Ernest Beaux, créateur mythique

Pour une fois, je ne vais pas vous parler d'un coup de coeur mais plutôt d'un parfum qui est surtout le plus lointain souvenir olfactif de beaucoup de gens, moi y compris. J'ai reçu pas mal de messages privés me reprochant gentiment de ne pas parler du “Numéro 5” de “Chanel”. En réfléchissant, je me suis dit qu'effectivement, il était un peu absurde de créer un groupe de discussion sans parler du parfum le plus célèbre du monde. Lorsque Gabrielle Chanel a commandé, en 1921, ce parfum à Ernest Beaux, elle a voulu une odeur différente de ce qui existait. Comment le moderne devient il le (trop) classique ? Il lui propose plusieurs variations autour des fleurs et des aldéhydes. Naitront le “5” et le “22”. Si le second est régulièrement ressorti avec un succès mitigé (je le trouve agréable à sentir mais la version qui existe aujourd'hui n'est pas belle portée de mon point de vue), le premier est un succès indéniable qui a été accentué encore par les quelques mots célèbres de Marilyn dans les années 50. Que reste-t'il du “Numéro 5” aujourd'hui si ce n'est une réputation et un raz-de-marée commercial ? Je ne sais pas. Je le trouve agréable malgré les multiples déclinaisons (je n'aime pas trop cette démarche) mais il est loin d'être celui que je préfère. J'ai beaucoup plus de goût, dans le même esprit, pour “Fleur de Rocailles” de “Caron” par exemple. Reste que je salue un succès et un beau travail de création. Je ne sais pas s'il ressemble aujourd'hui à ce qu'il était dans les années 20 mais j'ai entendu des utilisatrices déplorer une tenue qui a baissé. Dommage, c'est un classique… “le” classique sans doute. Cette introduction me conduit donc à revenir surson créateur et de jeter un coup d’oeil sur sa mythique carrière.
Ernest Beaux

Ernest Beaux
« Ernest Beaux (né le 8 décembre 1881 à Moscou et mort le 9 juin 1961 à Paris) est connu comme l'un des plus grands parfumeurs au monde et le créateur du parfum No 5 de Chanel. En 1898, il entre dans l’entreprise dirigée par son frère aîné, la société Rallet (qui fournit notamment la cour impériale de Russie1), pour apprendre la savonnerie et le métier de parfumeur. Il est l’un des premiers parfumeurs à exploiter les nouvelles molécules issues de la synthèse chimique au début du XXe siècle, et c’est ainsi qu’il s’intéresse aux aldéhydes, qui vont donner leur personnalité et leur caractère au mythique No 5 de Chanel.
Deux ans après, il quitte l’entreprise de parfumerie Rallet pour effectuer son service militaire en France. En 1902, il revient chez Rallet pour poursuivre son métier de parfumeur et commencer une brillante carrière. En 1907, il lance son premier parfum (nom inconnu), mais son grand succès arrive en 1912, avec l’apparition de son eau de Cologne, Bouquet de Napoléon, à l'occasion du centenaire de la bataille de la Moskova. En 1914, il occupe chez Rallet le poste de directeur technique et fait partie du conseil d’administration.
En 1920, il rencontre Coco Chanel par le biais du grand-duc Dimitri Pavlovitch, l'amant, à l'époque, de la grande couturière. En 1921, Chanel lance son premier parfum et fait appel au parfumeur.
Selon les propres mots de Beaux: « Mlle Chanel, qui avait une maison de couture très en vogue, me demanda pour celle-ci quelques parfums. Je suis venu lui présenter mes créations, deux séries : 1 à 5 et 20 à 24. Elle en choisit quelques-unes, dont celle qui portait le no 5 et à la question « Quel nom faut-il lui donner ? », Mlle Chanel m’a répondu : « Je présente ma collection de robes le 5 du mois de mai, le cinquième de l’année, nous lui laisserons donc le numéro qu’il porte et ce numéro 5 lui portera bonheur ». Je dois reconnaître qu’elle ne s’était pas trompée… ». En 1922, Ernest Beaux créa ensuite le No 22. » - Source Internet
Son travail
• Inconnu - A. Rallet & Co. - 1907
• Bouquet de Napoléon - A. Rallet & Co. - 1912
• Bouquet de Catherine - A. Rallet & Co. - 1913
• No 5 - Chanel - 1921
• No 22 - Chanel - 1922
• Cuir de Russie - Chanel - 1924
• Gardénia - Chanel - 1925
• Bois des îles - Chanel - 1926
• Soir de Paris - Bourjois - 1928
• Kobako - Bourjois - 1936
• Premier Muguet - Bourjois - 1955
L’héritage
Il est incontestable qu’Ernest Beaux a été l’un des grands parfumeurs de son époque mais il est resté dans les mémoire surtout grâce à sa collaboration avec Chanel et le succès du « N°5 » car peu de ses créations sont venues jusqu’à nous. Celles qui sont venues jusqu’à nous dans la collection des exclusifs ont été retravaillées par Jacques Polge.
Reste « Soir de Paris » qui existe toujours chez Bourjois. Lancé en 1928, ce floral est toujours commercialisé. Très classique avec des notes de tête de bergamote, d’abricot et de pêche, il nous conduit, au coeur, vers un bouquet floral puisqu’on y retrouve le duo poudré violette et Iris mais également de la rose, du jasmin, de l’ylang ylang, un accord muguet et le côté amandé poudré de l’héliotrope. Le fond est basé sur le bois de santal, la vanille, le musc et l’ambre. C’est une formule assez classique de l’époque et je pense qu’il a été reformulé au cours des décennies mais, quand je l’ai découvert il y a quelques mois, j’ai trouvé que, si c’était une assez belle composition, il restait très classique. « Soir de Paris » n’est pas très facile à trouver mais je l’ai vu, chez nous, aux Galeries. Lafayette et, également, dans plusieurs parfumeries atypiques telles « Sous le Parasol », boulevard Sébastopol à Paris. Je dois dire que je n’ai pas forcément été emballé car je l’ai trouvé convenu mais, c’est un solide classique qui plaira à celles qui aiment ce genre de parfum. En outre, je pense qu’il ne se vend pas très cher mais il faut le vérifier.

Je pense que l’héritage d’Ernest Beaux réside surtout dans l’influence qu’il aura eu sur les parfumeurs de générations précédentes mais également sur son travail pour Gabrielle Chanel qui demeure, à travers surtout le « N°5 » dont la formule manuscrite originale est toujours propriété de la maison. J’ai, en effet, il y a quelques années, vu un documentaire dans lequel Olivier Polge, le nez actuel de Chanel, la montrait à la caméra. Il demeure, avec Ernest Daltroff et Jacques Guerlain, l’un des grands parfumeurs des années de l’entre-deux guerre.
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