"Fidji", comme un parfum de mon enfance
La version extrait de parfums de "Fidji"
De l’enfance, nous avons tous gardé des souvenirs d’odeurs, de couleurs, de paysages et tout est un peu lié. Pour moi, c’est un peu le gâteau de Savoie que préparait l’une de mes grand-mères pour les anniversaire et qui cuisait dans le four, les acacias européens appelés robiniers en fleur pendant que je suivais le Festival de Cannes à la télévision, les lilas des trois couleurs qui ne m’entêtent jamais ou encore l’odeur un peu « pétrole » du métro lyonnais. C’est un peu pareil pour les parfums. Les tous premiers que j’ai pu sentir étaient bien évidemment ceux de ma mère. Il y en avait deux : « Shalimar » de Guerlain l’hiver et surtout « Fidji » de Guy Laroche l’été que j’ai toujours beaucoup aimé. C’est de cette création que j’ai eu envie de parler car j’ai trouvé plein d’informations et je dois dire que j’ai appris des choses en faisant des recherches.
L'eau de toilette
C’est en 1966 que Robert Salmon, directeur du marketing de Lancôme commande un parfum à la créatrice américaine d’IFF Joséphine Catapano. Il voulait que la marque ait « sa » version de « L’Air du Temps » qui était un énorme succès chez Nina Ricci. Karine Lebret, directrice de la création des parfums chez Loréal aujourd’hui propriétaire de la marque explique : « l'objectif était de concevoir un parfum floral, dans le sillage de L'Air du temps de Nina Ricci mais en plus moderne. La force de Fidji est de marier les contraires, il est frais et solaire, doux et racé, tout en exhalant une élégance foudroyante. Non seulement il a popularisé une toute jeune famille olfactive, les floraux verts chyprés, mais c’est le premier parfum dont l’univers s’ancrait dans l’exotique, le lointain ». Tout aurait pu aller comme sur des roulettes mais il n’en fut rien. En effet, ce n’est que sept ans plus tard que le parfum sortira et ce ne sera pas chez Lancôme mais pour la maison de couture Guy Laroche sous le nom de « Fidji » en trois concentrations.
L'eau de parfum
Le slogan de « Fidji » est : « La femme est une île, Fidji est son parfum » et je vous joindrai, en fin d’article, l’un des spots publicitaires a été tourné pour l’illustrer. Mais parlons du parfum, de ce qu’il sent, de sa construction et de son élégance. C’est un chypre qui est imaginé comme un hommage à « L’Air du Temps ». Dans sa version eau de toilette, toujours disponible aujourd’hui, il s’ouvre sur une envolée de bergamote et de citron, poudré par des aldéhydes et rendu vert et floral par le galbanum et la jacinthe puis, au coeur, arrive un bouquet de rose, de jasmin, d’iris et d’oeillet rehaussé de clou de girofle. Le fond est fondé sur l’accord traditionnel de mousse de chêne de patchouli et de vétiver avec des notes d’ambre gris, de muscs blancs et de santal. Pour écrire cet article, je suis allé le redécouvrir et je l’ai même posé sur ma peau. Je me suis rendu-compte que je le retrouvais bien et même que je pourrais quasiment le porter. Ce parfum m’évoque l’enfance, l’adolescence, les départs en vacances vers la Méditerranée en famille, les soirées au bord de la mer mais aussi la rentrée des classes, je ne sais pas pourquoi. Pour moi, il est un composite de tout ce qu’était mon enfance. Comme quoi, le parfum d’une mère est quelque chose de très tenace. Le plus étonnant est que ce parfum, je l’aime toujours et encore. Il existe toujours et je crois qu'il est toujours un succès.
Joséphine Catapano
Le saviez-vous ? Le parfum qui, à l’origine, devait sortir sous le nom de « Fidji », n’est pas du tout celui que nous connaissons. J’ai découvert, il y a quelques années, lorsque j’ai rencontré Michel Roudnitska, qu’en fait, c’est un parfum que nous connaissons aujourd’hui sous le nom de « Le Parfum de Thérèse » sorti en 2000 aux Éditions de Parfums Frédéric Malle et créé par son père qui aurait du porter ce nom. Tout était prêt, les flacons, la campagne de publicité mais les détaillants, soucieux de la modernité et de la singularité du jus, ont émis des doutes et la direction de Guy Laroche a décidé de changer son fusil d’épaule et de sortir ce parfum créé par Joséphine Catapano, qui existait déjà mais n’avais jamais été lancé par Lancôme. Je porte « Le Parfum de Thérèse » depuis longtemps. Il n’y a jamais de hasard.
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