Deux "élégants" aux noms trompeurs chez État Libre d'Orange
« Et s'il fallait expliquer, même si chacun sait qu'il ne faut jamais expliquer une oeuvre, bon et bien s'il fallait tenter de dire pourquoi ce parfum alors il faudrait dire que "Cette fin du monde c'est d'abord celle de Blaise Cendrars et de Fernand Léger puis celle d'une épopée cinématographique où tout explose comme le popcorn qui précède le film en irradiant l'espace avant la projection d'images". On dit de ce parfum "un pur jus d'enfant terrible à la poudre à canon, aux graines pétaradantes carottes, cumin, sésame et poivre noir pour servir un iris radiant aux retombées sensuelles". Oui il est tout à la fois, onde lumineuse et graines corpusculaires, comme un trait de photons jaillit du coeur même du soleil, Il y a dans ce parfum l'esprit d'Orange éclectique et rayonnant né de la fusion du docteur Folamour avec World War Z. Utopie et dystopie font ici bon mélange. Sentez la avant qu'elle n'arrive ! » ainsi s’exprime Étienne de Swardt lorsqu’il parle de « La Fin du Monde » d’État Libre d’Orange que j’ai découvert très récemment. Je dois dire que le storytelling ne correspond pas tellement à mon ressenti mais c’est cela aussi les mystères des impressions olfactives. Après être passé outre le packaging qui m’a un peu dérouté, je me suis penché sur ce jus créé par Quentin Bisch en 2013 et j’ai découvert un parfum somme toute assez sage, profond et bien imaginé. La marque indique que les notes de têtes sont le popcorn, le poivre noir et le sésame grillé. J’avoue que, si j’identifie facilement une note épicée, l’association n’est pas une évidence pour moi. Au coeur, on retrouve du freesia, de la graine de cumin (que j’ai senti et qui, curieusement, aussi fugace soit-elle, est un peu l’une de mes marottes du moment) ainsi qu’un absolu d’iris omniprésent durant toute une partie de l’évolution du parfum. Sur un fond de bois de santal, des notes de graines d’ambrette et un accord poudre à canon renforcent un peu l’originalité de de cette création. Pour moi, « La Fin du Monde » est vraiment un parfum enveloppant, poudré et très facile d’accès. Je n’aime pas trop dire que les créations d’État Libre d’Orange sont élégantes car cela va à l’encontre de l’image subversive que veut donner d’elle la maison mais pourtant, c’est le qualificatif qui me vient depuis que j’ai découvert ce jus. Si son nom est peu engageant, j’ai vraiment trouvé que la création était intéressante et je l’essayerai un peu plus précisément je pense, dans les prochains mois. Qui sait, peut-être reviendrai-je vous en parler.
« Sans coquetterie ni pudeur la belle se livre de l’intérieur, osant enfin se montrer telle qu’elle est, nu superlatif. La chair mûre attend qu’on la prenne. C’est le plus bel âge. Confiante, elle a oublié l’urgence, et c’est dans le silence désormais que toute attraction s’opère. Proie docile et consentante. La bête d’ailleurs n’est pas très loin, elle rôde. En connaisseuse, elle retarde la mise en bouche. Pour elle ce gibier-là se nomme désir; elle l’apprécie à point. Le parfum monte. On y est presque. Bientôt l’heure où le cœur liquide va se répandre en notes vanillées, le cuir fondre en baume et l’anatomie méconnaissable délivrer ses arômes précieux, solaires, enivrants. Sublime pestilence. Croyez-en l’animal, cette étreinte a le goût d’éternité. Pourquoi s’en priver ? » telle est la description de « Charogne » sur le site d’État Libre d’Orange. Derrière ce nom « baudelairien » se cache une fragrance parfaitement facile à porter créée en 2008 par Shyamala Maisondieu. C’est un travail très oriental des épices d’un bouquet floral que j’ai trouvé vraiment intéressant. Après un départ bergamote finalement très classique, épicé de cardamome et de gingembre, le coeur d’ylang ylang, de jasmin et de muguet a presque un côté lys et le fond de cuir, de vanille et d’absolu d’ambrette complète cette création vraiment chic. Je pense que le nom m’avait rebuté et j’étais passé complètement à côté de ce parfum qui est, je trouve, vraiment une des très belles références de la maison. En général, je ne porte pas trop de jus orientaux mais la dualité des notes cuirées et florales me plaisent et je pense que je pourrais facilement franchir le pas. Je suis loin de tout aimer chez État Libre d’Orange. Je peux être dérouté par les jus, leur lente évolution qui fait qu’ils sont très longs à essayer mais aussi par leur noms. Pour aborder une fragrance que je ne connais pas, telle que l’était « Charogne », il me faut toujours y revenir plusieurs fois. Très franchement, c’est une belle découverte. J’ai très envie de l’essayer sur un temps un peu long et il est probable que je le fasse dans les prochaines semaines.
Voilà pour ces deux découvertes. Je remercie vraiment chaleureusement David de la boutique lyonnaise Blitz (je vous mets le lien vers son site au bas de cet article) pour sa générosité et son accueil. Il me permet, à chaque fois, d’essayer tout à loisirs et autant que je veux les parfums tout en échangeant sur ses propres impressions. C’est le top. De tels lieux sont vraiment indispensables. Je le dis et le redis car vraiment, c’est un petit bonheur à chaque passage.

David et l'excellente et hétéroclite boutique Blitz, rue Louis Vittet, tout près de la place Sathonay dans le premier arrondissement de Lyon.
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