Passion Parfums

En ce début d’année, la rose, reine des fleurs s’il en est, est à l’honneur. Outre les roses poivrées ou boisées que j’aime (« Rose Étoile de Hollande » de Mona di Orio, « What About Ado the Duke » de la collection des portraits de Penhaligon’s, « Rose Poivrée » de The Different Company, « Man Rose » de Etro), les roses chyprées (« Hippie Rose » de James Heeley, « Eau Suave » de Parfum d’Empire, « Rose Milano » de la collection Armani Privée), j’ai eu envie de me pencher sur celles, plus soliflore qui me séduisent particulièrement. Ce sont deux parfums britanniques emblématiques qui sont, pour moi, les plus beaux solinotes que j’ai pu découvrir. J’en ai sans doute déjà parlé mais j’ai décidé de « traverser le Channel » et d’aller me balader dans un jardin anglais dans lequel la reine des fleurs est à l’honneur. Emblématique du Royaume Unis, on la retrouve partout, et il était donc naturel que Floris London et Penhaligon’s lui rendent un hommage attractif et délicat. Je vous emmène donc sur les trace de ces deux parfums que j’aime particulièrement. « God save the Queen » !

Le premier parfum, et non le moindre, est ancestral puisqu’il a été lancé par la maison Floris London vers 1800 et il existe toujours dans une version, qui, au cours des deux siècles derniers, a été améliorée, patinée pour donner une fragrance délicate, facile à porter et pleine de petites facettes à la fois sophistiquées et faussement naturaliste. Lorsque j’ai senti « White Rose », j’ai eu un véritable coup de coeur et j’ai demandé à l’essayer. « Rencontrez la nouvelle fleur, confiante et moderne, sûre d'elle et chaleureuse, une élégante contradiction de soie et d’épices. Découvrez un bouquet de roses de velours, étincelant d'une touche inattendue d'iris frais, enveloppé d'ambre chaud et de musc riche et terreux. Découvrez une histoire de contrastes - l'ancien monde et le nouveau, le parfait avec l'imparfait, le drame et l'équilibre, la ville et la campagne. S'inspirant de la maison créative de la famille Floris, White Rose a son cœur dans le Mayfair de Londres. Entourée de beauté et d'art, de mode et d'architecture, la scène forme une toile de fond naturelle pour le dynamisme intemporel du parfum » tels sont les mots de la maison pour décrire cette création absolument ravissante. Dans sa version actuelle, « White Rose » s’ouvre sur des notes d’aldéhydes et de galbanum pour nous emmener sur un coeur à la fois poudré et floral de rose, d’iris, de jasmin et de feuille de violette et se poser sur un délicat fond ambré et musqué. C’est un parfum résolument poudré mais, curieusement, très réaliste. On a vraiment l’impression de sentir, sur la peau, une rose anglaise ancienne dénichée dans des floralies de Mayfair ou de Campden ou encore dans le jardin d’un cottage au coeur d’un village un peu caché. J’ai adoré ce parfum, ce qu’il traduit, sa délicatesse et son élégance. Je le trouve absolument intemporel et tout à fait facile à porter. Je dois dire que je tourne autour depuis fort longtemps. En plus, il existe dans un petit conditionnement et je sais que je pourrais le porter occasionnellement.

L’autre création dont j’avais envie de parler a été, pour moi, un vrai coup de foudre à sa sortie en 2018. Réinterprétation d’un parfum créé par Michael Pickthall en 1984 pour Penhaligon’s, « Elisabethan Rose » est, et je pèse mes mots, l’un des plus formidables soliflores du marché. « Voici la célèbre rose Tudor - la fleur de l'Angleterre. Inspirée du rapprochement des maisons York et Lancaster, cette eau de parfum aérienne est une alliance harmonieuse de rose, de feuille de noisetier et de vétiver ». Inspiré de la Guerre des deux Roses, ce duo entre blancheur et pureté et rouge flamboyant qui s’ouvre sur des notes de noisette, d’amande et de cannelle et nous emmène sur un coeur opulent de rose anglaise et de centifolia associées à des notes de lys, de prune, de cassis et de géranium pour se poser sur un fond de vétiver, de violette et d’iris. Opulent, profond, addictif, « Elisabethan Rose » est un véritable coup de coeur pour moi, il est un bouquet noué avec un ruban de velours. Je ne sais pas qui est le parfumeur qui a remis au goût du jour un parfum de la maison qui avait disparu mais son interprétation est absolument extraordinaire. Je l’ai réessayé sur la peau pour écrire cet article et je suis complètement séduit. J’ai toujours eu, depuis sa sortie, une certaine addiction pour cette création très soliflore et pourtant sophistiquée. Je ne crois pas avoir senti souvent de parfum où la reine des fleurs, travaillée en majeur, est aussi réussie. Pour moi, c’est de la séduction intemporelle pure. Je le sens en écrivant et je me dis que, décidément, je ne revois pas mon impression. Elle est toujours la même que quand j’ai découvert « Elisabethan Rose », c’est une merveille ! Je ne sais pas si j’oserais le porter car les vieux préjugés, (la rose sous cette forme serait plutôt féminine) ont parfois la vie dure même si j’aimerais leur tordre le cou.

Entre les deux, mon coeur balancera toujours. Quand je les sens, c’est comme si je me promenais dans les clichés de la vieille Angleterre, entre scones et thé, ou encore au marché au fleurs de Londres et même, pour le premier dans un hôtel de Brighton. Du sud au nord et d’ouest en est, je connais bien le Royaume Unis et je trouve que la rose, ces roses, sont vraiment tout ce que j’aime d’une certaine atmosphère. Anglophile depuis la petite enfance pour tout un tas de raison, je ne pouvais qu’être séduit par ces deux interprétations intemporelles, indémodables et d’une rare élégance si différentes soient-elles. Il m’est difficile de dire celle que je préfère et c’est pour cela que j’ai décidé de consacrer cette rubrique non pas à une mais à deux Exquises Trouvailles. J’espère vous donner envie d’aller y mettre votre nez car, pour ma part, je suis irrémédiablement attiré !