Passion Parfums

 

 

 

Quand il est sorti en 2020, j’étais un peu passé à côté de « B683 Extrait » créé par Quentin Bisch pour Marc-Antoine Barrois. Je trouvais la version eau de parfum très belle mais pas forcément pour moi et je ne suis pas tellement amateur de oud même si la matière première est vraiment naturelle et belle. Je l’avais donc laissé un peu de côté et, c’est sur les instances d’une amie et de plusieurs reviewers que j’ai décidé de le réessayer. Je dois dire que c’est une trouvaille, une exquise trouvaille. J’ai redécouvert un parfum absolument dingue, plein de facettes, plein de richesse et d’une rare élégance. Quentin Bisch a complètement réinterprétée la formule originale qui est, un cuir patchouli très chic également et l’a transformée. D’un beau parfum, il a fait un grand parfum. La marque le présente ainsi : « B683 est sublimé pour devenir un véritable cuir de patchouli, accompagné des notes épicées de cumin, piment et pomme verte. Une sensualité poussée à l'extrême exprimée par les feuilles de violette et de safran des Indes. L'extrait est contrasté par la douceur de la vanille caressante et la chaleur du cuir, oud, patchouli d'Indonésie et santal d’Australie ». J’ai attendu des températures moins élevées que celles de ces derniers jours pour l’essayer sur ma peau et je dois dire que je n’ai pas été déçu. J’ai autant aimé le départ très original que la très longue et très belle évolution. Il y a quelque chose dans cet extrait de « B683 » de parfaitement inédit et de complètement addictif. Je dois dire que je ne m’en étais pas du tout rendu compte à sa sortie tant j’étais obnubilé par mes propres goûts mais aussi, n’ayons pas peur de le dire, par mes propres barrières olfactives et culturelles. Là, je les ai laissées tomber et je me suis convaincu de ne pas avoir d’idée préconçue. Quelle belle surprise ! J’ai porté, le temps d’une journée, un parfum hors du commun, très singulier mais surtout d’un chic impressionnant. Je comprends qu’il ait été voulu par un couturier car c’est un peu un habit de lumière olfactif.

Quentin Bisch, parfumeur

Des matières premières de très belles qualité, une construction franche et une formule, je pense, courte, confèrent à ce parfum une identité forte que l’on ressent tout de suite. Tout d’abord, il y a les notes de tête, le cumin a presque une odeur de peau chauffée au soleil, le piment le rehausse pour ne lui donner aucune fadeur et la pomme verte vient casser tous les codes en apportant une fraîcheur indicible qui s’enrichit du côté poudré de la feuille de violette et d’un accent de safran subtilement dosé comme une valeur ajoutée puis, le fond dense, de cuir, d’un oud (bois d’agar) très délicat, d’une très belle qualité de patchouli d’Indonésie qui donne vraiment quelque chose d’élégant, de santal d’Australie et de vanille. Faussement complexe, l’extrait « B683 » est une merveille et surtout, il a vraiment de la personnalité et ne ressemble à rien d’autre. Quentin Bisch a su, non seulement créer un parfum à part entière qui s’éloigne de l’eau de parfum tout en en conservant la colonne vertébrale, mais aussi apprivoiser la note de oud et la rendant moins animale, plus complexe, plus élégante et surtout accessible à nos nez européens qui ne sont pas toujours préparés à cette matière première qui, en dépit de son immense succès, n’est pas toujours interprétée à ma convenance. Avec ce parfum, je me sens comme réconcilié avec un vrai oud (pas un accord), ultra ciselé, très travaillé et profondément beau. Je ne sais pas si j’arriverai à le porter mais je dois dire que je suis allez content du développement sur moi. Il ne devient ni trop sec ni trop vanillé. C’est un oriental (je ne peux pas dire parfum ambré car ce serait impropre) d’une qualité exceptionnelle. Il faudra que je le réessaye en hiver pour voir si j’en ai envie vraiment car, comme tout extrait de parfum, le flacon représente un budget important.