Passion Parfums

Jusqu’à cette année, j’aurais dit que je n’aimais pas du tout la note de figue et puis finalement, il y a pas mal de parfums qui me plaisent beaucoup et dans lesquels elle est travaillée en majeur ou seulement interprétées. Je ne vais pas encore revenir sur « Figuier Noir » d’Houbigant et « Fig Infusion » d’Essential Parfums car j’en ai déjà parlé dans les nouveautés et je vais éviter de décrire une fois encore « Ninfeo Mio » de Goutal Paris qui est sans doute l’un de mes préférés. J’ai choisi deux grands classiques et deux parfums un peu moins connus pour illustrer mon propos. Je ne les aime pas forcément mais il faut bien dire que je ne peux absolument pas passer à côté de ces parfums qui, il me semble, sont incontournables pour les amateurs de cette note qui, finalement, plait beaucoup.

Je commencerai bien évidemment par un grand classique de L’Artisan Parfumeur. J’ai nommé « Premier Figuier » créé par Olivia Giacobetti en 1994. Il traduit exactement « L'odeur d'un figuier, l'été en Provence. Sa fraîcheur enveloppante, boisée et lactée ». C’est un parfum qui mêle notes de figue, de feuille de figuier soutenues par un bois de cèdre très présent. Je dois dire que je trouve la note lactée un peu omniprésente et elle me dérange un peu mais je trouve que ce parfum, porté, est plutôt très élégant et vraiment bien réalisé. Je reconnais parfaitement le talent d’Olivia Giacobetti et je trouve que sa manière de travailler cette note est particulièrement Je préfère l’original, l’eau de toilette à la version extrême de 2004, également composée par la parfumeure et qui a un côte plus rond, plus fruité. Le côté un peu coco avec la note de figue, c’est un peu beaucoup pour moi. Ceci dit, je comprends le succès de ces deux versions car il y a un côté impeccable dans la composition.

En 1996, c’est pour Diptyque qu’Olivia Giacobetti a travaillé la note de figue en créant deux versions de « Philosykos ». Les deux versions sont sensiblement identiques et seule change l’intensité. Je lui trouve une certaine fraîcheur, un versant presque pétillant. « Souvenir d’un été grec au Mont Pélion où pour se rendre à la mer, il fallait traverser un verger naturel de figuiers sauvages baignés de soleil. Philosykos est une ode au figuier tout entier : la fraîcheur verte des feuilles, la saveur lactée des figues, soulignées par la densité boisée de l’arbre ». Dans cette création encore, la facette lactée de la figue me gène un peu mais le départ de poivre noir contrebalance un certain côté doucereux pour lui donner une fraîcheur boisée et légèrement poudrée que je trouve, une fois encore, plus belle et plus délicate dans la version eau de toilette. Je ne porterais pas « Philosykos » mais j’aime bien le sentir alors que je ne le supportais pas auparavant. Mes goûts changent.

Très honnêtement, à sa sortie en 2017, je n’avais pas tellement aimé « Attique » créé par Vanina Muracciole et pourtant je le trouve emblématique de cette note de figue travaillée, cette fois, de manière résolument fraîche. « Attique évoque les « Nuits Attiques », d’Aulu Gelle. Un figuier noueux offre sa protection à l’érudit qui étudie, le soir, dans le maquis du Mont Parnasse, près du sanctuaire sacré de Delphes. La brise marine monte des calanques et mêle les herbes aromatiques à la senteur des figues vertes sur l’arbre ». Le parfum s’ouvre sur une envolée tout à fait fraîche de bergamote et de citron rehaussée d’une note salée. Le coeur de basilic, de jasmin et de fleur d’oranger est vraiment très étonnant et le parfum se pose sur un fond de lait de figue et de cèdre. Je trouve ce parfum assez atypique et plutôt intéressant voire rafraîchissant durant l’été. Pour ma part, je le trouve très élégant mais je ne le porterai pas. Malgré le côté cèdre et boisé en général la note de lait de figue est omniprésente. Ce n’est pas un parfum pour moi mais j’aime bien le sentir. Il a une certaine élégance.

Et si on parlait d’un parfum figue sans figue ? « Une interprétation originale de l’accord fruité figue sèche délicatement infusé dans un thé au jasmin. Un parfum aérien, raffiné et subtil. » Telle est l’inspiration de Patricia de Nicolaï pour créer « Fig Tea » lancé dans sa marque éponyme en 2007. Après une envolée d’osmanthus et d’essence d’orange, la figue est figurée par l’association en coeur du jasmin avec le davana et l’essence de coriandre et l’illusion est parfaite. J’aime beaucoup le fond de maté absolu et de gaïac légèrement rehaussé par l’ambroxan. Je ne suis pas allé spontanément vers ce parfum mais j’ai eu l’occasion de le sentir sur quelqu’un et j’ai adoré. Il y a un côté figue réinventé bien sûr mais le maté est vraiment très présent et j’aime bien cette note. « Fig Tea » est très frais et son évolution sur ma peau me plait beaucoup plus que ce que je pensais. Je ne sais pas si je le porterais mais il ne faut jamais dire jamais.

Bien évidemment, on parle beaucoup de « Gris Charnel » de BDK Parfums mais je ne suis pas vraiment très fan de la version eau de parfum, je lui préfère l’extrait. Pour ma part, j’en reste vraiment à « Figuier Noir » mais il est vrai qu’en écrivant cet article, je me rends compte qu’il y en a d’autres qui me plaisent bien. En tout cas, j’ai, contre tout attente, aimé me plonger dans ces parfums pour écrire mon article.