Ella K ou les voyages de Sonia Constant
« Ella K, une héroïne imaginaire
Ella Maillart, Karen Blixen ou encore Alexandra David-Neel, ces femmes exploratrices d’un autre siècle, à l’esprit pionnier, ont inspiré des générations de femmes. Héroïne fantasmée, ELLA K est de ces femmes. Sans jamais être l’avatar de sa créatrice, elle est néanmoins issue de son imaginaire. Libérée de l’espace et du temps, elle ne connaît ni limites ni frontières à ses explorations. Elle multiplie les voyages intérieurs et les parcours initiatiques, elle part à la rencontre des autres et à la découverte de lointains ailleurs. Elle est de ces belles âmes qui aiment l’inconnu, sans à priori, sans crainte ni réticence avec une foi sans faille en son instinct. Confortée par l’exemple de ses illustres devancières, elle choisit, comme elles, d’écrire sa propre histoire, laissant derrière elle les contraintes et les codes.
Sa religion, c’est l’aventure. Son luxe, c’est la liberté. »
Une belle entrée en matière pour une nouvelle marque créée par la parfumeuse Sonia Constant dont j’aime beaucoup le travail et qui est indiquée sur le site. Ella K est une invitation non pas au voyage mais aux voyages au pluriel. Sonia Constant nous emmène dans ses bagages pour des séjours olfactifs dans différents pays du monde. Depuis que la marque existe, soit 2018, j’ai eu envie d’en découvrir les créations et c’est désormais chose faite car les créations sont arrivées chez nous. Je dois dire que je ne suis pas déçu. Je les ai quasiment toutes aimées. En deux, ans dix parfums ont vu le jour et il m’a fallu ne garder que les six que j’ai préféré afin que cet article ne soit pas trop long. Nous sommes sur un blog et pas dans un journal papier et il me faut être un peu bref ce qui n’a pas été facile. Alors je vous emmène sur les traces de la voyageuse… de la parfumeuse… enfin des deux.
C’est au japon que nous emmène « Poème de Sagano » et je dois dire que j’ai été particulièrement surpris par ce parfum très frais et hespéridé construit autour de la menthe, du yuzu, avec un coeur de bambou et un fond d’eucalyptus. En règle général, je ne suis pas du tout attiré par ce genre de parfum mais il ne faut jamais dire jamais et j’ai adoré. Dès le départ de bergamote, de yuzu et de pamplemousse, j’ai ressenti une intense fraicheur et une certaine transparence qui, effectivement, m’a semblé quelque peu « nippone ». Le coeur de menthe et de bambou est vraiment inédit. Serait-ce « Stupeur et Tremblement » ? Non, contrairement à Amélie Nothomb, je ne me suis pas défenestré (heureusement) pour atteindre les nuages mais j’ai été bigrement bien dans ma peau en portant, autour de moi, « Poème de Sagano ». Je pense qu’il peut être un merveilleux parfum d’été.
Floral et musqué à la fois, « Baiser de Florence » est peut-être mon préféré (et encore, je ne me prononce pas car il y en a plusieurs que j’aime) et Sonia Constant nous entraine dans un univers à la fois baumé et poudré avec ce parfum qui, sur ma peau, a été très linéaire mais fort bien vu. Dès l’envolée, je ressens des notes de jasmin un peu vert mêlé de vanille et de muscs blancs auxquels viennent s’ajouter la myrrhe et la résine oliban puis les notes amandées et poudrées de l’héliotrope renforcé par un iris très agréable et profond. Ce parfum est supposé symboliser un voyage en Toscane mais, pour moi, il est surtout un cocon confortable et élégant. Certes, il ne sera pas le parfum de tout le monde mais je l’ai trouvé particulièrement réussi. C’est un coup de coeur indéniable.
C’est en Thaïlande que Sonia Constant nous emmène avec « Brumes de Khao-Sok » créé en 2018. J’ai tout de suite beaucoup aimé la dualité des notes boisées et résineuses du cyprès e du cèdre conjuguées avec un lys opulent et un gardénia élégant mais presque vert. Je trouve ce parfum particulièrement exotique et, vu que je ne suis jamais allé en Asie, je ne peux me fier qu’à mon imagination. Une fois de plus, Sonia Constant fait mouche et ce parfum m’évoque un séjour dans ce pays dont je ne connais que la cuisine fort épicée et délicieuse, dans un paysage onirique qui incite à la rêverie. « Brumes de Khao-Sok » est un vrai parfum comme je les aime, unique, singulier et pourtant très facile à porter. Il est, pour moi, une complète réussite
C’est dans l’état indien du Radjastan que « Lettre de Pushkar », créé en 2018, prend son inspiration. Ce travail autour d’une rose opulente, de l’ambre et de bois précieux est délicatement soutenu par la vanille et épicé par la noix de muscade, le safran et la cannelle. Sonia Constant a créé un oriental indéniablement dépaysant, au charme suranné et exotique qui nous fait voyager près de palais luxueux parés de boiseries d’ébène et de palissandre. Ce parfum aux accents originaux n’est absolument pas pour moi mais j’ai adoré sa construction, son univers olfactif et je l’imagine porté par un homme audacieux, n’ayant pas peur de sortir des sentiers battus ou par une femme très « hollywoodienne ». Il est le parfum du soir par excellence et je pense qu’il doit avoir, déjà, séduit un grand nombre d’amateurs.
D’un saut de puce, nous partons au Vietnam avec « Pluie sur Ha Long », une mousson de fleurs exotiques et inspirées soutenues par un fond de muscs blancs. Ici, Sonia Constant a décidé d’éliminer les notes de tête pour entrer immédiatement dans un coeur de lotus, de nénuphar, de cyclamen et de magnolia. Le parfum est un bouquet enivrant mais plein de calme et de beauté. J’ai adoré ce parfum. Il est d’une délicatesse exotique et d’une élégance absolue. Je trouve qu’il ne ressemble à aucun floral que j’ai pu sentir et les notes aquatiques du magnolia lui donnent une certaine fraicheur qui me fait dire que j’aimerai le porter au plus chaud de l’été. Pour moi, « Pluie sur Ha Long » est une petite merveille de parfumerie, une pépite à découvrir absolument.
Mon coup de coeur nous emmène sur les plateaux du Kazakhstan « un coin reculé, niché entre Chine et Mongolie dont la dureté n’a d’égal que sa beauté sauvage ». C’est ainsi que la marque présente ce magnifique cuiré qu’est « Mélodie de l’Altaï ». Sorti en 2018, c’est un parfum absolument magnifique, assez linaire oscillant entre le styrax, l’ambre, le patchouli sur un fond cuiré relevé d’une note de safran. Intense, élégant malgré un côté un peu brut, « Mélodie de l’Altaï » est un véritable bijou et, je pèse mes mots, il est l’un des plus beaux cuirs que j’ai senti ces derniers mois. Je le trouve vraiment singulier tout en étant facile à porter. Son apparente simplicité est, en fait, une belle création tout simplement.
Me voilà arrivé au bout de cette sélection tout à fait arbitraire car la seconde partie des créations de la marque est de la même qualité et de la même qualité mais il me fallait me limiter. Je suis vraiment séduit par Ella K et je vais m’y pencher et m’y repencher, essayer et réessayer afin, peut-être, de savoir celui que j’aimerai porter… Le choix sera difficile !
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 220 autres membres