Passion Parfums

Evody c’est d’abord la collaboration entre une mère, Régine Droin et sa fille Cérine Vasseur. Entre passion pour la cosmétologie et pour la parfumerie, elles ont, dès 2006, décidé de créer un « voyage à travers les sens » en s’entourant de parfumeurs tels Anne-Sophie Behaghel, Amélie Bourgeois, Philippe Romano, Cecile Zarokian, Corinne Cachen et Alexandra Monet et ont lancé, entre 2009 et aujourd’hui, 24 parfums à leur image, reflet de leurs envies, de leurs univers. Entre intérêt pour le parfum et direction artistique, elles ont fait naître Evody. Pour ma part, c’est très tôt que j’ai découvert cette maison durant une journée shopping à Paris et il y n’y avait qu’une seule collection et seulement quelques créations. L’image de la marque était alors assez différente de ce qu’elle est devenue. Aujourd’hui, le packaging a changé, le nombre de parfum a augmenté, la marque a une robe neuve, plein de nuances, elle va bien. J’avais plein de doses d’essai à la maison et j’ai donc eu envie de me replonger dans l’univers féminin mais pas que d’une belle maison française qui me tient à coeur car l’une de mes proche porte « D’Âme de Pique » et que je suis toujours séduit quand son effluve de rose arrive jusqu’à mes narines. J’ai donc sélectionné mes cinq fragrances préférées dans la marque pour vous emmener à la découverte d’Evody.

Régine Droion et Cérine Vasseur

Le tout premier parfum qui me vient lorsque je pense à la marque est « Rêve d’Anthala » qui est décrit de la manière suivante : « Rêve d’anthala transporte sur cette plage de Madagascar par la sophistication gourmande de ses fleurs exotiques. Mariée au crémeux jasmin, cette essence de sensualité se révèle sur la peau par la chaleur du musc et le benjoin sacré » lancé en 2008 puis reformulé par Amélie Bourgeois en 2015 dans ce qui est devenu la Collection Première et qui est un travail tout à fait solaire entre le jasmin et l’orchidée qui en constituent le coeur après une envolée de mandarine jaune et de petit grain et qui nous conduit sur un fond ambré et baumé avec une vanille caramélisée. C’est un véritable oriental dans l’idée mais c’est surtout un parfum complètement enveloppant, précieux, réalisé avec une finesse totalement dépaysante. Pour moi, « Rêve d’Anthala », qui est aux antipodes de mes goûts sur le papier, est une vrais surprise car il a beaucoup de charme, de profondeur et de chic. Il m’emmène dans un univers olfactif qui est à la fois une invitation au voyage dans un pays rêvé à l’autre bout du monde et un cocon à la construction à la fois solide et ancrée dans la belle tradition de la parfumerie à la française. S’il n’est pas forcément pour moi, je lui reconnais vraiment une très belle qualité et je sais l’apprécier.

Toujours dans la Collection Première, j’ai une attirance pour « Cuir Blanc » créé en 2010 par Alexandra Monet car il me surprend à chaque fois que j’y remets mon nez. « Dans le secret d’une matière à part, Cuir Blanc emprunte au mystère ses codes de luxe, de délicatesse et de passion. Il paraît tout en retenue, mais sa puissance se développe au contact de la peau où il vibre de sensualité. Un parfum entre ciel et terre où se mêlent le Musc blanc à la suavité fumée et fantasque du cuir de Russie » tels sont les mots pour le décrire. À chaque maison son cuir et celui-ci qui, sur le papier, avec son envolée de feuille de violette, son coeur d’iris et d’ambre et son fond d’accord cuir de Russie, pourrait paraître classique et au coeur de ma zone de confort, se fait, sur ma peau très musqué, presque frais et « propre » et je dois dire qu’il ne cesse de me dérouter et de me séduire. C’est un cuiré très élégant, presque poudré, mais je serai tenté de dire que c’est l’un des rares que j’ai essayé que je pourrais porter tout au long de l’année car je suis certain qu’il ne me plomberait pas du tout même au plus chaud de l’été. C’est un très beau parfum, très original et pourtant il a des facettes rassurantes et élégantes comme un manteau ou un tee shirt que l’on aime porter souvent. C’est sans doute mon coup de coeur dans la marque.

 

 

 

C’est dans la Collection D’Ailleurs que l’on peut trouver le parfum que je connais le mieux chez Evody. Il s’agit bien évidemment de « D’Âme de Pique » créé par Philippe Romano en 2014 est qui est une ode à la rose, reine des matières premières, travaillée ici avec le bois de cachemire dans une effluve qui est un véritable plaid en velours de soie enveloppant et réconfortant. Je n’aime pas genrer les parfums mais force m’est de constater que c’est un grand féminin. La marque le décrit ainsi et je n’aurai pas grand-chose à ajouter : « D'âme de Pique célèbre cette matière première omniprésente dans la vallée des roses. Nous avons exploré les différents visages de la Reine des fleurs. D'âme de Pique s’ouvre sur une touche verte et pétillante apportée par les feuilles de cassis en alliance avec un accord poire. En coeur, la rose est à l’honneur. Les essences et l’absolue rose sont mis en exergue par une enivrante framboise liquoreuse. Les notes lactées et gourmandes du santal et de l’absolu vanille tout en contraste avec le patchouli séché par le soleil habillent d’une sensualité unique cette grande Dame ». L’envolée entre la suavité de la note de poire et le pep’s de la feuille de cassis nous conduit sur un coeur construit autour d’un magnifique absolu de rose rehaussé du pétillant de la framboise et d’une note de safran discrète mais essentielle avant de se poser sur un fond de cashmeran, de patchouli et de santal légèrement arrondi par la vanille. C’est un floral mais pas que. Pour moi, il est la quintessence de l’élégance féminine qui est l’image de la marque. C’est une réussite, une vraie, la petite robe noire qui vous emmènera du pique-nique à la campagne au plus chic des cocktails. J’aime énormément ce parfum car l’une de mes proche le porte depuis longtemps et que j’adore le sentir sur elle.

 

 

 

« Ombre Fumée est une ode au vétiver. Cette matière première qui fait la richesse de l’île de la Réunion. Le vétiver sera habillé de notes sombres, mystérieuses et sensuelles mais également de notes vertes et fraîches afin de caractériser l’ambivalence de la flore. En tête, une explosion d’agrumes. L’orange et le citron ouvrent cette fragrance sur des notes lumineuses et vivifiantes. Cette facette de fraîcheur est vite suivie par la douceur aromatique du cyprès. Douceur toujours, c’est alors la note poudrée de l’iris mariée au poivre noir, plus chaud et fusant, qui s’installe. Le vétiver devient alors sombre. La noirceur amère de la fève tonka est domptée par l’ambre gris, sensuel, et l’accord daim, animal ». Il m’était bien difficile, compte-tenu de mes goûts, de passer rapidement sur « Ombre Fumée » lancé en 2015 toujours dans la Collection d’Ailleurs car il correspond complètement à mes goûts. Et si le vétiver était travaillé de manière à la fois épicée et boisée ? J’avoue que l’idée était tentante et que j’étais intrigué, lorsque je lisais que le départ était la cardamome et le citron, le coeur de jasmin poivré et irisé était associé au cyprès et le fond de vétiver se composait aussi de notes de fève tonka, d’ambre gris, de daim et de cèdre de l’Atlas. Lorsque l’on sent « Ombre Fumée », le vétiver ne vient pas tout de suite. Il ‘y a d’abord la surprise d’un accord floral, hespéridé et totalement épicé qui se fait presque résineux avant de se poser sur un fond complètement surprenant. Le parfum porte très bien son nom et je n’avais jamais senti de vétiver en note dominante travaillée de cette manière. Je dois dire que c’est également un coup de coeur. J’aime beaucoup ce parfum et, s’il est un peu trop « costaud » pour moi, du moins à la vaporisation, son évolution sur ma peau est toute en finesse et d’une surprenante élégance. C’est une pépite. Il faut absolument le découvrir.

 

 

J’aurais pu choisir, comme dernier parfum, une fragrance de la Collection Galerie ou de la Collection Cachemire mais j’ai préféré rester dans la Collection d’Ailleurs car j’ai découvert, pour écrire cet article, « Noir d’Orient » qui « a été construit autour des richesses olfactives offertes par l’Inde. En ouverture, l’encens embaume tel un hommage à la sérénité de ce peuple. Le coeur révèleune pluie d’épices chaudes, sensuelles et intenses, girofle, cannelle…Puis l’âme, animale et tendre à la fois, laissera place aux notes de patchouli associées aux bois flottés, et révèlera l’accord Rhum ambré. Un sillage oriental, enivrant » et qui m’a tout de suite interpellé. Un oriental avec un départ d’encens et de feuille de laurier, un coeur d’ambre de patchouli, de cannelle et de clou de girofle et un fond de santal, de fève tonka et d’un accord de rhum ambré, soit il allait me séduire soit il allait complètement me rebuter. Ce parfum, lancé en 2014, me fait totalement sortir de ma zone de confort et pourtant, il y a quelque chose qui me séduit. Il est à la fois très épicé et très patchouli et je pense que c’est cette dualité qui me plait. Sur ma peau, il se développe bien et change énormément. Je le trouve tour à tour très oriental, boisé ou encore résineux. Je ne suis pas certain que je l’assumerai mais je sais en apprécier, une fois encore, la qualité et je pense que les parfumeurs ont fait preuve d’une vraie créativité. Je suis un peu déçu que la marque ne communique pas leur nom car j’aurais aimé savoir qui a travaillé sur cette très belle création.

Il existe, bien évidemment, dans la marque, de nombreuses autres belles créations mais je ne voulais pas être trop exhaustif car il me semblait indispensable d’essayer quelques parfums pour pouvoir en parler de mon mieux. Je dois dire que le site de la maison m’a beaucoup aidé car les descriptions collent au plus près du ressenti et je n’aurai peut-être pas trouvé les mots aussi bien que l’ont fait les deux fondatrices de la marque. Evody est dans le paysage de la parfumerie de niche depuis déjà près de quinze ans et parfois, avec la profusion de marques qui existent, on peut être tentés de passer à côté. Ce serait dommage, c’est une belle maison à la française et les parfums qu’elle propose ont une délicieuse identité. Pour ma part, je suis très content d’y avoir remis mon nez pour vous proposer cette revue car je me suis vraiment fait plaisir.