Et si on parlait de gardénia
* Article entièrement réécrit
J’ai parlé autrefois de “Sir Gallahad” d'Isabey, qui n'existe plus et que j'ai beaucoup porté, il était donc logique d’enchainer d’autres parfums floraux de la même famille. Le gardénia est extrêmement utilisé tout comme le chèvrefeuil dans des colognes au Royaume Unis mais, en parfumerie plus élaboré, il demeure assez rare. J'ai sélectionné quatre parfums que j'aime bien et dans lesquels l'accord gardénia (qui est à la base une fleur muette), est travaillé en majeur. J'espère que je serai clair et que je ne prendrai pas trop des chemins de traverse pour évoquer cette note que je viens de redécouvrir autrement dans "Gardénia" de Theodoros Kalotinis dont j'ai déjà parlé pas mal.
« Le camélia blanc, une fleur dont la perfection du dessin fait oublier l’absence de parfum. Il était l’emblème de Coco Chanel, apparaissant çà et là sur ses créations ; sur le bord d’un chapeau, à la boutonnière ou en bijou. En 1925, elle imagina une fragrance à son image, qu’elle nomma Gardénia ». Créé par Ernest Beaux pour Chanel en 1925 puis oublié, il a été remis au goût du jour par Jacques Polge tout d’abord en 2016 puis en 2017 pour intégrer la collection Les Exclusifs. D’abord sorti en eau de toilette, puis en parfum, puis en eau de parfum, il reprend les grands thèmes de l’original et, pour moi, « Gardénia » de Chanel est peut-être « Le » gardénia par excellence. C’est un floral, faussement solinote, que je trouve particulièrement sensuel et élégant. Quand je l’ai découvert, il y a quelques années, je suis totalement tombé sous le charme. Pour moi, c’est plus qu’un parfum, c’est une fleur ou des fleurs, devenues fragrances. D’Ernest Beaux à Jacques Polge, la création intemporelle, insaisissable et profondément belle perdure et reste. J’aime « Gardénia » de Chanel. C’est un très grand féminin, peut-être l’un es plus beaux de la collection et même de la marque.
Lorsque j'évoque le gardénia, c'est une marque française qui me vient en tête, j'en parlais en introduction, je pense bien évidemment à Isabey car cette fleur réinterprétée est indéniablement emblématique de la maison. L'un de leurs plus beaux parfums s'appelle d'ailleurs tout simplement "Gardénia" (2006) et je l'aime énormément. Je le trouve absolument addictif et, si j'ai l'occasion de le vaporiser sur mon poignet, durant tout le reste de la journée, je vais le porter à mon nez. Je ne suis pas certain que ce soit un parfum pour moi mais j'aime énormément le sentir. Jean Jacques, qui a recréé ce parfum en décrit ainsi l’inspiration : « Velouté doux, chaleureux, ce parfum est un floral riche, capiteux et inoubliable. Luxe authentique, Le Gardénia est une rare fragrance de gardénia qui capture parfaitement l’essence même d’une fleur solitaire. Etonnamment fidèle à la fleur, l’huile essentielle provient d’extraits pures de gardénia, avec en support certaines des senteurs les plus captivantes de la nature dont la rose Bulgare, le Jasmin, l’Ylang-Ylang, la fleur d’Oranger, l’Ambre Gris ou l’écorce de Mandarine; Capiteux et pourtant doux, sensuel et chaleureux, c’est sans aucun doute un parfum unique ». Après une envolée de mandarine, de fleur d’oranger et d’ylang-ylang très solaire, arrive ce coeur de gardénia associé à l’iris, la rose et le jasmin puis un fond d’ambre gris, de musc et de santal. Le résultat est assez saisissant car je trouve que ce floral très animal a l’air d’un solinote sans jamais l’être.
Quand le jasmin et le gardénia sont travaillées à la manière de la tubéreuse à la fois florale et presque médicinale, Jérôme Epinette nous entraine dans un bouquet surréaliste avec « Fleur Burlesque » lancé en 2015. Il bouleverse les codes pour inventer un parfum faussement vintage, joyeux et royalement contemporain. Jugez plutôt, un départ de gardénia et de jasmin, un coeur de bois de santal crémeux et lacté puis un fond d’ambre. Oriental ? Floral ? Floriental ? Comment définir cette création ? La marque répond en quelques mots à la question que je me pose en la sentant sur ma peau : « Totalement vivante sous les projecteurs du Moulin Rouge, enchanteresse à la douce lumière des bougies de Maxim, elle est l'esprit féminin exquis et inébranlable de la Belle Époque. Son parfum ? Un soupçon inimitable de gardénia et de jasmin, de bois de santal et d’ambre. » Voilà donc le parfum comme arme de séduction massive sulfureuse et festive qui nous entraine dans les satins et les velours des cabarets parisiens de la Belle Époque mais attention, « Fleur Burlesque » est sulfureux mais également d’une grande élégance. Comme « Don’t Tell Jasmine », c’est une seconde peau sensuelle et charnelle. En général, je n’aime pas trop ce genre de parfum que je trouve difficile à porter mais tel n’est pas le cas. C’est une merveille ! Même si c’est Jérôme Epinette qui a composé ce parfum, je retrouve le côté « total » de « 3 Fleurs » créés par Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire. C’est un bijou, strass et toc ou diamant et carats, à vous de décider !
Créé par Mathieu Nardin en 2019 pour Miller Harris, « Secret Gardénia » m’est revenu en mémoire et j’ai recherché mon échantillon. « La fraîcheur piquante du yuzu et de la poire nashi juteuse et fraîche, le jasmin sensuel et l'ylang-ylang complètent cette eau de parfum. L’éclat caché du gardénia dans une ode claire, lumineuse et sensuelle à la plus pure des fleurs blanches. Les jardins secrets sont enfermés, remplis de fleurs clandestines – et Secret Gardenia capture ces magnifiques parfums dans un bouquet moderne et frais. Le bois de santal crémeux et les muscs délicats ancrent les pétales de gardénia tactiles dans une lumière pure ». Le parfumeur a vraiment travaillé l’accord gardénia « à l’anglaise », c’est à dire tout en légèreté, en transparence et en nuances. Après une envolée dde bergamote et de nashi (une petite poire asiatique), vient un coeur construit autour de l’accord gardénia associé à des notes de jasmin indien, d’ylang-ylang et de violette. Après une longue évolution, le parfum se pose sur un fond boisé de santal et de cèdre, mi-lacté, mi-sec. J’aime bien ce parfum. Il est vraiment très élégant et agréable à porter même s’il n’a pas la force des trois autres. Je l’aime bien et je pourrais le porter mais il n’est pas ma priorité.
Pour conclure, je me dis que cette année, entre « Gardénia » de Theodoros Kalotinis, « Un Bel Amour d’Été » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire et « Le Sully » de Stéphanie de Bruijn, je me dis que je suis quand même très client de cette fleur muette recréée par différents procédés. En tout cas, quel plaisir de la retrouver à chaque fois, solaire, blanche, délicate ou puissante, en parfumerie. J’aime le gardénia et son odeur caractéristique et je ne m’en prive pas.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 223 autres membres