Fleurs solaires
Ylang-Ylang, fleur de frangipanier, gardénia, fleur de tiaré, tubéreuses, autant de pétales qui peuvent évoquer l’été, la plage, le soleil. Depuis quelques années, on peut assister à la sortie de parfums solaires. Dans les nouveautés de ce début d’année, j’en dénombre au moins cinq. Je n’avais jamais écrit d’article sous cet angle et, vu que j’aime particulièrement ce style de créations, j’ai eu envie de revenir sur six créations qui me plaisent particulièrement. Il y en a pour tous les goûts et pour toutes les bourses alors je vous emmène en vacances, au soleil accompagnés des effluves de ces fleurs, exotiques ou nom mais qui évoquent la lumière et l’été. J’ai choisi des parfums que j’aime particulièrement. Je ne reviendrai pas sur « Un Bel Amour d’Été » créé par Marc-Antoine Corticchiato pour Parfum d’Empire ni sur « Songes » signé par Camille Goutal et Isabelle Doyen pour Goutal parce que j’en parle sans arrêt mais je ne pouvais pas faire moins que les citer encore. Allez, on fait un effort d’imagination et on se retrouve sur une île paradisiaque au bout du monde grâce à notre nez. Je vous emmène.
Je ne vous surprendrai pas en vous disant que le premier parfum que j’ai sélectionné est ma marotte de l’année. Il s’agit de la création d’Isabelle Doyen et Camille Goutal pour Voyages Imaginaires, leur marque dont les créations sont 100% naturelles. Il est sorti en 2020 et je le trouve vraiment parfait comme invitation au voyage. « En voilà un qui a du sex appeal à revendre et qui assume sa folle sensualité. A se retourner sur son passage avec ses effluves de corps mouillé, bronzé, chauffé à blanc au soleil. Il donne le charisme insensé d'une James Bond Girl, ou même de Bond lui même. On s'imagine en robe longue du soir audacieusement décolletée ou en smoking à une table de jeu, aimanté, captivé. On se persuade même que l'été peut se prolonger à longueur d’année ». Les deux créatrices ont pris le pari d’inventer un parfum à la fois exotique, estival et sensuel avec ce qu’il faut de sophistication pour faire rêver. Je dois dire que, lorsque je l’ai senti, je me suis senti tout à fait conquis dès la vaporisation et mon envie de le porter se développe tout au long de l’évolution. Pour moi, « Le Grand Jeu » y va carrément. C’est un parfum excessivement excessif comme je pourrais le dire. L’envolée de noix de coco donne le ton et confère un vrai côté ensoleillé à la fragrance puis vient ce coeur de gardénia et de tubéreuse qui se pose sur un fond de vanille particulièrement qualitatif. Le sillage est modéré mais la tenue excellente. C’est un parfum ultra facetté. Loin de moi l’idée de me prendre pour James Bond lorsque je le porte. Je n’ai pas la morphologie d’un espion séducteur même britannique, mais il me donne envie. En plus, je reçois pas mal de compliments et ce n’est pas désagréable. Il m’accompagne beaucoup cette année.
« Bain de Midi vous fait ressentir un souffle solaire toute l’année ! Profitons de la vie, de nouveautés. Vivons simplement, avec légèreté ». En 2019, Philippine Courtieu a créé pour Maison Matine un parfum que je trouve à la fois solaire et un peu régressif. En effet, il me fait penser vraiment aux huiles solaires utilisées par mes parents quand j’étais enfant. J’ai toujours raffolé de cette odeur. Le départ est assez duel et doux avec des notes de noix de coco et de bergamote et il nous emmène sur un coeur très floral de tiaré, d’ylang-ylang et de gardénia puis un sur un fond musqué et vanillé. Il est sans doute moins exotique et moins sophistiqué que le précédent mais je le trouve addictif. Il m’évoque vraiment l’ylang-ylang léger et un peu « pétale ». Attention, « Bain de Midi » n’a pas une tenue extraordinaire. Elle est assez éphémère mais je pense que sinon, il ne serait pas aussi facile à porter. De plus, c’est un parfum assez peu onéreux puisque nous sommes à 60 euros les 50 ml et il constitue, de ce fait, un petit plaisir pas très cher qui peut tout à fait nous accompagner au plus chaud de l’été. Le flacon est original, je dirais même ravissant alors que demander de plus. « Bain de Midi » rencontre le succès et il le mérite bien.
Anatole Lebreton avait déjà utilisé la tubéreuse et son versant animal dans « L’Eau Scandaleuse » mais, en 2023, il a opté pour une autre interprétation, plus chaude, plus lumineuse. Ainsi est né « Caribe Kiss » que j’avais eu la chance de découvrir en avant-première lors de sa visite à la parfumerie Odorem qui distribue ses créations à Lyon. J’avais été immédiatement emballé. « Un parfum festif et désinhibé qui respire les vacances : Caribe Kiss évoque les fiesta débridées, une pool party retentissante à l’hôtel Caribe Hilton, à San Juan, où fut inventée la Piña Colada. Un parfum d’enthousiasme, de métissage, de pride et de carnaval. Un ‘kiss’ de transgression par la fête, qui s’éternise jusqu’aux derniers rayons de soleil ». Après un départ d’ananas, de mandarine verte et de noix de coco vient un coeur de tubéreuse, de jasmin et de petitgrain puis un fond de maté et de fève tonka. Je le trouve peut-être encore plus exotique que les deux précédents. Je dois dire qu’il m’invite dans une île de Polynésie même si je n’y suis jamais allé. « Caribe Kiss » me fait voyager et je m’imagine au bord de la mer, avec le cliché des palmiers et des cocktails glacés. C’est un parfum chaud mais nuancé. Il y a un petit bémol toutefois. En effet, sur ma peau, sa tenue est un peu limitée. Je sais que c’est très personnel car je connais d’autres personnes qui le portent et qui le gardent très bien. Il n’empêche que je l’aime vraiment beaucoup et qu’il pourrait tout à fait me convenir. Ce n’est pas seulement un parfum de vacances car il est élégant et portable absolument toute l’année. Peut-être est-il un peu moins déroutant que les autres composition du parfumeur mais il me plait beaucoup.

Je voulais évoquer un parfum dans lequel l’ylang-ylang serait travaillé en majeur et j’ai beaucoup hésité entre « Eau Moheli » de Diptyque que je porte beaucoup, « Ylang-Ylang » de Lorenzo Villoresi mais j’ai ressorti une autre création que j’ai beaucoup portée et qui continue à m’inviter au voyage. La destination serait plutôt les îles Marquises, celles de la chanson de Jacques Brel. Créé il y a dix ans, en 2014, il me semble par Luca Maffei pour la Black Collection et les Extraits de Perris Monte Carlo, « Ylang-Ylang Nosy Be » est l’un des parfums que j’ai le plus porté pendant bien des années. « Si « tropique » est un mot magique évoquant la lumière absolue mais également l'obscurité et le mystère, l'Ylang Ylang de Nosy Be est son parfum. Intense et enveloppant, l’Yang Ylang s'oxyde en libérant des notes animales inimitables. La qualité que nous avons trouvée sur cette île proche de Madagascar est sans égale en intensité : comme si la nature elle-même s'était chargée de créer un parfum où se mêlent tradition et nouveauté ». Plus enveloppant, opulent, que les précédents, il est vraiment « tropical ». L’envolée de poire, de pamplemousse et de cardamome est non seulement originale mais vraiment addictive et elle nous conduit sur un coeur d’ylang-ylang, de rose de Damas, de jasmin sambac et de fleur d’oranger puis sur un fond de labdanum, de vanille, de vétiver et de muscs blancs. En version eau de parfum, il revêt une facette presque gourmande et la vanille ressort beaucoup mais en extrait, sil s’avère plus ciselé, moins d’un bloc. Les deux versions ont leur intérêt et je dirais même que, si l’on craque, elle peuvent s’avérer complémentaires. À chaque fois que je le redécouvre, je me rends compte qu’il est vraiment pour moi. J’ai l’impression des fleurs d’ylang-ylang dont les pétales sont alourdies par des gouttes de pluie. Vraiment, j’aime énormément ce parfum.
Lancé en 2021 et composé par Christopher Sheldrake pour la collection classique de Serge Lutens, « La Dompteuse Encagée » avait été, dès sa sortie, un énorme coup de coeur. Je l’ai porté. J’en ai usé et abusé. « Langage muselé, façonnement d’une seule et unique façon de penser, « La dompteuse encagée » nous rappelle les dangers d’une société à l’affût du moindre pas de côté. L’espoir demeure cependant en la révélation d’une fleur de frangipanier qui ici se déguste... à même la peau ! ». C’est un parfum de conjonction entre la fleur de frangipanier, l’ylang-ylang, la tubéreuse et l’amande. Pour moi, Christopher Sheldrake a effectué, avec cette création, une variation sur un thème qu’il avait déjà utilisé dans « Datura Noir ». Cette « dompteuse » est plus légère, plus moderne, plus solaire et peut-être davantage facile à porter et à s’approprier. Sur ma peau, c’est une petite merveille il faut bien le dire. Le parfum est assez linéaire mais très très facetté. C’est un floral très lumineux mais qui garde quand même un côté un peu « vénéneux » et surprenant qui est son mystère. Lorsque je l’ai porté, il m’a énormément plu. Mon flacon est fini et je ne l’ai pas racheté car, sur ma peau, sa tenue est vraiment très limitée ce qui est un peu frustrant. Il n’en demeure pas moins que je garde deux petits conditionnements voyage que j’utilise parfois, lorsque j’en ai envie. C’est un vrai coup de coeur.
Je ne pouvais pas sélectionner plus de six parfums et le choix a été difficiles mais, finalement, c’est « Solaris », créé par Aliénor Massenet pour Penhaligon’s en 2023 que j’ai choisi car, plus je le sens, plus je l’aime. « Solaris est une ode au soleil, un parfum qui vous enveloppe d’un halo lumineux, qui capture l’énergie du soleil et la magnifie. Dès les premiers instants, une brise légère caresse votre peau avec des notes vivifiante de cassis et lactone. Au cœur de cette symphonie parfumée, des notes de rose, ylang-ylang et fleur de tiare dansent au rythme d’une mélodie solaire. En fond, la vanille se déploie et évoque une chaleur caressante et enveloppante ». Dès l’envolée, il me capte avec des notes de cassis, de citron et de néroli puis vient ce coeur, tout ciselé, de fleur de tiaré, de jasmin, de rose et d’ylang-ylang et un fond, qui est seulement un socle, de vanille et de cèdre. J’ai gardé « Solaris » pour la fin car, comme parfum solaire, il est peut-être le plus sophistiqué. Il m’évoque une soirée sous les tropique, avec un T-shirt blanc et un pantalon en lin (ce que je ne porte quasiment jamais), un gin tonic glacé à la main, à l’anglaise. Je le trouve d’un chic fou. Il se pose sur la peau comme une brume particulièrement bienfaisante mais aussi d’une rare élégance. Avec « Solaris », Aliénor Massenet a vraiment réinventé le style. J’espère que ce parfum obtient vraiment le succès qu’il mérite car je le trouve vraiment réussi. Il est au top ! Il faut absolument le découvrir.
Pour finir, je dirai que j’aurais pu faire d’autres choix mais je me suis limité. J’aime ce thème des fleurs solaires. Je crois vraiment que ce sont des parfums qui me correspondent et je suis ravi qu’avec le développement de la parfumerie de niche, ce genre de création ne s’adresse plus uniquement aux femmes. En tout cas, j’ai réessayé chacun des parfums dont je parle et je me suis fait vraiment plaisir… et quelques envies ! C’est le jeu !
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