Exquises trouvailles et prix raisonnables
Jardins d’Écrivains, Une Nuit Nomade, La Petite Madeleine, Essential Parfums, Majouri, Theodoros Kalotinis, PH Fragrances, Bastille, Neydo… Autant de noms qui nous portent vers une parfumerie simple sans être simpliste pour un budget plus raisonnable. Et si ces maisons indépendantes étaient l’avenir d’un secteur où les prix s’envolent de plus en plus ? En tout cas, je trouve qu’elles occupent un créneau très intéressant entre eco-responsabilité et créativité dans le respect d’une clientèle de débutants ou d’amateurs. Je râle toujours contre les incessantes augmentations, notamment concernant les marques affiliées à des grands groupes financiers alors pourquoi pas, à mon petit niveau d’amateur, mettre un coup de projecteur sur quatre créations que je trouve particulièrement réussies et qui nous permettent de nous parfumer sans passer notre temps à économiser dans le but de trouver le Graal de la parfumerie. Alterner des parfums luxueux avec d’autres, qui, sans être cheaps, nous ruinent un peu moins. J’ai eu l’idée de parler de quatre parfums un peu passés sous les radars et que je trouve particulièrement réussis. Je ne vais pas revenir sur Neydo car je vous en ai beaucoup parlé mais je me dis qu’explorer quatre créations originales, dans l’air du temps ou plus vintage, est une bonne idée. Allez, je vous emmène.
La toute première création qui me vient à l’esprit est aussi la moins onéreuse si on ramène le prix au ml. Il s’agit de « Fig Infusion », créé en 2022 par l’excellente Nathalie Lorson pour Essential Parfums. Je l’ai beaucoup aimé à sa sortie mais je l’apprécie encore plus depuis que je l’ai réessayé. Je tiens d’ailleurs à remercier Anne de la parfumerie lyonnaise La Mûre Favorite d’avoir attiré mon attention sur ce parfum très polyvalent, à la fois créatif et élégant que l’on peut porter toute l’année. Vraiment, je me suis fait plaisir à le porter sur une journée complète. Je ne suis pas fou des parfums avec la figue travaillée en majeur. Si elle est trop laiteuse voire crémeuse, elle peut vite me déranger et ce n’est absolument pas le cas avec « Fig Infusion ». Il est totalement original et très bien pensé. Nathalie Lorson explique : « J'ai imaginé un parfum lumineux empreint de joie de vivre et de plaisir. L'odeur réminiscente d'une après-midi à rêver dans le verger, confortablement installé sous les figuiers ». Tels sont les mots de Nathalie Lorson pour exprimer sa démarche de la création de « Fig Infusion », Après un départ fleur d’oranger, mandarine et figue le coeur de thé noir prend toute sa place et se pause sur les accents baumés du benjoin. Nathalie Lorson a réussi le tour de force de travailler la note de figue que je n’aime pas tellement et de me la rendre agréable. Je dois dire que j’ai été vraiment surpris d’autant accrocher dès les notes de tête et aussi tout au long de l’évolution. C’est une très belle création vraiment. La marque en décrit ainsi l’inspiration : « Fig Infusion » est un bijou parmi les créations d’Essential Parfums et je dois dire que je suis sous le charme.
Le second parfum qui me vient est signé bien évidemment par le parfumeur grec Theodoros Kalotinis dont j’ai découvert la marque à la parfumerie parisienne Uni/vere avec un immense plaisir. Alors, bien sûr, il y a beaucoup de gourmands très réalistes dans les deux collections mais le créateur a travaillé aussi sur d’autres thèmes, notamment les floraux dont je vous ai parlé abondamment car j’ai eu deux coups de coeur incroyable, « Gardénia » et « Jasmin of Athens ». Il a aussi exploré les autres familles olfactives avec sa signature déjà très affirmée. Et si le muguet se cachait dans une vanille qualitative et des fruits exotiques pour se poser sur un fond de patchouli hyper bien travaillé ? « Lily, une fragrance envoûtante qui exalte la délicatesse du muguet. Ce trésor olfactif tire son inspiration de l'ancienne civilisation minoenne, enracinée dans la splendide île grecque qu'est la Crète. Cette essence transporte celui qui la porte dans un monde où la grâce du muguet s'entrelace avec le riche héritage de la Crète, évoquant une élégance intemporelle et une royauté enchanteresse. Avec Lily, chaque pulvérisation devient un voyage sensoriel à travers l'histoire, une célébration de la beauté du muguet, immortalisée par le talent créatif de Theodoros Kalotinis ». J’ai adoré « Lily ». La création est vraiment très singulière. La dualité entre les notes fraîches de l’accord muguet et « solide » du patchouli est vraiment formidable sur ma peau. Je pense que je c’est un parfum que je porterai dans les mois à venir. Il est addictif pour moi. Il me surprend, me réjouit, me donne envie de le sentir autour de moi. Oui… C’est une création vraiment originale. En plus, la tenue est excellente, ce qui, pour le prix, n’est pas négligeable.
Je ne parle pas beaucoup de Bastille et j’ai bien tort car la marque recèle de très jolies créations vendues à des prix tout à fait abordables. Il faudra d’ailleurs que j’y remette mon nez très prochainement. Si j’ai beaucoup porté « Pleine Lune » créé par Paul Guerlain en 2020, j’ai eu envie de revenir sur « Rayon Vert » composé par Caroline Dumur et que je n’avais pas trop aimé à sa sortie en 2022. J’avais un échantillon et j’ai pu le réessayer pour en parler dans cet article. Je ne le regrette pas du tout car il m’a fait une bien meilleure impression. Je le trouvais, à l’époque, à la fois réussi et presque dérangeant. Le départ est un peu « farouche » avec des notes de basilic et d’anis complétées par un néroli très vert et un bourgeon de cassis presque « croquant » qui trouve son écho avec un coeur d’angélique; de cumin, de camomille et de fenouil puis un fond d’immortelle, de cèdre et de santal. Voilà un mélange explosif ! « Basilic, immortelle et graine d'anis Rayon Vert évoque un printemps sauvage, une explosion de vie ensoleillée. Les agrumes s'y mêlent aux notes vertes inattendues de basilic, graine d'anis et fenouil. C'est le vent de liberté que vous attendiez depuis 2020 ! ». Heureusement, si la tenue est très bonne, le sillage reste raisonnable car c’est une création étrange, verte certes mais très éloignée de ce que je connais bien qui est plutôt galbanum. Là, les notes sont fraîches mais elles ont aussi pas mal de facettes et le parfum peut vraiment déstabiliser. Ça a été mon cas du moins au épart. Artistiquement, je trouve que c’est une réussite. J’aime beaucoup l’idée qu’il soit vraiment très différent des autres créations de Bastille.
Pour finir, je ne pouvais absolument pas terminer cette sélection sans évoquer le talent d’Anaïs Biguine qui, pour sa marque Jardin d’Écrivains, a créé « Howl » en 2018. Je n’ai pas peur de le dire : c’est un bijou ! « Howl : Allen Ginsberg - 1926/1997/ Poète Américain. Un souffle chaud venu de San Francisco. Un désir fou de liberté, un parfum bohème composé de lavandin, thym, géranium, cannelle, fève tonka, musc, patchouli, ambre » Je le trouve particulièrement original aussi avec un départ très aromatique de lavande et de thym, un coeur de cannelle poudré par la fève tonka et légèrement mentholé par le géranium. Enfin arrive un fond construit autour d’un accord ambre et musc avec des notes de patchouli. Il y a, dans « Howl », un très joli équilibre et, c’est un peu un cuir sans cuir. Les notes un peu animales sont conférées par le patchouli et cet accord ambré très profond en fond. J’aime l’équilibre entre les notes aromatiques et épicées qui jouent avec la facette cuirée et poudrée de la fève tonka. Anaïs Biguine a réinventé le cuir en lui donnant vraiment des versants aromatiques et épicés qui compensent le côté très rond, musqué et ambré de la fragrance. Là encore, l’originalité est de mise. Je ne connais pas l’oeuvre d’Allen Ginsberg mais il est fort possible que j’aille lire quelques poèmes dans le texte. Anaïs Biguine est autodidacte et, il faut le dire, son imagination est sans limite. C’est peut-être pour ça que ses créations sont aussi originales et réussies. « Howl » est vraiment une merveille et son prix reste tout à fait abordable.
Voilà, il y a pléthore d’autres parfums à prix un peu réduit et qui peuvent nous séduire et rester une alternative aux créations des marques de moins en moins abordables. Pour ma part, j’ai autant de plaisir à porter un Theodoros Kalotinis qu’un Frédéric Malle. Tout cela n’est qu’une histoire d’humeur du matin alors, quand on peut se faire plaisir sans se ruiner, on ne va pas détourner la tête ! Bien au contraire…
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