Passion Parfums

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Entretien avec Isabelle Larignon, parfumeure et talentueuse

 

Le Flocon de Johann K Isabelle Larignon parfum - un parfum pour homme et  femme 2021

 

 

Il y a quelques mois, grâce à Marion de la chaîne YouTube Des Paons Danse Cent Heures, j’ai découvert le premier parfum d’Isabelle Larignon, « Le Flocon de Johann K » qui m’a énormément plu. J’ai trouvé ce travail extrêmement différent de tout ce que je connaissais et je vous en avais d’ailleurs parlé. Le temps a passé et la créatrice a composé un second parfum, « Milky Dragon » et j’ai eu l’opportunité de lui poser quelques questions sur son travail lors d’un entretien. J’ai donc conservé cinq questions et je remercie cette créatrice atypique et novatrice dont le travail me plait beaucoup, d’avoir bien voulu me répondre.

 

Bonjour Isabelle, d’où venez-vous et quel a été le parcours qui vous a conduite à devenir parfumeure ?

 

J’ai ce que l'on appelle un parcours atypique. Je dirai que mes rêves de petite fille ont guidé mon cheminement et mon parcours professionnel. Enfant, j’avais le rêve unique d’être heureuse et le rêve multiple de devenir nez, chanteuse d’opéra et danseuse de tango. Rochelaise, je suis venue à Paris pour intégrer une classe de chant lyrique au conservatoire que j’ai étudié durant une petit dizaine d’années. J’ai arrêté du jour au lendemain. J’avais la voix mais guère la personnalité pour être une soliste de premier plan. J’ai alors repris des études, on me disait bonne communicante, alors que mes amis percevaient sûrement ma facilité à raconter des histoires. J’ai donc étudié la communication. J’ai de suite dirigée ma quête de stage vers la gastronomie. Etre parfumeur était un désir toujours présent mais tu, comme si je ne pouvais accéder à ce graal. Et puis le luxe artefact du secteur me rebutait ; les acteurs des métiers de bouche me semblaient alors plus proches de mes valeurs et puis du palais au nez, il n’y a qu’un voile… Le Dire et le Goût est né, ma première société, pour faire simple, j’accompagnais nombre d’entreprises dans leurs relations presse et en conception-rédaction-édition. J’écrivais donc beaucoup et j’aime toujours autant écrire. Après 7 ans d’activité, j’ai fait un burn-out. J’ai remercié mes clients actifs. Pour oublier la forçat de travail que j’étais, je dansais la nuit. Le tango argentin. Et puis le pain et la boulangerie paysanne sont venus à moi par un étrange hasard. Rentrant de 2 mois passés à Buenos Aires, je me souviens m’être dit les veilles d’une formation préparatoire au CAP boulanger “tu déconnes Larignon, tu n’as jamais voulu être boulangère mais parfumeur”. Je me mets à monter un dossier de candidature pour intégrer l’école Givaudan, c’était en 2012. Je ne l’ai jamais envoyé. Ce n’est qu’en 2018, alors que ma fille Rose n’a pas encore 2 ans, que le sentiment impérieux de me remettre sur le chemin de mes rêves, des odeurs et des parfums revint. En tant que maman, je me devais d’aller au bout de ce rêve. J’ai fait la formation longue de Cinquième Sens. Sur ce chemin d’apprentissage, j’ai eu la chance de rencontrer le parfumeur Bertrand Duchaufour qui me soutient dans mon travail de façon très généreuse. Générosité à noter, dans ce milieu très fermé et clanique. Je dirai que toutes mes expériences passées me servent aujourd’hui et que depuis toujours, je cherche à engendrer un geste beau, qu’il soit chanté, dansé ou écrit. Avec des mots ou avec des molécules.

 

 

Le Flocon de Johann K Isabelle Larignon parfum - un parfum pour homme et  femme 2021

 

 

Quels sont les parfums qui vous ont donné envie de réaliser vos propres créations ?

 

Il n’y en a pas tant que cela mais l’enchantement rare qu’ils me procurent est puissant : Aromatics Elixir de Clinique, Mitsouko et Jicky de Guerlain, Grey Flannel de Geoffrey Beene, Eau du Soir de Sisley, Eau d’Orange verte d’Hermès en version gel pour les mains, somptueux ; Dzongkha et Mont de Narcisse chez l’Artisan Parfumeur, la marque Serge Lutens il y a 20 ans me faisait rêver, je portais Chergui, et aujourd’hui je voue un culte à Nuit de Bakélite d’Isabelle Doyen pour Naomi Goodsir.

 

Votre premier parfum, Le Flocon de Johann K est pour le moins atypique et d’une fraîcheur absolument incroyable. D’où vous vient l’inspiration à chaque fois que vous voulez finaliser une création ?

 

Cela dépend si je crée pour moi ou pour une commande. Quand je formule en mon nom les inspirations sont diverses. Elles partent souvent d’une histoire. Pour Le Flocon de Johann K, l’inspiration vient d’un texte de l’astronome Johannes Kepler, intitulé Étrennes ou la neige sexangulaire (1610). Kepler y raconte sa quête d’un cadeau de nouvel an qui serait le plus proche du RIEN à offrir à son richissime mécène. Ce texte m’habite depuis plus d’une dizaine d’années et pour mon premier parfum, cette quête du rien était comme une évidence, comme une réponse à la tonitruante parfumerie actuelle. La quête de Kepler fut aussi mienne avec la tentative d’approcher une non odeur celle de la neige. Par contre, la neige et le flocon sont d’une grande richesse évocatoire : c’est blanc, pur, froid, glacé, poudreux, léger, doux, aérien, aqueux, mais cela peut aussi être dur, métallique et vous bruler. Et c’est aussi extrêmement structuré.

 

Je ne l’ai pas encore sentie mais votre seconde création s’appelle Milky Dragon. Ce nom m’évoque une certaine catégorie de thé Oolong. Pouvez-vous le décrire ?

 

Le parfum est effectivement inspiré du thé milky Oolong qui est une variété de thé taïwanais, copié par les Chinois. La feuille sèche de ce thé “bleu" a la particularité d’être très gourmande au nez, avec des notes beurrées, briochées, pralinées, coumarinées. Une fois infusée, la feuille développe des saveurs de fruits jaunes confiturés et des notes florales. Le parfum joue sur ces flaveurs, avec l’image également d’un jardin de thé pris dans la brume matinale. C’est un parfum gourmet plus que gourmand, avec un je-ne-sais-quoi addictif. Il est frais, vert, floral, fruité avec des effets chauds de tabac.

 

 

Comment voyez-vous l’avenir et la distribution des différents parfums sur lesquels vous aller travailler ?

 

Ahhh question très d’actualité, il se trouve qu'en éditant ces deux parfums, je n’ai ni pensé “création de marque”, ni développement commercial. Invitée par des amis qui ont un concept-store, j’étais animée par l’expression libre et artistique. Un peu victime de leur succès, la question de la distribution se pose car pas une semaine ne se passe sans que l’on me demande où sentir et acheter mes parfums. Pour l’instant, ils sont sur le e-shop de NEZ/ AUPARFUM et en vente directe parfumeur. J’aime l’idée de vendre en direct et de connaitre chacun des acquéreurs, ce modèle pour l’instant me convient. Une boutique à Mougins les distribue également. La revente pour l’instant est une histoire de rencontre et d’envie partagée. Comme celle avec Brooke Belldon basée à Londres qui a créé l’e-boutique Sainte Cellier qui vend une sélection très pointue guidée par le coeur. On y retrouvera donc mes parfums aux côtés notamment des marques ERIS Parfums et les Indémodables.

 

Pour terminer cet entretien, j’ai envie de souhaiter à Isabelle le succès que mérite son talent. J’espère que, dans quelques temps, ses deux parfums et le suivants seront un peu plus facilement accessibles et je dois dire que je croise les doigts car c’est un travail qui m’a beaucoup touché et je suis vraiment très content d’avoir pu le découvrir. Je remercie donc Marion de m’avoir fait connaitre « Le Flocon de Johann K » et j’ai hâte de découvrir « Milky Dragon ». Merci évidemment à Isabelle de s’être prêtée au jeu des questions, ce qui n’est pas toujours facile. J’espère que vous aurez bientôt l’opportunité de sentir, voire même de porter les parfums d’Isabelle car, vraiment, c’est un univers onirique, nouveau et poétique qui a su me séduire complètement.

 



10/10/2022
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