Passion Parfums

Fondée au Royaume Unis en 2014, Electimuss compte aujourd’hui, dans sa collection, 28 parfums réalisés par Kevin Mathys, Christian Provenzano et Sofia Bardelli. C’est un univers onéreux, luxueux, très qualitatif. Je trouve que, de plus en plus, les marques britanniques explorent un univers oriental et que les parfumeurs, de chaque côté de la manche, explorent la vanille overdosée, le oud, les bois précieux et les ambres. Je l’avais déjà remarqué avec la collection Trade Routes de Penhaligon’s, une partie de l’univers de Bodicea the Victorious et à maintes autres occasions. C’est le cas aussi d’Electimuss. J’ai eu l’occasion de sentir et même d’essayer suffisamment de parfums de la marque pour pouvoir faire une revue cohérente. J’en ai sélectionné quatre qui m’ont plu mais que je ne pourrais pas facilement porter.

Le tout premier parfum que j’ai essayé et que j’ai retenu est « Trajan » issu de l’Eternal Collection lancé en 2020 et décrit ainsi par la marque : « De flamboyantes notes hespéridées parcourent la route de la soie. Lors de leur voyage, elles capturent le essences de lavande et de sauge qui émanent des jardins, mais aussi les notes des forêts de cèdre et des épices orientales ». J’ai bien évidemment ressenti le côté « retour de voyage » avec une avalanche de notes qui semblent toujours s’ajouter au fur et à mesure que la fragrance se développe sur la peau. La construction est à la fois un peu aromatique et un peu chyprée. Le départ est une explosion d’agrumes avec la douceur de l’orange sanguine, de la bergamote et de la mandarines relevée par le côté pétillant du citron. Le coeur est clairement aromatique et épicé avec des notes de lavande, de sauge et de safran et le fond très mousse de chêne se renforce d’ambre gris et de cèdre. Lorsque j’ai essayé ce parfum, je me suis fait deux réflexion. La première est qu’il y a quelque chose presque d’orientale fougère dans son développement et la seconde que la marque jouait la carte de l’originalité et des belles matières. Tour à tour addictif et dérangeant, « Trajan » est un parfum riche, complexe, très étonnant car, avec une pyramide olfactive qui peut paraître très « européenne », on obtient, sans doute grâce à l’omniprésence du safran et de l’ambre gris, quelque chose de presque oriental. En conclusion, je dirai que c’est un parfum intrigant, réussi mais que je ne pourrais absolument pas le porter car il m’éloigne trop de mes goûts.

Imaginé en 2019 par la créatrice Sofia Bardelli, « Rhodanthe » est l’un des bests de la marque et il est également tiré de l’Eternal Collection. Ce travail autour de la rose est clairement oriental et sans doute qu’il revêt pas mal de facettes au cours de son évolution. Jugez plutôt, il s’ouvre sur des notes vraiment agréables de bergamote associées au clou de girofle, au citron et à la poire pour nous emmener sur une magnifique rose de Bulgarie mais c’est là que je cesse un peu d’être comlètement conquis. La parfumeure a associé cette très belle matière première avec des notes de thé, d’acacia, de poivre rose et de violette mais aussi de safran et surtout de framboise qui finissent par me déranger. Le fond, oud, ambre, patchouli, musc et cèdre donne une certaine ampleur au parfum qui avait commencé un peu en douceur et qui se fait intense et clairement oriental. « Vibrant et sensuel, Rhodanthe dévoile un magnifique cœur composé d’un absolu de rose de Bulgarie. Un parfum de passion et de ferveur, qui vous charmera avec ses notes de musc, patchouli et de vanille ». Là encore, je sais reconnaitre la qualité de la composition et des matières premières mais, il faut le dire, je suis un peu dérouté par ce côté très oud et vanille du fond qui me bloque un peu. Je l’ai essayé plusieurs fois car je le trouve vraiment qualitatif mais il n’est pas forcément pour moi. Je suis plus attiré par des fragrances très profondes mais moins opulentes.

« Une fragrance fleurie et épicée voluptueuse qui capture la chaleur d’un lever de soleil. Aussi délicate qu’une rose qui s’épanouie et éclot à l’aurore » tel est « Aurora » lancé en 2020. Pour moi, ce parfum est typique des orientaux modernes d’aujourd’hui et je dois dire que je l’ai assez aimé sur la peau alors qu’il m’avait laissé complètement sur ma faim sur la touche. Il figure également dans l’Eternal Collection et la marque ne communique pas sur le parfumeur qui l’a réalisé. Il s’ouvre sur une note très présente de safran associé à la cardamome qui l’adoucit et au clou de girofle qui la rend particulièrement épicée. Le coeur de rose est doux, presque truffé, et cette impression est renforcée par la patchouli et surtout un santal discret mais bien présent travaillé de manière boisée. Le fond est nettement ambre gris et muscs. Pour moi il est comme « Arcana Rosa » de la collection Botanique l’Artisan Parfumeur ou d’autres parfums sur le marché, emblématique de cette tendance des orientaux mettant en valeur une rose à la fois opulent et ciselée. J’ai bien aimé je dois le dire mais, une fois de plus, il m’entraîne hors de ma zone de confort et je ne suis pas certain de pouvoir le porter.

Toujours imaginé par Sophia Bardelli en 2020 pour l’Eternal Collection, « Imperium » est un vrai coup de coeur. « La fraicheur de la rose et du muguet est relevée par les douces épices musquées ». C’est un floral certes mais un floral « anti-conformiste » il faut bien le dire. Dès l’envolée, la dualité de la douceur de la bergamote et de la facette épicée de la coriandre m’a séduit et le coeur de jasmin, rehaussé de safran qui s’enroule autour d’un accord muguet reconstitué avec des notes de lys, de tubéreuse et de néroli poudré par la rose est absolument magnifique sur ma peau. On dirait aujourd’hui qu’il s’agit d’un « floriental » car le fond de patchouli, de oud et de vétiver est enveloppé de la douceur des muscs. Vraiment, j’aime le côté presque animal de ce grand floral complètement atypique. Je pourrais sans doute le porter. Il faut que je le réessaye lorsque les températures seront plus supportables car, vraiment, il m’a bien plu. Attention toutefois à son évolution. À l’instar des autres parfums de la marque, elle se révèle très longue ce qui est du, je pense, à la complexité des formules.

J’ai aimé vraiment découvrir l’Eternal Collection de Electimuss. Je trouve que c’est une maison à suivre en dépit du fait que les flacons coûtent un certain prix. Je ne peux pas dire que ce soit un univers qui soit fait pour moi mais vraiment, la qualité des matières premières, la complexité des jus, ne peuvent que fasciner l’amateur de parfum curieux que je suis. Je trouve que le fait, parfois, de bousculer un peu ses goûts, fait partie du plaisir de la découverte. En tout cas, pour ma part, je me suis fait plaisir à sentir et essayer, ces fragrances.