieux coffret aux fresques antiques imaginaires rehaussées d’or ». Tout un programme ! J’ai donc pu découvrir ces quatre extraits qui réunissent toutes les qualités pour devenir de très beaux classiques de la parfumerie tant ils sont bien imaginés et qualitatifs.

 

« La légende raconte : Iris, messagère de l’Olympe venue du ciel, crée un arc en ciel illuminant la fleur la plus précieuse de la parfumerie, l’Iris. Cet élixir vous invite à la rêverie d’un champ d’iris en Toscane un jour de printemps. Un jeu de contraste entre chaleur et fraicheur, la sensualité à fleur de peau… » tels sont les mots de Denis Durand pour décrire l’inspiration du premier parfum que j’ai découvert et qui a pour nom évocateur « L’Âme d’Iris ». Le ton est donné, il s’agit d’un floral boisé et plein de charme qui est une ode à cette matière première précieuse, recherchée et présente à tous les étages de la pyramide olfactive. À l’envolée, elle se pare de la fraîcheur et de la douceur de la mandarine et d’un accord de muguet très réaliste qui appuie un côté floral qui s’enrichira, au coeur de néroli et de violette puis se posera sur un fond dans lequel l’iris est la vedette mais se renforce du côté très facetté de l’ambre gris et, plus rare, du côté très pétillant du cédrat qui est, généralement, plutôt utilisé en note de tête. Il en résulte un parfum extrêmement qualitatif, pas forcément poudré comme je m’y attendais mais plutôt en transparence et en fraîcheur comme un interprétation à la fois très contemporaine de l’iris et une vraie volonté de ne pas nous emmener là où nous pensions aller. Personnellement, j’ai beaucoup aimé « L’Âme d’Iris » même s’il n’est pas mon premier coup de coeur. Je pense qu’il ravira autant les femmes que les hommes et qu’il est, comme beaucoup de grands parfums, à la fois singulier et très facile à porter.

 

« La légende raconte : Apollon, maître de la musique et de la poésie, joueur de lyre et compagnon des muses, symbolise la beauté masculine. Comme un vent chaud et boisé du mont Olympe qui souffle sur Apollon, dandy viril moderne, ce jus est un élixir de sensualité ». Sans surprise, « N¨11 Jus d’Apollon » est mon coup de coeur. C’est un chypre oscillant entre une modernité évidente et aussi l’univers complètement débridé des années folles. Je m’explique. Il s’agit-là d’un beau travail construit, qui représente, pour moi, la dualité parfaite entre les anciens parfums de Coty ou de Guerlain que l’on ne peut plus sentir aujourd’hui, et le néo-chypré contemporain qui casse les codes. Le départ de bergamote, de bois de rose et de mandarine est déjà vraiment surprenant car le côté un peu suranné est contrebalancé par une certaine force qui va préfigurer un coeur de cèdre, de vétiver et de lavande très puissant mais sans jamais manquer de subtilité puis le parfum se pose sur un fond de patchouli, de fève tonka et de musc. Attention, il évolue énormément et il faut vraiment le poser sur peau pour en saisir tous les univers. Je l’ai fait et j’ai pu constater une chose : ce n’est pas un seulement un beau parfum, c’est un grand parfum ! Quand je parle de coup de coeur, je pèse mes mots. Je ne suis pas toujours très amateur d’extraits de parfums car, parfois, je trouve que la dilution apporte beaucoup de facettes à la création mais là, le parfumeur réussit le tour de force, malgré une concentration très élevée, d’avoir inventé un parfum qui n’est du tout d’un bloc mais qui va se délier, se construire et se déconstruire sur la peau pour donner ce côté complètement fou que nous recherchons toujours lorsque nous nous tournons vers ce qui peut-être appelé un peu abusivement la parfumerie de niche. « N°11 Jus d’Apollon » est aux antipodes de cela. C’est un parfum faussement classique, très identifiable et surtout très singulier. Pour moi, c’est un réel coup de coeur.

 

 

 

« La légende raconte : Sur les berges d’une rivière, Narcisse découvre son reflet dans l’eau et en tombe amoureux. Le recherchant vainement jour après jour, il s’incarne en fleur de narcisse ». Ce n’est pas un secret, j’aime la note de narcisse en parfumerie et, souvent, je la trouve vraiment très poudrée et cuirée à la fois. Avec « Narcisse au Miroir », une fois encore, le parfumeur casse les codes et propose un parfum qui est, cette fois, résolument contemporain et d’une très grande originalité car, cette fois, le narcisse ne se trouve pas au coeur mais dans les notes de tête, avec le poivre rose et la noix de coco et au fond associé au patchouli, à un accord d’ambre ainsi qu’au musc. Avant d’en arriver là, les notes de tête nous emmènent sur un coeur de guimauve, de fleur d’oranger et de tubéreuse pour le moins étonnant. Ce parfum m’a dérouté. Il est opulent et délicat à la fois, moderne et pourtant on sent qu’il peut devenir un classique. Son originalité est frappante et je pense, qu’une fois encore, il plaira autant aux femmes qu’aux hommes. Son esthétique et son androgynie se rejoignent pour donner un jus précieux, particulièrement qualitatif et brillant. Pour moi, il s’agit-là d’un parfum vraiment hors du commun qu’il faut découvrir. Il est clairement le plus clivant des quatre. Personnellement, j’ai bien aimé mais je comprends qu’il puisse être un peu trop « en dehors des clous » pour déplaire. C’est aussi l’une des caractéristiques de la parfumerie d’auteurs. En tout cas, je le trouve vraiment très intéressant et il faut le découvrir.

 

« La légende raconte : Née de l’écume, Vénus sublime par sa beauté et sa séduction, inspire les Arts. Avec ses notes de rose de Bulgarie, de cannelle et miel, son sillage épicé et floral, Vénus Céleste est un élixir sensuel, puissant et addictif ». « Vénus Céleste » est une ode totale à la beauté et à la féminité. Il s’agit d’un travail autour de belles roses de Bulgarie mises en valeur avec un départ de cannelle de Ceylan, de mandarine d’Italie et fleur d’oranger, un coeur de rose et de miel et un fond de vanille, d’ambre gris, de patchouli et de muscs blancs. C’est peut-être le parfum le plus consensuel de la collection ce qui ne veut pas dire qu’il est moins qualitatif. C’est un ambré fleuri très oriental « à la manière » de ceux que pouvaient produire les grandes maisons de parfums du début du XXème siècle. Pour moi, il évoque deux choses : tout d’abord l’élégance orientale d’une rose absolument qualitative et, ensuite, la profondeur et la beauté qui va mettre tout le monde d’accord. Il est difficile de faire une rose qui va mettre tout le monde d’accord et je pense que ce sera le cas de « Venus Céleste » tant il est réussi. Ce qu’il m’évoque, c’est immanquablement l’immensité d’une Olympe rêvée et parfumée comme une ambiance d’élégance et de pureté à la fois. La composition me correspond peut-être un peu moins mais vraiment, il ne faut pas que les amateurs de rose orientale passent à côté. Pour moi, cet extrait de parfum, évoque la même qualité que certains parfums créés au début du XXème siècle par Ernest Daltroff pour Caron avec, en plus, un versant moderne. C’est, à mon sens, une très belle réussite.

 

En découvrant les parfums de Denis Durand, la première chose que je me suis dit est qu’il a voulu revenir aux fondamentaux. Il est rare qu’un couturier se lance aujourd’hui dans la création de parfums mais, à l’instar de Marc-Antoine Barrois, il y a une soif du public pour la correspondance entre les arts. Quand j’ai découvert ces quatre parfums, je me suis posé une question : Et si la renaissance de la belle parfumerie était là, dans cette petite marque confidentielle ? Je n’ai pas la réponse mais je vous engage vraiment à sentir ces parfums. Ils pourraient vous surprendre et vous séduire. Je vous indique, sous cet article, les deux uniques liens des points de vente de la marque.

 

Le site de Denis Durand

La parfumerie lyonnaise Odorem



21/11/2023
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