Passion Parfums

« La toute première boutique au 34 boulevard Saint-Germain, à Paris, s'ouvre sur la rue comme ces tableaux en deux parties de la renaissance italienne ou des maîtres flamands—Ils ont trouvé le lieu pour mettre en scène leur commerce de jolies choses et le nom qui va avec diptyque… On ne sait jamais comment l'écrire, le i et le y sont facétieux, dans l'esprit de la maison. Les erreurs sont si fréquentes qu'il fallut indiquer les deux orthographes dans l'annuaire téléphonique de l'époque. Mais diptyque sonne bien, dans toutes les langues et rime avec chic, éclectique, poétique, esthétique et graphique. (…) Le secret de notre singularité trouve sa source dans l’alchimie particulière de trois personnalités : Christiane Montadre-Gautrot, Yves Coueslant et Desmond Knox-Leet. C’est de leur complicité que naît cette créativité audacieuse qui porte encore la Maison aujourd’hui. (…) Pour les premiers parfums, Desmond dessine les sensations et les souvenirs qui l'inspirent sous forme d'illustrations panoramiques. Puis il les parcourt avec un curseur, l'ovale de diptyque, pour isoler un détail. Un délicat souvenir que l'on découvre au dos de l'étiquette en retournant le flacon, son message dans la bouteille. ». Telle est, en résumé, l’histoire de la marque Diptyque, née en 1968 et qui a été la première maison de parfum indépendante que l’on baptisera plus tard « parfumerie de niche » avant même L’Artisan Parfumeur puis Annick Goutal. Je dois dire que j’ai mis un certain temps à apprivoiser les créations de la marque car, si j’aimais très souvent les notes de tête, j’étais un peu dérouté par leur développement. Ce n’est que très récemment que je me suis vu offrir « Florabellio », ma première eau de toilette de la marque dont j’ai déjà parlé plusieurs fois et qui me plait finalement beaucoup. Je suis loin de connaitre tous les jus de la marque mais j’ai décidé, comme d’habitude, d’en sélectionner cinq qui me plaisent beaucoup. Je vais donc naviguer entre eaux de toilettes et eaux de parfum des différentes collection en essayant de décrire, de mon mieux, mes impressions.

 

 

La première création que l’on m’a proposé d’essayer a été « Vétyverio » en eau de toilette, lancé en 2010 et composé par Olivier Pescheux. Je suis très amateur de vétiver et je me suis, bien évidemment, laissé porter par cette création magnifique. Les notes de tête sont une explosion d’agrumes avec de la mandarine, du pamplemousse, du citron d’Amalfi et de la bergamote. Le coeur est assez floral et poudré, oscillant entre la rose, le géranium, l’ylang ylang et différentes épices. Le fond est un vétiver classique soutenu par du bois de cèdre. Ce qui m’a impressionné est que la création a presque des accents de mimosa alors qu’elle n’en contient pas. C’est un jus tout à fait réussi, à la fois empreint de la grande tradition des parfums vétiver, initiée par Guerlain, LT Piver ou encore Carven mais il a tout de même une certaine modernité et je l’ai beaucoup aimé. En 2017, Olivier Pescheux crée une version eau de parfum, plus axée sur la rose, le patchouli et le vétiver mais j’avoue que je ne l’ai pas autant appréciée car je la trouve plus solinote et plus proche des vétivers que je connais déjà. J’en reste donc sur l’eau de toilette qui est vraiment très belle et parfaitement à mon goût.

 

La responsable de boutique, voyant que je partait un peu tous azimuts, m’a proposé de découvrir « Do Son » en eau de toilette, créée par Fabrice Pellegrin en 2005. Plus poudré, ce jus m’a plu d’emblée, les notes de tête sont florales avec surtout une rose et une fleur d’oranger très présentes et qui reposent sur une note d’iris. Le coeur est très singulier avec une tubéreuse très discrète, épicée de baies roses. Le fond oscille entre muscs blancs poudrés qui renforcent la note d’iris et de notes plus résineuses. J’ai trouvé cette version de « Do Son » un peu trop évanescente et j’ai préféré le voyage que m’a fait effectuer l’eau de parfum, lancée en 2013 que j’ai trouvé, si ce n’est plus tenace, au moins plus profonde. Pour être honnête, après l’avoir essayé, j’ai été emballé par la première période de son évolution mais j’ai trouvé que, sur ma peau, le fond était un peu plat et pas forcément remarquable. Ceci dit, c’est tout de même un jus qui m’a plu globalement et je l’ai porté avec beaucoup de plaisir.

 

 

J’ai beaucoup aimé « 34, Boulevard Saint Germain » créé en par Olivier Pescheux en 2011 en hommage à la première boutique de la marque qui se trouve dans le sixième arrondissement de Paris. J’ai aimé la dualité entre le côté aromatique et épicé de cette création poudrée et florale. L’envolée d’agrumes, de notes vertes et d’épices est une belle entrée en matière pour aller vers un coeur construit autour de l’association iris et violette avec des notes de géranium et de rose. Le fond est, à la fois résineux, boisé et aromatique. Il y a quelque chose d’une cologne revisitée et je trouve que, finalement, la note qui persiste lors de l’évolution, est celle du cassis qui me plait beaucoup. J’ai préféré, dans cette collection, « 34, Boulevard Saint Germain » à « Eau de 34 » que j’ai trouvé plus cologne et classique pour le coup. En revanche, je sais qu’une version eau de parfum est sortie en 2018 mais je ne la connais pas du tout donc je ne l’évoque que pour signaler qu’elle existe.

Créé par Fabrice Pellegrin, « Volutes » a été lancé en 2012 et c’est un de mes coups de coeur. C’est un tabac blond épicé, miellé, avec des notes poudrées d’iris et de styrax et je le trouve particulièrement élégant. Il m’emmène dans un univers de salons en cuir, de tabac chaud qui fume dans des cendrier luxueux. Je trouve que c’est un parfum idéal pour un hivers tant les notes épicées associées au tabac nous enveloppent. Je l’ai essayé à plusieurs reprises et j’ai pas mal tourné autour mais je ne me le suis pas approprié. Je pense que j’aurais préféré sa version eau de toilette qui a du être arrêtée car je trouve que l’eau de parfum est un peu trop capiteuse et que son sillage est un peu trop important pour moi. J’aime « Volutes » et il est probable que j’y viendrai un jour mais je le porterai avec parcimonie et discrétion. En tout cas, c’est une magnifique découverte.

 

C’est Manon, de la chaîne YouTube Ma Note de Coeur qui m’a donné envie, il y a quelques mois, de découvrir « Kimonanthe », créé en 2017 pour la Collection 34 supposée rappeler l’ambiance de la boutique originelle. C’est une variation autour de l’abricot et de la fleur d’osmanthus et je l’ai beaucoup aimée. L’ouverture est très camphrée et épicée avec des notes de clou de girofle et on suit l’odeur abricotée tout au long de l’évolution du parfum y compris sur son fond boisé et cuiré. J’ai trouvé ce parfum parfaitement singulier, très « japonisant », tout en nuances tout en ayant une très bonne tenue et un sillage plus que suffisant. Je ne sais pas si j’aimerai le porter mais j’ai été très séduit et très content de le découvrir. Il n’a, pour moi, pas d’équivalent sur le marché et je trouve qu’une telle singularité fait plaisir. C’est un parfum qui a une identité très marquée, très dense. J’ai beaucoup aimé les traces qu’il a laissé sur ma peau lorsque je l’ai essayé.

 

 

 

J’aurais pu évoque également « Géranium Odorata » que j’ai beaucoup aimé mais j’en parlerai d’une manière plus détaillée prochainement. En tout cas, je vous conseille d’aller découvrir l’univers si étonnant de Diptyque et qui sait, après pas mal d’essais, vous trouverez peut-être votre parfum de la marque comme je l’ai fait. Le travail des parfumeurs est formidable. À suivre…